Heidelberg prêt pour le chapitre suivant

Transcription

Heidelberg prêt pour le chapitre suivant
L’ o u v e r t u r e d u c e n t r e d e d é m o n s t r a t i o n d e W i e s l o c h m a r q u e u n t o u r n a n t
Heidelberg prêt pour le
chapitre suivant
Ed Boogaard I
d’Heidelberg.
Le soir, lors du dîner festif donné
au tout dernier
étage du PMC,
Linzbach a probablement tout
autre chose en tête. Il se passerait
bien de ce “palais de verre”. Exit
également l’ancienne stratégie.
Voici trois ans, Heidelberg, sous la houlette de son
nouveau numéro un, Gerold Linzbach, a mis en
branle un processus de changement draconien.
L’ouverture du nouveau Print Media Center Commercial à Wiesloch, en juin dernier, en constitue
un moment charnière important. Allégé, doté
d’un nouveau logo et sur la voie d’une rentabilité
durable, le constructeur de presses né voici
165 ans change de partition. Et les chiffres du premier trimestre sont prometteurs.
G
erold Linzbach n’est
chez Heidelberg que depuis deux mois, lorsque
fin octobre 2012, le showroom
totalement rénové du siège central est inauguré en grandes
pompes. Son nom : “ Print Media Center ” (PMC). Les machines montrées à la Drupa de
Düsseldorf plus tôt dans l’année
y sont exposées, et parmi elles, la
Speedmaster XL106 dix couleurs. La très remarquable décoration murale de plaques offset
qui ornait le hall 1 y a aussi
trouvé place. Le PMC, c’est
“ tous les jours Drupa ” entendon dire également. Personne ne
se doute à ce moment qu’un autre déménagement de grande
ampleur sera de nouveau à l’ordre du jour seulement deux ans
plus tard – l’adieu à Heidelberg.
Verre et acier
Le site a fait office d’imprimerie
interne, de salle d’exposition et de
centre de démonstration pour
l’entreprise trente années durant
Cinq ans
Linzbach succède à Bernhard
Schreier. Celui-ci est resté
presque treize ans à la barre
d’Heidelberg, mais peu après la
Drupa de 2012, un rappel à l’ordre lui est adressé. Le redressement financier du plus grand
constructeur de presses au
monde se fait attendre depuis
trop longtemps. En 2008 et dans
les années qui ont suivi, la crise financière, puis ensuite celle de
l’Euro, ont laissé des traces profondes. Schreier a annoncé des
mesures d’économie pour plusieurs centaines de millions, mais
en 2009, après une perte de
249millions d’euros, Heidelberg
a dû frapper à la porte des autorités allemandes pour quémander
une aide d’état de 850millions.
Le succès de la Drupa 2012, où
Heidelberg a récolté pour
890 millions d’euros de commandes, autorise Schreier à se dire
“ prudemment optimiste ” pour
l’exercice 2012/2013. Et pour
2013/2014, Heidelberg redeviendra même bénéficiaire, prédit-il.
Mais il reviendra toutefois au
– le compteur en est à environ
25000démos face clients. Le bâtiment est dans l’ombre de la
“Print Media Academy” (PMA)
érigée en 2000, un immeuble de
verre de 50 mètres de haut où
Heidelberg dispense cours et formations et tient ses réunions. Le
restaurant du douzième étage offre une vue imprenable sur la ville
et ses environs. Une quinzaine de
kilomètres plus au Sud se trouve
Wiesloch, où Heidelberg a ouvert, en 1957, une nouvelle usine
destinée à abriter la fabrication
des plus grandes de ses presses.
Devant la PMA trône une sculpture en acier de 90 tonnes, qui représente un cheval à trois pattes.
Son nom: le “S-Printing Horse”.
Les yeux lumineux de ce cheval
ailé symbolisent les activités prépresse ; les flancs sont composés
de formes cylindriques en rotation évoquant les presses ; la
queue en forme de livre fait référence au façonnage - soit les trois
piliers stratégiques sur lesquels repose le portefeuille produits
NOUVELLES
12
GRAPHIQUES
07
nouveau numéro un, Gerold
Linzbach, qui provient de l’extérieur de l’industrie graphique, à
réaliser ces prévisions. Celui-ci est
sous contrat jusqu’au 31 août
2017 et il le sait: sur ces cinq ans,
il s’agira de changer radicalement
de cap. Les coûts doivent encore
être abaissés et de nouvelles
sources de revenus explorées.
Stratégie plus claire
Début 2014, soit un an et demi
après son entrée en charge, Linzbach ne laisse plus aucun doute
sur l’avènement d’un autre Heidelberg. De 20000 salariés en son
temps, l’effectif a été ramené à environ 12 000, mais les années de
réorganisation et de restructuration sont enfin révolues, dit-il. Il
est temps de se focaliser sur une
stratégie plus claire : “ Dans tout
ce que nous faisons, nous devons
toujours nous demander s’il y a
quelque chose à y gagner – pour
nous et pour nos clients”. Il met
donc l’accent sur les souhaits de la
clientèle : “ Il faut qu’il y ait un
marché; il faut une demande”. Et
il recherche expressément des collaborations: “On ne peut pas tout
faire tout seul, et ce n’est d’ailleurs
pas du tout nécessaire, car il existe
de superbes partenaires sur le
marché.”
VersaCAMM
VS-540i
L’IMAGINATION
AVANT TOUT
GINATION AVANT
TOUT
S-i
VersaCAMM VS-i
e à jet d’encre
d’
e grand format
f
La VersaCAMM VS-i est l’imprimante
qui combine les fonctions d’impression et de découpe de très
haute qualité. Sur une seule et même machine, vous pouvez
traiter des matériaux jusqu’à 160 cm de large pour la réalisation
de signalétique, de bâches, de toiles ainsi que d’autocollants
automobiles et de vitrines. La nouvelle VersaCAMM VS-i opère
avec les encres ECO-SOL MAX2 dont la densité élevée garantit
une qualité d’impression exceptionnelle, que ce soit en
CMYKLcLm, blanc, argent métallique ou noir clair. Grâce à nos
solutions de financement avantageuses et flexibles, de nouvelles
opportunités s’oérent à vous ! Avec la VersaCAMM VS-i, vous
réaliserez vos idées les plus créatives.
Plus d’information sur neopost.be
Neopost est distributeur officiel des solutions Roland. Les imprimantes à jet d’encre grand format,
imprimantes UV ou thermiques ainsi que les lamineuses, découpeuses et autres solutions de finition
graphique font partie intégrante de notre gamme de produits.
L’ o u v e r t u r e d u c e n t r e d e d é m o n s t r a t i o n d e W i e s l o c h m a r q u e u n t o u r n a n t
Déménagement à
Wiesloch
Il voit de nouvelles possibilités
d’avenir dans le jet d’encre, à travers une coopération avec FujiFilm. En même temps, il pratique
des coupes sombres dans l’assortiment d’équipements de façonnage, désormais limité aux
plieuses et aux massicots. La production et la vente des encarteuses-piqueuses et des chaînes de
brochage dos carré sont abandonnées, l’usine de Leipzig fermée, et
la clientèle existante transférée à
Müller Martini.
Pas beaucoup plus tard, en juin
2014, Linzbach fait savoir
qu’Heidelberg entend déménager
la majorité de ses activités et de
son personnel à Wiesloch. Bien
que les contrats de location de la
PMA et, par exemple du centre
de R&D, courent encore pour
des années, Linzbach espère malgré tout économiser ainsi
quelques millions d’euros. Mais
peut-être que pour lui, la symbolique de la coupure des racines
vaut bien plus encore en termes
de rupture avec le passé. La sculpture du S-Printing Horse restera
d’ailleurs aussi à Heidelberg.
À mi-chemin
L’ouverture du nouveau PMC
Commercial dans le hall de fabrication 57 de Wiesloch, en juin
dernier, marque donc un moment
important dans le processus de
transformation imaginé par Linzbach pour Heidelberg. Bien qu’il
ait dû déclarer forfait à cette occasion, à mi-chemin de son mandat,
pour cause de maladie (son rétablissement semble se prolonger au
point que l’administrateur et
CFO Dirk Kaliebe a été désigné
comme remplaçant provisoire –
ndlr), toutes les pièces du puzzle
paraissent se mettre en place: nouvelle identité visuelle, assortiment
revu, nouvel élan, autre mentalité,
focus changé et – ce qui est crucial
– résultats dans le vert.
Nouveau drapeau
Sur les oriflammes flottait le nouveau logo, adapté au bout de
15ans et par ailleurs complété de
toute une symbolique de pictogrammes. Les couleurs bleue,
verte et jaune, omniprésentes dans
l’identité graphique, représentent
respectivement les machines, les
consommables et les services – les
trois piliers de la nouvelle composition du portefeuille produits. Les
deux dernières catégories prennent une part toujours plus importante dans le chiffre d’affaires
total d’Heidelberg et elles doivent
même drainer 50 % du revenu à
terme. Le rachat de l’entreprise
chimique belge BluePrint et l’absorption du groupe PSG (dont les
distributeurs Plantin et Tetterode)
ont permis à Heidelberg de directement engranger 100 millions
d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires en consommables et
en services.
Plus que des
machines
Le thème lors de l’ouverture du
PMC était d’ailleurs “ Plus que
des machines ”. Heidelberg fait
tout pour montrer qu’il a beaucoup plus à proposer que simplement des presses d’imprimerie.
Les machines disparaissent des
nouvelles expressions publicitaires
pour faire place à une imagerie
très américaine. Fini le slogan
“HEI tech”; place à “We care for
you ”. On souligne l’importance
du flux de production et de l’automatisation: les imprimeurs doivent en effet traiter un plus grand
nombre de commandes toujours
plus petites pour réaliser le même
chiffre d’affaires. Pour ce faire, ils
doivent non seulement avoir
confiance dans leurs presses, mais
aussi par exemple, pouvoir compter sur une boutique en ligne où il
leur est possible de commander
24heures sur 24.
L’accent sur
l’application
Cela dit, les machines restent bien
sûr très présentes au PMC : on
peut y voir des Speedmaster dans
toutes sortes de configurations,
mais aussi quelques systèmes
d’impression sur base Ricoh et,
par exemple, la nouvelle découpeuse laser Polar DigiCut. L’approche est toutefois désormais
différente : “ Nous ne nous
concentrons plus sur la technologie en soi – offset, flexo ou impression numérique – mais sur
l’application.”
L’assortiment de machines a
entretemps été relifté et il se verra
à terme enrichi de produits jet
d’encre industriels. Au LabelExpo
du mois de septembre à Bruxelles,
la presse à étiquettes hybride
flexo/jet d’encre Gallus DCS340
doit être présentée pour la première fois, et toute une série de
presses jet d’encre feuille à feuille
sont au programme pour la
Drupa de juin 2016 – encore
qu’Heidelberg souhaite, pour des
raisons de concurrence, rester
dans le flou quant au format et au
segment de marché visé. La JetMaster, une installation dédiée à
l’impression jet d’encre sur des
objets, pourra aussi imprimer autre chose que des ballons de football à la Drupa.
“ Sur la bonne voie ”
Les plans de Linzbach semblent
porter leurs fruits. Après cinq années consécutives dans le rouge, la
tendance s’est inversée au cours de
l’exercice 2013/2014 : un modeste bénéfice après impôts de
4 millions d’euros a pu être dégagé. La nouvelle perte de 72millions essuyée en 2014/2015 est la
conséquence de charges extraordinaires, non récurrentes, liées à la
restructuration de l’organisation
et de l’offre. Cette dernière, cumulée à une contraction en
Chine de l’ordre de 140millions
d’euros, a également entraîné une
baisse des chiffres de ventes de
4 %, pour un total de 2,33 milliards d’euros. Heidelberg est toutefois optimiste pour l’avenir: on
promet un bénéfice à partir de
l’exercice 2015/2016. La marge
progresse à au moins 8 % et les
chiffres de ventes devraient croître
de 2 à 4% chaque année à moyen
terme.
Lors de la présentation des résultats du premier trimestre début
août, le directeur financier et
CEO faisant fonction Dirk Kaliebe s’est réjoui de pouvoir faire
le constat suivant : “ Heidelberg
est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés pour cet
■
exercice”.