Ouest-France - Cercle de silence de Rennes
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Ouest-France - Cercle de silence de Rennes
Suède : les petits réfugiés arrivent seuls et cabossés Venant de Syrie ou d'Érytlnrée, beaucoup de mineurs arrivent ici, seuls. Parfois blessés par des éclats de grenades, souffrant de plaies infectées, de la gale ou de troubles psychologiques. Malmô. De notre correspondante Stockholm» • > V • ESTDNIE - - iMaImo I DANEMARK • ). ;. g , / 250 km Ils sont une douzaine à descendre du train à Malmô. Maysam, 16 ans, a quitté Behsud, en Afghanistan, il y a deux mois. « Je n'ai plus d'avenir dans mon pays. » Son père est mort. Sa mère et sa sœur sont restées. La famille n'avait pas assez d'argent pour payer les 2 000 € exigés par les passeurs. Dans un camp de réfugiés en Iran, il a rencontré Reza. « Nous ne pouvions pas sortir. Les soldats tiraient sur ceux qui essayaient. » Les deux garçons ont fui vers le nord de l'Europe. Ils sont passés par la Turquie, la Grèce, puis ont poursuivi vers la Suède. On leur a dit qu'ils y seraient bien accueillis. Ils veulent étudier, trouver du travail. « Commencer à vivre », résume Reza, qui tremble dans son petit pull bleu clair, mais assure qu'il n'a pas froid : « Je suis juste heureux d'être enfin arrivé. » Comme eux, plus de 9 000 jeunes sont arrivés à Malmô depuis le début de l'année. Ce port de 320 000 habitants est la principale porte d'entrée vers le royaume. Les réfugiés sont ensuite répartis dans les 290 communes du pays, chargées de les héberger et de les scolariser. Huit sur dix obtiennent l'asile. Ados ou parfois tout-petits Ils sont âgés, en moyenne, d'une quinzaine d'années. « IVIals nous trouvons aussi des enfants de 5 ans, abandonnés dans la rue par des passeurs », précise Vladana Andersson, responsable de l'accueil. La plupart sont afghans, syriens, irakiens et érythréens. « Leurs parents ont perdu tout espoir de voir revenir la paix dans leur pays. Alors ils envoient leurs enfants en Suède, pour qu'ils aient un avenir », explique Hélène Sjôvall, responsable de l'asile à l'Office des migrations. ^ Leur état de santé inquiète les services sociaux. « Beaucoup sont blessés : éclats de grenade dans le ventre, plaies infectées, observe Vladana Andersson. D'autres souffrent de tuberculose et de gale. » Les troubles psychologiques sont fréquents : « Ils font des crises d'angoisse, des cauchemars, ou bien se réveillent en hurlant. Beaucoup montrent des symptômes de dépression. » Appelé après une énième tentative de suicide, un policier a publié un texte sur Facebook, où il décrit le désespoir d'un jeune de 16 ans. 150 000 internautes l'ont partagé. Un appel aux volontaires a été lancé pour recruter des adultes, chargés d'aider les mineurs à leur arrivée. Anne-Françoise HIVERT.