grand prix figaro du livre gourmand
Transcription
grand prix figaro du livre gourmand
samedi 3 - dimanche 4 décembre 2016 LE FIGARO - N° 22 493 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr SPIRITUEUX VERSAILLES LES PRIX COMPLÈTEMENT FOUS DES WHISKYS DE COLLECTION LE CHATEAU EXPOSE LE DIVERTISSEMENT À LA COUR. BIEN PLUS QU’UNE FÊTE ! PAGE 33 PAGE 32 SALVADOR DALÍ. FUNDACIÓ GALA-SALVADOR DALÍ, FIGUERES, 2016 GRAND PRIX FIGARO DU LIVRE GOURMAND & %'## (#( !$# PAGES 30 ET 31 ÇA C’EST... ALEXANDRIE ! Mohammed Aïssaoui LE KLAXON ET LE FRANÇAIS 6ES RENCONTRES ÉCRIRE LA MÉDITERRANÉE. P ourquoi inventer une machine à remonter les années ? Il suffit d’aller à Alexandrie pour voyager dans le temps. Les hôtels ont gardé leur charme désuet. On fume dans les cafés. Les feux rouges n’existent pas. Les piétons virevoltent entre les véhicules avec dextérité. La deuxième langue est le klaxon – on le parle toute la journée jusqu’au petit matin… Alexandrie, c’est surtout un drôle de mélange entre passé et modernité. Un choc. Mais les deux cohabitent avec une étrange harmonie. Une image symbolique ? En plein centre-ville embouteillé, les cochers assis dans leurs vieilles calèches tirées par des chevaux fatigués sont rivés à leur smartphone. C’est ici qu’ont eu lieu les 6es rencontres Écrire la Méditerranée, fondées par André Bonet, directeur du Centre méditerranéen de littérature, et organisées avec, entre autres, l’Institut français d’Égypte. Le lieu est propice : la langue française y vibre encore, et de très belle manière. En plus des trois sites de l’institut – au Caire, à Héliopolis et à Alexandrie, ce dernier installé dans un palais du XIXe siècle –, il existe huit écoles francophones et surtout un public très nombreux. Il y a quelque chose de délicieux à entendre des professeurs et des étudiants égyptiens parler le français avec un accent arabe. Asmaa et Taïmour, en classe de première au Lycée français d’Alexandrie (près de 800 élèves, s’il vous plaît), lisent remarquablement bien des extraits de romans de la rentrée littéraire 2016. L’auditorium de l’institut est plein comme un œuf, que ce soit pour écouter Gaël Faye (lauréat du « Goncourt de l’Orient ») ou Teresa Cremisi, ex-PDG de Flammarion venue présenter son premier roman, La Triomphante, prix Méditerranée 2016. Cette dernière est née ici. Il a fallu insister pour se promener avec elle dans son quartier natal et dans le cimetière juif. Grand moment d’émotion. Elle a retrouvé l’immeuble de son enfance. Les boîtes aux lettres sont les mêmes qu’il y a soixante ans. " CLASSIQUE (#( ur son compte Instagram, des photos par centaines de salles de concerts, de pianos et de partitions… mais aussi d’origami ! Là, un cygne majestueux s’échappe d’un rouleau de papier-toilette. Ici, une abeille aux mille détails, réalisée dans une feuille dorée, vient se poser dans la paume de sa main. Quelques photos plus bas, un imposant dragon en papier kraft prend son envol. Il aura fallu à Louis Schwizgebel plusieurs jours pour le réaliser, d’après un modèle du maître Satoshi Kamiya. Le pliage, une passion parmi d’autres. Car malgré ses soixante concerts par an et une carrière en pleine ascension, le pianiste suisse de 28 ans, installé à Londres après des études à la Juilliard School de New York, trouve aussi le temps de s’adonner à l’illusion et à la prestidigitation. Sur des vidéos, on peut le voir faire s’évanouir, en un tour de main, rois de S Louis Schwizgebel, un artiste multidisciplinaire très doué. pique et autres dames de cœur. Pas de quoi faire carrière à Las Vegas. Mais c’est suffisant pour lui permettre de s’aérer l’esprit entre deux œuvres musicales, tout en continuant d’exercer l’agilité de ses mains et de parfaire son adresse digitale. Deux qualités dont ce jeune prodi- ge, lauréat du concours de Genève à l’âge de 17 ans et du concours international de Leeds sept ans plus tard, en 2012, a fait son miel. Son dernier album, consacré aux Sonates D.958 et D.845 (Aparté) de Schubert, en est la preuve flagrante. Le magicien du son y déploie un jeu d’une clarté exceptionnelle, porté par une extrême précision et une souplesse des doigtés qui confèrent à l’ensemble une nette impression de fluidité. Pour autant, ne voyez pas en lui un technicien. Louis Schwizgebel est autant porté sur les jeux de mains, le casse-tête et les problèmes mathématiques que sur la peinture ou le dessin. Disciplines auxquelles il se destinait enfant, en bon fils d’un ponte de l’animation (son père, Georges Schwizgebel, est l’une des références du genre cinématographique chez nos voisins helvétiques). Ses Schubert s’en ressentent dans leur luminosité, dont l’exacerbation ne fait que souligner, par contraste, les angoisses latentes du compositeur. ■ RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE DU LOUVRE)/FRANCK RAUX ; MARCO BORGGREVE ; SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO ; DR QUATRE Bracelets Grosgrain & Clou de Paris THIERRY HILLÉRITEAU @thilleriteau