Un enfant marocain de neuf ans brutalisé met en émoi la Suède.

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Un enfant marocain de neuf ans brutalisé met en émoi la Suède.
Un enfant marocain de neuf ans brutalisé met en émoi la Suède.
L'imploration d'un migrant marocain de neuf ans dont un agent de sécurité tape la tête contre
un sol en grès a secoué la Suède, pays qui accueille des milliers d'enfants réfugiés esseulés.
Plusieurs vidéos sur internet montrent cet enfant qui récite une prière musulmane parfois dite
par les mourants et pleure, brutalisé par un costaud en uniforme, le 6 février dans les couloirs
de la gare de Malmö (sud).
Un témoin anonyme de la scène a affirmé au quotidien de la ville, Sydsvenskan, que les images
ne rendaient pas toute la violence de cette interpellation. « On ne peut pas ressentir ce que
font les cris du garçon implorant à l'aide, sa prière et le bruit sourd de son crâne contre le sol en
pierre »
, a-t-il écrit dans un long récit.
La police enquête sur cet agent de sécurité, qui a été suspendu. Il avait interpellé le garçon
parce qu'il avait pris le train sans billet.
Son comportement a été largement condamné dans un pays qui non seulement fut le premier à
interdire les châtiments corporels, mais se targue aussi d'une politique d'accueil parmi les plus
généreuses d'Europe. « Est-ce qu'une petite tête blonde aurait été cognée contre le sol? »,
s'est interrogé l'éditorialiste d'Expressen Lars Lindström. L'écrivain Jonas Gardell a ému ses
lecteurs avec un parallèle entre ce garçon marocain et sa fille, qui a le même âge.
Après l'incident, l'enfant a été ramené au foyer où il avait été placé à son arrivée en Suède.
Puis il l'a fui avec un autre garçon âgé de 12 ans, présenté dans les médias comme son
demi-frère. Après plusieurs jours sans nouvelles, vendredi il a été retrouvé par des policiers
dans le pays voisin, le Danemark. « Le garçon de neuf ans a été retrouvé dans la région du
Jutland »,
soit à plus de 200 km de Malmö, a déclaré à l'AFP
Mats Karlsson, de la police suédoise. Celle-ci avait présenté ses excuses jeudi pour avoir
minimisé la disparition.
7.000 enfants en un an.
Des commentaires négligents de policiers dans les médias, comme « il s'est envolé comme un
chèque »,
ont été
durement critiqués, de même que la réticence initiale à faire un signalement à tous les
commissariats du pays. Plus d'un tiers des 315.000 habitants de Malmö, troisième ville de
Suède, sont immigrés, et l'importante communauté musulmane ne cesse de grandir avec
l'arrivée de Syriens et d'Irakiens.
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Un enfant marocain de neuf ans brutalisé met en émoi la Suède.
La région autour de ce port muticulturel est cependant le fief du parti anti-immigration des
Démocrates de Suède, et plusieurs enquêtes ont montré que les jeunes du Sud du pays
avaient généralement une vision plus négative des immigrés que le reste du territoire.
La police de Malmö n'en est pas à sa première polémique. En 2008, lorsque s'était embrasé le
quartier de Rosengård, celui où a grandi le footballeur Zlatan Ibrahimovic, un policier avait été
filmé en train de proférer des insultes racistes, comparant un jeune à un singe. Des termes
péjoratifs pour les Noirs ont été employés pour désigner les délinquants lors d'entraînements
des forces de l'ordre.
La Suède accueille un contingent record d'enfants réfugiés sans leurs parents en Europe: 7.000
sont entrés sur son sol en 2014, un nombre plus que décuplé en une décennie. Le ras-le-bol
d'une partie de l'électorat face aux réfugiés, dans le pays européen qui en reçoit aujourd'hui le
plus grand nombre par rapport à la population, est le thème de prédilection des Démocrates de
Suède, devenus en 2014 le troisième parti du pays avec 12,9% aux législatives.
Photo principale: Véhicules de la police suédoiss, à Malmö, le 21 octobre 2010 © SCANPIX
SWEDEN/AFP/Archives Scanpix-Sweden
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