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Témoignage
Si loin et tellement chez moi
Pâques 2013: me voilà repartie pour un chantier, une fois de plus lié à l’écologie, mais plus
court cette fois-ci. Je sais déjà aussi qu’on sera un très petit groupe et je ne me rends pas
encore compte des distances qu’il y aura à parcourir. Hong-Kong se trouve presque à
10.000 km de la Belgique. Destination «exotique» mais encore dénudée de contenu…
D
e l’Asie, je ne connais à l’époque
que la Thaïlande et Kuala Lumpur,
mais pas du tout la Chine. Pas un
mot de cantonais, évidemment. Malgré
cela, je me déplacerais souvent seule,
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presque – entre l’inconnu et le connu,
entre la distance et la proximité, est ce
que je retiendrais le plus de mon séjour.
L’entrée en matière se fait graduellement, avec une escale en Inde. L’Asie se
manifeste d’abord par les sens, dans sa
couche visuelle, auditive et gustative.
Après, c’est le Sri-Lankais Sam – coordinateur du SCI-HK – qui vient me chercher
à l’aéroport. Mariée à un Hongkongaise,
il assurera la liaison discrète entre HongKong et le Sri Lanka. Il m’explique un peu
en vrac comment ça va se passer. Endormie et excitée en même temps, je fais
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me donnant rendez-vous d’abord à la station de bus à 14:30, et au pire des cas, à
16:00, à Sai Kung – un village de pêcheurs
d’où on va prendre un petit bateau pour
se diriger vers notre destination.
14 | Le SCIlophone - n°59
Bourrée d’expats, Sai Kung est un port
de plaisance au visage plus humain que
celui de la grande ville dévergondée. Par
contre, elle n’a pas été épargnée par la
mondialisation, Starbucks et McDonald’s
y sont bien présents. Comme j’adore le
café, j’en suis à la fois consternée et
ravie.
Bien que j’aie quelques bonnes heures
devant moi, c’est soit le temps qui passe
vite, soit les distances qui sont énormes,
soit moi qui ne sais pas m’y retrouver.
Je prends le bus, le métro, le métro, le
métro, le bus, le bus et le ferry. Entretemps, il faut manger (j’improvise) et
boire (j’improvise aussi). Je trouve le
chemin intéressant, mais je n’ai absolument pas le temps ni la tête à faire du
tourisme «pur et dur», ma mission étant
de ne pas manquer le dernier ferry. Il
s’avère que le Parc National de Chek
Keng – une presqu’île – est une sorte de
propriété privée de l’Etat où il faut avoir
une autorisation spéciale pour entrer. On
ne peut pas «juste» prendre la voiture
et y débarquer, et vous vous doutez bien
que des ferrys, y en a pas tous les quarts
d’heure…
Au rendez-vous je rencontre les autres
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une volontaire locale prof de géo, une
Taiwanaise un peu plus âgée ainsi que Pat
– la très sympathique épouse de Sam, prof
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Tout au long du séjour, nous allons aussi
rencontrer des volontaires locaux d’un
jour, autrement dit des jeunes hongkongais qui se joindront à nos activités pour
un maximum de 24 heures, selon leur
disponibilité.
Grâce à eux,
nous allons découvrir la culture
locale: ils nous
parlent de leurs us et
coutumes, de leur langue (pas confondre
le cantonais et le mandarin!) ainsi que de
leur identité de «Chinois de Hong-Kong»,
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Chinois «moyen». Quand on retournera
sur Hong-Kong même, ils nous serviront
de guides, nous feront découvrir la street
food.
L’auberge de jeunesse se trouve donc
dans un endroit très isolé et très vide
(seules deux personnes y vivent de façon
permanente: le gérant de l’auberge et
un gardien d’une petite église abandonnée), ce qui est presque choquant quand
on pense aux HLM dégueulasses d’une
soixantaine d’étages de l’île de HongKong où l’on vit littéralement les uns sur
les autres. La nature est belle et paisible,
les sentiers sont balisés; éclairés la nuit.
Ils sont aussi malheureusement en béton.
Beaucoup de touristes y viennent pour
faire de la randonnée ou du kite-surf.
A mon sens, l’endroit est relativement
propre (j’ai vraiment vu pire!), bien
que pour Sam (un écolo corps et âme!),
ça frôle le scandale! Notre tâche est
de rendre l’endroit plus accueillant en
ramassant à la main un à un les déchets
MHWpV VDQV UpÁH[LRQ DXFXQH SDU OHV UDQdonneurs. On est munis de gants d’ouvrier
et de k-ways. Tout y passe: des brosses
à dents inusitées à des canettes âgées
d’une douzaine d’années en passant par
Témoignage
des emballages de gaufrettes et pire –
ennemi numéro un de la décomposition
naturelle – des bouteilles en verre… Alors
que Sam n’hésite pas à rentrer dans l’eau
pour ramasser des sachets en plastique
TXL ÁRWWHQW RQ HVW XQ SHX SOXV FRQVHUvateur en utilisant primitivement des
bâtons. Il faut faire attention, parfois le
terrain est glissant, et les branches couSDQWHV$SUqVPLQXWHVOHUpÁH[HGHVH
baisser pour ramasser tout et n’importe
quoi s’installe pour de bon.
On aura aussi participé à un cours de
cantonais (poétique et instructif!). Par
ailleurs, des discussions sur la (les)
politique(s) du recyclage dans différents
pays nous accompagneront tout au long
de notre chantier. Tout le monde a l’air
pas mal intéressé, mais je me demande
comment ma présence peut contribuer
à ce projet alors que j’ai empreinte
écologique énorme rien qu’en prenant
l’avion pour venir ici. On apprend que,
même si le Sri Lanka est moins «développé» qu’Hong-Kong, on y est beaucoup
plus écologiquement orienté (composts,
coopératives…). Hong-Kong, en effet,
n’est qu’au début de sa route vers la
conscientisation. Rien qu’avec tous les
moyens de transport disponibles, on se
rend vite compte que la pollution n’est
pas le souci premier de ce pays ascendant. Débattre de l’écologie à Hong-Kong
semble presque une activité bourgeoise,
qui concerne une petite minorité élitiste.
Comme les conditions climatiques ne sont
pas favorables à un long travail physique
à l’extérieur (froid/humidité/pluie), on
va bouger sur Hong-Kong vers le milieu
du séjour. Il est temps pour nous de faire
face à une autre réalité: celle d’une
jeune et prospère économie asiatique,
avec tous ses plus et ses moins. Néanmoins, c’est grâce au chantier au bout du
monde, qu’on se rend compte que HongKong, ce n’est pas seulement du verre et
du béton. Personnellement, je n’ai aucun
problème avec ce changement de programme, même si les distances me tuent
(à chaque fois: prendre une navette, un
ferry, deux bus différents, trois trams,
quatre métro – j’ai l’impression de passer
beaucoup plus de temps sous la surface
de la terre qu’au-dessus). Durant la
journée, je visite seule ce que j’ai envie
de visiter, et le soir, on se retrouve dans
notre nouvelle auberge de jeunesse à se
rapporter les moments forts de la journée.
C’est cet aspect du volontariat que
j’aime le plus – la convivialité dans la
découverte, le partage dans l’émotivité.
Durant mon séjour à Hong-Kong, Fumei
la Taiwanaise et Shakinn la Suédoise
deviendront mes «sœurs». Fumei était à
fond dans l’écologie et Shakinn dans la
militance. A Hong-Kong et Macao (où j’ai
fait un petit saut), j’ai rencontré plein
de gens (des Russes, Portugais, Polonais
et Brésiliens compris!) qui rendront mon
séjour mémorable. Grâce à Sam et Pat,
qui nous ont accueillies chez eux, j’ai pu
faire l’expérience de la réalité locale et
ressentir cette tension entre un ensemble
de traditions à préserver et une modernité désirée.
C’est vrai que mon 4e chantier ne me
remue pas autant que les premiers. A son
issue, je suis fatiguée, mais satisfaite.
Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est
peut-être le fait que je suis arrivée en si
peu de jours d’approvisionner une réalité
aussi différente de la mienne. J’étais si
loin, et, en même temps, tellement chez
moi.
Tina Mouneimné
volontaire au SCI
27, 28 et 29
septembre
Week-end de rentrée
Vous allez / avez participer-é à un projet
international cet été ? Le SCI vous invite
dès lors à venir à son traditionnel et festif week-end de rentrée !
Ce week-end aura lieu les 27, 28 et 29
septembre 2013 au Domaine de Mozet,
près de Namur. Il sera une merveilleuse
occasion d’évaluer vos projets, d’échanger avec d’autres volontaires les différentes expériences vécues, de connaître
les actions concrètes de solidarité que
le SCI vous propose, de se balader et de
refaire le monde ! Sans oublier de faire la
fête, bien entendu ! Nous vous attendons,
comme d’habitude, nombreux !
Pour y participer, merci de contacter
Nancy par courriel (nancy@scibelgium.
be) ou par téléphone au 02 649 07 38.
Vous pouvez aussi trouver des informations sur notre site internet:
> www.scibelgium.be (rubrique agenda).
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