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paroles d’expert © A. Thiriet Le Saint-Sauveur à Rennes légende Le pari de la suppression du gaz en cuisine Établissement renommé du centre historique de Rennes, l’Auberge Saint-Sauveur, devenue le Saint-Sauveur, a connu un grand lifting qui a respecté sa typicité. C’est en cuisine que le changement est le plus radical. Avec l’ancien chef, devenu son second, Aurélien Brastel a découvert les avantages de la suppression du gaz et de l’utilisation quotidienne d’équipements modernes. Par Anthony Thiriet gastronomique de Rennes. Il faisait aussi des extras le week-end. Cap sur la brasserie 2004 est une année de changement pour le jeune chef qui se fait embaucher par le Stade Rennais en tant que second de cuisine du Rouge et Noir Café. « J’avais envie de voir autre chose. La gastronomie m’a appris beaucoup de choses, dont la minutie. Mais j’avais envie de réussir à maîtriser des grands volumes, de savoir être rigoureux sur de grands services. » Avec 130 places assises, la brasserie du Stade Rennais sert 120 couverts en moyenne et jusqu’à 300 les jours de match. « C’était une belle expérience, tant sur le plan de la restauration que sur celui du management. » © A. Thiriet D iplômé de l’École Hôtelière de Laval en 1998, Aurélien Brastel a commencé sa carrière dans les Alpes-Maritimes. Il a entre autres travaillé au Grand-Hôtel du Cap-Ferra et au Château de la Chèvre d’Or, avant de rejoindre le Châlet du Mont Darbois en Haute-Savoie. Le commis a ensuite été intégré pendant 2 ans à l’équipe de cuisine de l’Abbaye de Sainte-Croix à Salon-de-Provence, où il est devenu chef de partie. Entre deux saisons d’été, il retournait voir sa famille à Rennes. Il y a entre autres effectué une saison d’hiver en replacement à la Fontaine aux Perles. « J’ai ensuite décidé d’arrêter les saisons et de me poser à Rennes. » Aurélien Brastel a d’abord passé une année en tant que second de cuisine au Paris-New York, un autre restaurant B.R.A. Tendances Restauration - N° 353 - Mars 2014 55 Tendances FOURNISSEURS /PAROLES D’EXPERT tout. Au rachat, nous devions tout changer », indique Aurélien Brastel. © A. Thiriet « Ne pas gâcher le lieu » © A. Thiriet légende légende Deux ans plus tard, le traiteur Jardins des Gourmets, gestionnaire du Rouge et Noir Café, envoie Aurélien Brastel rejoindre le restaurant La Passerelle à l’aéroport. Avec 120 places et une centaine de couverts par jour en moyenne, cette brasserie chic et contemporaine comprend des espaces business et réalise des prestations de traiteur. « J’y ai découvert de nouvelles activités comme le traiteur et l’emporté. Nous effectuions des mises à bord de jets privés et répondions à des demandes spécifiques pour des stars et des chefs d’état par exemple, ce qui m’a rappelé le service client des belles maisons », raconte le chef. Une rencontre, une reprise En 2008, Aurélien Brastel est débauché 56 B.R.A. Tendances Restauration - N° 353 - Mars 2014 par le patron d’un groupe de restauration commerciale local. « J’ai géré les achats pour une quinzaine d’établissements différents, avec l’objectif d’optimiser leurs cuisines. J’étais aussi chef remplaçant », poursuit le chef rennais, qui a occupé ce poste pendant un an et demi. C’est ensuite son actuel associé qui l’embauche pour le restaurant Du comptoir à ma table, « un bistro revisité, type bouchon lyonnais ». C’est l’an dernier qu’Aurélien Brastel et son associé entendent parler, par des clients, de la vente du fonds de commerce de l’Auberge Saint-Sauveur et décident de l’acheter. Cette institution à Rennes, qui a été dirigée par la même patronne pendant 27 ans, servait une cuisine très traditionnelle. Les deux associés décident de la revisiter un peu. « Nous conservons des plats classiques, avec quelques mélanges surprenants, mais c’est très doucement que nous devons emmener la clientèle vers le changement » Les deux associés accueillent aussi une partie des clients de leur précédente affaire. Aurélien Brastel a décidé de garder le chef en place, Jean-François Guinard, qui est devenu son second. Avec un menu permanent à 23 € et un menu du jour à 13 ou 15 €, le ticket moyen est de 17 € le midi et 31 € le soir. Le Saint-Sauveur sert quelques 80 couverts par jour, avec de grandes variations de fréquentation. Le cadre a été entièrement rénové. « Ce restaurant avait un décor d’auberge de type médiéval, très chargé. Il beaucoup de charme et était très chaleureux. La patronne y mettait l’ambiance. C’était un Deux mois de travaux ont permis de remettre aux normes et de moderniser le lieu. L’architecture typique a été conservée, sous la réglementation des Bâtiments de France. « Nous avons essayé de ne pas gâcher le lieu, de ne pas décevoir la clientèle. Nous avons été ravis d’entendre l’ancienne patronne dire qu’elle aurait fait la même chose si elle était restée quelques années de plus ! » Les murs ont été couverts de chaux grise, pour épurer et éclaircir la salle. Les poutres ont été conservées, mais également repeintes en gris. La moquette au sol a laissé place à un parquet en chêne massif. L’éclairage a pris un coup de neuf. Le mobilier choisi est de type bistro chic. En salle, le bar a été repensé, avec une ouverture de chaque côté. Le comptoir en bois de plus de 3 mètres a été réalisé sur mesure. Derrière se trouvent un frigo 3 portes, un lave-verre et une machine à café. L’investissement total des travaux s’élève à 300 000 €, fonds de commerce compris. Cette somme comprend aussi la réorganisation de la cuisine, qui a coûté environ 70 000 €. Aurélien Brastel a décidé de s’équiper de matériels neufs. « J’ai conçu les plans, puis j’ai fait appel à un cuisiniste. » C’est le vendeur et installateur SBCP (Eurochef), installé à La Chapelle des Fougeretz (35), qui a travaillé sur ce chantier. Suppression du gaz Située de l’autre côté d’un hall d’immeuble, la cuisine du Saint-Sauveur fait 25 m² au cœur d’un grand espace de 68 m², le reste étant occupé par le stockage, un vestiaire et un bureau. « Nous avons dû refaire la plomberie et l’électricité, pour passer en tarif jaune. Il a également fallu faire un plafond coupe- feu aux normes. Nous n’avons conservé que le carrelage dans cette cuisine. » Les murs et le plafond ont été habillés avec des panneaux « pour faire propre, et pour l’hygiène ». « Jean-François Guinard travaillait sur un fourneau au gaz âgé de plus de 40 ans et n’avait jamais vu de travaux dans cette cuisine, en 24 ans de présence », confie Aurélien Brastel, qui a décidé de supprimer le gaz. « C’est plus flexible, facile et précis ainsi. J’avais une appréhension Tendances FOURNISSEURS /PAROLES D’EXPERT concernant les finitions, mais je me suis rendu compte qu’une bonne plaque à induction offrait un bon résultat. » Le chef apprécie le fait de pouvoir créer des programmes et effectuer des cuissons de nuit et différées. « J’avoue que nous étions un peu déstabilisés pendant les premiers services. Mais nous sommes rapidement rendus compte que nous ne perdions rien au change, et que nous y gagnions au contraire énormément. » © A. Thiriet “ La cuisine présente aussi deux fours Rational, un SelfCooking Center whitefficiency 5 niveaux et un Combimaster 6 niveaux. « Ils nous servent à tout. Nous faisons beaucoup de cuissons basse température avec le SCC. Le Combimaster est surtout utilisé pour la pâtisserie, mais aussi pour les cuissons d’entrées et le service. » Ces deux fours permettent aussi aux deux chefs d’avoir chacun son four, pour des cuissons rapides sans perte de temps. « Je n’ai pas trouvé mieux que Frima au niveau des fours. Ils sont plus précis, faciles à utiliser et intuitifs que les autres fours que j’avais pu essayer. » Le chef est étonné par la cuisson delta proposée par légende L’ancien chef du restaurant, devenu second, a compris que ces nouveaux outils permettent de gagner du temps, sans perdre en qualité Aurélien Brastel ” le VarioCooking Center : « Nous réglons une différence de température entre l’enceinte du four et le cœur du produit, ce qui permet d’avoir une cuisson lente et douce et de ne pas agresser les produits. C’est flagrant avec une pièce de bœuf ou un magret. Ça joue sur l’aspect et la couleur du produit », explique le chef, qui dit découvrir chaque jour de nouvelles choses. Selon Aurélien Brastel, Jean-François Guinard, 51 ans, redoutait ces équipements modernes qui l’obligeaient à changer ses habitudes. « Il m’a cependant récem- © A. Thiriet SCC précis et intuitif légende © A. Thiriet Parmi les équipements se trouve le VarioCooking Center multificiency 112 de chez Frima. Ses 2 cuves de 16 litres offrent une grande flexibilité au chef et à son second. « Je peux par exemple consacrer une cuve à une cuisson longue et préparer un service à la plancha dans l’autre. » De petite dimension (1,20 m x 77 cm), il équipé d’une plaque vitrocéramique qui permet de faire des bains-marie. « Cet équipement est très pratique et agréable à utiliser. Plus besoin d’utiliser tout un tas de casseroles, il remplace beaucoup de matériels, et est très facile à nettoyer », indique Aurélien Brastel, qui évoque aussi le gain de chaleur en cuisine. Pour information, le VarioCooking Center permet de préparer 80 portions d’omelettes ou 140 steacks hachés par cuve et par heure À côté de cet équipement, le long d’un mur, a été installée une plaque à induction double foyer. Au centre de la pièce se trouve un plan de travail réalisé avec deux timbres réfrigérés dos à dos surmontés d’une plaque inox unique. « Nous pouvons y déposer jusqu’à 20 assiettes sans problème », précise le chef. © A. Thiriet VCC utile et agréable légende ment avoué qu’il n’aimerait pas revenir en arrière. Il a compris que ces outils permettent de gagner du temps, sans perdre en qualité. » Le chef, qui a connu des cuisines ouvertes, précise que les clients sont le bienvenus dans la cuisine. « Ceux qui la visitent sous souvent épatés par nos équipements. » l B.R.A. Tendances Restauration - N° 353 - Mars 2014 57