Agir vite mais bien ! - CFDT groupe Air France

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Agir vite mais bien ! - CFDT groupe Air France
Paris, le 26 juin 2015
Agir vite mais bien !
En raison des erreurs du passé et des
atermoiements du présent, Air France est
aujourd'hui plongée dans l'inconnu et les
personnels dans la perplexité et
l'inquiétude.
Nous ne reviendrons pas sur le manque
de clairvoyance de nos anciens
dirigeants concernant l'émergence du
modèle low-cost, qu'ils ont négligé ou
l'échec annoncé des plates-formes de
Province. Dossiers sur lesquels nous les
avons pourtant régulièrement alertés.
A présent, la chute brutale de la recette
unitaire (indicateur économique majeur
de l'entreprise) provoque un véritable
« branle- bas de combat ». Cela marque
une rupture soudaine avec un discours
jusque-là plus nuancé.
Pourtant, lorsqu'on regarde les
différents éléments qui composent
l'environnement, la concurrence et nos
handicaps il n'y a pas de quoi être
surpris :

Le dernier baromètre du SNAV
indique une activité des agences en forte
baisse depuis les cinq derniers mois. La
tendance des départs est négative de 7%
en passagers et de 5% en volume
d'affaires.

La situation géopolitique en
Afrique et au Moyen-Orient.

Les difficultés économiques des
pays émergents (Brésil, Russie) et du
Japon.

La situation économique en
France et en Europe

La baisse de l'euro et la parité
avec le dollar annoncés comme un
« plus » est en réalité une charge
supplémentaire dans la mesure où le prix
du carburant est fixé en dollar.

Les compagnies low-cost ont pris
plusieurs longueurs d'avance sur nous et il
nous est difficile de reprendre pied.

Les compagnies du Golfe ont
connu une croissance exponentielle
depuis 15 ans grâce à la situation
géographique de leurs hubs (entre
l'Europe et l'Asie), à la jeunesse de leur
flotte, à leur QDS. Elles bénéficient en
outre du soutien de leurs états richissimes.
Les compagnies européennes et
américaines essaient de faire front.
Mais il est à craindre que rien n'y fasse,
car le transport aérien est régi par l'OACI
(Organisation Internationale de l'Aviation
Civile) et ne peut donc pas demander
l'arbitrage de l'OMC (Organisation
Mondiale du commerce).
De plus, Etihad et Qatar airways
prennent des participations dans une
myriade de petites, mais aussi de grandes
compagnies telles que BA/IB, AZ. Ces
compagnies viennent d'ailleurs de quitter
l'AEA (Association of European Airlines)
pour marquer leur désapprobation du front
de riposte aux compagnies du golfe !
En achetant des avions Rafales et des
Airbus, les émirats pèsent également sur
les choix politiques qui visent à leur
accorder de nouveaux droits de trafic.
En France, mais aussi dans toute
l'Europe, les états devraient prendre la
mesure du péril qui menace leurs
compagnies aériennes et les dizaines
de milliers de salariés.
Le bureau Syndical CFDT groupe Air France
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Et Air France dans tout cela ?
« Transform 2015 » devait permettre de
restaurer nos fondamentaux et de revenir
à l'équilibre de nos comptes et « Perform
2020 » devait annoncer la reconquête.
Notre compagnie semble d'autant plus
désarmée qu'elle est dans une situation
critique.
Elle a dû récemment faire un nouvel
emprunt, non pas pour investir, mais pour
réduire son endettement élevé !
Nous sommes aussi dans l'obligation
de reporter la commande de certains
appareils ; ce qui n'est pas une bonne
nouvelle.
Notre groupe est « englué » dans la
réunification des trois composantes de
HOP ! ( Britair, Regional et Air Linair), alors
que BA et Ibéria ont acheté une filiale
« clés en main » Vueling. Lufthansa a
aussi réglé le problème avec Swiss, puis
Germanwings et Eurowings !
Transavia Europe est une nécessité,
n'en déplaise au SNPL, si l'on veut avoir
des bases en Europe pour lutter à armes
égales avec les autres compagnies lowcost.
Il conviendrait également de clarifier nos
relations avec Etihad (allié ou
concurrent ?) car l'affaire avec Alitalia, qui
nous aura coûté cher, nous interpelle.
La décision de « montée en gamme »
n'est en soi pas contestable sauf, par
exemple, que l'investissement dans la
« Première » représente un coût
extrêmement élevé (prestations sol/vol,
fauteuil, effectifs PS/PNC) en regard du
nombre de passagers concernés.
Chercher à concurrencer Emirates est
un leurre.
Pour utiliser une expression triviale « nous
nous sommes vus trop beaux » et il nous
faut avoir désormais les ambitions de
nos moyens faute d'avoir les moyens
de nos ambitions.
Hélas, « Perform 2020 » risque fort de se
borner à n'être qu'un « Transform bis » !
La chute de notre recette unitaire ne
s'accompagne pas d'une baisse de nos
coûts unitaires !
Il convient de souligner que le transport
aérien est une industrie à très faible marge
de rentabilité.
Dans un même temps, le benchmark
qui a été réalisé montre que nos coûts
PN ont un écart de compétitivité très
important avec ceux du panel des
autres compagnies de l'AEA.
Et nous sommes dans une situation
surréaliste où la compagnie est dans
l'obligation d'assigner en référé le SNPL
parce qu'il n'a pas respecté la signature de
son accord, contrairement aux autres
catégories de personnels.
Pour la CFDT, ce n'est pas en augmentant
le prix des billets GP ou en réduisant les
quotas R1 Low, voire Medium (comme
c'est le cas sur certaines lignes
métropole), que nous allons redresser les
comptes de la compagnie.
Il ne suffit pas de crier « au feu », il faut
éteindre de toute urgence l'incendie et s'en
donner les moyens, là où ils se trouvent.
Pour sa part, le personnel au sol a déjà
largement contribué à l’effort demandé.
Dans cette situation difficile, la CFDT
n'entend pas pratiquer, comme
certains, la politique de la « chaise
vide », ni la surenchère, mais assumer
avec responsabilité et lucidité son rôle
de « veille sociale » et agir aux côtés
des salariés.
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