Conférence de Coopération Régionale océan Indien Atelier « La

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Conférence de Coopération Régionale océan Indien Atelier « La
Conférence de Coopération Régionale océan Indien
21 et 22 avril 2016 – Saint Denis
Atelier « La sécurité dans la zone sud de l'océan Indien »
Monsieur l'Ambassadeur,
Vous nous avez demandé de travailler, en matière de coopération
régionale, sur le thème de la sécurité dans la zone sud de l'océan Indien.
Vous avez souhaité un atelier à vocation très opérationnelle, raison pour
laquelle cet atelier s'est tenu à huis clos.
Le dénominateur commun à l'ensemble des pays de la zone est sans
conteste leur exposition à la menace terroriste.
Tout d'abord parce que notre zone jouxte des régions particulièrement
perturbées, comme celle de la corne de l'Afrique ou de la péninsule
arabique.
Mais aussi, et peut être surtout, parce que le terrorisme djihadiste est
aujourd'hui devenu une menace globale.
Il frappe durement le Moyen-Orient et l'Afrique. Il a frappé terriblement
l'Europe en 2015 puis en 2016.
Mais il pourrait toucher également les pays du sud de l'océan Indien. Cela
aurait, au-delà de la terrible cohorte de drames humains qu'il engendre, des
conséquences considérables dans notre zone, notamment sur l'économie du
tourisme.
Il convient donc de favoriser et d'encourager toutes les coopérations
opérationnelles et concrètes avec les États riverains de nos territoires de
l'océan Indien :
 dans la lutte contre le terrorisme, bien sûr,
 mais aussi pour le renforcement de la sécurité maritime et de la
sûreté aérienne, et contre le trafic régional de stupéfiants.
Je dois, dès à présent, préciser que ces quatre thèmes retenus dans l'atelier
« sécurité » correspondent à quatre projets conduits par la COI. Certains
ont débuté sous la ou les présidences précédentes : la sécurité maritime, la
sûreté aérienne, la lutte anti-terroriste ; ou débuteront sous la présente
présidence française de la COI : je pense à la lutte contre les stupéfiants.
Commençons tout d'abord par la menace terroriste :
Le terrorisme djihadiste est un fléau, nouveau par sa folie meurtrière et son
étendue. Nous sommes tous concernés. La zone sud de l'océan indien,
notre zone, doit rester vigilante.
Le déroutement d'un vol d'Air France en provenance de Maurice, en
décembre dernier, dans lequel un engin, finalement et heureusement
factice, avait été découvert, nous interpelle : un seul attentat dans un seul
des pays du sud de l'océan Indien aurait des conséquences terribles sur tout
le tourisme et toute l'économie de la zone.
Par ailleurs, l'identification à La Réunion et à Maurice, et très
probablement aux Comores, de départs vers la Syrie ou l’Irak témoigne de
la nécessité d’œuvrer dans un cadre régional.
La poursuite de la concertation et l’échange d’informations entre les
services de renseignements en charge de la lutte contre le terrorisme
doivent donc être recherchés.
Sur un plan multilatéral, tout d’abord, un groupe de travail composé de
hauts responsables des services de renseignements a été créé et s’est réuni,
sous l’égide de la COI, dès la fin de l’année dernière à Maurice. Ce travail
doit être poursuivi.
La coopération bilatérale, ensuite, ne doit pas être écartée. Au contraire,
elle est même primordiale, pour le traitement et le suivi au cas par cas.
Cette coopération s’opère notamment dans le cadre de groupes de contact
que nous avons développés avec plusieurs pays de la zone.
S'agissant maintenant de la lutte contre la piraterie :
La piraterie, dans le nord de notre zone, est actuellement canalisée grâce
aux contrôles effectués par les bateaux de l'opération Atalante et de la Task
Force 151.
Mais en bordure de notre zone, elle reste encore significative. Ainsi en
2015, 7 événements ont eu lieu avec 2 « attaques », 2 activités fortement
suspectes et 3 fausses alertes.
Si l'épicentre du phénomène se situe au large de la Somalie, l'évolution
économique de certains de nos voisins pourrait conduire à l'éclosion d'un
foyer de piraterie dans le canal du Mozambique. Un incident, classé fausse
alerte, s'y est d'ailleurs produit le mois dernier.
Comme nous l’avons encore récemment rappelé lors de la réunion du
Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes,
organisée à Bombay le 1er février dernier, il est essentiel que les États de la
zone prennent leur part de responsabilité et s’approprient les instruments
de la lutte contre l’insécurité maritime.
C’est tout l’objet du programme MASE, dont deux des cinq volets ont été
confiés à la COI. Les actions menées dans le cadre de ce programme ont
vocation à s’inscrire durablement dans l’avenir.
L’appui à la montée en puissance du centre de fusion de l’information
maritime situé à Madagascar doit donc être renforcé, par exemple par
l’envoi de personnel qualifié ou par la réalisation de formations.
Le travail déjà accompli pour l’installation d’un centre de coordination des
opérations aux Seychelles doit quant-à-lui être poursuivi sans retard.
Concernant maintenant la sûreté aérienne, troisième thème de notre
atelier :
J’ai cité tout à l’heure un événement qui avait, dans notre zone, touché Air
France en fin d’année dernière. Cet événement rappelle l’importance de la
sûreté aérienne et les exigences qu’il faut conserver en la matière.
Au regard de leur insularité, les pays de la zone sud de l’océan Indien sont
accessibles principalement par voie aérienne.
Or, les fragilités actuelles au risque terroriste dans cette partie du monde
sont importantes, au regard notamment de la porosité de certaines
frontières ou de la vulnérabilité de certains aéroports.
Cette situation particulière nous impose une vigilance permanente.
Un projet de coopération en matière de sûreté aéroportuaire dans la zone
sud de l’océan Indien est actuellement développé par la direction générale
de l’aviation civile à La Réunion. Il s’adresse à l’ensemble des pays de la
COI, à la Tanzanie et au Mozambique.
C’est un projet concret, qui fonctionne bien, qui permet des améliorations.
Ce projet mérite d’être encouragé, d’être amplifié.
Enfin, en cas de détournement d’avion, aucune unité d’intervention des
pays qui nous entourent ne paraît disposer du niveau technique suffisant
pour pouvoir intervenir et neutraliser le ou les preneurs d’otages.
La gendarmerie de La Réunion a organisé en 2015, dans ce cadre, un
séminaire régional de gestion de crise de type Piratair. Cette coopération,
primordiale avec les forces de sécurité de la zone, doit être poursuivie en
2016.
Concluons enfin avec le trafic régional de stupéfiants :
L’importance croissante de l’Afrique en tant que zone de transit pour
l’héroïne afghane à destination de l’Europe a eu pour conséquence une
hausse des saisies au cours des dernières années dans certains pays,
notamment en Afrique de l’Est.
Les saisies récentes en mer semblent également indiquer qu’il est devenu
fréquent de transporter clandestinement de grandes quantités d’héroïne à
travers l’océan Indien vers l’Afrique australe.
Enfin, certains pays de la COI connaissent une situation, au regard du
nombre de consommateurs d’héroïne, particulièrement préoccupante.
Bien que l’impact de ce trafic régional soit très mesuré voire pour l’instant
insignifiant à La Réunion et à Mayotte, l’échange de renseignements
opérationnels et la coordination de la lutte contre le trafic de stupéfiants
dans notre espace géographique [celui du sud de l’océan Indien] constitue
un enjeu majeur de sécurité.
En vue de répondre à la nécessité pour notre région de s’organiser, les
Seychelles ont sollicité fin 2015 la création, auprès de la COI, d’une
structure régionale d’intelligence, de coordination et d’intervention contre
le trafic de drogues.
Il s’agit pour nous, France de l’océan Indien, d’apporter un soutien
particulièrement actif à cette proposition, et de préparer, ensemble, un plan
régional d’actions en la matière.
Enfin, dans le domaine de la prévention, de l’accompagnement et du suivi
des consommateurs de stupéfiants, car la répression à elle seule ne suffit
pas, La Réunion continuera à partager ses savoir-faire avec les États
riverains notamment en matière de formation à la prise en charge des
addictions.