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Public Management Kontext- und Managementwissen – Sciences et pratique du management 4 / 2004 5. Jahrgang ____________________ Inhaltsverzeichnis Sommaire Der moderne Staat Grundlagen der politologischen Analyse Ein Lehrbuch von Prof. Dr. Arthur Benz ............. 1 Modernisierung der deutschen Bundesverwaltung – Phase 2 Der aktuelle Stand des Reformprozesses .................... 6 Der flexible Mensch Richard Sennett: «Die Kultur des neuen Kapitalismus» ....... 10 Les facteurs irrationnels du leadership Mythes et réalités de la personnalité managériale ............15 Entscheiden zwischen richtig und richtig Die Entwicklung des ethischen Wertsystems ......... 19 Impressum Public Management EPA-Letter zum Kontext- und Managementwissen der öffentlichen Verwaltung – Science et pratique du management dans l’administration publique Herausgegeben vom Eidgenössischen Personalamt EPA, Eigerstrasse 71, 3003 Bern Erscheint zweisprachig D/F viermal pro Jahr im März, Juni, September und Dezember auf dem Intranet: http://eww.epa.admin.ch/themen/management/d/ index.htm Koordination: Dr. Thomas Moser Tel 031 325 09 79, Fax 031 322 88 15 [email protected] Beratung Forum: Dieter Jegge Tel 031 322 70 29, [email protected] Ressort Kontext: Christian Fehr ✏ CF, Elisabeth Weyermann ✏ EW, Claude Barras ✏ CB Text & Auftritt, Fluhweg 10, 3232 Ins Tel 032 313 11 20, Fax 032 313 11 80 [email protected] Ressort Management: Dr. Heinrich Bischoff ✏ HB BMC Briefing AG, Dufourstrasse 90, 8008 Zürich Tel 01 422 31 41, Fax 01 422 31 65 [email protected] Copyright © 2004 Eidgenössisches Personalamt, Bern Public Management 4 / 2004 15 Les facteurs irrationnels du leadership Mythes et réalités de la personnalité managériale Gérer les individus, conduire ses collaboratrices et collaborateurs par des méthodes rationales, en manager qui planifie ses actions méthodiquement et agit de façon réfléchie et logique ? Voilà une vue idéale qui, trop souvent, ne correspond pas à la réalité. Dans son livre intitulé « Combat contre l’irrationalité des managers », Manfred Kets de Vries, Professeur à l’INSEAD, décrit les facettes de l’irrationalité dans le comportement des managers. D’autres auteurs comme John P. Kotter et Henry Mintzberg ont approché le sujet et Larry Liberty, consultant californien, a développé un concept visant la pratique du leader dans sa publication sur « The Maturity Factor ». l’action, à l’innovation, à l’orientation vers les Dans son livre « John P. Kotter on what Leaclients et à la poursuite des objectifs de l’enders Really Do » l’auteur, professeur à l’univertreprise. John Kotter a comparé le style des sité de Harvard, a rapporté les résultats d’une managers avec les résultats de leurs entreenquête sur la façon de travailler des manaprises et a trouvé que c’était précisément ce gers aux États-Unis et au Japon. Il est intéressant de constater qu’en moyenne les managers « Demandez à un manager quel est son travail, il vous ne travaillent que 30% répondra probablement qu’il planifie, organise, coorseuls, tandis que 70% donne et contrôle. Maintenant, si vous observez ce de leur temps est investi dans la communicaqu’il fait, ne soyez pas surpris si vous ne percevez aution avec une multitude cune relation entre ces mots et ce que vous voyez. » de contacts à l’intérieur Henry Minzberg et à l’extérieur de l’entreprise. Le nombre de style flexible, intuitif, synthétique et apparemthèmes discutés ainsi est infini et les sujets ment irrationnel et sans logique visible qui catraités vont bien au-delà de la pure gestion ractérisait les managers conduisant leurs entred’entreprise. Les entretiens sont généralement prise avec succès. Même si l’étude de Kotter de courte durée, souvent interrompus, avec les décrit le comportement des managers dans un managers posant des questions pour influenenvironnement culturel spécifique, il en déduit cer et convaincre plutôt que de commander et la conclusion générale de l’importance que de donner des ordres. joue le côté irrationnel et intuitif dans la profession du management. L’irrationalité positive Voilà donc ces managers passant une grande partie de leur journée sans planification, prenant du temps à traiter des sujets imprévus, sautant du coq à l’âne, discutant des questions avec une multitude de personnes contactées, introduisant des problèmes sérieux par des plaisanteries (coutume américaine avant tout) et finalement incitant leurs collaborateurs à Henry Mintzberg, professeur à la McGill University de Montréal, dans son célèbre article de la Harvard Business Review « Profession : manager – Mythes et réalités » (repris dans la collection « Le Leadership »), souligne lui-aussi la différence entre ce que l’on suppose être le comportement managérial et la réalité. Il définit quatre mythes à ce sujet: 16 Le premier mythe est celui de la planification. Semblables à ceux de l’étude de Kotter, les managers observés par Mintzberg passent brièvement d’une activité à l’autre, sont orientés vers l’action plutôt que vers les plans et « leurs activités se caractérisent par la briéveté, la diversité et la discontinuité ». Donc, peu de planification et toujours l’action au centre des activités. Le deuxième mythe concerne le nombre d’obligations régulières des managers. Vu leur potentiel de délégation ont s’attendrait d’un point de vue logique à moins d’obligations régulières. Mais les rites et les cérémonies de l’entreprise ne suivent pas toujours l’ordre rationnel. Troisième mythe: Les besoins d’information du manager exigent un système global d’information, un système intégré de gestion soutenu par un système IT perfectionné. Face à ce mythe, Mintzberg constate que « ... les managers préfèrent de loin l’information orale (coups de téléphone, réunions ...), aux documents écrits. » Quatrième mythe, celui du management comme science et profession. La réalité montre que les managers – dans la plupart des cas – ne sont pas conscients d’exercer une science Public Management 4 / 2004 Un véritable « Combat contre l’irrationalité des managers » est mené par Manfred Kets de Vries dans son livre intitulé de cette façon. Kets de Vries est professeur à l’INSEAD à Fontainebleau et auteur de renommée internationale. Avec sa double formation de psychanalyse et de business administration, Kets de Vries ajoute une dimension de plus à la discussion sur la qualité du leadership. Pour lui, il s’agit avant tout « d’identifier un certain nombre de systèmes de besoins motivationnels qui influencent les comportements et qui reflète toute la complexité de chacun. » Types de personnalités sur l’échelle affective Kets de Vries décrit les « deux types de personnalité situés aux deux extrémités der l’échelle affective». Le premier, plein d’assurance, énergique et charismatique avec un potentiel considérable d’activité et la force d’influencer les autres. Pour Kets de Vries c’est le type « volcan actif», imprévisible et avec un danger latent d’éruption. À l’autre extrémité de l’échelle se trouve le type marqué par l’absence d’émotions. Sans vivacité ni enthousiasme, il est le «poisson mort» « Contrairement à une idée très répandue et assez ré- dans la terminologie de confortante, changer des comportements demande Kets de Vries. Son problème est lié à une incades efforts considérables, car la plupart des individus pacité de communiquer. ont tendance à retomber dans leur fonctionnement Son comportement irrahabituel, surtout en situation de crise. » tionnel peut être un danManfred Kets de Vries ger pour l’entreprise. Gérer un « poisson mort » dans l’environnement compétitif actuel est presque impossible. En . Et même pour ce qui est de la profession, les tout cas, les qualités de l’intelligence émotionprocédures sont maintes fois remplacées par le nelle, surtout l’empathie, la faculté de comjugement ou l’intuition. prendre la situation émotionnelle des autres, sont les prémisses d’une relation professionMintzberg propose d’examiner trois grounelle dans cette situation de comportement pes de rôles des managers comme base du irrationnel. travail managérial : les rôles de relations, les rôles d’information et les rôles de décision. Quant au type « volcan actif », cette personCeci pour montrer aux managers l’importance ne a bien sûr des qualité propres aux manad’une démarche logique et rationnelle, l’irragers et de ce fait, elle se trouve souvent dans tionalité dans un sens négatif étant à la base un rôle de leader efficace et efficient. Comdes difficultés du management. Public Management 4 / 2004 17 ment donc reconnaître le passage d’une telle personne à l’irrationalité? À part les humeurs « normales » comme l’irritabilité et la colère, ce sont avant tout les comportements dysfonctionnels qui indiquent un danger de tomber Liberty fait la différence entre adolescents et adultes, ces derniers ayant, bien sûr, plus de maturité que les adolescents. Toutefois, il ne s’agit pas de la nomenclature courante basée sur l’âge biologique. Adolescent veut dire que le degré de maturité de l’adulte n’est pas atteint. Un manager « Le comportement irrationnel est loin de 27 ans peut être un adulte, d’être l’exception dans la vie professionnelle : tandis qu’un autre est un adolescent à 57 ans, vu son manau contraire, il est omniprésent. » que de maturité. En plus, Liberty Manfred Kets de Vries subdivise les deux groupes chacun en deux, de sorte que les dans l’irrationalité. Kets de Vries voit « l’agitaquatre groupes suivants sont à la base de la tion, l’impulsivité, l’imprévisibilité et la prédisméthode: position à la dépression comme signaux de danger. Apprendre à se ménager si l’on con• Low Functioning Adolescents nait sa situation et son propre comportement en matière d’instabilité d’humeur est un preDes managers immatures, dont les facultés mier pas important. Mais très souvent ce sont et les comportements sont à peine acceptables le médecin et le psychothérapeute à qui il faut dans les entreprises. Ils jouent leur rôle d’une s’adresser. manière figée et montrent leur immaturité quand ils ne se sentent plus observés ou alors dans des situations de stress. Ils sont contre Autre situation dangereuse: la « détresse toute autorité, ont un horizon temporel réduit affective des quadragénaires ». La quarantaiet se sentent constamment dans la défensive. ne, les défits de l’âge mûr, les relations soIls sont intolérants et réagissent mal dans de ciales en mutation, le burn-out et l’engourdisnouvelles situations. sement affectif – tant de sujets analysés par Kets de Vries qui peuvent mener vers un com• High Functioning Adolescents portement dysfonctionnel et provoquer l’irrationalité. Des managers qui ont la faculté d’apprendre et de développer des méthodes et des L’entreprise performante a tout intérêt à concepts. Ils ont du succès dans leurs foncs’organiser de façon à mener le combat contre tions et jouent parfaitement différents rôles. l’irrationalité des managers. Kets de Vries déToutefois, il leur manque la maturité de leur crit, par example, le principe de la responsabilipersonnalité. Ils jouent le rôle d’adultes tout sation avec un pouvoir de décision à tous les en restant des adolescents. Liberty mentionne niveaux (empowerment). De même, le principe Bill Clinton comme exemple: Il était bien prédu respect de l’individu, l’acceptation de difféparé politiquement pour être élu comme présirences, une puissante vision de l’entreprise et dent, mais du point de vue de sa personnalité des expériences riches de sens. immature, c’est un High Functioning Adolescent. The Maturity Factor Le sujet du livre de Larry Liberty, PhD, consultant en leadership, « The Maturity Factor – Solving the Mystery of Great Leadership », est une transposition du thème de l’irrationalité dans une méthode pratique à l’usage des managers. La compétence clé est représentée par le degré de maturité d’une personne chargée d’une fonction managériale. • Young Adults Les débutants dans le monde des adultes. Ces personnes s’efforcent d’accumuler des expériences et de développer leur personnalité. Elles sont jeunes mais ont déja quitté une grande partie de leur structure d’adolescents. Leur vie est de loin meilleure et plus intéressante Public Management 4 / 2004 18 Manfred Kets de Vries Combat contre l’irrationalité des managers Editions d’Organisation, 2002, 284 pages ISBN 2-7081-2714-4 Larry Liberty The Maturity Factor Solving the Mystery of Great Leadership LCT 2002, 201 pages ISBN 0-9641-2923-3 Manfred Kets de Vries Les mystères du leadership Village Mondial, 2002 384 pages ISBN 2-8421-1187-7 Harvard Business School Collection Le Leadership Ed. d’Organisation, 2002, 4e tirage, 283 pages ISBN 2-7081-1736-X que celle des deux groupes d’adolescents. Des cadres avec lesquels on travaille volontiers, des personnes dont on estime l’amitié. • Wise Adults Ce sont les meilleurs managers. Ils ont accumulé une profonde expérience de la vie, ont développé leur intelligence et leur sagesse et néanmoins continuent de développer leur personnalité. Tous les « Wise Adults » ne sont pas riches matériellement. Par contre, ils connaissent leur système de valeurs, leur objectif personnel et leur vision du future. Leur communauté n’est pas simplement un cercle d’amis, mais plutôt le monde au-delà du privé. Leurs obligations professionnelles et leur vie privée sont en équilibre. « Young Adults » dans l’entreprise Toute organisation aimerait avoir le plus possible de Young Adults (YA) dans son cadre. Liberty décrit les problèmes qui se posent quand ceux-ci sont confrontés avec les High Functioning Adolescents (HFA). Par exemple, un nouveau YA entre dans une entreprise où se trouvent déjà un groupe de HFAs. Dès le début, ceux-ci vont essayer de neutraliser le nouveau YA. La peur d’être découvert en tant que manager jouant son rôle mais n’ayant pas la personnalité et la maturité nécessaire provoque des réactions défensives. Les HFAs vont tenter de bloquer les activités du YA. Les mé- thodes choisies peuvent aller jusqu’à des formes de mobbing adaptées au niveau des cadres. Ou alors les HFAs essayent d’attirer le nouveau YA par la pression du groupe, comme le décrit Larry Liberty : « Trying to persuade the YAs to buy into the Adolescent perspective of reality and, in the process, sabotage the stilldeveloping maturity of the YAs. » Révélatrice aussi la réaction devant un problème à résoudre ou un challenge à saisir. Les YAs écoutent la description du problème, posent de questions, vont droit au but et cherchent des solutions au problème. Les HFAs par contre se sentent attaqués, cherchent à se défendre, essayent de faire passer le traitement du problème à ceux qu’ils estiment être responsables: HFAs « try to redirect everyone’s attention away from the real issues and shift the ‹blame› to someone else ». Pour la gestion d’une organisation, d’une entreprise, d’un office ou d’un département, le choix des cadres parmi les Young Adults et les Wise Adults est déterminant pour la qualité du leadership et de la culture. ✏ Heinrich Bischoff [email protected]