Cas d`entreprise De la logistique à la production : les TMS en chaîne

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Cas d`entreprise De la logistique à la production : les TMS en chaîne
Cas d’entreprise
Auteur
Isabelle mary-CHERAY Chargée de mission
De la logistique à la production :
les TMS en chaîne
Un équipementier automobile installe en 2002 une nouvelle usine de production, dotée d’une nouvelle organisation du travail. En un an, 30% des salariés des secteurs
logistique et production subissent des restrictions d’aptitude. La direction et le CHSCT sollicitent l’ARACT Centre pour
mettre en oeuvre un plan d’action global de prévention.
Sous-traitant automobile, appartenant à un groupe mondial, l’entreprise
produitdes lève-vitres et systèmes de
portes. L’un de ses sites produit 40
à 50 000 mécanismes de lève-vitres
par jour dans un processus technique
peu automatisé, avec notamment des
activités d’assemblage et de vissage.
L’entreprise fait l’objet d’un vaste
projet d’investissement : une nouvelle
usine est construite avec une nouvelle
organisation du travail et une réorganisation des espaces. L’introduction
du flux tendu, le fonctionnement en
ilôts, l’évolution vers des petits conditionnements pour les composants
transforment de manière significative le
travail des opérateurs de production.
Ce changement de repères est d’autant
plus fort qu’il concerne un personnel
à forte ancienneté et vieillissant.
L’impact de ces changements est très
sensible sur la question des manutentions. Le passage de gros conteneurs
à de petits contenants allège le poids
unitaire mais augmente la fréquence.
Des plaintes de salariés émergent
dans deux secteurs de l’entreprise : la
logistique et la production. Un an après
l’installation dans la nouvelle usine,
30% des effectifs de ces deux secteurs sont soumis à des restrictions
d’aptitude. La direction et le comité
d’hygiène, de sécurité et des conditions
de travail (CHSCT) décident d’agir
et sollicitent l’ARACT Centre pour un
appui. Des orientations pour l’action
sont
attendues.
Les
premiers
contacts
avec
l’entreprise
font
apparaître que les facteurs de risque
troubles musculosquelettiques (TMS)
sont également présents. Ainsi, le
diagnostic court de l’ARACT élargit
la question des manutentions à
celles d’un état des lieux plus global
dans les deux secteurs concernés,
la
logistique
et
la
production.
Les analyses menées confirment
que les problématiques santé des
secteurs étudiés sont différentes.
Le Massena
122 bis Fbg Saint Jean
45000 ORLEANS
Tél : 02 38 42 20 60
La question de la manutention et de
son organisation est au centre des
préoccupations en logistique, alors que
la prévention des TMS est un enjeu
de l’assemblage. Il existe néanmoins
une problématique commune, liée au
nouveau mode d’organisation mis en
place. Les marges de manoeuvre des
opérateurs des deux secteurs pour
gérer ou anticiper des aléas sont
considérablement réduites. Par ailleurs,
les actions ou solutions provisoires
trouvées
peuvent
renforcer
la
contrainte dans l’autre secteur. Une
dépendance organisationnelle apparaît
donc pour chaque secteur, mais également entre eux deux. L’expression
des plaintes et les restrictions
d’aptitudes sont également liées aux
conditions de réalisation de la production et des aménagements des postes
ou des zones de travail. Ainsi, les
aléas et pannes machines incitent les
opérateurs de production à prendre
de l’avance (travail plus rapide et
augmentation du risque TMS). Cela
génère des répercussions sur le travail
des opérateurs de la logistique, qui
sont en charge de leur approvisionnement (augmentation de la fréquence
des tournées et donc du risque santé
lié à la manutention). Les effets ont
un impact négatif sur la performance
de l’entreprise et sur sa capacité à
être réactive, face aux exigences du
client et aux conditions du marché.
Les élus du CHSCT et l’ensemble du
comité de direction conviennent de la
mise en place d’un plan d’action global,
intégrant tous les projets et actions
déjà en cours. Ainsi, dans le secteur
logistique, le travail est à poursuivre sur
les flux, le zonage des références, les
espaces et les aides à la manutention.
En production, une stratégie globale
de prévention des TMS est à construire
pour agir sur l’organisation du travail,
l’aménagement
des
postes,
la
conception des produits... Par ailleurs,
les actions sont à coordonner pour
apporter des améliorations conjointes
aux deux secteurs, et s’assurer que
l’on ne déplace pas les contraintes.
Le plan d’action se construit et
s’organise
progressivement
dans
l’entreprise.
Il s’articule notamment autour
d’actions actuellement en cours :
- tests sur les lignes de production
pour réduire la manutention
- commande de matériel, pour le
secteur logistique, permettant le
stockage au sol des produits.
Plusieurs pistes de réflexion animent
le comité de direction et révèlent ainsi
sa prise de conscience des impacts que
peut avoir l’organisation du travail :
- une fonction «hors ligne» pourraît
être ré-introduite,
- l’évolution de carrière des opéra
teurs est à retravailler au regard de
la prévention de la santé,
- une baisse des cadences pourrait à
la fois accroître le confort des
opérateurs et améliorer le taux de
qualité.
C’est dans cet esprit qu’une journée
qualité est programmée dans l’atelier,
afin de repérer et éliminer les
activités-sources de moins value,
également pénalisantes pour les
opérateurs
(les
«re»
comme
rebuts,
refaire...).
Deux grands axes guident le plan
d’action établi par le comité de
direction et validé par le CHSCT:
- la mise en oeuvre d’actions
d’améliorations ergonomiques en
production et en logistique,
- la formation de tout le personnel à
la philosophie PRAPE (prévention
des risques liés à l’activité physique
et à l’ergonomie).
L’entreprise s’oriente également vers
une démarche de formation action
à l’ergonomie et aux TMS. Il s’agit
de
développer
ses
compétences
internes et de favoriser une meilleure
connaissance des TMS auprès des
services
méthodes,
sécurité,
et
production.
Ainsi,
la
dynamique
en cours montre la mobilisation de
l’entreprise pour l’amélioration des
conditions de travail dans le souci
d’une prise en compte globale de sa
performance et de la santé des salariés.
Consultez d’autres cas d’entreprise : www.centre.aract.fr

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