a l`encontre du miroir

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a l`encontre du miroir
Gwenn
A L’ENCONTRE DU
MIROIR
Publié sur Scribay le 13/09/2015
A L’ENCONTRE DU MIROIR
A
L’ENCONTRE
DU
MIROIR
Ca
faisait
longtemps
pas croisé
sa gueule
dans le
unnoir,
miroir,
bientôt
qu’Anna
n’étaitqu’il
plusn’avait
à ses côtés.
Deux ans
passés dans
deuxdeux
ans àans
se
demander
pourquoi…
Deux ans de tristesse et d’amertume.
Ce matin-là, en se réveillant, William sut que cette journée allait être importante, un
tournant dans sa vie, des décisions vitales devaient s’imposer et aujourd’hui serait
une renaissance.
Dans ce miroir qu’il n’arrivait plus à quitter des yeux, se reflétaient tous les moments
partagés avec Anna, des plus intimes, des plus joyeux aux plus douloureux.
Comme c’était dur, pourquoi lui infliger cette peine ?
Lui, d’ordinaire si positif, était devenu un autre homme, mais à la vue de ce visage et
de ce film qui défilait devant lui, une onde de furtif bonheur, qu’il fallait saisir,
l’envahit.
Il s’empara d’un rasoir, retrouva ce geste instinctif et masculin qui l’avait quitté
depuis ces deux années.
Un fond de mousse, une lame plus très coupante qui ne l’empêcha pas d’inciser son
visage et la barbe disparut : William redevint comme avant.
Jazz Radio diffusait une reprise d’Elton John chantée par Therez Montcalm, tout prit
alors son sens… « Sorry seems to be the hardest word« lui révéla ce qu’Anna voulait
lui dire mais qu’il ne pouvait évidemment entendre.
PARDON. Anna ne cessait de le lui répéter depuis qu’elle n’était plus là.
William ne pouvait comprendre, ne pouvait lui pardonner de l’avoir laissé seul sans
explication, sans lui avoir parlé.
Tant de questions laissées sans réponse. Pourquoi était-elle partie sans rien laisser ?
Pas un jour ne s’était passé sans qu’il l’implore de lui faire un signe, et là , ce matin,
elle était devant lui. Il avait envie de la toucher, de la faire sortir de ce miroir, de
l’enlacer, lui parler, lui dire qu’il ne pouvait exister sans elle. Mais elle lui demandait
de l’écouter , de la comprendre, de compatir et surtout de lui pardonner, il devait
être prêt.
A L’ENCONTRE DU MIROIR
Il devait réagir tout de suite et la laisser partir, ce qui, bien sûr, ne voulait pas dire
l’oublier.
William et Anna s’aimaient depuis quatre ans d’un amour passionné, véritable, un
vrai modèle pour leurs amis et famille. Tout semblait si serein. Et ce mardi soir…
William rentrait dans leur appartement de la rue Mouffetard, pas un bruit. Cela ne
ressemblait pas à la vie habituelle de ce lieu où régnait la musique qui rythmait la
journée et la soirée.
Il appela Anna : pas de réponse.
Ils devaient ce soir-là dîner chez des amis et fêter leurs 3 ans de mariage.
20 heures sonnèrent, pourquoi n’était-elle pas assise dans sa chauffeuse, près du feu,
fumant sa cigarette et explosant de rire à la lecture de son dernier livre girly
« Confessions d’une accro du shopping » ?
Il s’avança vers la chambre pour se changer.
Il repensait à sa conversation de la veille au soir, plus exactement se souvint des 5
derniers mots entendus avant de tomber dans les bras de Morphée… « Ne m’oublie
pas… je t’aime ».
Cette nuit fut majestueuse, emprunte de bonheur, celui que l’on ne voudrait jamais
oublier. Tant de tendresse et d’amour se dégageaient de leur étreinte…
Il sortit de sa poche le cadeau destiné à sa dulcinée ; il aurait préféré le lui donner
avant de partir , profiter de ce petit moment à deux. Cette bague, Anna la lorgnait
depuis des mois, il savait qu’elle la comblerait.
Il poussa la porte.
Ce bijou lui ressemblait tant…
Elle avait raison de l’aimer, il lui était destiné.
Ces brillants multicolores qui sertissaient l’anneau en argent étaient ELLE, tout ce
qui l’incarnait : la pureté, la douceur, l’éclat, la joie de vivre, l’éternité…
Les rideaux de la chambre étaient tirés, Anna était allongée sur le lit, elle dormait.
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A L’ENCONTRE DU MIROIR
William s’inquiéta, s’approcha, l’embrassa sur le front. Anna ne répondait pas, elle
semblait avoir froid, son corps était gelé. William toucha son visage, vit sur la table
de nuit un verre d’eau et des boîtes de médicaments.
Que s’était-il passé ? Pourquoi ne lui avait-elle pas téléphoné ?
Il l’appela mais pas de réponse, se décida à la secouer afin de la tirer de son
sommeil.
La peur s’empara de lui, la panique prit le dessus qui laissa place à la tristesse. Anna
n’était plus, elle était morte, elle ne respirait plus, elle s’était donné la mort. La mort
s’était donnée à elle, comme un cadeau, un cadeau empoisonné…
Seul devant ce miroir, il comprit qu’Anna était désemparée et qu’elle ne voulait faire
souffrir l’homme qu’elle aimait.
La maladie la rongeait petit à petit, l’échéance se rapprochait, elle souffrait depuis
quelques mois, le mal s’accentuait, il devenait de plus en plus difficile de cacher ses
douleurs. Personne ne savait.
Elle n’était pas lâche, elle n’ était pas égoïste, William l’avait deviné quelques
semaines après, il avait vu les médecins.
Il n’avait rien senti, rien découvert, c’est cela qu’il se reprochait, comment peut-on
aimer quelqu’un ainsi ? Pourtant il était si attentionné envers sa femme, il semblait la
connaître par cœur. Il aurait pu l’épauler, aller voir les médecins avec elle, mais cela,
elle ne l’a pas voulu.
Comment pouvait-il vivre après cela ? Il se l’interdisait.
Cependant, ce matin, un jour nouveau se levait, Anna était là, lui parlait, lui
ordonnait de vivre, de renaître, de sortir de cet appartement.
La vie allait à nouveau lui sourire, il devait briser ce miroir, ne pas regarder en
arrière et garder toujours en mémoire sa dernière phrase :
« Ne m’oublie pas, je t’aime »
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