Jens Bogren - ROCK`N`BALLS

Transcription

Jens Bogren - ROCK`N`BALLS
Nom : Jens Bogren
Age : 32 ans
Pays : Suède
Studio :
Fascination Street Studios, à Örebro (Suède)
Activités :
Mixage, mastering, enregistrement et production
Groupes avec lesquels il a collaboré :
Opeth, Katatonia, Amon Amarth, Paradise Lost, Soilwork, Ihsahn, James LaBrie,
Bloodbath, Devin Townsend, Symphony X, Enslaved, Grand Magus, Pain of
Salvation, etc.
Interview, traduction et édition par Mastema
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Mastema (Rock ‘n Balls) : Bonjour Jens, merci pour cet entretien. Comment vastu ?
Jens Bogren : Je vais bien, merci ! Je suis depuis peu le papa d’une petite fille, je
m’accorde donc pour une fois un peu de temps libre. Je viens aussi de lui acheter une
PS3.
M : Félicitations ! Mais euh… elle vient de naître et tu lui as déjà acheté une
PS3 ?! (rires)
Jens : En effet ! Papa a besoin d’un peu de temps pour s’exercer, sinon elle me battra
dès l’âge de cinq ans (rires).
M : Parle-nous de toi : comment es-tu entré t’es-tu lancé dans l’enregistrement, le
mixage, le mastering et la production ? Est-ce une passion de longue date ?
Jens : Je suis entré dans ce métier vers l’âge de 17 ans. Je me suis inscrit dans une
école des médias et mon attention s’est portée sur le son et la production musicale. A
cette époque, je jouais dans un groupe de rock gothique et nous enregistrions une
tonne de démos dans le studio de l’école. Après quelques années d’apprentissage
académique et d’auto-apprentissage, j’étais plus ou moins prêt à me jeter à l’eau. J’ai
créé une entreprise et j’ai loué un endroit que je baptisai plus tard « Fascination Street
Studios », un nom inspiré par un de mes groupes préférés, The Cure. C’est Anders
Nyström de Katatonia qui me l’a suggéré alors qu’on cherchait un nom cool pour le
studio (« Tits & Ass Studios » était déjà pris [note : authentique ! ce studio est
d’ailleurs situé à Halmstad, en Suède, et Roxette y a notamment enregistré !]).
M : Quels ont été les premiers groupes et albums que tu aies appréciés ? Quel
genre de musique aimes-tu écouter aujourd’hui, hormis le metal ?
Jens : Durant mes années de fac, quand j’ai commencé à vraiment comprendre la
musique, j’écoutais à longueur de journée des groupes de rock gothique et de post
punk, comme The Mission, Sisters of Mercy, The Cure, Anathema ou Paradise Lost
(en cela compris leurs albums « électro » !). Mais également beaucoup de musique
progressive, comme les premiers albums de Dream Theater et Fates Warning, ou des
groupes des années ’70 comme Jethro Tull, Camel et Pink Floyd. Aujourd’hui, mes
influences vont de Björk à Jeff Buckley ou encore Muse, mais je n’écoute pas
beaucoup de metal, pour être honnête. Je suis déjà bien servi au quotidien !
M : Que t’apporte ton parcours académique dans ton travail quotidien ?
Jens : Il m’a fourni les connaissances fondamentales, ce qui m’aide beaucoup. Les
principes électriques et physiques de base, une connaissance approfondie des micros et
des signaux audio. J’ai également eu la chance de faire mon apprentissage sur des
consoles analogiques avec des enregistreurs sur bandes (analogiques et digitales). Cela
m’a donné de bonnes bases pour la suite.
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M : Penses-tu que les ingés-son et producteurs n’ayant pas étudié la musique
peuvent atteindre le même niveau de qualité dans leur travail ?
Jens : Evidemment, avoir des connaissances musicales – pas seulement pouvoir citer
tous les musiciens ayant fait partie de Deep Purple – t’aidera énormément dans ton
travail de production, du moins si tu ambitionnes de pouvoir améliorer les morceaux
de l’artiste. Je joue de la guitare et j’ai pris quelques cours de chant afin de pouvoir
guider les chanteurs. Cela dit, je connais quelques rares producteurs doués qui n’ont
que peu ou pas de connaissances ni d’éducation musicales, mais qui sont pourtant très
musicaux et par conséquent talentueux. L’exemple le plus évident étant Rick Rubin
[note : Metallica, Slayer, Red Hot Chili Peppers, Johnny Cash, Slipknot, Audioslave,
Linkin Park, etc.].
« Il y a des limites à ce que tu peux corriger au mixage. » (Jens
Bogren)
M : Quand as-tu nommé ton studio Fascination Street ? Que faisais-tu comme
boulot avant cela ?
Jens : J’ai racheté mon propre studio en 2001, et il s’est appelé Fascination Street
Studios à partir de 2003 (juste après Viva Emptiness de Katatonia). Avant cela, je
travaillais en freelance en studio, et je jouais également l’ingé-son live. Il y a deux ans,
j’ai déménagé le studio dans un nouveau bâtiment et je me suis moins concentré sur
l’enregistrement pour me focaliser progressivement sur le mixage et le mastering.
Actuellement, peu de groupes (même les grands noms) peuvent encore se payer un
enregistrement dans un studio de qualité, et les horaires de travail ne sont pas idéaux
lorsque tu as une famille. Je me suis également associé à un excellent ingé-son du nom
de Johan Örnborg, qui enregistre beaucoup pour moi, même lorsque je produis le
disque. Cela me permet d’accorder plus de temps au mixage. Je dirais qu’actuellement,
le mixage et le mastering représentent 80% de mon travail, une situation qui me plaît
beaucoup.
M : Tu travailles principalement sur des disques de metal. Est-ce toi qui as décidé
les choses ainsi parce que tu connaissais bien ce style de musique ?
Jens : Je dirais que je me suis familiarisé avec ce style ! J’ai commencé par collaborer
avec Dan Swanö et Katatonia, et à partir de là j’ai été étiqueté « metal ». Je ne m’en
plains pas, la scène est géniale et compte beaucoup de gens dévoués et une base de
fans internationale. Je m’y amuse beaucoup plus qu’en travaillant avec des artistes
mainstream suédois, par exemple.
M : Mais, comme tu l’as déclaré plus tôt, tu aimes le rock gothique et le punk
rock, alors pourquoi ne pas avoir tenté de t’orienter plutôt dans cette voie-là ?
Jens : Ces scènes sont trop petites, et puis je ne voulais pas me spécialiser dans quoi
que ce soit. Je voulais simplement faire ce que j’aime : produire des groupes.
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M : Te sentirais-tu à l’aise en produisant des choses très différentes, comme de la
pop, du jazz ou de la musique électronique, par exemple ?
Jens : Oui, absolument. En fait j’ai réalisé des albums de genres très variés au fil des
années, allant de la folk au gospel, mais surtout des trucs acoustiques. Dans le domaine
de la musique électronique, on a rarement besoin d’un producteur/ingé-son/mixeur
extérieur.
M : Quel est le premier disque complet sur lequel tu as bossé ?
Jens : Oh, je ne m’en souviens pas bien. Je pense qu’il s’agissait d’un groupe local de
jazz, en 1998.
M : Joues-tu personnellement dans un groupe ?
Jens : J’ai joué de la guitare dans plusieurs groupes par le passé, mais je ne suis plus
très actif dans ce domaine-là, dernièrement. Il est difficile de faire fonctionner un
business, un mariage et un groupe en même temps.
M : Les groupes (ou leur management) te contactent-ils eux-mêmes ou t’arrive-til parfois de proposer tes services à des groupes avec lesquels tu aimerais
collaborer ?
Jens : Jusqu’à présent, ce sont toujours les groupes qui m’ont contacté, mais si un jour
j’ai enfin un peu de temps libre, ça ne me dérangerait pas d’en contacter moi-même
quelques-uns. En fait, j’avais effectivement exprimé mon désir de bosser avec Paradise
Lost, chose qui s’est concrétisée plus tard par un DVD et un album [note :
respectivement The Anatomy of Melancholy et Faith Divides Us - Death Unites Us].
Ce sont mes idoles de jeunesse !
« Il a fallu trois albums avec eux pour que je parvienne à placer
des arrangements orchestraux dans leur musique, chose qu’ils
avaient toujours rejetée jusque-là. » (Jens Bogren, à propos de
Surtur Rising, le dernier album d’Amon Amarth)
M : J’aimerais avoir un peu plus de détails concernant quelques-unes de tes
collaborations les plus marquantes. Commençons par Amon Amarth, un des
groupes pour lesquels tu fournis un travail « complet » (production,
enregistrement, mixage et mastering) [note : à l’exception du mastering de With
Oden on Our Side]. Comment votre collaboration a-t-elle évolué au cours de ces
dernières années ?
Jens : Comme elle évolue généralement : on perd le respect réciproque, on boit
davantage et on bosse moins (rires). Je plaisante. Ensemble, nous avons
progressivement creusé leur musique sur chacun des trois albums que j’ai faits avec
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eux [note : With Oden On Our Side (2006), Twilight of the Thunder God (2008) et
Surtur Rising (2011)]. Pour le dernier, Surtur Rising, nous avons réalisé des démos
très détaillées en pré-production, dans leur local de répétition, et bon nombre de
morceaux ont subi des modifications importantes lors de cette phase. Il nous a été
difficile de faire mieux que leur précédent effort, Twilight of the Thunder God. Il a
fallu trois albums avec eux pour que je parvienne à placer des arrangements
orchestraux dans leur musique, chose qu’ils avaient toujours rejetée jusque-là (même
s’il y a des cors et l’apparition d’Apocalyptica sur Twilight…).
M : J’adore le son de Surtur Rising, peux-tu nous en donner plus de détails ?
Comment as-tu travaillé sur ce disque ?
Jens : Au niveau du son, je voulais garder quelque chose de plus naturel que sur
Twilight…, surtout concernant la batterie. Un technicien batterie a assisté aux dix jours
d’enregistrement de la batterie, et il n’a cessé de tester des peaux des toms et des
accordages différents. Pour les guitares, nous avons effectué des tests de son pendant
deux jours avant d’être totalement satisfaits du son des guitares rythmiques. Lorsque je
réalise des productions complètes, j’ai tendance à travailler sur le moindre détail, pour
ne rien laisser au hasard. Cela concerne aussi bien le son que la performance et le
feeling. Dans ce genre de musique, cela exige beaucoup de temps et d’énergie, mais on
récolte vraiment les fruits de nos efforts. Il y a des limites à ce que tu peux corriger au
mixage.
M : Parlons à présent de Paradise Lost, et plus particulièrement du live The
Anatomy of Melancholy. Apprécies-tu de travailler sur ce format ?
Jens : J’ai une relation d’amour/haine avec les productions live. Vu que je suis très
obsessionnel, ce type de travail prend énormément de temps avec moi, mais au final ça
sonne généralement d’enfer. Sur ce disque, en particulier, tu peux vraiment entendre
les morceaux prendre vie, des morceaux qui étaient plus ou moins à chier dans leur
version studio, si tu veux mon avis. Les albums studio peuvent être tellement
stériles… Un autre exemple est l’album/DVD live d’Orphaned Land, qui devrait
bientôt sortir. Il sonne excellemment bien, ce groupe est très à l’aise dans une
configuration live. Et le son est dix fois supérieur à celui de leurs albums, à mon avis
pas-si-humble ni objectif (rires).
M : Tu as également bossé sur le dernier opus en date de Symphony X, Iconoclast
(mix et mastering), qui possède lui aussi un son énorme. Que penses-tu du mix de
ce disque ?
Jens : J’en suis très satisfait. J’ai reçu beaucoup de commentaires élogieux concernant
leur précédent album [note : Paradise Lost, dont Jens avait assuré le mixage], mais
celui-ci sonne bien mieux, surtout si tu l’écoutes sur une bonne sono. Je dois remercier
Michael Romeo, qui a progressé en tant qu’ingé-son.
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M : Qu’entends-tu par là ?
Jens : La principale différence est que Symphony X a mieux enregistré ses batteries.
Les guitares sonnaient elles aussi un peu mieux que par le passé.
« Ces dernières années, la plupart des productions que je reçois
pour mixage ont été enregistrées par le groupe lui-même et
manquent d’une vraie vision dans la production, ce qui rend le
processus de mixage très créatif. » (Jens Bogren)
M : Si on t’accordait ce vœu, avec quel groupe aimerais-tu bosser un jour ?
Jens : Mon vieux… Je dois avoir 25 groupes dans mon top-10, donc me laisses-tu au
moins citer cinq groupes avec lesquels je rêve de travailler ?
M : C’est bon pour une fois !
Jens : En souvenir du bon vieux temps, pour leur popularité et pour le fait que la
plupart des leurs réalisations récentes ne ressemblent à rien, je citerais Dream Theater.
Andy Wallace [note : Slayer, Sepultura, Rush, Faith No More,…] a mixé leur dernier
album [note : A Dramatic Turn of Events], celui-ci sonne donc vraiment bien, mais à
mon avis ce groupe a désespérément besoin d’un producteur extérieur. Ensuite (je les
cite dans le désordre), je choisirais OSI. J’adore leur musique et ils m’ont demandé de
mixer leur nouvel opus mais pour une raison ou une autre, ça ne s’est pas fait, c’est
vraiment dommage. Je suis obligé de citer également The Cure, même si ce n’est pas
très réaliste… Etant un fan de Porcupine Tree, j’espère un jour pouvoir mixer un de
leurs disques. J’en toucherai un mot à Steven Wilson, même s’il y a de fortes chances
qu’il préfère s’en charger lui-même. Mais pour être parfaitement honnête, je trouve
que leurs albums mixés par quelqu’un d’extérieur sont ceux qui sonnent le mieux. Le
numéro 5 de ma liste serait les Sisters of Mercy. Hé Eldritch [note : Andrew Eldritch,
chant, clavier, guitare, programmation batterie], si tu quittes un jour ton fauteuil pour
produire un nouvel album, envoie-le-moi pour le mixer, je te le fais gratuitement !
M : Il est évident qu’entre le mixage et le mastering, d’une part, et la production,
d’autre part, il y une différence importante, les premiers étant essentiellement des
boulots d’ordre technique, tandis que le second exige notamment une bonne
relation entre le groupe et toi. Comment débute habituellement le travail de
production avec un groupe qui te contacte pour la première fois ? Vous voyezvous d’abord pour discuter du projet ? Donnes-tu d’abord ton avis sur les
morceaux ? Etc.
Jens : En fonction du budget dont on dispose, on peut simplement discuter des démos
par e-mail ou par téléphone, faire les modifications adéquates et puis se réunir pour
l’enregistrement. Si le budget le permet et si cela en vaut la peine, je peux aussi me
rendre au local de répétition du groupe. D’habitude, on effectue également des
changements lors du processus d’enregistrement, qu’ils soient drastiques ou mineurs.
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Ces dernières années, toutefois, la plupart des productions que je reçois pour mixage
ont été enregistrées par le groupe lui-même et manquent d’une vraie vision dans la
production, ce qui rend le processus de mixage très créatif. Si le mixage n’était qu’un
travail technique, il ne serait pas nécessaire d’avoir 10 ou 15 années d’expérience pour
réaliser de bons mixes.
M : J’entends bien. Je voulais surtout insister par là sur l’aspect relationnel de
ton travail, trop souvent oublié. A quel point l’entente entre le groupe et toi estelle importante ?
Jens : Je suis un mec assez gentil et je m’entends donc généralement assez bien avec
les groupes. Mais la qualité de notre relation n’est pas ce que l’auditeur entendra sur le
produit final, et beaucoup de grands albums ont été conçus dans un climat très négatif
lors de la production. Il est important pour moi que le groupe soit content de son
album, mais au bout du compte je n’ai pas peur de heurter des sensibilités si
nécessaire. L’environnement de travail sera évidemment bien meilleur si tout le monde
s’entend bien et partage la même vision.
M : Sur quels albums as-tu eu le plus d’influence, en termes de choix de
production ?
Jens : Les albums d’Amon Amarth, très clairement. Peut-être aussi le dernier album de
Paradise Lost ainsi que Slania d’Eluveitie [note : 2008]. La production de ce dernier
ne fut pas facile, la plupart des membres du groupes ayant des opinions divergentes.
J’ai dû jouer aux trous du cul pour que les choses s’arrangent. Je ne suis pas fier de
moi sur ce coup-là, mais j’aime néanmoins beaucoup le résultat final.
« Il est important pour moi que le groupe soit content de son
album, mais au bout du compte je n’ai pas peur de heurter des
sensibilités si nécessaire. » (Jens Bogren)
M : A ce propos, quel est ton album préféré parmi ceux sur lesquels tu as
travaillé ?
Jens : Merde, elle est difficile celle-là… J’écoute rarement les disques sur lesquels j’ai
bossé. Récemment j’en ai réécouté certains car je travaillais sur un showreel [note :
sorte d’éventail de ses précédents travaux que l’on montre à des clients potentiels], et
certains m’ont beaucoup plu (je parle ici de l’album en soi, pas nécessairement du
son). Là encore je ne peux répondre à ta question qu’en citant minimum un top-5.
Watershed d’Opeth doit obligatoirement être le numéro un. Tout s’est bien mis en
place et les morceaux sont excellents. Ce disque ne perdra jamais de son style. Je suis
assez fan du dernier Paradise Lost [note : pour rappel, Faith Divides Us - Death
Unites Us] car je suis parvenu à l’orienter dans la direction que je souhaitais et à
ramener l’ « ancien » chant de Nick. Aussi, j’espère que tu as remarqué le jeu de
batterie fantastique sur ce disque. Un batteur de session qui n’évolue d’ordinaire pas
dans le metal [note : Peter Damin, qui joue également sur The Great Cold Distance de
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Katatonia] les a dépannés alors qu’ils étaient en train de chercher un nouveau
musicien, et ça donne un des albums de metal les plus groovy qui soient, si tu veux
mon avis. Il y a aussi un album moins connu, Sleepwalkers de Day Eleven. Il s’agit
d’une espèce de post-punk rock avec d’excellents morceaux. Il est évident que je dois
également citer The Great Cold Distance de Katatonia, encore un magnifique album
dont je suis très fier. Ces mecs sont de solides compositeurs. Ecoute le morceau « In
the White » et note les références au « Before the Winter Parade » de Ben Christophers
[note : chanteur et multi-instrumentiste britannique qui, hormis une carrière solo, a
également collaboré avec Françoise Hardy]. Enfin, je citerais un des premiers albums
importants que j’ai produits, First Aid Kit de Disco Ensemble [note : formation
finlandaise de rock alternatif/post-hardcore]. Il y a quelques sacrés morceaux sur cette
plaque !
M : Je trouve intéressant que tu te sois fait une solide réputation en un laps de
temps relativement court, pour être aujourd’hui un des mecs les plus respectés du
business. Il existe tant de bons studios de par le monde, qu’est-ce qui rend le « son
Bogren » si unique et demandé ?
Jens : Premièrement, je fais ce boulot depuis près de 15 ans et durant toutes ces
années, j’ai travaillé dur. Cela dit, la chance a également joué un rôle, je suis
reconnaissant d’avoir eu l’opportunité de bosser avec d’excellents groupes. En un
sens, nous nous sommes aidés mutuellement. Je pense aussi que ne pas être un vrai fan
de metal à la base m’a aidé. Il en faut plus qu’une poignée de riffs cool et de la double
grosse caisse pour m’impressionner ! Sur le plan sonore, j’aime les productions
« onctueuses », grosses et relativement organiques, et je puise mon inspiration plutôt
dans la scène rock que dans le metal, qui sonne souvent de façon ennuyeuse et stérile.
Je suis également assez obsessionnel dans ma volonté de faire en sorte que tout puisse
s’entendre, ce qui n’est pas toujours facile avec de la musique complexe. Je suis
content que beaucoup de gens apprécient mon travail, et j’essaye de développer mon
son en permanence. Le fait que je n’ai pas de formule préétablie semble être une chose
que les gens apprécient particulièrement chez moi. Ecoute dix groupes avec lesquels
j’ai bossé, et tu entendras dix types de sons assez différents.
M : J’allais y venir, justement : vu que tu vois passer beaucoup de groupes,
comment offres-tu à chacun d’entre eux un son spécifique ?
Jens : Je fais simplement ce qui semble le plus approprié. Je n’ai pas de conceptions
préétablies, je remets les compteurs à zéro à chaque fois, aussi bien en termes de
production que de mixage. C’est ainsi que je suis à même de modeler le son en
fonction de ce qui convient au groupe et au morceau. Cela dépend aussi de mon
humeur du moment.
« Je pense que ne pas être un vrai fan de metal à la base m’a aidé.
Il en faut plus qu’une poignée de riffs cool et de la double grosse
caisse pour m’impressionner ! » (Jens Bogren)
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M : Quelle est ton opinion sur la technologie ? C’est une aide extraordinaire, mais
elle peut également ruiner l’authenticité de la musique…
Jens : Je travaille d’une façon assez traditionnelle, même si les outils ont quelque peu
changé au fil des années. Je me renseigne sur les nouveaux trucs qui sortent et j’utilise
ce qui me semble pertinent. J’ai développé un environnement de travail hybride, où je
peux utiliser un équipement qui sort des sentiers battus tout en pouvant me rabattre
facilement sur un système moderne. La technologie ne m’est jamais apparue comme
un problème, elle n’a jamais été un obstacle pour moi.
M : En tant que producteur, as-tu des contacts avec le label ? Par exemple, est-il
possible que tu reçoives des directives ou ne fut-ce que l’opinion du label quant au
son d’un disque ?
Jens : J’ai en effet des échanges avec les labels, mais cela concerne très rarement
l’orientation artistique. Brian Slagel de Metal Blade, par exemple, donne
habituellement son avis sur le mix (sourire).
M : Après avoir travaillé parfois des mois sur un disque, enfermé dans ton studio,
es-tu encore capable d’apprécier cette musique ? (rires)
Jens : Non, j’ai du mal à écouter quoi que ce soit que j’ai produit ou mixé. On n’arrête
jamais de bosser sur un disque, si tu vois ce que je veux dire…
M : De quels autres producteurs/mixeurs actuels admires-tu le travail ?
Jens : Tom [note : Oasis, Sum 41, Rolling Stones, Peter Gabriel, U2, Korn, P!nk,
Coldplay, etc.] et Chris Lord-Alge [note : Meat Loaf, Avenged Sevenfold, Green Day,
Smashing Pumpkins, My Chemical Romance, etc.] sont des mixeurs fantastiques, tout
comme Andy Wallace (pour le côté plus agressif). En termes de production, Tim
Palmer [note : Ozzy Osbourne, HIM, Robert Plant, etc.] et Butch Vig [note : batteur
de Garbage, a produit notamment Nirvana, Sonic Youth et les Foo Fighters]
m’impressionnent. Cela dit, je n’écoute jamais un album en fonction de son producteur
ou mixeur. Ce sont l’artiste et ses chansons que j’aime ou que je n’aime pas, et rien
d’autre.
M : Si tu devais résumer ton travail, quels en seraient les meilleurs et pires
aspects ?
Jens : Faire ce métier gonfle pas mal l’égo, étant donné que les gens sont tellement
émotionnels quand ils parlent de musique, et ont donc tendance à encenser tous ceux
qui entourent tel ou tel groupe. Cela peut par contre être dur de lire les critiques
négatives, mais heureusement pour moi celles-ci concernent d’habitude plutôt l’artiste
que le producteur ou mixeur. Le côté le plus négatif est sans doute les heures de
travail, surtout lorsqu’on produit un disque. Plus beaucoup de temps libre pour aller
pêcher !
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« Le fait que je n’ai pas de formule préétablie semble être une
chose que les gens apprécient particulièrement chez moi. Ecoute
dix groupes avec lesquels j’ai bossé, et tu entendras dix types de
sons différents. » (Jens Bogren)
M : Que peux-tu nous dire concernant tes prochains projets ?
Jens : Sans en dire trop, je collaborerai au nouvel album de Paradise Lost plus tard cet
automne. Je mixerai également le prochain disque des Norvégiens de Borknagar cet
automne, et je produirai le prochain Kreator début de l’année prochaine. J’ai aussi
gardé quelques périodes vacantes, au cas où je tombe sur quelque chose d’intéressant.
M : Dernière question traditionnelle chez Rock ‘n Balls : quel est ton top 3 des
meilleurs albums de tous les temps ?
Jens : Comme je t’ai dit, il doit y avoir 25 albums qui sont susceptibles de faire partie
de mon top 10. Cette question est par conséquent particulièrement difficile. Mais bon,
je me lance, dans le désordre :
• The Cure, Disintegration [note : 1989]. Ce disque figurera toujours dans mon
top 10, je pense encore que chaque morceau est absolument génial.
• Paradise Lost, Draconian Times [note : 1995]. Cet album a représenté
beaucoup pour moi, et il est toujours solide à mes yeux. J’ai réalisé une
remasterisation de ce disque ainsi qu’un mix 5.1 de sa version originale début
de cette année [note : disque sorti sur Sony le 4 avril 2011 en tant que
Draconian Times: Legacy Edition]. Ce fut une expérience énorme pour moi,
étant donné qu’à 17 ans, j’avais un poster de ces mecs au-dessus de mon lit.
• Jeff Buckley, Grace [note : 1994]. Cet album m’a été donné à écouter il y a à
peu près 7 ans, ce qui en fait une entrée assez « récente » dans ma liste.
L’émotion transmise par M. Buckley sur ce disque est incomparable.
Beaucoup d’autres albums méritent une place dans cette liste, comme Vespertine de
Björk [note : 2001], First and Last and Always des Sisters of Mercy [note : 1985],
Operation: Mindcrime de Queensrÿche [note : 1988] (tiens, un album de metal !),
Judgement d’Anathema [note : 1999],… Mais on avait dit un top 3 et pas plus (rires).
M : Merci beaucoup pour ce long entretien, Jens. J’espère entendre très
prochainement une de tes nouvelles productions ! Merci encore, et à bientôt.
Jens : Tout le plaisir était pour moi, merci !
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Name: Jens Bogren
Age: 32
Country: Sweden
Studio:
Fascination Street Studios, in Örebro (Sweden)
Activities (past and present):
Mixing, mastering, recording & production
Bands he worked with:
Opeth, Katatonia, Amon Amarth, Paradise Lost, Soilwork, Ihsahn, James LaBrie,
Bloodbath, Devin Townsend, Symphony X, Enslaved, Grand Magus, Pain of
Salvation, etc.
Interview and editing by Mastema
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Mastema (Rock ‘n Balls): Hi Jens, thank you very much for this interview. How
are you doing?
Jens Bogren: Doing fine, thank you! Just had a little daughter, so I’m taking a little
time off from work for once. I also just bought a PS3 for her.
M: Congratulations! But uh…she’s newborn and you already bought her a PS3?!
(laughs)
Jens: Correct! Daddy needs some time to improve his skills, or she’s gonna beat me
when she’s 5 years old (laughs).
M: Tell us a bit about yourself: how did you get into the
engineering/mixing/mastering/production business? Is it an early passion for
you?
Jens: I got in to my line of work around the age of 17. I attended a media school and
my focus fell on sound and music production. Back in the day I played in a goth rock
band and we recorded tons of demos in our school’s studio. A few years of school
education and self-education and I was pretty good to go. I started a company and
rented a place that I later named “Fascination Street Studios”, inspired by one of my
favourite bands, The Cure. It was in fact Anders Nyström from Katatonia who
suggested the studio’s name when we were trying to find cool names (“Tits and Ass
Studios” was already taken).
M: What were some of the first bands/records you were fond of? What kind of
music do you enjoy listening to, except metal?
Jens: When I started to really understand music during high school I listened mostly to
goth rock and post punk. Bands like The Mission, Sisters of Mercy, The Cure,
Anathema and Paradise Lost (including the “electro” albums!) were on my stereo all
the time. But I also listened to a lot of progressive stuff, like the early albums of
Dream Theater and Fates Warning, but also 70’s stuff like Jethro Tull, Camel and Pink
Floyd. Later influences strive from Björk to Jeff Buckley and Muse, but not much
metal to be honest. I get enough of that every day!
M: How much does your academic knowledge help you on a daily basis?
Jens: It gave me a fundamental understanding that has helped me a lot. Basic
electricity and laws of physics, and also in-depth understanding of microphones and
signal paths. I was also blessed with being taught on an analogue console with tape
recorders (analogue and digital). That gave me a good foundation to build on.
M: Some engineers and producers have not studied music, do you think they can
reach the same level of quality in their work?
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Jens: Having musical knowledge (deeper than knowing all the Deep Purple members
over the years) will of course help you a lot during production if you intend to help
people with their songs. I’m playing guitar myself and I’ve learned some singing to be
able to coach singers. I have however seen a few able producers with little or no
musical knowledge or education that still are very musical and therefore skilled at
what they do. The most famous example would be Rick Rubin.
“You can only fix so much in the mix.” (Jens Bogren)
M: When was Fascination Street born? Did you work in another environment
before that?
Jens: I took over my first studio in 2001, and it was labelled Fascination Street Studios
as from 2003 (just after the Katatonia Viva Emptiness album). Before that I did
freelance studio stuff as well as live sound. Two years ago I moved the studio to a new
facility with less focus on recording and more on mixing and mastering. Few bands
(even the bigger ones) can afford recording in a high end facility these days, and the
working hours are not ideal when you have a family. I’ve also teamed up with a great
engineer called Johan Örnborg who does a lot of recording for me, even when I
produce. That gives me more time for mixing. I’d say 80% of my work these days is
mixing and/or mastering, and I enjoy that a lot.
M: You are mainly working on metal releases. Did you choose this because you
were familiar with this style?
Jens: I’d say I’ve grown familiar with the style! I teamed up with Dan Swanö and
Katatonia, and from there the path was labelled “metal”. I’m not complaining, it’s a
great scene with devoted people and a fan base that stretches around the globe. Much
more fun than working with e.g. Swedish main stream artists.
M: But, as you stated before, you like goth rock and post punk, so weren’t you
interested to “specialize” yourself in these styles of music?
Jens: These scenes are so small, and I wasn’t looking for specializing in anything, I
just wanted to do what I loved: producing bands.
M: Would you feel comfortable working on very different material, such as pop,
jazz or electronic music?
Jens: Yes I do. I’ve actually been doing albums of many different genres over the
years, from folk to gospel, but mostly acoustical stuff. Electronic music is rarely in
need of an external producer/engineer/mixer.
M: What was the first full-length release you’ve worked on?
Jens: Gosh, I hardly remember: I think it was some local jazz act back in ’98.
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M: Do you play in a band?
Jens: I’ve played the guitar in a few bands over the years. I’m not very active lately
though, it’s hard to keep a business, a wife and a band all functional at the same time.
M: Do bands (or their management) contact you, or did it happen you got in
touch with bands you really wanted to collaborate with?
Jens: So far it’s always been them contacting me, but if I ever get the time I wouldn’t
mind contacting a few. In fact, I did express my wish to work with Paradise Lost,
something that became a reality later on with a DVD followed by an album. My
teenage heroes!
“It took me three albums to get some orchestral arrangements in
there, something the band fought on the previous two albums.”
(Jens Bogren, about Amon Amarth’s Surtur Rising)
M: I’d like to have a little insight of some of your most important collaborations.
Let’s start with Amon Amarth, which is one of the bands you did a “full” work
with (production, recording, mixing and mastering). How did your collaboration
with them evolve over the last few years?
Jens: Like it usually evolves, we loose the respect for each other, drink more and work
less (laughs). No, with them I’ve been digging deeper into their music on each album
we’ve done, three now. On the latest one, Surtur Rising, we did extensive preproduction demos with me in their rehearsal room and many songs changed
dramatically in the process. We had a tough job trying to top their previous album,
Twilight of the Thunder God. It also took me three albums to get some orchestral
arrangements in there, something the band fought on the previous two albums
(although you can hear horns on Twilight, plus the appearance by Apocalyptica).
M: I love the huge sound of Surtur Rising, could you give us a bit more details
about how you worked on this record?
Jens: Sound-wise I wanted to keep this one slightly more natural than the Twilight
album. Especially the drums. We had a drum tech during all ten days of drum
recording, changing drum heads and tuning like a maniac. For guitars we did like two
days of sound tests before we were completely happy with the rhythm guitar sound.
When I do full productions I tend to work very hard on every little detail, leaving
nothing to chance. That goes for sound, performance and feeling. In this type of music
it takes a lot of time and energy, but it pays off in the end. You can only fix so much in
the mix.
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M: Let’s also talk a bit about Paradise Lost, and more specifically about The
Anatomy of Melancholy. Do you enjoy working on a live record?
Jens: I have a love/hate relationship towards live productions. Being as “anal” as I am,
it’s extremely long to finish up but in the end it usually sounds killer. On that
particular album you hear songs really coming to life, songs that more or less sucked
in their album version if you ask me. Albums can be so sterile. Another example is the
forthcoming live DVD/album of Orphaned Land, which sounds amazing. That band
really works well in a live surrounding. And the sound is ten times better than the
albums, in my not-so-humble and unbiased opinion (laughs).
M: You also worked on Symphony X’s latest record Iconoclast (mix and
mastering), which also sounds amazing. What do you think of the mix you gave
the album?
Jens: I’m very happy with it, I received a lot of great feedback on their previous album
as well, but this one sounds way better, especially if you hear it on a good system.
Much thanks to Michael Romeo for improving his recording skills.
M: What do you mean by that, exactly?
Jens: The band was able to record the drums more properly, that’s the main difference.
The guitars also sounded a bit better.
“A lot of productions that I get in for mixing these days are selfrecorded and lack a proper vision with the production, making
the mixing process very creative.” (Jens Bogren)
M: If you were granted one wish, which band would you dream to work with
someday?
Jens: Man… I have 25 albums in my top ten, so can I have at least 5 bands I’d love to
work with?
M: Granted!
Jens: For old times’ sake, for their popularity and for the fact that most of their recent
stuff sucks, I’d say Dream Theater. Andy Wallace mixed their new release so that one
sounds good, but that band is in desperate need of a producer if you ask me. Number 2
(in no particular order) would be OSI. I love their stuff and I was asked to mix their
last one but it fell through somehow. That was a damn shame. I would also have to say
The Cure, not that it would be very realistic. Being a fan of Porcupine Tree I’m hoping
to mix for them at some point. Gonna chat with Steven about it, chances are he prefers
to do it himself though. But in all honestly, their best sounding albums were mixed
externally. Number 5 on my wish list would be Sisters of Mercy. Hey Eldritch, if you
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ever get off the couch to produce another album, send it over for mixing. I’ll do it for
free.
M: Of course there is a big difference between mixing and mastering, which are
more of technical work, and producing, where there needs to be a good
relationship between the band and you. How do you usually start a production
job with a band that gets in touch with you for the first time? Do you first see
each other to discuss the project? Do you give your feedback on the songs? Etc.
Jens: Depending on the budget we might just discuss their demos over e-mail/phone,
make the appropriate changes and then team up for the recording session. If budget
allows it and if it makes sense, I’ll go and meet the band in their rehearsal room. Some
things usually change during the recording as well. Sometimes drastic changes, or
whatever needs to be done. I must however say that a lot of productions that I get in
for mixing these days are self-recorded and lack a proper vision with the production,
making the mixing process very creative. If mixing was a technical process only, it
would not be necessary to have 10 or 15 years of experience to make good sounding
mixes.
M: I hear you, but I what I wanted to point out is the relational level in your
work, which is often forgotten. How important is the relationship between the
band and yourself?
Jens: I’m a pretty nice guy and I usually get along well with the bands. But in the end
our relationship will not be heard on the album, and there are plenty of great albums
that were conceived with drama during the production stage. For me it’s important that
the band is happy with their album, but ultimately I’m not afraid to step on a toe or
two if needed. The working environment will of course be much better if you all get
along and share the same vision.
M: What were some of the records you’ve had the biggest influence on, in terms
of production choices?
Jens: The Amon Amarth albums for sure, the latest Paradise Lost album perhaps, and
possibly the Slania album by Eluveitie. That last one was quite a drama to produce,
with many members of the band having their own strong will. I had to be an asshole in
order to get things together. Not proud of myself for that. I love how that album turned
out though.
“For me it’s important that the band is happy with their album,
but ultimately I’m not afraid to step on a toe or two if needed.”
(Jens Bogren)
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M: If you had to pick your favourite album amongst those you’ve
produced/mixed/mastered, which would it be?
Jens: Damn, that’s a though one... I rarely listen to albums I’ve worked on. I recently
revisited some of them while working on a showreel though, and some stuff came
across as particularly good (album-wise, not necessarily sound-wise). Again, making
this a top 5 instead, I suppose Watershed by Opeth should be number one. Everything
came together very nicely, and the songs are very good. It will never go out of style.
I’m a personal fan of the last Paradise Lost album, being able to steer it in a direction I
wanted them to go and bringing back Nick’s “old” singing. Also notice the amazing
drumming on that album, it’s a non-metal session drummer stepping in when they
were in between drummers, making it one of the grooviest metal albums ever if you
ask me. Another less known album is Sleepwalkers by Day Eleven. Sort of post-punk
rock with great songs. It’s hard not to mention The Great Cold Distance from
Katatonia in this context, another beautiful album that I’m very proud of. These guys
are serious songwriters as well. Check out the song “In the White” and hear the
references to “Before the Winter Parade” by Ben Christophers. Lastly I need to
mention one of the first bigger albums I’ve produced, First Aid Kit by Disco
Ensemble. Some amazing songs on there!
M: One thing I find very interesting is that you’ve established a solid reputation
quite quickly, to become one of the most respected guys in this business today.
There are so many good studios around the world, what makes the “Bogren
sound” so unique and sought after?
Jens: Firstly, I’ve been doing this for almost 15 years and I’ve been working really
hard all the time. That said, I’ve been lucky on the road and I’m grateful to have been
working with some really good bands. I guess we have helped each other. I think not
being much of a metal fan also helped me. I’m not immediately blown away just by
hearing some cool riffs and double kick drums. It needs to be more than that! Soundwise I like it creamy, big and somewhat organic, and I seek inspiration more in the hiend rock world rather than in the (in my opinion often very boring and sterile
sounding) metal scene. I’m also anal in trying to get everything to be heard, not always
an easy task with complex music. Ultimately I’m glad that many people like what I do,
and I try to develop my sound all the time. One other thing that people seem to like is
that I don’t have a specific formula. Listen to 10 bands I’ve worked with and you’ll
hear 10 quite different type of sounds.
M: I was just getting to that, actually. Considering you collaborate with quite a
lot of bands, how do you manage to give each of them a personal sound?
Jens: I just do whatever feels right. I don’t have any presets so I do everything from
scratch all the time, both production and mixing-wise. That way I sculpt the sound to
whatever fits the band and the song. And to whatever mood I happen to be in at the
time.
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“I think not being much of a metal fan helped me. I’m not
immediately blown away just by hearing some cool riffs and
double kick drums. It needs to be more than that!” (Jens Bogren)
M: What is your view on technology? It’s a very powerful tool but it can also ruin
the authenticity of the music…
Jens: I work in a pretty traditional way, even though my tools have changed a bit over
the years. I try to investigate new stuff and use whatever makes sense. I’ve developed
a hybrid working environment where I can use more outboard equipment while still
having the recall of a modern system. For me technology is not a problem, and I’ve
never felt it getting in the way.
M: As a producer, do you have any relation at all with the label? For instance, do
you sometimes get their directives or simply their opinion regarding the sound?
Jens: I do have contacts with the labels, but very seldom do they have anything to say
about creative directions. It happens though, e.g. Brian Slagel of Metal Blade US
usually has something to say about the mix (smiles).
M: After working sometimes for months on a record, locked up in a studio, are
you still able to truly enjoy listening to it? (laughs)
Jens: No, I have a hard time listening to anything I’ve produced or mixed. You can’t
stop working on it, if you know what I mean.
M: What other modern producers/mixers are you fond of?
Jens: Tom and Chris Lord-Alge are amazing mixers, along with Andy Wallace
(representing a little rougher side). Production-wise I’m impressed by Tim Palmer and
Butch Vig. I never listen to albums because of a specific producer or mixer though, I
either like the artist and the songs or I don’t.
M: If you had to summarize your job, what would be the major ups and downs?
Jens: It’s quite an ego boost working in this profession since people are so emotional
when it comes to music and tend to give a lot of praise to everyone surrounding a
certain band. It can also be hard to read negative reviews, but luckily for me those are
usually more focused on the artist. The major drawback would be the working hours,
especially when producing. Not much time to go fishing!
“One thing that people seem to like is that I don’t have a specific
formula. Listen to 10 bands I’ve worked with and you’ll hear 10
quite different type of sounds.” (Jens Bogren)
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M: What can you tell us about your next projects?
Jens: Without saying too much, there’s an upcoming Paradise Lost album that I’ll be a
part of later this autumn. I’m mixing for the Norwegians of Borknagar in the fall, and
I’m gonna produce the next Kreator record early next year. There are also some open
spots if I stumble upon something interesting.
M: Last and traditional Rock ‘n Balls question: what would be your all-time
albums top-3?
Jens: Man, considering there are 25 albums fitting my top 10, this is obviously a hard
one... I’ll try, and in no particular order:
• The Cure, Disintegration: this album will always be on my top 10, I still feel
every song is absolutely great.
• Paradise Lost, Draconian Times: this album has meant a lot to me over the
years, and it still stands tall. I did a re-master of the original album and a new
5.1 mix of this one earlier this year. An epic feeling for me, considering I had a
poster of these guys over my bed when I was 17.
• Jeff Buckley, Grace: this album was presented to me about 7 years ago, making
it a “newcomer” in my list. The emotions delivered by Mr. Buckley on this
album are comparable to nothing.
Many other albums deserve a place in there, like Vespertine by Björk, First and Last
and Always by the Sisters of Mercy, Operation: Mindcrime by Queensrÿche (hey, a
metal album!), Judgement by Anathema… But it was supposed to be a cold hard top 3
(laughs).
M: Thank you very much for this long interview, Jens. Hope to hear more of your
work very soon! Thanks again, and take care.
Jens: My pleasure, thank you!
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