vivre et travailler à copenhague

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vivre et travailler à copenhague
VIVRE ET TRAVAILLER À COPENHAGUE
le 19 novembre 2013 | Par L'équipe de femmexpat Mathilde nous raconte son parcours et son arrivée à Copenhague où elle travaille dans une petite entreprise. J’ai toujours suivi des études internationales. Dans ce cadre, j’ai fait un stage de plus de six mois en Amérique du Sud et suis partie étudier en Angleterre pendant un an. Sûrement de par l’exemple de ma mère, j’ai toujours déclaré à ceux qui le demandaient que je ne comptais pas déménager de France. Travailler avec l’international et voyager, oui, mais déménager, non. Tout a changé en Angleterre où j’ai rencontré un Danois. Tout s’est passé très vite et à la fin de l’année universitaire, j’envoyais des candidatures au Danemark. Pourquoi moi et pas lui ? Étudiant pour devenir avocat, mon compagnon avait besoin de rester au Danemark en apprentissage dans un cabinet d’avocat national pendant trois ans. Je n’avais pas de travail en France, alors pourquoi pas ? Les choses n’ont pas été si faciles cependant, puisque mes candidatures n’ont débouché sur rien. Je suis donc rentrée en France pour y chercher du travail. Par chance, peut-­‐être, je n’ai trouvé qu’un CDD de six mois, ce qui m’a permis de me constituer un petit bas de laine et surtout de pouvoir toucher le chômage au terme de mon contrat. Il existe un système à Pôle Emploi qui vous permet de toucher votre chômage à taux plein pendant trois mois lorsque vous 1/6 déclarez partir à l’étranger pour y trouver du travail. En mai de l’année suivante, après moult allers-­‐retours entre Copenhague et Paris, je me suis finalement installée en Scandinavie. Lorsque j’ai déménagé, j’étais amoureuse d’un Danois mais pas du Danemark. Durant toutes les fois où j’y étais allée, et ce environ une fois par mois pendant un peu plus de six mois, rien ne m’avait particulièrement touchée. Je trouvais la ville sombre – les façades des bâtiments historiques ne sont pas éclairées comme en France – vide de gens – j’ai toujours habité à Paris et il y moins d’habitants dans tout le Danemark qu’en seule région parisienne -­‐ et la pays plat – j’aime les collines ! Pour pouvoir s’installer au Danemark, vous devez demander une carte de résident qui vous délivre l’équivalent du numéro de sécurité sociale – le numéro CPR. Ce qu’il faut savoir c’est que sans ce numéro vous ne pouvez rien faire : vous ne pouvez pas prendre un abonnement téléphonique, devenir membre du club de fitness, aller à la bibliothèque et surtout, vous ne pouvez pas commencer les cours de langue danoise. En effet, le gouvernement danois propose aux résidents, de manière totalement gratuite, des cours de danois. Ayant quelques économies et voulant m’intégrer aussi vite que possible, mon but premier était de suivre ces cours pendant quelques mois, puis de chercher sérieusement un travail. Mais comme je l’ai dit, sans ce numéro magique, j’ai dû passer un mois en attente sans mon compagnon, qui lui, travaillait. Une chose m’a permis de ne pas dépérir complètement, c’est l’achat d’une bicyclette ! A Copenhague, des milliers de gens se déplacent à bicyclette et n’ont souvent pas de voiture, pour des raisons de taxe notamment. Toutes les grandes rues sont pourvues de pistes cyclables de chaque côté de la route, c’est très bien organisé. J’ai donc pu commencer à découvrir les environs et de fait, j’ai commencé également à apprécier la ville. Attention cependant : à Paris, le danger vient des voitures mais à Copenhague, le danger vient des autres cyclistes. Il y en a tellement que durant le rush-­‐hour, il y a des bouchons de vélos! Aux feux tricolores, les groupes de cyclistes ressemblent au peloton du Tour de France, et que ça se bouscule, et que ça veut passer devant l’autre. C’est un peu angoissant, je dois dire. Une fois mon casque sur la tête et avec un peu d’habitude, j’ai toutefois apprécié de pouvoir me balader le long de la mer, des canaux, pouvoir se garer n’importe où, c’est une vraie liberté de mouvements. Et oui, le Danemark étant surtout composé d’îles, la mer n’est jamais bien loin. Les Danois sont assez difficiles à décrire. Il semblerait qu’ils passent toute leur scolarité avec les mêmes personnes, ce qui ne les habituent pas à apprécier les nouvelles rencontres. Ils peuvent être charmants et très accueillants mais cela ne 2/6 vous fera pas décrocher une invitation à sortir ou à dîner. Certains couples sont même parfois très indépendants. J’ai des exemples d’amis de mon compagnon qui ne sortent pratiquement jamais ensemble. L’homme a ses amis, la femme a les siens et les deux groupes ne se rencontrent pas. Une chose qu’ils ont tous en commun est qu’ils adorent parler politique et taxes – le plus grand journal se nomme « Politiken » (la Politique) ! Les familles recomposées sont ici la règle, bien plus qu’en France. Le divorce est tellement passé dans les mœurs qu’il existe un projet de loi visant à permettre le divorce en 24h! Le défaut du Danemark et peut-­‐être sa plus grande qualité à la fois, sont les horaires d’ouverture des magasins. Ils ouvrent en semaine de 9h à 17h, 18h quand vous êtes chanceux, et le week-­‐end, tout ferme à 14h. Ayant surtout visité Copenhague lors de mes week-­‐ends avant de déménager, j’avais toujours eu cette impression de quasi « ville-­‐ morte ». Avec plus de temps pendant la semaine, j’ai enfin réalisé que je n’avais vu que la période endormie de la vie danoise. Les horaires restreints des magasins m’ennuient toujours et même encore plus maintenant que je travaille mais je les comprends mieux. Les Danois privilégient la qualité de vie, et surtout, la vie familiale. Ils travaillent 39h par semaine, mais ils commencent plus tôt le matin et ne prennent pas ou peu (maximum une demie heure) de pause déjeuner. Pareil pour les pauses-­‐café, ça n’existe pas au Danemark. Le but est de faire son travail vite et bien, pour pouvoir rentrer le plus vite possible chez soi. La règle française selon laquelle on doit être présent et être vu au travail leur paraît complètement ridicule. Évidemment, ces horaires condensés de travail s’appliquent également aux commerçants, qu’on ne veut pas traiter de manière désavantagée. Heureusement, cela ne s’applique pas aux supermarchés sinon je ne saurais vraiment pas comment remplir le réfrigérateur ! A la fin de ce mois d’attente, tout s’est passé très vite de nouveau : en deux jours, j’ai obtenu mon numéro CPR, commencé mes cours de danois et décroché un entretien d’embauche. Sur les conseils d’un ami de mon compagnon et de son beau-­‐frère, j’ai postulé à deux postes dont les offres n’étaient pas sur le marché. La première n’a pas fonctionné mais j’ai été embauchée pour la seconde. Comme je l’ai dit auparavant, je n’avais pas vraiment prévu de postuler si rapidement, je voulais me concentrer d’abord sur mon danois. Il s’avéra que tout s’emboîta vraiment parfaitement. Je ne devais commencer qu’à la mi-­‐août, soit plus de deux mois après et je ne travaillerais que trente heures par semaine, me laissant le temps de continuer mes cours de langue le matin deux fois par semaine. Pour tous ceux qui n’ont jamais étudié l’allemand, le danois est une langue assez complexe. Parlant déjà trois langues, mon cerveau est assez habitué à cette 3/6 gymnastique mais, malheureusement, je fais partie de ces gens non germanophones. L’ordre des mots et la prononciation sont particulièrement compliqués. Après quatre mois de cours intensifs – j’ai choisi le cours intensif pour ne pas perdre trop de temps – je commence tout juste à former des phrases cohérentes. Il me faut cependant ajouter que tout le monde au Danemark parle anglais. Une collègue m’a même dit qu’elle s’attendait à ce que d’ici trente ans plus personne ne parlerait danois au Danemark. Et de fait, je ne connais que très peu de personnes qui ne peuvent pas parler l’anglais et même ceux là peuvent en général le comprendre. Que ce soit à la boulangerie, à la poste, le concierge de l’immeuble, des fermiers rencontrés à la campagne (si, si, ça m’est arrivé), tous parlent un anglais presque parfait. Il semblerait que de moins en moins de choses soient traduites, les films évidemment mais également les livres de cours, les romans, les interviews de personnes non danoises… Cela s’applique également à tous mes collègues de bureau qui parlent parfaitement l’anglais. J’ai donc commencé mon nouveau travail il y a un peu moins de deux mois. Nous sommes une petite compagnie, seulement cinq employés dont un étudiant. Je suis en charge de tout ce qui est international donc je parle anglais la plupart du temps. Comme je l’ai dit , je ne travaille que trente heures, mais ce n’est finalement pas beaucoup moins que les autres employés. Ils sont tous danois, donc parlent danois entre eux, mais font très souvent l’effort de parler anglais quand je suis là. Je me sens très bien intégrée. Les salaires sont un peu supérieurs qu’en France mais les taxes le sont aussi. L’impôt sur le revenu est prélevé à la source, vous ne recevez sur votre compte en banque que ce qu’il reste. Le système de retraite, ainsi que l’assurance chômage, sont privés, vous choisissez de cotiser ou non. Le système d’assurance maladie est directement lié à votre numéro CPR et non pas au fait que vous travailliez ou non. Les rendez-­‐vous chez le médecin sont gratuits mais vous payez les médicaments à la pharmacie au tarif plein. La vie est aussi chère à Copenhague qu’à Paris à part le prix de l’immobilier qui est plus bas. Cependant, la location d’appartement est au même prix. Pour décrire les quartiers où il fait bon vivre, je dirais que Nørrebro est très jeune et tendance, Frederiksberg est très chic et résidentiel, beaucoup de maisons, tandis qu’Amager (prononcez Amar) est très moderne et résidentiel aussi mais avec plus d’immeubles. La nourriture est très chère pour une qualité bien moindre que celle de Paris. Les Danois sont réputés pour avoir de très belles cuisines qui ne servent jamais. Il font appel à beaucoup de traiteurs et de restaurants à emporter. Les restaurants sont également chers pour, de même, une moins bonne qualité et les plats sont 4/6 toujours un peu les mêmes. Les Danois adorent la cuisine « italienne ». J’utilise des guillemets car je ne suis pas sure qu’un Italien s’y reconnaîtrait. En bref, je vous conseille de cuisiner vous-­‐même si vous êtes amateur de bonne chère. Il n’y a pas vraiment de spécialité culinaire danoise. On me l’a demandé, la meilleure réponse que je peux donner est : la viande de porc en sauce avec des pommes de terre. Ce qui est très fréquent aussi est le pain noir aux céréales (rugbrød) avec différents accompagnements par-­‐dessus. Pas très gourmet… Pour les loisirs, les cinémas sont également très chers, même plus chers qu’à Paris. Le théâtre et l’opéra sont, eux, plus faciles d’accès qu’en France. Il y en a pour tous les prix et il n’y a pas besoin de réserver trop à l’avance, contrairement aux grands opéras parisiens qui sont toujours complets des mois avant le spectacle. Les grands concerts, eux, sont toujours complets, mais j’imagine que c’est pareil partout. Le bon système pour écouter de bons concerts pendant l’été est de s’abonner à Tivoli. Tivoli est un parc d’attraction en plein centre de Copenhague, un peu comme le jardin d’acclimatation. Il vise cependant tant sur les adultes que sur les enfants en proposant des concerts de musique classique et de variété, soit sur sa scène extérieure, soit dans sa salle de spectacle. En général durant l’été, Copenhague est vraiment très animé. Il est organisé un festival de jazz, un de blues, une semaine de la gastronomie, des concours d’art moderne… L’hiver, il semble que ce soit bien plus endormi mais je n’ai pas encore vraiment testé ! Je ne connais que quelques français au Danemark. N’ayant pas d’enfant je n’éprouve pas trop le besoin de parler français ou de partager ma culture. J’ai un couple d’amis français qui m’a toutefois un peu raconté : il existe un lycée français à Copenhague où la plupart des couples français ou mixtes mettent leurs enfants. L’alliance française est également assez active il me semble, mais je n’ai jamais testé. Le seul problème, à ce qu’on m’a dit, est l’apprentissage de la langue danoise à l’école française. Un de mes collègues et deux amis de mes cours de danois m’ont chanté les louanges de la crèche danoise. Certaines sont en fait en plein air : les enfants sont conduits par bus à la campagne (seulement une demie heure de conduite, c’est un petit pays) et passent leur journée dehors. Les seuls bâtiments en dur sont les sanitaires… et le bus. Qu’il neige ou qu’il vente, les petits sont dehors, parfois donc en combinaison de ski, où les animateurs leur font faire tout un tas d’activités. Il existe aussi des établissements plus « classiques » mais c’est de ce système que j’ai entendu le plus grand bien. 5/6 Les Danois me demandent souvent pour combien de temps je vais rester au Danemark et je leur réponds : « pour de bon ? ». Le point d’interrogation étant les surprises et les difficultés de la vie. La première difficulté que je vais rencontrer très bientôt est l’hiver. Cela fait presque six mois que je suis installée au Danemark et je m’y plais beaucoup mais peut-­‐être que la question devrait m’être reposée… au printemps ! Mathilde Octobre 2013 6/6