Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1268
SERAPHINE
FESTIVAL DES GOUTS ET DES COULEURS
Du 13 au 19 Mai 2015
SERAPHINE
réalisé par Martin PROVOST
avec YOLANDE MOREAU et
ULRICH TUKUR
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SORTI EN 2008
2H05 min – Film franco-belge
Martin Provost et Yolande Moreau
César 2009 du Meilleur Scénario, 11
nominations
Martin Provost, né en 1957 quitte Brest pour devenir comédien à Paris. Il joue dans de
nombreuses pièces de théâtre et fait quelques apparitions au cinéma comme dans NEA de
NELLY KAPLAN ou dans un registre totalement différent dans la ZIZANIE de Claude
ZIDI. Au début des années 1980, il monte pour la première fois une de ses pièces, "Le voyage
immobile" avant d'entrer comme stagiaire puis pensionnaire à la Comédie française. Il y reste
pendant six années. En 1989, il tient un rôle secondaire dans PENTIMENTO de Tonie
MARSHALL. Trois ans plus tard, sa seconde pièce, Les Poupées, est montée à Avignon puis
à Paris. La même année, il publie un roman intitulé Aime-moi vite.
Martin Provost décide de relancer sa carrière au cinéma en réalisant deux courts métrages. En
1997, il passe au long avec TORTILLA Y CINEMA une comédie qui prend pour cadre le
tournage d'un film dans un appartement bourgeois du XVIème arrondissement parisien,
déserté par ses propriétaires. En 2002, il écrit et réalise LE VENTRE DE JULIETTE, un long
métrage qui aborde le thème de la relation parent/enfant à travers l'histoire d'une jeune
adolescente, abandonnée par son père, qui tombe enceinte. Cinq ans plus tard Martin Provost
revient à la réalisation en mettant en scène SERAPHINE avec YOLANDE MOREAU ;
Il tourne ensuite OU VA LA NUIT en 2010 avec YOLANDE MOREAU, en 2013
VIOLETTE avec SANDRINE KIBERLAIN et EMMANNUELLE DEVOS, et prépare
BIFTECK un projet d'adaptation animée de son roman homonyme par lui-même.
A SUIVRE !
Pierre Murat, TELERAMA
Dans certains films, on voit des comédiens interpréter des peintres en se demandant s'ils savent seulement
tenir un pinceau. Dans d'autres, rares, on ne se pose même pas la question : Dutronc dans Van Gogh, de Pialat.
Piccoli dans La Belle Noiseuse, de Rivette. Pareil pour Yolande Moreau, ici. Quand elle se réveille, un matin,
allongée sur la toile qu'elle a terminée dans la nuit, sans presque en avoir conscience, on est là à partager son
hébétude et son étonnement d'y être parvenue.
D'où lui viennent ces pommes qui ne ressemblent pas à des pommes, comme disent les imbéciles, mais qui
sont plus pommes que les vraies pommes aux yeux de ceux qui savent percer le réel ? Ou ces grappes de raisin
d'un rouge unique, couleur qu'elle fabrique elle-même, d'ailleurs, et en grand secret, grappes presque noyées
dans une luxuriance multicolore, flamboyante, tel un arbre irréel qui tendrait au ciel ?
Du Ciel, précisément, et ça, Séraphine en est sûre. C'est parce qu'elle en a reçu l'ordre de son ange gardien - et
les cyniques peuvent se moquer d'elle, elle s'en fout ! - qu'elle peint sans cesse et sans retenue, dès qu'elle a
réussi à gagner, en accumulant les ménages et les lessives dans les maisons bourgeoises de Senlis, les
quelques sous qui lui permettent d'acheter du vernis chez le marchand local. L'huile, non : c'est trop cher ;
alors elle l'« emprunte », avec des petites mines confites, aux veilleuses de sa chère cathédrale. Puisqu'Il lui a
ordonné de peindre, Dieu ne saurait lui reprocher de Le satisfaire comme elle peut.
Séraphine a existé, née en 1864, morte (et enterrée dans une fosse commune) en 1942. Seuls les spécialistes
aujourd'hui - mais ça ne saurait durer (1) - la connaissent, sous le nom de Séraphine de Senlis... De sa vie,
Martin Provost a privilégié sa rencontre avec son mécène - celui qui avait, déjà, repéré le Douanier Rousseau.
Venu à Senlis quelque temps avant la Première Guerre mondiale, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde
découvre, par hasard, les dons de la femme presque mutique qui, plusieurs fois par semaine, lui fait son
ménage et son thé. Il l'encourage, avant de regagner l'Allemagne durant la guerre, puis, curieusement, de
l'oublier totalement. « Ah, Monsieur est de retour ! » lui dira seulement Séraphine, dans un sourire, lorsqu'il
frappera à sa porte des années plus tard. Comme si, entre eux, les obstacles ne comptaient pas, et surtout pas le
temps.
Le film détaille, donc, ces liens apparemment étranges, mais secrètement évidents, entre ces deux déclassés.
Elle, à peine considérée comme un être vivant par ceux qui la côtoient, mais mue par une passion qui la libère.
Lui, reconnu dans son métier de « passeur » artistique, mais ployant sous une double culpabilité : être
allemand dans la France de l'après-guerre et homosexuel dans une société qui ne le tolère pas.
Minutieusement, le cinéaste contemple ces deux solitaires qui tentent de s'épauler, sans pouvoir s'aider
vraiment, perdus qu'ils sont à se trouver eux-mêmes.
Le film est sobre, épuré à l'extrême, un rien trop long (dommage !), mais tendu, humble, à l'écoute. Dénué de
pathos, de sensiblerie, d'émotion facile. Tout baigné de couleurs neutres où éclatent, de temps à autre, les
teintes vives des toiles de Séraphine (et, dans une moindre mesure, celles du jeune amant de Wilhelm Uhde).
Avec l'idée que, pour certains, l'art, compris ou incompris, est le seul salut possible face au désastre de leur
vie.
Le Cinémateur propose également dans le cadre « Des goûts et des couleurs »
Pierre Murat
suspendu. Le
Un bonheur
L'histoire
n'a rien
de neuf, pourtant
: un petit garçon quitte son
tableautotal.
de Jean
François
Laguionie
-2011-France-animation
village
à la recherche
de son père
et découvre
monde 2014-Franco-Belge-animation.
fantastique et mécanique, où la beauté
Minuscule
de Thomas
Szabo,
Helène un
Giraudet la musique ont bien du mal à résister au monstre qu'est le « progrès ». Les fleurs, la
Le Faussaire de S.Cullman, J.Grausman- 2015- Etats-Unis
solidarité et l'amour filial valent mieux que les usines, la pollution et la guerre. On le savait,
Le garçon et le monde de Alê Abreu- 2014- Brésil
bien sûr.
Mais, grâce à son incroyable liberté visuelle, le cinéaste redonne virginité et force à ce
message candide, souvent exalté par le cinéma d'animation. Il choisit de dessiner « comme