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SELECTION SPECIALE ASIE Shokuzai, de Kiyoshi KUROSAWA (Japon) F KUR Faute d’obtenir des financements pour ses projets au cinéma, Kurosawa a accepté d’honorer une commande d’une série pour une chaîne de télévision à péage qui fut distribuée sous la forme de 2 films en France : Celles qui voulaient oublier et Celles qui voulaient se souvenir. Emili, une écolière de 8 ans, est kidnappée sous les yeux de quatre de ses copines, puis violée et tuée. Les fillettes ont vu le meurtrier mais, sidérées par l'épouvante, sont incapables de se rappeler son visage. La mère de la victime va le leur faire payer : tant qu'elles n'auront pas identifié le coupable, elles devront « faire pénitence »... Le récit fait alors un saut temporel de 15 ans. Et le polar réaliste annoncé par ce prologue traumatisant glisse peu à peu vers l'étrange, le fantastique naissant directement de la banalité du quotidien, grâce à une mise en scène au scalpel : pas besoin de fantômes pour maintenir un climat surnaturel, le souvenir de l'enfant morte et la malédiction de la mère, prisonnière de sa douleur, suffisent. Shokuzai ausculte ainsi l'impact de la tragédie chez les quatre témoins devenus adultes. La terreur se mêle au mélodrame et à l'étude de mœurs, avec quelques bouffées d'humour très noir. Bouleversant. A voir aussi : Autre auteur incontournable japonais, Hirokasu Kore-Eda livre avec Tel père tel fils (F KOR), une chronique familiale sensible (deux enfants échangés à la naissance) et une fable moderne émouvante. A l’inverse le chinois Zhang-ke Jia examine avec A touch of sin (F ZHA) les rapports de force et la corruption dans la société chinoise sous la forme d’un pamphlet rageur et salvateur. Rien de tel pour finir sur une note plus légère que le plat subtil concocté dans The Lunchbox (F BAT) de l’indien Ritesh BATRA, comédie romantique alléchante (les recettes sont même fournies dans le DVD !) qui n’oublie pas de montrer le quotidien de Bombay. FIL’cinOCHE SELECTION DVD #11- ETE 2014 PORTRAITS DE FEMMES CURIOSITES Fille-mère à l'adolescence, Suzanne vit avec son père routier et sa sœur dont elle est inséparable. Sa vie bascule lorsqu'elle tombe amoureuse de Julien, petit malfrat qui l'entraine dans sa dérive. S'ensuit la cavale, la prison, l'amour fou qu'elle poursuit jusqu'à tout abandonner derrière elle... Le 2ème film de Katell QUILLEVERE (Suzanne F QUI) couvre une vingtaine d’années de la vie de son héroïne et de ses proches adoptant un montage fait d’ellipses, structure qui permet à la réalisatrice d’entraîner le spectateur dans une énergie à la fois vibrante et resserrée rarement vue dans le cinéma français. Le portrait est alors aussi subtil que violent, tranchant par sa beauté et sa complexité. Indispensable. Vous aimez le foot, les zombies et les séries Z : alors cet ovni est fait pour vous : hommage aux films Grindhouse (films projetés à la suite sous forme de double programme), Goal of the dead (F GOA) est un film français en 2 parties réalisées par 2 réalisateurs différents. Le film est sorti exclusivement dans quelques salles en région parisienne et malgré sa visibilité assez réduite s’est construit une réputation de nanar culte qui sent bon la gaudriole gore. Amateurs de projets décalés et originaux, un seul conseil, chaussez les crampons ! A 58 ans, Gloria se sent toujours jeune. Célibataire, elle fait de sa solitude une fête et passe ses nuits dans les dancings de Santiago. Quand elle rencontre Rodolfo, tout change. Elle tombe amoureuse et s’abandonne totalement à leur passion tumultueuse. Traversée tour à tour par l'espoir et les désillusions, ce qui pourrait la faire sombrer va au contraire lui permettre d'ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. Gloria (F LEL) du réalisateur Sebastian LELIO est un portrait de femme mûre, forte et vulnérable, à la mélancolie solaire et à la vitalité généreuse. Cette chronique attachante brosse également le tableau d'un Chili en quête de modernité. A voir aussi : autre portrait, celui de Ida (F PAW) du polonais Pawel PAWLIKOWSKI : dans un noir et blanc somptueux et une atmosphère austère, une jeune orpheline élevée au couvent part à la recherche de ses origines avant de prononcer ses vœux ; Lulu femme nue (F ANS) de Solveig ANSPACH permet à Karin Viard de livrer une nouvelle belle prestation dans le rôle d’une femme qui reprend goût à la vie dans un road-movie plein d’humanité. Enfin Riad SATTOUF avec sa fable satirique Jacky au royaume des filles (F SAT) fait fi de tous les poncifs pour dénoncer le patriarcat dominant, en traitant d’une société matriarcale imaginaire ! Drôle et édifiant. Après le foot, place au catch ! Nos héros sont morts ce soir (F PER), premier film de David PERRAULT, rend un hommage original, en noir et blanc, aux polars français des années 60 et au sport roi de l’époque. Avec ses bistrots poussiéreux et ses gouailleurs tragiques, voici un film atypique, audacieux et modeste, à découvrir d’urgence. On peut être le créateur d’une des plus grandes séries pour adolescents (Buffy contre les vampires, ceci dit sans ironie), d’un des plus gros succès du cinéma mondial (The avengers), et s’offrir une récréation intellectuelle en adaptant avec beaucoup de finesse et d’intelligence un grand auteur dramatique : Joss WHEDON réussit haut la main son passage chez les adultes avec son Shakespearien Beaucoup de bruit pour rien (F WHE), bulle de champagne élégante et vraie surprise pleine de charme. A voir aussi : la pimpante comédie Les grandes ondes (F BAI) de Lionel BAIER qui suit des journalistes de radio embarqués malgré eux dans la Révolution des Œillets à Lisbonne en 1974 ; le troublant et mystique dernier film de François DUPEYRON Mon âme par toi guérie (F DUP) sur un homme qui réfute son don pour la guérison ; l’inégale mais touchante et honnête comédie poétique de Ben STILLER La vie rêvée de Walter Mitty (F STI). Enfin, il est grand temps de jeter son dévolu sur la dernière série qui révolutionne le genre ultra balisé du cop-show : la très sombre et désabusée True Detective (F TRU). Enjoy !