FORMATION SUR LE FILM JOUE

Transcription

FORMATION SUR LE FILM JOUE
FORMATION SUR LE FILM
JOUE-LA COMME BECKHAM
de Gurinder Chadha
Le mercredi 25 mars 2015, l’association Collège au Cinéma 37 a reçu Pascale Diez, réalisatrice et
"cinématrice", pour parler du film de Gurinder Chadha, Joue-la comme Beckham, programmé au deuxième
trimestre 2015/2016 dans le département de l'Indre-et-Loire.
I - Impressions sur le film
Gilles Duhil, professeur de lettres au collège Raoul Rebout de Montlouis-sur-Loire, a été charmé par le film
alors qu'il avait un a priori sur ce film dont que le titre comprenait "Beckham".
Véronique Roisin, professeur en SEGPA au collège Ronsard de Tours, sait que ce film plaira à ses élèves et
qu'il sera un outil pour parler des thématiques abordées.
Aurélie Couedriau, professeur d'anglais au collège André Bauchant de Château-Renault, présente ce film
tous les ans à ses élèves ; il permet de découvrir une culture différente et de parler de sujets comme la
différence, le football et l'homosexualité.
Françoise Chauvreau, professeur de lettres au collège Pablo Neruda de Saint Pierre des Corps, pense que
ce film se prête beaucoup à l'interdisciplinarité (lettres, anglais, histoire-géographie, EPS).
Alice Boukhrissi, professeur de lettres au collège Saint Gatien de Montbazon, a travaillé sur un montage
alterné et un montage parallèle lors de la précédente exploitation.
Pascale Diez précise que de nombreux procédés sont utilisés dans ce film grand public. Gurinder Chadha a
traité des sujets du mariage et du football pour attirer un plus large public. Il y a des montages parallèles
entre les deux familles et deux façons de filmer avec des plans très courts "façon clip". Ce film a tellement de
codes qu'il aurait pu être réalisé par plusieurs cinéastes. Malgré la transposition de choses vécues par
Gurinder Chadha, ce film n'est pas personnel.
Les enseignants peuvent parler aux élèves des thèmes et des différents procédés cinématographiques.
Même si les élèves adoreront ce film, il est intéressant de leur montrer les codes.
II - Présentation
a) La réalisatrice :
-> lire page 2 du dossier pédagogique Collège au cinéma du CNC n°177
En 2016, un nouveau film sortira en salles (date inconnue) : Viceroy's House.
b) Joue-la comme Beckham :
En combinant deux sujets importants de la vie de la communauté indienne (le football et le mariage),
Gurinder Chadha sentait la nécessité de raconter cette histoire au vu des difficultés de grandir dans une
famille traditionnelle.
Le film fut réalisé en 35 jours (4 semaines et demi contre 10 semaines en moyenne, habituellement) avec un
petit budget dans des décors naturels pour les scènes extérieures et une reconstitution dans des studios
pour les scènes intérieures.
David Beckham a donné son autorisation pour l'utilisation de son nom et des images au début du film. Les
deux actrices, Parminder Nagra et Keira Knightley, n'étaient pas des fans de football et ont dû suivre deux
mois de formation intensive.
Ce film a également permis d'inventer la caméra "Wego" permettant de filmer au ras du sol.
III - Extraits du film
Le film a une narration ternaire ainsi répartie (selon le découpage séquentiel page 6 du dossier pédagogique
Collège au cinéma du CNC n°177) :
1ère partie : plans 1 à 10
2ème partie : plans 11 à 43 avec plusieurs rebondissements
A : Quand la mère de Jess surprend sa fille entraînant une série de mensonges et des
quiproquos
- Est-ce que Jess va être footballeuse ou avocate ?
- Est-ce que le mariage de sa sœur aura lieu ?
- Relation entre Joe, Jules et Jess ?
B : L'annulation du mariage
C : Le père découvre que Jess est en Allemagne
3ème partie : plans 44 à 56
Comment choisir une séquence pour une analyse ?
Regarder un moment du film, voir ce que le réalisateur a réussi à nous faire passer comme informations et
sentiments.
PLAN 1 ET PLAN 2
Marie-Claude Guérin-Samie, professeur de documentation au collège Stalingrad de Saint Pierre des Corps,
signale que le joueur faisant la passe à David Beckham est Mickaël Sylvestre, ancien élève de son collège.
Françoise Chauvreau trouve qu'au début sur le générique, le fait d'entendre juste les commentaires audio
donne l'impression que le spectateur écoute la radio puis un ballon traverse l'écran et l'image arrive ; le
spectateur se retrouve face au match.
Après une transition, une fille se trouve sur le terrain ce qui peut étonner le spectateur mais il se prend au
jeu. Ensuite, sur le plateau télé, le spectateur assiste à une conférence d'après match. La caméra se tourne
sur la mère avec un zoom donnant un effet comique.
La thématique est posée dès le début du film : le football, rêve d'une jeune fille et l'impossibilité de ce rêve
par la mère et la culture. Avant l'apparition de la mère, la discussion entre les trois journalistes pourrait
sembler réelle.
Le spectateur se rend finalement compte que Jess rêvait devant sa télévision avec une transition sur le
visage de sa mère en gros plan. Le passage du rêve à la chambre est très fluide et très vite le sujet du
mariage est évoqué. Avant de quitter la chambre, il y a un champ-contrechamp avec amorce entre Jess et le
poster de David Beckham.
L'apparition du titre par fondu en blanc avec la transition du ballon donne une esthétique télévisuelle qui
donne envie de regarder le film.
PLAN 3
Le dialogue entre les deux sœurs et la mère permet au spectateur de s'identifier à Jess car Pinky semble
superficielle. Pendant le shopping, Jess et Pinky croisent trois filles, assez stupides et superficielles. Les
mères du film sont assez caricaturales. Très vite, la réalisatrice met en place un système identification /
contre-identification (exemple : scène où les deux jeunes dépassent les deux femmes qui courent).
Sur ces plans, il y a une esthétique de clip avec la musique commandant l'image. La question du raccord ne
se pose pas, les changements de plans (plan large au gros plan sur le beignet) se font sans problème avec
des mouvements de caméra rapide.
Jusqu'au plan où les deux sœurs rencontrent les trois filles, seul le quartier indien a été filmé.
PLAN 4
On découvre l'autre protagoniste, Jules. Tout de suite, le spectateur se rend compte que les deux filles sont
différentes de leurs mères.
En 5 minutes du film, les personnages principaux sont présentés, exceptés Joe, le coach.
PLAN 8
Lors des fiançailles, il y a un moment où un téléphone sonne et que les femmes le sortent. Tous ces
moments sont des moments où les plans sont plus longs comme si le spectateur était dans la pièce.
PLAN 9
Le facteur déclencheur a lieu au moment où Jules propose à Jess de rejoindre l'équipe. Ce plan est tourné
d'une manière classique (champ-contrechamp) avec toutes les remarques des hommes sur les femmes
jouant au football qu'elles ont déjà toutes entendues.
La manière de filmer est différente entre la scène d'intérieur (plan 8) et l'entraînement (plan 9) : les plans se
multiplient avec la musique qui guide le montage (contre-plongée avec le ciel).
Le sport met en avant l'esprit d'équipe plutôt qu'une compétition.
PLAN 13
Il y a une magnifique coïncidence dans le fait que Joe et Jess connaissent le même problème à la jambe :
alors que pour Joe, son genou l'empêche de jouer, pour Jess, le fait de montrer sa jambe brûlée est contre
nature dans la culture indienne.
PLAN 14
La mère découvre sa fille au parc. Le montage est fait tel que le spectateur a peur du sort de Jess qu'il
n'aurait pas connu si la réalisatrice n'avait pas laissé le plan de la mère dans les arbustes.
Alors que Jess s'adresse au poster de David Beckham, la mère s'adresse au portrait de Gourou Nanak.
Cette scène marque le début des mensonges de Jess nourrissant ainsi beaucoup de quiproquos.
Tous les matchs sont montrés comme des clips avec la musique et aucune action complète est filmée.
PLAN 22
Cette séquence est tournée en champ-contrechamp. Dans cette scène, Joe se confie pour la première fois à
Jess sur son père et elle réagit d'une façon traditionnelle.
PLAN 24
Le premier quiproquo du film a lieu dans cette scène où Jules et Jess attendent le bus en rigolant ; la voiture
des futurs beaux-parents de Pinky les croisent et, prenant Jules pour un garçon, ils accusent Jess de fricoter
avec un Anglais.
PLAN 25
Jess rentre au moment où les beaux-parents annulent le mariage. A partir du moment où Jess jure sur
Gourou Nanak, la famille la croit.
Dans la culture indienne, ce n'est pas l'individu qui compte mais le collectif.
Le dialogue entre les parents/ Pinky et Jess est filmé en champ-contrechamp.
La réalisatrice a passé plus de temps sur le souci esthétique des scènes de clips que sur les scènes
d'intérieur (budget de location des studios).
PLAN 29
Une nouvelle Jess arrive pour la soirée en Allemagne filmée de la tête au pied. Un nouveau rebondissement
a lieu dans cette séquence lorsque Jess tente d'embrasser Joe sous les yeux de Jules qui les arrête.
PLAN 31
Le deuxième quiproquo a lieu dans cette séquence lorsque Jess vient parler à Jules ; la mère tombe sur une
bribe de conversation la laissant croire que sa fille est homosexuelle.
PLAN 32
Un nouveau rebondissement dans le film : Tony avoue à Jess qu'il est homosexuel.
PLANS 33-34-35
Son père se rend au match de football de sa fille après avoir découvert la supercherie et découvre le jeu de
sa fille jusqu'au moment où elle est sortie du terrain sur faute car elle s'est défendue après avoir été traitée
de Paki alors qu'elle est Sikh.
Des ressemblances apparaissent dans les parcours du père de Jess et Joe : ils ont connu tous les deux des
contrariétés par rapport au sport ; en effet, le père de Jess s'est confronté au racisme de ses coéquipiers de
cricket tandis que Joe a été blessé et a dû arrêter le football.
PLAN 39
Dans cette scène, le spectateur se retrouve à la place du gourou avec la mère priant pour que Jess ait de
bons résultats. Après avoir pris connaissance des résultats, la mère remercie le gourou Nanak au lieu de
féliciter sa fille.
PLAN 46
Pour expliquer la dilatation du temps lors du but final, la réalisatrice fait plusieurs gros plans sur Jess et sur
le mur. Une "light cam" a été utilisée pour filmer à la place du ballon au ralenti.
PLAN 50
Cette séquence représente un moment comique.
PLAN 51
La mère de Jess comprend que sa fille n'est pas lesbienne et se rattrape en disant qu'elle n'a rien contre les
homosexuels.
PLAN 52
Tony annonce le mariage avec Jess mais elle dit non et avoue qu'elle a été sélectionnée pour aller à une
université de Los Angeles ; son père la soutient.
PLAN 53
A la fin, tout est résolu : Jules et Jess vont à Los Angeles, Jess sort avec Joe, Joe est intégré dans la famille,
Pinky est enceinte.
GÉNÉRIQUE :
Il y a le bêtisier dans le générique avec une chanson que les acteurs et l'équipe technique chantent.
Ce film a le mérite, avec ce côté angélique, de défendre de vraies valeurs (aspects féministes, combativité).
Il faut s'affronter à la Société, à la famille et accepter l'autre tel qu'il est (homosexuel, par exemple). Le film
porte un regard critique sur les Sociétés anglaise et indienne. Il y a des empêchements mais les
personnages ne sont pas méchants.
Les personnages sont assez caricaturaux, stéréotypés et le personnage le plus complexe est le père de
Jess qui représente bien l'intégration d'un étranger dans un pays et a bien conscience de la double culture
de sa fille.
IV – Montages alterné et parallèle
a) Définitions :
Montage alterné : deux événements simultanés mais pas au même endroit (exemple : Jules joue au foot
avec son père et Jess fait de la cuisine)
Montage parallèle : deux actions qui ne se passent pas dans le même temps (exemple : shopping),
b) Exemple du montage en parallèle :
Il y a un montage alterné lors du mariage de Pinky et le début de la finale. Les deux moments vont se réunir
lorsque le père de Jess acceptera que sa fille quitte la cérémonie pour jouer la deuxième mi-temps. Le
montage est fait tel que le spectateur voit deux ou trois plans d'un univers puis deux, trois plans ou moins de
l'autre afin de donner un effet dynamique.
Deux actions peuvent être mises en parallèle concernant les mères de Jess et de Jules. Les deux ont une
tête épouvantée quand, pour la mère de Jules, les deux jeunes filles s'enlacent quand elles se retrouvent et,
pour la mère de Jess, quand elle découvre un couple dans les toilettes lors du mariage.
Le montage alterné permet de voir en simultané les deux moments de liesse mariage/football.
L’association Collège au Cinéma 37 remercie Pascale Diez de sa venue pour son intervention à Tours sur ce
film devant les professeurs de collège investis dans le dispositif Collège au cinéma.

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