Nous nous battons tous les jours pour le jus de pomme

«Nous nous battons tous les jours
pour le jus de pomme suisse»
RAMSEIER SUISSE SA est le plus important transformateur de jus de pommes de
Suisse. La Revue UFA a interviewé le président de la direction, Jann Gehri, de la campagne actuelle et des perspectives d’avenir de la production suisse de fruits de cidrerie.
Revue UFA: Monsieur Gehri, actuRoman
Engeler
ellement, vos sites de production
tournent à plein régime. Est-ce que
tout se déroule comme prévu?
Oui, c’est bien le cas. A la fin juin,
nous avons achevé la révision de nos
installations de production sur les
quatre sites d’Oberaach (TG), Hitzkirch
(LU), Kiesen (BE) et Sursee (LU) de manière à être prêts pour la campagne
actuelle, qui a d’ailleurs débuté à la
mi-août. Nous avons pu effectuer
comme prévu les travaux d’organisation. Nos collaborateurs
se réjouissent de l’arrivée de la
saison et sont motivés à transformer les quantités livrées
dans les délais.
Quels sont les volumes de
fruits à cidre transformés par
Ramseier Suisse?
En moyenne, il s’agit de
50 000 tonnes, mais cette
quantité varie naturellement
fortement d’année en année.
Le rendement en jus de fruit
avoisine à peu près les 80 %.
Quelles sont vos capacités au niveau de la
transformation?
La limite de capacité est déterminée
par les installations à disposition et par
la période durant laquelle les fruits doivent être transformés. Ces dernières années, la période de transformation est
devenue de plus en plus courte, les livraisons étant toujours plus concentrées
dans le temps. Nos capacités s’en trouvent réduites: les fruits ne pouvant pas
être stockés sur une grande période, il
faut les transformer rapidement. Pour
moi, il est donc primordial que les li-
vraisons puissent s’étaler sur un intervalle plus long.
Quelles sont les limites de capacités au niveau de la consommation et quelles sont
les quantités de jus de pommes qui peuvent actuellement être commercialisées
sur le marché suisse?
La consommation actuelle s’élève à
près de 10 litres de jus de pommes pur
par habitant et par an. Ce chiffre englobe
également d’autres produits qui contiennent également du jus de pommes comme par exemple l’Apfelschorle, qui a été
lancé avec succès il y a quelques années,
ainsi que d’autres boissons. Aujourd’hui,
la tendance est clairement à des produits
naturels et authentiques.
Quelles sont les quantités importées et y
a-t-il également des exportations?
Les importations restent marginales,
même si certains grands distributeurs
importent du jus de pommes. La plupart
du temps, il s’agit de jus dilués ou édulcorés, avec une part de jus de fruit inférieure à 50 %. Près de 16 000 tonnes
d’équivalents de jus de fruit de cidrerie
ont été exportés annuellement, la tendance étant plutôt à la baisse.
Pourquoi?
La Confédération n’accorde plus de
contributions à l’exportation et la
branche doit s’organiser elle-même.
Quelle serait l’influence d’un éventuel accord de libre-échange avec l’UE?
Nous pourrions discuter des heures
de cette question! Une étude de l’Université de St. Gall a analysé la question
de plus près. Elle est arrivée à la conclusion que l’entrée en vigueur d’un accord
de libre-échange entraînerait une baisse de 30 % de la production indigène et
de 50 % des prix au producteur. Le comportement des distributeurs sera décisif.
S’ils misent clairement sur des produits
suisses, les conséquences devraient être
moins graves. Avec un produit tel que
«Ramseier», qui est assimilé à un jus de
fruit suisse de grande qualité, nous disposons d’un atout important.
Que faudrait-il faire pour augmenter la
consommation de jus de pommes par habitant en Suisse?
Avec l’ensemble de la branche, Ramseier Suisse se bat quotidiennement
pour que la consommation augmente.
Comme je l’ai déjà dit plus haut, les produits naturels et authentiques sont à la
mode. Les campagnes publicitaires
comme celle qui a été mise sur pied par
Fruit-Union Suisse pour le produit «jus
de pommes», se développent donc sur
un terrain fertile.
Quels sont les efforts publicitaires entrepris par Ramseier Suisse?
Nous consacrons chaque année des
moyens importants pour profiler la
marque «Ramseier» sur le marché et
chez le client. «Ramseier» jouit d’une
bonne renommée, la marque étant
identifiée par 90 % des personnes interrogées. Nous ne nous reposons pas sur
nos lauriers mais travaillons continuellement au développement de nouveaux
produits que nous cherchons à associer
à la tradition et à l’innovation. Nous estimons qu’il existe actuellement un gros
potentiel pour l’Apfelschorle ainsi que
pour la combinaison de Schorle avec
d’autres produits comme les figues de
cactus, les oranges ou le thé vert. On
constate en effet que les boissons légères et naturelles connaissant un grand
succès auprès des consommateurs.
Qu’est-ce que peut faire concrètement le
producteur pour que le jus de pommes
continue à avoir le succès qui est le sien
actuellement?
La production de jus de pommes de
haute qualité avec un bon rapport entre
la teneur en acidité et en sucre revêt une
importance primordiale. Outre l’entretien des vergers existants avec leurs variétés traditionnelles, il convient également de procéder à des investissements
dans de nouvelles installations. En plus
de la qualité, il est également important
de mettre en place des méthodes de
culture efficaces et économiques.
Les effectifs d’arbres haute tige sont plutôt à la baisse. Est-ce que cela vous inquiète?
Oui, ce recul me préoccupe beaucoup. On sait en effet que c’est de ces
variétés que l’on tire un jus de pommes
de haute qualité, avec un rapport optimal entre l’acidité et le sucre. Nous faisons donc tout notre possible pour favoriser la diffusion de ces variétés,
surtout à proximité de nos cidreries.
Quels sont les canaux de vente de Ramseier Suisse?
Ramseier Suisse approvisionne le commerce de détail (sous la marque «Ramseier» mais également sous des marques
propres aux distributeurs), la restauration
et le secteur «convenience», soit les magasins de station-service et autres.
On sait que la concurrence est particulièrement vive au sein du commerce de détail. Comment gérez-vous cette situation?
C’est parfaitement exact. Le commerce de détail est soumis à une lutte de prix
acharnée, ce qui exerce une certaine pression sur les fournisseurs. Nous sommes
néanmoins convaincus que les consommateurs voudront toujours des articles de
marque et que nous pouvons obtenir une
bonne plus-value grâce à notre renommée. Notre stratégie consiste donc à renforcer encore la marque «Ramseier».
Nous devons bien entendu également
maîtriser nos charges de structure pour
pouvoir proposer nos produits à des prix
qui soient en adéquation avec la réalité du marché.
Comment voyez-vous l’avenir de
la production de fruits à cidre et
la transformation en Suisse?
Ramseier Suisse SA
Ramseier Suisse SA dispose de sites de production à Sursee,
Hochdorf, Kiesen et Elm, ce qui en fait l’un des plus grand fabricants
de boissons de Suisse. Cette entreprise, propriété de fenaco,
rassemble au sein d’une même entité des marques renommées
telles que «Ramseier», «Sinalco», «Elmer citro» et «Elmer mineral».
«Ramseier» est la marque de jus de pommes la plus connue de
Suisse. La gamme «Ramseier» se décline dans les différents produits
jus de pommes, Schorle, cidre, jus de pommes non filtré.
Nous croyons en l’avenir de la production de fruits à cidre en Suisse. En
tant qu’entreprise de transformation,
nous avons besoin de fruits de cidrerie
indigènes. Avec «Ramseier», nous disposons d’une marque d’excellence, reconnue et très bien implantée sur le
marché. Ramseier Suisse continuera
d’être un partenaire fiable pour les agriculteurs suisses à l’avenir.
䡵
Jann Gehri:
«Les boissons
naturelles et
authentiques
ont aujourd’hui
clairement
les faveurs
de la cote.»
Jann Gehri, dipl. ing. agr. EPFZ et lic. Oec. HSG est âgé de 43 ans.
Depuis la fin de ses études, Jann Gehri a toujours travaillé pour
l’industrie alimentaire ou des secteurs proches de cette dernière. Avant
de devenir chef de la direction de Ramseier Suisse SA, J. Gehri présidait
à la destinée de Halag Chemie SA, une société fille de fenaco.
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