conclusion - Faculté de Médecine et de Pharmacie Fès
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Toutes les lettres ne sauraient trouver les mots qu’il faut... Tous les mots ne sauraient exprimer la gratitude, l’amour le respect, la reconnaissance... Aussi, c’est tout simplement que... Je dédie cette thèse à …? ♥ A ma très chère mère ♥ Rien au monde ne pourrait compenser tes efforts et tes sacrifices pour mon éducation afin que je puisse me consacrer pleinement à mes études. J’espère que je serai à la hauteur de ce qui a été un rêve pour toi et une destinée pour moi. Puisse-tu trouver dans ce travail le fruit de ton dévouement et l’expression de ma gratitude. Que Dieu te comble de santé, de bonheur et te procure une longue vie afin que je puisse te combler à mon tour. ♥ A mon très cher père ♥ C'est avec beaucoup d'affection et de respect que je t'écris ces quelques mots, tout en sachant que jamais je ne pourrai te remercier assez pour tout ce que tu as sacrifié pour moi. Sans tes précieux conseils, tes prières, ta générosité et ton dévouement je n'aurais pu surmonter le stress de ces longues années d'études. Je te dédie ce travail en témoignage de mon respect et de ma gratitude pour ton soutien constant et sans limite. Puisse Dieu, le tout puissant, te combler de santé, de bonheur et te procurer longue vie. ♥A la mémoire de mes grand-mères maternelle et paternelle ♥ ♥A la mémoire de mes grand-pères maternel et paternel ♥ ♥ A la mémoire de mes oncles Said et Mohammed ♥ Vous êtes toujours présents dans mon cœur et je ne cesse de prier dieu pour vous, pour que vous soyez en paix. Que la clémence du Dieu règne sur vous et que la miséricorde apaise votre âme ♥ A mon frère Youssef ♥ Tu es un modèle de bonté, de droiture et de courage. Je te souhaite tout le bonheur du monde dans ta vie personnelle et professionnelle. Je te dédie cette thèse en témoignage de l’amour et la tendresse qui nous unissent. ♥ A ma sœur Hajar ♥ Aucune dédicace ne saura exprimer tous les sentiments que je te porte. Je ne pourrais rêver avoir meilleure sœur. Puisse notre esprit de famille se fortifier au cours des années et notre fraternité demeurer toujours intacte. Que tous tes rêves soient réalisés et que rien ne te manque. N’oublie jamais combien je t’aime. ♥ A mon frère Zakaria ♥ Que ce travail reflète l’affection profonde que j’ai pour toi. Que Dieu te protège et te procure bonheur, santé et prospérité. Avec toute mon affection et mes sentiments les plus fraternels. ♥ A mes très chères amies ♥ Alami Asmae Bennani Lahkim Mouna Bourkadi Fatine En témoignage de l’amitié qui nous unit et des souvenirs de tous les moments que nous avons passé ensemble, je vous dédie ce travail en vous souhaitant une vie pleine de bonheur et de prospérité. ♥ Amies et Amis ♥ Dahmi Fatima Ezzahra, Mansouri Safae, Tizki Samira, Yamoul Najwa, Lasri Hasna, Atrach loubna, Alaoui Hanae, Ammor Hicham, Filali Redouane, Fellahi Omar, Tazi Nacer, Benzakour Kenza, Poivey Bella Gamba Aurélie, Hatimi Asmae, Slaoui Meryem, Honsali Zineb, Warga Loubna, Louda Fatima, Eddekaoui Houda, , Zaouari Mohammed, Daoudi Khaoula, Alaoui Slimani Sanae, Zizae Said, Bouchareb Nadwa, Alaoui Lamrani Youssef, Ammoumri Oussama, Aidouni Mounir, Benjelloun Marouane. « Aucune route n’est longue aux côtés d’un ami », vous étiez et vous le serez pour toujours. Que Dieu vous protège et vous garde pour tous ceux qui vous aiment. Je vous aime et je vous aimerai pour toujours. ♥ A mes Amis (es) et collègues ♥ Dr kadiri Soumiya, Dr Bourouda Ilham, Dr Bouziyane Nisrine, Dr Haida Samira, Dr Sabiri Bouchra, Dr Ardy Naima, Dr Sekry. A, Dr Kazouini Asmae Dr Belahcen Seddik, Dr Khoubila Nisrine, Dr Merimi Fatine, Dr Tazi Elias, Dr Fihri Siham, Dr Charkaoui Siham, Dr Zaidani Mohammed Dr Touab Houria, Dr Mahdaoui Hind, Dr Raji Bouchra, Dr Meftah Nadia, Dr Boudouane Mourad, Dr Charioui Souad, Dr Kahlain Kenza, Dr Tahri Loubna,Dr Benacer En souvenir des moments agréables passés ensemble, veuillez trouver dans ce travail l’expression de mes sentiments les plus respectueux avec mes vœux de succès, de bonheur et de bonne santé. ♥A tous les membres de ma famille, petits et grands ♥ ♥A tous ceux qui me sont si chers et que j'ai omis de citer♥ ♥A tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à l'élaboration de ce travail ♥ ♥ A tous mes maîtres ♥ ♥ A tous Les membres de l’Association des médecins internes de Casablanca ♥ ♥ A tous Les membres du service de traumatologie orthopédie Aile IV ♥ Veuillez trouver dans ce modeste travail l’expression de mon affection la plus sincère. A notre maître et président de thèse Monsieur le professeur CHAKOUR KHALID Professeur d’enseignement supérieur Service de neurochirurgie CHU HASSAN II Fès Vous avez aimablement accepté de présider le jury de cette thèse, nous en sommes touchés. Lors de nos années d’études universitaires, nous avons eu la chance de compter parmi vos étudiants ; nous avons ainsi pu apprécier la clarté et la précision de l’enseignement que vous nous avez dispensé. Avec tout le respect que nous vous devons, veuillez trouvez ici l’expression de notre profonde considération et nos vifs remerciements. A notre maître et rapporteur de thèse Monsieur le professeur FADILI MUSTAPHA Professeur d’enseignement supérieur Service de traumatologie orthopédie Aile IV CHU IBN ROCHD Casablanca Vous nous avez fait un très grand honneur de nous avoir confié ce travail, qui n’aurait pu être achevé sans votre appui. Vous nous avez aidé, guidé et éclairé par vos précieux conseils dans son élaboration de la manière la plus utile, la plus pertinente, avec patience et compréhension, ne ménageant ni votre temps ni vos efforts. Nous vous portons une grande considération pour votre humilité, votre générosité et votre compétence professionnelle. Soyez assuré, cher maître, de notre admiration et notre sincère estime. A notre maître et jury de thèse Monsieur le professeur NECHAD MOHAMED Professeur d’enseignement supérieur Service de traumatologie orthopédie Aile IV CHU IBN ROCHD Casablanca L’amabilité et la spontanéité avec lesquelles vous avez accepté de juger ce modeste travail nous honorent. Nous avons eu le privilège de travailler parmi votre équipe et d’apprécier vos qualités humaines et professionnelles qui seront pour nous un exemple à suivre dans l’exercice de notre métier. Veuillez trouver ici l’expression de notre profonde gratitude et notre sincère estime. A notre maître et jury de thèse Madame le professeur AMARTI RIFFI AFAF Professeur d’enseignement supérieur Service d’anatomopathologie CHU HASSAN II Fès Nous vous remercions vivement pour l'honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce travail. Nous sommes très sensibles à votre gentillesse et à l’amabilité de votre accueil. Je vous prie d’accepter l’expression de nos sentiments les plus respectueux. A notre maître et jury de thèse Monsieur le professeur EL MRINI ABDELMAJID Professeur agrégé Service de traumatologie orthopédie CHU HASSAN II fès Nos remerciements les plus sincères pour l’honneur que vous nous faites en acceptant de juger notre travail. Vos qualités humaines, votre compétence et votre modestie demeurent à nos yeux exemplaires. Ces quelques lignes sont pour nous l’occasion de vous exprimer notre admiration et notre respectueuse considération. A Monsieur le Docteur BENNANI RTAL FAY ÇAL Médecin résident Service de traumatologie orthopédie Aile IV CHU IBN ROCHD Casablanca Vous avez accepté avec gentillesse et abnégation d’encadrer ce travail. Vous avez veillé soigneusement à chaque étape de sa réalisation. Votre amabilité et votre simplicité nous ont particulièrement touché. Veuillez trouver ici l’expression de notre grand respect et vive reconnaissance. A Monsieur le Docteur LAHDIDI SALAH EDDINE Médecin résident Service de traumatologie orthopédie Aile IV CHU IBN ROCHD Casablanca Nous vous remercions pour votre estimable participation dans l’élaboration de ce travail. Veuillez trouvez ici l’expression de notre profonde gratitude et nos vifs remerciements. TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ………………………………………….……………………………… 1 PATIENTS ET METHODES ……………………………………………………………… 4 II. Méthodologie………………………………………………………………..… 5 I. Patients de notre série………………………………………………………… 5 RESULTATS ……………………………………………………………………………..… 12 1- Incidence…………………………..…………………………………..… 13 I. Etude épidémiologique……………….………………………………………. 2- Age…………………………………………………………………….… 3- Sexe……………………………………………………………………… 4- Côtés et segments atteints………………………………………… II. Etude clinique…………………………………………………………………… 1- Mode de révélation des fractures pathologiques……………….. 2-Circonstances étiologiques de la fracture………………………… 3-Mécanisme fracturaire………………………………………………….. 13 13 14 14 17 17 18 19 4-Symptomatologie………………………………………………………… 19 III. Etude radiologique…………………………………………………………….. 21 1- Radiologie conventionnelle…………………………………………… 21 1-1 Incidences……………………………………………………….. 21 1-3 Atteinte des parties molles………………………………….. 21 IV. Diagnostic de présomption…………………………………………………. 24 VI. Histologie……………………………………………………………………….. 25 1- 2 Types de lésion osseuse…………………………………….. 2- Autres examens demandés…………………………………………... V. Biologie…………………………………………………………………………… 1- Délai d’évolution avant la biopsie…………………………………… 21 21 25 25 2- Type de biopsie………………………………………………………….. 25 3- Données histologiques………………………………………………… VII. Bilan d’extension……………………………………………………………… 25 28 VIII. Traitement :……………………………………………………………………. 29 1- Durée d’hospitalisation………………………………………………… 29 2- But du traitement……………………………………………………….. 29 4-Traitement chirurgical…………………………………………………………… 30 3- Traitement orthopédique……………………………………………… 29 4-1 Bilan préopératoire……………………………………………… 30 4-2 Type d’anesthésie……………………………………………….. 30 4-3 Type de chirurgie………………………………………………. 4-4 Difficultés techniques…………………………………………. 30 30 5- Traitement adjuvant…………………………………………………… 33 IX. Complications…………………………….……………………………………. 44 2- Secondaires………………………………………………………………. 44 1- Précoces………………………………….……………………………….. 44 3- Tardives…………………………………………………………………… 45 1- Critères d’évaluation…………………………………………………… 48 X. Etude du résultat fonctionnel……………………………………………….. 2- Résultats globaux………………………………………………………. 2-1 Recul post thérapeutique…………………….………………. DISCUSSION 48 49 49 2-2 Evaluation fonctionnelle globale……………………………. 49 …………………………………………………………………………… 50 2-3 Evaluation subjective………………………………………….. 49 I. Etude épidémiologique…………………………………………………………. 51 1- Incidence………………………………………………………………….. 51 2- Age…………………………………………………………………………. 51 3- Sexe…………………………………………………………………………. 52 II. Etude radiologique……………………………………………………………. 1- 2- 34567- 53 Radiographie standard……………………………..……………… 53 1-2 L’aspect ostéocondensant………………………………….. 54 1-1 L’aspect ostéolytique……………………………………….. 53 1-3 L’aspect mixte…………………………………………………. 54 La tomodensitométrie……………………………………………… 56 1-4 Les différentes réactions cortico-périostées…………… L’imagerie par résonance magnétique…………………….…… La scintigraphie………………………………………………….….. 55 57 59 Le PET Scan…………………….………………………………………. 60 L’artériographie……………………………………………………….. 60 L’échographie…………………………………………………………. 61 III. Diagnostic de présomption………………………………………………….. 61 1- Age ………………………………………………………………..…… 61 3- L’aspect radiologique………………………………………………… 63 245- Le nombre et la localisation……………………………………….. 62 Proposition d’une stratégie devant la découverte d’une lésion osseuse solitaire…………………………………………… 64 Proposition d’une stratégie devant la suspicion de métastases osseuses……………………………………………… 66 IV. La biologie……………………………………………………………….……. 69 1- 2- Examens biologiques courants………………………………….. Les marqueurs tumoraux………………………………………… V. Histologie………………………………………………………………………… 1- Types de biopsies……………………………………………………… 69 69 72 72 1-1 La ponction biopsie……………………….…………………… 1-2 La biopsie extemporanée…………………………………….. 1-3 la biopsie chirurgicale………………………………………… 72 73 74 2- Données histologiques……………………………………………….. 76 1- 78 VI. Traitement ……………………………………………………………………. Modalités thérapeutiques………………………………………….. 1-1 Traitement orthopédique…………………………..………… 78 1-2-1 Le but du traitement chirurgical…………….…… 79 1-2 Traitement chirurgical……………………………………….. 78 1-2-2 Les techniques de chirurgie…………………..…… 80 B- La résection ………………………………………… 83 1-3 Le traitement adjuvant……………………………………….. 88 A- Le curetage comblement…………………………. C- L’amputation……………………………………….. 1-3-1 La chimiothérapie………………………….…………. 1-3-2 La radiothérapie……………………….…………….. 81 87 88 89 A- La radiothérapie externe………………….……… 89 1-3-3 L’hormonothérapie……………………………….…. 91 B- La radiothérapie métabolique……….………….. 1-4 Le traitement préventif ………………………………….….. 91 92 1-4-1 La chirurgie préventive………………………….…. 92 par les biphosphonates…………………………. 93 1-4-2 Traitement des métastases osseuses 2- 78 Les indications ……………………………………………………….. 94 2-1 Selon la topographie lésionnelle…………………………….. 94 2-2 Selon la nature histologique de la tumeur………………… 95 2-2-1 Tumeurs osseuses bénignes……………………….. 95 A- Le kyste osseux essentiel………………………… 96 B- Le kyste osseux anévrysmal……………….…….. 97 D- Les tumeurs à cellules géantes…………………. 98 C- Le chondrome……………………………………….. 98 2-2-2 Tumeurs osseuses malignes primitives…………. 100 A- L’ostéosarcome…………………………………….. 100 B- Le sarcome d’Ewing……………………………….. 101 C- Le chondrosarcome………………………………… 102 2-2-3 Les tumeurs osseuses malignes secondaires….. 103 VII. Complications………………………………………………………………….. 105 1- 2- Les hémorragies………………………………………………………. 105 Les infections…………………………………………………………… 105 2-1 Générales………………………………………………………… 105 2-2 Locales……………………………………………………………. 105 3- Les complications mécaniques…………………………………….. 105 5- Le décès…………………………..……….…………………………. 4- La récidive tumorale…………………………………………………. 106 VIII. Evolution 106 ……………………………….…………………………….……. 107 Les résultats fonctionnels…………………………………….….. 107 2-2 Le confort de vie………………….……………………..……. 108 RESUME……………………………………………………………………………….….… 111 12- Les perdus de vue…………………………………………….……. 2-1 La douleur……………………………….…………………..…. CONCLUSION………………………………………………………………………..……. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES………………………………………………….…. 107 107 109 118 1 INTRODUCTION La fracture pathologique est une solution de continuité osseuse survenant sur un os remanié par un processus pathologique sans tenir compte du mécanisme fracturaire ni de la lésion préexistante. La fracture pathologique survient le plus souvent sur un processus tumoral : ▪ Chez l’enfant, le kyste osseux essentiel constitue la principale étiologie de la fracture pathologique. Celle-ci représente la complication majeure et fréquemment révélatrice des kystes osseux. Les localisations les plus fréquentes sont l’extrémité supérieure de l’humérus et du fémur. ▪ Chez l’adulte, les métastases osseuses représentent la cause majeure des fractures pathologiques. Les étiologies sont dominées par les cancers du sein (50%) et de la prostate (20%), les cancers du poumon (10%), le cancer du rein (8%) et les cancers digestifs. Avec une incidence de 4,7 cas / an dans notre série, la fracture pathologique sur tumeurs osseuses se caractérise par sa rareté, sa gravité et l’urgence de sa prise en charge qui doit être pluridisciplinaire, associant chirurgiens orthopédistes, radiologues, oncologues et anatomopathologistes. La survenue d’une fracture pathologique pose au chirurgien orthopédiste deux problèmes : ▪ Problème de diagnostic étiologique. ▪ Problème de prise en charge de la fracture. Les progrès réalisés en carcinologie font que le chirurgien orthopédiste est de plus en plus souvent confronté au problème de prise en charge des fractures pathologiques. Les indications thérapeutiques sont très larges : Le traitement dépendra en grande partie de la nature bénigne ou maligne de l’affection causale et les techniques sont adaptées en fonction de la localisation. 2 Le but de notre travail est de : ▪ Définir les différentes circonstances diagnostiques des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses. ▪ Montrer les difficultés de diagnostic étiologique de ces fractures. ▪ Codifier les indications thérapeutiques. ▪ Mettre en exergue les difficultés de prise en charge thérapeutique que rencontre le traumato-orthopédiste. ▪ Enfin, évaluer nos résultats. 3 4 I. PATIENTS DE NOTRE SERIE : Il s’agit d’une étude rétrospective concernant 80 patients pris en charge au service de traumatologie-orthopédie Aile 4 du CHU Ibn Rochd de Casablanca pour des fractures pathologiques secondaires à un processus tumoral. Les fractures sur os normal, ainsi que les tumeurs osseuses sans fracture ont été éliminées. La durée de notre étude s’étale sur 16 ans et 09 mois, allant de janvier 1990 à septembre 2007. II. METHODOLOGIE : Pour réaliser ce travail, nous avons élaboré une fiche d’exploitation regroupant des données épidémiologiques, cliniques, radiologiques, biologiques, histologiques, thérapeutiques et évolutives. 5 LES FRACTURES PATHOLOGIQUES SUR TUMEURS OSSEUSES N° Fiche : ………………… Réf. du Dossier : ……… EPIDEMIOLOGIE : § Nom et prénom du patient : ……………….. § Age § Originaire de : ………………………………… § Sexe § Profession : ……………………………………. § Adresse : ………………………………………. § Antécédents : ………………………………… : …………… : femme homme - Personnels : Ø Médicaux: Diabète HTA Tuberculose Autre Ø Chirurgicaux : o Gynécologiques : • Cancer du sein • Cancer de l’ovaire • Cancer de l’endomètre • Cancer du col o Urologiques : • Cancer du rein • Cancer de la prostate o Respiratoires : • Cancer bronchique • Cancer de la thyroïde o ORL : o Digestifs : o Autre : 6 Ø Traumatologiques: Ancien récent Nature : …………………….. Traitement : orthopédique chirurgical Complications : …………… - Familiaux : Cancers dans la famille Autre CLINIQUE : § Côté atteint : Droit § Segment atteint : Gauche Membre supérieur Membre inférieur Rachis Bassin Thorax § Circonstances de découverte : - Inaugurale : - Sur lésion connue : Tumorale : Primitive : Bénigne Maligne Secondaire : Autre : § Circonstances de survenue : Spontanément Chute Traumatisme minime AVP AT AS Autre § Mécanisme : Direct § Indirect Non précisé Signes fonctionnels : Douleur Impotence fonctionnelle Déformation Attitude vicieuse Ouverture cutanée Fièvre Troubles vasculo-nerveux Etat général 7 Lésions associées IMAGERIE : § Radiographie standard : - Incidences : Face Profil Autre - Siège : ………………. - Type de lésion osseuse : Unique Multiple Lytique Ostéocondensante Atteinte des parties molles Atteinte osseuse à distance Signes de malignité : § TDM § IRM § Scintigraphie § Artériographie Mixte Oui Non BIOLOGIE : § NFS VS CRP § Bilan d’hémostase § Urée § Phosphatases acides § Transaminases § Sérologies Créatinine Glycémie Phosphatases alcalines Marqueurs tumoraux Autre BILAN D’EXTENSION : § Radiographie thorax face § Echographie abdomino-pelvienne § Radiographie du rachis dorso-lombaire § Echographie mammaire § Bronchoscopie § Scintigraphie thyroïdienne § Fibroscopie digestive § TDM thoracique Mammographie Rectoscopie Lavement baryté TDM abdomino-pelvienne DIAGNOSTIC DE PRESOMPTION 8 HISTOLOGIE : § Délai d’évolution avant la biopsie : ……………………………….. § Type de biopsie : Percutanée § Nature histologique : § Chirurgicale Extemporanée - Tumeur bénigne : Type : ………………. - Tumeur maligne primitive : Type : ………………. - Tumeur maligne secondaire : Type : ………………. Délai d’évolution Biopsie prise en charge : ……………………… TRAITEMENT : § Durée d’hospitalisation : ……………...jours § But : § Intervention chirurgicale : § Modalités thérapeutiques : Carcinologique Palliatif Oui Non o Traitement orthopédique : • Indication : ……………………………………………... • Type : …………………………………………….......... • Durée : …………….............................................. o Traitement chirurgical : • Bilan préopératoire : ………………………………… • Type d’anesthésie : …………………………………. • Type de chirurgie : …………………………………. Radicale • Conservatrice Moyens : Enclouage Plaque vissée Embrochage Vissage Greffe osseuse Ciment Résection-arthrodèse Amputation • Palliative Résection arthroplastie Désarticulation Problèmes techniques per-opératoires : Perte de substance osseuse Difficulté de réduction de la fracture Hémostase /Saignement 9 Fixateur externe Autre Autre o Traitement adjuvant : • Chimiothérapie : Néoadjuvante Adjuvante Protocole :……….. • Radiothérapie : Néoadjuvante Adjuvante Protocole :……….. • Hormonothérapie : • Irathérapie • Antalgique / AINS : • Autre : : COMPLICATIONS : § Précoces : Type : ……………………… § Secondaire : Type : ………………………... § Tardives : Type : ………………………. EVOLUTION : § Recul : …………… Suivi § PDV Décès Résultat fonctionnel : • Fonction du membre : Excellente Bonne Moyenne Mauvaise • Signes fonctionnels : Douleur Marche Mobilité Reprise du travail Reprise d’activité • Résultat anatomo-radiologique : Consolidation Pseudarthrose Descellement de prothèse Fracture itérative Autre • Evaluation subjective : Patient très satisfait Satisfait 10 Déçu ABREVIATIONS SUR FICHE D’EXPLOITATION : ORL : Oto-Rhino-Laryngé HTA : Hypertension artérielle AVP : Accident de la voie publique AT : Accident de travail AS : Accident de sport TDM : Tomodensitométrie IRM : Imagerie par résonance magnétique NFS : Numération formule sanguine VS : vitesse de sédimentation CRP : C réactive protéine AINS : Anti-inflammatoires non stéroïdiens PDV : Perdus de vue 11 12 I. ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE : 1- Incidence : (Fig. 1) L’incidence annuelle des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses était variable au sein de notre service, avec une moyenne de 4,7 cas par an. Celle-ci a connu deux pics : 19 cas (1993-1995 et 1996-1998) et 4 cas (20022004). 20 18 16 Nombre de cas 14 12 10 8 6 4 2 0 1990 1992 1993 1995 1996 1998 1999 2001 2002 2004 2005 2007 Années Fig. 1 : Incidence des fractures pathologiques 2- Age : (Fig. 2) L’age moyen dans notre série était de 46 ans avec des extrêmes de 14 à 80 ans. Les tranches d’âge les plus touchées étaient illustrées par deux pics de fréquence : - Avant 20 ans : 21 cas (26,2%) - Après 60 ans : 29 cas (36,2%) 13 30 Nombre de cas 25 20 15 10 5 0 < 20 ans 20 - 40 ans 40 - 60 ans > 60 ans Tranche d'âge Fig. 2 : Nombre de cas par tranche d’âge 3- Sexe : (fig.3) Avec 40 femmes (50%) et 40 hommes (50%), le sexe ratio était de 1. 50% 50% Femmes Hommes Fig. 3 : Répartition selon le sexe dans notre série 4- Côtés et segments atteints : (Fig. 4) On a noté une prédominance du côté droit avec 42 cas (52,5%) et 38 cas du côté gauche (47,5%). Les fractures pathologiques sur tumeurs osseuses étaient situées préférentiellement au membre inférieur avec 63 cas (78,7%). On a noté un cas de localisation double (membre supérieur et inférieur). Les localisations étaient réparties comme suit : § Membre supérieur droit : 9 cas (11,25%) 14 § Membre supérieur gauche : 8 cas (10%) § Membre inférieur droit : 33 cas (41,25%) § Membre inférieur gauche : 30 cas (37,5%) Il n’y avait aucune localisation au niveau du rachis, du bassin et du thorax dans notre série. Membre supérieur droit Membre supérieur gauche Membre inférieur droit Membre inférieur gauche 11,25% 10% 37,50% 41,25% Fig. 4 : Côtés et segments atteints dans notre série 5- Sites fracturaires : (Tableau 1) L’os le plus atteint était le fémur avec 54 fractures pathologiques (67,5%), suivi de l’humérus avec 7 fractures pathologiques (8,75%), du tibia avec 6 fractures pathologiques (7,5%), du péroné avec 3 fractures pathologiques (3,75%), de la clavicule avec 3 fractures pathologiques (3,75%), du cubitus et du radius avec 2 fractures pathologiques chacun (2,5%), et enfin de l’omoplate, du métacarpe et du calcanéum avec une fracture pour chaque localisation (1,25%). 15 Site fracturaire Nombre de cas Pourcentage Fémur 54 67,5% Humérus 7 8,75% Tibia 6 7,5% Péroné 3 3,75% Clavicule 3 3,75% Cubitus 2 2,5% Radius 2 2,5% Omoplate 1 1,25% Métacarpe 1 1,25% Calcanéum 1 1,25% Tableau I : Sites fracturaires dans notre série 6- Antécédents pathologiques : 24 patients (30%) n’ont présenté aucun antécédent pathologique particulier personnel ou familial. Pour le reste des patients, les antécédents étaient réparties comme suit : Ø Personnels : o Médicaux : § Diabète insulinodépendant : 1 cas § Diabète non insulinodépendant : 5 cas § Hypertension artérielle : 3 cas § Tuberculose pleuro-pulmonaire : 4 cas § Asthme : 3 cas § Infections urinaires à répétition : 4 cas o Chirurgicaux : § Cancer du sein : 9 cas 16 § Cancer de la prostate : 6 cas § Cancer du rein : 2 cas § Cancer de l’estomac : 2 cas § Cancer de l’ovaire : 2 cas § Cancer de la thyroïde : 1 cas § Cancer du rectum : 1 cas § Tumeur cérébrale : 1 cas § Goitre : 1 cas § Hernie inguinale : 2 cas § Fractures traumatiques : 2 cas Ø Familiaux : o Médicaux : § Tuberculose pulmonaire : 4 cas § HTA : 6 cas § Diabète : 5 cas o Chirurgicaux : § Cancer du sein : 1 cas II. ETUDE CLINIQUE : 1- Mode de révélation des fractures pathologiques : (Fig. 5) Les fractures pathologiques ont été révélatrices de la maladie sous jacente dans 54 cas (67,5%). Elles sont survenues sur une lésion connue dans 26 cas (32,5%) : § Maligne dans 24 cas : 30% § Bénigne dans 2 cas : 2,5% 17 Inaugurale Tumeur bénigne Tumeur maligne 30,00% 67,50% Fig. 5 : Mode de révélation des fractures pathologiques dans notre série 2- Circonstances étiologiques de la fracture : (Fig. 6) Les principales situations dans lesquelles sont survenues les fractures pathologiques dans notre série se sont résumées à : § Chute de sa hauteur dans 48 cas (60%). § Spontanément dans 30 cas (37,5%). § Accident de travail dans 1 cas (1,25%). § Accident de la voie publique dans 1cas (1,25%). Chute Spontanée AVP AT 1,25% 1,25% 37,50% 60% Fig. 6 : circonstances étiologiques des fractures pathologiques dans notre série 18 3- Mécanisme fracturaire : (fig. 7) Le mécanisme a été direct dans 42 cas (52,5%), non précisé dans 30 cas (37,5%) et indirect dans 8 cas (10%). Direct Non précisé Indirect Fig. 7 : Mécanisme fracturaire dans notre série 4- Symptomatologie : (Tableau II) La douleur et l’impotence fonctionnelle ont été retrouvées dans tous les cas, la déformation avec une attitude vicieuse dans 62 cas (77,5%). L’état général de nos patients était altéré dans 27 cas (33,75%) et 8 d’entre eux (10%) ont présenté une fièvre prolongée. 50 malades (62,5%) ont présenté une tuméfaction, et quatre patients (5%) ont présenté des troubles vasculo-nerveux loco-régionaux : § Une paresthésie au niveau du moignon de l’épaule dans un cas (1,25%) § Une parésie dans le territoire du nerf médian et du nerf cubital dans un cas (1,25%) § Une paralysie radiale (main tombante) dans un cas (1,25%) § Une paralysie du nerf sciatique poplité externe dans un cas (1,25%) 19 Nous n’avons pas noté d’ouverture cutanée. Le reste de la symptomatologie retrouvée dans notre série a été : ▪ Douleurs lombaires : 2 cas ▪ Dysurie : 2 cas ▪ Pollakiurie : 1 cas ▪ Hépatomégalie : 2 cas ▪ Ascite : 1 cas ▪ Nodule du sein : 4 cas ▪ Adénopathie cervicale : 1 cas ▪ Adénopathie axillaire : 1 cas ▪ Adénopathie inguinale : 1 cas Symptomatologie Nombre de cas Pourcentage La douleur 80 100% L’impotence fonctionnelle 80 100% 8 10% Fièvre prolongée Altération de l’état général 27 33,75% Douleurs lombaires 2 2,5% Dysurie 2 2,5% Pollakiurie 1 1,25% Douleur 80 100% Déformation 62 77,5% 4 5% Hépatomégalie 2 1 2,5% 1,25% Nodule du sein 4 5% Adénopathie cervicale 1 1,25% Adénopathie inguinale 1 1,25% Signes de l’examen clinique Tuméfaction 50 Troubles vasculo-nerveux 62,5% Examen général Ascite Adénopathie axillaire 1 1,25% Tableau II : Tableau récapitulatif des différents symptômes dans notre série. 20 III. ETUDE RADIOLOGIQUE: 1- Radiologie conventionnelle : 1- 1 Incidences : Dans tous les cas, l’examen radiologique s’est basé sur l’analyse de la sémiologie radiologique du processus ayant causé la fracture. En même temps, un bilan a été demandé dans le but de détecter d’autres localisations lésionnelles à distance. Dans tous les cas, les incidences de face et de profil ont été réalisées. 1-2 Types de lésion osseuse : (fig. 8) Les lésions osseuses ont été uniques dans 72 cas (90%), et multiples dans 8 cas (soit 10%). L’aspect ostéolytique a été retrouvé dans 64 cas (80%), et mixte dans 16 cas (20%). L’aspect ostéocondensant n’a été retrouvé chez aucun de nos patients. 10% 20% Lésions mixtes Lésions multiples Lésions ostéolytiques Lésions uniques 80% 90% Fig. 8 : Types de lésions osseuses 1-3 Atteinte des parties molles : L’extension aux parties molles a été retrouvée dans 34 cas (42,5%). 2- Autres examens demandés : Après la radiologie conventionnelle, qui a été faite de façon systématique, la TDM était l’examen le plus demandé avec 16 cas recensés, suivi de : 21 § IRM : 1 cas § Scintigraphie osseuse: 1 cas § Artériographie : 1 cas 22 Photo 1 : Exemple de fracture pathologique de la diaphyse humérale gauche sur kyste osseux anévrysmal Photo 2: Exemple de fracture pathologique de la diaphyse fémorale droite sur métastase d’un cancer de la prostate. 23 IV. DIAGNOSTIC DE PRESOMPTION : Le diagnostic de présomption a été fortement suspecté devant la connaissance du cancer primitif et l’aspect typique des lésions dans 22 cas : § 9 cas de fractures métastatiques d’origine mammaire § 6 cas de fractures métastatiques d’origine prostatique § 2 cas de fractures métastatiques d’origine bronchique § 2 cas de fractures métastatiques d’origine gastrique § 1 cas de fractures métastatiques d’origine rénale § 1 cas de fractures métastatiques d’origine rectale § 1 cas de fracture métastatique d’origine parathyroïdienne L’aspect évocateur des lésions, l’âge, la clinique, la biologie et l’imagerie ont orienté le diagnostic dans 58 cas : ▪ C’est ainsi que l’ostéosarcome a été suspecté 18 fois, suivi du sarcome d’Ewing 13 fois. ▪ Le reste des diagnostics suspectés se sont répartis comme suit : - Tumeur à cellules géantes : 6 fois - Kyste osseux essentiel : 3 fois - Métastases d’un cancer bronchique : 2 fois - Métastases d’un cancer du sein : 6 fois - Métastases d’un cancer prostatique : 4 fois - Métastases d’un cancer du rein : 1 fois - Métastases d’un cancer thyroïdien : 1 fois - Chondrosarcome : 2 fois - Chondrome : 2 fois Dans 14 cas seulement, le diagnostic de présomption a été différent du diagnostic de certitude, retenu après la biopsie. 24 V. BIOLOGIE: Dans notre série, tous nos patients ont bénéficié au moins d’une NFS, VS, urée, créatinine, glycémie, bilan d’hémostase et groupage sanguin. Le Bilan hydro-électrolytique complet n’a été fait que dans 13 cas seulement. Les phosphatases alcalines ont été faites dans 4 cas (élevées), les phosphatases acides dans 3 cas (positives). Les transaminases, réalisées à 3 reprises ont été normales. Pour les marqueurs sériques : La PSA (prostatic specific antigen) réalisée 5 fois a été positive VI. HISTOLOGIE : 1-Délai d’évolution avant la biopsie : Le délai d’évolution moyen a été de 11 mois et 11 jours. Ce délai était variable avec des extrêmes allant de 5 jours à 10 ans. 2-Type de biopsie : Tous nos patients ont bénéficié d’une biopsie chirurgicale. Les biopsies percutanée et extemporanée n’ont pas été réalisées dans notre série. 3-Données histologiques : L’examen histologique a été concluant pour tous nos patients. Notre série compte : § 33 cas de tumeurs osseuses malignes secondaires : (41,25%) - 13 d’origine mammaire - 10 d’origine prostatique - 3 d’origine bronchique - 2 d’origine rénale - 2 d’origine gastrique 25 § - 1 d’origine rectale - 1 d’origine thyroïdienne - 1 d’origine parathyroïdienne 30 cas de tumeurs osseuses malignes primitives : (37,5%) - 12 ostéosarcomes - 9 sarcomes d’Ewing - 2 tumeurs à cellules géantes grade III - 2 chondrosarcomes - 2 synovialosarcomes - 1 liposarcome - 1 léiomyosarcome - 1 carcinome spinocellulaire invasif § 17 cas de tumeurs osseuses bénignes : (21,25%) - 7 tumeurs à cellules géantes grade I et II - 4 kystes osseux anévrysmaux - 3 kystes osseux essentiels - 2 hémangio-endothéliomes osseux - 1 chondrome 26 Photo 3 : Exemple de fracture pathologique de la diaphyse fémorale gauche sur métastase d’un cancer de la prostate Photo 4 : Exemple de fracture pathologique du massif trochantérien droit sur métastase d’un cancer du sein 27 VII. BILAN D’EXTENSION: (TABLEAU III) Dans tous les cas, une radiographie pulmonaire de face a été faite. Une échographie abdomino-pelvienne a été réalisée à 20 reprises ; suivie d’une radiographie du rachis dorsolombaire faite 6 fois, d’une radiographie du crâne faite 4 fois, d’une TDM abdomino-pelvienne et d’une bronchoscopie faites 3 fois respectivement. La TDM thoracique, l’échographie cervicale et la mammographie faites 2 fois chacune. La scintigraphie cervicale faite pour une tumeur de la thyroïde, la fibroscopie digestive, la rectoscopie, le lavement baryté, l’échographie mammaire, la biopsie mammaire, prostatique, et parathyroïdienne n’ont été réalisés qu’une seule fois. Tableau III : Tableau regroupant les examens demandés dans notre série. Examens demandés Nombre de fois réalisés Radiographie pulmonaire 80 fois Echographie abdomino-pelvienne 20 fois Radiographie du rachis dorsolombaire 6 fois Radiographie du crâne 4 fois TDM abdomino-pelvienne 3 fois Bronchoscopie avec biopsie 3 fois TDM thoracique 2 fois Echographie cervicale 2 fois Mammographie 2 fois Scintigraphie cervicale 1 fois Fibroscopie digestive 1 fois Rectoscopie 1 fois Lavement baryté 1 fois Echographie mammaire 1 fois Biopsie mammaire 1 fois Biopsie prostatique 1 fois Biopsie parathyroïdienne 1 fois 28 VIII. TRAITEMENT: 1- Durée d’hospitalisation : La durée moyenne d’hospitalisation de nos patients était de 14 jours avec des extrêmes allant de 5 jours à 32 jours. 2- But du traitement : Le but du traitement dans les fractures pathologiques était double : § Stabiliser la fracture pour un meilleur confort du malade. § Traiter la maladie causale. 3- Traitement orthopédique : Le traitement orthopédique a été réalisé chez 11 patients (13,75%). Il s’agissait essentiellement de patients inopérables de par leur état très altéré, recensés au nombre de 10 cas, soit 12,5% ; Egalement ce traitement a été utilisé chez un patient pour une tumeur kystique de l’extrémité distale du fémur. La durée d’immobilisation était fonction du type de fracture et de son siège ; elle était en moyenne de 6 semaines au membre supérieur, et de 12 semaines au membre inférieur. Notre série comptait : § 4 plâtres brachio-antébrachio-palmaires § 4 plâtres cruro-pédieux § 1 attelle cruro-pédieuse § 1 plâtre type Dujarier § 1 plâtre circulaire pendant 29 4- Traitement chirurgical : Le traitement chirurgical a été réalisé chez 69 patients (86,25%). Il dépendait essentiellement du site fracturaire et de l’étiologie en cause. 4-1 Bilan préopératoire : Clinique : Un examen clinique complet a été fait pour tous les patients à la recherche d’une pathologie pouvant influer sur le choix du type d’anesthésie et de l’acte opératoire, ou même les contre indiquer. Examen paraclinique : Tous nos patients ont bénéficié du bilan de base suivant : § NFS § VS § Groupage sanguin § Dosage de la glycémie et de l’urée sanguine § Radiographie pulmonaire D’autres examens ont été faits à la demande : § ECG dans 27 cas § Echographie cardiaque dans 6 cas § Echo-Doppler des deux membres inférieurs : 3 cas 4-2 Type d’anesthésie : L’anesthésie générale a été utilisée pour 42 patients (52,5%) et l’anesthésie locorégionale pour 38 patients (47,5%). 4-3 Type de chirurgie : Dans notre série, nous comptions 31 cas de chirurgie palliative (38,75%), 30 cas de chirurgie conservatrice (37,5%), et 8 cas de chirurgie radicale (10%). Le mode de fixation dépendait de : 30 § L’âge du patient § Le site fracturaire § La nature de la lésion § La pathologie sous-jacente C’est ainsi que notre série comptait : § 16 enclouages centro-médulaires § 12 plaques vissées § 10 lames plaques § 9 clous gamma § 3 fixateurs externes § 3 vissages § 3 vis plaque DHS § 1 vis plaque DCS § 1 embrochage § 1 prothèse de Moore § 1 prothèse intermédiaire § 1 prothèse totale de hanche o Ciment : Le ciment acrylique utilisé pour combler la cavité tumorale et autres pertes de substance osseuse a servi pour 27 patients dans notre série. o Autogreffe osseuse cortico-spongieuse : Au même titre que le ciment, l’autogreffe osseuse cortico-spongieuse a servi pour 6 patients dans notre série. 31 Photo 5 : Exemple de fracture pathologique pertrochantérienne gauche sur métastase d’un cancer du sein traitée par mise en place d’un clou gamma Photo 6 : Exemple de fracture pathologique de la diaphyse fémorale droite sur métastase d’un cancer de la prostate traitée par mise en place d’une plaque vissée 32 4-4 Difficultés techniques : En per-opératoire, plusieurs difficultés techniques ont été rencontrées : § Perte importante de substance osseuse dans 14 cas. § Difficulté de réduction de la fracture dans 9 cas. § Axes vasculaires pénétrant la tumeur dans 5 cas. § Saignement abondant dans 3 cas. 5- Traitement adjuvant : Un résultat optimal de la chirurgie ne pouvait être envisagé que par la complémentarité des traitements décidés, les protocoles étant nombreux. C’est ainsi que dans notre série : § La chimiothérapie néoadjuvante a été utilisée dans 7 cas § La chimiothérapie complémentaire a été utilisée dans 35 cas § La radiothérapie complémentaire a été utilisée dans 10 cas § La radiothérapie néoadjuvante, l’hormonothérapie et l’irathérapie n’ont pas été utilisées dans notre série. 33 Etiologies Localisations Nb Traitement chirurgical Site 1 E.D. fémur 1 Diaph. Plaque vissée + greffe osseuse 1 E.P. fémur Lame - plaque + ciment 1 E.P. fémur Plaque vissée + ciment Hémangioendothéliom 1 Diaph. Amputation – désarticulation de l’épaule 1 Diaph. péroné Vis – greffe osseuse Chondrome 1 2eme et 3eme Embrochage (3 broches) TUMEURS anévrysmal 1 BENIGNES e osseux adjuvant PCP pdt 3 mois humérale Vis plaque DCS E.P. fémur humérale métacarpien Traitement Lame – plaque + greffe osseuse E.P. fémur Kyste osseux orthopédiqu e 2 Kyste osseux essentiel Traitement métaphysoépiphysaire Tumeurs à cellules 1 E.D. fémur Fixateur externe + greffe osseuse Grade I 1 E.P. tibia Vissage (3 vis) Tumeurs à cellules 1 E.P. humérus Plaque vissée + ciment 2 E.D. fémur géantes géantes Grade II 1 1 E.D. fémur E.P. tibia Arthrodèse : clou fémoro-tibial + ciment Plaque vissée + ciment Fixateur externe Tableau IV : Mode de traitement des fractures pathologiques sur tumeurs bénignes dans notre série 34 Etiologies Localisations Nb Tumeur à cellules géantes TUMEURS MALIGNES Grade III Ostéosarcome 1 1 Traitement chirurgical Site E.D. fémur et E.P. tibia et péroné E.P. tibia 1 Omoplate 2 E.D. radius 1 E.P. fémur Traitement Traitement orthopédique adjuvant Plâtre type CTH comp. Clou fémoro-tibial + ciment Amputation Dujarier pdt 8 semaines 1 5 E.P. fémur Lame plaque + Ciment Diaph. fémur ECM + Ciment PRIMITIVES 1 Diaph. fémur 1 E.P. péroné P. BABP pdt 8 sem CTH comp. CTH comp. Vis-plaque DHS CTH néoadj. + comp. CTH néoadj. + Plaque vissée PCP pendant 3 comp. mois Sarcome d’Ewing 1 1 1 E.P. cubitus E.D humérus E.D. cubitus Amputation 1 Diaph. Fémur ECM + Ciment 1 Diaph. Fémur Plaque vissée + Ciment 1 E.D. péroné E.P. fémur Vissage (2vis) + greffe osseuse 1 E.P. fémur Lame – plaque + ciment 1 E.D. fémur et Fixateur externe 1 E.D. tibia Amputation Liposarcome 1 Clavicule Cleidectomie Carcinome spino 1 Calcanéum Amputation Léiomyosarcome 1 E.D. fémur Amputation cellulaire invasif P. BABP pdt 6 sem P. BABP pdt 8 sem CTH comp. CTH comp. CTH comp. Amputation 1 E.P tibia Plâtre circulaire pdt 6 semaines Diaph.humérus ECM + Ciment 1 Synovialosarcome Diaph.humérus Cleidectomie 1 1 Chondrosarcome Clavicule CTH + RTH comp. Tableau V : Mode de traitement des fractures pathologiques sur tumeurs malignes primitives dans notre série 35 Etiologies Cancer du sein Localisations Nb Site 1 E.P. fémur 1 E.P. fémur Traitement chirurgical Traitement Traitement orthopédique adjuvant PCP x 3 mois CTH comp. CTH comp. Lame – plaque + ciment 1 E.P. fémur RTH comp. Prothèse de Moore + ciment TUMEURS 3 E.D. fémur ECM CTH +RTH comp 4 E.P. fémur Clou gamma long CTH comp. 1 E.P. fémur ECM 1 E.P. fémur Prothèse intermédiaire 1 Diaph.fémur CTH + RTH comp. Attelle cruro- CTH comp. MALIGNES pédieuse Cancer de la 1 E.P. fémur prostate Vis – plaque DHS + CTH +RTH comp ciment 1 E.P. fémur Lame – plaque + CTH comp. ciment 1 E.P. fémur Lame + plaque puis SECONDAIRES PTH + ciment 1 Diaph.fémur ECM + Ciment 2 Diaph.fémur Plaque vissée 1 Diaph.fémur Plaque vissée + ciment CTH +RTH comp 3 E.P. fémur Clou gamma long CTH comp. Cancer 1 E.P. fémur Clou gamma CTH comp. bronchique 2 Diaph. fémur Plaque vissée CTH comp. Cancer du rein 1 Clavicule + Cleidectomie + ECM CTH +RTH comp CTH +RTH comp CTH comp. E.P. humérus Cancer de 1 E.P. fémur Clou gamma + ciment 1 E.P. fémur Lame – plaque + l’estomac Cancer du ciment 1 E.P. fémur Vis – plaque DHS 1 E.P. fémur Lame – plaque CTH néoadj + rectum Cancer de la comp. 1 E.P. humérus 1 E.P. fémur ECM + ciment thyroïde Cancer de la PCP (patient parathyroïde inopérable) Tableau VI : Mode de traitement des fractures métastatiques dans notre série 36 Cas clinique n°1 Photo n°7 : Cancer bronchique primitif chez un patient de 72 ans Opacité lobaire supérieure droite, à limites flous, spiculée Photos n°8 et 9 : Fracture pathologique pertrochantérienne droite sur métastase du cancer bronchique 37 Photo n°10 : Traitement chirurgical : mise en place d’un clou gamma 38 Cas clinique n°2 Photo n°11 : Fracture pathologique sous trochantérienne droite sur métastase d’un cancer du sein chez une patiente de 45 ans Photo n°12 : Traitement chirurgical : mise en place d’un enclouage centromédullaire de type Zimmer 39 Cas clinique n°3 Photo n°13 : Fracture pathologique sous trochantérienne droite chez un patient de 15 ans, sur kyste osseux anévrysmal Photo n°14: Traitement chirurgical : mise en place d’une vis plaque DCS 40 Cas clinique n°4 Photo n°15 et 16 : FCV pathologique droite sur métastase d’un cancer du sein chez une patiente de 66 ans Photo n°17 : Traitement chirurgical : mise en place d’une prothèse intermédiaire 41 Cas clinique n°5 : Photo n°18 : Fracture pathologique pertrochantérienne gauche sur métastase d’un cancer du rein Photo n°19 : Traitement chirurgical : mise en place d’un clou gamma 42 Cas clinique n°6 : Photo n°20 : Fracture pathologique de la diaphyse fémorale gauche chez un patient de 53 ans sur métastase d’un adénocarcinome moyennement différencié et invasif bronchique Photo n°21 : Traitement chirurgical : mise en place d’une plaque DCP large 43 IX. COMPLICATIONS : 1- Précoces : 1-1 Etat de choc : Il concerne deux patients (2,5%) : ▪ Un patient a développé en post-opératoire immédiat un état de choc hémorragique jugulé par transfusion de culots globulaires, culots plaquettaires et plasma frais congelé. Il n’a pas nécessité de reprise chirurgicale. ▪ Un second patient a développé en salle de réveil post-opératoire un état de choc anaphylactique ; sa prise en charge en soins intensifs a permis de le juguler en trois jours. Son état est devenu stable, les suites opératoires ont été normales. 1-2 Décès : Nous n’avons rapporté aucun cas de décès en post-opératoire immédiat dans notre série. 2- Secondaires : Trois patients (3,75%) ont développé une complication infectieuse avec une fièvre à 38,5°C. Tous les trois avaient bénéficié auparavant d’une chimiothérapie préopératoire avec la mise en place d’un cathéter veineux (suspecté être à l’origine de l’infection). Ils ont tous été traités par une antibiothérapie adaptée, l’apyrexie a été obtenue dans les 48 heures. 44 3- Tardives : 17 patients (21,25%) ont développé des complications tardives : 3-1 La récidive tumorale : ▪ 1 patient (1,25%) a fait une récidive kystique : Une fracture cervicale vraie survenue sur un kyste osseux essentiel de l’extrémité proximale du fémur, traitée par curetage, greffe cortico-spongieuse et fixation par lame- plaque qui a récidivé un an après l’acte chirurgical ; ce kyste étant asymptomatique. ▪ 5 patients (6,25%) ont eu une récidive locale tumorale maligne dans un intervalle allant de 18 mois à 4 ans avec une moyenne de 2 ans après leur traitement chirurgical : - 2 ostéosarcomes de l’extrémité supérieure du fémur ayant nécessité une reprise chirurgicale avec un nouveau protocole de chimiothérapie. - 1 tumeur à cellules géantes grade III du genou reprise chirurgicalement ; le matériel d’ostéosynthèse de la première intervention ayant été laissé en place. - 2 sarcomes d’Ewing : Au niveau de l’extrémité distale de l’humérus. Au niveau de l’extrémité proximale du cubitus. Tous deux ont eu un autre protocole de chimiothérapie plus agressif. 3-2 La récidive fracturaire : 3 patients (3,75%) ont eu une récidive fracturaire : ▪ Un patient traité pour cancer de l’estomac ayant métastasé au niveau de l’extrémité proximale du fémur, traité par exérèse – reconstruction et fixation par vis – plaque DHS a présenté, 2 ans après, à la suite d’un accident de la voie publique, une fracture cotyloïdienne traitée par prothèse totale de hanche. 45 ▪ Un autre patient présentant un ostéosarcome de l’extrémité supérieure du fémur traité par exérèse – reconstruction et fixation par lame – plaque avec chimiothérapie complémentaire, a développé 3 ans après, à la suite d’une chute de sa hauteur, une fracture identique à la première traitée cette fois par prothèse totale de hanche. ▪ Le troisième patient présentant une tumeur à cellules géantes grade III du genou traité par enclouage allant de l’extrémité supérieure du fémur au tibia, a fracturé le matériel d’ostéosynthèse. Il a été fixé par deux clous de Kuntcher et du ciment acrylique. Ce même patient avait (10 mois auparavant) fait une récidive tumorale. 3-3 Complications mécaniques : Une patiente traitée pour cancer du sein avec métastase de l’extrémité proximale du fémur par prothèse de Moore a fait une luxation de la hanche à la suite d’une chute d’escalier. Elle a été reprise chirurgicalement. 3-4 Métastase à distance : 3 patients (3,75%) ont développé des métastases à distance : ▪ Un cancer du sein ayant métastasé au niveau du fémur proximal avec fracture pathologique, traité par plâtre cruro – pédieux et chimiothérapie, a développé des métastases pulmonaires. La chimiothérapie a été renforcée. ▪ Un cancer de la prostate ayant métastasé au niveau du fémur proximal avec fracture pathologique a été traité par exérèse – reconstruction et fixation par lame – plaque avec chimiothérapie et radiothérapie complémentaires. Il a développé aussi des métastases pulmonaires. ▪ Un cancer bronchique ayant métastasé aussi au niveau de l’extrémité supérieure du fémur a été traité par mise en place d’un clou gamma avec 46 une chimiothérapie complémentaire. Il a développé des métastases hépatiques. 3-5 Décès : 4 patients (5%) sont décédés des suites de leur maladie : ▪ Un sarcome d’Ewing de l’extrémité distale du cubitus traité par amputation. Le décès a été rapporté par la famille 6 mois après son intervention, dans des circonstances inconnues. ▪ Un ostéosarcome de la diaphyse fémorale, traité par enclouage centro – médullaire et chimiothérapie complémentaire, est décédé 2 ans et demi après son intervention dans un tableau d’insuffisance respiratoire (métastases pulmonaires probables). ▪ Un cancer du sein métastasé à l’extrémité distale du fémur, traité par enclouage centro -médullaire avec chimiothérapie et radiothérapie complémentaires est décédé 2 ans après son intervention à la suite de métastases hépatiques et pulmonaires diffuses. ▪ Un cancer de la prostate métastasé à la diaphyse fémorale et traité par enclouage centro – médullaire avec chimiothérapie complémentaire est décédé 18 mois après son intervention sans raison connue. X. ETUDE DU RESULTAT FONCTIONNEL : 1- Critères d’évaluation : Les critères d’évaluation fonctionnelle étaient très difficiles à préciser et à cerner du fait que ces fractures pathologiques regroupaient de multiples séries variant en fonction du membre, du segment, du siège et de la cause de la fracture. Les résultats fonctionnels se résumaient en : o Au niveau du membre supérieur : 47 § Les résultats des fractures pathologiques de l’avant – bras sont jugés en fonction des critères de Jones évaluant le niveau de la douleur, l’utilisation fonctionnelle du membre, le résultat anatomique et enfin la mobilité du membre. § Les résultats des fractures pathologiques du bras, articulations de l’épaule et du coude sont évalués selon les critères de Stewart et Handley : le degré de douleur, la mobilité de l’épaule et du coude et enfin le résultat anatomique fracturaire. o Au niveau du membre inférieur : § Les résultats des fractures pathologiques de la cuisse, articulation de la hanche, sont évalués selon les critères de la cotation de Merle d’Aubigné et Postel : le niveau de douleur, la mobilité articulaire et la marche. § Les résultats des fractures pathologiques de la jambe, articulations du genou et de la cheville sont évalués selon les critères de Terschiphorst : degré de la douleur, mobilité articulaire du genou, mobilité articulaire de la cheville, le steppage et la boiterie. 2- Résultats globaux : 2-1 Recul post thérapeutique : Sur 80 patients dans notre série, 32 ont été perdus de vue (40%), ils n’ont pas répondu à notre convocation. 48 patients ont été régulièrement suivis. Le recul moyen était de 2ans et 9 mois avec des extrêmes allant de 5 mois à 8 ans. 2- 2 Evaluation fonctionnelle globale: La fonction du membre était : 48 § Excellente dans 6 cas (7,5%) § Bonne dans 18 cas (22,5%) § Moyenne dans 17 cas (21,25%) § Mauvaise dans 7 cas (8,75%) 2-3 Evaluation subjective : § Patients très satisfaits avec reprise d’une activité normale : 13 cas (16,25%). § Patients satisfaits avec amélioration nette de la qualité de vie : 21 cas (26,25%). § Patients satisfaits avec amélioration fonctionnelle : 9 cas (11,25%). § Patients déçus : 5 cas (6,25%). 49 50 I. ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE: 1- Incidence : Tous les auteurs s’accordent à dire que les fractures pathologiques sont des événements rares et leurs survenues constitue un argument en faveur du retard diagnostique et un facteur de mauvais pronostic. Dans notre série, l’incidence annuelle était de 4,7 cas /an. 2- Age : L’âge moyen dans notre série était de 46 ans avec des extrêmes allant de 14 à 80 ans. Tableau VII : Tableau récapitulatif de la moyenne d’âge selon les auteurs. Auteurs Nombre de cas Moyenne d’âge JULIAN DUTKA [1] 66 65,5 ans SEAN P. SKULLY [2] 52 16,5 ans 129 65 ans E.VANDEWEYER [4] 18 62 ans COTTALORDA [5] 16 8 ans 3559 69 ans WALID EBEID [7] 31 17 ans ALGAN [8] 29 59,2 ans JACKSON W.F.M [9] 23 12,2 ans HAENTJENS [10] 28 71 ans JOSE LOUIS TOME [11] 14 59,5 ans AJ BAUZE [12] 31 67 ans RIKARD [13] 192 63 ans NOTRE SERIE 80 46 ans FOURNEAU [3] HANNA.T.P [6] La moyenne d’âge dans notre série, est soit inférieure soit supérieure à celle des autres séries. Ceci s’explique par le fait que notre série regroupe les différentes étiologies tumorales des fractures pathologiques : celles qui touchent préférentiellement le sujet âge comme les métastases, ainsi que celles qui sont 51 surtout l’apanage de l’enfant comme le kyste osseux essentiel, le kyste osseux anévrysmal, l’ostéosarcome et le sarcome d’Ewing. Or dans la littérature, les séries regroupent des cas de fractures pathologiques liées à une pathologie tumorale touchant préférentiellement le sujet âgé ou le sujet jeune. 3- Sexe : Dans la plupart des séries, le pourcentage des femmes est plus élevé que celui des hommes. Ceci est dû à une plus grande fréquence des métastases osseuses dont le cancer d’origine est gynécologique [14, 15]. En effet, Le cancer du sein est responsable de plus de 40% des métastases osseuses [3, 16-21]. Tableau VIII : Tableau récapitulatif de la répartition des patients selon le sexe en fonction des auteurs. Pourcentage Nombre de cas Pourcentage de femmes JULIAN DUTKA [1] 66 60,6% 39,3% SEAN P. SKULLY [2] 52 45,7% 54,2% FOURNEAU [3] 129 78% 22% E.VANDEWEYER [4] 18 66,6% 33,3% COTTALORDA [5] 16 50% 50% HANNA.T.P [6] 3559 58,8% 41,2% WALID EBEID [7] 31 54,8% 45,1% ALGAN [8] 29 72,4% 27,5% JACKSON W.F.M [9] 23 30,4% 69,5% HAENTJENS [10] 28 53,5% 46,5% JOSE LOUIS TOME [11] 14 64% 36% RIKARD [13] 192 60,4% 39,5% AJ BAUZE [12] 31 54,8% 45,1% NOTRE SERIE 80 50% 50% Auteurs d’hommes Dans notre série, le sexe ratio est égal à 1, Ceci s’explique par : ▪ Notre série regroupe des fractures pathologiques sur tumeurs malignes primitives et secondaires. 52 ▪ Le niveau culturel de notre population fait que les femmes ne consultent pas autant que les hommes et se dirigent beaucoup plus aux médications traditionnelles. Par conséquent, nos chiffres sont sous estimés. II. ETUDE RADIOLOGIQUE : 1- Radiographie standard : La radiographie simple reste incontournable. Elle évalue la dynamique évolutive de la lésion et permet d’emblée de proposer une gamme diagnostique et d’écarter un certain nombre d’étiologies, grâce à une analyse systématique et actuellement bien codifiée. [23] Les radiographies doivent comporter au moins deux incidences orthogonales, en prenant les articulations sus- et sous-jacentes lorsqu’elles explorent un os tubulaire long. [24, 25] La radiographie numérisée, Actuellement présente dans la majeure partie des services d’imagerie médicale, facilite l’analyse des lésions, en modifiant le spectre de l’image afin d’étudier les tissus mous ou en utilisant un zoom pour mieux étudier la structure de l’os. [23-28] On peut schématiquement décrire trois types de lésions radiologiques : ostéolytiques, ostéocondensantes ou mixtes avec ou sans réaction périostée. 1-1 L’aspect ostéolytique : L’ostéolyse est liée à la destruction de l’os par le processus tumoral mais aussi à l’hyperpression secondaire à la stimulation des ostéoclastes et à l’hyperhémie. La perception d’une ostéolyse sur les clichés simples n’est pas toujours facile et dépend de la charge calcique de la zone atteinte [25, 29] : 53 – l’ostéolyse de l’os cortical compact est lente mais elle est dépistée plus précocement à cause de la très forte différence de densité entre l’os sain et l’os pathologique. – l’ostéolyse de l’os spongieux est plus rapide, mais difficile à voir car il faut une perte de la masse osseuse de 50 à 70 % pour que la lésion devienne visible. Les lésions lytiques sont les plus responsables de fractures pathologiques [30]. Les différents types d’ostéolyse ont été parfaitement décrits par Lodwick [31-33] et repris par d’autres auteurs [34, 35]. Aucun de ces aspects n’est pathognomonique d’un type donné de tumeur, mais ils donnent des informations capitales sur l’agressivité de la lésion. ▪ Type Ia : il s’agit d’une ostéolyse géographique avec liseré marginal de condensation. ▪ Type Ib : ostéolyse géographique avec liseré marginal mais sans condensation, et apparition d’une érosion corticale partielle. ▪ Type Ic : ostéolyse géographique avec perte du liseré marginal, et érosion corticale partielle ou totale. ▪ Type II : ostéolyse non géographique et apparition d’un aspect mité des berges spongieuses ou corticales >1cm. ▪ Type III : ostéolyse non géographique et apparition d’une perméation corticale effractive. Dans notre série, les lésions ostéolytiques représentent 80%, ce qui concorde parfaitement avec les résultats de la littérature. 1-2 L’aspect ostéocondensant : Beaucoup plus rares et ne semblent que très peu responsables des fractures pathologiques [36]. 54 Une condensation homogène est plutôt en faveur d’une origine bénigne (ostéome). Lorsqu’elle est hétérogène, la malignité est fortement suspectée (la condensation périphérique hétérogène est typique de l’ostéosarcome) [23]. Dans notre série, on ne note aucun cas de fracture pathologique sur lésion ostéocondensante pure. 1-3 l’aspect mixte : Il s’agit de l’association d’une ostéolyse et d’une condensation pouvant se rencontrer à la fois dans les lésions bénignes et malignes. Il apparaît assez rarement d’emblée et se présente comme un aspect tacheté associant des images lytiques et denses. Ce type mixte est souvent rencontré après le début du traitement, il est en faveur de l’efficacité thérapeutique [37]. Cet aspect a été retrouvé dans 20% des cas dans notre série. 1-4 Les différentes réponses cortico-périostées : C’est le signe d’une atteinte du périoste liée à différents phénomènes (expansion de la tumeur, vascularisation tumorale, réponse inflammatoire, complications). Elle se manifeste de différentes façons [25, 26, 27, 38]: ▪ Pleine, unilamellaire, mince : en rapport avec un processus lentement évolutif (granulome éosinophile). ▪ Pleine, homogène, hyperostéosante : également lentement évolutive (ostéome ostéoïde). ▪ Expansion corticale : aspect classique de corticale soufflée, en rapport avec une croissance lente. Le raccordement à la corticale de l’os hôte se fait avec une structure dense triangulaire appelée « contrefort » (buttress). 55 ▪ Lamellaire : aspect classique en « bulbe d’oignon » (plusieurs couches dans le sens longitudinal, parallèles au périoste) compatible avec une lésion d’évolution rapide mais pas nécessairement néoplasique. ▪ Spiculations : elles évoquent une lésion agressive et se présentent en « poils de brosse », en « rayons de soleil », « en velours », irrégulières ou complexes. ▪ Triangle de Codman ou éperon périosté : Il est en rapport avec une lésion agressive. Il a un aspect lamellaire et la corticale à son contact est détruite. La radiographie standard permet grâce à l’aspect de la lésion osseuse d’avoir une approche de l’étiologie si celle-ci n’est pas déjà connue [10, 19, 36], d’apprécier le risque de fracture en montrant le degré d’atteinte de la corticale et de surveiller l’évolution sous traitement. Cependant, dans bien de cas, la distinction de la nature de certaines lésions s’avère parfois difficile, d’où l’intérêt d’avoir recours à d’autres examens plus performants. 2- La tomodensitométrie (TDM) : La TDM, grâce à sa résolution spatiale, sa résolution en contraste et sa capacité à fournir des reconstructions multiplanaires de haute qualité, garde un intérêt majeur dans l’exploration des tumeurs osseuses [23, 39-41]. Son intérêt principal réside dans la possibilité d’explorer des zones difficilement accessibles en radiographie standard telles que le pelvis, le sacrum, le rachis ou la base du crâne [42, 43]. La corticale osseuse est la structure la mieux étudiée. Elle permet d’affirmer l’existence d’un simple amincissement ou d’une destruction et de prédire le risque de fracture [39]. Elle permet également de préciser les caractéristiques de la réaction périostée. 56 La TDM est également l’examen clé pour évaluer la matrice tumorale d’une lésion, en particulier à la recherche de calcifications. Elle s’avère très utile pour guider un geste à visée diagnostique ou thérapeutique [10]. Enfin, la TDM thoracique est largement utile pour l’exploration du parenchyme pulmonaire à la recherche de localisations secondaires de tumeurs malignes dès le diagnostic et au cours de la surveillance, pendant et à distance du traitement. Dans notre série, la TDM a été réalisée dans 20% des cas, elle nous a permis de mieux visualiser les lésions osseuses décrites sur la radiographie, et d’appuyer notre orientation diagnostique. Des pourcentages similaires se retrouvent dans d’autres série : Cottallorda [5] avec 21% et Anract [44] avec 25%. Cependant, la fiabilité du scanner dans l’évaluation des tumeurs malignes est controversée. On lui préfère classiquement l’IRM pour explorer l’extension intraosseuse de la lésion et l’envahissement des structures adjacentes (parties molles, éléments vasculonerveux, articulations). 3- L’imagerie par résonance magnétique (IRM) : Avec ses deux variantes T1 et T2, c’est l’examen aujourd’hui quasiment obligatoire pour toute tumeur osseuse suspecte de malignité [45- 49]. L’administration de gadolinium n’est pas systématique et est au centre de nombreux débats [50-53]. L’IRM permet non seulement d’examiner la région tumorale elle-même, mais aussi ses relations avec les secteurs environnants : vasculonerveux, articulaires et musculaires. Elle permet de cerner les relations de la tumeur avec les cartilages de croissance, le canal médullaire : en particulier son envahissement et l’existence ou non de skipmétastases. 57 L’IRM est aussi, comme le scanner, une méthode d’exploration des structures telles que le pelvis, le sacrum [42], le rachis, la paroi thoracique [54, 55] difficilement analysables sur les clichés standards, et recherche ainsi une atteinte des structures adjacentes. L’utilisation de l’IRM dans les lésions bénignes est rarement nécessaire. Son rôle est essentiel depuis l’avènement des chimiothérapies néoadjuvantes et adjuvantes associées à une chirurgie permettant la conservation du membre atteint. Elle permet une mensuration exacte de la lésion tumorale et de la pièce osseuse dans laquelle elle siège ; ce renseignement est primordial pour le chirurgien si l'on envisage ultérieurement une résection suivie de prothèse. L’IRM doit être réalisée avant la biopsie et le début de la chimiothérapie, événements qui vont modifier l’aspect tumoral [53]. L’IRM sert de référence pour évaluer la réponse thérapeutique à la chimiothérapie et l’éventuelle diminution du volume tumoral, indispensables pour le chirurgien et l’oncologue [43, 48, 49, 56]. En outre, l’IRM est un examen de surveillance efficace pour le suivi à long terme des tumeurs osseuses après traitement, à la recherche de récidives locales [57]. Elle a malheureusement quelques désavantages ; elle montre moins bien que la TDM les destructions osseuses, les réactions périostées, et les calcifications du stroma tumoral. Dans notre série, l’IRM n’a été réalisée que dans 1,25% des cas. Notre pourcentage est nettement inférieur à celui d’autres séries : Cottalorda [5] avec 5,3% et Anract [44] avec 18%. Ceci s’explique par les difficultés d’accès et le coût relativement élevé de cet examen et par le bas niveau socio-économique de la population marocaine. 58 4- La scintigraphie : La scintigraphie osseuse est une technique d’imagerie non invasive, plus fonctionnelle qu’anatomique et susceptible, du fait de sa précocité et de sa sensibilité, d’apporter des informations diagnostiques ou pronostiques essentielles dans les pathologies osseuses tumorales [58]. Le marqueur habituellement utilisé est un diphosphonate marqué au technétium 99 [23, 58]. Elle représente, par sa haute sensibilité (95%) [59-62], un outil précieux pour le bilan initial et dans la surveillance des cancers ostéophiles [63-65]. Malheureusement, la spécificité de cet examen n’étant pas très élevée, pose souvent le problème du diagnostic différentiel entre les métastases et les pathologies bénignes qui entraînent un remaniement osseux [66-71]. La scintigraphie osseuse trouve tout son intérêt dans la détection des récidives tumorales, et des métastases d’une pathologie tumorale connue et notamment lorsque les lésions sont suspectées cliniquement mais ne sont pas vues sur les radiographies standards [72, 73]. Elle permet également la détection de fractures à localisation « particulière » (rachis et sacrum) où la TDM est limité [74, 75]. D’autres traceurs (thallium 201, technétium 99 méthoxy-isobutyl-isonitrile [MIBI]) sont à l’étude pour l’exploration du squelette dans l’évaluation de la réponse d’une tumeur à la chimiothérapie néoadjuvante [72, 76]. Dans notre série, un seul patient (1,25%) a bénéficié d’une scintigraphie osseuse, ceci est dû à l’absence de localisations vertébrales et sacrées dans notre série, mais surtout au stade tardif auquel se présente nos patients, où la scintigraphie n’est plus d’une grande utilité par rapport au début de la maladie. 59 5- Le PET scan : C’est un examen en cours d’évaluation et n’a pas d’indication standard actuelle. Positron emission tomography (PET) scan est basé sur la captation préférentielle du traceur 18 Fluoro-désoxyglucose par les cellules malignes qui ont un métabolisme glucidique augmenté. Ainsi, le PET scan détecte la présence de cellules tumorales malignes directement en quantifiant leur activité métabolique [77]. Il pourrait permettre une différenciation entre les lésions bénignes et malignes et offrir ainsi une meilleure spécificité que la scintigraphie osseuse. Toutefois, des études significatives sont nécessaires pour évaluer son efficacité. En effet, sa principale limite est un taux élevé de faux positifs [78]. 6- Artériographie : Elle n’est utilisée que dans des cas particuliers [23]: ▪ Embolisation artérielle sélective d’une tumeur [43]. ▪ Evaluation avant une chirurgie complexe, notamment vertébrale, à la recherche de l’artère d’Adamkiewicz. ▪ En cas d’atteinte vasculaire par une lésion très étendue (cette indication étant supplantée par l’ARM, voire l’angioscanner). ▪ Avant d’utiliser un greffon fibulaire vascularisé. D’un point de vue morphologique, l’artériographie n’est plus utilisée à l’heure actuelle pour faire le diagnostic d’une tumeur osseuse devant les progrès de la résonance magnétique nucléaire, voire l’angio-IRM [23, 79]. Dans notre série, l’artériographie n’a été réalisée que dans 1 cas seulement. 60 On peut expliquer cela par l’intérêt très limité que suscite cet examen, l’absence dans notre série de localisations vertébrales et sacrées réputées être hémorragiques, et surtout le contexte d’urgence que constitue la fracture. 7- Echographie : Son rôle est extrêmement réduit en pathologie tumorale osseuse. Elle permet éventuellement d’explorer la composante tissulaire d’une structure osseuse et notamment de juger de sa nature kystique. Dans ce cas, elle doit être obligatoirement confrontée aux radiographies [23]. Son emploi pour guider une biopsie percutanée a été suggéré dans une étude récente [80]. III. DIAGNOSTIC DE PRESOMPTION : Si le diagnostic de certitude est établi par l’histologie, le meilleur diagnostic possible est indispensable avant celle-ci pour la décision et surtout la qualité de la biopsie [81]. Il est donc admis que devant une lésion osseuse, la décision et la réalisation de la biopsie se fondent sur l’établissement préopératoire du diagnostic le plus précis possible. Sur celui-ci se base non seulement la décision de pratiquer la biopsie mais aussi son intégration dans le plan thérapeutique qu’elle ne doit pas perturber. Trois éléments sont fondamentaux à prendre en compte pour l’orientation du diagnostic [25] : 1– Age : L’âge est une notion capitale. Les études épidémiologiques sur des grandes séries [38, 82- 85], démontrent qu’il existe des pics de fréquence en fonction des décennies : 61 ▪ La tumeur à cellules géantes ne se voit pas avant la puberté et est très rare avant 18 ans ▪ L’ostéosarcome et le sarcome d’Ewing surviennent surtout dans la deuxième décennie, et à un degré moindre dans la troisième, alors que les chondrosarcomes se retrouvent pendant les quatrième, cinquième et sixième décennies. Il faut donc, chaque fois que l’on donne une orientation diagnostique, vérifier que celle-ci correspond à la tranche d’âge et, en cas d’images identiques, orienter vers la lésion qui correspond le plus à l’âge [25]. 2- Le nombre et la localisation : Devant la découverte d’une lésion, il faut s’assurer qu’elle est solitaire ou multiple. Des lésions multiples orientent vers l’histiocytose X ou le neuroblastome métastatique chez l’enfant et les métastases ou le myélome chez l’adulte [25]. En cas de localisation solitaire : ▪ Certaines tumeurs ont une prédilection pour les os plats et les os courts comme le chondrosarcome pour le bassin et le plasmocytome pour le rachis, les côtes, le sternum. ▪ Certaines tumeurs sont presque exclusivement situées sur des os particuliers : Le kyste osseux essentiel sur l’extrémité supérieure de l’humérus et du fémur, le chordome sur le sacrum, et l’hémangiome sur le rachis ou la voûte du crâne. ▪ Au niveau des os longs, le siège diaphysaire, métaphysaire ou épiphysaire donne des orientations diagnostiques [86] : 62 - Les localisations épiphysaires doivent faire évoquer en premier lieu trois diagnostics : tumeur à cellules géantes, chondroblastome ou chondrosarcome à cellules claires. - Une localisation diaphysaire fait évoquer un sarcome d'Ewing. 3- l’aspect radiologique : Les signes radiologiques en faveur d’une lésion bénigne sont [87]: ▪ La petite taille de la lésion ▪ Ses limites nettes ▪ Un liseré de condensation périphérique ▪ L’intégrité des corticales ▪ L’absence d’envahissement des parties molles Les signes radiologiques en faveur d’une lésion maligne sont [87]: ▪ La taille importante de la lésion ▪ Ses limites floues ▪ L’absence de liseré de condensation périphérique ▪ L’érosion ou rupture des corticales ▪ L’envahissement des parties molles ▪ La présence d’une réaction périostée (Eperon de Codman, feu d’herbes) Certains aspects radiologiques sont caractéristiques [86] : ▪ Un aspect en " verre dépoli " est caractéristique d'une dysplasie fibreuse ▪ Un épaississement cortical avec un nidus est très évocateur d'un ostéome ostéoïde ▪ La matrice tumorale peut être ponctuée de calcifications, quand elles sont floconneuses, en "pop-corn ", elles font évoquer une tumeur cartilagineuse ▪ Une réaction en "feu d'herbe" est fréquemment retrouvée dans les ostéosarcomes 63 ▪ Une apposition périostée en " bulbe d'oignon " est caractéristique d'un sarcome d'Ewing Dans des situations rares les radiographies standards sont insuffisantes pour évoquer un diagnostic ; c'est le cas pour les tumeurs du rachis et des os plats où la TDM et l'IRM permettent une analyse tridimensionnelle de la lésion et peuvent aider au diagnostic. Pour l'ostéome ostéoïde, un scanner en coupes fines et jointives est le meilleur examen. Pour les kystes anévrismaux, la visualisation de niveaux liquide sur une TDM ou sur une IRM est très en faveur de ce diagnostic [86]. La vitesse d’accroissement est un autre élément à prendre en compte, une lésion bénigne étant lentement évolutive alors qu’une lésion maligne est rapidement évolutive [25]. Au terme de cette analyse qui doit être méthodique et rigoureuse, l’âge du patient, la localisation de la lésion sur le squelette, le caractère solitaire ou multiple, l’appréciation de l’agressivité de la lésion par l’évaluation de la vitesse d’accroissement et par l’analyse sémiologique, une physionomie caractéristique de certaines tumeurs permettent le plus souvent de donner une orientation diagnostique et de mieux décider de la stratégie diagnostique et thérapeutique ultérieure [25]. 4- Proposition d’une stratégie devant la découverte d’une lésion osseuse solitaire : L’approche diagnostique aboutit, en général, à trois situations possibles [25]: ▪ La lésion est bénigne. ▪ La lésion est maligne. ▪ La lésion est incertaine. 64 4-1 La lésion est bénigne : Il faut dans ce cas définir : ▪ Les lésions pour lesquelles il faut éviter la biopsie et établir une surveillance radio clinique simple. ▪ Les lésions dont il faut confirmer le diagnostic par biopsie. ▪ Les lésions pour lesquelles il faut réaliser un traitement chirurgical (injection médicamenteuse, traitement percutané, curetage plus ou moins adjuvant, excision en bloc...). 4-2 La lésion est maligne : Il faut alors, dans un délai rapide, pratiquer un bilan complet qui sera : ▪ Locorégional avec clichés simples et exploration complète par IRM. ▪ Général avec scintigraphie osseuse, radiographie et TDM pulmonaires. L’analyse soigneuse de la tumeur, par l’IRM, permet de choisir le ou les territoires qui doivent être biopsiés. Cette biopsie chirurgicale doit être réalisée par le chirurgien qui effectue la reconstruction en cas de confirmation du diagnostic, afin de ne pas hypothéquer celle-ci par un geste inadapté. La stratégie thérapeutique est ensuite discutée, en pluridisciplinaire, en fonction du bilan initial et du type histologique de la tumeur. 4-3 La nature de la lésion est incertaine : Cette situation est, malgré nos progrès en imagerie, loin d’être rare et il reste souvent difficile de faire la différence entre une lésion bénigne et maligne. Dans ce cas, il faut un diagnostic anatomopathologique précis pour décider de la thérapeutique et la biopsie est impérative. 65 Il faut agir comme s’il s’agissait d’une tumeur maligne afin, là aussi, de ne pas hypothéquer une chirurgie de reconstruction au cas où la tumeur s’avérerait réellement maligne. Il faut soigneusement explorer ces patients avec tous les moyens dont nous disposons, dans un court espace de temps et ne réaliser la biopsie qu’après, sans la retarder : ▪ Pour que celle-ci soit mieux dirigée. ▪ Pour qu’elle ne modifie pas la sémiologie. 5- Proposition d’une stratégie devant la suspicion de métastases osseuses : Quatre situations peuvent se rencontrer au cours desquelles sera évoqué avec plus ou moins de facilité le diagnostic de métastase osseuse. Dans ces situations, la difficulté diagnostique va croissante et les moyens d’imagerie vont devoir se compléter de manière variable pour aboutir au diagnostic. 5-1 Le cancer primitif est connu et l’aspect radiologique des lésions osseuses est typique : C’est le cas le plus facile et le plus fréquent [16, 19, 88]. Les signes cliniques sont évocateurs, le rôle de l’imagerie est triple : ▪ Elle doit confirmer le diagnostic de la métastase ▪ Faire le bilan d’extension de la maladie ▪ Et assurer une surveillance La biopsie préalable au traitement ne se justifie pas, elle sera réalisée dans le même temps opératoire pour confirmer le diagnostic. 5-2 Le cancer primitif est inconnu et l’aspect des lésions est évocateur : Les signes cliniques, l’âge du patient, la biologie, le nombre de lésions orienteront vers le diagnostic du néoplasme. 66 L’imagerie a pour rôle de confirmer le diagnostic, de faire le bilan d’extension et d’assurer la surveillance, mais elle doit aussi orienter la recherche du cancer primitif [89]. Ainsi les caractères des images métastatiques [90, 91], sont susceptibles d’orienter le diagnostic étiologique : ▪ Devant une lyse expansive, penser au rein, au sein, à la thyroïde, à l’hépatocarcinome. ▪ Une métastase condensante pure oriente d’emblée vers la prostate [92], cependant les métastases prostatiques peuvent être lytiques dans 25% des cas [93], penser également au sein, au cancer digestif, à une tumeur carcinoïde. ▪ Lorsque la diffusion est métastatique massive, la recherche se limitera aux cancers hormonodépendants (thyroïde, ovaire, testicule). La biopsie dans ce cas sera faite en même temps qu’un geste de stabilisation et si elle n’apporte pas le diagnostic du cancer d’origine, elle pourra orienter la recherche vers un organe donné. 5-3 Le cancer primitif est connu mais l’aspect des lésions est atypique : La lésion osseuse est atypique par : ▪ Sa topographie ▪ Son aspect radiologique ▪ Son caractère unique ▪ Discordance radio-clinique Exemple : le contexte clinique est évocateur de la métastase mais la scintigraphie est négative, il est intéressant dans ce cas de pratiquer une IRM, qui est d’une grande sensibilité, la biopsie confirme le diagnostic. 5-4 Le cancer primitif est inconnu et l’aspect des lésions est atypique : 67 C’est le cas le plus difficile, le rôle de l’imagerie est dans un premier temps de faire le diagnostic (le recours à la biopsie est souvent nécessaire [22]), de rechercher le cancer primitif et enfin de réaliser le bilan d’extension et la surveillance. Notre série compte 82,5% des cas où le diagnostic de présomption concordait avec le diagnostic histologique final. Ceci s’explique par le fait que dans notre contexte, vu l’accès difficile et surtout tardif des patients aux soins, les patients consultent à un stade plus évolué de leur maladie. Le tableau radio-clinique est alors plus riche et plus bruyant, ce qui permet une meilleure orientation diagnostique. 68 IV. BIOLOGIE : 1- Examens biologiques courants : Les examens de laboratoire courants apportent peu au diagnostic étiologique des tumeurs osseuses [16, 19, 94]. On peut constater : ▪ Une vitesse de sédimentation et des phosphatases alcalines élevées, une anémie et/ou une polynucléose. ▪ Des troubles du métabolisme phosphocalcique variables selon le caractère condensant (hypocalcémie parfois) ou lytique (hypercalcémie avec phosphorémie normale, hypercalciurie) de la métastase. L’hypercalcémie complique 7 à 30% des métastases ostéolytiques des cancers du sein. Pour Gibbons [17], lorsque le taux de calcémie est supérieur à 110mg/ml, il s’agit d’une urgence médicale mettant en jeu le pronostic vital, d’où l’intérêt de surveiller la calcémie au cours de l’évolution d’une métastase osseuse. Outre le bilan sanguin habituel, il est intéressant de faire un bilan plus poussé avec une électrophorèse des protides sanguins et une protéinurie de 24 H avec recherche de Bence Jones urinaire, pour éliminer un myélome. 2- Les marqueurs tumoraux sériques : Il est classique de dire que seul le dosage du PSA ( prostatic specific antigen ) a un intérêt étiologique dans un contexte métastatique, du fait de sa sensibilité et de sa spécificité d’organe et que le dosage des autres marqueurs sériques est surtout précieux pour suivre l’évolution d’un cancer traité. En effet, leur sensibilité est loin d’être parfaite et leur spécificité laisse beaucoup à désirer. 69 Ceci a été confirmé lors d’une étude rétrospective réalisée par Claire Destombe [95]. Les marqueurs tumoraux suivants : PSA, ACE et CA15/3 ont été étudiés. La sensibilité et la spécificité des trois principaux marqueurs ont été calculées : Tableau IX : Rentabilité du PSA, de l’ACE et du CA 15/3, pour la recherche du cancer primitif [95]. Marqueur Cible du Nombre de patients ayant Nombre de patients ayant Rentabilité (Vrai marqueur bénéficié d’un dosage du le marqueur positif positif) marqueur PSA Prostate 32 31 22 (68) ACE Carcinome 56 48 46 (82) Sein 26 25 14 (54) CA 15/3 Le tableau reflète bien les faibles sensibilités et spécificités de l’ACE et le CA15/3. Au contraire, le PSA apparaît comme un marqueur intéressant pour la recherche du cancer primitif. Euller Ziegler [96] a montré un intérêt des marqueurs tumoraux dans une étude sur 20 patients, avec un dosage systématique de l’ACE, l’alphafoetoprotéine, les phosphatases acides prostatiques, le PSA, le SCC [L’antigène SCC (Squamous cell carcinoma) est un marqueur des cancers épidermoïdes (col utérin, ORL, poumon)], le CA 19-9, le CA 15-3 et le CA 125. Elle souligne ainsi que 70 % des métastases osseuses inaugurales expriment un marqueur cible correspondant au cancer originel (authentifié par l’examen anatomopathologique). Parfois le patient présente une élévation de plusieurs marqueurs ou un taux à la limite de la significativité. C’est pourquoi les marqueurs apparaissent plus souvent comme des aides pour s’orienter, mais une confirmation radiologique ou anatomopathologique paraît nécessaire afin de confirmer le cancer primitif [95]. 70 La principale mission demandée à un marqueur tumoral en phase métastatique déclarée est d'aider l'évaluation thérapeutique. Plusieurs auteurs out tenté de corréler l'évolution du CA 15-3 sous traitement et l'efficacité de ce dernier. Généralement, on admet une corrélation positive lorsque le CA 15-3 régresse de plus de 50% en cas de réponse objective, augmente de plus de 25% en cas de progression et reste stable (moins de 25% de variation) en cas de stabilisation de la maladie [97]. Tableau X : Corrélations thérapeutiques (variations du marqueur en fonction de l’évolution sous traitement). Auteurs Nombre de patientes Corrélation positive (%) Hayes [98] 57 74 Namer [99] 100 63 Tondini [100] 53 61 Maigre [101] 66 93 Kallioniemi [102] 27 96 Safi [103] 77 100 Total 380 78 Sur le plan pronostique, aucune valeur indépendante ne semble pouvoir être conférée au CA 15-3, bien qu'il aurait pu être rapporté une corrélation entre le taux de CA 15-3 et l'importance de la masse tumorale [104]. Mais, quelque soit le secours apporté par l’utilisation des marqueurs sériques, il ne saurait éliminer la nécessité d’un examen histologique soit de la métastase, soit directement du viscère concerné, suivant les orientations obtenues par les examens complémentaires. 71 V. HISTOLOGIE : La biopsie d’une lésion osseuse est à la fois un acte diagnostique et la première étape de la prise en charge thérapeutique d’une tumeur osseuse. Sa réalisation conditionne le bon déroulement du traitement. La biopsie doit être faite, après un bilan d’imagerie complet, par l’équipe chirurgicale qui assurera l’ensemble du traitement [86, 105]. Les tumeurs osseuses, surtout si elles sont suspectes de malignité, doivent être prises en charge dans des centres spécialisés, par une équipe associant les services d’imagerie, d’anatomopathologie, de chirurgie orthopédique et de cancérologie [105, 106]. Cette discussion multidisciplinaire du dossier permettra de préciser l’indication de la biopsie et ses modalités techniques. 1- Types de biopsies : 1-1 La ponction biopsie : La ponction biopsie percutanée (PBP) est un examen fréquemment utilisé pour le diagnostic des lésions osseuses cancéreuses primitives ou secondaires [107]. Elles sont effectuées sous amplificateur de brillance ou sous scanner, le plus souvent après une simple anesthésie locale. Elles sont faites soit à l’aiguille soit de préférence avec un trocart de quelques millimètres de diamètre. Les « aspirations » à l’aiguille ne permettent qu’une analyse cytologique (et non pas histologique !) [86, 79]. La ponction biopsie percutanée est un geste simple, peu coûteux et rentable dans le diagnostic des lésions tumorales osseuses [107]. On la conseille généralement [109, 110] : 72 ▪ Dans les lésions où l’abord chirurgical n’est pas anodin (corps vertébral, cotyle). ▪ Dans les cas où un diagnostic presque certain cherche une simple confirmation. ▪ En cas de métastases osseuses car, en règle, les aspects sont homogènes et identiques d’un endroit à l’autre de la lésion. ▪ S’il s’agit simplement de confirmer une suspicion de récidive sur une tumeur dont le diagnostic de variété est déjà connu. Ses inconvénients sont les suivants [108] : ▪ Prélèvement de faible volume (moins il en a, plus le pathologiste risque l’erreur). ▪ Impossibilité de choisir « à l’oeil nu » les zones probablement significatives. ▪ Plus grand risque de biopsie blanche. ▪ Plus grand risque d’erreur diagnostique si la maladie n’a pas le même aspect d’un endroit à un autre. ▪ Risque d’intéresser un cal en voie de formation, si la fracture n’est pas récente, et être responsable d’erreurs diagnostiques graves. En cas d’échec du diagnostic après deux prélèvements, il ne semble pas utile de renouveler ce geste et de passer à la biopsie chirurgicale [107]. 1-2 La biopsie extemporanée : Elle nécessite des conditions techniques préalables : ▪ Le laboratoire doit être situé dans l’établissement où se déroule l’acte chirurgical. ▪ Elle impose au pathologiste la connaissance préalable des informations radio-cliniques de la lésion en cause, et la présence d’un contingent suffisant en tissus mous car aucune décalcification n’est possible [36]. 73 Elle apporte deux informations fondamentales [111] : ▪ Elle affirme que le prélèvement a bien porté sur la lésion. ▪ Elle permet de dire si les prélèvements sont significatifs ou pas (passage en zone saine). Elle fait appel surtout à la cytologie et à l’étude des empreintes cellulaires sur lame permettant de différencier un processus bénin d’un processus malin, un processus secondaire d’un processus primitif. La malignité ne peut être affirmé par le pathologiste que s’il a affaire à une prolifération tumorale homogène (lymphome, myélome, tumeur d’Ewing, métastase). Dans tous les autres cas, l’examen peut ne pas avoir porté sur un secteur où la malignité est affirmée et de faux négatifs sont possibles [81]. Aucune décision thérapeutique radicale ne peut donc être prise sur une biopsie extemporanée [36]. 1-3 La biopsie chirurgicale : La biopsie chirurgicale est la méthode la plus fréquemment utilisée, surtout lorsque l’anatomopathologiste la réclame pour obtenir une quantité de tissu tumoral bien interprétable [79]. Elle autorise le prélèvement de fragments suffisamment volumineux d’os pathologique. Elle permet de multiplier les prélèvements et d’examiner les parties molles adjacentes à l’os et assure ainsi une meilleure étude histologique [108]. Les inconvénients (médicaux et économiques) sont ceux de toute hospitalisation et de tout acte chirurgical [108]. Elle risque également d’augmenter la fragilisation osseuse en aggravant une fracture [79]. Il n’a jamais été prouvé que la biopsie d’une tumeur maligne augmente le risque de dissémination à distance. Les métastases infracliniques existaient avant la biopsie. 74 Elle sera au mieux réalisée par l’équipe chirurgicale qui prendra en charge ultérieurement le patient [112]. La biopsie doit être planifiée sur les documents iconographiques pré-opératoires [106]: ▪ Radiographie standard face et profil ▪ IRM ▪ Dans certains cas scanner et scintigraphie osseuse pré-biopsique La biopsie chirurgicale doit être réalisée selon un plan chirurgical précis et déterminé [79, 86, 106, 108, 113]: ▪ Elle doit être faite sous garrot sans vidange chaque fois que la localisation le permet. ▪ Elle est réalisée par une courte voie d'abord située, si possible, sur le trajet de la voie d'abord qui sera utilisée pour la résection chirurgicale de la tumeur, afin que la cicatrice de biopsie soit exisée en monobloc avec la tumeur. ▪ Le trajet de la biopsie doit être le plus direct possible, trans musculaire, à distance des gros troncs nerveux et vasculaires. Si une articulation est proche de la tumeur, elle ne doit pas être ouverte, sauf si la tumeur est intra-articulaire, ceci afin de ne pas les contaminer par la tumeur. ▪ Le prélèvement sera guidé par les constatations per-opératoires, et comportera des prélèvements extra-osseux si la tumeur à une composante dans les parties molles, des fragments osseux de préférence en périphérie de la lésion à la jonction os sain - os pathologique. Les prélèvements doivent être nombreux surtout si l’aspect de la tumeur est nécrotique. 75 ▪ L’hémostase doit être parfaite, et un drainage par drain de redon qui sortira dans l’axe de l’incision et à proximité de celle-ci est le plus souvent nécessaire. Le résultat n’est récupéré que quelques jours plus tard. Le délai est variable selon la consistance de l’échantillon et la durée nécessaire à la décalcification [108] : ▪ Les tissus mous : 5 à 8 jours ▪ L’os spongieux ou l’os cortical lytique : 1 ou 2 semaines ▪ L’os cortical dense : 2 à 4 semaines Dans notre série, la biopsie chirurgicale a été réalisée chez tous nos patients, vu le caractère d’urgence de la fracture pathologique et l’obligation de s’enquérir du diagnostic le plus certain avant d’entamer un geste thérapeutique. 2- Données histologiques : Une fois la biopsie faite, l’anatomopathologiste examine les prélèvements par des techniques spécialisées et établit enfin un diagnostic de certitude. Dans notre série, ce sont les tumeurs osseuses malignes secondaires qui ont été le plus souvent à l’origine de fractures pathologiques, avec surtout comme cancer d’origine, par ordre décroissant : le cancer du sein, le cancer de la prostate, le cancer bronchique, le cancer rénal et gastrique, et en dernier les cancers rectal, thyroïdien et parathyroïdien. Elles sont suivies des tumeurs osseuses malignes primitives, avec par ordre décroissant : ostéosarcome, sarcome d’Ewing, tumeur à cellules géantes grade III, chondrosarcome, synovialosarcome, liposarcome, léiomyosarcome et carcinome spinocellulaire invasif. Les tumeurs osseuses bénignes n’occupent que le troisième rang dans notre série, avec par ordre décroissant : tumeur à cellules géantes grade I et II, kyste osseux 76 anévrysmal, kyste osseux essentiel, hémangio-endothéliome osseux, et le chondrome. Dans les séries de Hanna [6], Vandeweyer [4], Haentjens [10] et Bramer [114] ce sont les métastases osseuses qui occupent le premier rang constituant l’étiologie la plus fréquente des fractures pathologiques, suivies des tumeurs osseuses primitives. 77 VI. TRAITEMENT : 1- Modalités thérapeutiques : Il ne faut jamais perdre de vue qu’il existe une hiérarchie : d’abord conserver la vie, puis conserver le membre, puis conserver sa fonctionnalité [115]. Les indications thérapeutiques doivent être bien réfléchies car les pronostics vital et fonctionnel en jeu, et les complications qui en découlent sont importants à prendre en considération. En aucun cas, une fracture pathologique ne doit faire l’objet d’une ostéosynthèse sans diagnostic précis [116]. 1-1 Traitement orthopédique : Le traitement orthopédique est aujourd’hui abandonné car l’immobilisation est imparfaite d’où persistance de douleur et consolidation aléatoire. De plus, il condamne le patient au lit avec possibles complications de décubitus, qui viennent encore grever le pronostic en empêchant toute thérapeutique associée comme la radiothérapie [117]. Il est alors réservé à des patients ayant une espérance de vie inférieure à quatre semaines [20], un état général très altéré, une détérioration mentale grave ou lorsqu’une anesthésie est contre-indiquée ou lorsque la lésion sous-jacente est bénigne et ne retentit pas sur le processus de consolidation normale [118]. Dans notre série, le traitement orthopédique a été pratiqué chez 11 patients (13,75%), principalement pour leur état général très altéré, sinon pour le traitement d’un kyste osseux essentiel de l’extrémité distale du fémur. 1-2 Traitement chirurgical : La prise en charge thérapeutique des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses colligées dans notre série était essentiellement chirurgicale. 78 Un traitement ayant précédé ou suivi cet acte opératoire dépend de la nature et de l’étiologie de cette fracture. Devant une fracture pathologique, il faut avant tout déterminer qui, de la fracture ou de la pathologie sous-jacente, a la primauté du traitement [116] : ▪ Ainsi devant une fracture sur kyste osseux bénin, dont l’évolution naturelle a peu d’implication, la stabilisation de la fracture est la priorité et le traitement du kyste osseux peut être effectué secondairement. ▪ En revanche, en cas de fracture pathologique sur tumeur maligne, le pronostic vital est engagé par la tumeur maligne, et un traitement initial inadéquat peut compromettre une résection chirurgicale conservatrice, augmenter la hauteur de la résection, et peut même mettre en jeu le pronostic vital du patient. ▪ Le traitement de la fracture et de la tumeur sous-jacente peut s’effectuer en même temps, comme par exemple en cas de fracture sur tumeur à cellules géante, où le curetage comblement de la tumeur est effectué en même temps que la réduction-fixation de la fracture. Selon Langlais [115, 119, 120], Journeau [121, 122] et Vichard [123], un traitement chirurgical des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses ne peut se concevoir que dans le cadre d’une collaboration multidisciplinaire comportant des spécialistes d’exploration (radiographie, scanner, IRM, scintigraphie), des anatomopathologistes, des chirurgiens orthopédistes, des chimio et radiothérapeutes, et des rééducateurs. Un résultat optimal de cette chirurgie ne peut être obtenu que par la complémentarité des thérapeutiques décidées et surveillées en commun. 1-2- 1 Le but du traitement chirurgical : Durandeau [14], Friedl [124], Dijkstra [125-127], Salai [128], Broos [118], et Vital [129] fixent à cette chirurgie des buts bien précis : 79 ▪ Réduire sensiblement la douleur causée par la tumeur, elle-même, mais surtout par la fracture qui en découle. ▪ Maintenir ou rétablir la continuité osseuse par ostéosynthèse, ou adjonction d’une prothèse ou greffe osseuse. ▪ Assurer la meilleure fonction possible du membre en autorisant mobilisation voire appui et déambulation pour les fractures pathologiques des membres inférieurs. ▪ Son résultat doit être acquis immédiatement sans que l’on ait à attendre une consolidation osseuse souvent aléatoire. ▪ Faciliter les soins de nursing. ▪ Procurer un bien être psychologique aux patients. 1-2-2 Les techniques de chirurgie : Les principes du traitement chirurgical des tumeurs reposent à l’heure actuelle essentiellement sur la classification de Enneking [130] qui utilise les notions de compartiment et de capsule [123]. Une tumeur est dite « intracompartimentale » lorsqu’elle reste enclose entièrement dans son site d’origine sans en franchir les limites. Elle est dite « extracompartimentale » quand elle a franchi les limites de son compartiment d’origine, ou qu’elle se développe dans une région sans limite individualisable telle que la région axillaire ou le creux poplité. Enneking déduit de ces deux notions différents types de résection selon l’endroit où passe le bistouri : ▪ Chirurgie intralésionnelle (intracapsulaire) : c’est le curetage. ▪ Chirurgie marginale : la dissection se fait au ras du tissu lésionnel, sans pénétrer dans la lésion ; c’est une excision simple ou une exérèse limitée. 80 ▪ Chirurgie large : on passe au large en tissu sain, mais en restant dans le compartiment où s’est développée la tumeur ▪ Chirurgie radicale : l’exérèse concerne le compartiment tumoral dans son entier, sans y pénétrer ; il peut s’agir, par exemple, d’une fémorectomie totale pour un ostéosarcome de la métaphyse inférieure, ou d’une amputation de cuisse pour une tumeur du tibia étendue aux parties molles adjacentes. A- Le curetage comblement : Cette intervention qui est le prototype de la chirurgie intralésionnelle, s’adresse essentiellement aux tumeurs bénignes [123]. L’objectif en est l’ablation de toutes les cellules tumorales par exérèse endolésionnelle. Elle comporte deux temps, un premier temps de curetage visant à l’exérèse des cellules tumorales et un deuxième temps de comblement de la cavité ainsi créée. Il faut prendre garde à respecter les cartilages articulaires ou de croissance s’ils sont adjacents, et à bien protéger les tissus environnants pour éviter leur contamination par des débris de tumeur. Les objectifs du comblement sont essentiellement le renforcement de la solidité osseuse, mais aussi le fait d’éviter des espaces résiduels vides, facteurs favorisants des récidives. Différents produits peuvent être utilisés, principalement de l’os spongieux autogène ou allogène, plus rarement du ciment chirurgical. Il peut être nécessaire, dans certains cas, d’y associer une ostéosynthèse pour renforcer un os fragilisé ou traiter une fracture. ▪ Comblement par autogreffe spongieuse : Il s’adresse principalement à des cavités de petite taille. 81 Les meilleurs sites de prélèvement sont les crêtes iliaques. On peut, pour de petites quantités, utiliser les épiphyses fémorale distale ou tibiale proximale. ▪ Comblement par allogreffe : On utilise des allogreffes essentiellement en cas de manque d’os autologue, soit du fait de prélèvements antérieurs, soit du fait de la taille de la cavité à combler. Bien que minimes, les risques de maladie transmissible ne sont pas totalement écartés. Le meilleur matériau est la tête fémorale de banque cryoconservée ou autoclavée dont on utilise un gros fragment introduit en force dans la cavité, associé à de petits fragments morcelés, associés de préférence à de l’autogreffe, tassés tout autour. ▪ Comblement par du ciment chirurgical : Le ciment présente l’avantage d’une grande résistance mécanique, immédiate et définitive. Il aurait aussi une certaine activité antitumorale du fait de l’élévation thermique pendant sa polymérisation [131]. Mais il n’établit jamais de liaison intime avec l’os et ne remplit pas parfaitement les fonctions biomécaniques de l’os normal. Il doit donc être réservé en cas de capital osseux insuffisant ou de récidive. ▪ Comblement par des biomatériaux : Dans les tumeurs bénignes, des biomatériaux, dont on espère la réhabitation, éventuellement mélangés à des greffons autologues, sont utilisés par certaines équipes chirurgicales. Mais le recul reste encore insuffisant pour juger cette technique [132]. ▪ Renforcement par une ostéosynthèse : Dans certains cas où le curetage entraîne une fragilisation importante de l’os, en emportant plus du tiers de la périphérie corticale sur une diaphyse, ou en laissant 82 une cavité très étendue en zone épiphysaire, et avec une fracture associée, il peut être nécessaire de réaliser une ostéosynthèse pour éviter une fracture secondaire. Toutes les techniques d’ostéosynthèse peuvent être envisagées, du moment que la solidité du montage puisse permettre une reprise précoce de la mobilité [123]. B- La résection : ▪ Objectifs : Le principe de la résection est de procéder à l’exérèse complète de la tumeur, en bloc, en passant plus ou moins à distance de la capsule ou en dehors du compartiment comme décrit par Enneking [133]. L’objectif de la chirurgie conservatrice dans les tumeurs malignes est avant tout la conservation d’une fonction. Il vaut mieux une amputation bien appareillée qu’un membre raide, paralysé et insensible [123]. Le but du bilan préopératoire (Scanner, IRM et scintigraphie) est donc de s’attacher à déterminer l’étendue des sacrifices nécessaires et les éventuels gestes de reconstruction à envisager (ostéoarticulaires bien sûr, mais aussi d’éventuels pontages vasculaires ou de transferts musculaires). ▪ L’exérèse chirurgicale : La résection de la tumeur se fait en monobloc, de préférence au bistouri électrique dans les muscles. La distance par rapport à la capsule varie selon le type de résection choisi, mais aussi, en cas de résection large, selon la nature des tissus dans lesquels on passe. Il faut absolument éviter (dans la mesure du possible) de venir au contact ou de pénétrer dans la tumeur, ce qui péjore considérablement le pronostic. La pièce est envoyée en totalité au laboratoire, orientée par un ou plusieurs fils de repérage pour permettre à l’anatomopathologiste d’indiquer la topographie d’une éventuelle coupe trop limite ou insuffisante. 83 La reconstruction osseuse : ▪ Elle fait appel à différentes techniques qui peuvent éventuellement être combinées entre elles. Il importe que la qualité de cette reconstruction autorise au moins une mobilisation immédiate, qui seule permet d’obtenir un bon résultat fonctionnel à terme. Allogreffe : Compte tenu des pertes de substances osseuses engendrées par les grandes résections, où les autogreffes s’avèrent souvent insuffisantes, l’utilisation des allogreffes massives s’est considérablement développée. Si les séries les plus anciennes de Merle d’Aubigné, Ottolenghi, Parrish ou Volkov [134-137] confirment la possibilité pour ces allogreffes de fusionner avec l’os receveur, il demeure cependant un taux de complications élevé [138, 139] : nonconsolidations, fractures, résorptions inexpliquées ou complications infectieuses. Il faut garder à l’esprit que seule une partie superficielle du greffon est réellement réhabitée, et que la couche profonde déshabitée se comporte comme de l’os sec [140]. Des phénomènes immunitaires seraient aussi probablement en cause et pourraient expliquer un certain nombre de résorptions [141-145], mais n’ont jamais été prouvés en clinique. Différents types d’allogreffes existent, en fonction de leur mode de conservation et de leur nature (os, cartilage, insertions tendineuses). Arthroplastie massive : La chirurgie prothétique est plus facilement employée pour le membre inférieur, où la conservation des mobilités articulaires est nécessaire pour la déambulation, que pour le membre supérieur où les arthrodèses sont souvent bien tolérées. 84 La chirurgie prothétique est couramment utilisée pour les grosses articulations, telles que la hanche ou le genou, plus rarement pour l’épaule. Les indications sont plus discutables pour les autres articulations telles que la cheville, le coude ou le poignet. - Arthroplastie de la hanche : Elle fait appel à des prothèses massives utilisées seules ou manchonnées par une allogreffe. En fonction de l’étendue de la résection, on utilise soit les prothèses de reconstruction existant sur le marché, soit des prothèses sur mesure. Il faut être particulièrement attentif au respect des règles d’asepsie, les complications infectieuses étant particulièrement fréquentes dans ce type de chirurgie [138, 139, 146-148]. Les luxations représentent la deuxième complication principale de ces interventions. Elles sont liées directement à l’importance de la résection des parties molles. Aucune différence statistique n’a pu être établie entre les prothèses massives et les reconstructions composites quant à leur survie [148]. Anract [138] retrouve cependant un taux d’échec précoce plus important pour les reconstructions composites, et un taux d’échec à moyen et long termes plus élevé pour les prothèses massives. Il ne confirme pas les résultats de Langlais concernant les arthroplasties massives qui semblaient encourageants à moyen terme [149]. - Arthroplastie du genou : Elle impose l’utilisation de prothèses à charnière pour compenser le sacrifice des structures ligamentaires latérales et du pivot central. 85 Leur mise en place suppose la conservation d’un appareil extenseur du genou fonctionnel, qu’il faut parfois reconstruire à l’aide d’artifices. Pour les prothèses à charnière, le taux de survie à 10 ans varie, selon les séries, de 60 à 80 % [150, 151]. Les prothèses utilisant des charnières « rotatoires » (GSB, Link, Rotating Hinge) n’ont pas fait l’objet de publications avec un recul équivalent et ne peuvent être évaluées. - Prothèse de croissance : Chez l’enfant, les grandes résections posent le problème de la croissance quand elles emportent la plaque conjugale, cas le plus fréquent, puisque la majorité des tumeurs siègent en zone métaphysoépiphysaire. Pour permettre une croissance du membre malade, des prothèses dites « de croissance » ont été développées [152-154]. Leur inconvénient majeur est la nécessité de multiples réopérations au cours de la croissance pour obtenir l’allongement de ces implants, ce qui augmente considérablement le taux de complications. Des implants possédant une motorisation interne, pouvant être allongés sans abord chirurgical, commencent actuellement à être mis au point [155]. ▪ La reconstruction des parties molles : Le succès de la chirurgie conservatrice dépend bien sûr de l’absence de récidive de la tumeur, mais aussi de la fonction résiduelle du membre. Or il existe une relation directe entre l’importance des résections des parties molles (muscles, tendons) et la qualité du résultat. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à réaliser des transferts musculaires pour réanimer des fonctions compromises ou des pontages vasculaires si un tronc artériel ou veineux principal a dû être sacrifié [156, 157]. 86 Ces lambeaux musculaires ou musculocutanés peuvent aussi jouer un rôle important de couverture en cas de perte de substance cutanée. Apportant leur propre vascularisation, ils permettent d’améliorer le trophisme des tissus restants, surtout en cas de radiothérapie adjuvante [158-160]. ▪ Les résections articulaires : Dans certains cas, l’importance des résections des parties molles n’autorise pas la mise en place d’une prothèse où, en particulier pour les articulations distales, il n’existe pas actuellement de solution prothétique satisfaisante. La résection simple ou résection- arthrodèse apparaît alors comme la seule solution. C- L’amputation : Si les indications des amputations ont considérablement régressé avec les progrès de la chirurgie conservatrice, elles restent indiquées devant des tumeurs à extension locale très importante ou avec envahissement des pédicules neurovasculaires. Il faut aussi savoir amputer dans certains cas où une résection large entraînerait des séquelles telles que le résultat fonctionnel du membre restant serait désastreux. ▪ Au membre inférieur : Les résultats fonctionnels sont d’autant meilleurs que l’amputation est distale. La conservation du genou transforme le pronostic fonctionnel, permettant au patient appareillé de marcher normalement. En revanche, l’amputé au-dessus du genou voit ses possibilités fonctionnelles diminuer dramatiquement. L’amputation en cuisse donne des résultats fonctionnels d’autant meilleurs que le moignon est long. Un moignon inférieur à 10 cm est difficilement compatible avec un appareillage simple. Les désarticulations de hanche et interilioabdominales entraînent une perte fonctionnelle maximale, à la marche, ainsi que pour s’asseoir ou se lever. 87 ▪ Au membre supérieur : Il faut amputer le plus bas possible. La perte du coude entraîne un préjudice important. Les prothèses du membre supérieur sont médiocres, tant sur le plan esthétique que sur le plan fonctionnel. ▪ La prévention des douleurs du membre fantôme : Elle est très importante pour la bonne évolution du malade et la qualité du résultat final [160, 161]. La prévention des douleurs repose tout d’abord sur des précautions opératoires : éviter les tractions sur les troncs nerveux, ne pas coaguler les artères des nerfs, infiltrer les nerfs avec un anesthésique local avant de les sectionner, et les couper assez haut pour éviter la formation de névromes douloureux en zone d’appui distal du moignon. En postopératoire, outre les traitements antalgiques usuels, la prescription systématique d’un traitement thymoanaleptique et tranquillisant permet d’éviter la survenue de ces phénomènes douloureux. 1-3 Le traitement adjuvant : Si le traitement chirurgical est essentiel, il est parfois insuffisant et d’autres thérapeutiques médicales lui sont associées. En effet, La chimiothérapie, la radiothérapie (RT) et l’hormonothérapie sont, en plus de la chirurgie, les armes essentielles du traitement multidisciplinaire des tumeurs osseuses [162]. 1-3-1 La chimiothérapie : La chimiothérapie représente le grand progrès des 20 dernières années en matière de traitement des tumeurs malignes primitives des os. Elle a permis de multiplier par trois ou quatre le pourcentage des guérisons de la plupart de ces affections. 88 Désormais, la chimiothérapie s’intègre dans une stratégie multidisciplinaire du traitement des tumeurs osseuses chimiosensibles, notamment les ostéosarcomes, les sarcomes d’Ewing et permet de réduire le risque de rechute métastatique et d’améliorer la survie des ces tumeurs [162]. Dans la plupart des protocoles actuels, la chimiothérapie encadre le geste chirurgical et est donc administrée de façon néoadjuvante et adjuvante. Les objectifs de l’administration d’une chimiothérapie néoadjuvante en phase localisée de la maladie vont alors être multiples en permettant [163]: ▪ Un traitement précoce de la maladie micrométastatique, qui peut être ultérieurement responsable de la rechute et du décès du patient. ▪ Une réduction de la taille de la tumeur facilitant le geste du chirurgien. ▪ Une chirurgie de conservation du membre, adéquate sur le plan carcinologique lorsque celle-ci n’est pas réalisable initialement. ▪ Une réduction de la taille d’une tumeur localement avancée initialement inextirpable, autorisant un geste chirurgical selon les standards de traitements carcinologiques. ▪ De différer le traitement chirurgical pour la fabrication d’une prothèse adaptée au patient. La chimiothérapie pour les métastases osseuses est le plus souvent utilisée en association avec l’hormonothérapie où après échappement à cette dernière [164]. Les différents protocoles thérapeutiques sont décidés en fonction de la nature de la tumeur initiale et des différents facteurs pronostiques de la maladie. 1-3-2 La radiothérapie : A- La radiothérapie externe : 89 Le but du traitement en cas de métastases osseuses est de réduire les douleurs, améliorer la qualité de vie et diminuer la prolifération des cellules tumorales métastatiques [164]. Il est évident que la dose d’irradiation et le nombre de séances vont varier en fonction du volume à irradier. Entreront également dans la décision thérapeutique l’état général du patient et le nombre de sites à irradier [165]. L’indication de la radiothérapie dans le traitement des tumeurs osseuses malignes primitives doit être portée après discussion pluridisciplinaire impliquant les chirurgiens, les oncologues médicaux ou pédiatriques et les radiothérapeutes [162]. Dans le cas de tumeurs des extrémités, la radiothérapie joue un rôle important dans le contrôle local des tumeurs d’Ewing et des tumeurs neuroectodermiques périphériques le plus souvent en association avec la chirurgie [166, 167]. La radiothérapie n’est généralement pas indiquée de première intention dans le cas des ostéosarcomes [168], des fibrosarcomes osseux (bien qu’elle ait dans ce cas une certaine efficacité) ; dans les chondrosarcomes, elle n’a que des indications rares, ces tumeurs étant plutôt radiorésistantes. Elle est réservée, pour ces tumeurs relativement radiorésistantes, aux formes dont l’exérèse carcinologique n’est pas réalisable, en cas de refus de l’intervention, ou encore à titre palliatif [169]. Les tumeurs bénignes sont le plus souvent traitées par chirurgie seule. La radiothérapie n’est envisagée que dans les formes agressives, récidivantes, lorsqu’une une résection satisfaisante n’est pas possible [162]. Le rapport risque/bénéfice doit alors soigneusement être pesé, d’autant plus que le sujet est plus jeune. Son indication a été retenue en particulier dans les formes récidivantes de tumeurs à cellules géantes, localisées au névraxe [170]. 90 B- La radiothérapie métabolique : La radiothérapie métabolique est une irradiation in situ, à faible débit de dose (de l’ordre du centiGray), des métastases osseuses diffuses douloureuses grâce à un radiopharmaceutique à tropisme osseux émettant un rayonnement β [171]. Il s’agit de produits radioactifs avec des conditions pharmacocinétiques particulières qui doivent obligatoirement être administrés dans un service de médecine nucléaire. Toutes les localisations sont ainsi traitées d’emblée par une injection intraveineuse unique. Un effet antalgique est obtenu dans 65% à 70%. Une réponse importante permettant une diminution voire suppression des antalgiques et/ou une amélioration très nette de la qualité de vie est acquise chez un peu plus d’un tiers de l’ensemble des patients. Malheureusement, le coût du traitement reste élevé, ce qui reste un facteur limitant à sa généralisation [164]. 1-3-3 L’hormonothérapie : Il s’agit d’un moyen thérapeutique majeur dans le cadre du traitement palliatif des métastases osseuses [164]. Ce traitement peut entraîner un effet à moyen et long terme en particulier dans les cancers du sein et de la prostate réputés hormonodépendants. Dans le cas où un échappement à l’hormonothérapie surviendrait, une chimiothérapie reste toujours envisageable. Dans le cas des cancers prostatiques, les manipulations hormonales ont pour but de diminuer le taux de testostérone qui stimule la prolifération des cellules tumorales. L’efficacité thérapeutique de ces traitements doit être évaluée sur la réponse antalgique qui reste le meilleur critère. 91 D’autres cancers ont une certaine hormonodépendance comme l’utérus, la thyroïde et le rein mais les taux de réponses thérapeutiques en cas d’évolution osseuse métastatique restent très faibles. 1-4 Le traitement préventif : Le meilleur moment pour traiter une fracture se situe juste avant qu’elle ne se produise [124]. Le traitement préventif permet de réduire la durée d’hospitalisation des patients, et toute thérapeutique radicale est facilitée [172]. 1-4-1La chirurgie préventive : Les critères d’une chirurgie préventive se basent sur le score de Mirels [173]. Le score de Mirels est dérivé d’une étude rétrospective de 78 métastases osseuses des os longs. Il est fondé sur la douleur, la localisation, le caractère lytique et la taille de la lésion de 1 à 3. Tableau XI : Score radioclinique de Mirels. SCORE Variable localisation 1 Taille 3 Membre supérieur Membre inférieur Région trochantérienne Minime Modérée Importante Condensante Mixte Lytique douleur lésion 2 <1/3 1/3 – 2/3 >2/3 Un score supérieur à 9 signe une métastase osseuse à fort risque fracturaire et devant bénéficier d’un traitement préventif. Cependant, le score de Mirels est peu spécifique et amène à traiter par excès des métastases osseuses qui ne se seraient pas fracturées [174, 175]. Dans une étude prospective sur des fractures fémorales, seule une atteinte du cortex supérieure à 30mm dans le sens axial ou une atteinte circonférentielle de 92 plus de 50% du cortex ont été retrouvées comme des facteurs prédictifs indépendants de fracture pathologique [175]. 1-4-2 Traitement des métastases osseuses par les biphosphonates : Les biphosphonates sont des analogues structuraux synthétiques du pyrophosphate [176, 177]. Ils interfèrent dans le cercle vicieux des métastases osseuses en modifiant leur micro-environnement [178,179]. En effet, leur action anti-ostéoclastique s’effectue par l’inhibition du recrutement et l’induction de l’apoptose des ostéoclastes. Ils agissent parallèlement sur les ostéoblastes en inhibant leur sécrétion de prostaglandines et d’interleukines bloquant ainsi la stimulation des ostéoclastes [180]. En diminuant la résorption osseuse, ils diminuent le remodelage osseux et la profondeur des lacunes de résorption [181]. 93 Les indications actuelles : Les biphosphonates ont deux indications dans la maladie métastatique osseuse [181] : ▪ Le traitement de l’hypercalcémie maligne. ▪ Le traitement palliatif de l’ostéolyse maligne, avec ou sans hypercalcémie, en complément du traitement spécifique de la tumeur primitive. Ils ont permis de contrôler 80% des hypercalcémies paranéoplasiques. Le clodronate a rapidement été supplanté par le pamidronate [182] puis le zolédronate [183] qui est actuellement le traitement de référence des hypercalcémies. Par ailleurs, l’effet antalgique des biphosphonates est constaté dans 50% des cas [184] dès la deuxième perfusion [185]. De nombreuses études prospectives contrôlées contre placebo ont démontré l’efficacité des biphosphonates sur la réduction des douleur et l’incidence des évènements osseux [186- 194]. Ces derniers se définissent par la survenue d’une fracture, un tassement vertébral, une hypercalcémie, une compression médullaire, et pour certains auteurs une accentuation de la douleur [195]. 2- les indications : Les modalités thérapeutiques varient selon [116]: ▪ La nature histologique de la tumeur. ▪ Le site lésionnel. ▪ L’état de l’articulation sous-jacente. ▪ L’âge du patient. ▪ La présence éventuelle de métastases. 94 2-1 Selon la topographie lésionnelle : Au niveau des os longs, la fixation osseuse se fait par : ▪ Des ostéosynthèses par clou-plaque, vis plaque, lame-plaque, clou gamma, plaque-vissée ou clou centro-médullaire lorsque les lésions sont diaphysaires ou métaphysaires. ▪ Des prothèses articulaires lorsque les lésions sont purement épiphysaires ou étendues à la métaphyse voire à la diaphyse. Certaines particularités thérapeutiques selon le site lésionnel sont utiles à préciser [196] : ▪ Au niveau de l’humérus : certaines fractures peuvent être stabilisées par embrochage fasciculé ▪ Au niveau du squelette antébrachial : la fixation se fait généralement par ostéosynthèse par plaque ou broches ▪ Au niveau du tibia : la fixation par plaque est placée sur la face externe pour qu’elle soit recouverte des muscles de la loge antérieure ▪ Au niveau du péroné : les lésions sont traitées par ostéosynthèse ou résection simple ▪ Au niveau des articulations du coude et du genou : lorsque les articulations sont détruites, des prothèses type Guepar sont utilisées. Elles sont bien tolérées et procurent un bon résultat fonctionnel bien qu’insuffisant. (mouvement rotatoire) ▪ Au niveau de la ceinture scapulaire : - Omoplate : certaines lésions sont traitées par scapulectomie partielle ou totale, ou par ostéosynthèse par plaque. 95 - Clavicule : la cleidectomie partielle est aussi utilisée mais la fixation par plaque ou broche est plus courante (la cléidectomie entraînant une diminution de la force du membre supérieur). ▪ Au niveau de la ceinture pelvienne : - Le traitement est rarement chirurgical. Lorsqu’il y a atteinte du cotyle, le traitement fait appel à des prothèses massives avec des techniques de reconstruction cotyloïdienne. - La chirurgie est réputée être très hémorragique et une embolisation préopératoire est souvent nécessaire. ▪ Au niveau des extrémités : tarse et carpe - Le traitement est rarement chirurgical, la fixation étant alors obtenue par broches. 2-2 Selon la nature histologique de la tumeur : 2-2-1 Tumeurs osseuses bénignes : Le traitement des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses bénignes est aussi bien orthopédique que chirurgical. L’indication de l’un ou de l’autre dépend du potentiel évolutif de la tumeur, de sa localisation et de l’âge du patient [197]. A- Le kyste osseux essentiel : Le kyste osseux essentiel est une lésion lytique, bénigne, que l’on rencontre essentiellement en période de croissance chez le sujet jeune. Elle se situe à proximité d’un cartilage de croissance, sur le versant métaphysaire [198]. Les localisations les plus fréquentes sont l’extrémité supérieure de l’humérus et du fémur [198, 199]. 96 Son diagnostic radiologique est facile, et la survenue d’une fracture constitue une complication majeure qui touche deux kystes sur trois pour Romain [36] et 95 % des KOE de l’extrémité supérieure de l’humérus pour Kaelin [200]. ▪ En l’absence de fracture [198] : Les traitements proposés ont pour but d’éviter ces fractures et sont de deux types : - Les traitements chirurgicaux : Consistent en un curetage, associé ou non à un comblement. L’ostéosynthèse se justifie lorsque l’os est très fragilisé et qu’une fracture peut avoir des conséquences importantes (nécrose ischémique sur fracture du col fémoral). - Les traitements par injection de corticoïdes ou de moelle osseuse : donnent des résultats équivalents avec une moindre morbidité. La préférence va actuellement aux traitements par injections, sauf aux zones portantes où le risque fracturaire est important (extrémité supérieure du fémur). Le curetage avec ou sans comblement et ostéosynthèse de protection garde alors toute sa place. ▪ En présence de fracture [198] : - À l’extrémité supérieure de l’humérus : le traitement des fractures à ce niveau doit être orthopédique dans la très grande majorité des cas, car la plupart des fractures sont incomplètes et consolident dans des délais normaux, avec une simple immobilisation de 3 à 6 semaines. En cas de fracture déplacée ou récidivante, une ostéosynthèse par embrochage centromédullaire élastique stable est tout à fait justifiée, ce d’autant que la perforation du kyste par les broches et la mise en communication du canal médullaire avec le kyste semblent favoriser la guérison du kyste. - À l’extrémité supérieure du fémur : les problèmes sont ici très différents, car les fractures se font plus souvent avec des déplacements plus importants. Le risque de 97 nécrose épiphysaire justifie une ostéosynthèse solide qui permette la consolidation de la fracture et protège contre le risque de récidive. - Pour les autres localisations, le choix thérapeutique orthopédique ou chirurgical est à considérer au cas par cas. B- Le kyste osseux anévrysmal : Il pose de nombreux problèmes thérapeutiques liés au kyste lui-même et à la fracture associée [201]. Le traitement le plus utilisé consiste en un curetage avec ou sans greffe corticospongieuse selon la taille de la cavité résiduelle [5, 198]. Un geste chirurgical sur la fracture est toujours associé selon son siège et son déplacement. Le taux élevé de récidive locale après curetage conduit à pratiquer plutôt une résection qui donne de meilleurs résultats [202-204]. La radiothérapie autrefois utilisée en monothérapie et avec de faibles doses est aujourd’hui abandonnée en raison du nombre élevé des complications et du risque de sarcomes radio-induits rapportés par Campanacci, Vergel De Dios, Babinet (dans sa communication sur les localisations pelviennes) et Goin (sur une localisation rachidienne) [201,205, 206]. Elle reste une indication d’exception pour des lésions inaccessibles au traitement chirurgical [5, 205]. Le pronostic est fonction de l’âge du patient [207, 208, 209], du site et de la taille de la tumeur [201, 210] C- Le chondrome : Les chondromes sont des tumeurs bénignes osseuses fréquentes, en particulier à la main. 98 Ce sont des lésions d’origine cartilagineuse correspondant à une prolifération de cartilage hyalin mature dans les régions métaphysaires des os à ossification enchondrale. Différentes formes anatomocliniques peuvent être rencontrées : formes solitaires intramédullaires (enchondrome), formes périostées et formes multiples (chondromatose incluant la maladie d’Ollier et le syndrome de Maffucci). Leur diagnostic est basé sur l’analyse de critères cliniques, épidémiologiques, iconographiques et anatomopathologiques. Sur le plan thérapeutique, l’abstention est licite pour les formes asymptomatiques et/ou distales [211]. Dans les autres cas, ils sont accessibles à un traitement conservateur de type curetage-comblement [211, 212]. Le pronostic des chondromes est basé essentiellement sur la possibilité d’une transformation sarcomateuse et il faut insister sur la difficulté du diagnostic différentiel entre chondrome et chondrosarcome de bas grade qui repose sur une analyse pluridisciplinaire des dossiers [212]. D- Les tumeurs à cellules géantes : La tumeur à cellules géantes est une tumeur généralement bénigne touchant principalement la zone métaphyso épiphysaire des os longs. La plupart des auteurs distinguent trois catégories : degré 1, degré 2 et degré 3, en sachant que les degrés 1 et 2 sont les formes bénignes, le degré 3 correspondant aux formes malignes. ▪ Le traitement des formes bénignes [213]: - En cas de première manifestation : Le traitement est : 99 o Le plus souvent un curetage-comblement avec utilisation éventuelle d’adjuvants locaux (azote liquide, phénol, alcool), avec ostéosynthèse si fracture associée. o Très rarement une résection : soit parce qu’il s’agit d’une localisation sur os « sans importance » (extrémité supérieure du péroné...), soit parce qu’on y est « mécaniquement » obligé (articulation non conservable car déjà trop détruite par la tumeur). - Si tumeur récidivante : Sachant la possibilité de transformation maligne des formes bénignes, le premier geste à effectuer est une biopsie. La bénignité établie, on raisonne comme précédemment : o Articulation adjacente correcte : curetage itératif o Articulation compromise : résection-reconstruction. L’amputation n’est de mise qu’exceptionnellement : récidives massives innombrables ou complications graves de la chirurgie conservatrice. ▪ Traitement de la forme maligne [213]: Que l’on soit devant une forme maligne d’emblée ou devant une transformation maligne, le traitement comporte, après biopsie : – Chimiothérapie préopératoire. – Résection-reconstruction le plus souvent (très rarement une amputation) – Chimiothérapie postopératoire. 2-2-2 Tumeurs osseuses malignes primitives: A- L’ostéosarcome : C’est la tumeur maligne primitive la plus fréquente. 100 L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l’ostéosarcome comme une « tumeur maligne caractérisée par l’élaboration d’os ou de substance ostéoïde par les cellules tumorales » [214]. L’ostéosarcome touche préférentiellement l’adolescent ou l’adulte jeune (deuxième décade). Il est de siège métaphysaire, touchant surtout le fémur distal, le tibia proximal, l’humérus proximal (« près du genou, loin du coude »). Sa présentation radiologique est variable, sous forme d’ostéolyse, d’ostéocondensation ou mixte. Les métastases pulmonaires sont fréquentes, parfois présentes d’emblée, justifiant la chimiothérapie néoadjuvante. Le traitement fait appel à une chimiothérapie première (néoadjuvante), puis à la résection chirurgicale large et monobloc, conservatrice chaque fois qu’elle est possible, suivie d’une chimiothérapie post-opératoire (adjuvante) [106, 215, 216]. L'amputation néanmoins peut être nécessaire lorsque [215]: ▪ L'envahissement local est tel qu'il est impossible de conserver du tissu sain en périphérie de la lésion. ▪ L'envahissement nerveux laisse envisager des séquelles fonctionnelles importantes. ▪ La tumeur est infectée. ▪ La tumeur envahit la peau. La chimiothérapie post-opératoire est adaptée selon la réponse à la chimiothérapie préopératoire, évaluée par l’étude de la nécrose sur la pièce de résection chirurgicale [215]. 101 Les traitements associent le Méthotrexate à haute dose, la Doxorubicine, le cyclophosphamide, le Cisplatine, l'Ifosfamide et l'Etoposide [216]. La radiothérapie n’a pas de place car l’ostéosarcome est radiorésistant. Il s’agit d’un traitement lourd qui ne peut être assuré que par une équipe multidisciplinaire spécialisée rodée au traitement de ce type de tumeur, et apte à prendre en charge les éventuelles complications [215]. Un tel protocole thérapeutique a transformé le pronostic de cette tumeur auparavant gravissime. Le taux de survie à 5 ans est d’environ 60 %. B- Le sarcome d’Ewing : Le sarcome d’Ewing est une tumeur osseuse primitive maligne, qui atteint préférentiellement l’enfant et l’adolescent. Elle est caractérisée par des amas denses de petites cellules rondes en nappes, sans différenciation tissulaire. Le sarcome d’Ewing fait partie de la famille des tumeurs neuroectodermiques, qui présentent une translocation 11-22 (ou équivalente), caractéristique. Il peut atteindre tous les os du squelette, et plus rarement se développer exclusivement dans les parties molles. Radiographiquement, c’est une lésion lytique, d’aspect agressif, avec un développement souvent important dans les parties molles, bien visible en imagerie par résonance magnétique. En l’absence de traitement, l’évolution fatale est habituellement rapide, avec apparition de métastases à distance, pulmonaires ou osseuses. Le traitement actuel repose sur l’association d’une chimiothérapie et d’un traitement local, au mieux chirurgical, parfois radiothérapique [217, 218]. La chimiothérapie a pour objectif de prévenir l'apparition de métastases dans les formes localisées ou de les traiter dans les formes métastatiques [217]. 102 La radiothérapie continue à avoir des indications dans les formes inopérables mais elle est plus fréquemment utilisée en complément de la chirurgie pour assurer le contrôle local et régional de la tumeur [217]. Les publications ont montré une amélioration du pronostic grâce au recours à la chirurgie conservatrice dans le traitement local par rapport aux résultats obtenus avec les radiothérapies seules [219-227]. En effet, La probabilité de survie sans récidive à 5 ans est, avec les traitements actuels, de 70 % dans les formes localisées et de 30 % dans les formes métastatiques. Les protocoles les plus récents tentent, grâce à des chimiothérapies à hautes doses avec greffe de cellules souches périphériques, d’améliorer ces résultats dans les formes de mauvais pronostic. Les progrès de la biologie moléculaire peuvent faire espérer de nouveaux traitements dans l’avenir. C- Le chondrosarcome : Le traitement du chondrosarcome est essentiellement chirurgical : le siège et/ou le volume tumoral rendent parfois la chirurgie large et monobloc difficile [228]. La chimiothérapie n’a aucune efficacité sur les chondrosarcomes habituels et les formes particulières de bas grade (cellules claires et périostées). En revanche pour les chondrosarcomes dédifférenciés et les mésenchymateux, Mitchell et al [229], montrent que la chimiothérapie procure des réponses histologiques et semble améliorer la survie sans que leurs résultats soient statistiquement significatifs. Le chondrosarcome est considéré comme une tumeur radiorésistante [230, 231]. Seuls Harwood et al [232] rapportent une réponse clinique après irradiation de chondrosarcomes. 103 Le pronostic est lié à la qualité du traitement chirurgical et au grade histologique (fonction de la cellularité et des atypies cellulaires) : 90% de survie à 5 ans pour les grade 1, 25% pour les grade 3 [228]. 2-2-3 Les tumeurs osseuses malignes secondaires : Les métastases osseuses représentent les tumeurs malignes les plus fréquentes de l’os [16]. Trois types de cancer sont responsables à eux seuls de 80 % des métastases osseuses; il s’agit des cancers du sein, de la prostate et du poumon [233]. Soixante-dix pour cent des métastases osseuses se retrouvent à la colonne ou au bassin et 10 % aux os longs. La prise en charge du patient présentant une métastase osseuse nécessite une évaluation oncologique multidisciplinaire soigneuse afin de conduire au traitement adéquat [234]. 10% des patients ayant des métastases osseuses développent une fracture pathologique [235]. Lorsqu’elles se compliquent de fractures, les métastases osseuses sont responsables d’une invalidité fonctionnelle douloureuse, qui altèrent gravement le confort de survie des malades [164]. L’apparition d’une telle impotence fonctionnelle est devenue intolérable depuis que l’hormonothérapie, la chimiothérapie et la radiothérapie ont permis d’allonger significativement la durée de survie. Malgré toutes ces thérapeutiques, le but du traitement reste palliatif pour permettre une réduction des douleurs et une reprise de l’activité. La radiothérapie reste le meilleur traitement pour obtenir rapidement la cédation des douleurs. 104 La chirurgie tout comme la radiothérapie est très efficace pour rendre une certaine autonomie au patient. Elle est indiquée en cas de fracture. Son indication en prévention d’éventuelle fracture est à réserver aux patients en bon état général [164]. L’hormonothérapie dont les effets secondaires sont peu gênants pour les patients, reste une arme de choix mais uniquement dans le cadre des cancers hormonodépendants [164]. La chimiothérapie peut être utilisée chez certains patients dont l’état général et le pronostic sont suffisamment bons pour supporter un tel traitement [164]. De nouvelles thérapeutiques plus spécifiques du mécanisme métastatique doivent rapidement voir le jour et auront probablement une action également sur la survie des patients [164]. 105 VII. COMPLICATIONS: 1- Les hémorragies : Les pertes sanguines sont souvent importantes en matière de chirurgie tumorale, surtout lorsque le temps opératoire est long, ou lorsque l’intervention porte sur le bassin, site réputé être particulièrement hémorragique [115, 120, 124, 126, 127, 235]. L’hémorragie peropératoire dépend également [17] : ▪ Du type d’intervention ▪ Du cancer primitif : elle peut être très importante en cas de cancer primitif rénal ou thyroïdien. ▪ Du matériel utilisé 2- Les infections : 2-1Générales : Souvent les cathéters veineux placés lors des traitements de chimiothérapie sont à l’origine d’infections profondes. 2-2 Locales : L’infection locale reste la hantise du chirurgien orthopédiste, quoique rare. Elle est favorisée par la longueur éventuelle de l’intervention et par la diminution des défenses immunologiques du malade [236]. Elle justifie l’utilisation systématique de ciment comportant des antibiotiques et impose de réaliser cette chirurgie dans les conditions d’asepsie irréprochables. 3- Les complications mécaniques : Selon Delepine [236], après ostéosynthèse à foyer fermé, les complications mécaniques sont observées dans près d’1/3 des cas. Les enclouages à foyer fermé sont exposés avant tout à l’impaction sur clou. 106 Les plaques et clou plaques non cimentés sont exposés aux pseudarthroses et fractures secondaires du matériel. Les prothèses sont menacées par la luxation précoce, surtout lorsque le malade est grabataire. 4- La récidive tumorale : Elle dépend surtout de la nature histologique de la tumeur et du type de résection [18]. Certaines tumeurs telles que les ostéosarcomes, les tumeurs à cellules géantes ou les chondrosarcomes ont une forte tendance à la récidive. Elle menace l’intégrité du matériel d’ostéosynthèse quel qu’il soit et entraîne par conséquent un échec de la fixation. Cette complication a été souvent retrouvée dans les séries de Abudu [1], Tomeno [73], et Campanacci [237]. 5- Le décès : Les patients décèdent non pas à cause de la fracture pathologique mais plutôt par la diffusion générale de leur maladie. Dans notre série, nous avons 4 décès confirmés des suites de leur maladie. Ce chiffre est sous estimé du fait des patients décédés perdus de vue. Ces décès sont dus essentiellement à des tumeurs osseuses malignes primitives et secondaires avec métastases multiples. L’association aux métastases osseuses de métastases viscérales (pulmonaires, hépatiques ou cérébrales) diminue fortement la durée de survie moyenne (2 mois) [117, 236]. 107 VIII. EVOLUTION : 1- Les perdus de vue : Beaucoup de facteurs peuvent expliquer le taux relativement élevé de perdus de vue dans notre série (40%) : ▪ Le coût élevé de la prise en charge thérapeutique. ▪ Le suivi long et astreignant ajouté à l’accès difficile aux soins, entraînant souvent l’abandon thérapeutique. ▪ Le décès à domicile parfois. ▪ Le recours à la médecine traditionnelle. ▪ Le changement de médecin traitant. ▪ Le transfert vers d’autres unités spécialisées. 2- Les résultats fonctionnels : Dans notre série, nous nous sommes basés sur les critères de Stewart et Handley au membre supérieur et Merle D’aubigne et Postel au membre inférieur pour évaluer les résultats fonctionnels. Pour la plupart des auteurs, les résultats sont évalués sur deux critères : 2-1La douleur : Elle est évaluée par le patient à partir d’une échelle subjective cotée de 0 à 10, elle est aussi évaluée par l’examinateur en fonction de la dose et de la classification OMS de l’antalgique utilisé. 108 2-2 Le confort de vie : Celui-ci a été apprécié avec le score de Karnofsky. Tableau XII : score de Karnofsky Situation clinique Cotation Codage Le patient ne présente aucun signe ou symptôme de maladie 100% 100 90% 090 80% 080 70% 070 60% 060 50% 050 40% 040 Le patient est sévèrement handicapé 30% 030 Le patient, très malade, nécessite un traitement de soutien actif 20% 020 Le patient est moribond 10% 010 Le patient est capable de réaliser les activités normales de la vie quotidienne, symptômes ou signes mineurs de la maladie Le patient est capable de réaliser les activités normales de la vie quotidienne avec effort, quelques symptômes ou signes mineurs Le patient est capable de se prendre en charge, mais est incapable de mener une vie normale ou de travailler Le patient nécessite une aide occasionnelle, mais peut prendre en charge la plupart des soins personnels Le patient nécessite une aide suivie et des soins médicaux fréquents Le patient est handicapé et nécessite une aide et des soins particuliers Enfin, Une amélioration de nos résultats passe par un traitement préventif, qui suppose un diagnostic précoce de la lésion osseuse avant que ne se produise la fracture et dont les indications ont été précitées, et par une collaboration multidisciplinaire. 109 110 CONCLUSION Les fractures pathologiques sont rares mais pas exceptionnelles. En pratique, elles posent deux ordres de problèmes : ▪ D’abord reconnaître la nature pathologique de la fracture. ▪ Ensuite déterminer l’étiologie de celle-ci. Le diagnostic de certitude passe par la biopsie qui doit s’intégrer dans une stratégie thérapeutique pré-établie et qu’elle ne doit pas perturber. Le traitement des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses a bénéficié d’importants progrès réalisés en carcinologie, en rapport avec le développement des techniques d’ostéosynthèse et des remplacements prothétiques. L’amélioration du pronostic de nos patients passe par un diagnostic précoce et précis des lésions osseuses et leur traitement avant la fracture et par une collaboration multidisciplinaire plus étroite. 111 112 RESUME Les fractures pathologiques constituent un événement tragique pour le patient et posent un double problème pour le chirurgien orthopédiste : celui de la fracture et du processus causal sous-jacent. Elles se caractérisent par leur rareté, leur gravité, et l’urgence de leur prise en charge. Nous présentons une étude rétrospective de 80 patients traités au Service de Traumatologie-Orthopédie (Aile IV) de 1990 à 2007 pour des fractures pathologiques sur tumeurs osseuses. L’âge moyen de nos patients était de 46 ans, le sexe ratio était de 1. Les fractures pathologiques siégeaient au niveau du fémur dans 67,5% des cas, suivi de l’humérus dans 8,75% des cas et du tibia dans 7,5% des cas. La fracture a été révélatrice de la tumeur sous-jacente dans 67,5% des cas. A la radiologie, l’aspect ostéolytique a été retrouvé dans 80% des cas, et l’extension aux parties molles dans 42,5% des cas. Dans tous les cas, une biopsie chirurgicale a été réalisée. L’examen anatomopathologique a objectivé une tumeur osseuse maligne secondaire dans 41,25% des cas, une tumeur osseuse maligne primitive dans 37,5% des cas et une tumeur osseuse bénigne dans 21,25% des cas. Le traitement chirurgical a été réalisé dans 86,25% des cas et un traitement orthopédique dans 13,75% des cas. La chirurgie était palliative dans 38,75% des cas, conservatrice dans 37,5% des cas, et radicale dans 10% des cas. La chimiothérapie chimiothérapie néoadjuvante complémentaire a été dans pratiquée 43,75% complémentaire dans 12,5% des cas. 113 des dans cas, 8,75% des et radiothérapie la cas, la Les résultats fonctionnels ont été appréciés chez 48 patients revus avec un recul moyen de 2 ans et 9 mois. La fonction du membre a été jugée excellente dans 7,5% des cas, moyenne dans 21,25% et mauvaise dans 8,75% des cas. La prise en charge thérapeutique des fractures pathologiques est variable : les tumeurs bénignes mettant en jeu le pronostic fonctionnel et les tumeurs malignes associant le pronostic vital. L’intérêt de la prise en charge repose essentiellement sur le diagnostic précoce afin d’assurer un traitement carcinologique. L’amélioration de la qualité de vie des patients passe par un montage solide permettant de supprimer la douleur, de rétablir la fonction et de procurer un bien être psychologique aux patients. 114 SUMMARY The pathologic fractures constitute a drama for the patient and a double problem for the surgeon: the fracture and the fractural process. They are rare, severe and require urgent supervision. We present a retrospective study of 80 patients treated at the department of traumatology and orthopedics (wing IV), from 1990 to 2007 because of pathologic fractures due to osseous tumors. The mean age in our series was 46 years old, the sex ratio was 1. The pathologic fractures were localized on the femur in 67,5% of the cases, on the humerus in 8,75% of the cases and on the tibia in 7,5% of the cases. The fracture has been revealing of the tumor in 67,5% of the cases. The radiological examination showed an osteolytical aspect in 80% of the cases, and the extension in the soft parts in 42,5% of the cases. In all the cases, a surgical biopsy was realised. The anatomopathologic examination showed a secondary malignant osseous tumor in 41,25% of the cases, a primitive malignant osseous tumor in 37,5% of the cases and a benign osseous in 21,25% of the cases. The surgical treatment was realised for 86,25% of the patients and an orthopaedic treatment concerned 13,75% of the cases. The surgery has been palliative in 38,75% of the cases, conservative in 37,5% of the cases and radical in 10% of the cases. The neoadjuvant chemotherapy was realised in 8,75% of the cases, the complementary chemotherapy in 43,75% of the cases and the complementary radiotherapy in 12,5% of the cases. 115 The distant results have been estimated for 48 patients who have been reviewed with a mean recession of 2 years and 9 months. The limb function has been excellent in 7,5% of the cases, medium in 21,25% and bad in 8,75% of the cases. The therapeutic supervision of the pathologic fractures is variable : the benign tumors have a bad repercussion on the functional prognosis and the malignant tumors add to this the vital prognosis. The interest of supervision is an early diagnosis which allows a carcinological treatment. The improvement of the life quality of the patients comes with a solid assembling that allows to suppress pain, to restore the function and to preserve a psychologic wellbeing for the patients. 116 ﻣﻠﺨﺺ ﺗﺸﻜﻞ اﻟﻜﺴﻮر اﻟﻤﺮﺿﯿﺔ ﻣﺄﺳﺎة ﻟﻠﻤﺮﯾﺾ وﻣﺸﻜﻠﺔ ﻣﺰدوﺟﺔ ﻟﻠﺠﺮاح :اﻟﻜﺴﺮ وﺳﺒﺒﮫ. ﻓﮭﻲ ﻧﺎدرة ,ﺧﻄﺮة ,وﺗﺘﻄﻠﺐ إﺷﺮاﻓﺎ ﻣﺴﺘﻌﺠﻼ. ﻧﻘﺪم دراﺳﺔ اﺳﺘﻌﺎدﯾﺔ ﺑﺼﺪد 80ﻣﺮﯾﺾ ﻋﻮﻟﺠﻮا ﻓﻲ ﻣﺼﻠﺤﺔ ﺟﺮاﺣﺔ اﻟﻌﻈﺎم واﻟﻤﻔﺎﺻﻞ )ﺟﻨﺎح (4ﻣﻦ 1990إﻟﻲ 2007وذﻟﻚ ﺑﺴﺒﺐ ﻛﺴﻮر ﻣﺮﺿﯿﺔ ﻧﺎﺗﺠﺔ ﻋﻦ أورام ﻋﻈﻤﯿﺔ. ﻣﺘﻮﺳﻂ ﻋﻤﺮ ﻣﺮﺿﻰ ﻣﺠﻤﻮﻋﺘﻨﺎ ﻛﺎن 80ﺳﻨﺔ ,ﻧﺴﺒﺔ اﻟﺠﻨﺲ ﺗﻌﺎدل , 1وﻗﺪ ﺗﻤﻮﺿﻌﺖ اﻟﻜﺴﻮر اﻟﻤﺮﺿﯿﺔ ﻋﻠﻰ ﻣﺴﺘﻮي ﻋﻈﻢ اﻟﻔﺨﺬ ﻓﻲ %67.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,ﻋﻈﻢ اﻟﻌﻀﺪ ﻓﻲ %8.75ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت وﻋﻈﻢ اﻟﻘﺼﺒﺔ ﻓﻲ %7.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. ﻛﺎن اﻟﻜﺴﺮ ﻣﻌﺒﺮا ﻋﻦ اﻟﻤﺮض ﻓﻲ % 67.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. ﻋﻨﺪ اﻟﻔﺤﺺ ﺑﺎﻷﺷﻌﺔ ,ﺗﺒﯿﻦ أن ﻣﻈﮭﺮ ﺣﻞ اﻟﻌﻈﻢ ﻟﻮﺣﻆ ﻓﻲ %80ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,واﻟﺘﻤﺪد ﺑﺎﻷﺟﺰاء اﻟﻨﺎﻋﻤﺔ ﻓﻲ %42.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. ﻗﻤﻨﺎ ﺑﺨﺰﻋﺔ ﺟﺮاﺣﯿﺔ ﻓﻲ ﺟﻤﯿﻊ اﻟﺤﺎﻻت .اﻟﻔﺤﺺ اﻟﺘﺸﺮﯾﺤﻲ اﻟﻤﺮﺿﻲ ﺷﺨﺺ ورﻣﺎ ﻋﻈﻤﯿﺎ ﺧﺒﯿﺜﺎ ﺛﺎﻧﻮﯾﺎ ﻓﻲ %41.25ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,ورﻣﺎ ﻋﻈﻤﯿﺎ ﺧﺒﯿﺜﺎ أوﻟﯿﺎ ﻓﻲ %37.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت, ورﻣﺎ ﻋﻈﻤﯿﺎ ﺣﻤﯿﺪا ﻓﻲ %21.25ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. إن اﻟﻌﻼج ﻛﺎن ﺟﺮاﺣﯿﺎ ﻓﻲ %86.25ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,وﺗﻘﻮﯾﻤﯿﺎ ﻓﻲ %13.75ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. إن اﻟﺠﺮاﺣﺔ ﻛﺎﻧﺖ ﻣﻠﻄﻔﺔ ﻓﻲ %38.75ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,ﻣﺤﺎﻓﻈﺔ ﻓﻲ %37.35ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت, وﺟﺬرﯾﺔ ﻓﻲ %10ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. إن اﻟﻤﻌﺎﻟﺠﺔ اﻟﻜﯿﻤﯿﺎﺋﯿﺔ اﻷوﻟﯿﺔ ﺧﺼﺖ %8.75ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,و اﻟﺘﻜﻤﯿﻠﯿﺔ 43.75%ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,أﻣﺎ اﻟﻤﻌﺎﻟﺠﺔ ﺑﺎﻷﺷﻌﺔ اﻟﺘﻜﻤﯿﻠﯿﺔ ﻓﻘﺪ ﺧﺼﺖ %12.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. اﻟﻨﺘﺎﺋﺞ ﻋﻠﻲ اﻟﻤﺪى اﻟﺒﻌﯿﺪ ﺗﻢ ﺗﻘﯿﯿﻤﮭﺎ ﻋﻨﺪ 48ﻣﺮﯾﺾ اﺳﺘﺸﺎر اﻟﻄﺒﯿﺐ ﺑﻌﺪ ﺗﺮاﺟﻊ ﺳﻨﺘﯿﻦ وﺗﺴﻌﺔ أﺷﮭﺮ ﻓﻲ اﻟﻤﺘﻮﺳﻂ. 117 اﻟﻮﻇﯿﻔﺔ اﻟﻤﺮﺗﺒﻄﺔ ﺑﺎﻷﻃﺮاف اﻋﺘﺒﺮت ﺟﺪ اﯾﺠﺎﺑﯿﺔ ﻓﻲ %7.5ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,ﻣﺘﻮﺳﻄﺔ ﻓﻲ %21.25ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت ,وردﯾﺌﺔ ﻓﻲ 8.75%ﻣﻦ اﻟﺤﺎﻻت. إن اﻟﺘﻜﻔﻞ ﺑﻌﻼج اﻟﻜﺴﻮر اﻟﻤﺮﺿﯿﺔ ﯾﺨﺘﻠﻒ ﺑﺤﯿﺚ اﻟﻤﺮﺿﯿﺎت اﻟﺤﻤﯿﺪة ﺗﺆﺛﺮ ﺳﻠﺒﺎ ﻋﻠﻲ اﻟﻤﺎل اﻟﻮﻇﯿﻔﻲ ,واﻟﻤﺮﺿﯿﺎت اﻟﺨﺒﯿﺜﺔ ﺗﻀﯿﻒ إﻟﻰ اﻟﻤﺎل اﻟﺤﯿﺎﺗﻲ. إن اﻟﮭﺪف ﻣﻦ اﻟﺘﻜﻔﻞ ﺑﻌﻼج اﻟﻜﺴﻮر اﻟﻤﺮﺿﯿﺔ ھﻮ اﻟﺘﺸﺨﯿﺺ اﻟﻤﺒﻜﺮ ﻟﻀﻤﺎن ﻋﻼج ﻛﺎﻣﻞ. إن ﺗﻄﻮر ﻧﻮﻋﯿﺔ ﺣﯿﺎة اﻟﻤﺮﺿﻲ ﯾﻤﺮ ﺑﺘﺮﻛﯿﺐ ﺻﻠﺐ ﻣﻤﺎ ﯾﺆدي إﻟﻰ إزاﻟﺔ اﻷﻟﻢ ,اﺳﺘﻌﺎدة اﻟﻮﻇﯿﻔﺔ واﻟﺤﺼﻮل ﻋﻠﻰ اﻟﺮاﺣﺔ اﻟﻨﻔﺴﯿﺔ ﻟﻠﻤﺮﺿﻰ. 118 119 1. 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