Avec Salim Khalaf, la Phénicie émerge aux USA
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Avec Salim Khalaf, la Phénicie émerge aux USA
Les Libanais dans le monde lundi 15 avril 2013 Avec Salim Khalaf, la Phénicie émerge aux USA 5 Recherche Aujourd’hui, la Phénicie s’étale en long et en large sur le Web, et pour visiter toutes ses strates, il suffit d’un simple clic sur Phoenicia.org. C’est un Libanais vivant aux États-Unis qui a ouvert ce sésame au monde entier : Salim Khalaf. WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Originaire de Souk el-Gharb et fuyant la guerre au Liban, il était arrivé en 1985 au pays de l’Uncle Sam, muni d’un BA en « business » et en littérature anglaise. Il s’inscrit de suite à l’université de Caroline du Nord dont il obtiendra un MA en histoire ancienne, matière qui l’a toujours passionné et vers laquelle il retournera après des travaux dans le graphisme informatique éducationnel. Et ce sera un retour par la grande porte vers ses ancêtres millénaires. En 1995, il commence par élaborer un site dans le but de créer « une petite présence phénicienne ». « Car sur la toile, dit-il, ce sujet était presque introuvable, ou très défaillant. En démarrant, très humblement, avec quelques pages, j’ai découvert à quel point je savais peu de mon legs phénicien. Creuser leur histoire et leur culture a La page d’accueil du site « Phoenician international research center ». été une expérience fascinante et enrichissante. En même temps, j’étais en colère contre les responsables de notre éducation et leur approche banalisée des Phéniciens. » Son site est rapidement assailli par une foule d’internautes « phéniçophiles » et amateurs d’histoire de l’Antiquité, qui tantôt posaient des questions et proposaient des suggestions, tantôt postaient leurs études et leurs analyses. Salim Khalaf a donc invité ceux qui le désirent à rédiger des articles spécialement pour son site. À sa grande surprise, ils affluent de toutes parts. Il précise à ce sujet : « Ces contributeurs se sont mis à l’œuvre à partir de l’Australie, du Brésil, de l’Argentine, du Liban, de la GrandeBretagne, des Pays-Bas, de la Tunisie, de Gibraltar, de l’Afrique du Sud, de l’Italie, du Canada, des États-Unis, et même de l’Antarctique (tel le Dr Gavin Francis, un médecin et passionné d’histoire, membre de la station de recherche British Antarctic Survey située sur le plateau de glace Brunt). » Autrement dit, ce groupe de chercheurs, auteurs, collaborateurs et écrivains, bien que séparés géographiquement par des continents, se retrouve uni sur Internet, via Salim Khalaf, qui a dû jouer les coordinateurs. Phoenicia. org est ainsi devenu le plus grand recueil d’études sur les Phéniciens de la toile. Il a reçu le prix « Superior Cedars » en 2008, décerné pare l’Union libanaise culturelle mondiale (ULCM). Il a en outre servi de référence à des écrivains et des éditeurs du monde entier et s’est retrouvé parmi les premiers « clics » de recherches sur la Phénicie chez Google, Yahoo, Bing et autres moteurs de recherche. Une œuvre musicale dédiée à Ahiram En 2009, le Dr Nicholas Kahwaji, alors secrétaire général de l’Union libanaise culturelle mondiale, décide de collaborer avec Phoenicia. org, déjà très sollicité, pour constituer un organisme à but non lucratif dont la mission serait d’éclairer sur la contribution des Phéniciens, des « Du Koura au Brésil, aller et... retour », de Salim Miguel Portrait Un grand écrivain qui a marqué l’histoire de la littérature au Brésil. Roberto KHATLAB Six personnes, trois adultes et trois enfants. Le père, la mère et l’oncle ont entre vingt et trente ans, et les fillettes et le petit garçon entre 6 mois et trois ans. C’était le 18 mai 1927, sur le quai du port de la Praça Mauá, dans l’État de Rio de Janeiro. Ils venaient juste de débarquer au Brésil, perdus dans le brouhaha, en pleine nuit. Ils se tournèrent vers un chauffeur de taxi qui, grâce à la lumière d’une allumette, arriva à lire l’adresse qu’ils lui tendaient sur un bout de papier, et leur apprit leur premier mot en portugais : « Luz », ou lumière, qui leur ouvrit les portes du « Nouveau monde ». Cet épisode marqua la mémoire de Salim, dont le livre Nur na escuridão (Lumière dans l’obscurité) vient d’être traduit en arabe, renforçant sa volonté de retour. Salim Miguel est connu au Brésil comme étant un grand auteur de fictions et de contes, un chroniqueur et un essayiste. Il est né à Kfarsaroun, au Koura dans le Liban-Nord en 1924. Son père est Youssef Yacoub Mikhail (Miguel), né aussi à Kfarsaroun en 1897, et sa mère Tamina Athye Mikhail, née à Amioun en 1903. À leur arrivée au Brésil, ses parents travaillèrent dans le commerce, comme colporteurs, avant d’ouvrir un magasin, mais Salim prit le chemin des lettres et devint journaliste et écrivain, puis libraire et éditeur. Sa mère était une femme cultivée qui parlait, en plus de l’arabe, le russe, l’anglais et le portugais. Son père souhaitait être professeur et donna des cours d’arabe avant de s’engager dans le commerce. La « persévérance » était le mot d’ordre de la famille. En 1943, la famille partit vers le sud du Brésil dans l’État de Santa Catarina, à Florianópolis, où Salim commença sa vie littéraire. En 1947, il créa avec d’autres jeunes, aussi enthousiastes que lui, le petit journal Cicuta dans lequel il publia ses premiers articles. La même année, il participa au cercle de l’Art moderne, du Groupe-Sud, et connut la Brésilienne Eglê Malheiros, écrivaine, qui devint son épouse, avec laquelle il produisit pour le théâtre la première œuvre dramatique de Jean-Paul Sartre présentée au Brésil. Avec l’argent gagné dans les représentations, il édita la Revista Sul (Revue Sud) durant dix ans (1948-1958) pour l’action directe du Group-Sud et réalisa l’exposition de l’Art moderne, qui donnera plus tard La couverture du livre « Nur na escuridão » traduit en arabe. naissance au musée de l’Art de l’État de Santa Catarina. Emprisonné pour son militantisme En 1950, Salim Miguel publia ainsi des interviews à Rio de Janeiro de grands écrivains comme Carlos Drummond de Andrade, Jorge Amado et Graciliano Ramos. Il commença alors à se dédier davantage à l’écriture et publia en 1951 son premier livre de contes, intitulé Velhice e outros contos (Vieillesse et autres contes), qui fut suivi de trente autres ouvrages, contes, poésies et romans, dont Nur na escuridão en 1999 et Reinvenção da Infância (réinvention de l’enfance) en 2011. Il travailla également dans des revues et des journaux importants, produisant de nombreux articles et éditoriaux sur la vie sociale, politique et économique au Brésil. Salim Miguel fut aussi responsable de la Revista Ficção, revue qui avait en 1975 un tirage de 15 000 exemplaires et était distribuée dans tout le Brésil. Il était aussi libraire et avait sa propre « Livraria Salim ». Considéré comme militant, il fut emprisonné en 1964, durant la dictature militaire au Brésil, mais pour peu de temps, grâce aux interventions de ses nombreux amis intellectuels. Un de ses livre raconte ce moment : « Brésil, avril 1964 : la dictature s’installe. » En 1983, Salim Miguel assuma la direction de la maison d’édition de l’Université fédérale de Santa Catarina (UFSC), pour huit ans. Il se distingua aussi dans le septième art et écrivit des scénarios pour le cinéma, avec son épouse Eglê, comme O Preço da ilusão (Le prix de l’illusion), premier long-métrage réalisé à Santa Catarina en 1957. Il organisa en 1962 le premier festival du cinéma nouveau Salim Miguel, un journaliste et écrivain libano-brésilien prolifique. brésilien et adapta pour le cinéma des œuvres de grands écrivains brésiliens. Salim Miguel participa aux jurys de plusieurs festivals de cinéma et fut nommé en 1994 par le ministre de la Culture membre de la commission de sauvetage du cinéma brésilien. La présence de sa femme à ses côtés l’a aidé dans sa production. Eglê Malheiros Miguel, née à Tubarão-Santa Catarina en 1928, avait fait des études en droit et en communication et était aussi écrivaine, scénariste de films et traductrice d’œuvres littéraires et techniques de l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol et l’italien vers le portugais. Elle était aussi traductrice et collaboratrice pour les encyclopédies Delta-Larousse et Mirador, et obtint plusieurs distinctions au Brésil. Bourbon du meilleur roman brésilien publié entre 1999 et 2001. En 2002, il obtint le prix Juca Pato ainsi que le titre de docteur honoris causa de l’Université fédérale de Santa Catarina. Le livre Nur na escuridão, traduit en arabe sous le titre Du Koura au Brésil, aller et... retour par Youssef Mousmar, vient d’être édité au Liban par Dar Saër al-Mashrek – www. entire-east.com – avec l’appui du programme de traduction des œuvres brésiliennes de la Bibliothèque nationale de Rio de Janeiro et du ministère de la Culture du Brésil, en coordination avec le Centre des études et cultures de l’Amérique latine de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Cecal-USEK), qui compte une « Collection Amérique latine » dans sa bibliothèque centrale. Meilleur livre de l’année en 1999 *L’association des « Amis du Portugal », présidée par Mia Azar, a organisé récemment une rencontre à Beyrouth avec Roberto Khatlab autour de son livre, paru il y a six mois et reprenant tous ses articles publiés dans notre page « Les Libanais dans le monde » depuis novembre 2007. Pour sa part, Salim Miguel a aussi été récompensé pour tout son travail de 50 ans d’écriture : son roman Nur na escuridão reçut en 1999 le prix du meilleur livre de l’année, puis en 2001 le prix Zaffari & Rencontre des « Amis du Portugal » avec Roberto Khatlab à Beyrouth. Salim Khalaf, un passionné de la Phénicie. Cananéens et des Puniques à la civilisation mondiale. Et se crée ainsi un Centre de recherche international phénicien, à Chapel Hill (Caroline du Nord), ayant pour président le Dr Habib Chamoun. Il compte des chercheurs internationaux, des chercheurs et des immigrants libanais qui travaillent à découvrir, promouvoir et diffuser des informations en langue anglaise sur nos ancêtres. Salim Khalaf ajoute : « Au sein de ce centre, on a prévu un système de donations pour poursuivre nos objectifs : octroi de bourses, recherches, protection des sites archéologiques, numérisation d’ouvrages rares sur les Phéniciens, et coup d’arrêt aux achats de trésors phéniciens pillés. » Et qu’est-ce qui a été réalisé ? Il répond : « Notre groupe, “Les amis phéniciens”, a enregistré plusieurs réalisations, dont la production d’un film documentaire en espagnol sur les contributions de la civilisation phénicienne, par l’Argentin Daniel Asade, la tournée d’un navire (réplique d’un modèle phénicien) effectuant l’itinéraire déjà suivi il y a des milliers d’années, la signature d’un protocole de coopération avec l’Université Complutense de Madrid, et une invitation du Dr Chamoun à visiter un site archéologique phénicien/punique récemment découvert. » Il faut noter que Salim Khalaf, phénicien dans l’âme, a plusieurs cordes à son arc. Quand il ne s’adonne pas à la recherche, il pousse la chanson (il s’est notamment produit dans l’opérette Patience de Gilbert and Sullivan) et compose de la musique. Pour son site personnel, il a créé une œuvre pour orgue, intitulée Ahiram, la marche du couronnement du roi. Souvenirs d’Argentine... au Sri Lanka Naji FARAH Les coïncidences sont parfois bien étranges, comme en témoigne l’épisode survenu durant mon séjour en famille, au Sri Lanka. Je terminais la rédaction de l’article sur le voyage des jeunes Libano-Argentins de la Jucal – Jovenes de la Unión cultural argentino-libanesa (voir notre édition du 4 mars 2013), dans lequel je détaillais l’ascendance généalogique de chacun des 16 participants, dont Patricio Olivera Abdala, de Buenos Aires. Trois heures plus tard, et après avoir fait 100 km de route à partir de la plage d’Ahungalla pour rejoindre le port d’embarquement, je me retrouve avec ma fille Elissa en plein océan Indien, où avait eu lieu le tsunami en 2004. Il est 7h, et nous sommes sur un bateau contenant 40 touristes, face à huit autres bateaux similaires, en train de suivre des baleines. Accolés par hasard à une Argentine et Naji Farah et sa fille Elissa à la rencontre des amis argentins de Patricio Olivera Abdala dans l’océan Indien. son ami argentin également, je leur raconte en une phrase, en espagnol, que j’ai beaucoup de contacts avec les Libanais d’Argentine, à Buenos Aires – où naquit ma grand-mère maternelle Nélida el-Amm le 22 novembre 1913 – et dans d’autres villes, pour lesquels je réalise des voyages au Liban, et ce sans citer ni noms ni associations. Ils me répon- dent instantanément, avec véhémence, me laissant bouche bée : « Nous avons un grand ami qui est très motivé et qui va aller cet été au Liban, c’est Patricio Olivera, il est membre de la Jucal. » Je leur explique qu’il fait partie de notre groupe puis nous éclatons de rire, avant de prendre une photosouvenir, en nous promettant de nous revoir bientôt ! Les Libanaises et les footballeurs espagnols Contrairement à ce que disent certains détracteurs, l’émigration libanaise a ses bienfaits. Preuve en est l’expansion des Libanais dans le monde, réussissant grâce à leur caractère téméraire et à leur faculté d’adaptation. Par contre, à défaut de le favoriser, il ne faudrait pas empêcher le retour des émigrés, et la normalisation de la situation et de certaines lois libanaises est nécessaire pour cela. À l’issue de la première mitemps de la grande rencontre Barcelone-Paris St-Germain du mercredi 10 avril, se soldant par un match nul et donnant la qualification à l’équipe espagnole en demi-finale de la Ligue des champions de l’UEFA, le milieu de terrain catalan Cesc Fàbregas est sorti du terrain du Camp Nou en courant. Et pour cause : il est allé rejoindre à l’hôpital sa belle épouse, la Libanaise Daniella Semaan, qui venait de lui donner un enfant, la petite Lia, née durant la rencontre ! Le 22 janvier dernier, la célèbre chanteuse Shakira Mebarak, Colombienne d’origine libanaise, avait aussi secoué Barcelone en donnant naissance à son premier enfant, un garçon prénommé Milan, fils du footballeur espagnol international Gérard Piqué. La belle Shakira avait, plusieurs mois avant l’accouchement, fait patienter ses fans grâce à de nombreuses photos d’elle enceinte postées sur les réseaux sociaux. Avec Milan Piqué Mebarak, l’avenir du Shakira et Gérard Piqué, Cesc Fàbregas et Daniella Semaan. Milan Mebarak Piqué, avenir du football libanais ? football au Liban est assuré... à condition que les mamans libanaises puissent un beau jour Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : [email protected] – www.rjliban.com donner la nationalité à leurs enfants ! N.F.