Fred Vargas

Transcription

Fred Vargas
Classiques
& Contemporains
Fred Vargas
Pars vite et reviens tard
LIVRET DU PROFESSEUR
établi par
M ICHÈLE S ENDRE -H AÏDAR
inspecteur de l’Éducation nationale
SOMMAIRE
DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
La peste depuis le Moyen Âge
................................................................ 3
POUR COMPRENDRE :
quelques réponses, quelques commentaires
Étape 1 Galerie de portraits :
l’incipit et la situation initiale ................................................ 8
Étape 2 Des chiffres, des lettres et des puces :
le nœud de l’énigme .................................................................. 10
Étape 3 L’enquête et ses rebondissements ................................... 11
Étape 4 Coupables, mais innocents (1) :
la résolution de l’intrigue ...................................................... 13
Étape 5 Coupables, mais innocents (2) : le dénouement ... 14
Conception : PAO Magnard, Barbara Tamadonpour
Réalisation : Nord Compo, Villeneuve-d’Ascq
3
DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
La peste depuis le Moyen Âge
• Les caractéristiques de la maladie
– Origine de la maladie
C’est le docteur Alexandre Yersin qui découvre en 1894 le bacille responsable de la maladie de la peste, Yersinia pestis, bactérie d’une extrême
virulence. C’est aujourd’hui une maladie à déclaration obligatoire.
– Les formes de peste
Chez l’homme, la maladie prend trois formes principales.
La peste bubonique : inflammation des ganglions périphériques
(bubons) qui deviennent douloureux et sont entourés d’une zone
dématiée. Elle est caractérisée par un syndrome infectieux très sévère (forte
fièvre).
La peste pulmonaire : difficultés respiratoires et toux. Cette forme peut
être secondaire (après dissémination d’une forme bubonique) ou primaire
(suite à une inhalation de germes). En l’absence d’un traitement précoce et
approprié, la peste pulmonaire est systématiquement mortelle en trois
jours.
La peste septicémique : symptômes cérébraux importants et hémorragiques diffus.
Les symptômes communs aux trois formes de peste sont : fièvre, frissons,
maux de tête, nausées, douleurs généralisées, diarrhée ou constipation, état
de choc.
À présent, dans 20 à 40 % des cas, le malade guérit après 8 à 10 jours.
Sinon, la maladie évolue vers une septicémie, mortelle en moins de
36 heures. Si le bacille atteint les poumons, la contagion humaine se fait
par l’intermédiaire des expectorations.
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– Diagnostic
La mise en évidence du germe peut se faire par examen direct du liquide
après ponction du bubon ou par la mise en culture. Il peut être rapidement
identifié par test d’immunofluorescence indirecte.
• L’évolution historique et géographique de la peste noire au
Moyen Âge
Le Moyen Âge a été traversé par de nombreuses épidémies de peste.
Malgré la rareté des sources documentaires, on estime que la peste noire a été
la première pandémie européenne depuis celle qui avait ravagé l’Empire
romain d’Orient au VIe siècle (dite «peste de Justinien») et qui avait sûrement
été à l’origine du déficit démographique du Haut Moyen Âge en Europe.
L’épidémie qui s’est développée au milieu du XIVe siècle a été la seule à
porter le nom de « peste noire ». Elle s’est déclarée en 1334 dans la province
chinoise du Hubei et s’est répandue rapidement dans les provinces voisines.
En 1346, les Tatars ont attaqué la ville portuaire de Caffa, comptoir commercial gênois actuellement située en Ukraine sur les bords de la mer Noire
en Crimée et y ont établi leur siège. L’épidémie, rapportée d’Asie Centrale
par les Mongols et les caravanes, a bientôt touché les assiégeants et les assiégés. Après l’alliance entre les Génois et les Tatars, le siège a été rompu, mais
les bateaux quittant la ville ont transmis la peste à tous les ports où ils s’arrêtaient. Constantinople, plusieurs villes italiennes et Marseille ont été ainsi
touchées dès 1347.
En un an, tout le pourtour méditerranéen a été atteint. Dès lors, la peste
a ravagé toute l’Europe, du Sud au Nord. La contagion était d’autant plus
aisée que l’Europe était déjà affaiblie par des famines à répétition (dont la
grande famine de 1315 à 1322), des épidémies (notamment le typhus) dues
à un refroidissement climatique à la fin du XIIIe siècle, et les guerres (dont
la guerre de Cent Ans, qui a débuté en 1336).
Depuis Marseille en novembre 1347, elle a gagné rapidement Avignon
en mars 1348, alors cité papale et carrefour du monde chrétien, ce qui a
représenté une importante plateforme de diffusion. Elle a atteint Paris en
juin 1348, et en décembre 1348, toute l’Europe, de la Grèce au sud de
l’Angleterre, a été touchée.
5
En décembre 1349, la peste a traversé presque toute l’Allemagne, le
Danemark, l’Angleterre, le Pays de Galles, une bonne partie de l’Irlande et
de l’Écosse.
Elle a continué ensuite sa progression vers l’Est et vers le Nord, dévastant la Scandinavie en 1350, puis s’est perdue dans les vastes plaines inhabitées de Russie en 1351.
On note que cette progression n’a pas été homogène. Les régions n’ont
pas toutes été touchées de la même façon. Des villages et même certaines
villes ont été épargnés comme Bruges, Milan et Nuremberg, au prix de
mesures d’exclusion drastiques. Il en a été de même pour le Béarn et la
Pologne.
• Le bilan humain
Les historiens s’entendent pour estimer la proportion de morts entre
30 % et 50 % de la population européenne. Là encore, ce chiffre a varié en
fonction des pays.
En France, entre 1340 et 1440, la population est passée de 17 à 10 millions d’habitants, soit 42 % de moins. Les villes ont été plus durement touchées que les campagnes du fait de la concentration de la population, mais
aussi des disettes et difficultés d’approvisionnement que la peste a provoquées.
En Italie, il est communément admis que la peste a tué au moins la moitié des habitants. Seule Milan semble avoir été épargné (bien que les sources
soient peu nombreuses et imprécises à ce sujet). Les sources contemporaines citent des taux de mortalité effrayants : huit sur dix à Majorque,
autant à Florence, trois sur quatre à Venise…
En Angleterre, les chiffres avancés vont de 20 % à 50 % de la population.
On estime aussi que la population citadine d’Allemagne a diminué de
moitié.
• Les conséquences économiques et sociales
La peste a causé d’importants troubles sociaux, économiques et religieux :
6
– des groupes de flagellants se sont formés et ont tenté d’expier leurs
péchés avant l’Apocalypse, car ils pensaient que la peste n’était qu’un signe
annonciateur ;
– les juifs, les gitans, les « gens du voyage » et une autre population généralement connue sous le nom de « cagots » ont été rendus coupables de
l’épidémie par la population qui les accusait d’empoisonner les puits. Ils
ont été persécutés malgré la protection du pape Clément VI. À titre
d’exemple, 900 juifs ont été brûlés vivants à Strasbourg le 14 février 1349,
d’autres ont été jetés dans la Vienne à Chinon ;
– les villes se sont désertifiées les unes après les autres, la médecine de
l’époque n’ayant ni les connaissances ni les capacités de juguler les épidémies ;
– la main-d’œuvre a manqué et son coût a augmenté, en particulier dans
l’agriculture. De nombreuses cultures ont été abandonnées et la forêt s’est
développée ;
– des danses macabres ont été organisées où la mort était représentée ;
– l’art, dont la peinture, a retranscrit l’omniprésence de la mort sous la
forme des faucheuses.
La peste s’est établie durablement en Europe et elle a ressurgi plusieurs
fois au cours de l’histoire, jusqu’à la dernière épidémie de grande ampleur
à Marseille durant les années 1720 à 1722.
• L’épidémie de peste à Marseille de 1720 a 1722
En 1720, sur un navire venant de Syrie, plusieurs cas de peste se sont
déclarés au cours de la traversée. Les autorités du port en ont été informées,
mais comme la cargaison était destinée à de puissants commerçants de la
ville, qui ne voulaient pas manquer la foire de Beaucaire, la quarantaine a
été supprimée.
Quelques jours après, l’épidémie s’est déclarée et ses ravages ont été foudroyants. Les hôpitaux étaient pleins, les malades, souvent chassés de chez
eux, mouraient dans la rue par milliers, et les galériens ne suffisaient pas à
transporter les corps aux fosses communes.
Le Parlement d’Aix avait interdit, sous peine de mort, toutes communications de Marseille avec le reste de la Provence. Mais cela n’a pas empêché
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le fléau de gagner Aix, Arles et Toulon. En deux ans, 100 000 personnes ont
péri, dont 50 000 à Marseille.
• La peste aujourd’hui
La peste a sévi en Europe jusqu’au milieu du XIXe siècle. En 1910-1911,
elle a tué 60 000 personnes en Mandchourie. Pendant l’été 1920, le bacille
a fait une quarantaine de victimes à Marseille et à Paris ; qualifiée de « peste
des chiffonniers », elle a contaminé 94 personnes, et 34 en sont mortes.
Pour ne pas inquiéter la population, on l’a appelé « la maladie n° 9 ».
En 1942, les Japonais ont utilisé la peste comme arme biologique à
Ningpo, en Chine. Ils avaient envoyé un engin contenant de grosses puces
prélevées sur des rats auxquels ils avaient inoculé la peste dans le « laboratoire 731 ». Il y eut 500 décès.
Aujourd’hui, pour l’Organisation mondiale de la santé, cette maladie
reste endémique dans de nombreux pays d’Afrique, d’Amérique et d’Asie.
En 1999, 14 pays lui ont notifié 2 603 cas, dont 212 mortels.
Enfin, yersina pestis pourrait constituer une redoutable arme biologique
comme le prouve l’épouvantable anecdote suivante : dans les années 1980,
au temps de l’apartheid, un médecin californien avait fourni « un sac rempli
de microbes de choléra, typhoïde, de botulisme, de la maladie du charbon et de
la peste bubonique » à un médecin sud-africain pour un programme d’extermination des noirs… Accusé de meurtre, ce dernier s’est suicidé.
8
POUR COMPRENDRE : quelques réponses,
quelques commentaires
Commentaires préliminaires
L’exploitation pédagogique du roman de Fred Vargas, Pars vite et
reviens tard, suit la linéarité du texte. Cette démarche nous a en effet
semblé préférable car, s’agissant d’un récit policier, elle permet de créer
des effets d’attente durant la lecture des élèves et de ménager ainsi le
suspense. Bien évidemment, elle n’exclut pas une lecture cursive préalable de l’œuvre, les questions « Bien lire » au fil des pages orientant progressivement l’analyse des élèves.
Dans chaque étape, les questions de lecture sont volontairement
nombreuses pour permettre un travail de recherche personnelle à la
maison ou des travaux de groupes en classe et ces questions, au plan
notionnel, ont un lien avec les encadrés « À savoir ».
Le professeur, en fonction de ses propres objectifs pédagogiques,
décidera d’exploiter ou non le questionnement dans sa globalité ainsi
que toutes les activités d’écriture ou d’oral proposées.
Étape 1 [Galerie de portraits : l’incipit et la situation
initiale, pp. 378-379]
5 Les impressions que suscite l’incipit du roman sont nombreuses.
L’utilisation de l’italique, tout d’abord, interpelle le lecteur : s’agit-il
d’une citation ? Qui en est l’auteur ?
Les deux connecteurs d’énumération (Et, puis) introduisant la phrase
– du reste inachevée puisqu’il manque une proposition principale –
font référence à un « avant » et un « après » inconnus du lecteur, ce qui
ne manquera pas de l’intriguer également.
9
Les animaux cités (serpents, chauves-souris, blaireaux et tous les animaux qui vivent dans la profondeur des galeries souterraines) suggèrent en
outre une impression de malaise, de froideur, de mort.
Enfin, les deux derniers verbes (pourrir et se remplir de vers) annoncent une intrigue sombre, voire effrayante.
11 Le registre réaliste du roman se reconnaît par les citations de
noms de lieux associés à Paris, aux références très précises à l’univers
marin, à l’analyse psychologique des personnages. Il installe le lecteur
dans un univers vraisemblable, avec des personnages auxquels il peut
s’identifier même si, comme le dit Guy de Maupassant dans sa préface
de Pierre et Jean, tout n’est évidemment qu’illusion !
Le registre fantastique, se distinguant par l’irruption d’un fait surnaturel dans un environnement réaliste et créant ainsi un effet de doute
chez le lecteur, est présent dès le second chapitre quand apparaît l’arrière-arrière-grand-père de Joss, le crieur, sorti de la tête de Joss pour s’accouder au bar et lui dire salut. Le registre fantastique se poursuivra avec
les inscriptions mystérieuses, les puces, etc., brouillant ainsi les repères
rationnels du lecteur.
18 Joss Le Guern, Hervé Decambrais et Lizbeth sont très différents
culturellement et socialement, mais tous trois ont un passé trouble et
intriguant pour le lecteur. Présentés dans la situation initiale de l’histoire, il est vraisemblable qu’ils seront les actants privilégiés de l’intrigue.
19 Pour cette première séance, les élèves sont invités à rédiger une
argumentation. On s’assurera donc qu’ils aient clairement identifié la
thèse réfutée, la thèse soutenue et construit un argumentaire convaincant illustré par des anecdotes.
10
Étape 2 [Des chiffres, des lettres et des puces : le nœud
de l’énigme, pp. 380-381]
6 Pour permettre aux élèves de répondre à cette question de synthèse,
on pourra leur demander de construire un tableau présentant les
rubriques suivantes :
Cette recherche pourrait s’effectuer par groupe. Les élèves prendront
ainsi conscience que cette technique narrative maintient le lecteur en
haleine, puisqu’il devient également l’enquêteur qui essaie de démêler
les fils de l’intrigue.
9 Les « héros » de Fred Vargas appartiennent bien à la « nouvelle »
génération des personnages de récits policiers. Ils ne sont plus uniquement, du côté des enquêteurs, des « têtes pensantes » animées par la
recherche logique de la vérité. Les coupables, quant à eux, ne sont plus
des êtres foncièrement mauvais et machiavéliques. Policiers et assassins
sont chacun à la fois « anges » et « démons », avec leurs parts d’ombre et
de lumière.
15 Les événements survenus dans les chapitres précités représentent
bien des complications, car l’intrigue se complexifie de plus en plus sans
que le lecteur ait toutes les clés en main pour comprendre véritablement
le nœud du problème.
L’événement perturbateur proprement dit, c’est-à-dire le fait qui
enclenche l’histoire et déstabilise l’ordre du début de l’intrigue, apparaît dès le chapitre III, lorsque Joss lit pour la première fois la mystérieuse annonce représentant la suite de celle qui est présentée au
chapitre I.
11
16 Pour la rédaction de la lettre intime, on s’assurera que les élèves
connaissent les contraintes formelles de présentation d’une lettre et on
veillera à ce qu’ils utilisent un niveau de langue courant. Cet exercice
d’écriture, fréquemment demandé aux examens du Brevet ou du BEP,
impose l’emploi d’une langue correcte, même s’il s’agit d’un courrier
personnel. On demandera également aux élèves de signer leur lettre
d’un nom d’emprunt car toute copie, pour un examen, se doit de rester anonyme.
17 Le second écrit demandé est un compte rendu objectif, rédigé au
jour le jour, des événements qui ont été rapportés au commissariat. Il
est important que les élèves perçoivent le contexte de communication
de leur écrit et ses enjeux. On insistera sur l’emploi d’un lexique objectif, du présent et du passé composé, de l’énonciation à la 3e personne.
Cet écrit permettra, en outre, d’évaluer les compétences de lecture des
élèves, puisqu’il représentera un sommaire de l’intrigue romanesque.
Étape 3 [L’enquête et ses rebondissements, pp. 382-383]
10 Les fausses pistes dans un roman policier sont inévitables si l’on
souhaite maintenir l’attention du lecteur. Elles font de lui tout d’abord
un acteur à part entière de l’histoire qui, comme l’enquêteur en titre,
émet des hypothèses puis les infirme ou les confirme au fur et à mesure
qu’avance l’enquête. Elles permettent aussi de s’identifier à plusieurs
coupables présumés, d’évaluer leurs mobiles éventuels et de construire
ainsi plusieurs histoires dans un même roman. Elles ont, enfin, une
fonction éminemment dramatique car elles engendrent, comme sur
une scène de théâtre, rebondissements, coups de théâtre, voire renversements de situation, conférant ainsi à la narration toute sa dynamique.
19 Ce roman policier est aussi une histoire d’amour entre le commissaire Adamsberg et la musicienne-plombier Camille : tous deux
marginaux, lui parce qu’il prône la lenteur, la marche à pied, le dessin,
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elle parce que, étant musicienne, elle vit de plomberie ; tous deux
amoureux sans le dire, ils se rencontrent et se séparent pour mieux se
retrouver à chaque roman.
Le roman Pars vite et reviens tard dénonce aussi le « quatrième » pouvoir des médias. L’auteur montre combien une rumeur, entretenue par
la presse, peut devenir un fléau aussi grave que la peste, engendrant une
panique difficilement contrôlable, comme le montrent, au
chapitre XXIX, les dix-huit mille immeubles avec une inscription !
On pourra demander aux élèves de faire des recherches sur l’influence des médias, ou d’organiser un débat sur la nécessaire liberté de
la presse, malgré certaines de ses dérives.
26 Dans un roman policier, la déduction est le résultat d’un raisonnement logique. On peut citer pour exemple le cheminement de
Danglard pour trouver l’identité de la personne portant les initiales
CLT, un temps considéré comme suspecte.
La sensation, à la différence d’un sentiment, est une impression physique. Adamsberg en éprouve beaucoup dans ce roman, mais une va
particulièrement faire avancer l’enquête. En témoigne ce court extrait :
« Et en fin de criée, alors que Joss abordait sa conclusion naufragée, il sursauta, comme si un caillou aigu avait heurté durement l’éponge. Ce choc
[…] le laissa interdit, aux aguets. Il était incapable d’en définir la provenance. C’était une image qui l’avait cogné, forcément, alors qu’il s’endormait presque contre le tronc du platane. Un bout d’image, quelque part sur
la place, venu le croiser en un dixième de seconde » (pp. 252-253).
Cette sensation va se transformer dans la suite du roman en une révélation, c’est-à-dire une impression fugitive qui prendra soudain une
signification évidente, irréfutable, et qui conduira, dans cette histoire
policière, à la résolution de l’énigme. « Et comme une mousse se détachant
des fonds rocheux et remontant mollement vers le jour, l’image perdue la
veille, sur la place, amorça sa lente ascension. Adamsberg respirait à peine,
fermant les yeux. Dans l’éclair, l’image était dans l’éclair. Tout à coup, elle
fut là entière. L’éclair, pendant la criée de Joss, à la fin. Quelqu’un avait
bougé, et quelque chose avait étincelé, vif et rapide. »
13
Pour résoudre une enquête, rares sont les enquêteurs qui ne s’appuient que sur des déductions logiques, sauf dans certains romans « à
énigme » d’auteurs comme Conan Doyle ou Agatha Christie. Ainsi,
même le célèbre Rouletabille de Gaston Leroux, s’il prétend s’appuyer
« sur les bons bouts de sa raison », n’en n’écarte pas pour autant les sensations, intuitions et révélations, comme dans Le Parfum de la Dame en
noir.
Aussi, déductions, sensations et révélations représentent-elles des
ingrédients indispensables pour mener à la découverte du coupable.
27 et 28 Deux autres types d’écrits sont proposés aux élèves dans ces
deux consignes d’écriture : le dialogue et le journal intime.
Pour le dialogue, il est important de sensibiliser les élèves à la ponctuation, aux incises, à l’enchaînement des répliques et aux procédés de
reprise. De nombreux exemples pris dans le roman pourront être utilisés.
Pour la page de journal intime, il serait nécessaire de leur montrer un
exemple en insistant sur :
– les repères spatio-temporels liés à l’énonciation ;
– l’en-tête présente ou absente ;
– le lexique des sentiments ;
– les marques de personnes et le système du discours ;
– les visées de cette forme d’expression.
Étape 4 [Coupables, mais innocents (1) : la résolution de
l’intrigue, p. 384]
10 Cette question de synthèse fait écho à la question 26 p. 383, mais
sous un angle différent : celui des doutes, des présomptions et des
convictions, trois mots clés dans toute enquête du commissaire
Adamsberg.
En effet, cet enquêteur n’est pas seulement marginal dans sa vie privée. Il l’est aussi au plan professionnel, puisqu’il découvre le criminel
suite à une révélation et, au sens propre, une illumination. C’est l’éclair
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du diamant de la bague portée par Damas qui fera comprendre au commissaire qu’il s’agit du coupable. Pour trouver les auteurs de la peste, il
ne se sera pas appuyé sur des indices objectifs qui l’auraient conduit vers
des certitudes, mais davantage sur des suppositions qui l’ont amené à
des convictions.
Si Damas et sa grand-mère sont bel et bien coupables de la « fausse »
peste, ils sont aussi innocents, car ils n’étaient pas les vrais tueurs, ce qui
constitue une autre originalité de l’intrigue de Fred Vargas.
12 Après avoir répondu aux questions de recherche, on pourrait proposer aux élèves un jeu de rôles : la simulation du procès d’Antoine.
Étape 5 [Coupables, mais innocents (2) :
le dénouement, p. 385]
6 Le roman de Fred Vargas peut être considéré, par certains aspects,
comme un récit policier à énigme puisque deux récits se juxtaposent :
celui de Damas et de sa grand-mère et l’enquête du commissaire
Adamsberg. À la différence de ce type de roman, la découverte des coupables ne résulte pas de déductions logiques, mais plutôt d’intuitions et
de révélations successives.
Pars vite et reviens tard s’apparente aussi au roman à suspense, car le
lecteur s’identifie à la fois aux criminels et aux victimes, en partageant
leurs peurs et leurs angoisses. En revanche, s’il connaît les auteurs de la
peste, il n’apprend qu’à la fin du roman qu’ils ne sont pas les assassins.
Ce roman, enfin, même s’il évoque la peste noire, même si le commissaire Adamsberg et son adjoint le lieutenant Danglard sont des policiers marginaux, ne s’apparente pas aux romans noirs d’écrivains
comme Jean-Claude Izzo et Jean-Christophe Granger. Les lieux dans
lesquels se déroule l’enquête, la psychologie des personnages, la noncomplaisance dans la description des crimes ne créent pas d’atmosphère
glauque. Les héros de Fred Vargas, même s’ils sont perdus, restent porteurs de valeurs positives auxquelles peuvent s’identifier les élèves.
15
7 Ce dernier exercice d’écriture permettra au professeur de connaître
les jugements de ses élèves sur l’œuvre étudiée. Il permettra, en outre,
de leur faire analyser ce que l’on entend par « critique littéraire », sujet
fréquemment proposé aux épreuves d’examen du Brevet ou du BEP.
© Éditions Magnard, 2006
www.magnard.fr

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