La Franc Maçonnerie et la Communication

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La Franc Maçonnerie et la Communication
Blandine MARCHANDIAU
Le Triangle secret, Denis Falque, Didier Convard , Glénat
Année 2004-2005
La franc-maçonnerie et la communication
Direction : Denis BRAND
Sous le parrainage de Gérard COLLOMB
Table des matières
Remerciements...................................................................................................................................... 2
Introduction........................................................................................................................................... 3
I.
Histoire de la franc-maçonnerie............................................................................................ 5
1.
Brève historique, la franc-maçonnerie de 1717 à 2003 ....................................................... 7
2.
Les principales obédiences françaises .................................................................................. 8
3.
Lexique maçonnique............................................................................................................. 10
II.
Le secret maçonnique ........................................................................................................... 13
1.
Le secret des Rites et des symboles..................................................................................... 15
2.
Le secret des délibérations ................................................................................................... 26
3.
Le secret d’appartenance...................................................................................................... 28
4.
Les effets du secret ................................................................................................................ 30
5.
Conclusion.............................................................................................................................. 35
III.
La communication de la franc-maçonnerie....................................................................... 36
1.
La franc-maçonnerie et sa communication ........................................................................ 37
2.
Un certain renouveau ?......................................................................................................... 44
3.
La franc-maçonnerie à Lyon ................................................................................................ 48
4.
Conclusion.............................................................................................................................. 52
IV.
La franc-maçonnerie et la presse ........................................................................................ 53
1.
La franc-maçonnerie dans la presse.................................................................................... 54
2.
Les frontières de l’information ............................................................................................ 59
3.
Conclusion.............................................................................................................................. 62
V.
L’image de la franc-maçonnerie à Lyon ............................................................................ 63
1.
Elaboration d’un sondage .................................................................................................... 64
2.
Analyses des données recueillies ........................................................................................ 71
3.
Conclusion.............................................................................................................................. 78
Conclusion........................................................................................................................................... 79
Bibliographie....................................................................................................................................... 82
Autres sources..................................................................................................................................... 83
Annexes................................................................................................................................................ 84
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1
Remerciements
J'ai le plaisir de remercier très chaleureusement, Monsieur Denis Brand qui a assumé la
direction de ce mémoire avec un enthousiasme et une confiance qui ont conforté mon choix.
Je souhaite aussi manifester toute ma gratitude à Monsieur Gérard Collomb, qui a soutenu
mon projet d'études en le parrainant et à Monsieur Ronald Sanino pour sa disponibilité et
son accueil.
Pour leur aide généreuse, leurs critiques pertinentes et leurs encouragements, je remercie (ils
se reconnaitront...) J.F., J.V., E.M., A.C. , J.L.C.
J’exprime également ma gratitude à l’équipe pédagogique de l’EFAP, et tout
particulièrement à Madame Dominique Delrieu pour l’intérêt qu’elle a porté à la réalisation
de ce travail.
J’ajouterai un grand merci au personnel de la Bibliothèque Municipale de Lyon et du Musée
des Beaux-Arts de Lyon, dont la disponibilité et la patience me furent d’une grand aide.
Enfin, merci à tous mes proches, famille et amis, pour leur soutien.
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Introduction
L
a franc-maçonnerie est un mouvement de pensée méconnu, aux origines
diverses et lointaines. C’est une société traditionnelle dont le langage est
symbolique, une société initiatique et structurée. Tous ces ingrédients en font
depuis toujours un sujet porteur pour la presse. C’est d’ailleurs la presse magazine qui a
éveillé l’intérêt que je porte à la question. La curiosité m’a conduit à consulter d’autres
sources, plus informatives que suggestives, qui ont confirmé l’existence d’un « secret
maçonnique » de toute autre nature que celui évoqué par la presse. Pourquoi un tel
décalage ?
S
ecrète par nature, la franc-maçonnerie est entrée, malgré elle, dans l’ère de la
communication. Consciente du danger de voir son image se dégrader et affecter
sa crédibilité, elle a mis en place divers outils de communication. Cette étude
porte sur les liens qu’entretiennent aujourd’hui la franc-maçonnerie et le monde profane à
travers la communication. Quelle est l’image de la franc-franc-maçonnerie et pourquoi ? En
quoi la franc-maçonnerie est-elle secrète ? Dans une société où la transparence s’impose, estelle hors-courant ? Les outils de communication dont elle dispose sont-ils adaptés ? Y a-t-il
une communication globale harmonieuse ? Maîtrise-t-elle son image ?
A
fin de comprendre pourquoi tant de mystères et de fantaisies entourent la
franc-maçonnerie, l’analyse se portera tout d’abord sur le « secret
maçonnique », qui rassemble en fait trois secrets : le secret des rites et des
symboles, le secret des délibérations et le secret d’appartenance. Cette étude permettra de
mettre en évidence les facteurs d’ordres historiques et fonctionnels qui font de la francmaçonnerie un mouvement fondé sur le secret, origine de toutes les suspicions.
Malgré cette pratique du secret, la franc-maçonnerie incarnée par quelques Grands Maîtres,
se lance dans une campagne d’extériorisation à la fin des années 1990. Ternie par une série
de scandales, elle réagit. Ainsi, Philippe Guglielmi, Grand Maître du Grand Orient, son
successeur Alain Bauer et Michel Barat Grand Maître de la Grande Loge de France,
apparaissent-ils en force dans le paysage médiatique. Pour tenter de faire oublier les affaires,
la franc-maçonnerie met alors en évidence son patrimoine historique et culturel. La
célébration de son 275ème anniversaire en juin 2003 sera l’occasion de la présenter au public
sous son meilleur aspect. L’extériorisation se manifeste également par les conférences,
colloques et débats organisés par les obédiences et ouverts à tous, ainsi que par les nombreux
sites Internet officiels, largement consacrés à l’information des profanes.
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Mais qu’en est-il de la communication non-maîtrisée ? Comment la presse traite-t-elle le sujet
et quelle image en donne-t-elle ? Une revue de presse (presse quotidienne nationale et région
Rhône-Alpes, presse magazine) permettra de considérer la fréquence des articles, dossiers et
couvertures consacrés à la franc-maçonnerie ainsi que les angles choisis pour les aborder.
De ce marronnier, sont exploités les côtés les plus sombres. Le mystère et le doute se
cultivent-ils ?
Comment la franc-maçonnerie est-elle perçue par les Lyonnais?
Afin d’apprécier la portée et l’impact des différents messages auxquels le grand-public
lyonnais est confronté, une étude sur l’image de la franc-maçonnerie a été réalisé sur un
échantillon de deux cent cinquante individus. Quelle est l’image globale de l’institution dans
l’un de ses berceaux ? Quel pouvoir et quelle influence lui confère-t-on ? Ces perceptions
sont-elles en adéquation avec la réalité ?
Pour conclure, nous tenterons d’établir la part de responsabilité qui incombe à la francmaçonnerie et aux médias, dans cette image. En opposant deux points de vue radicalement
différents de maçons quant à l’ouverture de la franc-maçonnerie, nous mettrons en évidence
les deux courants qui agitent l’institution. La franc-maçonnerie doit-elle communiquer ?
Afin de faciliter la compréhension de cette étude, une première partie introductive présente
l’histoire de la franc-maçonnerie, les principales obédiences, ainsi qu’un lexique maçonnique.
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I.
Histoire de la franc-maçonnerie
B
ien qu’on lui confère des origines plus lointaines, les premières traces écrites de
la franc-maçonnerie ne datent que du XIVème siècle. Les manuscrits Regius et
Cooke décrivent des confréries d’artisans (tailleurs de pierres, maçons,
charpentiers…) se réunissant dans des cabanes de chantiers pour s’y transmettre, dans la
plus grande discrétion, des secrets de métiers. Les textes présentent un ensemble de règles
professionnelles (il existe des grades, apprenti, compagnon et maître, l'apprenti doit prêter
serment et jurer de conserver le secret) et morales. Ainsi, dans la maçonnerie opérative, la
croyance en Dieu est obligatoire, de même que l’allégeance au roi. Les Statuts de Ratisbonne,
publiés la première fois en 1459, établissent certains systèmes comme la juridiction interne,
le rite de l'initiation, l'ouverture et la clôture des tenues. Tout au long du XVème siècle, les
loges de maçons opératifs disparaissent peu à peu.
La franc-maçonnerie spéculative se crée dans la continuité de la maçonnerie opérative par
l’acceptation de membres étrangers aux métiers dans les loges. Les maçons spéculatifs
s’approprient les symboles des opératifs et s’attribuent des origines diverses.
E
n 1717, quatre loges de Londres s’unissent et forment la Grande Loge. Le
pasteur James Anderson, assisté de Jean Théophile Desaguliers, un membre de
la Royal Society, est chargé d’en établir les « Constitutions ». Ils font une
synthèse des « Old charges », « Anciens Devoirs » (dont les manuscrits Regius et Cooke) qui
aboutit aux Constitutions, publiées en 1723. Les Constitutions d'Anderson deviennent le texte
fondateur de la Franc-Maçonnerie moderne. La franc-maçonnerie, organisée en Angleterre,
s’installe en France vers 1725. Elle se développe rapidement et connaît un véritable
engouement, peu inquiétée par Louis XV, que l’on présumera plus tard initié.
À la veille de la Révolution, on trouve des maçons dans le clergé, l’armée, au Parlement,
dans la noblesse et la bourgeoisie. L’influence de l’institution sur la Révolution fera l’objet de
nombreuses polémiques. Divisées entre jacobins et monarchistes, les loges cessent pour la
plupart leurs activités. Certains frères s’illustreront tout de même par leur engagement
républicain.
S
ous le Consulat et le premier Empire, la franc-maçonnerie recouvre peu à peu
son influence dans divers milieux. Elle est bien tolérée par Napoléon et Louis
XVIII, puis étroitement surveillée par Charles X. Durant le second Empire, la
maçonnerie française se développe, mais c’est sous la IIIème République qu’elle connaît son
age d'or, on parle alors de Chambre secrète de la République. Le Grand Orient se « popularise »
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en accueillant la classe moyenne dans ses loges et compte de plus en plus d’anticléricaux. En
1877, l’obédience rend l’obligation de croire en Dieu caduque, et se coupe ainsi de tout lien
avec la Grande Loge Unie d’Angleterre. De ces querelles relatives à l’invocation du Grand
Architecte de l’Univers, se créent la Grande Loge de France (1894) puis la Grande Loge
Nationale de France en 1913 (elle ne prendra ce nom qu’en 1948).
roche des radicaux, le Grand Orient sera à l’initiative de la loi de 1905
établissant la séparation de l’Église et de l’État. Jusqu’à la fin de la IIIème
République, les loges prendront largement part aux débats citoyens, avec,
comme cheval de bataille, la défense de la laïcité. À la veille de la seconde guerre mondiale,
la franc-maçonnerie est interdite en Italie et en Allemagne, puis en France. En 1940, Pétain
institue une loi interdisant les sociétés secrètes. Les obédiences sont dissoutes et les maçons
traqués par les milices, déportés ou tués. Les archives des obédiences sont confisquées par la
Gestapo. Elles sont retrouvées en 1945 en Russie mais leur existence n’est révélée qu’en 1990.
Ces archives sont restituées aux obédiences françaises la même année.
P
Le XXème siècle verra également le développement des loges et obédiences mixtes et
féminines (la première obédience mixte est le Droit Humain, créé en 1893). Soutenue par la
Grande Loge de France, la Grande Loge Féminine de France se constitue à la Libération. La
Grande Loge Mixte Universelle et la Grande Loge Mixte de France sont créées en 1973 et
1982. En 1983 les maçons ne sont plus excommuniés par l'Église.
Importée d’Europe, la franc-maçonnerie est aujourd’hui très présente en Afrique francophone, en Afrique anglophone, en Amérique latine et aux États-Unis.
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1.
Brève historique, la franc-maçonnerie de 1717 à 2003
1717 : Quatre loges londoniennes fondent la première obédience, la Grande Loge de Londres,
qui devient, en 1823, la Grande Loge Unie d'Angleterre.
1723 : Publication à Londres des Constitutions d'Anderson, ouvrage qui organise la nouvelle
société et définit son orientation philosophique.
1726 : La loge écossaise Saint Thomas s'installe à Paris. Montesquieu, Voltaire, sont initiés.
1773 : Naissance du Grand Orient de France.
1792 : La Terreur s'installe et les loges sont menacées d'interdiction. Plus de politique n'est
pratiquée dans les loges.
1805 : Joseph Bonaparte devient grand maître du Grand Orient de France.
1814 : On passe de trois cents à mille deux cents loges en dix ans, mais catholiques et
membres du clergé désertent la franc-maçonnerie. En revanche, Napoléon Bonaparte y voit
une aide pour renforcer son régime : il s'entoure de francs-maçons et initie aussi un grand
nombre de généraux et de ministres.
1815 : La franc-maçonnerie se rallie aux Bourbons. Le roi, ainsi que de nombreux hauts
personnages de la cour, est initié.
1848 : Création de la Grande Loge nationale de France.
1850 : Tournant idéologique. Radicaux, socialistes et anarchistes se substituent aux
catholiques.
1877 : Le Grand Orient de France décide que la mention du Grand Architecte de l'Univers est
facultative. Fracture avec la maçonnerie anglo-saxonne. Napoléon III cherche à
institutionnaliser la maçonnerie pour mieux la contrôler et éviter les querelles. Mais le
symbole est dévalorisé et la maçonnerie veut être une société de pensée et d'action influant
sur la politique.
1893 : Une maçonnerie mixte apparaît sous le nom de Droit Humain .
Le XXème siècle est marqué par la prolifération des obédiences maçonniques et par la
progression des effectifs à travers le monde.
1917 : L'Église catholique excommunie les francs-maçons. Politiquement, la maçonnerie
française n'a plus un rôle fondamental, même si les ateliers restent encore des « laboratoires
d'idées » qui aboutissent parfois à des législations congés payés, dépénalisation de
l'avortement, contraception...).
1983 : Les francs-maçons ne sont plus excommuniés. Aujourd'hui, la maçonnerie se veut
laïque, tout en redécouvrant sa dimension initiatique et symbolique.
2003 : 275e anniversaire de la maçonnerie française.
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2.
Les principales obédiences françaises
Le Grand Orient de France
Le Grand Orient de France est l'obédience la plus ancienne, fondée en
1773. Elle compte 46 000 membres. Le Grand Orient est à l'origine de la
loi de 1905 statuant sur la séparation des Églises et de l'État. Aujourd’hui
les réflexions sont concentrées sur la bioéthique, l'égalité des droits, le
sectarisme, la laïcité… Le G.O. accepte toutes les idées et toutes les
croyances. Il ne rejette que les membres du Front National. Seuls les
hommes peuvent y être initiés, les femmes sont acceptées une fois
initiées dans une obédience mixte ou féminine.
Rites pratiqués : principalement Rite Français, Rite Français Moderne, Rite Écossais Ancien et
Accepté.
La Grande Loge de France
La Grande Loge de France affiche 27 000 adhérents. Elle est créée en 1894. La G.L.F. travaille
à la gloire du Grand Architecte de l'Univers. Sur l'autel figurent les « trois grandes lumières »
de la franc-maçonnerie conservatrice, c'est-à-dire, l'équerre, le compas et la Bible. L'étude des
symboles est primordiale. Ainsi, les travaux de fonds sur la société sont traités avec une
importance moins grande qu'au Grand-Orient. Le coût de l'adhésion à la Grande Loge de
France est équivalent à celui du G.O., soit environ quatre cents euros annuels. Les femmes
sont refusées au sein des loges de la G.L.F., qu'elles aient été initiées ou non.
Rite pratiqué : principalement le Rite Écossais Ancien et Accepté.
Le Droit Humain
Créé en 1893, le Droit Humain est une obédience mixte internationale. Elle fut la première à
accepter les femmes dans des loges. L'invocation au Grand Architecte de l'Univers est
facultative dans les loges du D.H., aussi la croyance en dieu n'est pas obligatoire. Le Droit
Humain, le Grand-Orient et la Grande Loge ne sont pas reconnus par la franc-maçonnerie
anglo-saxonne, elles sont dites irrégulières. L’obédience compte 14 500 membres.
Rites pratiqués : principalement le Rite Français mais aussi le Rite Écossais Ancien et
Accepté.
La Grande Loge Féminine de France
La Grande Loge Féminine de France a été créée en 1945. La croyance n'est pas obligatoire, de
même que l'invocation au Grand Architecte de l'Univers. Les sœurs de la G.L.F.F. sont
11 000.
Rite pratiqué : principalement le Rite Écossais Ancien et Accepté.
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La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique.
Créée en 1958, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique est une petite obédience qui
compte 3 700 frères. Cette obédience uniquement masculine travaille à la gloire du Grand
Architecte de l'Univers mais contrairement à la G.L.N.F., elle n'impose pas la croyance en un
dieu révélé. Rite pratiqué : principalement le Rite Écossais Rectifié.
La Grande Loge Mixte de France
Fondée en 1982, cette obédience est le fruit d'une scission d'avec la Grande Loge Mixte
Universelle. L'effectif de cette obédience est de 2 000 adhérents. Les travaux sont liés à l'étude
du symbolisme et des questions sociales. Toutes les loges ne sont pas mixtes, il en existe des
masculines et des féminines.
Rites pratiqués : Rite Français, Rite Écossais Ancien et Accepté.
La Grande Loge Mixte Universelle
Cette obédience mixte est créée en 1973. Elle compte 1000 membres.
Rite pratiqué : Rite Français.
Le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm
Le rite de Memphis-Misraïm (fusion de deux rites) est constitué en 1881 par Garibaldi qui en
devient le premier Grand-Maître. Il comprend les loges bleues, c'est-à-dire des trois premiers
degrés (apprenti, compagnon et maître) mais abrite surtout des loges de hauts-grades. Le
Rite de Memphis-Misraïm croit en l'existence de Dieu et travaille donc à la gloire du GrandArchitecte de l'Univers. Les travaux de cette obédience sont très influencés par le
symbolisme, l'alchimie et les diverses formes de l'ésotérisme maçonnique. Les débats sur la
société, la religion et la politique sont interdits. Les frères de Memphis-Misraïm sont 900.
Il existe une fédération féminine de Memphis-Misraïm, elle a été créée en 1981. Elle est
indépendante de la fédération masculine même si elle en reprend les principes.
Rite pratiqué : Rite de Memphis-Misraïm.
La Loge Nationale Française
Créée en 1968, la Loge Nationale Française est une scission de la Grande
Loge traditionnelle et Symbolique. Les réflexions de cette obédience sont
portées sur les différents rites, le symbolisme et la tradition maçonnique.
La devise de la L.N.F. est «dieu est notre guide», la croyance absolue en
un dieu révélé est requise. Cette petite obédience ne compte que 300
frères, les femmes ne sont pas acceptées. Rites pratiqués : Rite Français,
Régime Écossais Rectifié et Rite Émulation.
La Grande Loge Nationale de France
Créée en 1913, la Grande Loge Nationale de France est la seule obédience maçonnique
reconnue par la franc-maçonnerie anglo-saxonne. Elle refuse tout contact avec les autres
obédiences françaises et radie tout membre qui visite les loges dites irrégulières, c'est-à-dire
celles qui acceptent les femmes et les athées. Pour être adhérent de la G.L.N.F., la croyance
absolue en un dieu révélé est requise. La G.L.N.F. compte 33 000 adhérents.
Rites pratiqués : Rite Écossais Rectifié, Rite Écossais Ancien et Accepté, Rite d'York.
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3.
Lexique maçonnique
ABRÉVIATIONS MAÇONNIQUES : L'initiale majuscule d'un mot, suivie de trois points en
triangle G∴ O∴ D∴ F∴ : Grand Orient de France), ou la première syllabe et les consonnes
qui suivent, avec les trois points (Trav∴ : travaux ; Vén∴ : Vénérable ; Prof∴ : Profane ; At∴ :
Atelier ; L∴ : Loge ; F∴: Frère ; FF∴: Frères ; MM∴ : Maçons)
ACCOLADDE : Triple embrassade avec toucher de la main sur l'épaule.
AFFILIATION : Adhésion d'un frère à une autre loge.
AGAPE : Repas fraternel qui suit la tenue de la loge.
ALLUMAGE DES FEUX : Installation d'une nouvelle loge
ANNÉE MAÇONNIQUE : Correspond à peut-près au calendrier hébraïque et on l'obtient en
ajoutant 4000 ans au calendrier chrétien. La date maçonnique est indiquée comme (V∴L∴)
vraie lumière et la date profane comme (E∴V∴) ère vulgaire.
APPRENTI : Nom donné au premier grade de la Franc-Maçonnerie.
ARCHITECTURE ( MORCEAU D') : Conférence tenue en loge.
ART ROYAL : Synonyme de franc-maçonnerie. Terme employé au XVIIIème siècle, se
réfère à la légende du roi Salomon.
ATELIER : Groupe de travail au sein d’une loge.
ATTOUCHEMENTS : Signes de reconnaissance des francs-maçons entre eux.
AUGMENTATION DE SALAIRE : Passage de grade.
BLACKBOULÉ : Profane rejeté à l'entrée d'une loge (par plus de 25% de boules noires, c'està-dire de votes contre).
CABINET DE RÉFLEXION : Pièce de méditation où le candidat rédige son testament
philosophique avant sa réception.
CAPITATION : Cotisation.
CHARGE : «descendre de charge» signifie régresser dans la hiérarchie de l'obédience.
COMPAGNON : Nom donné au deuxième grade de la franc-maçonnerie.
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CONSEIL DE L'ORDRE : Assemblée permanente de 35 francs-maçons élus, chargée de
l'administration du Grand Orient de France.
Détient le pouvoir exécutif.
CONVENT : Assemblée générale annuelle des députés (délégués) des Ateliers.
DECORS : Symboles vestimentaires (tablier, gants blancs, cordon…) et éléments de
décorations des temples.
DEGRÉS OU GRADES : Niveaux dans la hiérarchie d'un rite. Les trois premiers sont
apprenti, compagnon et maître.
FERMETURE : Fin des travaux maçonniques qui a lieu, en Loge, à l'heure symbolique de
minuit. L’OUVERTURE est à midi.
GRAND ARCHITECTE DE L’UNIVERS : Certaines loges l'invoquent, d'autres non,
certains l'identifient à Dieu, d'autres n'y voient qu'un symbole. (GADLU)
GRAND MAÎTRE : Titre ordinairement décerné au Président du Conseil de l'Ordre.
HEURE MAÇONNIQUE : Heure symbolique conventionnelle adoptée pour ouvrir et fermer
les travaux d'une Loge.
Midi pour l'ouverture et Minuit pour la fermeture.
INITIATION : Cérémonie durant laquelle le profane devient maçon.
LOGE : Synonyme d'Atelier. Chaque Loge porte un titre distinctif.
LOGE D'ADOPTION : Loge féminine souchée sur une loge masculine.
LUMIÈRE : Initiation maçonnique. Recevoir la Lumière: être initié franc-maçon, les profanes
étant dans les ténèbres.
MAÎTRE : Nom donné au troisième grade de la franc-maçonnerie.
MÉTAUX : Idéologies, idées politiques, affaires profanes. Il est convenu de laisser ses
métaux à l’entrée du temple.
MOT DE PASSE : Mot sacré. Paroles données lors d'une initiation, d'un passage ou d'une
élévation.
OBÉDIENCE : Fédération de loges acceptant une même autorité (par ex. le Grand Orient).
OFFICIERS : Francs-maçons Maîtres, élus annuellement, exerçant des fonctions au sein d'un
Atelier.
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ORATEUR : Officier de la Loge, responsable de la stricte application des rituels, des statuts
et des règlements. Il est le seul qui peut intervenir directement, interrompre les travaux, si la
loi n’est pas respectée.
ORIENT : Siège maçonnique d'une ville.
OUTILS MAÇONNIQUES : Instruments symboliques du travail maçonnique. Les plus
connus sont l'équerre et le compas, ils figurent souvent sur les logos des obédiences.
PAS : La marche est codifiée dans un temple.
PASSER À L’ORIENT ÉTERNEL OU ORIENT CÉLESTE : Mourir.
PLANCHE : Exposé d'un frère.
PROFANE : Personne non initiée. Adjectif s'appliquant à tout ce qui est extérieur à la francmaçonnerie.
RITES : Règles fixant le déroulement du travail en loge.
RITUEL : Ensemble de dispositions spécifiques à chaque degré, stipulant la façon d'ouvrir et
de fermer les travaux, les noms, la description des décors, les mots de passe, la manière de se
déplacer dans le temple.
RÉCIPIENDAIRE : Profane en cours d'initiation.
TABLIER : Symbole du travail maçonnique. Il varie selon le grade atteint, dérivant des
maçons opératifs médiévaux.
TEMPLE : Local où se réunit une loge.
TENUE : Réunion de travail d'un Atelier.
TENUE BLANCHE : Réunion regroupant francs-maçons et profanes pour écouter une
conférence faite par un frère (tenue blanche fermée) ou par un profane (tenue blanche
ouverte).
TESTAMENT : Déclaration morale et philosophique que le candidat à l'initiation rédige
parfois dans le cabinet de réflexion et où il consigne ses dernières volontés avant de mourir à
la vie profane.
VÉNÉRABLE : Président d'une Loge (il est élu).
VEUVE (LES FILS DE LA) : Les francs-maçons.
VOYAGER : Pour un maçon, visiter d’autres loges.
VRAIE LUMIÈRE : Lumière maçonnique, esprit de Sagesse synonyme d'Art Royal
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II. Le secret maçonnique
L
e mystère qui entoure la franc-maçonnerie découle tant des origines diverses
qu’on lui a prêtées (bibliques, antiques, gnostiques, cathares, templières…) que
de son caractère secret induit par l’utilisation de symboles peu accessibles au
profane. Secret, vient du latin Secretus, signifiant « que l’on tient caché, dont on dérobe à la
connaissance ». C’est pourquoi une étude du symbolisme maçonnique permettra d’entrevoir,
non seulement le langage maçonnique et sa portée, mais également l’histoire et les sources
de l’institution.
Mythes et légendes chrétiens et pré-chrétiens ont nourri ce symbolisme. Les premières traces
écrites de la franc-maçonnerie dite opérative ne date que du XIVème siècle, elles évoquent des
confréries d’artisans qui se réunissent dans des loges (des cabanes de chantiers) pour se
communiquer les secrets du métier. « Des secrets de la chambre, il n’en parlera à nul homme »
Manuscrit Regius, 1390. Les statuts d’apprenti, de compagnon et de maître y sont
mentionnés. Au XVIIIème siècle, au temps des acceptés, la maçonnerie s’organise et s’enrichit
d’autres mythes comme la légende d’Hiram et d’autres symboles alchimistes et hermétiques.
Pourvue d’un langage spécifique issu de traditions diverses, la franc-maçonnerie moderne
perpétue rites et rituels dans la discrétion : Savoir, Vouloir, Oser et se Taire sont les quatre
verbes dont l’initié doit s’inspirer. Bien qu’il ne s’agisse plus de transmission de secrets de
métiers, l’initiation (qui passe par l’apprentissage et la compréhension des symboles) est au
cœur de la pratique maçonnique.
Qu’est-ce que le secret maçonnique ?
I
l y a en fait trois secrets maçonniques : le secret des rites et des symboles, le secret
des délibérations et le secret d'appartenance. Ainsi, il faut être initié pour
connaître les secrets des rites, des rituels et des symboles. C’est un secret par
nature qui se pénètre par la voie symbolique. Le temple est un espace distinct du monde
profane et le silence s’impose au sujet des tenues. On ne peut rapporter ce qui s’y est dit, ni à
un profane, ni à un frère absent. C’est le secret des délibérations.
Le troisième point est un engagement individuel. Tout franc-maçon a la liberté de révéler son
appartenance, à qui il le souhaite. Toutefois il ne peut révéler celle d’un frère. Le secret
d’appartenance ne trouve pas vraiment sa source dans le symbolisme ou dans les textes
fondateurs, bien que la notion de silence y soit fréquemment évoquée. Des facteurs politiques
(persécutions par les régimes totalitaires) ou religieux (excommunication par l’église
catholique romaine) paraissent plutôt en être la cause.
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13
L
es secrets qui entourent la pratique de l’Art Royal ne sont pas sans effets,
positifs ou négatifs. Véritable caution de la liberté d’expression lors des tenues,
le secret des délibérations est une condition sine qua non du bon déroulement
des travaux.
Les secrets d’appartenance et des rituels créent un lien, invisible pour le profane, entre les
initiés. Ils partagent un même but, une même histoire et un même langage, celui des
symboles. La franc-maçonnerie forme un ensemble, un groupe, peut-elle, pour autant, être
qualifiée de réseau ? Et si oui, quel est son pouvoir ?
Pouvoir réel ou non, les secrets qui entourent la franc-maçonnerie éveillent les soupçons.
Pourquoi se cache-t-elle si elle n’a rien à se reprocher ?
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14
1.
Le secret des Rites et des symboles
La première loge française, la Loge de saint Thomas, est créée en 1725 par des réfugiés
stuartistes à Paris. La franc-maçonnerie française, se développe et évolue en empruntant des
rituels et symboles issus de la Bible, de l’hermétisme et de l’alchimie, de l’Ordre des
Templiers, des Roses Croix, de l’Égypte des pharaons, des mythes antiques…
« La Franc-Maçonnerie n'est pas une société secrète mais c'est une société qui a un secret » : le secret
du rite et des symboles » dit Jean-Marie Ragon¹.
1.1
Les Rites
>>>
Définition
Les rites sont les organisations des degrés et des rituels correspondants. Selon les rites, à
chaque degré correspond des dispositions spécifiques comprenant la façon d'ouvrir et de
fermer les travaux, les noms, la description des décors, les mots de passe et mots sacrés, les
attouchements et les pas. Les rites maçonniques proviennent tous de la même souche : le Rite
de la Grande Loge de Londres de 1717. Ce rite a été construit à partir d'un « assortiment » de
ce qui existait dans les loges opératives, mais l'objectif des maçons spéculatifs était de créer
quelque chose de très différent : une vision symbolique du métier de bâtisseur. Ainsi, tous
les rites ont le même corps commun. Les différences sont intervenues plus tard, par des
rajouts, des inspirations diverses. La particularité des rites ne tient donc qu'à ces rajouts, au
goût des gens de l'époque pour le mystère, la chevalerie.
Rite Français
Le Rite Français détient les formes les plus proches de la première franc-maçonnerie
pratiquée en France vers 1725 sous l'influence de maçons anglais à Paris et à Bordeaux. C'est
la traduction en français des rituels de la maçonnerie andersonienne de 1723.
Rite Écossais Rectifié
Il est né en 1778 à Lyon à l’occasion du Convent des
Gaules. Son créateur est Jean-Baptiste Willermoz.
L'origine de ce Rite remonte au Système de la Stricte
Observance, fondé en 1756 par le baron de Hund,
initié à Paris. Ce Rite invoquait, comme la plupart des
Systèmes de Hauts Grades de l'époque, la filiation
templière.
Portrait de Jean-Baptiste Willermoz
(1730-1824)
1. Auteur d’ouvrages sur la franc-maçonnerie (Tuileur général de la franc-maçonnerie, manuel pour initié).
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15
Rite Ecossais Ancien et Accepté
Le Rite Écossais Ancien et Accepté, formé de 33 degrés, est né en France sous la Grande
Maîtrise du Comte de Clermont, qui s’est étendue de 1743 à 1771. Il se fonde sur les
premières Constitutions d’Anderson de 1723, le discours de Ramsay de 1738, les Grandes
Constitutions de 1762 et de 1786 et la déclaration du Convent de Lausanne de 1875.
Bijou du 30ème degré du REAA
XIXème siècle
Rite de Memphis-Misraïm
Le Rite de Memphis-Misraïm est créé vers
1813 en Italie. Ses degrés se divisent en trois
séries :
La Maçonnerie Symbolique : 1er au 3ème
degré
Elle donne les premières instructions pour
comprendre le symbolisme.
La Maçonnerie Philosophique : 4ème au 33ème
degré
Enseigne la philosophie et les mythes
antiques.
La Maçonnerie Hermétique ou Ésotérisme :
34ème au 95ème degré
Étudie les mythes religieux, la haute
philosophie.
Tous ces rites (et il y en a d'autres) partagent ensemble les trois premiers grades
d'apprenti, de compagnon et de maître. Le rituel des travaux est sensiblement le même
pour tous. Les grandes différences se font sentir dans les hauts grades, quand ceux-ci
existent.
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16
>>>
.
Tableau synoptique des principaux rites maçonniques pratiqués en France
Rite
Écossais
Ancien et
Accepté
Ateliers
symboliques
Apprenti
Compagnon
Maître
Ateliers de
Perfection
4e degré
Maître Secret
12e degré
Grand Maître
Architecte
14e degré
Grand Elu
Parfait
et Sublime
Maçon
Chapitre ¹
- 18e degré Chevalier
Prince
Rose Croix
Rite
Français
Rite
Écossais
Rectifié
Rite
Français
Moderne
Rite
de
Memphis
Misraïm
Loges Bleues
Loges Bleues
Loges Bleues
Loges Bleues
Apprenti
Compagnon
Maître
Apprenti
Compagnon
Maître
Maître Écossais
de saint André
Apprenti
Compagnon
Maître
Apprenti
Compagnon
Maître
Ateliers
supérieurs
Ordre
Intérieur
Ateliers
supérieurs
Grades
Maître Élu
Écuyer Novice
Maître Élu
Collège de
perfection 4-14
Chapitre 15-18
Chevalier
Bienfaisant de
la Cité Sainte
Sénat 19-29
Aréopage et
tribunal 30-33
Maître Écossais
Aréopage ²
30e degré
Chevalier
Kadosch
Chevalier
Rose croix
Degré
administratif ³
31-32-33
Souverain
Prince
Rose Croix
Profession
Profès
Grand Profès
Chevalier
Bienfaisant
de la Cité
Sainte
Maître Écossais
Gd. Consistoire
34-71
Grand Conseil
72-90
Chevalier
d'Orient
Souverain
Rose Croix
Grand Tribunal
91
Grand Temple
Mystique 92-94
Souverain
Sanctuaire 9599
¹ Les Chapitres
15. Chevalier d'Orient /de l'Épée - 16. Prince de Jérusalem - 17. Chevalier d'Orient et d'Occident 18. Souverain Prince Rose Croix
² Les Aréopages
19. Grand Pontife - 20. Maître Ad Vitam - 21. Chevalier Prussien - 22. Prince du Liban - 23. Chef du Tabernacle 24. Prince du
Tabernacle - 25. Chevalier du Serpent d'Airain - 26. Prince de Mercy - 27. Grand Commandeur du Temple 28. Chevalier du
Soleil - 29. Grand Écossais de Saint-André d'Écosse - 30. Chevalier Kadosh
³ Les degrés administratifs
Tribunaux : 31. Grand Inspecteur Inquisiteur - Consistoires : 32. Sublime Prince du Royal Secret Conseils Suprêmes : 33.
Souverain Grand Inspecteur Général
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17
1.2
Les symboles maçonniques
La langue employée par la franc-maçonnerie est celle des symboles. C’est un mode de pensée
par l’image. La communication symbolique a la propriété d’être universelle, elle s’exprime
chez les francs-maçons par le langage et par les gestes.
>>>
Origines et significations
Les origines des rites et des symboles utilisés par les loges sont issues de traditions diverses.
Beaucoup des symboles maçonniques ont été empruntés par les maçons spéculatifs à des
traditions antérieures aux maçons opératifs. La légende d’Hiram qui a nourri le symbolisme
des premiers maçons, perdure dans la tradition. Voici une liste des principaux symboles
utilisés dans les rituels et les décors, c’est à dire la décoration des temples et les attributs des
maçons.
lll
Symboles religieux traditionnels
Le triangle, le delta lumineux, les trois points : ce symbole, sous ces trois formes, évoque la
Trinité Divine.
Il peut également signifier Dieu, L’Homme et l’Univers.
Les trois points ∴ sont surtout utilisés pour l’abréviation des mots maçonniques (F∴ frère,
R∴L∴ respectable loge, G∴L∴ Grande Loge, G∴O∴ Grand-Orient, Vén∴ Vénérable,
G∴A∴D∴L’U∴ Grand Architecte de l’Univers) cf. lexique
La légende d’Hiram et le Temple de Salomon
L’histoire biblique d’Hiram se trouve écrite dans le 1er livre des Rois aux chapitres 5 à 7. Elle
relate la construction du temple de Salomon, 3ème Roi d’Israël. On pense que le temple de
Salomon fut construit dans la partie est de l'actuelle vieille ville de Jérusalem.
Le mythe d’Hiram est au cœur de la franc-maçonnerie moderne, elle n’apparaît cependant
qu’au XVIIIème siècle.
La légende prend sa source dans le Livre, avant d’évoluer :
Hiram, connu pour sa sagesse et son savoir-faire avait été invité par le roi Salomon à
construire son temple de Jérusalem. Les ouvriers d’Hiram étaient répartis en trois classes:
apprentis, compagnons et maîtres. Chacune avait un mot de passe permettant de recevoir un
salaire graduel.
La construction s’achevant, trois compagnons, intéressés par le salaire de maître, tendirent
un piège à Hiram. Le premier demanda le mot de passe au maître qui refusa de lui donner.
Le compagnon frappa alors l'architecte au cou avec une règle, c’est la mort physique
d'Hiram. Le deuxième compagnon ayant obtenu la même réponse porta sur le sein gauche
du maître un coup d'équerre, c'est la mort sentimentale. Hiram se dirigea vers la troisième
porte et se trouva confronté au dernier compagnon qui lui posa la même question et qui lui
asséna un coup fatal de maillet, cette troisième mort correspond à la mort mentale de
l'architecte. Les assassins enterrèrent Hiram et plantèrent une branche d’acacia à cet endroit.
Les envoyés de Salomon virent la branche et découvrirent ainsi le corps en décomposition du
maître.
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18
Tablier de Voltaire (1778) représentant le
temple de Salomon.
Voltaire portait ce tablier lors de sa
réception le 7 avril 1778 dans la Loge "Les
Neuf Sœurs".
Paris, Musée du Grand Orient de France
Les deux colonnes
Bohas/Boaz/Booz (hébreu : force en lui ou force en Dieu) et Jachin/Yachin/Jakin (hébreu :
« qu'il affermisse » ou « il établira » ) sont les noms des deux colonnes situées à l’entrée de la
porte principale du temple de Salomon. Elles sont présentes à l’entrée des Temples.
Ces deux colonnes évoquent l’homme et la femme, « envisagés dans leur dualité génératrice ».
L’une est le jour et le soleil l’autre la nuit et la lune, à chacune correspond une moitié de
l’année.
Le tablier et les gants blancs
Ils sont portés depuis la cérémonie mortuaire d’Hiram, « pour marquer qu’aucun d’eux n’avait
souillé ses mains du sang de leur chef ».
Le tablier symbolise le travail. Pour les apprentis et les compagnons, il est blanc avec un
ruban bleu. La bavette du tablier des apprentis est relevée.
L’étoile flamboyante est le symbole de l’illumination. Elle appelle à la découverte, à la
connaissance.
La voûte étoilée décore les plafonds des temples. Elle suggère une prise de conscience de
l’infini.
La lettre G, du gamma grec : la connaissance ; de la
Gnose, qui est une connaissance universelle ; de la
Géométrie. La lettre G figure sur le sautoir des maîtres
et au centre du pentagramme.
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19
lll
Symboles hermétiques et alchimiques
L’hermétisme est une doctrine issue d'Égypte qui subît l'influence de beaucoup de doctrines
ayant cours en Égypte et dans toute cette région. La Gnose, un mouvement religieux
vraisemblablement préchrétien, emprunta beaucoup aux cultes de l'hermétisme avant de
devenir chrétienne. Une des formes de la gnose chrétienne s’exprima dans la doctrine des
Fraternités de Rose-Croix, des sociétés secrètes initiatiques qui exercèrent une grande
influence sur la franc-maçonnerie. Le mouvement utilisa la tradition alchimique et la
terminologie hermétique.
L'influence rosicrucienne est manifeste dans la franc-maçonnerie des trois premiers grades,
on trouve dans les rituels d'initiation de nombreuses traces de cette influence qui relève de
l'alchimie et de l'hermétisme. Le mot V.I.T.R.I.O.L. inscrit sur les parois du Cabinet de
Réflexion est formé par les initiales d'une formule hermétique. L'étoile flamboyante qui orne
tous les temples maçonniques s'inscrit dans le pentagramme régulier construit par
Pythagore, or Pythagore avait eu connaissance de nombreux mystères égyptiens, lors de son
séjour dans les temples initiatiques de la vallée du Nil.
Les quatre éléments : le futur initié doit subir les épreuves de la terre, de l’air, du feu, et de
l’eau.
La formule V.I.T.R.I.O.L. :
Le vitriol pour est le nom alchimique de l'acide sulfurique (les trois principes de Grand
Œuvre : le soufre, le sel, le mercure) tiré de la formule suivante :
« Visita Interiora terrae, rectificando, Invenies Occultum Lapidem » : visite l’intérieur de la terre
et, en rectifiant, tu trouveras la pierre occulte.
lll
Le zodiaque
Les signes du zodiaque peuvent être représentés sur la voûte étoilée ou dans le cabinet de
réflexion.
lll
Le pavé mosaïque
Le pavé mosaïque est présent dans tous les temples. Composé de dalles blanches et noires
qui symbolisent les joies et les peines, les bonheurs et les douleurs auxquels nous sommes
confrontés au cours de notre vie.
Le Temple Johannis Corneloup au siège du Grand
Orient, rue Cadet à Paris.
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20
lll
Les Outils maçonniques
Le maçon est appelé à travailler pour s’initier, il doit donc apprendre à se servir d’outils.
D’après le manuscrit Cooke, il existe sept sciences : la grammaire, la rhétorique, la dialectique,
l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie. La géométrie serait à la base de
toutes les autres. Beaucoup des outils maçonniques sont des instruments de mesure.
« Proportion implique mesure, et l'outil ou instrument appartient à la terre. Or la géométrie est
mesure de la terre si bien que je peux dire que les hommes vivent tous de la géométrie, car tous les
hommes ici-bas vivent du travail de leurs mains. »
Le maillet : la volonté, le commandement, l’audace
Le ciseau : le discernement, la décision volontaire
Le maillet (tenu par la main gauche) symbolise la
volonté, le geste et l’énergie nécessaire pour que le
ciseau (dans la main droite) puisse donner la forme
pensée et désirée.
Ces deux éléments sont complémentaires et inutiles l’un
sans l’autre. Le maillet est actif, le ciseau passif. Le
maillet est remis au vénérable et aux deux surveillants.
Il est utilisé durant les rituels pour annoncer l'ouverture
et la fermeture des travaux et pour demander la parole.
Au cours de la cérémonie d'initiation, le vénérable pose
l'épée sur l'épaule du récipiendaire puis frappe la lame
de son maillet.
La règle : la raison, la théorie abstraite
Le compas : la sagesse de l’esprit, le concret
La règle et le compas sont les outils du géomètre : celui qui mesure, qui vérifie.
La règle représente la ligne droite qui est infinie. Le compas délimite le domaine du
« raisonnablement connaissable », « l’Apprenti ne doit pas se perdre dans l’infini des spéculations
abstraites » d’après Oswald Wirth¹. Les deux outils symbolisent l’alliance de la théorie et du
pragmatisme.
L’équerre : l’équité et la droiture
Lorsqu'on ouvre les travaux au degré d'apprenti, l'équerre est posée sur le compas : la
matière domine encore l'esprit. Au second degré, celui de compagnon, l'équerre et le compas
sont entrecroisés. Il y a équilibre. Au degré de maître, le compas est posé sur l'équerre.
Le levier : la fraternité, la cohésion
Le niveau : l’égalité
La truelle : l’amour fraternel, elle symbolise également le
travail achevé
1. Le symbolisme occulte de la franc-maçonnerie, Éditions Dervy
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21
1.3
L’initiation et le symbolisme
L’enseignement ésotérique s’adresse aux initiés. « Ici tout est symbole », dit le rituel
d'initiation au premier degré, celui d'apprenti franc-maçon. Cette phrase décrit la voie
symbolique : « Ici, nous apprenons à regarder la modalité symbolique de tout ce qui existe ».
L’Initiation maçonnique ne se confère que symboliquement, le rituel est une méthode de
travail.
Voici une chronologie sommaire et simplifiée des rites qui définissent le passage de l’état de
profane à celui d’initié :
Pour intégrer la franc-maçonnerie il faut en faire la demande ou bien être invité par un initié
qui se dévoile alors, c’est la cooptation. Après avoir reçu trois visites successives, le candidat
est convié à se présenter au passage sous le bandeau. Cette épreuve consiste à interroger à un
rythme très soutenu le candidat aveugle sur son point de vue quant à des questions de
société, philosophiques… À l’issu de l'entretien, il y a délibération et vote. S’il est admis, il
peut être initié.
Lors de sa cérémonie, le futur initié entre dans le temple les yeux bandés. Assis sur une
chaise il est de nouveau questionné puis conduit dans une petite pièce, faiblement éclairée à
la bougie. Sur les murs est inscrite la formule V.I.T.R.I.O.L., ci-dessus évoquée. Sur la table
est disposé un crâne, symbole de la vanité de la vie. Le candidat doit rédiger son testament
philosophique. Dans le temple il doit affronter les éléments qui sont la terre, l’air, le feu et
l’eau, avant de recouvrer la vue et de se voir confronté à son image face à un miroir, « face à
son pire ennemi ». Préalablement au serment qu’il va prêter, le récipiendaire effectue son
premier travail en taillant la pierre brute avec le ciseau et le maillet.
Tableau de l’initiation
110 X 89,5 cm, peinture à l’huile,
premier tiers du XIXème. Musée
de la franc-maçonnerie.
(collection du G.O.D.F.)
L’apprenti peut devenir compagnon, puis maître. L'accession au grade de maître, qui est la
mort symbolique, reprend les phases de l'assassinat d'Hiram, l'homme juste et vertueux mis
à mort à cause de l'ignorance. Ainsi, dans le rituel maçonnique, le compagnon est recouvert
d'un drap noir et d’une branche d'acacia (symbole de l’incorruptibilité et de la renaissance)
placée sur le drap. À la question : « Êtes-vous maître? », il doit prononcer la phrase rituelle :
« l'acacia m'est connu ». La Légende d’Hiram marque fortement la symbolique maçonnique.
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22
>>>
Le secret des Rites
Le secret des rites et des symboles s’explique par le caractère initiatique de la francmaçonnerie. Ces rites sont conçus comme des outils d’accès à la connaissance. La voie
initiatique tend à apprendre l’art de penser. Un maçon a l’obligation de ne jamais révéler à
un autre maçon d’un degré inférieur, des informations sur les cérémonies initiatiques.
L’expérience doit être vécue. Le secret maçonnique est un secret par nature, d’ordre
symbolique et initiatique.
Les buts respectifs des trois degrés du Rite Ecossais Rectifié d’après Joseph de Maistre
(1754-1821) Mémoires au duc de Brunswick, Écrits maçonniques, Genève, Slatkine 1983 :
1er grade : Éveil
« Non seulement on formera le cœur de maçon, mais on éclairera son esprit, en l’appliquant à l’étude
de la morale et de la politique qui est la morale des états ».
2ème grade : Influence et tolérance
« La seconde classe devrait avoir pour but, l’instruction des gouvernements et la réunion de toutes les
sectes chrétiennes ».
3ème grade : Science et métaphysique
« Nous voici arrivé au 3ème grade qui a pour objet le Christianisme transcendant… Les frères admis à
la classe supérieure auront pour objet de leurs études et de leurs réflexions les plus profondes les
recherches de faits, et les connaissances métaphysiques ».
« Tout est mystère dans les deux testaments, et les élus de l’une et l’autre loi n’étaient que de vrais
initiés. Il faut donc interroger cette vénérable antiquité, et lui demander comment elle entendait les
allégories sacrées (…)».
Les rites et rituels pratiqués diffèrent selon les obédiences. Toutefois, les cérémonies
d’initiation ont la même signification : la mort symbolique du profane et sa renaissance,
c’est pour lui le commencement d’un processus d’apprentissage.
Les cérémonies de l’initiation consistent à symboliser la mort du profane et sa résurrection,
après avoir subi les épreuves des éléments : la terre, l’air, l’eau et le feu. Le but est d’amener
le profane à l’Illumination intérieure, intellectuelle par la voie des symboles. Le vocabulaire,
les mots ne peuvent conduire à elle. Willermoz dit dans une lettre au Prince de Hesse, le 8
juillet 1781 à Lyon :
« C’est pour cela que le secret le plus inviolable fut la première loi de toutes les initiations ; que les
prosélytes étaient sévèrement éprouvés sur leur discrétion ; que sur la moindre faute en ce genre ils
étaient irrémissiblement abandonnés. Si vous observez encore qu’au premier pas que le maçon fait
dans l’ordre maçonnique, on exige de lui un serment irrévocable devant Dieu, en présence de ses
frères, de garder le Secret sur les mystères de la Franc-maçonnerie, de ne rien dire, ni écrire, ni tracer
qui puisse les dévoiler, vous en conclurez que si le secret est un devoir sacré pour le maçon, il doit être
rempli bien plus rigoureusement encore par ceux qui ont été initiés à des connaissances plus
sublimes ».
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23
La voie initiatique est une méthode de travail philosophique personnel.
(…)« Telle est cette science mystérieuse et sacrée, dont la connaissance est un crime pour ceux qui
négligent d’en faire usage, et qui égare ceux qui ne seront pas élevés au-dessus des choses sensibles.
C’est d’après ces Principes que les initiations furent mystérieuses et sévères. La vérité l’exigeait ellemême, puisqu’elle se cachait aux hommes corrompus… dans l’état actuel de l’homme privé de la
lumière, ce qui peut lui arriver de plus funeste, c’est d’oublier ou de nier cette lumière. »
Ainsi, la connaissance ne peut être enseignée aux hommes corrompus, ce qui explique les
trois enquêtes successives et le passage sous le bandeau du futur initié.
L’initiation est réservée à un petit nombre d’individus. On trouve la source de cette pratique
ésotérique dans la légende d’Hiram : les mots sacrés ne doivent pas être dévoilés aux
personnes qui ne peuvent les recevoir : les assassins d’Hiram. Platon justifie l’élitisme de
l’ésotérisme dans la République :
« Quand, par le discours, on donne une fausse image, relativement aux Dieux et aux héros, de ce que
réellement ils sont… même si c’était la vérité, il ne faudrait pas, selon moi, aller avec une pareille
légèreté les débiter à des êtres dépourvus de jugement et naïfs, mais bien plutôt les taire
complètement ; et s’il existait quelque obligation de les dire, il faudrait que ce fût par des formules
secrètes de Mystères, pour un auditoire le plus réduit possible et après le sacrifice, non pas d’un porc,
mais de quelque victime qui fût d’importance et difficile à se procurer, afin qu’en conséquence il y eut
le plus petit nombre possible de gens à les entendre ». Aussi : « La jeunesse est (…)incapable de
discerner ce qui est symbole et ce qui ne l’est pas ».
>>>
Le silence
Le silence est l’une des formes du secret maçonnique. L’apprenti n’a pas le droit de parler
lors des Tenues. En devenant compagnon, il peut prendre la parole, à condition d’en faire la
demande.
Le Discours de Ramsay 1736-1737
Initié à la « Horn Lodge » de Londres en mars 1730, le
Chevalier de Ramsay fut l'orateur attitré de la Loge « Le
Louis d'Argent », à l'Orient de Paris.
Le Discours de Ramsay est destiné à accueillir de
nouveaux initiés. Il eut une influence considérable sur la
franc-maçonnerie française du XVIIIème Siècle.
Sa valeur historique réside dans le fait qu'il est très
caractéristique de la franc-maçonnerie du siècle des
Lumières, et qu'il préfigure, par sa volonté de rattacher
l'histoire de la franc-maçonnerie à celle des croisades, le
mouvement qui verra l'apparition des Hauts Grades.
Toutefois cette origine chevaleresque doit être
considérée de la même manière que l'origine biblique. Il
s'agit d'une origine mythique et non pas d'un fait
historique.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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Le Chevalier de Ramsay (1686-1743)
24
Dans cette première partie il est question du respect du secret, partie intégrante du processus
d’initiation :
Le secret
(…)« Nos loges sont établies et se répandent aujourd'hui dans toutes les nations policées, et cependant
dans une si nombreuse multitude d'hommes, jamais aucun Confrère n'a trahi nos secrets. Les esprits
les plus légers, les plus indiscrets et les moins instruits à se taire, apprennent cette grande science dès
qu'ils entrent dans notre société ».
L’apprenti reste silencieux lors des Tenues. Le silence doit porter à la réflexion intérieure, il
est l’un des outils de l’apprentissage. Dans le silence on peut écouter et être plus disponible
pour recevoir les paroles d’autrui.
L’autre vertu pédagogique de la pratique du silence est l’apprentissage de la tempérance.
L’apprenti, contraint de rester silencieux devant des propos qu’il n’approuve pas, ne peut
s’exprimer. Il a alors le loisir d’analyser les réactions, parfois vives, qui ont émergé en lui.
L’initiation apprend que la Lumière se trouve à travers la connaissance de soi-même. C’est la
formule V.I.T.R.I.O.L. ou « Connais-toi toi-même ».
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25
2.
Le secret des délibérations
2.1
Définition
Le secret des délibérations est prescrit, par exemple, par le Règlement général du Grand
Orient de France qui interdit de rapporter à un frère ce que l'on dit à une tenue à laquelle
celui-ci n'a pas assisté. Il s'étend donc à tous les frères absents quels que soient leurs grades
ou leurs offices respectifs, hormis ce qui figure sur la Planche Tracée, compte-rendu de la tenue
rédigé par le secrétaire.
2.2
Origines
Le secret des délibérations peut trouver l’une de ses sources dans le secret professionnel
qu’observaient les bâtisseurs de cathédrales.
>>>
Le Regius
Le Manuscrit Regius date d'environ 1390. C’est le plus ancien document maçonnique connu,
il témoigne de l'art du métier et de l'attachement des ouvriers maçons à la religion et à la
géométrie. Le poème est mentionné en 1670 dans un inventaire de la bibliothèque John
Theyer. Il appartient à la bibliothèque royale jusqu'en 1757 (d'où son nom Regius), date à
laquelle le Roi George II en fait don au British Museum. Il est publié en 1840.
Dans le troisième point de l’article quinzième :
« Le troisième point doit être sévère
Avec le ‘prentis, sachez-le bien,
Le conseil de son maître il doit garder et cacher
Et de ses compagnons, de bon gré ;
Des secrets de la chambre, il n’en parlera à nul homme,
Ni de la Loge, quoi qu’ils y fassent ;
Quoi que tu entendes ou les vois faire,
Ne le dis à personne, où que tu ailles ;
Les propos dans la salle, et même au bosquet,
Gardes les bien pour ton grand honneur,
Sans quoi cela tournera pour toi au blâme,
Et apportera au métier grande honte. »
Le manuscrit Regius, environ 1390
Le manuscrit ressemble en de plusieurs points à une convention collective. Il est question
dans cet extrait de la confidentialité de ce que voit et entend l’apprenti.
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26
>>>
Les Constitutions d’Anderson
Les Constitutions d'Anderson publiées en Angleterre en 1723, est l'un des textes
fondamentaux de la franc-maçonnerie moderne puisqu'il s'agit des premières constitutions
de la première Grande Loge. Elles ont eu pour but de structurer et réglementer la francmaçonnerie. Aujourd’hui, c'est sur elles que tout franc-maçon prête serment le jour de son
entrée dans le Temple.
V De la gestion du métier pendant le travail
« Aucun Ouvrier ne devra être employé au travail propre à la Maçonnerie ; ni les Francs-Maçons ne
devront travailler avec ceux qui ne sont pas Libres sans Nécessité impérieuse ; ni ne devront instruire
les Ouvriers ou les Maçons non acceptés, comme ils devraient instruire un Frère ou un
Compagnon . »
VI De la conduite à tenir
5. CONDUITE À la Maison et dans votre Voisinage
« Vous devez agir comme un Homme moral et sage ; en particulier ne laisser pas votre Famille, vos
Amis et Voisins savoir ce qui concerne la Loge, etc., mais consultez sagement votre Honneur, et de
celui de l’Ancienne Fraternité, ceci pour des Raisons qui n’ont pas à être mentionnées ici. »
6. CONDUITE envers un FRÈRE étranger
« Vous devez l'examiner consciencieusement de la Manière que la Prudence vous inspirera, afin de ne
pas vous en laisser imposer par un prétendu faux ignorant, que vous devez repousser avec Mépris et
Dérision, en vous gardant de lui dévoiler la Moindre Connaissance. »
Le secret des délibérations prévaut sur les conférences et les débats tenus par les loges qui
peuvent porter sur des sujets philosophiques, sociaux, historiques, économiques... Les rituels
utilisés dans le Temple permettent de créer un espace et un temps distinct du monde profane.
Jean Verdun refuse l’idée de secret et parle de huis-clos : « Le huis-clos protège les plus faibles. Ils
doivent-être sans crainte de montrer leur faiblesse. Le huis-clos peut aussi retenir l’arrogance des plus
forts. »
Le secret des délibérations apparaît comme une forme de confidentialité qui garanti
l'immunité des débats qui se déroulent en loge.
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27
3.
Le secret d’appartenance
3.1
Définition
L’initié a le droit de dévoiler son appartenance à la franc-maçonnerie à qui il le souhaite.
Cependant, il ne peut révéler celle d’un frère. Le secret d’appartenance est un choix
personnel.
3.2
Origines
Cet aspect évoqué dans les Constitutions d’Anderson peut d’avantage s’expliquer par les
suspicions auxquelles est confrontée la franc-maçonnerie française depuis son organisation
au XVIIIème siècle.
>>>
Les Constitutions d’Anderson
VI
De la conduite à tenir
4. CONDUITE en Présence d'ÉTRANGERS non-MAÇONS
« Vous serez circonspects dans vos Propos et dans votre Comportement, pour que l'Étranger le plus
perspicace ne puisse découvrir ni deviner ce qu'il ne doit pas connaître, et vous aurez parfois à
détourner la Conversation et à la conduire prudemment pour l'Honneur de la vénérable Fraternité. »
>>>
L’antimaçonnisme
L'église catholique romaine fustige la franc-maçonnerie depuis Clément XII qui, en 1738,
excommuniera ses membres avec l’encyclique in Eminenti, on suppose par crainte de
l’expansion du protestantisme. Dès lors, le Vatican n’a de cesse de condamner les
« hérétiques » et leurs pratiques « antireligieuses » et adogmatiques. En 1983, l’église
catholique romaine lève l’excommunication pour les maçons catholiques, qui demeurent
dans le péché. Les relations entre le pouvoir politique et la maçonnerie sont au XVIIIème
siècle de l’ordre de la curiosité et de la méfiance. Le pouvoir ne peut voir d’un bon œil le
développement d’une société secrète venue d’Angleterre qui intrigue et séduit la cour et
l’armée. Toutefois, la maçonnerie qui affirmera son allégeance au roi ne sera pas inquiétée,
selon les Statuts publiés en 1742 : « Nul ne sera reçu dans l'Ordre qu'il n'ait jamais promis ou
juré un attachement inviolable pour la religion, le roi et les mœurs » . À la veille de la
Révolution, la franc-maçonnerie devenue influente et s’étendant dans plusieurs classes
(armée, noblesse, haute bourgeoisie, clergé…), prône la liberté d’association. À titre
individuel, des francs-maçons prennent part à la Révolution. Bien que son idéal proclamé
soit Liberté Egalité Fraternité, la franc-maçonnerie en tant que telle ne joue pas un rôle décisif.
Certains subissent les effets de la machine du maçon Guillotin. La première thèse du
complot révolutionnaire maçonnique apparaît avec l’abbé Lefranc en 1791, puis avec l’abbé
Barruel 1797 qui voient des idées révolutionnaires s’exporter en Amérique par le biais de la
franc-maçonnerie en les personnes de Washington, La Fayette, Franklin.
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Léo Taxil (1854-1907) est le pseudonyme de
Gabriel-Antoine Jogand-Pagès. L’auteur est le
principal initiateur de la thèse de la maçonnerie
présentée sous la forme de secte satanique.
D’abord anticlérical puis fervent catholique, il
devient anti-maçon virulent. Il finit par admettre
ses élucubrations lors d’une conférence de
presse.
Revue de Léo Taxil. L’auteur y révèle les secrets des
francs-maçon : sacrifices humains, orgies…
Il publiera également :
L'Antéchrist ou l'origine de la Franc-Maçonnerie
La Franc- Maçonnerie démasquée
Les sœurs maçonnes
Y a-t-il des femmes dans la Franc- Maçonnerie ?
C’est à la veille de la seconde guerre mondiale, dans un climat de fanatisme et de
nationalisme, que se profile l’antimaçonnisme qui sera le plus virulent. En 1919 la francmaçonnerie est interdite en URSS et dans tous les partis communistes, en 1925 Mussolini
l’interdit également. En 1933 l’Allemagne hitlérienne éradique les loges, emprisonne et
torture les maçons dans le but de contrer le soi-disant complot judéo-maçonnique (notion
déjà évoquée en 1751 par Benoît XIV qui dénonçait la présence de juifs dans les loges).
C’est dans ce climat déjà tendu qu’éclate en France
l’affaire Stavisky qui incriminera hommes
politiques, banquiers, francs-maçons et escrocs.
Après la défaite de 1940, Pétain signe une loi sur
l’interdiction des associations secrètes. Les
obédiences sont dissoutes et leurs biens sont saisis
lors de perquisitions par une police des sociétés
secrètes. Des listes de francs-maçons sont publiées
au Journal Officiel permettant l’exclusion de francsmaçons
des
postes
politiques
ou
de
l’administration.
Pétain : « Il faut détruire le complot maçonnique(…)
Tout prouve que la philosophie franc-maçonne a consisté
à dresser un dogme de laïcisme en opposition humaine à
la mystique chrétienne. » La Résistance s’organise et
compte dans ses rangs une unité maçonnique :
Patriam Recuperare. La gestapo traque les francsmaçons, mille cinq cent seront déportés, mille
seront fusillés ou périront dans les camps.
La théorie du complot judéo-maçonnique est aujourd’hui portée par l’extrême droite, par le
Front National. « Après le terrorisme moyen-oriental et proche-oriental, voici le terrorisme grandoriental. » Jean-Marie Le Pen.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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29
4.
Les effets du secret
4.1
Garant de la liberté d’expression
De même que les avocats, les médecins et les prêtres qui sont tenus au secret professionnel,
les francs-maçons ne doivent pas rapporter les propos de la Loge. Le secret des délibérations
est la garantie de la liberté totale d'expression. Les temples doivent être des laboratoires
d’idées, où la censure (et l’autocensure) nuirait à la recherche de la Vérité ou Lumière.
Le rituel d’initiation tend à « mettre à nu » le récipiendaire qui, après une réflexion
intérieure, sera capable de dépasser ses a-priori et d’être à l’écoute de l’autre. Ainsi
préparées, les discussions (qui sont très organisées) peuvent s’élever au-dessus de la passion.
Ce secret s’explique également par les persécutions dont ont été victimes les maçons.
4.2
Le secret d’appartenance et ses codes de communication : un rôle fédérateur
Le secret d’appartenance et l’utilisation d’un langage symbolique confère à la francmaçonnerie un caractère fraternel et apporte une cohésion au groupe. Les facteurs de
cohésion peuvent se distinguer en deux catégories : les facteurs socio-affectifs et les facteurs
d’ordre fonctionnel.
>>>
Les facteurs socio-affectifs
Les facteurs socio-affectifs peuvent se définir par l’attrait d’un but commun, de l’action
collective qui sont, pour le Grand Orient par exemple, « le respect d’une Tradition héritée des
fondateurs de la Franc-Maçonnerie et la recherche du progrès pour l’amélioration de l’Homme et de la
société. » Cette notion fédératrice est évoquée dans le Discours de Ramsay (Le secret) :
« Nous avons des secrets ; ce sont des signes figuratifs et des paroles sacrées, qui composent un
langage tantôt muet et tantôt très éloquent, pour le communiquer à la plus grande distance, et pour
reconnaître nos Confrères de quelque langue ou quelque pays qu'ils soient. C'étoit, selon les
apparences, des mots de guerre que les croisés se donnoient les uns aux autres, pour se garantir des
surprises des Sarasins, qui se glissoient souvent déguisés parmi eux pour les trahir et les assassiner.
Ces signes et ces paroles rappellent le souvenir ou de quelque partie de notre science ou de quelque
vertu morale, ou de quelque mystère de la foi. Il est arrivé chez nous, ce qui n'est guère arrivé dans
aucune autre société.»
>>>
Les facteurs d’ordre fonctionnel
Les facteurs d’ordre fonctionnel touchent à l’organisation propre du groupe qui permet de
répondre à ses besoins et de poursuivre ses buts. L’initiation réservée à un nombre restreint
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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d’individus et la connaissance d’un langage symbolique créent une différence sociale qui
contribue à renforcer cette cohésion :
« Tant l'idée de l'Union fraternelle a d'empire sur les esprits. Ce secret inviolable contribue
puissamment à lier les sujets de toutes les Nations, et à rendre la communication des bienfaits facile et
mutuelle entre eux. Nous en avons plusieurs exemples dans les annales de notre Ordre, nos Confrères
qui voyageoient dans les différens pays de l'Europe, s'étant trouvés dans le besoin, se sont fait
connoître à nos loges, et aussitôt ils ont été comblés de tous les secours nécessaires. Dans le temps
même des guerres les plus sanglantes, des illustres prisonniers ont trouvé des frères où ils ne croyoient
trouver que des ennemis. Si quelqu'un manquoit aux promesses solemnelles qui nous lient, vous
savez, Messieurs, que les plus grandes peines sont les remords de sa conscience, la honte de sa perfidie,
et l'exclusion de notre Société, selon ces belles paroles d'Horace:
« Est et fideli tuta silentio
Merces ; vetabo qui Cereris sacrum
Vulgarit arcanae, sub isdem
Sit tragibus, fragilemque mecum
Solvat phaselum ;... »
Horace, Odes, Livre III
« Il est au silence fidèle une récompense assurée;
mais à celui qui aura divulgué les rites de la mystérieuse
Céres, j'interdirai qu'il vive sous mon toit,
ou s'embarque avec moi sur un fragile esquif. »
Le groupe a une histoire commune, comme les anciens d’une grande école.
4.3
Un mode d’action politique par la création de réseaux
>>>
Le réseau
Réseau vient du latin retis, filet. Au XVIIème siècle le mot est technique, il est utilisé par les
tisserands. L’utilisation métaphorique du terme se développe au XVIIIème siècle par les
stratèges militaires. Le réseau induit les notions de circulation, de flux, de communication, de
connexion, de cohérence. La franc-maçonnerie est un réseau dans le sens où les éléments qui
la composent (les francs-maçons) sont distincts et répartis en différents
points (géographiques, socioculturels, professionnels…) « Un réseau est l’interconnexion
d’éléments, et non une collection d’individus ou un groupe restreint », selon Henry Bakis¹. Le
réseau n’est pas statique, il évolue. Il existe grâce aux flux qui circulent entre les éléments :
informations, sentiments, pouvoir, argent…
Aussi, si on se réfère à un autre aspect du réseau d’après H. Bakis : « il est parfois compris
comme permettant le maximum de liberté dans un ensemble social aux contours mal définis, sans
stabilité dans le temps et étant tout le contraire de toute structure organisée ! » la franc-maçonnerie
est un réseau. Ses contours au regard du profane peuvent sembler mal définis. Si on entend par
contours l’étendue géographique de la franc-maçonnerie, ils sont indéfinissables et invisibles,
tout comme la nature des éléments (secret d’appartenance).
Toutefois, le dernier aspect de cette définition, « le contraire de toute structure organisée », ne
peut être appliquée à la franc-maçonnerie qui est fonctionnellement organisée dans ses
degrés et rituels.
1. Professeur de géographie à l’université de Montpellier III
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31
>>>
Le pouvoir
La franc-maçonnerie est un réseau dans le sens où ses membres sont soumis à des
interactions et parce qu’elle est perpétuellement en mouvement et non définie. Elle est un
groupe car elle lie les initiés grâce à une histoire et un langage commun et autour de valeurs
républicaines.
Existe-t-il un pouvoir politique maçonnique ?
On attribue parfois les fondements de la République à la franc-maçonnerie. Certaines lois
portent le sceau de l’institution : la loi de 1905, la loi Neuwirth sur la contraception, la loi Veil
sur l’avortement, et la suppression de la peine de mort, qui est la dernière en date (la toute
première initiative maçonnique contre la peine de mort date de 1830, c’est une pétition
adressée à la Chambre). Lors des élections présidentielles de 2002 la franc-maçonnerie aurait
usé de son pouvoir politique. Philippe Guglielmi, ancien Grand Maître du Grand Orient,
affirme dans un article de Histoire et Patrimoine que « Jospin doit la moitié de sa défaite aux
frères du Grand-Orient et aux militants de la Libre Pensée. » Le parti socialiste aurait cru à
l’immuable soutien du Grand Orient (institué avec Mitterrand), qui, pour quelques raisons
obscures, aurait fait pencher la balance du coté de Chirac en usant d’un pouvoir certain.
Cette déclaration est difficilement vérifiable, s’il existe un pouvoir politique maçon, il se situe
plutôt dans sa force de proposition. Ainsi, le temps d’une maçonnerie d’État, telle que celle
constatée durant le premier Empire est aujourd’hui révolu. De même, le qualificatif chambre
secrète de la République n’est plus d’actualité.
« Le pouvoir maçonnique se situe à présent dans l’imaginaire des maçons et des anti-maçons. »
prétend Jean Verdun¹.
Le pouvoir le plus puissant que peuvent exercer les francs-maçons est certainement
financier. Les fraternelles qualifient les regroupements indépendants des obédiences
constitués de maçons souvent issus du même corps professionnel. Ainsi, ils peuvent exercer
une réelle influence dans des secteurs aux forts enjeux, économiques le plus souvent. Les
fraternelles sont vilipendées par les responsables des obédiences (essentiellement du G.O.)
lorsque ses membres sont liés à une affaire, conscients de leur impact négatif sur l’image de la
franc-maçonnerie en général. « Les fraternelles sont une source d'emmerdements et de dévoiements
permanents » déclare Alain Bauer, grand maître du GO de 2000 à 2003.
>>>
Les affaires
Fausses factures de la ville de Paris, affaire Elf, MNEF, Françafrique, HLM des Hauts-deSeine, Trésor de Lille, la plupart des récents scandales ont impliqué, à des degrés divers, des
francs-maçons du Grand Orient, de la Grande Loge Nationale de France, de la Grande Loge
de France et d’autres obédiences encore. L’implication de maçons dans ces scandales est
certaine. Ainsi, les francs-maçons connus le sont souvent parce qu’éclaboussés par un
scandale ! S’agit-il de réseaux de type mafieux ou, comme l’affirment les responsables de
loges et d’obédiences, de « dérapages individuels » ? Bien que certaines obédiences suspendent
tout frère mis en examen, l’image de la franc-maçonnerie est altérée par ces affaires qui font
les choux gras des médias.
Le secret d’appartenance peut ici trouver une autre explication : protéger le frère haut placé
de sollicitations compromettantes.
1. Grand Maître à la G.L.F de 1985 à 1988, auteur d’ouvrages maçonniques.
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32
4.4
Le secret : la cause d'une suspicion permanente ?
Le secret n’apparaît pas comme étant une protection efficace. Il comporte d'autant plus
d'effets pervers qu'il se joint à un recrutement par cooptation élitiste, ciblant souvent les
sphères du pouvoir. Ainsi certains secteurs sont sureprésentés : médecine, justice, fonction
publique, éducation nationale, BTP… La présence de réseaux au sein de lieux de décisions
provoque une légitime suspicion, d’autant plus quand ceux-ci font l’objet de longs dossiers
très illustrés dans la presse magazine. Les lobbies effraient, on les suppose encore plus
puissants quand ils agissent dans l’ombre.
Campagne anti-maçonnique menée par
Vichy
>>>
Le secret isole-il du monde profane ?
Si le secret maçonnique a la vertu de fédérer les initiés, il a également un pendant négatif :
« Le secret social trace une démarcation. Il structure la société selon le principe de l'inclusion et de
l'exclusion en dressant des barrières entre ceux qui savent et qui ont accès à un savoir et à des
informations et ceux qui ignorent le secret pour lesquels de telles informations demeurent
inaccessibles. Le secret établit, d'un côté, une barrière entre des groupes ou des systèmes de
communication. De l'autre côté, la garantie de garder le secret ouvre, voire crée un espace de
communication à l'intérieur d'un groupe de personnes qui sont dans le secret ».¹
Ainsi, le secret n’aurait de valeur que s’il était total. Les détenteurs du secret se trouveraient
dans des conditions idéales de communication, et pourraient ainsi s’atteler à l’amélioration
de la condition humaine, selon la « vocation » de la franc-maçonnerie. Mais il n’en est pas
ainsi et la plupart des rites, des rituels et des symboles ont été largement expliqués dans de
très nombreux ouvrages. Quant au secret d’appartenance, les francs-maçons peuvent
révéler, de plein droit, leur qualité maçonnique.
Parce que le secret n’en est plus un, n’est-il pas devenu un handicap pour l’institution ?
1. Wolfgang Kaiser, Pratiques du secret à l'époque moderne.
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>>>
Le secret entretient les fantasmes
S'inspirant d'un passage des évangiles, le pape Clément XII (le premier à condamner la francmaçonnerie) s'exclamait en 1738 : « S'ils ne faisaient point le mal, ils ne haïraient pas ainsi la
lumière. »
Les mystères et les fantasmes qui entourent la franc-maçonnerie peuvent rapidement se
transformer en soupçons et en accusations. Pourquoi se cache-t-elle si elle n’a rien à se
reprocher ? Ou plutôt, pourquoi se cachent-ils ? Parce qu’il est ici question du secret
d’appartenance qui alimente la plus grande partie des fantasmes assimilant la francmaçonnerie à une société souterraine. Le problème qui se pose est extrêmement délicat car
relatif à l’une des libertés individuelles fondamentales : « chacun a droit au respect de sa vie
privée », énonce le code civil. Le souvenir nauséeux de Vichy se ravive lorsque des noms de
francs-maçons sont balancés via les médias par l’extrême droite, par des maçons « délogés »
ou des journalistes avides de scoop.
Toutefois, un réel problème de communication se pose ici. La voix populaire est toujours la
plus forte. Ainsi, pourquoi la franc-maçonnerie se cache-t-elle si elle n’a rien à se reprocher ?
Où se situer entre le respect des libertés individuelles et le besoin d’éclaircissement ? L’antimaçonnisme, comme l’antisémitisme ou le racisme en général, trouve son inspiration dans
les peurs des gens. La xénophobie est la crainte de l’étranger, de ce que l’on ne connaît pas.
Faut-il dissiper tout mystère pour être digne de confiance ?
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34
5.
Conclusion
Le culte de la transparence
En réalité, le fameux « secret » des maçons est souvent confondu avec trois obligations
beaucoup plus ordinaires : la discrétion (secret d'appartenance), la confidentialité (secret des
délibérations) et la hiérarchie (secret des rites). Toutefois, la transparence est à la mode. Les
hommes politiques révèlent leur homosexualité lors de conférences de presse ou dans des
livres de confidences. Ils « montrent » leurs conjoints et leurs enfants à la télévision. Dans
tout cela, rien d’inavouable, mais tout privé. Dans tous les domaines, l'économie, les médias,
la politique, le concept de transparence est positif. La transparence communicationnelle
comme outil médiatique a deux desseins remarquables : créer ou changer une image.
L’image obnubile, la forme semble primer sur le fond. Pourtant, renoncer à son intimité, c’est
renoncer à son intériorité et de ce fait, se priver de liberté. « L'homme sans intérieur est un
homme vulnérable, soumis à toutes les influences, à toutes les propagandes » affirme Jean-Claude
Guillebaud¹.
Malgré cela, le besoin de transparence doit être assouvi, au risque de paraître suspect. Les
mystères qui entourent Lutte Ouvrière, ont récemment été nourris lors des funérailles de
Pierre Bois, ancien dirigeant de l’organisation syndicale, auxquelles les journalistes n’étaient
pas conviés. Le quotidien Le Monde s’est offusqué du caractère strictement privé de la
cérémonie funéraire et l’a justifié par la présence du très « secret » Hardy, soi-disant
marionnettiste invisible de Lutte Ouvrière. Le besoin d’intimité doit avoir une explication,
d’autant plus quand il s’agit de personnalités influentes. L'exigence de toujours plus de
transparence aide-t-elle la démocratie ou, par un effet pervers, lui nuit-elle ? Où doit-elle
s'arrêter ? Tony Blair en Grande-Bretagne et Berlusconi en Italie, ont envisagé de contraindre
les magistrats à révéler leur appartenance. Toutefois, la Cour européenne des Droits de
l’Homme (saisi par Maestri, un juge italien) a estimé qu’une telle dénonciation transgressait
les principes élémentaires de la liberté de conscience.
La franc-maçonnerie, hors-courant ?
La franc-maçonnerie, par son origine à la fois historique et mystique, est souvent qualifiée de
société occulte. Elle intrigue, trouble et fait l’objet de toutes les curiosités. Sa discrétion la
rend louche, d’autant plus quand des noms de maçons sont révélés par la presse lors
d’affaires impliquant hommes politiques, hommes d’affaires, magistrats ou policiers. Dans ce
climat de scandale et de suspicion alimenté par les médias, les secrets qui entourent
l’institution alimentent la psychose. La franc-maçonnerie est hors-courant.
Sous l’impulsion d’un jeune maître, Alain Bauer, le Grand Orient a tenté de dissiper les
mystères par le biais de la communication. Individuellement, certaines personnalités de la
vie politique ou civile, brisent le secret et coupent court aux rumeurs en révélant leur
appartenance. Ces interventions demeurent toutefois isolées.
1. Le goût de l'avenir, Seuil
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III. La communication de la franc-maçonnerie
L
’initiation qui tend à transmettre la démarche maçonnique est un acte de
communication. Pourtant on peut se demander si la nature même de
l’institution, qui repose sur le secret, est compatible avec la notion de
communication. Or, la franc-maçonnerie communique en diffusant l’objet de ses travaux et
ainsi en manifestant l’intérêt qu’elle porte à divers sujets. Elle s’exprime également par le
biais de ses représentants.
L'extériorisation des travaux
Pour extérioriser les travaux des loges, la franc-maçonnerie emploie différents outils de
communication, médias et hors-médias. Conférences, débats, émissions de radio, sites
Internet, revues, livres, sont conçus tant pour les initiés que pour les profanes. Les sujets qui
y sont abordés demeurent parfois hermétiques.
L'extériorisation des Grands Maîtres
Début 2001, le Grand Orient et la Grande Loge de France se lancent dans une campagne
médiatique portée par les deux grands maîtres des obédiences, Alain Bauer et Michel Barat.
Les deux hommes vont au devant des médias et rendent public leurs opérations
d'assainissement interne, en allant jusqu'à publier la liste des membres exclus. Ils dénoncent
les fraternelles et tout particulièrement celles de la Grande Loge Nationale de France, dont
les membres sont régulièrement compromis dans des affaires. Signe assez révélateur d'un
changement d'époque, la G.L.N.F. fait appel à une agence de communication, FRI
Communication. La presse s’empare de ces querelles de clochers et renvoie l’image d’une
franc-maçonnerie déchirée. Dans un souci de cohérence, la Maçonnerie Française est créée.
Elle regroupe neuf obédiences (la G.L.N.F. n’y adhère pas) désireuses de se fédérer afin de
promouvoir l’institution à travers son histoire et de faire part de son engagement citoyen.
Dans cet élan, les neufs obédiences créent l’Institut Maçonnique de France en 2002,
association dont la vocation est la promotion de l’image culturelle de la franc-maçonnerie.
E
n juin 2003, la franc-maçonnerie française apparaît unie comme jamais pour la
célébration de son 275ème anniversaire. L’évènement sera tout particulièrement
célébré à Lyon, berceau de la franc-maçonnerie française, qui accueillera une
exposition-évènement aux Musées des Beaux-Arts. L’occasion pour l’institution et ses
représentants de se présenter sous leur meilleur jour.
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1.
La franc-maçonnerie et sa communication
1.1
Les conférences, les colloques
Les loges travaillent en atelier, sur des sujets très divers. Ces sujets font parfois l’objet de
conférences, de colloques, de réunions publiques ou de débats ouverts à tous, initiés de
toutes les obédiences et profanes. C’est l’occasion pour les obédiences de s’ouvrir au grand
public en faisant part des réflexions issues des loges. Les sujets de sociétés sont souvent au
cœur de ces manifestations. Ils témoignent de la volonté d’ouverture et l’implication de la
franc-maçonnerie dans la vie associative et citoyenne.
>>>
Quelques manifestations, 2003-2005
lll
Grand Orient de France
Réunions publiques
- Le Handicap dans la société
- La loi de 1905
- L'euthanasie
Les réunions publiques du G.O. traitent essentiellement de
sujets de société, et particulièrement de laïcité. Ces réunions
publiques ont lieu partout en France, à une fréquence certaine.
lll
Grande Loge Féminine de France
Réunions et conférences
- Franc-maçonnes, des femmes d’engagement
- Les nouvelles donnes européennes du combat des femmes pour l’Égalité
- Laïcité et intégration
Affiche du G.O. pour une
conférence à Mâcon
Les réunions et conférences de la G.L.F.F. abordent particulièrement le champ du social et la
condition féminine : la promotion des femmes, le respect de leurs droits, l’égalité en général.
La bioéthique est un sujet régulièrement traité.
lll
Grande Loge Mixte Universelle
Réunions publiques
- L'eau, un enjeu vital pour l'humanité
- Europe et Laïcité
- Identité et citoyenneté
Les thèmes traités lors des réunions publiques de la G.L.M.U. indiquent l’intérêt porté par
l’obédience aux questions citoyennes (écologie, Europe, laïcité). Ces manifestations sont
toutefois rares.
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37
lll
Droit Humain
Tous les deux ans, les principales obédiences de la Maçonnerie Française confient à l’une
d’entre elles l’organisation d’un colloque sur les thèmes de société qui font l’objet de travaux
au sein des loges. En 2005, Le Droit Humain organise cette manifestation ouverte au grand
public. Le samedi 21 mai 2005, se tiendra au Palais des Congrès de Paris, le colloque
interobédientiel « Se construire et construire, autrement ». Les sujets abordés :
- La pensée constructive
- Se construire : spiritualité et humanisme
- Les solidarités à construire ici et dans le monde
- La laïcité, principe d’avenir
L’agence de presse parisienne Rue du Louvre est chargée des relations presse et publiques de
l’évènement.
lll
Grande Loge de France
Cercle culturel. Conférences publiques
- L’Initiation : Tradition et permanence
- La Franc-Maçonnerie, une Initiation Traditionnelle des Temps Modernes
- Éthique et Franc-Maçonnerie
Les thèmes traités lors des conférences de la G.L.F., sont plus confidentiels. Ils relèvent pour
la plupart de la tradition maçonnique. On peut y interpréter une volonté d’expliquer les
origines de l’institution, le pourquoi des rites et des symboles ou bien, sinon un certain
nombrilisme, un manque d’inspiration.
Toutes ces manifestations publiques ne sont évidemment pas des opérations de
communication en tant que telles. Parfois annoncées par la presse, elles traduisent l’intérêt
porté par les obédiences à certains domaines (la bioéthique, la défense de la laïcité,
l’écologie…), et renvoient, par-là même, une certaine image. Les thèmes abordés lors de ces
conférences, débats ou réunions, sont auparavant traités lors des tenues (ils font parfois
l’objet de longs travaux). Ils sont donc le reflet des inclinaisons et partis pris des loges, et par
extension, des obédiences. Ainsi, la Grande Loge de France apparaît davantage axée sur la
tradition, alors que la Grande Loge Féminine de France, la Grande Loge Mixte Universelle et
le Grand Orient, en abordant des sujets de société qui sont au cœur de l’actualité, renvoient
une image plus concrète.
>>>
La franc-maçonnerie sur France Culture
Chaque dimanche de 9h40 à 10h sur France Culture, l’émission Divers aspects de la pensée
contemporaine est présentée par la Grande Loge de France, le Grand Orient, la Libre Pensée, la
Grande Loge Féminine de France ou le Droit Humain.
lll
La Grande Loge de France vous parle
Le troisième dimanche de chaque mois, des membres de la Grande Loge de France
s’expriment sur des points de leurs parcours maçonniques respectifs, donnant l’occasion au
grand public de découvrir les points de vues personnels des membres de la G.L.F..
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EFAP Lyon 2004-2005
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Cette émission est destinée à tous les publics, initiés ou non. Les sujets traités demeurent
toutefois peu abordables. Parmi les précédents thèmes : Jésus dans la tradition maçonnique,
Maçonnerie et Bouddhisme, Histoire du R.E.A.A.
Voici un extrait de l’émission du mois d’avril 2004. Serge Dekramer interroge Alain
Pozarnik, alors responsable de la Communication à la Grande Loge de France. Alain
Pozarnik est aujourd’hui Grand Maître à la G.L.F. Il a co-signé « La franc-maçonnerie expliquée
aux profanes », paru en décembre 2004 (Édition Vega). Il est également l’auteur d’ouvrages
plus confidentiels sur les hauts grades, l’initiation et les rituels.
S.D. : La première question que j’ai envie de vous poser est : « qu’entend-on par Communication à la
Grande Loge de France ? »
A.P. : Il y a plusieurs niveaux de Communication. Il y a celles qui transmettent à l’extérieur : les
conférences publiques, les expositions, les livres, les colloques ... La Grande Loge de France a des
expositions itinérantes organisées par son Musée. Cette année, par exemple, une exposition à
l’occasion du deuxième centenaire de l’expression moderne du Rite Ecossais Ancien et Accepté, Rite
initiatique qu’utilise la Grande Loge de France. Notre Obédience organise aussi des conférences
publiques [qui] font connaître aussi bien l’esprit culturel que l’esprit initiatique de la Grande Loge de
France (…) Il y a évidemment, aussi, une communication interne, c’est-à-dire transmettre les
méthodes de travail initiatique aux Frères de la G.L.F. par l’organisation de journées d’étude,
d’échanges d’informations, de rencontres fraternelles de cœur à cœur, de partage de nos expériences ...
Tout ceci, par analogie, veut dire que nous avons besoin de communiquer avec nous-mêmes ainsi
qu’avec l’extérieur. C’est-à-dire que nous vivons en relation avec deux mondes. Un monde extérieur
où nous rencontrons les autres et un monde intérieur où nous rencontrons l’autre que nous sommes.
Notre évolution consiste à apprendre à connaître les deux mondes et à communiquer encore davantage
avec ces deux mondes pour les rencontrer dans leurs réalités et y trouver notre place.
lll
La Fédération Française du Droit Humain
La Fédération Française du Droit Humain intervient tous les 5èmes dimanche du mois.
Parmi les précédentes émissions : Pourquoi sommes-nous Francs-Maçons ? Que nous apporte la
Franc-Maçonnerie ? Mixité et cheminement initiatique : à quoi ça sert ? L'euthanasie.
lll
Grande Loge Féminine de France
Un dimanche par trimestre, les sœurs de la G.L.F. ont la parole. Les thèmes abordés :
L’accompagnement de fin de vie. Femmes, hommes, de la différence à l’égalité. La démarche
maçonnique.
1.2
Les sites Internet
Toutes les obédiences françaises possèdent un site Internet. Ces sites sont construits de la
même façon : ils présentent l’histoire de la franc-maçonnerie, ses textes fondateurs, son
organisation, ses rites et rituels, sa vocation, un
agenda des événements et des
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manifestations. Des rubriques Foires aux questions ou Questions/réponses, Musée (le G.O. fait
visiter ses temples), Comment devenir franc-maçon ? sont fréquentes. Ces sites semblent
essentiellement être conçus pour le grand public mais également pour les journalistes qui
peuvent disposer d’informations et de communiqués de presse.
Les loges disposent également de sites Internet qui abritent pour la plupart des forums,
accessibles à tous ou non (certains sont même réservés aux profanes, comme le forum de
L’Eau Vive, une loge du G. O. www.godf.es.vg).
>>>
Les sites officiels
La Maçonnerie Française
L’Institut Maçonnique de France
Le Grand Orient de France
La Grande Loge de France
Le Droit Humain
La Grande Loge Féminine de France
La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra
La Grande Loge Mixte de France
La Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm
La Grande Loge Mixte Universelle
La Loge Nationale Française
La Grande Loge Nationale de France
lll
www.franc-maconnerie.org
www.fm-fr.com
www.godf.org
www.gldf.org
www.droithumain-france.org
www.glff.org
www.gltso.org
www.glmf-fm.org
www.glfmm.free.fr
www.glmu.org
www.fm-lnf.org
www.glnf.asso.fr
Le site du Grand Orient de France (www.godf.org)
Le site du Grand Orient est conçu comme un véritable outil de communication. Les
rubriques Foire aux questions, Devenir maçon, Carte des loges permettent d’informer clairement
le visiteur, en allant au devant de ses interrogations. Le site se veut interactif, la rubrique
Médiathèque propose les dernières émissions sur France Culture ainsi que l’intervention
d’Alain Bauer sur TF1, en septembre 2003. Quelques photos de temples sont disponibles
dans la rubrique Visites.
Foire aux questions (FAQ)
Comment ça marche ?
Les rites en usage
L'organisation des pouvoirs
Les questions à l'étude
Présent ailleurs
Est-ce une secte ?
Obédiences maçonniques
Faut-il croire en Dieu ?
GODF et autres obédiences
Secret ?
Pourquoi la mixité ?
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Façade du siège du G.O.
16, rue Cadet à Paris
www.godf.org
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Le Grand Orient diffuse régulièrement des communiqués de presse sur ses positions ou en
réaction. Ces communiqués sont disponibles sur le site. Parmi les derniers émis : « Réaction
du Grand Orient de France face aux propos de Jean-Marie Le Pen », « Déclaration du Grand Orient
de France sur le 60ème anniversaire de la libération des camps ». Aussi, l’obédience renvoie-t-elle
une image dynamique dans la rubrique Évènements, où sont répertoriées les manifestations
passées et à venir (colloques, expositions, débats…).
Apparemment tourné vers l’extérieur avec ce site, le G.O. propose également ses
publications (revue et lettre d’information), en vente par correspondance.
lll
Le site de la Grande Loge Féminine de France (www.glff.org)
Le site de la Grande Loge Féminine de France (comme celui du Droit Humain) met à
disposition un dossier de presse (cf. annexes). Sa particularité réside principalement dans
l’Éditorial (en page d’accueil) illustré par la photographie de son auteur, Marie-Françoise
Blanchet Grande Maîtresse de la G.L.F.F.
Le site est également le seul à présenter une rubrique Association loi 1901.
Les rubriques :
Un peu d’histoire
Actualité (communiqués, revue de presse,
conférences de presse, évènements, quelques
livres, émissions radio France Culture)
Questions/réponses (La GLFF n'est-elle pas une
secte ? Pourquoi le secret ? Qu'est ce que le
rituel, à quoi sert-il ?…), Admission
Une méthode (le travail en loge, le symbolisme,
les rites) …
>>>
Sommaire du dossier de presse
Présentation
Une histoire inscrite dans la tradition
maçonnique
La promotion de valeurs de progrès
Un espace de parole pour les femmes
Une méthode de travail
L’engagement dans la Cité
Les sites indépendants
lll
Le Blog Maçonnique www .hiram.canalblog.com
Le Blog* Maçonnique est un site maçonnique indépendant, créé par un journaliste, rédacteur
en chef de plusieurs webzines et auteur du livre « L'Internet est-il maçonnique ? » paru aux
Editions Altho (cf. encart). Il est membre d'une Loge du Grand Orient de Belgique.
Le site met à la disposition de tous, francs-maçons ou profanes, des informations sur la francmaçonnerie. Rubriques : liens vers les sites de loges et d'obédiences, sites maçonniques, antimaçonnique, boutiques maçonniques, sonneries de téléphone maçonniques, revue de presse.
* un blog est un carnet d’humeur, un journal tenu sur Internet.
lll
leotaxil.com
leotaxil.com est également un site maçonnique indépendant, il est créé en 2001 par un
maçon. Malgré son nom, ce n’est pas un site anti-maçonnique mais un site plutôt drôle et
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autodérisoire (Léo Taxil est un usurpateur et un
affabulateur du XIXème siècle, il a notamment
publié des revues anti-maçonniques). Il est
construit selon le même schéma que les sites
officiels, en détournant quelques éléments. Le
traditionnel lexique maçonnique est détourné,
parfois avec humour (l’humour maçonnique est
quelquefois aussi impénétrable que ses symboles),
sinon avec âpreté envers certaines traditions ou
habitudes maçonniques.
D’après son livre d’or, le site est très bien accueilli
par les francs-maçons qui y voit un espace de libre
expression, où l’on peut prendre un peu de recul
avec humour.
Dans la rubrique Les potins du temple :
Visite du Grand Maître
Le carrosse du T.R.G.M
L
ivre : L'Internet est-il maçonnique ? de Jiri Pragman (Editions Altho)
L’ouvrage publié en septembre 2004, est destiné aux maçons comme aux
profanes. Jiri Pragman, son auteur, a voulu vérifier que la société dite
« discrète » des francs-maçons était bien présente sur Internet.
Sites d'obédiences, d'ateliers, mais aussi blogs, forums et groupes de discussion, la
franc-maçonnerie utilise les outils des N.T.I.C. à des fins d'information, d'extériorisation
et pour favoriser les échanges entre initiés.
L'auteur, spécialiste des usages de l'Internet, décrypte l'activité maçonnique sur l'Internet
et analyse les similitudes et divergences entre le monde de l'Internet et celui de la francmaçonnerie. L'ouvrage comprend également plus d'une centaine de liens et ressources.
1.3
Les publications, les maisons d’éditions
On peut distinguer dans la presse maçonnique trois catégories : celle réservée aux maçons,
(traitant principalement des rites, rituels et symboles), la presse plus axée sur l’histoire, et
enfin, celle destinée à tous les publics. On peut également différencier les publications selon
les obédiences dont elles émanent et les rites pratiqués. Les revues Humanisme et Points de
Vue Initiatiques en sont deux exemples, il en existe d’autres.
>>>
La revue du Grand Orient Humanisme
Le Bulletin du Grand Orient de France parait dès 1844, il succède à l’État du Grand Orient de
France dont la parution commence en 1776. En 1896, la revue est à nouveau remaniée et
devient Compte Rendu des Travaux du Grand Orient de France. Humanisme est le premier
périodique destiné au public non-maçon.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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Il est édité en 1965 par les Éditions Maçonniques de France,
EDIMAF, fondées la même année sur l’initiative du Grand
Orient de France, dont elles sont une structure associée.
EDIMAF, publie également La chaîne d’union et Les chroniques
d’histoire maçonnique.
Humanisme est uniquement diffusé par abonnement. Selon
Marc Viellard, son rédacteur en chef, les derniers numéros
ont été tirés à environ 6 000 exemplaires, avec un lectorat de
près de 24 000 personnes. S'y ajoutent une série de
suppléments et de bulletins.
Les thèmes abordés sont divers (le travail, le cinéma, la
citoyenneté, la censure…) et n’ont pas forcément de lien
direct avec la franc-maçonnerie.
>>>
Humanisme: Revue du
Grand Orient de France
La revue de la Grande Loge de France : Points de Vue Initiatiques
Points de Vue Initiatiques est la revue trimestrielle de la Grande
Loge de France. Elle rassemble des textes initiatiques,
symboliques et traditionnels, mais aussi historiques et
contemporains de la franc-maçonnerie.
Contrairement à Humanisme, elle n’aborde pas de sujets de
société, de politique ou culturels. P.V.I est une revue pour initiés,
peu tournée vers l’extérieur.
Elle est diffusée par abonnement.
>>>
Les maisons d’éditions
EDIMAF, Dervy, Télètes, Les Éditions Maçonniques et Detrad sont les principales sociétés
spécialisées dans l’édition d’ouvrages maçonniques. EDIMAF publie une série de petits
livres qui constitue l’Encyclopédie Maçonnique, à l’usage des initiés et des profanes. Les
éditions Detrad, créées en 1983, font également le commerce de décors, d’accessoires, de
bijoux maçonniques. Depuis la naissance de la franc-maçonnerie française, 60 000 ouvrages
lui ont été consacrés.
Les 16 et 17 octobre 2004 a eu lieu le Salon du Livre Maçonnique à l’Hôtel de la Grande
Loge de France, rue Puteaux à Paris. Ce week-end portes-ouvertes sur la franc-maçonnerie,
a permis au grand public d’aller à la rencontre des éditeurs et des auteurs de littérature
maçonnique lors de conférences, débats, tables-rondes, déjeuners et entretiens. Il a accueilli
plus de quatre mille cinq cents visiteurs.
En clôture du Salon du livre maçonnique, l’Institut Maçonnique de France a décerné les prix
littéraires de la maçonnerie française.
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2.
Un certain renouveau ?
Depuis le milieu des années 90, le Grand Orient et la Grande Loge de France se sont lancés
dans une politique d'extériorisation, avec des colloques, la publication de nombreux livres, et
surtout l'intervention des grands maîtres dans les médias. Quelques mois après son élection
à la tête du G.O., Philippe Guglielmi s’empare des médias pour tenter de redresser l'image
de la franc-maçonnerie, sérieusement ternie par une série de scandales.
Marianne, mars 1998 La franc-maçonnerie est-elle une secte ?
Venez voir, nous n'avons rien à cacher
Thomas Vallières interview Philippe Guglielmi, alors Grand Maître du G .O.
T V : La franc-maçonnerie continue de pratiquer un certain nombre de rites parfois un peu
poussiéreux, qui peuvent contribuer aux yeux du grand public à lui donner une image de secte.
N'envisagez-vous pas de moderniser un peu tout cela ?
P G: Les rites dont vous parlez ont eu une importance considérable au moment des persécutions, ils
n'en ont plus aujourd'hui. Ils ne relèvent que d'une belle tradition. L'important ce n'est pas le rite,
c'est la dynamique de la réflexion philosophique et surtout le réel effort d'ouverture et de
transparence qui est le nôtre aujourd'hui. Nous ne cachons rien, nous allons vers les gens et
les gens peuvent venir vers nous. Rien à cacher ! Cela dit, nous allons mener un travail profond
pour que soit effectivement adapté, peu à peu, ce qui pourrait apparaître désuet dans les rites que vous
évoquez - quitte à priver I'extrême droite de son miel. (…)
T V : Jouez-vous encore un rôle politique essentiel ?
P G : Nous sommes un mouvement de réflexion philosophique engagé dans la société. Par exemple,
nous travaillons aujourd'hui a l'élaboration d'un " nouveau contrat social" dans le cadre d'un
manifeste humaniste pour le XXIème siècle. Des élus participent à cette réflexion et nous souhaitons
évidemment que celle-ci, en retour, puisse inspirer I'action des élus. Pourquoi nous serait-il interdit de
proposer des repères en matière de laïcité et de droits de I'homme en particulier ? Mais c'est tout.
Nous n'imposons évidemment rien à personne et nous ne nous substituons à personne.
T V : Quand des frères maçons ont été impliqués dans des affaires, avez-vous fait le ménage ?
P G : Nous sommes implacables dans deux domaines : vis-à-vis des dérives d’extrême droite et vis-àvis de nos membres qui pourraient être compromis dans des affaires financières ou autres. lIs sont
alors implacablement radiés. Nous ne transigeons pas. Cela dit, seuls quatre de nos membres ont ainsi
du être sanctionnés sur 41 000.
En janvier 1999, Philippe Guglielmi sera l’invité de Patrick de Carolis dans l'émission Des
racines et des ailes, sur France 3, enregistrée dans un temple maçonnique de Mulhouse. Michel
Barat (Grand Maître de la Grande Loge de France de juin 1990 à juin 1993 et de juin 2001 à
juin 2003), est également présent dans le paysage médiatique. En 1999, il déclare dans
Le Parisien « un franc-maçon n’a pas besoin de se cacher ».
À la même époque, la Grande Loge Nationale de France est en proie à un séisme interne
provoqué par de nombreuses mises en examen de frères. Épicentre des affaires douteuses,
Nice devient le champ de bataille des membres de la G.L.N.F. Son Grand Maître de l’époque,
Claude Charbonniaud, demeurera très discret.
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2.1
Alain Bauer et le Grand Orient
En septembre 2000 Alain Bauer est élu Grand maître du
Grand Orient de France et Président du Conseil de l'Ordre.
À 39 ans, âge inhabituel pour cette fonction, il succède à
Philippe Guglielmi. Ancien chargé de mission auprès du
directeur de cabinet du Premier ministre Michel Rocard,
puis administrateur de la Mnef, Alain Bauer est chercheur
en criminologie et dirige actuellement un cabinet d’audit sur
les questions de sécurité. Il est également l'auteur de
nombreux ouvrages, dont « Le Grand Orient de France »,
« Questions à l'étude des loges dans les obédiences de la francmaçonnerie « et « Aux origines de la franc-maçonnerie, Isaac
Newton et les newtoniens ».
Le Monde
Samedi 9/09/2000
Le 6 septembre 2001 il est largement réélu par ses pairs.
Le communiqué ci-dessous est publié dans Le Monde quelques jour après son élection. Il
témoigne de la volonté du tout nouveau Grand Maître de clarifier la franc-maçonnerie en
abolissant « les formes les plus dévoyées de (l’)obligation de discrétion » (en d’autres termes,
d’écarter les brebis galeuses) et de s’ouvrir au monde profane en diffusant ses points de vue
à travers des manifestations régulières.
Le Monde 15 septembre 2000
A quoi sert le Grand Orient de France ? Alain Bauer
Nous nous devons d’abolir les formes les plus dévoyées de notre obligation de notre discrétion, devenue
le " secret maçonnique ", et qui n’a jamais été autre chose qu’une promesse de silence. Au-delà du
respect de l’intimité personnelle de nos choix individuels, le secret ne servira jamais plus à protéger
quelques dévoiements individuels, le plus souvent sanctionnés d’ailleurs, mais avec une discrétion qui
passait souvent pour de la complicité passive. La nécessaire solidarité envers ceux qui sont touchés
dans leur emploi ou leur santé ne devra plus supporter les dérives affairistes de quelques uns,
ternissant la réputation des dizaines de milliers de maçons intègres et honnêtes.
L’ouverture et la transparence nous inciteront à accueillir le public dans nos ateliers au moins une fois
dans l’année pour qu’ils comprennent enfin au grand jour ce qu’est notre démarche et comment nous
appliquons nos principes.
Alain Bauer prône à grands coups d’interviews la transparence au sein du mouvement francmaçon. Il reconnaît l’existence de réseaux et affirme vouloir les éradiquer. Ses interventions
médiatiques sont fréquentes, il apparaît à la télévision (le 26 juin 2003, C dans l’air sur
France 5, le 27 juin journal télévisé de TF1…) et multiplie les entretiens dans la presse dans
lesquels il affirme vouloir « karchériser » l’institution. Il encourage également ses frères à se
dévoiler et à assumer fièrement leur appartenance.
L'Express, 4 octobre 2001
Le franc-parler d'un franc-maçon
Depuis quelques années, des personnalités francs-maçonnes, comme Roland Dumas, Jean-Claude
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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Méry, Olivier Spithakis ou Jacques Crozemarie, sont mêlées aux «affaires». Le Grand Orient abrite-til des réseaux affairistes?
Alain Bauer : Comme partout, il y a des «pourris», des corrompus et des salauds dans les loges.
Certaines régions, en particulier le sud-est de la France, sont peut-être plus perméables à l'affairisme.
Mais nous sommes vigilants: je suis personnellement favorable à une «karchérisation» (c'est-àdire une élimination radicale) des frères qui ont failli.
Alain Bauer devient, dans les médias, le porte-parole de la franc-maçonnerie. Ses attaques
contre la G.L.N.F. sont fréquentes et offensives : « Alors que nous faisons du tri sélectif de
déchets, la G.L.N.F. fait du recyclage, à son corps défendant ». Son but est de distinguer
l’institution des dérives affairistes de la G.L.N.F.
Lors de la réunion du Conseil de l'Ordre du 4 septembre 2003, Bernard Brandmeyer lui
succède et devient Grand Maître du Grand Orient de France et Président du Conseil de
l'Ordre. Il est nettement moins présent dans le paysage médiatique que ses deux
prédécesseurs.
2.2
La Maçonnerie Française et l’Institut Maçonnique de France
>>>
La Maçonnerie Française
En juin 2001, neuf obédiences françaises s'unissent sous l’appellation Maçonnerie
Française :
Le Grand Orient de France
La Grande Loge de France
Le Droit Humain
La Grande Loge Féminine de France
La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra
La Grande Loge Mixte de France
La Grande Loge Féminine de Memphis-Misraïm
La Grande Loge Mixte Universelle
La Loge Nationale Française
La Grande Loge Nationale de France, qui refuse toute collaboration avec les obédiences dites
irrégulières, n’adhère pas à cette association.
Sous l’impulsion d’Alain Bauer, Grand Maître du G.O., ces neuf obédiences se fédèrent afin
de créer un espace commun de dialogue, de réflexion et d’expression dans le pluralisme,
alors que franc-maçonnerie française semble souffrir de divisions internes, source d’un
déficit d’image.
Extrait du discours d’Alain Bauer, le 6 septembre 2002
Nos relations extérieures et interobédientielles ont continué à se développer. Les rencontres régulières
des neuf Grands Maîtres et Grandes Maîtresses des Obédiences Maçonniques, la création de La
Maçonnerie Française, les débats en cours pour séparer le bon grain de l'ivraie au sein d'un Paysage
Maçonnique morcelé, nous permettent de connaître une période de fraternité exceptionnelle.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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Le lundi 23 juin 2003, à l’occasion des manifestations du 275ème anniversaire de la francmaçonnerie française, le Président de la République a reçu les responsables de la Maçonnerie
Française, ainsi que certains de leurs homologues européens, lors d’une réception à l’Élysée.
On observe ici un « basculement » de communication, on passe du quasi secret à une
communication nationale, positive, par la célébration d’un anniversaire. L’événement
devient outil d’extériorisation.
>>>
L’Institut Maçonnique de France
L’Institut Maçonnique de France est une association Loi de 1901, constituée en octobre 2002
par les neuf obédiences de la Maçonnerie française. Il est présidé par Roger Dachez.
L' I.M.F. a pour but de promouvoir l’image culturelle de la franc-maçonnerie française, à
travers son histoire et ses traditions. Il a aussi pour ambition de constituer un « carrefour
éditorial » pour les auteurs et les éditeurs des principales collections et revues maçonniques.
Aussi, l'I.M.F. veut-il être « le cadre institutionnel et le lieu consensuel où pourra se transmettre et
s'enrichir le bien commun culturel de l'ensemble de La Maçonnerie Française ».
L’association est également à l’initiative de manifestations (expositions, conférences,
débats…).
Le site Internet de l’Institut Maçonnique de France connaît un véritable succès. Il a reçu,
depuis le 1er septembre 2004, 45 816 visiteurs (soit environ 250 visites quotidiennes).
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3.
La franc-maçonnerie à Lyon
3.1
Une tradition lyonnaise
C’est à Lyon que la franc-maçonnerie française a pris son essor.
Au XVIIIème siècle, Lyon est la capitale européenne de la soie, c’est une ville de travail
emprunte de l’esprit des Lumières. En 1744, seize ans après la naissance de la francmaçonnerie française, on compte trois loges à Lyon. En 1750, Jean-Baptiste Willermoz, un
soyeux, fervent catholique, est initié. Il sera à l’initiative du R.E.R., le Rite Écossais Rectifié,
créé officiellement en 1778 lors du convent des Gaules. Un autre des principaux rites est créé
à Lyon, le Rite Égyptien, fondé par Cagliostro le 27 février 1784 dans le quartier des
Brotteaux. Bourgeois, religieux et nobles se côtoient dans les temples.
Durant la révolution et la Terreur la franc-maçonnerie lyonnaise connaîtra une grande
violence. Elle se divise entre jacobins et girondins, ces derniers étant représentés par le maire
Louis Vittet. Cent trente cinq maçons seront guillotinés sur le pont Morrand, architecte de
bon nombre de temples lyonnais.
Après une présence qui se fait plus discrète sous Bonaparte, la franc-maçonnerie trouve un
nouvel essor durant la restauration et affirme des valeurs républicaines et fortement
anticléricales. Lyon connaîtra un autre maire maçon en 1840 avec le docteur Terme,
républicain modéré et anticlérical, comme son successeur Jean-Louis Hénon.
Comme partout en France la franc-maçonnerie lyonnaise portera la IIIème République. À
Lyon, particulièrement, elle se rapproche du parti radical. En 1874 la municipalité est aux
mains de Gailletton, radical et maçon. Ses successeurs, le socialiste et franc-maçon
Augagneur puis le radical Herriot seront tout autant des défenseurs de la République et de la
laïcité et plus ou moins anticléricaux.
Le milieu des radicaux francs-maçons jouera un rôle certain durant l’occupation à Lyon en
formant Le coq enchaîné et Le franc-tireur, deux réseaux actifs de résistance. Le franc-tireur
publiera une revue dissidente.
Il faudra attendre l’élection de Gérard Collomb en 2001 pour que la franc-maçonnerie donne
un nouveau maire à Lyon. Gérard Collomb révèle son appartenance dès 1995, lors des
municipales. En 2001, le tout nouveau maire de Lyon confie à Lyon Capitale : « (…) je suis
pour l’aération des choses. J’ai un souci de transparence sur les aspects de ma vie. Alors je l’ai toujours
dit parce que j’ai pensé qu’il n’y avait pas lieu de s’en cacher, que ça alimentait le fantasme. Ce secret
là était le plus contraire à ce que je suis. » À l’instar d’Alain Bauer, il prône la transparence et
assume avec fierté sa qualité maçonnique. Toutefois, on reproche alors à cette nouvelle
équipe d’être composée pour plus d’un quart de francs-maçons.
Le 1er mai 2002, entre les deux tours des présidentielles, les francs-maçons lyonnais
bouleversent leurs habitudes en manifestant, revêtus de leurs décors, contre le Front
National.
Ainsi cette longue présence maçonnique a teinté la ville de Lyon et a contribué à lui
conférer sa qualification de capitale de l’ésotérisme, de ville secrète et surtout son
caractère dual situé entre ferveur catholique et laïcité, travail et spiritualité, conservatisme
et esprit contestataire, indépendant.
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3.2
Une communication évènementielle
L’exposition au musée des Beaux-Arts « Lyon, carrefour de la franc-maçonnerie française »
Pour le 275e anniversaire de la franc-maçonnerie française, la ville de Lyon a organisé, du 28
juin au 22 septembre 2003, une exposition au musée des Beaux-Arts. Cette exposition
réunissant collections publiques et fonds privés (fonds Chomarat) a été précédé d’une
réunion face aux journalistes au Club de la presse, des dix grands maîtres et grandes
maîtresses des neuf principales obédiences françaises. Cette conférence de presse a marqué le
début de la célébration en renvoyant une image forte : l’union et la cohésion d’une francmaçonnerie plurielle autour de valeurs laïques, républicaines et universelles. Cette volonté
de retrouver un nouvel élan collectif se voulait être jointe à un combat contre l’image
négative de l’institution. Lors de l’exposition plus de quatre cents objets ont été présentés au
public.
>>>
Pourquoi une exposition ?
Le travail de communication envers le grand public s’est inscrit dans un processus de
communication évènementielle : fêter un anniversaire. Une exposition en tant qu’opération
de relations publiques, peut répondre à la plupart des problèmes de communication, elle
peut être conçue sur mesure (Que montrer ? Quelle mise en scène ?) et cibler précisément son
public (Dans quel lieu ? Quels moyens média et hors-média ?)
L’un des rôles des relations publiques est de créer l’occasion de rencontre entre
« l’annonceur » et le public dans un contexte favorable à son image. L’exposition devient un
média relationnel. Ainsi, son installation au musée des Beaux-Arts n’a pas été anodine. La
franc-maçonnerie s’est placée dans un contexte artistique et historique, loin des affaires, dans
un lieu institutionnel situé au cœur de Lyon. L’espace communique quelque chose. Le musée
des Beaux-Arts est un lieu neutre. De la même façon que Genève est choisi pour les
rencontres diplomatiques, le musée établit des relations égalitaires entre les protagonistes
(les organisateurs ou les annonceurs et le public).
L’événement permet d’établir une relation authentique avec le public en le touchant
directement. Le nom de l’exposition Lyon, carrefour européen de la franc-maçonnerie joue sur le
registre de la proximité, sur le sentiment d’appartenance et sur celui de la fierté en plaçant
Lyon au cœur de l’Europe (Lyon capitale de l’ésotérisme). Aussi, l’événement reste fixé dans les
mémoires.
Autre point positif de l’événement : il suscite l’intérêt des médias. C’est d’autant plus vrai
quand « l’annonceur » est la franc-maçonnerie. En agissant à contre courant de ses habitudes,
c’est à dire en se dévoilant, elle a beaucoup fait parler d’elle. Toutefois la médiatisation d’un
événement ne doit pas être le seul but de sa tenue, il constitue un prétexte idéal pour
rebondir et communiquer davantage ou différemment.
Dans la vidéo de Georges Combes Voyage en franc-maçonnerie. Lyon, carrefour européen de la
franc-maçonnerie, éditée à l’occasion de l’exposition, Gérard Collomb intervient dans la
dernière partie. Il n’évoque pas tant l’histoire de Lyon et les liens qui unissent la ville à la
franc-maçonnerie, que son engagement personnel : « Notre condition c’est d’être mortel. Il faut
donc essayer de s’inscrire dans un mouvement plus global que sa propre existence. Ce mouvement
plus global peut être la confiance dans l’humanité, dans le progrès de l’homme, dans son dépassement
perpétuel. C’est ce qui exprime mes deux engagements à la fois socialiste et franc-maçon. »
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
49
>>>
Revue de presse
Comment évaluer les effets d’une opération évènementielle ? La mesure des retombées
presse et l’analyse de leur contenu peut donner des pistes. Un événement réussi est un
événement qui a fait parler de lui. Ainsi la presse locale a largement diffusé l’information en
annonçant le « coming-out » d’une franc-maçonnerie qui « lève le voile sur son histoire ». Elle a
également donné la parole à des maçons lyonnais, comme le maire Gérard Collomb qui a
inauguré l’exposition en présence des Grands Maîtres des neuf obédiences. À cette occasion
Alain Bauer, Grand Maître du G.O.D.F (2000-2003), s‘est exprimé dans les colonnes de Lyon
Mag, de Lyon Capitale et du Progrès. Les discours des deux hommes sont sensiblement les
mêmes. Les propos exposent la cohésion des obédiences réunies autour de valeurs telles que
la laïcité ou l’universalité, la volonté de dissiper les mystères à travers une connaissance
historique de l’institution, la détermination à chasser les affairistes, soit un nouvel élan.
Support
Date
Lyon Mag
01/06/2003
Bulletin Officiel de la Ville
de Lyon
08/06/2003
18/06/2003
Lyon Capitale
L'Express
19/06/2003
Le Progrès
Le Progrès
26/06/2003
27/06/2003
Le Progrès
27/06/2003
Le Progrès
28/06/2003
Le Progrès
Le Progrès
Les Petites Affiches
Lyonnaises
Lyon Capitale
28/06/2003
28/06/2003
28/06/2003
02/07/2003
Le Tout Lyon
Lyon Capitale
Lyon Figaro
05/07/2003
27/08/2003
30/08/2003
Titre
Alain Bauer, Grand maître du Grand orient de
France : « Lyon peut devenir une ville pionnière
dans la réflexion laïque »
Exposer la Franc-Maçonnerie
FORUM Par Alain Bauer, Grand Maître du Grand
Orient de France « 275 ans pour fonder un espace
libre »
Spécial : La saga des francs-maçons de Lyon : un
changement radical
La franc-maçonnerie lève le voile de son histoire
La franc-maçonnerie française fête ses 275 ans à
Lyon
Gérard Collomb : « La franc-maçonnerie doit faire
preuve d'audace »
Franc-maçonnerie : Gérard Collomb inaugure
l'ordre de La Fayette
Conseil régional : une session pour rien
Itinéraire maçonnique à travers Lyon
Exposition : franc-maçonnerie : Lyon dévoile ses
secrets au Musée des Beaux-Arts
Enquête. Mutation : Lyon, capitale de la francmaçonnerie / Une expo de maçons
La franc-maçonnerie loge à Lyon
Pourquoi exposer la franc-maçonnerie ?
Exposition : les francs-maçons et Lyon : musée des
Beaux-Arts
Lyon Capitale, 2 juillet 2003 « Lyon, capitale de la franc-maçonnerie »
Mutation. Exposition au musée des Beaux-Arts, réunion au sommet des grands maîtres,
commémoration médiatique de son 275ème anniversaire : la franc-maçonnerie choisit Lyon pour afficher
une nouvelle image d’elle-même.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
50
>>>
Autour de l’exposition
lll
Le film
Le film réalisé par Georges Combes à l’occasion du 275ème anniversaire de la francmaçonnerie française a été distribué au musée des Beaux-arts lors de l’exposition. Il s’inscrit
dans l’élan d’ouverture exprimé par les représentants des neuf obédiences lors de la
conférence de presse qui marqua le début de l’événement. Le film retrace l’histoire de la
franc-maçonnerie et son implantation à Lyon. En passant par le pont Morrand, le lycée
Ampère, en croisant Casanova et Mozart, du XVIIIème siècle à nos jours, Georges Combes
tient ses promesses et offre un vrai voyage dans le cœur historique et spirituel de la ville.
Toutefois, bien peu d’éclaircissements sur la franc-maçonnerie contemporaine. Cette vidéo
s’est vendue à trois cent cinquante exemplaires¹ au Musée des Beaux-Arts.
Voyage en franc-maçonnerie
Lyon, carrefour européen de la franc-maçonnerie
Vidéo de Georges Combes, éditée à l’occasion de l’exposition.
Production CLC
Co-production France 3 Rhône-Alpes Auvergne
Avec la participation de L’Institut Maçonnique de France
lll
Le catalogue
Le catalogue de l’exposition « Lyon, carrefour européen de la Franc-maçonnerie » , (collection
Mémoire active, 269 p.) a été rédigé sous la direction de Michel Chomorat et Pierre Mollier.
Michel Chomarat est chargé de mission pour la municipalité, il dirige le Musée Gadagne.
Auteurs de plusieurs ouvrages sur la franc-maçonnerie et Nostradamus, il possède un fonds
d’objets et de littérature maçonniques, disponibles à la bibliothèque municipale. Sept cent
cinquante catalogues de l’exposition ont été vendus ¹ (soit environ un catalogue pour vingt
visiteurs).
3.3
Quelles retombées ?
Même si l’exposition a été annoncée par la presse comme un événement culturel majeur, sa
fréquentation n’a pas été celle que l’on aurait pu attendre. Elle a drainé 13 249 visiteurs en
trois mois, contre 15 521 et 18 000 pour les expositions suivantes ² (exposition Capiello et
exposition Henry Faucillon). Son installation en période estivale en est probablement la
cause. Riche de pièces maçonniques (faïences, décors, manuscrits), l’exposition n’a dissipé
que peu de mystères. L’outil médiatique le plus efficace a été la presse. Véritable vecteur des
messages de la franc-maçonnerie française, elle a pratiquement occulté les affaires et les
scandales. Malgré un tel soutien médiatique, la franc-maçonnerie n’est pas parvenue, à
travers cette exposition, à dissiper les mystères qui l’entourent. Au mieux, elle a mis des
visages lyonnais sur l’institution encore mal connue.
1. Source : R.M.N., Réunion des Musées Nationaux
2. Source : Musée des Beaux-Arts de Lyon
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
51
4.
Conclusion
La franc-maçonnerie communique, en interne par essence, mais également vers l’extérieur.
Les différentes approches de la communication par la franc-maçonnerie sont révélatrices
d'un changement d'époque mais aussi d'un malaise certain. Les sites Internet des obédiences
sont de véritables vitrines qui tentent d’affranchir l’institution des préjugés traditionnels
(pourquoi la franc-maçonnerie n’est pas une secte, comment devenir franc-maçon…). La
fréquentation de ces sites est notable, toutefois, l’efficacité en terme d’information et de
répercussion sur l’image de l’institution est difficilement mesurable. Quelle est la crédibilité
du média Internet ? Selon une étude TNS Sofres de janvier 2004 sur la confiance des français
dans les médias, 10% des sondés préfèrent Internet pour comprendre un sujet de fond et 12%
pour connaître les points de vue qui existent sur un même sujet, contre 17 et 14% pour la
presse hebdomadaire et 32 et 28% pour la presse quotidienne. Internet ne semble pas être le
média le plus efficace pour réhabiliter la franc-maçonnerie.
Vers la cohésion ?
Toutes les loges et obédiences n’ont pas les mêmes préoccupations, les sujets qu ‘elles
abordent lors des réunions publiques, émissions de radio et dans les diverses publications
en témoignent. La franc-maçonnerie se compose ainsi de plusieurs voix qui ne sonnent pas
toujours à l’unisson. Ainsi, l’apparente volonté de transparence d’Alain Bauer et de Michel
Barat n’a pas été partagée par tous les Grands Maîtres de l’époque. Les querelles internes se
manifestent publiquement et parachèvent l’image d’une franc-maçonnerie dissolue.
Dans un souci de cohésion, la Maçonnerie Française et l’Institut Maçonnique de France sont
créés par les neuf principales obédiences françaises, à l’exception de la G.L.N.F. qui
manifeste à nouveau sa particularité. Yves-Max Viton, Grand Maître de la G.L.N.F., rompra
plus tard cet isolement en mettant à disposition des neufs autres obédiences, la liste de ses
membres exclus afin d’éviter le « recyclage » de « déchets » dont parlait Alain Bauer.
Un rendez-vous manqué
La franc-maçonnerie française apparaît toutefois unie lors des évènements qui entourent son
275ème anniversaire. La célébration bénéficie d’une large couverture médiatique. Pourtant, la
communication qui est résolument axée sur la richesse culturelle de l’institution, atteint ses
limites. Malgré l’intérêt des médias pour ce qui est annoncé comme le « coming-out* » de la
franc-maçonnerie, l’exposition Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie ne permet pas de
balayer les idées reçues.
* Lyon Capitale
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
52
IV. La franc-maçonnerie et la presse
L
a franc-maçonnerie est un sujet porteur pour la presse. Tous les journaux et
magazines, quelle que soit leur spécificité s’ils en ont une (l’économie,
l’histoire, la littérature, la politique…), peuvent y trouver l’objet d’un article ou
d’un dossier. Ainsi, les angles pour aborder la franc-maçonnerie peuvent être différents. Une
revue de presse permettra, dans un premier temps, de considérer la période et la fréquence
des articles et dossiers parus sur le sujet, par titre, depuis janvier 2004. Elle permettra
également d’en apprécier les titres et les angles.
Peut-on parler de presse sensationnaliste ?
La presse magazine semble porter un intérêt certain pour la franc-maçonnerie. L’Express, le
Nouvel Observateur, Le Point et bien d’autres, lui consacrent de nombreuses couvertures
chaque année. Toujours accrocheurs, les titres promettent aux lecteurs des révélations.
Autrefois portées sur les secrets des rituels et de l’initiation, les révélations concernent
aujourd’hui le secret d’appartenance. Au nom de l’information sont présumées ou dévoilées
les qualités maçonniques de magistrats, d’hommes politiques, de chefs d’entreprises…
S
ous l’impulsion du succès planétaire du roman « Da Vinci Code » de Dan Brown,
la presse s’est emparée de l’ésotérisme et multiplie les couvertures sur le sujet.
Le roman, qui prétend révéler des faits cachés au grand public par quelques
initiés (membres de l’Opus Dei, du Prieuré de Sion, Illuminati, Templiers…), relancent la
théorie du « complot » sur fond de mythes et de mystères. « Les mystères ont toujours des
fans », peut-on lire dans le roman. Les dix-huit millions d’exemplaires vendus à travers le
monde l’attestent.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
53
1.
La franc-maçonnerie dans la presse
1.1
Revue de presse
>>>
Presse nationale et régionale (Rhône-Alpes) 2004-2005
Support
Le Point
Hors-série
L’Express
Le Figaro
Magazine
Le Progrès
Le Monde
Le Figaro
Le Progrès
Le Progrès
Libération
Le Point
Le Figaro
L’Express
L’Expansion
Historia
Le Progrès
Le Monde
Le Progrès
Le Progrès
Le Figaro
Le Monde
Le Nouvel
Observateur
Le Nouvel
Observateur
Le Monde
Date de
parution
Mars-avril 2005
14/03/2005
26/02/2005
Titres
Les textes fondamentaux de l’ésotérisme
Rififric au Grand Orient
Esotérisme. L’éternelle quête d’irrationnel
Chevalerie et franc-maçonnerie
Plongée dans un club du Loiret pour les 100 ans du Rotary
La parole est au procureur
Ne touchons pas à la loi de 1905
Montpellier : protestation contre les aides à la franc16/02/2005
maçonnerie
A Montpellier, des deniers publics pour loges maçonniques
15/02/2005
Fâcheries à la loge
10/02/2005
Le Grand Orient embarrassé par un frère transsexuel
7/02/2005
L'âge de raison / Parlez-vous «maçon»? / Une croissance
chaotique / Les dix principales obédiences / La GLNF en grande
24/01/2005
forme
Ville par ville, les meilleurs réseaux, dirigeants, cadres sup.,
Janvier 2005
femmes, gays, francs-maçons…
janvier-février La véritable influence des francs-maçons
2005
Lyon, cœur du spiritisme
9/01/2005
Le complot, ressort du « Da Vinci Code » ?
29/12/2004
Les aventuriers du trésor perdu
22/12/2004
« La passe du vent » de Philippe Videlier
20/12/2004
Trois petits points et puis s'en vont
17/12/2004
Repères
17/12/2004
Le grand retour de l’ésotérisme
2/12/2004
25/02/2005
24/02/2005
24/02/2005
17/02/2005
18/11/2004
16/11/2004
Le Monde
31/10/2004
Libération
Le Monde
Le Nouvel
Observateur
30/10/2004
30/10/2004
28/10/2004
L'affaire Renard et la franc-maçonnerie en général
Le futur Commissaire européen est-il Maçon ?
Mis à la retraite d'office, le juge Renard avait perdu ses repères
éthiques
Le juge Renard évincé de la magistrature
Le juge Renard mis à la retraite par le CSM pour ses amitiés
Les Francs-Maçons et la justice
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
54
Marianne
23/10/2004
Le Monde
16/10/2004
Marianne
16/10/2004
Le Monde
15/10/2004
Le Figaro
15/10/2004
Le Nouvel
Observateur
Le Figaro
L’Humanité
La Croix
14/10/2004
14/10/2004
14/10/2004
Le Monde
12/10/2004
Libération
12/10/2004
Libération
8/10/2004
14/10/2004
Le Figaro
Littéraire
Le Figaro
L’Express
Le Progrès
14/09/2004
6/09/2004
4/09/2004
Le Monde
2/09/2004
Libération
L’Express
2/09/2004
2/08/2004
Libération
30/07/2004
Histoire et
Patrimoine
Le Progrès
Le Progrès
Libération
Libération
Le Progrès
Le Figaro
L’Express
L’Express
Libération
Le Figaro
Le Figaro
Libération
Le Point
Le Progrès
7/10/2004
Juin 2004
30/05/2004
27/05/2004
24/05/2004
18/05/2004
2/05/2004
24/04/2004
19/04/2004
12/04/2004
11/03/2004
12/02/2004
6/02/2004
5/02/2004
29/01/04
15/01/2005
Les angles : Les affaires
En gras : en couverture
Le pouvoir
Les juges sont-ils au-dessus des lois ?
La révocation du juge Renard réclamée devant un Conseil
supérieur de la magistrature consterné
Qui seront, demain, les maîtres du monde ?
La révocation du juge Renard réclamée devant un Conseil
supérieur de la Magistrature consterné
Révocation demandée contre le juge Renard, On confond la
franc-maçonnerie et les francs-maçons
Le juge Renard devant le CSM
Le juge Renard comparaît devant ses pairs
Un magistrat sur la sellette
Justice-Magistrat-CSM
Avec Michel Mouillot, « ils se tutoyaient et s'embrassaient »
La GLNF, la franc-maçonnerie et les affaire,
Les troubles relations de la justice niçoise devant le CSM
Le rapport qui accuse le juge Renard
Les maçons piochaient leurs infos dans le fichier de la police/
Trois Obédiences principales
Guillotin, la mécanique adoucit les mœurs
Exporter le modèle français
Le Grand Orient désorienté
Bernard Brandmeyer réélu grand maître
Grand maître du GODF, M. Brandmeyer doit faire face à une
contestation interne
Tremblement de frères au Grand Orient
Les combines des francs-maçons
Les querelles franc-maçonnes franchissent les murs du temple
Une affaire de lettre anonyme révèle le malaise de la Grande
Loge nationale française
Les éminences grises de la république
Pas d'Europe sans Laïcité !
Défavorables aux références religieuses
Corruption à Nice: la bande-son au tribunal
En Italie, une amnistie politique qui ne passe pas
Conférence sur la laïcité
Le week-end à Paris
Comment les francs-maçons ont investi la police
Les loges, héritières de la «Françafrique»
Turquie: attentat contre la franc-maçonnerie
L'amendement anti-équerre
Les adieux d'un maître queux
Amendements et loufoqueries
Les francs-maçons et les médias
Débat : les enjeux actuels de la laïcité
L’histoire, la spiritualité
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
Actualité de la franc-maçonnerie
55
1.2
Quel traitement ?
La franc-maçonnerie est pour la presse magazine, un serpent de mer : un sujet rebattu qui
revient régulièrement, surtout quand l’actualité est vide. Les couvertures toujours
sensationnalistes, ne sont pas forcément à l’image du contenu. Les titres et les couvertures ne
respectent pas toujours le sens et le contenu des articles auxquels ils renvoient et servent
souvent de véhicules aux préjugés et aux partis pris. Si les angles diffèrent, les dossiers sont
la plupart construits selon le même schéma. On retrouve habituellement les origines de
l’institution, quelques symboles expliqués, les francs-maçons illustres, les francs-maçons
supposés, les affaires et des interviews.
>>>
Les mystères
L’hebdomadaire Marianne dans son numéro du 2 mars 1998 choisit
l’un des angles les plus accrocheurs pour traiter de la francmaçonnerie. La couverture, illustrée par deux symboles (le compas
et l’équerre), laisse une large part au titre : « La franc-maçonnerie
est-elle une secte ? ». En sous-titre, et en caractères nettement plus
petit : « ( …) or la réalité ne correspond pas aux apparences ». Le contenu
du dossier tente de présenter les raisons de cette assimilation (« Des
idées révolutionnaires masquées par le rideau de fumée des symboles »,
« Un goût du secret aggravé par l'hostilité vigilante de l'Église », « Des
persécutions de Vichy aux attaques de l'extrême droite », « Des affaires qui
font mauvais effet et un silence préjudiciable »), et ainsi « réhabiliter »
l’institution. Toutefois, son titre qui allie franc-maçonnerie et secte ne
peut que nuire à son image. D’autant plus que les taux de visibilité
des couvertures sont nettement supérieurs au taux de lectorat.
>>>
Marianne
2/03/1998
Les affaires et les réseaux
Le Nouvel Observateur
1/06/2000
Le Figaro
30/10/2003
Le Nouvel Observateur
28/10/2004
Les scandales politiques, financiers, judiciaires, impliquant des francs-maçons sont
largement traités dans la presse (cf. revue de presse). Ces affaires font très régulièrement l’objet
de dossiers dans les magazines d’information (une à quatre couvertures par titre et par an,
L’Express battant tous les records). Ces trois couvertures illustrent le concept de mise en
scène médiatique : par le titre et l’image, faire du spectaculaire tout en donnant une
information qui suscite l’intérêt, des révélations. Les titres, plus incitatifs qu’informatifs,
deviennent la « force de vente » des magazines.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
56
À l'obsession des affairistes s’ajoute les révélations sur les réseaux
maçons (L’Express, 19 avril 2004, « Comment les francs-maçons ont
investi la police ») L’« entraide maçonnique » et ses dérives sont souvent
désignés. Indépendamment, le thème des « réseaux » est régulièrement
traité par la presse. On y évoque les réseaux homosexuels, de cadres
supérieurs, féminins, d’alumni, et bien-sûr, francs-maçons. Dans le
dossier de L’Expansion (janvier 2005) « Ville par ville, les meilleurs
réseaux », quelques réseaux féminins sont cités, comme la G.L.F.F., qui
s’impliqua particulièrement dans les débats sur la parité et sur le port
de signes religieux à l’école.
>>>
L’Express
19 avril 2004
L’approche historique
La revue Historia thématique se démarque des titres habituels
en optant pour un point de vue non sensationnaliste de la
maçonnerie. Le titre, « La véritable influence des francsmaçons » et l’illustration (un homme sans visage étrangement
accoutré, des symboles) restent toutefois racoleurs. Dans ce
numéro thématique de janvier-février 2005, Historia effectue un
tour de la question.
Les auteurs se sont intéressés aux « Dix idées reçues remises
d'équerre », aux origines de la Franc-Maçonnerie (« D'où viennent
les francs-maçons? », « Les premières loges françaises, : une invention
d'outre-Manche », « La "Maçonnerie des Dames" entre en scène »),
aux rites et symboles (« Comment je suis devenu maçon »), à des
Historia thématique
Janvier-février 2005
personnalités comme Mozart et Eugène Le Roy, à l'engagement
des Maçons (« En retard d'une révolution », « Une solide tradition
américaine », « La soutane contre le tablier », « Aux temps bénis de la
IIIème République », « Commune de Paris : tous aux barricades ! », « Aux heures sombres de
Vichy »). Par delà l’approche historique, ce numéro tente également de dresser un portrait de
la franc-maçonnerie d'aujourd'hui (« Des loges en cours de reconstruction », « Lyon, une ville sous
influence ? », « Un maçon lyonnais témoigne »). Même si l’affairisme est évoqué, il n’est pas au
cœur du dossier.
>>>
L’ésotérisme à la mode
Le Nouvel Observateur, 2 décembre 2004 « Le grand retour de l’ésotérisme »
Sous-titre : « De la kabbale au soufisme, de l’astrologie à la franc-maçonnerie, du spiritisme au New
Age ». Dans ce dossier consacré à l’ésotérisme, quatre encarts présentent respectivement
l’alchimie (art occulte de la transmutation), la kabbale (lecture ésotérique de la Torah,
méditation sur les sens caché des textes sacrés), le soufisme (courant de l’islam, ésotérisme
musulman) et la gnose (ésotérisme chrétien). La franc-maçonnerie, très visible sur la
couverture, est à peine évoquée.
Le Figaro Magazine 26 février 2005 « Ésotérisme. L’éternelle quête d’irrationnel .» Sous-titre :
« Le nouveau roman de l’auteur de Da Vinci Code . De la kabbale au soufisme, voyage en ésotérie .
Les mystères des cathares. » La franc-maçonnerie est citée à travers un encart consacré à l’initié
Hugo Pratt, le créateur de Corto Maltese .
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
EFAP Lyon 2004-2005
57
Après avoir consacré sa couverture à « La folie de l’ésotérisme », le 28
février 2005, Le Point publie sans complexe un hors-série sur le sujet
le mois suivant. Ce deuxième exemplaire Hors-série du magazine
Le Point titre de la même façon que ses confrères : Kabbale, francmaçonnerie, soufisme, astrologie. Quatre parties présentent respectivement l’ésotérisme antique, l’ésotérisme chrétien, la kabbale, le
soufisme et l’ésotérisme moderne, partie dans laquelle la francmaçonnerie est évoquée.
>>>
Le Point
28 février 2005
Audience
2002
2003
2004
Figaro
Magazine
L'Express
Le Point
Marianne
Le Nouvel
Observateur
Historia
1 955 000
2 054 000
1 975 000
2 283 000
2 181 000
2 142 000
1 301 000
1 530 000
1 475 000
911 000
971 000
1 054 000
2 595 000
2 571 000
2 641 000
1 246 000
1 415 000
1 334 000
Source : INTERDECO - Observatoire de la Presse 2005
L
ivre : Les frères invisibles. Enquête sur les dérives de la franc- maçonnerie
(Albin Michel), de Ghislaine Ottenheimer, directrice de la rédaction de
la radio BFM, et de Renaud Lecadre, journaliste à Libération. Avril 2001.
Les deux journalistes dénoncent les affaires et scandales politicofinanciers qui ont impliqué, à des degrés divers, des francs-maçons,
noms à l’appui. Ghislaine Ottenheimer et Renaud Lecadre seront les
invités de nombreuses émissions télévisées et radio ( 13 juin 2001 sur France 3 dans
l'émission de Michel Field, Ce qui fait débat, 22 mai 2003, Ripostes sur France 5))
L’ouvrage s’est vendu à plus de 70 000 exemplaires, il aurait engendré huit procédures
judiciaires à l’encontre des auteurs.
L
ivre : La face cachée des frères invisibles (éditions Dervy), de Hervé
Vigier, membre de la G.L.N.F. Sorti en 2003.
L’auteur, franc-maçon, nous rapporte ici le long entretien réalisé avec
l'épouse perplexe, d'un homme aspirant à entrer en maçonnerie à une
période où la littérature anti-maçonnique faisait les gros titres de la
presse. La face cachée des Frères invisibles répond aux questions fréquentes que se pose le
grand public à propos de la franc-maçonnerie, de l’initiation, des rites, des symboles,
de son organisation et de son « pouvoir »…
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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58
2.
Les frontières de l’information
Dans un souci d’investigation et d’information ou dans le but de divulguer un scoop, les
journalistes sont amenés à dévoiler l’appartenance d’individus à la franc-maçonnerie,
souvent quand ceux-ci sont impliqués, à des degrés divers, dans des affaires ou scandales.
Ainsi, la liberté de la presse et le droit à l’information, sont susceptibles d’entrer en conflit
avec d’autres droits fondamentaux, notamment les droits relatifs à la vie privée. La recherche
systématique du sensationnel dans le domaine journalistique conduit à des dérives.
L’'information a-t-elle des frontières ?
2.1
La liberté de la presse et le droit à l’information
Le Conseil Constitutionnel a érigé le principe de la liberté de la presse comme principe
constitutionnel dans le préambule du 4 octobre 1958, lequel renvoie au préambule de la
Constitution de 1946 et à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. La
haute juridiction constitutionnelle proclame la liberté de la presse « liberté fondamentale
d’autant plus précieuse que son existence est l’une des garanties essentielles du respect des autres
droits et libertés et de la souveraineté nationale ». Le Conseil Constitutionnel apporte une
nouvelle approche à la liberté de la presse en soulignant l’intérêt des lecteurs « qui sont au
nombre des destinataires essentiels de la liberté proclamée par l’article 11 de la Déclaration des Droits
de l’Homme et du Citoyen ». Ce droit à l’information n’est toutefois par formulé expressément
dans cette décision, ni proclamé officiellement dans aucune loi nationale.
Le conflit entre droit de l’information et droit au respect de la vie privée se résout en faveur
du droit à l’information dès l’instant où la divulgation apparaît nécessaire à une bonne
information des citoyens. Il est toutefois difficile de trouver un équilibre entre la protection
de la vie privée et la liberté d’expression et de publication de la presse.
2.2
Le respect de la vie privée
Le respect de l’anonymat s’inscrit dans le principe général du respect de la vie privée. La
constitution ne comporte aucune mention directe relative au droit au respect de la vie privée,
mais le principe énoncé à l'article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen
selon lequel « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (...) » a une valeur
constitutionnelle. Par ailleurs, la France a ratifié la convention européenne des droits de
l'homme et des libertés fondamentales, qui affirme à l'article 8 : « Toute personne a droit au
respect de sa vie privée et familiale, de son domicile, de sa correspondance (...) »
Les domaines inclus dans la protection de la vie privée comprennent essentiellement l'état de
santé, la vie sentimentale, l'image, la pratique religieuse, les relations familiales et, plus
généralement, tout ce qui relève du comportement intime.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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59
En juillet 2001, la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) est alertée par
Michel Barat de l’existence d’un site Internet ayant divulgué une liste de francs-maçons
comportant 3000 noms, adresses et numéros de téléphone. Le dossier a été transmis au
Procureur de la République de Paris. Selon la CNIL, il s'agissait de la première dénonciation
via Internet. La liste de francs-maçons est restée en ligne du 23 au 27 juin 2001. Même si elle
n'a été que temporaire, cette diffusion constitue une « atteinte manifeste au respect de la vie
privée et à la liberté d'association », selon la Commission. La loi « Informatique et libertés »
stipule que « l'appartenance réelle ou supposée à une association à caractère politique, philosophique,
religieux ou syndical est une donnée sensible qui ne peut être collectée, traitée ou divulguée sans le
consentement des personnes ».
2.3
Le droit de réponse
Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (version consolidée au 31 décembre 2004).
« Le droit de réponse prévu par l'article 13 pourra être exercé par les associations, lorsqu'une personne
ou un groupe de personnes auront, dans un journal ou écrit périodique, fait l'objet d'imputations
susceptibles de porter atteinte à leur honneur ou à leur réputation à raison de leur origine ou de leur
appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion
déterminée ».
La presse a le devoir de favoriser un droit de réponse du public face à l'information publiée.
Elle doit permettre aux personnes de répliquer aux informations et aux opinions publiées,
qu’ils aient été directement ou indirectement mises en cause.
Le communiqué ci-dessous est diffusé par le G.O., suite à la parution du Nouvel Observateur
du 28 octobre 2004 titré : « Les Francs-Maçons du Grand Orient de France et la justice ».
Le Grand Orient de France
« Le serment des Francs-maçons du Grand Orient de France les engage, sans ambiguïté, à respecter
les lois de la République.
Ils ne peuvent donc que se réjouir de les voir strictement appliquées, à Nice comme ailleurs, y compris
et surtout dans le fonctionnement de la justice.
En un temps d’incertitude, le Grand Orient de France avait pris une ferme position de soutien aux
démarches entreprises par les services judiciaires (notre communiqué du 3 septembre 2002).
Aucun manquement aux lois et à la morale républicaine d’où qu’il vienne ne pourra rencontrer
l’assentiment des Francs-Maçons du Grand Orient de France.
De la même façon tous les efforts pour dénoncer dans les médias ces dysfonctionnements au bon
déroulement de la justice sont les bienvenus et reçoivent notre soutien.
Toutefois, ils ne doivent pas conduire quelques-uns uns à associer la Franc-Maçonnerie dans sa
totalité à des comportements individuels et locaux condamnables. »
Paris, le 2 novembre 2004
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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60
L’obédience allègue ici son soutien à la presse dans la dénonciation des « dysfonctionnements
au bon déroulement de la justice » et témoigne ainsi de sa volonté de transparence. Elle regrette
toutefois son assimilation systématique à des affaires crapuleuses.
Il relève de la responsabilité des médias de trouver les meilleurs moyens pour corriger leurs
manquements et leurs erreurs à l'égard des personnes mises en cause, que celles-ci relèvent
de l'information ou de l'opinion. Suite au dossier « Nice : les francs-maçons et la justice »,
auquel Le Nouvel Observateur consacra sa couverture le 28 octobre 2004, la rédaction de
l’hebdomadaire publie cet édito :
Le Nouvel Observateur, 4 novembre 2004
« La couverture sur « Nice : les francs-maçons et la justice » (n° 2086) nous a valu quelques lettres
furibondes, comme celle de Michel Kellerman, qui met en cause cette une. « Pourquoi cette fixation des
limiers du Nouvel Obs sur ce réseau franc-maçon ? Je me permets de vous signaler que des "réseaux"
autrement influents, il y en a, et beaucoup », citant l'Opus Dei, la Scientologie, les homos, les
chiraquiens, les Corses... (…)
Quant à Jean-Paul Lemaire, il rappelle que « l'obédience à laquelle appartiennent les protagonistes de
cette regrettable affaire est très minoritaire et se concentre essentiellement dans deux régions, l'Ile-deFrance et Paca. Elle est connue pour ne recruter que dans certains milieux socioprofessionnels bien
ciblés, pour pratiquer aussi ce que nous nommons la "maçonnerie alimentaire", mais ne saurait être
en aucun cas représentative des quelques dizaines de milliers de femmes et d'hommes qui ont choisi la
franc-maçonnerie. »
Même avis d'Alain Boulfroy, fidèle lecteur qui n'a pas raté un numéro depuis quarante ans, bien qu'il
soit, ajoute-t-il, « de temps en temps agacé par une tendance bobo » de « l'Obs ». Il appartient à un
atelier de la Grande Loge de France, et il est « fatigué de voir, dans la presse, cette généralisation ».
Notre une « sans nuance incite le lecteur, qui si cela se trouve ne lira pas votre article, au demeurant
remarquable, à mettre tous les maçons dans la catégorie "tous pourris" ». Si je comprends bien, ce
n'est pas le contenu du dossier que vous critiquez, mais le fait d'en avoir fait cette couverture.
Nostra culpa.
Cependant, la publication de lettres de lecteurs, de communiqués, de rectification ou de mise
au point, ne constitue pas un moyen très efficace de réparer le préjudice causé.
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61
3.
Conclusion
La presse en général renvoie une image négative de la franc-maçonnerie et des francsmaçons. La presse magazine véhicule, à travers ses couvertures et ses titres sensationnalistes,
un message dévastateur qui se fonde sur le secret de l'initiation et de l'appartenance. C’est
d’autant plus regrettable que les fonds des dossiers ne correspondent pas toujours aux
messages renvoyés par les couvertures. L’Express, dans son numéro du 2 août 2004, titre
« Les combines des francs-maçons » sans jamais y faire allusion dans le dossier. Même si les
fantaisies sur les rituels initiatiques sont plus rares (on est loin des sacrifices humains de Léo
Taxil - cf. p29), les symboles maçonniques illustrent souvent les couvertures et les articles, en
leur conférant ainsi un caractère mystérieux, incontestablement très vendeur. Le secret
d’appartenance nourrit également bien des fantasmes, les réseaux occultes fascinent et
effraient. Le succès de l’enquête « Les frères invisibles » de Ghislaine Ottenheimer et Renaud
Lecadre en témoigne.
La presse quotidienne, qui par nature se concentre sur l’actualité, traite essentiellement des
affaires de corruptions, de malversations impliquant des francs-maçons. Ainsi, d’octobre à
novembre 2004, les rédactions des quotidiens Libération, Le Monde, Le Figaro ont consacré
une douzaine d’articles à l’affaire du juge Renard, membre de la G.L.N.F. à Nice et révoqué
par le conseil supérieur de la magistrature. Les « crises internes » sont également relatées par
les quotidiens. Contrairement à la presse magazine, la presse quotidienne ne crée pas
l’occasion d’aborder le sujet « franc-maçon », elle réagit face à l’actualité et délivre un
message, elle recueille et traite des informations, sans le renfort de l’image. Le Progrès
(présent en Côte d'Or, Saône-et-Loire, Jura, Rhône, Ain, Loire et Haute-Loire), se distingue
des quotidiens nationaux, cinq des dix articles parus sur la franc-maçonnerie aborde son
combat pour la laïcité, trois sont consacrés à sa dimension culturelle mais aucun n’aborde les
affaires.
C’est dans la presse magazine consacrée à l’histoire que la franc-maçonnerie apparaît sous
son meilleur jour. Bien que leurs titres (« Le véritable pouvoir des francs-maçons » et « Les
éminences grises de la république ») soient tout aussi accrocheurs, les revues Histoire et
Patrimoine (janvier 2005) et Historia (juin 2004), ont dressé un portrait complet de
l’institution, à travers son histoire, son implication républicaine, ses travers (les dérives
affairistes, la mise à l’écart des femmes) et une multitude de témoignages illustrés par les
photographies des interviewés, souvent les Grands Maîtres. Le lectorat de ces revues est
deux fois inférieur à celui des magazines d’information.
Depuis quelques mois un phénomène envahit la presse : l’ésotérisme. S’appuyant sur
l’engouement du roman de Dan Brown « Da Vinci Code » et sur la déferlante kabbalistique
dans le monde des « peoples » (Madonna, Britney Spears, David Bekham…), les magazines
nous servent chaque semaine couvertures et dossiers sur l’ésotérisme dans lesquels la francmaçonnerie a toujours une place. Malraux disait « Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera
pas ». On assiste aujourd’hui à une prolifération de petites sectes, de gourous et de
mouvements de toutes tendances spirituelles.
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62
V. L’image de la franc-maçonnerie à Lyon
N
ous avons évoqué les liens, tant historiques que contemporains, qui unissent
la franc-maçonnerie à la ville de Lyon. Les noms d’illustres francs-maçons
comme Gailleton, Augagneur, La Fayette, Macé, Morand, Garibaldi, Faure,
Bartholdi, Carnot…, font partie du quotidien des Lyonnais. La presse locale et régionale
aborde régulièrement le sujet. Son soutien a été incontestable dans la promotion de
l’exposition organisée en juin 2003 dans le cadre du 275ème anniversaire de la francmaçonnerie française. L’occasion pour des personnalités du monde politique et culturel de
réaffirmer leur appartenance à la franc-maçonnerie, comme le maire Gérard Collomb, qui
n’en a d’ailleurs jamais fait mystère. Ainsi, cette apparente volonté de communiquer s’estelle traduite en terme d’image ?
A
fin d’en apprécier les retombées, un échantillon de deux cent cinquante
Lyonnais représentatif de la population a été interrogé. Cette étude a pour
but de dresser un diagnostic de l’image de la franc-maçonnerie à Lyon.
Comment la franc-maçonnerie est-elle perçue par les Lyonnais? Quelle image en ont-ils ?
Cette percéption est-elle conforme à la réalité ? La presse agit-elle sur cette image ?
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1.
Elaboration d’un sondage
1.1
Population mère
>>>
Les Lyonnais de plus de 15 ans, ne faisant pas partie de la franc-maçonnerie mais qui
en ont déjà entendu parler.
1.2
Unité de sondage
>>>
Un individu
1.3
Méthode d’échantillonnage
>>>
Méthode des quotas, d’après l’Insee (recensements de la population, bilan
démographique et prévisions).
3 Critères :
lll
Âge
Sexe
CSP
Nombre de femmes et d'hommes en 2003 - En millier-
Femmes
Hommes
30 789
29 111
51,4 %
48,6 %
Soit
Effectifs au 1er janvier 2004, données provisoires.
Champ : France métropolitaine.
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lll
Structure par âge des populations féminine et masculine en 2003
En %
Femmes
Hommes
Moins de 15 ans
17,6
19,6
15-24 ans
12,5
13,6
25-34 ans
12,9
13,8
35-44 ans
14,1
14,6
45-54 ans
13,7
14,1
55-64 ans
10,3
10,6
65-74 ans
9,0
7,9
75 ans ou plus
9,8
5,9
Ensemble
100
100
Effectifs au 1er janvier 2004, données provisoires.
Champ : France métropolitaine.
L’étude est réalisée sur des individus de plus de 15 ans.
Le 20 et 21 novembre 2003 la Fédération Nationale de la Presse Française et la Direction de
Développement des Médias, en partenariat avec Télérama, ont mandaté Ipsos Médias pour
réaliser une étude ayant pour thème : les 15-25 ans et leur approche de la presse écrite.
Cette étude a démontré que les 15-25 ans ont une fréquentation active et éclectique de la
presse.
Ils sont souvent en contact avec la presse :
-
44% déclarent acheter souvent des journaux et des magazines
37% lisent souvent des titres à disposition dans le foyer
35% sont abonnés
31% lisent souvent la presse qui est distribuée gratuitement
26% lisent souvent des titres qu’on leur donne ou qu’ils empruntent
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lll
Structure par âge des populations féminine et masculine de + de 15 ans
En %
Femmes
Hommes
15-24 ans
15,20
16,90
25-34 ans
15,70
17,10
35-44 ans
17,10
18,10
45-54 ans
16,70
17,50
55-64 ans
12,5
13,20
65-74 ans
10,90
9,80
75 ans ou plus
11,90
7,40
Ensemble
100
100
Effectifs au 1er janvier 2004, données provisoires.
Champ : France métropolitaine.
lll
Répartition de la population de 15 ans et plus selon la catégorie
socioprofessionnelle
En %
Catégorie socioprofessionnelle (CSP)
Femmes
Hommes
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise
2,8
6,8
Cadres, professions intellectuelles supérieures
5
10,1
Professions intermédiaires
11,1
13,2
Employés
23,2
7,3
Ouvriers
5,3
23
Retraités
32,2
25,5
Sans activité professionnelle
20,6
14,1
Ensemble
100
100
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66
1.4
Taille de l’échantillon
>>>
250 individus : 129 femmes + 121 hommes
Nombre de sondés par âge et par sexe
lll
Ε
Γ
ÂGE
15-24
25-34
35-44
45-54
55-64
65-74
75 et +
Pour 100
15,2
15,7
17,1
16,7
12,5
10,9
11,9
Pour 129*
20
20
22
22
16
14
15
Pour 100
16,9
17,1
18,1
17,5
13,2
9,8
7,4
Pour121*
20
21
22
21
16
12
9
lll
Nombre de sondés par catégorie socioprofessionnelle et par sexe
Ε
Catégorie socioprofessionnelle (CSP)
Γ
Pour 100
Pour 129
Pour 100
Pour 121
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise
2,8
4
6,8
8
Cadres, profess. intellectuelles supérieures
5
6
10,1
12
Professions intermédiaires
11,1
14
13,2
16
Employés
23,2
30
7,3
9
Ouvriers
5,3
7
23
28
Retraités
32,2
41
25,5
31
Sans activité professionnelle
20,6
27
14,1
17
* Ces chiffres sont arrondis (les chiffres décimaux n'ont pas de signification dans le cas d'individus).
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1.5
Méthode d’administration
>>>
En face à face, dans la rue.
1.6
Questionnaire
>>>
Les différents types de questions utilisées dans cette étude
lll
Filtre : au début du questionnaire
Q1 Avez-vous déjà entendu parler de la franc-maçonnerie ?
Cette question est la première qui est posée au sondé. Seuls les individus répondant Oui
participeront au sondage. Cette étude porte sur l’image de la franc-maçonnerie et non sur sa
notoriété.
lll
Fermée à choix unique : une seule réponse possible
Q7 Vous lisez la presse …
Q5 Associez-vous la franc-maçonnerie à un parti, à une couleur politique ?
Q8 Vous arrive-t-il d’acheter un journal parce qu’il consacre sa une à la franc-maçonnerie ?
Q11 Tout le monde peut-il devenir franc-maçon ?
lll
À échelle de Likert : tout à fait/plutôt /plutôt pas/pas du tout
Q3 Pensez-vous que la franc-maçonnerie a un pouvoir d’influence ?
Q9 Pensez-vous que la franc-maçonnerie est mystérieuse ?
Q10 Pensez-vous que la franc-maçonnerie est une secte ?
lll
Ouverte non numérique : question sans aucune réponse suggérée
La personne consultée répond avec ses propres mots. Les questions ouvertes permettent de
relever des aspects qui n’avaient pas été envisagé lors de l’élaboration du questionnaire.
Q2 Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous entendez parler de la francmaçonnerie ?
Q4 (cf. Q3) *Dans quel(s) domaine(s)/secteur(s) ?
Q6 (cf. Q5) *Lequel ?
Q12 (cf. Q11) Pourquoi ?
>>>
Chronologie des questions
Les questions suivent un ordre chronologique. Au début du questionnaire, on place les
questions simples et motivantes. Elles éveillent l’intérêt et sont axées sur des thèmes précis
qui concernent la personne interrogée. Leur libellé permet d’y répondre facilement. Les
questions délicates sont placées à la fin du questionnaire, ainsi que la fiche signalétique (sexe,
âge, profession).
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68
>>>
Le questionnaire
Q1
Avez-vous déjà entendu parler de la franc-maçonnerie ?
Oui
Non
Q2
Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous entendez parler de la
franc-maçonnerie ?
Q3
Pensez-vous que la franc-maçonnerie a un pouvoir d’influence ?
Tout à fait d’accord*
Plutôt d’accord*
Plutôt pas d’accord
Pas d’accord du tout
Q4
*Dans quel(s) domaine(s)/secteur(s) ?
Q5
Associez-vous la franc-maçonnerie à un parti, à une couleur politique ?
Oui*
Non
Q6
*Lequel ?
Q7
Vous lisez la presse (PQR/PQN/magazine) :
Tous les jours
Au moins une fois par semaine
Au moins une fois par mois
Jamais
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Q8
Vous arrive-t-il d’acheter un journal parce qu’il consacre sa une à la francmaçonnerie ?
Toujours
Parfois
Rarement
Jamais
Q9
Pensez-vous que la franc-maçonnerie est mystérieuse ?
Tout à fait d’accord
Plutôt d’accord
Plutôt pas d’accord
Pas d’accord du tout
Q10
Pensez-vous que la franc-maçonnerie est une secte ?
Tout à fait d’accord
Plutôt d’accord
Plutôt pas d’accord
Pas d’accord du tout
Q11
Tout le monde peut-il devenir franc-maçon ?
Oui
Non
Q12
Pourquoi ?
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2.
Analyses des données recueillies
RAPPEL MÉTHODOLOGIQUE
Échantillon : Conçu selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession, ville.
250 individus constituant un échantillon représentatif de la population lyonnaise âgée de 15
ans et plus ayant déjà entendu parler de la franc-maçonnerie.
Méthode : En face à face
Date du terrain : Janvier 2005
2.1
L’image globale de la franc-maçonnerie
>>> Question
Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit quand vous entendez parler de la franc-maçonnerie ?
(aucune réponse suggérée - plusieurs réponses possibles)
Secte
28,5%
Secret
27,7%
Compagnon/confrérie
17,9%
Symboles
15,3%
Réseau/solidarité
14,5%
Association
8,9%
Philosophie/spiritualité
7,2%
Elitisme
6,4%
Politique
Humanisme
5,5%
3,8%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
À la lecture de ce résultat, le décalage entre l’image de la franc-maçonnerie et les aspects
réels de sa nature est frappant. Ainsi, les termes les plus cités pour l’évoquer ne sont pas
toujours liés à la réalité des choses. Le mot secte est cité spontanément près d’une fois sur
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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71
trois, alors qu’association ne l’est que neuf fois sur cent. De la même façon
philosophie/spiritualité, élitisme, politique et humanisme sont, en moyenne, cinq fois moins cités
que secte, alors qu’ils représentent des éléments fondamentaux de la nature de l’institution.
Les symboles, qui sont au cœur de la franc-maçonnerie, sont deux fois moins évoqués que
secte ou secret. Ils figurent tout de même en quatrième position des termes spontanément
cités.
Le secret qui est placé en deuxième position, est également mentionné près d’une fois sur
trois. C’est l’un des aspects de la franc-maçonnerie qui marque le plus les esprits, et
contrairement à l’analyse précédente, il s’appuie sur une réalité.
Les termes compagnon et confrérie sont les troisièmes plus cités, près de deux fois sur dix.
Mots un peu vagues, ils rappellent à la fois l’artisanat (avec les Compagnons du tour de
France), la fraternité et la communauté. La franc-maçonnerie, parce qu’elle partage des
traditions avec lui, est souvent associée au compagnonnage. Si compagnon a une image
positive (travail, savoir-faire, discipline, tradition perpétuée), confrérie peut renvoyer deux
idées : l’une positive, évoquant la fraternité, l’amitié, la loyauté, et l’autre négative
représentant la communauté, et par extension le sectarisme. Ce dernier aspect est d’autant
plus significatif que réseau et solidarité sont situés peu après, en cinquième position.
Les termes les plus cités spontanément pour évoquer la franc-maçonnerie renvoient à des
notions de « mystère » et d’ « occulte ».
>>> Question
Pensez-vous que la franc-maçonnerie est mystérieuse ?
Sous total d’accord 91,2%
Plutôt d'accord
54,8%
Plutôt pas d'accord
4,4%
Pas d'accord du
tout
4,4%
Tout a fait d'accord
36,4%
Ainsi, 91,2% des personnes interrogées considèrent la franc-maçonnerie mystérieuse. En
d’autres termes, une écrasante majorité ne saurait la définir précisément. La notion de
« mystère » renvoie également au secret, à l’étrange.
Blandine Marchandiau - La franc-maçonnerie et la communication
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72
>>> Question
Pensez-vous que la franc-maçonnerie est une secte ?
Sous total d’accord 55,6%
Plutôt pas d'accord
21,2%
Pas d'accord du tout
23,2%
Tout a fait d'accord
17,2%
Plutôt d'accord
38,4%
Les résultats sont ici très partagés, aucune réponse ne remporte de large majorité. Si plus de
la moitié des personnes interrogées (55,6%) pense que la franc-maçonnerie est une secte,
seulement 17,2% en sont convaincues. Inversement 21,2% ne sont plutôt pas d’accord et
23,2% pas d’accord du tout. Ces résultats révèlent une réelle méconnaissance du sujet qui se
traduit par une majorité de réponses mitigées.
2.2
La perception de l’influence de la franc-maçonnerie
>>> Question
D’une manière générale, pensez-vous que la franc-maçonnerie a un pouvoir d’influence ?
Sous-total d’accord 84%
Plutôt d'accord
42,6%
Plutôt pas d'accord
11,2%
Pas d'accord du
tout
4,8%
Tout a fait d'accord
41,4%
Alors que seulement 16% des personnes
interrogées pensent que la francmaçonnerie exerce peu ou pas du tout
d’influence, une très large majorité (84%)
lui confère cette latitude.
Cette majorité se divise pareillement
entre personnes convaincues (41,4%) et
incertaines (42,2%). Ainsi, le « pouvoir
maçonnique » est très présent dans les
esprits, s’il ne peut être affirmé, il est au
moins supposé.
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>>> Question
Dans quel(s) domaine(s), secteur(s) exercerait-elle ce pouvoir ? (aucune réponse suggérée - plusieurs
réponses possibles)
Politique
71,6%
Economie/finance
38,4%
Tous
Justice/police
13,2%
10,0%
Industrie/grandes entreprises
8,9%
Culturel/éducation nationale
8,4%
Religieux
Spirituel/philosophique
Social
7,4%
5,3%
4,2%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
Ainsi, le pouvoir du « réseau » franc-maçon se situerait en tout premier lieu dans les sphères
politiques ( 71,6% des termes spontanément cités), puis dans l’économie et les finances
(38,4%) et en troisième position, dans tous les domaines (13,2%). Bien que de nombreuses
affaires ayant impliqué des magistrats et des policiers, aient été rendues publiques par les
médias, seulement 10% des répondants évoquent la justice et la police comme domaines
dans lesquels la franc-maçonnerie exercerait son influence.
Par contre, son implication dans les domaines plus « nobles » (culturel, religieux,
philosophique et social) n’est pas perçue.
>>> Question
Associez-vous la franc-maçonnerie à un parti ou une couleur politique ? Lequel ?
Si pour plus de la moitié des Lyonnais (60%) la franc-maçonnerie exerce un pouvoir dans les
sphères politiques, seulement 28,8% d’entre eux l’associent à une couleur politique, 12,8% à
la gauche et 16% à la droite. Bien que la présence de francs-maçons au sein de la municipalité
socialiste soit de notoriété publique, la franc-maçonnerie est davantage associée aux partis de
droite.
L’extrême gauche
La gauche
Sous total gauche
L’extrême droite
La droite
Sous total droite
Aucun
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2,8%
10%
12,8%
1,2%
14,8%
16%
71,2%
74
2.3
L’impact de la presse
>>> Questions croisées
Vous lisez la presse tous les jours, au moins une fois par semaine, au moins une fois par mois, jamais.
Trouvez-vous la franc-maçonnerie mystérieuse : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas
d’accord, pas d’accord du tout.
Tout a fait
d'acc ord
Plutôt d'accord
Plutôt pas
d'acc ord
Pas d'acc ord
du tout
38,3%
53,1%
Tous les jours
3,7%
4,9%
39,0%
50,5%
Au m oins une fois par s em aine
5,7%
4,8%
25,6%
69,2%
Au m oins une fois par m ois
2,6%
2,6%
36,0%
56,0%
Jam ais
4,0%
4,0%
La fréquence de lecture de la
presse
(PQR,
PQN,
presse
magazine) semblerait, à première
vue, ne pas influer sur la
perception de la franc-maçonnerie,
91% des lecteurs quotidiens la
trouvent mystérieuse contre 92%
pour les non-lecteurs. La presse
n’apporte-t-elle
aucun
éclaircissement ou entretient-elle le
mystère ?
10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%
D’après l’étude du traitement de la franc-maçonnerie par la presse et à la lecture de ce
graphique, on peut confirmer la responsabilité de la presse, principalement magazine, dans
l’image énigmatique de l’institution. La presse cultive et entretient les mystères.
>>> Questions croisées
Vous lisez la presse tous les jours, au moins une fois par semaine, au moins une fois par mois, jamais.
Pensez-vous que la franc-maçonnerie est une secte : tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas
d’accord, pas d’accord du tout.
Tous les jours
Au moins une
fois par
semaine
Au moins une
fois par mois
Jamais
30,2%
Tout a fait d'accord
44,2%
14,0%
11,6%
31,3%
Plutôt d'accord
41,7%
16,7%
10,4%
35,8%
Plutôt pas d'accord
45,3%
9,4%
9,4%
32,8%
37,9%
Pas d'accord du tout
20,7%
8,6%
5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%
Ainsi, lecteurs et non-lecteurs de la
presse assimilent sensiblement de la
même façon la franc-maçonnerie à une
secte,
55% en moyenne pour les
lecteurs contre 60% pour les nonlecteurs. On observe que si cette idée
est commune, elle est moins
développée chez les lecteurs. Si la
presse n’informe pas ou peu et
entretient même les mystères, elle
semble moins contribuer à la diffusion
de cette image préjudiciable.
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2.4
La perception de l'accès à la franc-maçonnerie
>>> Question
Tout le monde peut-il devenir franc-maçon ?
Oui
Non
Total
60
190
250
24%
76%
100%
Oui
Non
Artisans, commerçants, chefs
d'entreprise, agriculteurs exploitants
Cadres, professions intellectuelles
supérieures
30,8%
69,2%
27,8%
72,2%
30,0%
Professions intermédiaires
70,0%
Employés
23,1%
Ouvriers
22,9%
Retraités
Sans activité professionnelle
76,9%
77,1%
26,8%
73,2%
13,6%
86,4%
10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Les employés, les ouvriers et les
individus sans activité
professionnelle (principalement
étudiants et chômeurs) sont les
plus nombreux à penser que tout
le monde ne peut pas devenir
franc-maçon (76,9% et 77,1%)
alors que les cadres, les
professions intellectuelles supérieures (72,2%), les professions
intermédiaires (70%) et les
artisans, commerçants et chefs
d’entreprise le pensent moins
(69,2%).
Il existe quelques disparités notables de perception entre les différentes catégories sociales,
mais ces disparités ne sont sans doute pas celles que l’on aurait pu attendre. En effet, le profil
sociologique des Lyonnais ne croyant pas à l’ouverture de la franc-maçonnerie ne renvoie
pas à une caricature simpliste.
Oui
Non
80,5%
80%
71,3%
70%
La plus grande disparité d’opinions
s’observe chez les femmes et les
hommes, 28,7% des hommes jugent que
la franc-maçonnerie est ouverte à tous
contre seulement 19,5% des femmes.
60%
50%
40%
30%
28,7%
19,5%
20%
10%
Homme
Femme
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>>> Question
Pourquoi tout le monde ne peut-il pas devenir franc-maçon ? (aucune réponse suggérée - plusieurs
réponses possibles)
Critères CSP
42,4%
Cooptation/parrainage
34,7%
Critères intellectuels
21,2%
Critères moraux
7,6%
Pas de femmes
5,9%
5%
10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%
La franc-maçonnerie est perçue comme fermée. Les critères d’accès qu’on lui confère sont
divers. Le plus cité concerne la catégorie socioprofessionnelle. Selon les personnes
interrogées, pour être franc-maçon il faut faire partie d’une classe sociale plutôt élevée et
connaître quelqu’un afin d’être « parrainé » (le terme « cooptation » est très peu connu du
public). Il faut déjà faire partie d’un certain milieu et avoir des relations.
Les critères intellectuels se placent en troisième rang, ils sont cités une fois sur cinq. On peut
en déduire que les francs-maçons sont perçus comme des individus intelligents et cultivés.
Bien que la franc-maçonnerie soit, d’après sa formule « ouverte à tous les hommes libres et de
bonnes mœurs », les critères moraux sont six fois moins cités que la catégorie
socioprofessionnelle. La moralité n’apparaît comme un critère de sélection déterminant.
Enfin, 5,9% des personnes interrogées pensent que les femmes n’ont pas accès à la francmaçonnerie.
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77
3.
Conclusion
Cette étude révèle l’image négative de la franc-maçonnerie auprès des Lyonnais qui en
dressent un portrait plutôt sombre. Le fait le plus alarmant pour les organisations francsmaçonnes est que plus de la moitié des personnes interrogées la considère comme une secte.
Aussi, la quasi la majorité la trouve mystérieuse et secrète. Elle est également perçue comme
un réseau fermé et élitiste au service de la politique et de l’économie, pas du social.
Rendre compte d’une perception globale de la franc-maçonnerie est difficile tant l’image
de l’institution est hétérogène voire contradictoire. Quand on parle aux lyonnais de la
franc-maçonnerie, le premier mot qui leur vient à l’esprit est secte. Pourtant, seulement une
minorité d’entre eux en est convaincue (à la question Pensez-vous que la franc-maçonnerie est
une secte ?, 17,2% sont tout à fait d’accord). Les Lyonnais pensent toutefois que son accès est
réservé à une certaine élite sociale et intellectuelle. Ce paradoxe décrit la franc-maçonnerie
comme une « secte élitiste », alors que le propre d’une secte est de recruter un maximum de
« clients », sans critères de sélection. Alors que le pouvoir supposé des francs-maçons
s’exercerait principalement en politique, une majorité des Lyonnais (71,2%) ne parvient
pourtant pas à associer la franc-maçonnerie à une couleur politique.
Ces paradoxes traduisent l’incapacité des Lyonnais à définir la franc-maçonnerie, leur
méconnaissance du sujet et le poids des préjugés dans leurs affirmations.
Une image entretenue par la presse
On observe que, quelle que soit la fréquence de lecture des Lyonnais (presse quotidienne
nationale, locale et presse magazine), l’image est sensiblement la même. Cette étude montre
que la presse ne délivre que peu d’informations susceptibles de dissiper les mystères. Elle
entretient ainsi les fantasmes et par là-même son « fond de commerce ». Les termes utilisés
par les Lyonnais pour définir la franc-maçonnerie (pouvoir, secte, secret…) sont d’ailleurs ceux
les plus lisibles sur les couvertures des magazines. En outre, le fait qu’une partie notable des
Lyonnais pense que la franc-maçonnerie n’est accessible qu’aux hommes peut s’expliquer
par la faible présence de maçonnes dans le paysage médiatique régionale et nationale.
Les Lyonnais ont-ils tort ?
Si, indubitativement la franc-maçonnerie ne peut être comparée à une secte (il n’y a pas de
gourou, les responsables sont élus ; les cotisations annuelles sont fixes et ne dépassent pas
450 euros ; il n’est pas facile d’y pénétrer mais très facile d’en sortir…), elle est effectivement
secrète, par nature. Quant à l’élitisme socioprofessionnel dont on l’accuse, il ne peut être
réfuté, la franc-maçonnerie compte peu d’ouvriers, d’électriciens ou d’employés de bureau
dans ses loges. Selon certains maçons il ne s’agirait pas de sélection, mais de la disponibilité,
tant intellectuelle que matérielle, que procure une situation professionnelle confortable.
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Conclusion
L
a franc-maçonnerie est sortie, le temps de ce mémoire, de l’ombre et s’est
décidée fugacement à livrer quelques-uns de ses secrets. Insaisissable, la
franc-maçonnerie l’est par essence. En effet, munie de son propre langage - un
langage fait de symboles, de rituels, de lois - elle demeure inaccessible au profane. Mais,
malgré cette frontière dressée entre initiés et non initiés, la franc-maçonnerie est
profondément humaniste. Grâce à des valeurs telles que la tolérance, la fraternité, le respect
de la tradition, cette institution œuvre au progrès. Malheureusement, sa discrétion loin de la
servir la met en marge et cultive le fantasme. De son silence, la presse se nourrit et ne
manque pas de communiquer à sa place. Société secrète, secte, pots de vin sont autant de
leitmotivs qui l’accablent et ternissent son image. La presse, en forçant les traits, tend à
donner de la franc-maçonnerie une vision figée et réductrice. Elle produit des stéréotypes
qui, en rencontrant l’adhésion du plus grand nombre, s’installent dans l’imaginaire collectif :
« Tous les médias ont ce pouvoir d’imposer à quiconque n’est pas sur ses gardes, les postulats sur
lesquels ils reposent » dit Marshall Mac Luhan¹. Cette diffusion médiatique des préjugés,
conjuguée à une communication timide de la franc-maçonnerie, entraînent l’institution dans
le discrédit. La franc-maçonnerie ne se définit elle-même pas comme une société « secrète »,
mais comme une société « discrète » . Selon le procédé de argumentum ad ignorantiam, bien
des personnes concluent que la franc-maçonnerie est une secte simplement parce que
l'opposé n'a pas été défendu de façon convaincante.
Si la presse est coupable de diffuser une information orientée, la franc-maçonnerie ne l’est
pas moins en demeurant trop discrète.
C
ertes, la franc-maçonnerie communique. Les sites Internet sont clairs et
informatifs, ses publications et certaines de ses manifestations sont
accessibles à tous. Rappelons sa volonté d’ouverture qui s’est exprimée lors
de son 275ème anniversaire. Toutefois, cette tentative d’extériorisation ne s’est pas traduite en
terme d’image. Trop axée sur le patrimoine historique et culturel de l’institution, la
communication n’est pas parvenue à dissiper les mystères. Aussi ne s’est-elle pas inscrite
dans un processus à long terme mais dans une opération évènementielle, sans réel
lendemain.
C
e problème de communication externe se voit aggraver par un
dysfonctionnement interne. Effectivement, la diversité des loges et leur
autonomie posent un problème de communication globale. À l’intérieur de la
franc-maçonnerie on distingue deux courants aux ambitions et motivations distinctes. Aussi,
certains maçons souhaitent faire entendre leurs voix en dehors des murs du temple alors
que d’autres préfèrent demeurer dans le secret.
1. Sociologue canadien spécialiste de la communication médiatique (1911-1980)
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Si pour les uns, la maçonnerie doit réagir par le biais d’une plus large diffusion de ses
travaux, pour les autres, il ne s’agit pas d’une « priorité », le travail sur soi devant être
prééminent. Face à ces avis divergents ont été recueillis deux témoignages de maçons. Ils
mettent en évidence ce désaccord profond qui demeure au sein de l’institution.
Points de vue de maçons sur la communication, le 25 mars 2005
M. E. est membre du Droit Humain, C. A. est membre du Grand Orient.
55,6% des Lyonnais pense que la franc-maçonnerie est une secte, pensez-vous que cette image
serait à rectifier ?
M. E. : Bien-sûr ! C’est d’autant plus regrettable que le combat contre les sectes fait partie des
engagements de la franc-maçonnerie. Cette image est insupportable et doit être contestée.
C. A. : C’est dommage, en même temps, ça me surprend un peu. Je pense que la maçonnerie
essaie de contrer cette image, c’est la preuve qu’elle n’y parvient pas.
Le terme « humanisme » n’est pratiquement jamais associé à la franc-maçonnerie, pourquoi
d’après vous ?
M. E. : La franc-maçonnerie est pourtant une forme d’humanisme. On ne retient que les
affaires qui la secouent, les scandales en PACA lui ont fait beaucoup de tort. Par indifférence,
certainement, les gens ne cherchent pas à approfondir leurs connaissances sur le sujet et s’en
tiennent à leurs préjugés, à leurs idées toutes faites.
C. A. : C’est directement lié à la première question. Les gens ressortent ce qu’ils lisent dans
les marronniers. Cette image est très loin de la réalité.
Que souhaiteriez-vous que l’on retienne de la franc-maçonnerie ?
M. E. : L’image de libres-penseurs, hors de toutes contraintes de religions, d’a priori. La
liberté.
C. A. : L’humanisme, justement. La foi en l’humanité, les valeurs de tolérance, de fraternité.
Pensez-vous que franc-maçonnerie et communication sont incompatibles ?
M. E. : C’est un débat qui agite la franc-maçonnerie. Il y a deux courants. Beaucoup de
maçons, principalement les plus jeunes, souhaiteraient une plus ample diffusion des travaux,
d’autres pensent qu’il faut maintenir une certaine « discrétion ». Je suis du premier avis.
C. A. : Ce n’est pas tant qu’ils soient incompatibles, ce n’est simplement pas une priorité
pour la maçonnerie.
La maçonnerie s’exprime principalement par le biais de ses représentants. Souhaiteriez-vous
davantage communiquer individuellement ?
M. E. : La franc-maçonnerie permet la réunion d’opinions divergentes autour de valeurs
communes. Les discours ne seraient pas forcément très différents. Aussi, beaucoup de
maçons ne souhaitent pas dévoiler leur appartenance. Dans certains milieux professionnels,
c’est plutôt « mal vu ». J’enseigne dans un établissement catholique, peu de mes collègues
savent que je suis maçon. S’exprimer oui, mais pas auprès de qui ? C’est du ressort
individuel de chacun.
C. A. : Personnellement, non. La franc-maçonnerie n’a pas pour objectif d’intervenir
directement dans la cité. Ce n’est pas un parti politique ni un syndicat. La priorité est le
travail sur soi.
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D’après vous, la franc-maçonnerie devrait-elle améliorer son image ?
M. E. : Oui, je pense, par la diffusion de ses travaux essentiellement. Il est tout de même
facile aujourd’hui de se documenter sur le sujet. Une revue comme Humanisme, par
exemple, est accessible à tous.
C. A. : On ne peut que répondre oui, mais encore une fois, ce n’est pas une priorité.
Comment pourrait-elle y parvenir ?
M. E. : Individuellement, chaque maçon doit collaborer à la connaissance du sujet, sans
forcément dévoiler son appartenance. Au niveau national, la présence de francs-maçons dans
certaines manifestations pourrait être une bonne chose. Mais c’est une volonté qui doit
émaner des instances.
C. A. : On peut imaginer des opérations de communication pour le grand-public, mais aller
contre les marronniers n’est pas simple. Tout ça me dépasse un peu. Il faut ajouter que la
franc-maçonnerie se compose d’associations gérées par des bénévoles, les responsables sont
sous mandats, en terme d’organisation, ce n’est pas simple. Les priorités sont ailleurs…
D
evant ces réponses contraires, on peut affirmer que la franc-maçonnerie se
situe dans une impasse. La diversité et l’autonomie des obédiences, des
loges et des ateliers ; leur gestion ainsi que leur organisation ; le secret
d’appartenance ; les motivations diverses des maçons et leur liberté permettent difficilement
de mettre en place une stratégie de communication globale qui ne serait, par ailleurs, pas
souhaitable.
Alors, pourquoi passer les portes du temple et faire du secret une publicité ? Pourquoi
banaliser ce qui demande une initiation ? Pourquoi donner aux symboles une
signification : « le symbole est d’autant plus plein, révélateur, puissant qu’il est ambigu, fugace »
nous dit très justement Umberto Eco ¹.
¹ Le Pendule de Foucault
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Bibliographie
Le symbolisme occulte de la franc-maçonnerie, Oswald Wirth, Éditions Dervy
La franc-maçonnerie, Paul Naudon, P.u.f.
Les mythes fondateurs de la franc-maçonnerie, Gilbert Durand, Éditions Dervy
L’initiation maçonnique, Patrick Négrier, Édition Télètes
La nouvelle réalité maçonnique, Jean Verdun, Albin Michel spiritualité
Les réseaux et leur enjeux sociaux, Henry Bakis, P.u.f.
La dynamique des groupes, Jean Maisonneuve, P.u.f.
La communication médiatique, Guy Lochard et Henri Boyer, Seuil
Les mots de la presse écrite, Serge Bérard, Éditions Belin
Les nouveaux chiens de garde, Serge Halimi, Liber
Le Pendule de Foucault, Umberto Eco, Livre de Poche
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Autres sources
Sites maçonniques officiels
www.fm-fr.com
www.droithumain-france.org
www.godf.org
www.gltso.org
www.glff.org
www.glfmm.free.fr
www.glmf-fm.org
www.glmu.org
www.fm-lnf.org
www.glnf.asso.f
www.gldf.org
www.fm-fr.org
www.chevalerie-maconnerie.org
www.franc-maconnerie.org
Institut Maçonnique de France
Droit Humain
Grand Orient de France
Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra
Grande Loge Féminine de France
Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm
Grande Loge Mixte de France
Grande Loge Mixte Universelle
Loge Nationale de France
Grande Loge Nationale de France
Grande Loge de France
Franc-Maçonnerie Française
Fraternité des Hauts Grades Maçonniques
Site généraliste
Sites maçonniques indépendants
www.hiram.canalblog.com
www.leotaxil.com
Le Blog Maçonnique
leotaxil.com
Site antimaçonnique
www.barruel.com
Éditions Augustin Barruel
Instituts de sondages/d’études
www.insee.fr
www.ipsos.fr
www.tns-sofres.com
Insee
Ipsos
Sofres
Archives presse
www.lepoint.fr
www.lemonde.fr
www.lexpress.fr
www.monde-diplomatique.fr
www.archives.nouvelobs.com
www.lefigaro.fr
www.leprogres.fr
Le Point
Le Monde
L’Express
Le Monde Diplomatique
Le Nouvel Observateur
Le Figaro
Le Progrès
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Annexes – Quelques chiffres
Sources : Historia Thématique
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