Dormir ou conduire, il faut choisir - Université de Versailles Saint

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Dormir ou conduire, il faut choisir - Université de Versailles Saint
DORMIR OU CONDUIRE, IL FAUT CHOISIR
La somnolence au volant est la première cause des accidents mortels sur autoroute, avant
l'excès de vitesse et la consommation d'alcool ou de drogue. Afin d'identifier les causes de
ce phénomène et mieux en prévenir les risques, Maria-Antonia Quera-Salva a participé à
deux vastes enquêtes sur le terrain en 1996 et 2011. Elle dresse un bilan en demi-teinte : si
les comportements au volant ont bien évolué, le manque chronique de sommeil des Français
reste problématique.
Extrait du dossier "Santé publique, anticiper pour mieux soigner" du magazine vert & bleu n°5 (Octobre 2015)
« Si vous êtes fatigué, évitez de prendre la route », « Faites une pause toutes les deux heures ». Ces messages de
prévention, diffusés sur nos autoroutes, nous sont familiers. Ils ont été instaurés à la suite d'une enquête menée sur la
somnolence au volant en 1996. « À l'époque, l'objectif était d'identifier précisément la nature des problèmes et
d'instaurer des actions de prévention ciblées », se souvient Maria-Antonia Quera-Salva, neurologue, médecin du
sommeil à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches et chargée de cours à l'UVSQ. Quinze ans plus tard, en 2011, une
enquête similaire à la première a permis de vérifier si les outils de prévention mis en place avaient porté leurs fruits. Le
protocole était identique. Pendant un mois, 3000 automobilistes (contre 2000 en 1996) ont été interviewés à l'occasion
de leur départ en vacances, sur leurs habitudes de sommeil et de conduite.« L'arrêt des voitures était effectué par les
gendarmes de façon totalement aléatoire », précise la neurologue.
Alors, en quinze ans, les comportements au volant ont-ils évolué ? « Oui, se félicite Maria-Antonia Quera-Salva. L'étude de 2011 a révélé une
évolution positive de certains comportements des automobilistes avant leur départ en vacances. » Ainsi, les conducteurs écourtent moins la nuit qui
précède leur départ (moins six minutes contre moins vingt-trois en 1996). Les départs de nuit, conseillés à l'époque pour éviter les embouteillages, ont
également diminué. En 1996, 17% des personnes prenaient la route entre vingt-deux heures et six heures du matin, elles ne sont plus que 9% en
2011. Enfin, les conducteurs, conscients des effets de la fatigue sur la conduite, passent plus spontanément le volant à un autre conducteur durant le
trajet (38% en 2011 contre 21% en 1996).
Manque de sommeil chronique
D'après l'étude, le risque de somnolence au volant s'est néanmoins accentué en quinze ans et demeure la première cause des accidents mortels de la
route (35 victimes en 2013), devant la vitesse excessive (31 morts) et la consommation de substances (alcool, drogue: 30 morts). En cause ? Le
manque de sommeil chronique des Français. « À l'instar d'autres études sur le sujet, notre enquête constate que la privation de sommeil s'est
accentuée en quinze ans,indique Maria-Antonia Quera-Salva. Globalement, chaque personne dort en moyenne vingt minutes de moins par nuit, soit
l'équivalent d'une nuit de sommeil par an. » Cette privation de sommeil vaut pour la semaine, le week-end et même les périodes de vacances. « En
1996, on dormait 544 minutes par nuit en période de vacances et 483 minutes les jours de travail. En 2011, on ne dort plus que 529 minutes en
vacances et 467 minutes les jours de travail. » La qualité du sommeil est aussi en question. « Beaucoup de conducteurs témoignent d'un sommeil non
réparateur. Ils disent être fatigués au réveil, observe la neurologue. En présence de tels signes, il est conseillé de consulter un expert du sommeil qui
pourra identifier la pathologie, comme l'apnée du sommeil, à l'origine de cette perturbation. » Suite à ces résultats en demi-teinte, « il semble
nécessaire d'accentuer la sensibilisation du public à ces questions », souligne Maria-Antonia Quera-Salva. Pour prévenir les éventuelles sorties de
route, les responsables de l'étude ont également préconisé l'installation sur l'ensemble des autoroutes de bandes d'alerte sonore et vibratoire. «
L'étude a, en effet, révélé que presque la moitié des conducteurs (42%) interviewés avaient roulé sur ces bandes d'alerte au cours des douze derniers
mois, évitant ainsi un accident. » La prochaine enquête sur la somnolence au volant devrait être menée en 2016.
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Dernière mise à jour de cette page : 29 mars 2016
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