Famille et modernité occidentale

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Famille et modernité occidentale
agrégation de sciences économiques et sociales
préparations ENS 2006-2007
fiches de lecture
Famille et modernité occidentale
Théry (1998) : Couple, filiation et parenté aujourd’hui : le droit
face aux mutations de la famille et de la vie privée
Fiche de lecture réalisée par les agrégatifs des ENS Ulm et Cachan
THERY Irène (1998), Couple, filiation et parenté aujourd’hui : le droit face aux
mutations de la famille et de la vie privée, Paris, O. Jacob, La
Documentation française, 413 p.
Partie 1 : Les transformations de la famille
1/ Pour une nouvelle approche
Il est banal de mentionner les bouleversements démographiques qui ont touché l’Europe et tout particulièrement la
France. Irène Théry les rappelle :
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Baisse du taux de nuptialité : 6,2 ‰ en 1980 et 4,9 ‰ en 1997
-
Baisse du taux de fécondité : 1,9 enfants/femme en 1980, 1,7 en 1997
-
Augmentation des couples non mariés : 4 200 000 de personnes parmi les 29400000 vivant en couple en 1994.
-
Augmentation des naissances naturelles : 11,4 % des naissances en 1980 et 37,6 % en 1995.
-
Augmentation du taux de divortialité : 22,5 % en 1980 à 38,3 % en 1996.
-
Allongement de l’espérance de vie : 74,1 ans en 1996 pour un homme, 82 ans pour les femmes.
Le problème c’est d’envisager les conséquences de ces changements sur la famille. En effet il n’y a pas consensus sur
les significations de ce bouleversement dans la littérature sociologique. Autre problème : la dimension idéologique de
bon nombre de réflexions sur ce thème de la famille qui demeure un objet polémique en ce qu’elle est désignée
comme unité de base de l’ordre social. Une opposition récurrente structure néanmoins les réflexions sur ce thème :
famille vs individu. Un cadre s’impose lorsque l’on tente de réfléchir sur la famille et ses évolutions qu’Irène Théry
décline en 4 volets :
-
Une transformations des références : l’individualisation Æ Les bouleversements de la famille sont alors rapportés
à la transformation du référentiel du groupe à l’individu. Le risque est alors de donner une vision du groupe
comme atomisé.
-
Une transformation des normes, la privatisation. La norme collective serait dévaluée au profit d’une norme plus
individuelle. Par exemple la norme juridique perdrait de l’importance par rapport à une régulation gestionnaire.
-
Une transformation des modèles : la pluralisation : cela renvoie à la diversité supposée des formes familiales.
Pour Irène Théry ce cadre d’analyse se révèle peu pertinent :
-
La famille est plébiscitée dans de nombreuses enquêtes sur les solidarités interfamiliales prouvant ainsi que « la
valeur famille » est loin d’être morte.
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L’appel au droit est fréquent en particulier en matière de protection de l’enfant
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Il faut nuancer l’opposition souvent tranchée que l’on fait entre mariés et concubins. Les familles monoparentales
ou recomposées ne sont pas des modèles alternatifs à la famille « traditionnelle » mais des séquences dans le
cycle de vie des individus.
Æ C’est pourquoi Irène Théry propose une autre approche qui romprait avec le cadre d’analyse au moyen duquel est
appréhendée la réalité familiale.
-
Dépasser l’alternative famille ou individu. (C’est ce que fait de Singly en pensant une relation dialectisée entre
ces deux pôles : famille et individu)
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Dépasser la thèse de l’individualisation du lien social.
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L’approche d’Irène Théry
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Privilégier le centre et l’ordinaire : il faut s’intéresser à la famille ordinaire pour comprendre son
éventuelle déstabilisation. I T se place ici dans l’inspiration de Robert Castel qui pense le processus
d’exclusion dans la société salariale comme initiée par la « déstabilisation des stables »
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Privilégier le temps long sur le temps court : la rupture de 1970 est par exemple à nuancer en ce que
c’est une période particulière concernant le taux d’activité des femmes qui est historiquement bas.
Ainsi comparer l’évolution de la famille par rapport à cette période qui frappe par son exceptionnalité
se révèle à tout le moins hasardeux. D’où l’intérêt de resituer l’histoire de la famille et ses évolutions
dans le temps long
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Ne pas séparer famille nucléaire et famille étendue. Il faut les mettre en regard (ce que fait Attias
Donfut) pour les analyser et ne pas en privilégier une explication séparée et bipolaire.
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Situer la famille dans le système symbolique de la parenté c'est-à-dire « l’institution qui articule la
différence des sexes et la différence des générations »
2/ Une double mutation structurelle
2.1/ La famille nucléaire
Cette famille nucléaire unit trois liens en son sein :
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Conjugaux
-
Filiaux
-
Fraternels
Si ce troisième type de lien à peu évolué, ça n’est pas le cas des deux premiers qui se sont modifiés, le premier dans
le sens d’une contractualisation, le second dans le sens d’une plus grande inconditionnalité.
Les liens conjugaux :
¾
Le premier « contrat de genre » est inauguré en 1804 avec le Code Civil. Ce contrat se fonde sur un double
principe :
Æ La hiérarchie des sexes
Æ La nature des femmes destinées à devenir mères.
Æ Ce double principe prend sens dans un troisième l’indissolubilité du mariage
¾
Les tensions internes au premier contrat de genre s’aggravent avec :
Æ La transition démographique
Æ Les progrès de l’éducation font échapper les femmes à leur naturalité
Æ L’accès massif des femmes au travail salarié est un puissant facteur de réduction des inégalités. Attention
cependant, le taux d’activité des femmes a toujours été relativement élevé en France (autour de 35 % jusqu’à la
1ère guerre mondiale) le travail des femmes n’est toutefois pas un gage d’indépendance mais une obligation
économique. Avec le desserrement de la contrainte économique, se démocratise l’idéal bourgeois et
aristocratique de la femme au foyer qui atteint son plus haut historique au début des années 1960. Pour autant les
familles « traditionnelles » des années 50 le sont sans doute moins qu’on peut le prétendre. Les femmes de ces
familles ont fait des études et ont eu une activité salariée avant de se marier
¾
Le nouveau contrat de genre
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L’égalité que promeut officiellement la réforme de l’autorité parentale en 1970
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Séparation des enjeux de couples par rapport aux enjeux de filiation. Ainsi la femme est mère mais
reste femme.
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Le couple devient maître de sa temporalité, il est l’œuvre d’une constante réassurance de la part de
cocontractants. C’est dans cette perspective que s’inscrit le divorce par consentement mutuel de 1975.
Le démariage : il s’agit d’un terme forgé par I T pour rendre compte d’un paradoxe : « C’est au début des années
70, au moment même où le mariage est profondément redéfini en accord avec les valeurs de liberté individuelle
et d’égalité de sexes, que la nuptialité commence à décliner, cependant qu’augmente le divorce » Il ne s’agit
donc pas d’un rejet du mariage, mais celui-ci devient l’objet d’un choix personnel. En d’autres termes le mariage
devient un pacte purement privé. Autre indice de l’importance persistante accordée au mariage : le divorce est
loin d’être banalisé et demeure une crise d’identité majeure.
Les liens filiaux :
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Au 19e : un pacte statutaire et autoritaire. Le code napoléon fait de l’enfant le sujet de son père qui a même en
vertu du droit de correction, la possibilité de faire incarcérer son enfant.
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Les facteurs d’évolution tendent à considérer l’enfant comme une personne en devenir et non comme un individu
inférieur en tout à l’adulte
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La révolution démographique : la baisse de la surmortalité infantile
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La révolution sociologique : l’enfant ouvrier devient l’enfant écolier
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La révolution intellectuelle et scientifique : découverte des ois du développement infantile
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La révolution économique : développement d’un marché de l’enfance
Vers un nouveau pacte de filiation :
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La responsabilité parentale : la baisse de la fécondité peut ainsi être interprétée comme l’élévation à la
fois du prix de l’enfant comme personne et de son coût.
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La personnalisation du lien à l’enfant : En 1970 la puissance paternelle laisse place à l’autorité
parentale. Le lien à l’enfant est inconditionnel et suit la trajectoire inverse des liens conjugaux qui se
contractualisent. Pour le juriste John Eekelaar (1991) « le principe d’indissolubilité s’est déplacé de la
conjugalité vers la filiation »
La famille nucléaire : du statu quo à la dynamique familiale
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La constitution de la famille : du seuil au processus
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Augmentation de la cohabitation avant mariage. Avant la cohabitation coïncidait avec le mariage ; ça
n’est plus le cas. La cohabitation est d’abord inscrite dans le présent comme une relation au jour le jour
avant de sa transformer, sous l’effet d’ajustements imperceptibles en une relation plus durable. Ainsi la
plus lente dynamique de passage au mariage ne doit pas être interprétée comme un simple retard de
calendrier mais aussi comme l’effet d’un mode différent de formation et de constitution du couple.
Aujourd’hui ce qui crée socialement le couple au delà de son statut juridique, c’est l’arrivée d’un
enfant.
Une configuration de la famille plus homogène : un ensemble de traits communs réunit les différentes « formes
familiales »
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Familles naturelles et familles légitimes : plus semblables que différentes. Depuis 1972, la famille
naturelle existe de droit et les enfants sont massivement reconnus par les deux parents. Plus de la moitié
des premiers enfants naissent aujourd’hui de parents non mariés. En fait il y a un déplacement du
mariage qui intervient de plus en plus tard. Le mariage n’est pas pur autant banalisé et il revêt encore
aujourd’hui une forte dimension symbolique. « Aujourd’hui, toutes choses égales par ailleurs, on
estime que les modes de vie familiaux, les modes de consommation, les modes d’éducation des enfants
ne présentent pas de différences significatives selon que les parents sont ou non mariés. »
ƒ
Le modèle du couple bi actif s’impose : Margaret Maruani (1996) remarque que : « désormais, le
modèle familial dominant n’est plus celui du choix (travail ou famille), ni celui de l’alternance
(travailler s’arrêter retravailler), mais celui du cumul. »
ƒ
Autour du modèle de la famille à deux enfants : tendance à la réduction des familles. On a assisté à
l’effondrement du taux de fécondité. Mais il faut toutefois nuancer ce point en remarquant la sensibilité
de cet indicateur aux effets de calendrier (les premières naissances interviennent de plus en plus tard)
Le devenir de la famille : un risque accru de ruptures et de transitions.
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Le ménage stable reste le modèle dominant : mais la responsabilité directe des ménages dans la
construction d’un couple directe est plus importante
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… mais une précarisation accrue des unions : Aujourd’hui 1/3 mariage est susceptible de se terminer
par un divorce contre 1/10 dans les années 60. cependant le nombre de ruptures de couples avec enfants
reste stable. En revanche, la part des divorçants sans enfants augmente. Cette affirmation doit encore
être nuancée dans la mesure où la part des familles naturelles a beaucoup augmenté or leur risque de
ruptures semble beaucoup plus élevé. (Toulemon 1996)
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L’augmentation des familles monoparentales et recomposées :
Æ Les enfants sont rarement séparés de leur mère ; cela perpétue l’inégalité des sexes. Seulement 9 %
des enfants des couples séparés vivent avec leur père.
Æ La vie en famille monoparentale est le cas le plus fréquent
Æ Mais la formation d’une nouvelle union devient plus fréquente surtout chez les pères
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Les relations des enfants avec leur père
Qu’est ce qu’une famille ?
Quelques problèmes émergent à la lecture de ces faits :
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La baisse du mariage n’a pas affaibli le modèle de vie en couple
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Les familles naturelles et légitimes se ressemblent plus qu’elles ne se différencient. Le mariage
intervient le plus souvent après la naissance du premier enfant
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Les relations filiales sont moins distantes et plus affectives. Mais les ruptures de couples font planer
une menace sur la pérennité de ce lien surtout pour ce qui concerne le lien père enfants
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Mais une contre tendance apparaît s’appuyant sur la norme d’indissolubilité du lien de filiation.
2.2/ La famille étendue
L’allongement de la durée de vie transforme le cycle biographique
L’espérance de vie a connu un boom ces trente dernières années. Mais il ne s’agit pas tant d’un vieillissement qu’un
rajeunissement de chaque âge biologique.
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L’entrée dans la vie adulte : elle est moins nette qu’avant et fait l’objet d’un report généralisé
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Allongement de la période de formation
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Le chômage retarde l’accès à un emploi stable
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L’accès à l’habitat autonome, la mise en couple, la naissance du premier enfant sont retardés
Æ De nouvelles questions émergent concernant les jeunes adultes
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Doit on considérer le phénomène de retard comme un allongement de la jeunesse ou comme
l’apparition d’un nouvel âge de la vie.
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Doit on le ramener uniquement à un changement de calendrier ou à une situation conjoncturelle du
marché du travail.
La maturité et le passage à la retraite
Xavier Gaullier (1995) parle de « risque 50 ans »
Æ Période de risques professionnels
Æ Période de risque personnel et familial : le risque de séparation et de divorce y est plus élevé.
Æ Risque différent de mortalités féminine et masculine
En conséquence 1/5 femme de 60 se retrouve seule et 1/10 hommes.
¾
Les trois âges de la vieillesse
Æ De 60 à 74 ans : jeunes retraités vivant souvent en couple
Æ 75-84 ans : les couples ne sont plus majoritaires
Æ Plus de 85 ans : l’état de dépendance est plus sensible.
La famille étendue se resserre sur l’axe étiré de la filiation
Les relations entre collatéraux sont plus électives que par le passé.
¾
L’importance des aides financières intrafamiliales
Æ Les ¾ des aides circulent des ascendants vers les descendants
Æ Les principaux bénéficiaires du soutien financier sont les ménages jeunes ou âgés
¾
L’intensité des échanges et services : la génération intermédiaire ou génération pivot est la plus grande
pourvoyeuse d’aide. Les services aux jeunes adultes sont de l’ordre de la garde d’enfant. Quant aux personnes
âgées, elles bénéficient souvent d’une « solidarité à distance ». Dans les ¾ des cas c’est la femme qui fournit
l’aide
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3/ Problème du lien familial contemporain
Entre hommes et femmes l’égalité de droit se combine à une inégalité de fait persistante.
Le nouveau pacte de filiation reste incertain
La sécurité et la stabilité des liens de filiation ne sont pas assurées
La solidarité intergénérationnelle est éprouvée par un double phénomène : le reflux de l’Etat Providence,
accroissement de la dépendance des ménages jeunes.
3.1/ Une mutation familiale inachevée et précarisée
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Différence et égalité des sexes : le nouveau contrat de genre n’est pas établi
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Inégalité persistante des sexes : « Malgré leur réussite scolaire, les filles continuent d’être minoritaires
dans la plupart des filières prestigieuse, Le travail féminin reste plus précaire, plus soumis au chômage,
plus discontinu, moins valorisé que le travail masculin. Le « plafond de verre » qui interdit aux femmes
l’accès aux fonctions de direction, se double souvent d’un mur de béton : qui sépare les activités dites
féminines des activités masculines ». Le temps partiel illustre ce point : Plus de 80 % des temps partiels
concernent des femmes. Le problème c’est qu’il s’agit souvent d’un temps partiel contraint. En outre
les femmes assument la majorité des tâches domestiques. Le suivi scolaire montre la persistance du
suivi des mères alors que les pères décrochent au niveau de la 6e.
ƒ
De nouvelles formes d’inégalités entre les femmes.
A un pôle, les femmes bénéficient d’une carrière intéressante, d’une prise en charge de leurs enfants
compatible avec leurs horaires, d’un service domestique… Elles peuvent donc concilier vie
professionnelle, féminité, maternité et épanouissement personnel. A un autre pôle, des femmes
subissent la précarisation de l’emploi, le manque de moyens pour la garde d’enfants, la totalité des
tâches ménagères… Entre ces deux pôles, il existe un continuum de positions.
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Différence des générations : le nouveau pacte de filiation est incertain
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Les ambiguïtés de la personnalisation de l’enfant
Æ Repose sur l’idée que l’enfant est une personne mais réduction de la définition sociale de l’enfant à
une seule dimension. Deux exigences peuvent apparaître comme contradictoire : lui assurer son
développement personnel en relation avec la vie qui est née avec lui ET l’accueillir comme un nouveau
venu au sein du monde humain c'est-à-dire, lui enseigner un monde qui lui préexistait. En considérant
l’enfant comme une personne déjà constituée on récuse cette tension et l’on dévalue la tâche
d’apprentissage qui incombe à l’enfant et qui est de la responsabilité des parents.
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L’inégalité entre les pères et la crise de la masculinité.
Æ Un dérivé à l’incertitude de la parentalité = la glorification du capital scolaire. En cas d’impossible
valorisation de ce capital scolaire, la crise de la transmission générationnelle est aggravée. Des études
soulignent la fragilisation de la paternité dans les fractions de la population les plus affectées par le
chômage et dans les quartiers de relégation.
La crise de la masculinité est au croisement de :
o
L’effondrement de l’ancienne domination de sexe
o
La crise des valeurs patriarcales
o
Le déficit d’espoir d’accéder à un statut professionnel.
Æ D’où la réaffirmation de valeurs viriles.
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L’insécurité du lien de filiation en cas de rupture du couple
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La précarisation des liens pères-enfants : 3O % des pensions alimentaires ne sont pas payées et en
1994 : ¼ des pères ne voient plus leur enfant après séparation. Les enfants sont confiés en cas de
divorce à leur mère dans 85 % des cas. Deux phénomènes se combinent en réalité :
o
L’éviction d’un certain nombre de pères
o
Les carences paternelles en matière d’éducation et d’entretien des enfants
L’idéal de coparentalité édicté par le droit (1993 Æ principe d’autorité parentale exercée en commun après divorce)
ne se traduit pas de manière spectaculaire dans les faits.
ƒ
¾
Désaffiliation et précarité sociale : plus on descend dans la hiérarchie sociale plus les relations pèreenfant se distendent. Les pensions sont en outre d’autant moins payées qu’elles sont faibles.
Inégalité et fragilité des solidarités familiales
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L’inégalité des aides familiales privées
Æ Il faut rappeler ici la prégnance des inégalités intergénérationnelles chez les retraités bien sûr mais
surtout chez les jeunes adultes. Les jeunes étudiants sont généralement bien aidés par leur famille et
sont peu touché par la pauvreté alors que les autres jeunes sont plus pauvres et moins aidés. Dans les
milieux modestes, l’effort de financement des études peut abaisser le niveau de vie du groupe familial
en dessous du seuil de pauvreté d’où la pression pour faire des études courtes.
ƒ
La fragilité spécifique des solidarités familiales
La solidarité familiale est un système d’échanges différés et indirects entre trois générations imbriquées
(Masson 1998). Ce système ne marche que si l’on a confiance en sa propre pérennité
3.2/ Une mutation inassumée, la crise de l’institution
L’institution est écartelé entre : défendre un seul modèle familial ; le modèle traditionnel ou le refus d’intervention
sur la famille qui est de l’ordre du privé. Liberté individuelle et désir d’institutionnalisation loin de s’opposer, vont de
paire. Les familles recomposées sont confrontées à 3 questions :
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Redéfinir le cercle de la famille quand celui-ci n’est plus clos ni dans l’espace ni dans le
temps
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Resécuriser l’appartenance généalogique des enfants
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Ouvrir l’ordre symbolique de la parenté à des figures inédites.
Or ces évolutions ne sont pour l’instant pas assumées par le droit.
Partie 2 : Le droit
Les derniers bouleversements qu’a connus la famille n’ont pas pris le droit en défaut. Le droit français des personnes
est un droit flexible ; il permet de trouver des solutions à des situations inédites. Il va pourtant bien falloir que le
système législatif s’adapte à ces circonstances nouvelles afin d’en maintenir la cohérence. Irène Théry recommande
trois séries de réformes :
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Reconnaître mieux la diversité des couples.
Se marier ou non est devenu affaire de conscience personnelle. Le mariage et le concubinage doivent être affirmés comme
des choix également respectables. Irène Théry préconise par exemple de créer un nouveau type de divorce : le divorce sur
déclaration commune, affirmant la nouvelle nature dissoluble du couple. Il faudrait aussi d’avantage reconnaître l’existence
et la légitimité du concubinage
¾
Reconnaître ce qui apparaît déjà comme un nouveau droit commun de la famille à savoir l’égalité entre tous les enfants
quel que soit le statut des parents (époux concubins, relations adultères…). Il faut lire de façon plus équilibrée la
Convention des droits de l’enfant, si ce dernier a bien évidemment droit à la protection cela ne doit pas conduire à penser
une mythique émancipation
¾
Réformer le droit successoral