Quand un industriel demande à son prestataire d`intervenir

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Quand un industriel demande à son prestataire d`intervenir
Quand un industriel demande à son prestataire d’intervenir dans ses processus industriels Pour gagner en efficacité, Renault Trucks, acteur majeur de l'industrie du poids lourd, s’est interrogé sur les fondements de son métier et a décidé de recentrer ses activités sur son cœur de métier : la conception et l’assemblage. Il a confié à un prestataire "industriel" la fourniture et la livraison en bord de ligne d’assemblage de ses véhicules industriels, des équipements ne faisant pas partie de son cœur de métier. La condition du succès d’une telle opération d’externalisation manufacturière est de travailler avec un partenaire à même de mettre en œuvre une ingénierie de pointe et d’y puiser des sources d’économies. Daher – un groupe au service du progrès industriel – a ainsi accompagné Renault Trucks qui a doublé son activité au cours des trois dernières années, dans un environnement de gestion de projet. Fabriqués jusqu’alors en Espagne, les véhicules de la gamme Renault Kerax dédiée au secteur de la construction, est produite et assemblée depuis le mois de septembre 2006, sur le site de Renault Trucks à Bourg‐en‐Bresse. Ce site produit également des Magnum et des Premium depuis leur lancement en 1990 et en 1996 respectivement. La diversité des modèles s’est accrue, les cadences de production ont augmenté. Ces évolutions n’ont été rendues possibles qu’avec la mise en place d’un système de production basé sur les concepts modernes de l’amélioration continue, de la responsabilisation des équipes, du management transversal, du juste à temps et de l’autocontrôle qualité… « Voilà le contexte qui nous a incités à confier en mars 2005 un important contrat de logistique et de délégation de production visant à l’externalisation d’une partie de la préparation de nos sous‐ensembles. Daher est le prestataire extérieur choisi, dans le cadre d’un contrat d’une durée de 6 ans », indique Gérard Laromiguière, responsable Plan Directeur du site et UP Prestataires : « il nous est ainsi possible de nous focaliser sur nos lignes d’assemblage ». En l’occurrence, le prestataire sollicité – le groupe Daher ‐ est Toute reproduction de ce document, utilisation, adaptation, traduction, commercialisation, partielle ou intégrale, est interdite, sauf accord préalable écrit de la part de l’ASLOG.
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un prestataire industriel. Il est en charge de la réalisation de l’infrastructure, l’industrialisation de l’ensemble des moyens et leur maintenance (création des processus d’assemblage, des outillages, des équipements industriels, des flux logistiques), la gestion des composants qu’il y a lieu de recevoir, de stocker et d’appeler au fur et à mesure des réquisitions de la production, l’assemblage proprement dit (y compris le contrôle qualité, la gestion de la traçabilité des pièces de sécurité), la logistique industrielle interne avec la livraison synchrone en bord de ligne, le traitement des urgences. Mais attention ! Ce prestataire de production n’est pas un équipementier : il ne conçoit pas lui‐même les modules qu’il livre, il n’achète pas les composants. Il fournit une activité de services industriels. Il n’empêche que Daher est considéré par Renault Trucks comme un équipementier pour ce qui concerne la qualité, du fait des mêmes engagements de conformité, en taux de démérite, en taux de productivité, qui doit atteindre un minimum obligatoire. La responsabilité du prestataire court sur les arrêts de production, sur la reprise des véhicules en cas d’erreur lors des opérations d’assemblage le concernant. Une double compétence Le prestataire à qui une telle mission industrielle est confiée doit posséder deux compétences, l’une sur la partie industrielle, l’autre sur les services. Dans le cadre de ses prestations de logistique industrielle, Daher réalise la passation des commandes auprès des fournisseurs, la réception des marchandises et le contrôle qualité par délégation de Renault Trucks, ainsi que le stockage et la préparation des composants pour leur assemblage en modules. Daher assemble ces modules périphériques : les boucliers avant, les filtres à air, les coffres à batterie, les bras de frein de remorque… et se charge de leur livraison en flux synchrone (dans l’ordre du cycle de production) sur la ligne d’assemblage final. Pour les prestations de logistique d’approvisionnement des lignes, Daher assure la réception, le stockage et la livraison en kanban et en flux synchrones, directement sur la ligne de production, de Toute reproduction de ce document, utilisation, adaptation, traduction, commercialisation, partielle ou intégrale, est interdite, sauf accord préalable écrit de la part de l’ASLOG.
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pièces de châssis moteurs (longerons, ponts et essieux, moteurs et boîtes de vitesse, transmissions…) et de cabines (rétroviseurs, pédaliers…) qui sont autant de pièces destinées à la fabrication des véhicules de Renault Trucks. Dans le cadre de ces missions de délégation de production, Daher est également responsable de la gestion des équipements industriels nécessaires à l’assemblage des modules et à leur manutention. Daher se charge ainsi de la conception, de l’acquisition, de la maintenance et du suivi des solutions techniques du matériel. Un centre de production et d’assemblage à proximité de l’usine « Le centre que nous avons installé au sein de l’usine, à proximité des deux lignes d’assemblage de Renault Trucks, a pour vocation de livrer en bord de ligne les modules assemblés , et de les mettre à disposition de Renault Trucks pour qu’ils puissent être assemblés sur la ligne finale », expose de son côté Jean‐Philippe de Valmont, automotive division director chez Daher International : « de la sorte, sur sa ligne principale d’assemblage, Renault Trucks a la capacité de se focaliser sur son cœur de métier ». Aujourd’hui, ce sont 12 modules qui sont ainsi préparés et livrés par Daher. « Certains modules sont relativement simples, d’autres beaucoup plus complexes : ainsi en est‐il du bouclier dont la réalisation nécessite environ 200 opérations ». Daher est implanté sur une surface de 4 000 m² dédiée à l’assemblage, et 3 000 m² d’aire de stockage. Ici travaillent quelque 200 personnes et une dizaine d’ingénieurs, pour produire 200 à 230 véhicules par jour. « Nous livrons aujourd’hui 1 700 sous‐ensembles ou modules par jour », précise Jean‐Philippe de Valmont. Les facteurs de succès d’une telle opération d’externalisation sont multiples. L’un d’eux est le fonctionnement en plateau projet, au sein duquel se trouvent intégrées toutes les compétences nécessaires à l’industrialisation, à la production et à l’assemblage, à la logistique, et même au bâtiment dans certains cas. Le prestataire a été impliqué dès le moment où son client a commencé à travailler sur le projet, avec un management de projet par étapes successives, au fil des augmentations de cadences, Toute reproduction de ce document, utilisation, adaptation, traduction, commercialisation, partielle ou intégrale, est interdite, sauf accord préalable écrit de la part de l’ASLOG.
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du lancement de nouveaux véhicules ou de variantes de modèles existants, des déménagements d’ateliers, de l’intégration de nouveaux modules, etc. Par la suite, l’intégration des équipes a été totale : les équipes doivent en effet bien se connaître, s’apprécier, malgré les différences de cultures industrielles… Des différences pouvant même être une source d’enrichissement mutuelle. Par ailleurs, la prise en compte du volet social est décisive dans un partenariat de ce genre, réunissant deux équipes aux statuts différents. « Il est certain que le donneur d’ordres ne peut intervenir dans la gestion des relations humaines de Daher. Il est essentiel que chaque entité ait son autonomie avec ses propres représentants du personnel », admet Gérard Laromiguière : « la communication entre les directions des relations humaines est essentielle pour la réussite du projet ». Œuvrer en mode projet, certes, mais aussi avoir une réactivité (au moins) identique à celle du donneur d’ordres, être aussi en mesure de déployer des moyens d’ingénierie suffisants au fil des besoins… Tels sont d’autres impératifs auxquels doit satisfaire le prestataire. Le pilotage du projet se doit d’être pragmatique, moyennant un tableau de bord établi de concert, une revue de projet hebdomadaire pour faire le point sur la qualité et la performance de la prestation, un comité de pilotage qui se réunit tous les mois pour une revue mensuelle complète de l’activité ("customer report"), deux rendez‐vous annuels pour identifier et planifier les futurs chantiers, évaluer les gains attendus de chacun d’eux… D’autre part, certaines erreurs doivent absolument être évitées : ne pas aller trop vite dans le transfert industriel, établir les analyses de risques, considérer l’aspect social lié à la présence de deux entreprises sur le même site. « C’est une approche collaborative que nous connaissons bien dans le monde aéronautique où nous intervenons en tant que fournisseur de services » convient Jean‐Philippe de Valmont. Le bilan est établi par Gérard Laromiguière qui se dit pleinement satisfait : « le bilan est positif. Les objectifs fixés initialement ont été atteints ». Propos recueillis par Jean‐Claude Festinger Toute reproduction de ce document, utilisation, adaptation, traduction, commercialisation, partielle ou intégrale, est interdite, sauf accord préalable écrit de la part de l’ASLOG.
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