Daniel Chompré Toiles nomades et Philtres d`amour

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Daniel Chompré Toiles nomades et Philtres d`amour
Daniel Chompré
Toiles nomades et Philtres d’amour
« Dans son atelier, lorsqu’il peint, Daniel Chompré vit parmi des textiles de plusieurs cultures
disparates des cinq continents. Sans cesse, il contemple des tissus variés ; il les touche et les caresse ;
il rêve ; il pense. Il observe les témoignages des cultures lointaines, leurs formes, leurs teintes,
l’invention de leurs images. Dans sa recherche plastique, il appartient à des cultures d’autres ethnies.
Leurs civilisations le passionnent, l’exaltent ; les mythes des cinq continents, les gestes des artistes et
des artisans favorisent sa recherche. »1
Toiles nomades
« Daniel Chompré teint les toiles flottantes qui chatoient, qui donnent le moiré, un éclat changeant,
des reflets flous, le satiné et le rugueux. Il enduit ses toiles ; il les frotte ; il les étale. Les couleurs
imprègnent la toile, la pénètrent, la traversent, l’imbibent, la fécondent, Chompré use la toile et
l’enrichit. Il y imprime des traces, des rythmes, des empreintes, des rides, des signatures, des indices.
*…+ Les rayures, les bandes, les stries, les trames, les hachures, les traits, les zébrures, les zigzags, les
croix, les carrés, les damiers, les losanges, les triangles, les sillages, les sillons s’affirment sur les
surfaces. Les lignes sont verticales, ou bien horizontales, ou encore obliques, symétriques ou
asymétriques, tantôt droites, tantôt courbes. La surface est rythmée par l’écriture, par des
ponctuations, par des scansions.
Lorsque les toiles ont été teintes, marquées, il les plie, il les rabat sur elles-mêmes, il les range en
piles de draps, les entrepose, les stocke, il les conserve. Dans l’atelier, elles sont sédentaires. Puis, à
des moments bien choisis, il permet aux œuvres de sortir de l’atelier, de se déplacer, de s’exposer en
des lieux divers, de s’offrir au public. Elles voyagent. Elles deviennent alors nomades, errantes,
vagabondes, mobiles. Elles expriment l’ambulant, l’itinérance, les déplacements, les traversées, les
pérégrinations, la passion du nomadisme… »(1)
Philtres d’amour
Ici, le support est un filtre de parfum. Fabriqué en France depuis des siècles, le filtre est un papier
épais, plissé à la main puis posé ouvert sur un support en bois (diamètre : 100 centimètres).
Comme sur la toile, les couleurs (pastel à l’huile, craie et encre) imprègnent, pénètrent puis
traversent le support papier pour mieux ressurgir et déployer des couches picturales chatoyantes,
ondulées, enivrantes, comme le soleil au crépuscule, le nénuphar au clair de lune, la danse du
derviche tourneur, la roue du paon amoureux.
Daniel Chompré, né en France en 1943, vit et travaille entre Paris et la région de Sancerre. En 1966, il
étudie à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris puis à l’Académie des Beaux-Arts
d’Helsinki. Sa carrière débute en France 1973 lorsqu’il est chargé de la création de tapis et tapisseries
pour le Mobilier National. En 1978, installé à Nancy, il conçoit les affiches, les décors et les costumes
pour le Ballet Théâtre et l’Opéra de la ville. A partir de 1982, il crée les affiches pour le Théâtre du
Châtelet de Paris, le Festival de Lille, l’Opéra de Lausanne et le Théâtre de Champs-Elysées.
Parallèlement, Daniel Chompré poursuit ses recherches picturales et expose régulièrement ses
créations. Fasciné par les édifices chargés d’histoire, il expose, entre autres, au Palais Jacques Cœur
de Bourges (1996), au Château de Montsoreau (1999), à l’Ancien Carmel de Tarbes (2001), à l’Abbaye
de Jumièges (2002), au Musée de Soissons (2011), à l’Abbaye de Massay (2014)…
En 2011, l’exposition Le Papier à l’œuvre au Musée du Louvre présente un Philtre d’amour de Daniel
Chompré.
(1) Texte de Gilbert Lascault, extrait de Daniel Chompré, Lieux communs, Musée de Soissons 2011. Ecrivain, critique
d’art, professeur émérite (philosophie de l’art) à l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris I), il est auteur de
plusieurs ouvrages d’esthétique : Le monstre dans l’art occidental, Ecrits timides sur le visible, Figurées,
défigurées (Petit vocabulaire de la féminité représentée), Faire et défaire, Boucles et nœuds, etc. Ses
monographies d’artistes : Max Ernst, Robert Malaval, Francis Bacon, Gérard Titus-Carmel, Peter Stämpfli,
Fernando Botero, constituent des ouvrages de référence.