Trainspotting Année de production : 1996
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Trainspotting Année de production : 1996
Titre original : Trainspotting Année de production : 1996 Réalisateur : Danny Boyle Casting : Ewan Mc Gregor, Robert Carlyle, Kelly Mc Donald. Résumé : Renton, jeune toxicomane écossais, traine son ennui dans les rues d’Edimbourg. Afin de payer sa dose quotidienne d’héroïne, il commet de petits larcins avec sa bande de copains, losers, menteurs, psychopathes et voleurs. Renton cherche « à décrocher » mais ce n’est pas si facile, surtout avec des amis aussi encombrants… Repères historiques et géographiques : Le film se déroule dans une Ecosse (province du Nord de la Grande Bretagne) frappée par la crise : au cours des années de pouvoir de Margareth Thatcher, 1979-1990, la région a été brutalement touchée par les licenciements, les fermetures de mines, etc. Les politiques de droite comme de gauche qui lui ont succédé ont poursuivi dans la voie du libéralisme et imposé cette vision politique qui a, certes, relancé la croissance économique, mais aussi accru les inégalités. Le discours sur les drogues dans « Trainspotting » : A sa sortie, le film a beaucoup choqué et on l’a accusé de faire la promotion de la toxicomanie, en mettant en scène un groupe de junkies sympathique et truculent. Mais ces critiques sont assez révélatrices du malaise de la société face à la drogue qui, de nos jours, nie les dimensions « plaisir » et « expérience sensorielle » de sa consommation (très présente dans le mouvement hippie des années 60, par exemple, dans l’univers des « Doors » de Jim Morrison, dont le nom fait écho aux « portes de la perception » censées être ouvertes par les drogues). Le film est donc très honnête sur ce point et c’est sans doute ce en quoi il dérange. Mais, bien sûr, « Trainspotting » ne manque pas, et c’est sa force, d’évoquer les méfaits de la dépendance, le désespoir qui tôt ou tard gagne le toxicomane, l’enfermement psychologique et social, la maladie (sida), la violence, la délinquance, la prostitution, etc. Loin de faire la promotion de la drogue, Trainspotting est au fond un film profondément désespéré dans la mesure où la liberté que l’on croit s’offrir avec la drogue, liberté vis-à-vis du carcan et des conventions de la société de consommation, se paye au prix fort (la mort rode toujours). Tout ceci ne fonctionne qu’un temps. Tôt ou tard le toxicomane devient esclave des substances dont il ne peut plus se passer. Il passe successivement d’un état extatique à un état de manque presque insoutenable qui rend le décrochage très difficile. Il n’y a pas d’autre issue pour lui que l’isolement, la prison, voire la mort (d’overdose ou du sida comme Tommy) pour lui et même pour ses proches (cf. la scène insoutenable de la mort du bébé). Mais, comme souvent dans le cinéma britannique, ce tableau très sombre est peint avec la politesse du désespoir, c’est-à-dire avec humour… un humour noir « typiquement british ». Politique et contre-culture dans « Transpotting » Ce qui frappe aussi dans Trainspotting, c’est l’apathie politique des personnages. A aucun moment ou presque Renton et ses amis n’évoquent la situation politique, ou les institutions du pays. La seule allusion est faite par Renton et concerne la question de la domination (colonisation ?) de l’Ecosse par l’Angleterre. Pourtant personne n’échappe à la politique et la toxicomanie est aussi parfois un refus du monde et donc de la façon dont il fonctionne, de la façon dont est organisé le « vivre ensemble »… c’est-à-dire la politique. Plus prosaïquement, le toxicomane est nécessairement concerné par les politiques de répression de la drogue (les autorités peuvent avoir selon les lieux et les époques plus ou moins de tolérance), de prévention et de santé publique (question des « salles de shoot » par exemple), etc. Bref, Renton et sa bande sont finalement assez représentatifs d’une jeunesse idéologiquement perdue, à ceci près qu’ils refusent la société de consommation et que les paradis artificiels sont pour eux un moyen de ne pas suivre le droit chemin emprunté par leurs millions de concitoyens ce qui en soit, est un acte éminemment politique même s’il est, en ce qui les concerne, plus ou moins inconscient. Dans Trainspotting la bande son est centrale et participe d’une « contre-culture » à laquelle ces jeunes adhèrent : on y trouve, entre autres, le punk-rock d’Iggy Pop (le morceau « Lust for life » d’introduction qui décrit une « orgie » et dont le titre ironique fait écho au refus de la vie de Renton) et le rock « déviant » et vénéneux de Lou Reed qui fut le premier dans l’histoire du rock à décrire les lieux interlopes de New-York, les prostituées, les travestis, les junkies, les marginaux c’est-à-dire tous ceux que la société bien pensante, au mieux, refuse de voir, au pire, condamne. C’est ce qu’on peut peut-être appeler une « contreculture » : ni slogans ni solutions politiques clairement formulés mais la description de comportements différents de ceux que les conventions sociales acceptent, qui dérangent et contredisent la pensée dominante, la mettent face à elle même et l’amènent alors nécessairement à se questionner et à se transformer. Cette contre-culture est donc éminemment politique et peut peut-être même être considérée comme plus efficace, à long terme, qu’une idéologie. Ciné-club - Lycée Montaigne Cycle « Cinéma social anglais » Le thème de l’amitié dans Transpotting Le film traite aussi des amitiés de jeunesse. De leurs forces (la vie de Renton est rythmée par les péripéties de sa bande) mais aussi de leurs faiblesses : les amitiés à l’adolescence semblent souvent éternelles mais le film montre que les héros dont les envies et les besoins changent éloignent inexorablement les amis les uns des autres. Des clés pour comprendre Un mot sur la forme Le tour de force de Trainspotting est de tenter, avec humour, de nous faire entrer dans l’univers mental halluciné du toxicomane à travers certaines scènes drôles, étonnantes et novatrices sur le plan cinématographie : la scène des « pires toilettes d’Ecosse », celle, onirique et « culte », de Renton s’enfonçant dans le tapis sur « Perfect day » de Lou Reed, etc. Le rythme effréné et sa forme qui l’apparente, d’une certaine manière, à un clip d’une heure trente tranche avec le sujet très délicat qui y est abordé de manière subtile, toujours à la limite de la complaisance, sans pourtant jamais y céder. Christophe Sanson & Laurent Pedraza Choose life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television, choose washing machines, cars, compact disc players and electrical tin openers. Choose good health, low cholesterol and dental insurance. Choose fixed-interest mortgage repayments. Choose a starter home. Choose your friends. Choose leisurewear and matching luggage. Choose a three-piece suite on hire purchase in a range of fucking fabrics. Choose DIY and wondering who the fuck you are on a Sunday morning. Choose sitting on that couch watching mind-numbing, spirit-crushing game shows, stuffing fucking junk food into your mouth. Choose rotting away at the end of it all, pishing your last in a miserable home, nothing more than an embarrassment to the selfish, fucked-up brats you have spawned to replace yourself. Choose your future. Choose life. But would I want to do a thing like that? I chose not to choose life: I chose something else. And the reasons? There are no reasons. Who needs reasons when you've got heroin? « Trainspotting » de Danny BOYLE