Dossier pédagogique Le journal de Grosse Patate

Transcription

Dossier pédagogique Le journal de Grosse Patate
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
Le journal de Grosse Patate
© Patrick Moll
Texte de Dominique Richard, édité par Théâtrales Jeunesse
Recommandé pour la lecture en cycle 3 par l’Education Nationale
Coproduction : Petit Bois Cie, Espace Apollo – Mazamet
Avec l’aide de la Région Midi-Pyrénées
Lundi 25 février 2008 à 9h45 et 14h00
Mardi 26 février 2008 à 14h00 et 19h30
Jeudi 28 février 2008 à 9h45
Durée : 55 minutes
Théâtre La Coupole, 2 Croisée des Lys, 68300 SAINT-LOUIS, Tél. 03 89 70 03 13, Fax: 03 89 70 91 49
www.lacoupole.fr
Contact jeune public : Julie Dubail. Ligne directe : 03 89 70 91 43.
Le journal de Grosse Patate est le journal intime d’une fille de 10 ans que l’on surnomme ainsi parce qu’elle mange
tout le temps. Plus elle est triste plus elle mange, moins elle comprend plus elle mange… Dans son journal, Grosse
Patate brosse toute une année : une année d’école et de vacances, une année de classes et de récrés. Joyeuses
découvertes et premières grandes déceptions. Amours et déconvenues. Amitié et désillusions. Une année de
questions sur soi et sur l’autre, une année d’apprentissage de la vie et du monde.
Distribution
Texte : Dominique Richard
Mise en scène, scénographie : Jean-Jacques Mateu
Jeu : Bilbo, Jean-Jacques Mateu
Musiques : Pascal Comelade
Construction : Pierre Vasselot
Costumes : Joël Viala
Lumière et régie : Romain Mercier
Coproduction : Petit Bois Cie, Espace Apollo – Mazamet
Avec l’aide de la Région Midi-Pyrénées
La Compagnie
Jean-Jacques Mateu, metteur en scène, fonde Petit Bois Cie en 1995 à Toulouse. Il choisit avant tout de donner la
priorité au répertoire contemporain, aux « poètes politiques » comme Eugène Durif, Odon von Horvath, Edward
Bond ou plus récemment Nikolaï Erdman.
L’auteur : Dominique Richard
Dominique Richard est à la fois comédien, metteur en scène et auteur.
Après une maîtrise de philosophie, il entre à l’école supérieure d’Art dramatique du Théâtre national de Strasbourg il
y est formé par Françoise Lebrun, Laurence Roy et Joël Jouanneau.
Comédien, il joue sous la direction de Madeleine Gaudiche, Daniel Girard, Joël Jouanneau, Bernard Sobel, JeanPierre Vincent … Il met en scène Les Chants de Maldoror d’après Lautréamont et Dans le petit manoir de Witkiewicz
Il écrit sa première pièce : le Journal de Grosse Patate, et la met en scène en 98 pour la compagnie Râ. Suivront les
Saisons de Rose-Marie (Théâtrales Jeunesse), les Ombres de Rémi (Théâtrales Jeunesse, volume « Court au
Théâtre »), Hubert et le Miroir et les Rêves de Bilfou.
Pour tout public il a écrit 1000 femmes 1000 chemins.
Il se consacre de plus en plus à l’écriture et mène de nombreux ateliers en milieu scolaire et à la maison d’arrêt de
Villepinte.
Depuis 2000, il est membre du collectif théâtral Exileros, avec lequel il crée deux spectacles, Exileros (montage de
textes sur l’exil) et Pendant leur Absence, joués dans des foyers de jeunes travailleurs.
Théâtre La Coupole, 2 Croisée des Lys, 68300 SAINT-LOUIS, Tél. 03 89 70 03 13, Fax: 03 89 70 91 49
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Le personnage de Grosse Patate est né d’une amie qui s’en voulait d’être « une grosse vache », d’une autre qui
conservait une lettre de l’enfance où une camarade de classe lui assurait « ce n’est pas vrai que tu es une grosse
patate ». Je me souviens avoir beaucoup ri avec mes amis de ces histoires.
Quand on jouait au foot, je ne voulais qu’être gardien de but. C’est assez étrange puisque j’étais (déjà) le plus petit
de ma classe mais ce désir devient une règle et j’étais toujours le gardien d’une des deux équipes. Cela m’a valu le
surnom (affectueux) de « cours toujours » car j’arrêtais rarement le ballon et passais mon temps à aller le ramasser.
Pourtant, je me souviens que tout le monde me voulait dans son équipe en tant que gardien de but et qu’on perdait
souvent.
Un souvenir horrible : le jour de la rentrée des classes, au départ de ma mère, je me suis débattu tandis que la
maîtresse me retenait. Je lui ai mis le poing dans l’œil sans le faire exprès. Cette maîtresse était très vieille et
extrêmement gentille et je m’en veux encore aujourd’hui. Si mes souvenirs sont bons, elle a dû partir l’année
suivante à la retraite. Pour moi, il n’y a qu’une maîtresse, c’est elle, les autres me paraissaient toujours un peu
jeunes.
Je me souviens m’être habillé comme un camarade que j’aimais et m’être senti ridicule. Ça ne m’allait pas du tout.
Je me souviens que tout le monde me disait : « tout ce qui est petit est mignon » mais que je pensais « tout ce qui
est grand est fort ».
Ma dernière bagarre : avec une voisine dans le jardin de l’immeuble en présence de tous mes copains. Je me suis
pris une raclée (la honte). Ce jour-là, je décidai de ne plus jamais me battre avec une fille. Le bon sens, la lucidité ou
une aversion puissante pour la douleur physique me fit également renoncer à toute bagarre avec un garçon.
Je me souviens avoir organisé une armée secrète à l’école et n’avoir jamais compris pourquoi j’avais été puni quand
elle a été découverte. Je ne me souviens pas comment je m’y étais pris pour convaincre tous mes camarades de
classe d’en faire partie ni à quoi cette armée a bien pu servir. Ce texte est peut-être une tentative de réponse à cette
question : mais pourquoi diable ai-je été puni ?
Adolescent, je tenais un journal intime. Tous les jours, je m’obligeais à noter les événements essentiels de ma
journée, ce que j’avais ressenti. L’ayant relu un jour, je m’étonnai d’y trouver le récit d’incidents oubliés ou, à
l’inverse, l’absence de souvenirs pourtant encore bien réels aujourd’hui. Chaque jour devait avoir son lot de faits et
remarques mais il m’arrivait de ne rien trouver à raconter. En désespoir de cause, et pour ne pas laisser une page
entièrement blanche, je griffonnais « rien à signaler ». C’est ainsi que le lendemain du décès de ma tante, j’ai inscrit
« rien à signaler » tandis que le surlendemain je raconte en détail une sortie au cinéma avec Laurent, ami de
l’époque dont j’étais amoureux. Ce mélange de faits insignifiants (qui ne l’étaient pas pour moi à l’époque) et de
« grands événement » dont je ne parle presque pas, est ce qui m’avait le plus troublé, comme des couches de temps
superposées, chacune allant à une vitesse différente.
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Il y avait une couche quotidienne, assez lente, répétitive, couche familiale où même la mort s’approchait lentement
dans le récit mou d’une maladie qui s’aggravait imperceptiblement et inexorablement.
Sur cette couche, tout était lent.
Il y avait une couche intime et l’intime à l’époque, c’était l’école, l’endroit où je retrouvais mes copains, la cour de
récréation d’où les adultes étaient presque exclus, nos aventures, nos projets, mes rêves.
Cette couche était grandiose, épique et le temps y avait le rythme de l’univers.
C’était aussi l’époque de la musique, du théâtre et cette couche était frénétique : je rentrais du collège en courant, je
goûtais à peine pour aller à un cours de violon ou de piano puis mes devoirs à peine terminés, je partais à l’atelier
théâtre. C’était mon temps à moi et je le dépensais sans compter.
Et puis il y avait une couche que je découvrais à peine, faite d’extraordinaires accélérations et de ralentissements
brutaux, une couche pleine de désirs rarement exprimés, de secrets de Polichinelle, de déclarations avortées,
d’amour et de haine, de jalousie, de déceptions.
Je crois, au final, que ce texte ne parle que du temps. Du temps qui passe, de ses accélérations et de ses vides, des
souvenirs qui se transforment, des espoirs et des déceptions. Et de ce temps qu’on nous vole, de ces réveils qui
sonnent sans arrêt et vous hurlent d’aller plus vite, toujours plus vite quand on voudrait simplement se poser
quelques instants pour parler à la lune.
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Maatteeuu
Ce texte sensible, à la langue drôle et inventive, donne la parole à une enfant particularisée. Texte immédiatement
amusant à la lecture, il représente sans offenser le jeune spectateur, sans lui proposer un miroir bête et plat d’une
réalité.
Si le texte traite de la différence, de l’acceptation ou du refus de soi, de la mort, du rapport aux autres, s’il aborde des
sujets graves, l’humour de l’écriture et le montage séquencé servent aussi immédiatement la distance indispensable
entre le personnage et le jeune spectateur. Le spectacle, comme l’écriture, fait alterner une trentaine de tableaux,
dans une succession vive et dynamique. Une trentaine de climats, de couleurs de jeu, qui se suivent au rythme des
découvertes, des perceptions, des sensations du personnage.
La musique se joue elle aussi des climats et des états d’âme du personnage. Un espace sonore à l’unisson de ce
mini théâtre épique, avec des minis blues, des minis complaintes, des minis rock… Nous avons trouvé dans l’univers
du musicien Pascal Comelade toutes les miniatures et les nuances que nous cherchons.
La scénographie s’attache à représenter deux espaces. Celui de Grosse Patate, sa chambre, aperçue comme dans
une vignette de bande dessinée, aux contours vifs, aux lignes déformées, aux couleurs franches. Et celui plus
mystérieux et onirique de l’homme en noir. Ainsi que quelques autre, plus fugaces, illustrés en lumière, celui du cycle
du temps, celui de la nuit et de la solitude – celui du discours à la lune…
Texte du comédien et metteur en scène Dominique Richard, Le Journal d'une Grosse Patate porte un regard
sensible sur la cruauté de l'enfance. Entre tristesse, désespoir et petit bonheur, le journal de Grosse Patate raconte
les interrogations sensibles d'une gamine. Un très beau texte à l'écriture fine et humaine qui traite de la différence,
de l’acceptation ou du refus de soi, de la mort d’une maman, du rapport aux autres.
Les choses graves sont dites avec vigueur et simplicité
Pas de mièvrerie dans ce Journal de Grosse Patate mais de l’humour « craquant », pimenté des histoires du
quotidien, avec une énorme humanité face aux questions de ces enfants qui basculent dans l’adolescence.
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EExxttrraaiittss
Un texte à lire et découvrir.
Richard, Dominique. Le journal de Grosse Patate. Editions théâtrales Jeunesse, 2005. 61 p. ISBN 2-84260-101-7
« On m’appelle Grosse Patate, on m’appelle comme ça parce que j’aime manger. J’aime tellement manger, pétard
de pétard »
« C’est très embêtant d’aimer manger, parce que même en se cachant, ça finit toujours par se voir. On prend des
rondeurs, du ventre, de l’estomac, et surtout, on grossit des fesses. On devient tout rond et votre tête ressemble à un
ballon de football. Quand on court, ça fait « bedom, bedom », tout bouge et on est un peu gêné. »
« Rémi c’est un drôle. A l’école, les garçons l’appellent Rémilette. C’est le plus petit de la classe. J’adore lui donner
des baffes. Ca me détend. Je le coince contre un mur et hop ! une claque. Il ne sait pas se défendre. (…) tout le
monde le bat. Il pleure comme une fille. Ils ont inventé un jeu à l’école, c’est la chasse à Rémi. On court derrière lui
en criant « Hou la fille ! » » C’est super drôle. Il ne faut pas se faire attraper par la maîtresse sinon ça barde. »
« Montre, un monstre parle à la lune. Je veux être moche, encore plus moche, la plus moche des plus moches. Je
veux m’enterrer disparaître, rejoindre maman, je ne veux plus grandir, je ne veux plus grossir, je ne veux plus rien,
être du vent. »
« Hubert, qu’est-ce qu’il est beau ! C’est le plus beau de la classe. J’aime le regarder, comme si un peu de sa beauté
s’échappait de lui et me recouvrait, comme de la poudre de perlimpinpin. Il n’est ni trop grand, ni trop petit, ni trop
mince, ni trop gros. Je ne saurai pas le décrire. Il n’a aucun défaut. Il passe son temps à jouer au foot, dans la cour
de récréation.
Il porte toujours des chandails échancrés qui laissent voir la peau de ses épaules. Je sais que je vais tomber
amoureuse de Hubert. Il faut que je me prépare à cette idée. Ce sera dur mais que faire ? Comme dit Papa, c’est la
vie. […] Rosemarie est amoureuse de Hubert. Je lui ai déclaré que ça allait être très dur mais je la comprends. C’est
la vie. Elle m’a demandé de lui écrire des déclarations d’amour qu’elle pourra apprendre par cœur et réciter à
Hubert. »
« Rosemarie n’a aucune mémoire. C’est une catastrophe. Sa cervelle, c’est du gruyère avec plus de trous que le
fromage.
J’ai passé toute la soirée d’hier à lui préparer une déclaration d’amour magnifique. Aujourd’hui, elle s’est plantée
devant Hubert et a commencé son discours. Dès les premiers mots, j’ai senti que ça partait mal. Elle a tout mélangé,
a bafouillé, et Hubert a commencé à rigoler. Rosemarie pleurait tout en continuant sa déclaration. Elle s’est mise à
improviser et à parler de son chat. Je ne voyais pas le rapport. Pauvre Rosemarie !
Ce n’est pas grave parce que comme ça, j’aurai une déclaration toute prête quand je tomberai amoureuse de
Hubert.»
« On veut tous être quelqu’un d’autre. On veut tous quelque chose mais on ne sait pas quoi. On veut tous être
quelque part mais quand on y est, on ne rêve que d’en partir. »
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Le journal de Grosse Patate
Discours à la lune
Grosse Patate
Je suis seule.
Hubert n’est pas amoureux de moi.
Rémi m’a laissé tomber comme une vieille chaussette.
Rosemarie est jalouse.
J’erre dans les rues. La nuit est douce. J’entends le bourdonnement de la ville.
Et toi, la lune, est-ce que tu es aussi seule que moi ? Grosse boule blanche, muette et ridicule qu’as-tu à nous dire ?
Grosse Patate, Grosse Patate ! Toujours pareil, toujours la même histoire. La laideur me veut, m’enveloppe,
m’appelle :
« Viens, grosse patate, viens à moi. Tu seras moche et ta mocheté te protégera des autres. Tu seras seule et on te
regardera en souriant. »
Montre ! un monstre parle à la lune ! je veux être moche, encore plus moche, toujours plus moche. Etre la plus
moche des moches.
Je voudrais m’enterrer, disparaître, ne plus être rien. Rejoindre maman. A quoi ça sert tout ça ? Je ne veux plus
grandir, je ne veux plus grossir, je ne veux plus être moi, je ne veux plus rien, être du vent.
Dis-moi la lune, pourquoi les gens sont méchants ? Pourquoi les gens sont cruels ? Pourquoi les gens sont
oublieux ?
Ca ne sert à rien, tout ça. Je parle, je parle, mais est-ce que tu m’écoutes ? Parler à la lune, ça change quoi ?
Peut-être que c’est bien que tu ne puisses pas répondre. Peut-être que c’est bien que tu sois là, simplement,
silencieusement et que tu me regardes bêtement. Peut-être que ça suffit de parler.
Je me sens légère maintenant. Je continuerai de parler et nous serons tous légers. Et un jour, ce sera bien d’être
quelqu’un, même une grosse patate.
Il fait froid. La nuit m’enveloppe. Papa va s’inquiéter.
Bonne nuit, la lune. Je rentre me coucher.
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Il s’agit d’un spectacle jeune public. La pièce de Dominique Richard publiée aux Editions Théâtrales met en scène
les péripéties d’une année scolaire à travers le journal intime et très actuel d’une petite fille boulimique. L’humour du
titre indique bien l’humour du texte qui permet d’aborder, avec une certaine distance amusée, de nombreux thèmes
fondamentaux pour les enfants de 7 à 12 ans, tels que la construction de l’individu, le deuil, l’acceptation de soi et de
l’autre, le sentiment amoureux, […] La Dépêche du Midi, 17 mars 06
Entretien avec Jean-Jacques Mateu
Par Adèle Dervaux
Pouvez-vous me décrire votre travail avec la compagnie Petit Bois ?
Quand j’étais comédien, on me faisait jouer Molière ou Marivaux. Ce n’est pas immédiatement en prise avec le
temps. J’ai commencé la mise en scène pour traiter du monde d’aujourd’hui. Dans notre répertoire, il y a surtout des
pièces du XXe siècle. (…) Ce qui m’intéresse, c’est le rapport entre l’individu et le collectif, l’intime et le politique ;
comment l’homme se débrouille pour concilier son individualité dans le groupe. Je travaille beaucoup avec des
musiciens sur le plateau, et je parle souvent aux acteurs en termes musicaux. Des notions comme la nuance, le
rythme, la hauteur, leur donnent une matière première de travail et la possibilité de se dégager d’une inspiration
uniquement réflexive sur le personnage. Je demande aussi aux acteurs de travailler dans le but de représenter une
figure ou un trait, et non un être entier, un personnage intégral.
Comment avez-vous découvert Le Journal de Grosse Patate ?
En cherchant et en lisant des textes pour la jeunesse, avec la comédienne Bilbo. Ce texte nous a plu : il était drôle et
nous parlait de l’enfance, de notre enfance. Nous avons tout de suite senti que la pièce était d’actualité et qu’elle
contenait de vraies possibilités de jeu. Dominique Richard confronte toujours ses personnages aux premières fois,
aux premières perceptions. C’est le temps de la préadolescence : c’est la première fois qu’on est amoureux ou qu’on
comprend des choses graves.
Grosse Patate est une petite fille très franche, pas très tendre avec ses copains d’école (elle adore donner
des baffes à Rémi), et très lucide. Elle constate qu’on veut tous être quelqu’un d’autre, être autre part…
Grosse Patate est à l’âge où on découvre qu’on n’est pas bien dans ses baskets, pas bien dans sa peau, dans son
monde, dans sa famille. C’est l’âge où l’on nomme pour la première fois son désir d’être quelqu’un. Quand on est
tout petit, on ne sait pas très bien ce que c’est de grandir. Mais il y un âge où, justement, on se rend compte qu’on
va devenir adulte. Grosse Patate est très franche parce qu’elle parle à son journal. Elle ne dit pas à Rémi qu’elle
adore lui donner des baffes ! Elle le dit à son carnet.
Les autres personnages, l’homme en noir et Hubert, Rosemarie, Rémi, dont elle parle dans son carnet,
seront-ils sur scène?
Nous avons invité des enfants aux premières répétitions et nous avons vu qu’ils avaient tous dans leur entourage
leur Rosemarie, leur Rémi, leur Hubert. Les représenter, même par bribes, aurait fermé une porte à l’imaginaire des
spectateurs. Finalement, ils s’attachent autant aux autres personnages qu’à Grosse Patate. Quant à l’homme en
noir, le personnage de la nuit, de l’obscur, et de l’inconscient, il apparaît quand elle dort. Il est toujours debout,
comme flottant dans un espace différent. Grosse Patate, elle, est bien posée dans sa chambre, avec ses chips et
ses chamallows.
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Au football : être une passoire dans les buts
A l’école : avoir une cervelle en gruyère
Dans la vie : être transparent
La poudre de perlimpinpin
Romanesque
Chevaleresque
Crâneur
Les expressions de colère reprises par Grosse Patate :
« chauffer du bois », « pleuvoir des potirons », « gare à la sauce dans les épinards »
Nabatis - Il s’agit d’une « agglutination » pour « aux abattis ». L’auteur veut imiter le langage enfantin, comme
lorsqu’on dit « un arbre, des narbres ». (source : Internet)
Référence à Narcisse
Dans la mythologie grecque, Narcisse est le fils du dieu fleuve Céphise et de la nymphe Liriope.
Son histoire est rapportée notamment dans Les Métamorphoses d'Ovide : à sa naissance, le devin Tirésias, à qui
l'on demande si l'enfant atteindrait une longue vieillesse, répond : « Il l'atteindra s'il ne se connaît. » Il se révèle être,
en grandissant, d'une beauté exceptionnelle mais d'un caractère très fier : il repousse la nymphe Écho ainsi que de
nombreuses autres prétendantes qui sont amoureuses de lui.
Un jour qu'il s'abreuve à une source, il voit son reflet dans l'eau et en tombe amoureux. Il reste alors de longs jours
près de la source à se contempler et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Il finit par dépérir
puis par mourir, et est pleuré par ses sœurs les naïades. À l'endroit où l'on retire son corps, on découvre des fleurs
blanches : ce sont les fleurs qui aujourd'hui portent le nom de narcisses.
Autre version
Nonnos rapporte cependant une version sensiblement différente : faisant de Narcisse le fils d'Endymion et de
Séléné, il lui prête une sœur jumelle dont il est très épris. Ainsi lorsque celle-ci meurt, il prend l'habitude de se rendre
près d'une source où, pouvant se contempler, il se rappelle l'image de sa sœur qui lui ressemblait exactement.
L'histoire de Narcisse est passée dans le langage courant : on dit d'une personne qui s'aime à outrance qu'elle est
narcissique.
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- La boulimie
- La différence
- Le bouc émissaire
- L’adolescence
- L’amour
- Le deuil
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Texte à trous
Aujourd’hui, la
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Il était question d’une épicerie avec des
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A la fin j’étais tellement épuisée et énervée que j’ai pris les
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moins le prix de l’épicière. Je ne savais plus ce que je faisais, et j’ai divisé le tout par le nombre de
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l’exercice précédent.
. Au début, il a eu du mal à comprendre. (…) Quand il s’est aperçu que
Papa a voulu vérifier mes
j’avais tout mélangé, il m’a regardé comme s’il m’était poussé des
de lapin. (…) Il m’a (…) expliqué :
On ne multiplie jamais les
par les
. Il faut laisser les
avec les
et les
avec les
. Chaque chose à sa place avec son étiquette bien à elle.
Extrait original
Aujourd’hui, la maîtresse nous a donné des devoirs très difficiles.
Il était question d’une épicerie avec des tomates et des bananes. Il fallait trouver le nombre de bananes qu’on
pourrait acheter pendant qu’on mangerait les tomates et qu’on pèserait l’épicière. Ou quelques chose comme ça. Je
n’ai rien compris.
A la fin j’étais tellement épuisée et énervée que j’ai pris les bananes, je les ai multipliées par les tomates moins le
prix de l’épicière. Je ne savais plus ce que je faisais, et j’ai divisé le tout par le nombre de baignoires de l’exercice
précédent.
Papa a voulu vérifier mes devoirs. Au début, il a eu du mal à comprendre.
Il répétait : « mais pourquoi les baignoires ? »
Quand il s’est aperçu que j’avais tout mélangé, il m’a regardé comme s’il m’était poussé des oreilles de lapin. « Ma
fille est idiote » il a dit.
J’ai pleuré.
Il m’a consolée puis m’a expliqué :
On ne multiplie jamais les tomates par les bananes. Il faut laisser les tomates avec les tomates et les bananes avec
les bananes. Chaque chose à sa place avec son étiquette bien à elle. Les devoirs, moi, ça m’assomme.
Questions
Imaginez ce qu’aurait fait Grosse Patate avec l’un de vos exercices de mathématiques.
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LE TEXTE
1 - De quoi parle la pièce ? Quel en est le personnage principal ? Les personnages secondaires ? Quels en sont les
thèmes ?
2 - Quels sont les principaux événements ?
3. - Est-ce que Grosse Patate est heureuse ? Malheureuse ? Pourquoi ? Quelles sont les indications données par le
texte ?
4 – Quel est le registre de langage employé ?
LA REPRÉSENTATION
1 - L'espace scénique
- Comment les comédiens occupent-ils cet espace ? (Jeu statique ou dynamique ?)
- Comment le spectateur est-il situé par rapport à cet espace ?
2 - Le décor
- Est-ce un décor unique ou à transformation ?
- Quels sont les matériaux qui le composent ? Est-il figuratif ? Que représente-t-il ?
3 - Les lumières
- Délimitent-elles l'espace scénique ? Comment ?
- Contribuent-elles à créer une atmosphère ? Laquelle ?
4 - Le son
- Quelle est l'importance du son dans le spectacle ? Que signifie-t-il ?
- S'agit-il d'une musique originale ? D’emprunt ?
5 - Les objets scéniques
- Sont-ils employés dans un usage habituel ou détourné ? Sont-ils nombreux ?
- Quelles sont leurs caractéristiques (matière, couleurs, forme, dimensions, etc.) ?
6 - La gestuelle des comédiens
- A quoi correspond-elle Nous renseigne-t-elle davantage sur la parole ?
- Illustre-t-elle ou remplace-t-elle la parole ?
7 - La voix et la diction
- Comment les voix sont-elles "placées" dans l'espace scénique ?
- La diction est-elle particulièrement travaillée ?
- Renvoie-t-elle à des particularismes linguistiques (voix déformée, accent régional ou étranger, etc.) ?
8 - Le costume
- Renvoie-t-il à une mode vestimentaire particulière ?
- Constitue-t-il une production totalement imaginaire, sans référence connue ?
- Sert-il à typer un personnage ?
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QQuueellqquueess lliieennss ::
Internet
http://pedagogie.ia84.ac-aix-marseille.fr/litt/docs-litt/grosse_patate.pdf
http://www.ac-orleans-tours.fr/crdp/cddp18/Theatre_07.htm
http://www.altersexualite.com/spip.php?article154
http://fr.wikipedia.org/
PPiissttee bbiibblliiooggrraapphhiiqquueess
Du même auteur :
Les saisons de Rosemarie – Editions théâtrale jeunesse
Les ombres de Rémi - Editions théâtrale jeunesse
Sur le même thème :
Mange-moi – Nathalie Papin – l’école des loisirs Théâtre
Bouli Miro – Fabrice Melquiot – L’arche jeunesse (théâtre)
La grosse patate – Susie Morgenstern
Le Journal intime :
Mon je me parle – Pernuch – Casterman
Le secret de Faight Green – JF. Chabas et C.Blain – Casterman (roman)
Journal d’une petite vampire – S.holleyman – Le seuil
Le naufrage du zanzibar – M.Morpurgo et F.Place – Gallimard
Harriet l’espionne – L.Fitzhugh et A.Tonnac – Gallimard folio junior
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Théâtre La Coupole, 2 Croisée des Lys, 68300 SAINT-LOUIS, Tél. 03 89 70 03 13, Fax: 03 89 70 91 49
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Contact jeune public : Julie Dubail. Ligne directe : 03 89 70 91 43.
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