Le métier de parcheminier. - UTL
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Le métier de parcheminier. - UTL
Lundi 8 décembre 2014. Le métier de parcheminier. Visite de l’atelier de parcheminier d’Anne-Lise COURCHAY à Montreuil (93), 13, rue Henri Schmitt, qui nous accueille à 10h, en présence de son associée. Son atelier mesure environ 30m² au sol et semble très encombré. Elle nous annonce d’ailleurs qu’en raison de sa récente association, l’atelier va bientôt déménager à Bagnolet pour bénéficier d’une plus grande surface. Elle exerce cette activité depuis 12 ans. 1 Petit rappel historique Le parchemin a succédé au papyrus au 3ème siècle av. J-C, comme support à l’écriture. Alors que le papyrus est d’origine végétale (moelle d’une plante qui pousse dans la vallée du Nil), le parchemin est de la peau animale. En raison du développement des grandes bibliothèques à l’Antiquité, la production de papyrus n’a plus suffit à satisfaire les besoins, et un autre support d’écriture a été cherché et adopté : le parchemin (Roi de Pergame). Le parchemin a été utilisé jusqu’à l’adoption du papier (également d’origine végétale), à la fin du Moyen-Age, ce dernier étant plus rentable économiquement. C’est François 1er qui, en France, autorise l’usage du parchemin à d’autres fins que l’écriture (la reliure). Aujourd’hui, le parchemin est utilisé dans des domaines très variés : enrobage des hélices d’avions, flaconnage (fabrication des bouchons)… et bien sûr décoration, bien que depuis les années 1920 (fabrication de grands paquebots), il soit moins utilisé. Qu’est-ce-qu’un parcheminier ? Le même terme désigne deux métiers : - l’artisan qui traite la peau animale pour en faire du parchemin. Au lieu du tannage qui permettrait d’obtenir du cuir, on trempe la peau dans de la chaux qui la blanchit et la rend imputrescible. Puis on la tend à l’intérieur d’un cadre, pour qu’elle s’étire (on peut ainsi gagner 1/3 de la surface d’origine), s’affine et devienne lisse. 2 Chaque atelier produit un parchemin différent, en raison de la nature de son approvisionnement en matière première, et de la qualité de l’eau utilisée. - l’artisan qui travaille le parchemin « brut ». Mme COURCHAY est un tel artisan. Il n’existe pas de diplôme de parcheminier ; elle a d’abord suivi une formation de relieur/doreur, puis s’est spécialisée, seule, dans la reliure avec parchemins. Aujourd’hui, elle réalise principalement des travaux de décoration (marqueterie, habillage de meubles et de murs…). Le parchemin Chaque parchemin est unique en raison - de l’animal dont il est tiré : on peut distinguer la peau d’un ovin de celle d’un bovin ou d’un caprin (celle-ci étant la plus fine), ou même d’un poisson (à noter que la peau de raie s’appelle le galuchat), d’une autruche, d’un crocodile….. Tout derme peut-être parcheminé. 3 - - de sa couleur liée aux poils de l’animal (il faut savoir que la couleur de la peau est la même que celle des poils chez les ovins et les bovins, alors qu’elle est toujours blanche chez les caprins quelle que soit la couleur des poils). Donc la peau d’un même animal présente des nuances, des marbrures, des cicatrices… du niveau d’ébourage de la peau (raclage des poils), qui permet d’obtenir des teintes différentes et des effets graphiques si l’on juxtapose habilement différents morceaux. Le parchemin est plus intéressant que le cuir en matière de décoration - c’est une matière translucide (à l’époque gothique, les vitrages étaient faits en parchemin huilé), qui selon le matériau sur lequel il est posé, laisse passer les couleurs, la lumière, et permet de créer du relief. - - le cuir blanc n’existe pas. le cuir devient pulvérulent en vieillissant ; pas le parchemin. De plus, un vernis passé sur la surface d’un parchemin, lui assure une conservation à long terme (jusqu’à un siècle). la colle ne prend pas sur la fleur du parchemin contrairement à celle du cuir ; il est donc plus facile à travailler. le parchemin, qui, par définition a déjà été étiré, peut-être plaqué sur une surface à habiller, alors que le cuir tendu perdrait sa fleur (relief en surface). Le parchemin, contrairement au papier ne brûle pas en générant une flamme : il se consume sur lui-même. 4 Tout le parchemin utilisé dans cet atelier est d’origine française et travaillé en France. Il est à noter, en outre, que le parchemin ne provient que d’animaux élevés et abattus pour la filière alimentaire. Le vélin est à l’origine un parchemin tiré de la peau d’un fœtus de veau mort-né (naturellement). Il est d’une grande finesse. Par extension, une catégorie de papier très fin et soyeux est aussi appelée du vélin. Le métier Seulement dix parcheminiers sur la place de Paris. C’est une filière à relancer, car le parchemin semble revenir à la mode. Il faut néanmoins savoir que le marché est très limité pour des raisons financières. Exemple : Une peau de chevreau d’environ 1/2m² coûte 50 à 60€ HT au parcheminier, et il lui faut assembler plusieurs peaux pour obtenir les effets graphiques souhaités ou habiller un objet ou un pan de mur, ce qui demande aussi une quantité d’heures de travail importante. Ainsi, la reliure d’un livre revient en moyenne à 800€. Récemment, Mme COURCHAY a établi un devis pour tapisser les murs d’une salle à manger sur environ 30m² pour 100 000€. Mme Courchay nous présente un grand nombre de plaquettes, créées pour proposer aux clients des modèles possibles ; des réalisations remarquables de reliures, de livres entièrement réalisées et décorés en parchemins ; des albums d’œuvres originales réalisées par elle-même, y compris dans le domaine de la mode vestimentaire. 5 6 7