Multiculturalisme, cosmopolitisme et intégration politique en milieu
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Multiculturalisme, cosmopolitisme et intégration politique en milieu
Les ressources géostratégiques, les conflits armés(1996-2003) et les défis de la paix et de la reconstruction en République Démocratique du Congo, Kibanda Matungila Le premier groupe d’experts de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République Démocratique du Congo a retenu la conclusion suivante sur les causes de la guerre en R.D.C : « Les principaux motifs du conflit en République Démocratique du Congo sont devenus l’accès à cinq ressources minérales de première importance-colombotantalite, diamant, cuivre, cobalt et or-, ainsi que le contrôle et le commerce de ces matières. La richesse de la République Démocratique du Congo suscite une convoitise à laquelle il est difficile de résister du fait de l’anarchie et de la faiblesse de l’autorité centrale. L’exploitation des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo par des armées étrangères revêt aujourd’hui un caractère aussi bien endogène qu’exogène. Le pillage, l’extorsion et la constitution d’associations des criminels sont devenus choses courantes dans les territoires occupés. Ces organisations, qui ont des ramifications et des liens dans le monde entier, constituent un grave problème de sécurité auquel la région va maintenant devoir faire face. » Paragraphes 213-214, p.45-2001. Pour illustrer l’ampleur du réseau planétaire des pays impliqués dans le commerce des ressources minières et autres richesses du Congo, le groupe d’experts a publié, en annexe du rapport(p.50-51), un échantillon de 34 sociétés appartenant à tous les continents qui importent des minéraux du Congo via le Rwanda. Notre communication se propose de soumettre à la critique des chercheurs présents à la conférence de Yaoundé (octobre 2003) les observations et questions suivantes : (i).en fait la principale conclusion du groupe d’experts de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources de la RDC est venue confirmer les analyses des auteurs comme M. Matton (1998), C. Braeckman (1998), Kibanda M. (1999-2000), P. Baracyetse (2000) qui avaient déjà démontré que la guerre des minerais, en R.D.Congo, devrait être envisagée comme un épisode de la restructuration de l’économie mondiale en un marché unique dominé par les entreprises transnationales du G7 ; (ii). la mise en perspective historique du comportement des acteurs congolais, régionaux et des multinationales impliqués dans la lutte pour l’accès, le contrôle et le commerce des ressources géostratégiques de la RDC montre que, comme la Société Générale de Belgique dans la crise congolaise des années 60, les groupes d’intérêts occidentaux représentés par la Banque Mondiale constituent les acteurs les plus déterminants aussi bien dans les conflits armés en cours depuis 1996, que dans le processus de signature de l’Accord de Lusaka (1999), de l’Accord de Pretoria, de Luanda, et de Sun City (2002). Bref, tout le processus à la base de la mise sur pied du gouvernement d’union nationale actuel .(iii). de même, ces groupes d’intérêts ont conçu et piloté les réformes économiques qui sont à la base du Nouveau code des investissements, du Nouveau code minier et du Nouveau code forestier adoptés par le gouvernement de la RDC en 2002 et qui n’ont pas été remis en cause par le nouveau gouvernement d’union nationale. Ces réformes économiques consistent à libéraliser le marché congolais et à terme, à privatiser, au profit des firmes transnationales, les principales entreprises publiques détentrices des concessions minières, forestières et des activités stratégiques (énergie, eaux, agriculture…) (iv). Le paradoxe c’est que les partenaires internationaux de la R.D.Congo prétendent : *s’investir dans la démocratisation de la société congolaise, tout en excluant le Peuple congolais de ce processus ; *participer activement à la reconstruction et à la lutte contre la pauvreté au Congo tout en mettant en place des mécanismes institutionnels de spoliation du peuple de son patrimoine national ; *renforcer les capacités institutionnelles de l’Etat en plaçant l’Etat congolais sous leur tutelle directe. (v). Enfin la communication va soulever la question de savoir si la mise sous tutelle économique et politique du Congo par les multinationales est compatible avec le développement durable, avec la réalisation de l’intégration économique et politique africaine ; et examiner à quelles conditions le Peuple Congolais et les africains pourraient se réapproprier le processus de paix et de reconstruction en R.D.Congo.