Entérite à campylobacter

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Entérite à campylobacter
GLOBE (Global Link for Online Biomedical Expertise
Manuel Contrôle des Maladies Transmissibles
19ème Edition - 2008
Entérite à campylobacter
CIM-9 008.4 ; CIM-10 A04.5
(entérite à vibrions)
CCDM19: M. Patrick, J. Schlundt
CCDM18: H. P. Braam
Une entérite bactérienne zoonotique aigüe de gravité variable se caractérisant par une diarrhée
(avec souvent des selles sanglantes), une douleur abdominale, un malaise, une fièvre, une nausée
et/ou des vomissements. La diarrhée est précédée par une période fébrile chez 50% des patients.
Les symptômes se produisent habituellement de 2 à 5 jours après exposition et peuvent persister
pendant 1 à 2 semaines. Une maladie prolongée et/ou des rechutes peuvent se produire chez
l’adulte. Du sang est souvent présent de façon évidente ou occulte avec du mucus et des globules
blanc dans des selles liquides. Des formes plus rares sont de type syndrome typhoïde, des
convulsions fébriles ou un syndrome méningé. Rarement, des complications post-infectieuses
provoquent une arthrite réactive (dans env. 1% des cas), de l’urticaire, un érythème noueux, des
convulsions fébriles ou un syndrome de Guillain-Barré (env. 0,1% des cas). Des cas peuvent
ressembler à une appendicite aigüe ou une maladie intestinale inflammatoire. De nombreuses
infections sont asymptomatiques et de temps en temps autolimitées. Le nombre de cas de
campylobactériose est semblable ou supérieur au nombre de cas de salmonellose nontyphoïdiennes dans la plupart des pays. Les patients atteints par un Campylobacter résistant à la
fluoroquinolone présentent un risque 6 fois supérieur de maladie invasive ou de décès. Même si la
plupart des cas guérissent, un nombre significatif de décès restent causés par Campylobacter –
comparable aux USA au nombre de décès dus à E. coli entéro-hémorragique (env. 100/an aux
USA).
Le diagnostic repose sur l’isolation du microorganisme dans les selles sur médium sélectif, en
microaérophilie (= O2 réduit) et incubation à 43°C (109,4°F). Une bactériémie est détectée chez
moins d’1% des patients. La visualisation de bâtonnets motiles, incurvés, spiralés ou en S, semblables
à ceux du Vibrio cholerae
par microscopie à contraste de phase ou sur fond noir de selles
constitue une preuve de présomption rapide d’entérite à Campylobacter. Des méthodes de
détections se basant sur des anticorps ou la PCR ont aussi été développées pour le diagnostic
précoce.
2. Agents infectieux
Campylobacter jejuni et, plus rarement C. coli sont les causes habituelles de diarrhée à
Campylobacter chez l’humain. Une diversité phénotypique et génotypique importante se
rencontre chez ces deux espèces et au moins 20 biotypes et sérotypes existent. Leur identification
peut être utile à des fins épidémiologiques. D’autres microorganismes de type Campylobacter,
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1. Identification
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comme C. lari, C. fetus subsp. fetus et C. upsaliensisont été liés à des diarrhées chez des hôtes
normaux. Les méthodes de cultures standard peuvent ne pas détecter toutes les souches de C.
fetus et C. upsaliensis.
3. Prévalence
Campylobacter est une cause importante de diarrhée chez tous les groupes d’âge, responsable de
5% à 14% des diarrhées dans le monde. Aux USA, il est estimé que 2,4 millions de personnes (soit 0,8%
de la pop.) par an sont affectés par une campylobactériose. Elle est une cause importante de
tourista (ou diarrhée du voyageur), et 12% des cas aux USA sont attribuables à des voyages
internationaux. Dans les pays industrialisés, les enfants de moins de 5 ans, les jeunes adultes et les
hommes présentent l’incidence la plus élevée de la maladie. Dans les pays en voie de
développement, la maladie est essentiellement limitée aux enfants de moins de 2 ans,
particulièrement les nourrissons. Les immunodéficients présentent un risque accrus d’infection et de
rechutes, des symptômes plus graves et une probabilité plus élevée d’être porteurs chroniques. Une
acidité stomacale faible est un risque d’infection. Comme le campylobacter est souvent isolé en
présence d’autres pathogènes intestinaux, l’incidence des cas pourrait être fortement sous-estimée.
Des épidémies à source commune sont rares mais se sont produites, le plus souvent associées à des
aliments comme de la volaille insuffisamment cuite, du lait non pasteurisé et de l’eau non chlorée.
Le plus grand nombre de cas sporadiques dans les zones tempérées se produit pendant les mois
chauds.
4. Réservoir
Animaux, le plus souvent de la volaille et des bovins. Des chiots, chattons, d’autres animaux de
compagnie, des cochons, moutons, rongeurs et oiseaux peuvent être des sources d’infection
humaine. Dans de nombreux pays, la viande de volaille crue est couramment contaminée par C.
jejuni.
5. Mode de transmission
L’ingestion du microorganisme dans de la viande insuffisamment cuite – couramment de volaille –
dans d’autres aliments contaminés et dans l’eau ou le lait cru ; et par contact avec des animaux
de compagnie infectés (particulièrement des chiots et chattons), des animaux domestiques ou des
nourrissons infectés. L’eau est un véhicule de contamination important et des formes hautement
résistantes « viables, mais non cultivables » de Campylobacter peuvent se trouver dans des sources
d’eau contaminées par des matières fécales animales. En général, le campylobacter peut être plus
résistant aux conditions physiques que d’autres pathogènes d’origine alimentaire et provoque de
ce fait un problème de sécurité alimentaire plus difficile à résoudre. La contamination du lait se
produit habituellement par des bovins porteurs intestinaux. Les humains et la nourriture peuvent être
contaminés par l’ingestion de volaille crue ou insuffisamment cuite ou par l’utilisation de planches à
découper sur lesquelles de la viande de volaille crue contaminée a été découpée La dose
infectieuse est souvent faible, typiquement moins de 500 microorganismes. La transmission de
personne à personne semble rare avec C. jejuni. Un nouveau modèle d’évaluation du risque a
permis l'élaboration de courbes dose/effet indiquant que l’infection doit être comprise comme une
probabilité d’infection liée à la dose ingérée. Ces modèles semblent suggérer une probabilité
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d’infection entre 5 et 50% avec une dose de 100 mircoorganismes et de 50 à 80% pour 10 000
microorganismes.
6. Période d’incubation
Habituellement de 2 à 5 jours, dans une fourchette de 1 à 10 jours, suivant la dose ingérée.
7. Période de contagion
Pendant toute l’infection, habituellement de quelques jours à quelques semaines. Les cas sans
antibiothérapie peuvent excréter des microorganismes pendant 2 à 7 semaines. L’état de porteur
temporaire est probablement de peu d’importance du point de vue épidémiologique, sauf pour les
nourrissons et les personnes incontinentes sur le plan fécal. L’infection chronique de la volaille et
d’autres animaux constitue la source primaire de l’infection.
8. Prédisposition
Les mécanismes d’immunité ne sont pas bien compris, mais une immunité durable vis-à-vis des
souches apparentées fait suite à l’infection. Dans les pays en voie de développement, la plupart
des personnes développent une immunité pendant les 2 premières années de la vie.
9. Méthodes de contrôle
A. Mesures préventives
1) Mesures de prévention et de contrôle à tous les stades de la chaine alimentaire, de la production
agricole à la ferme, à la transformation, la fabrication et la préparation des aliments tant dans le
circuit commercial que le cadre domestique.
2) Pasteuriser tous les laits et chlorer ou faire bouillir l’eau. Faire cuire suffisamment tous les aliments
d'origine animale, particulièrement la volaille, dont la température interne doit atteindre un
minimum de 74°C (165° F). Éviter l’utiliser la même planche à découper pour la volaille crue et cuite.
Éviter de re-contaminer les aliments à consommer crus avec la cuisine une fois que la cuisson est
terminée.
3) Réduire l’incidence de Campylobacter dans les fermes par des interventions spécifiques. Mettre
en place des mesures d’hygiène et des programmes de contrôle globaux pour éviter la dispersion
des microorganismes chez la volaille et les animaux domestiques (par ex. changer les bottes et les
habits, rincer et désinfecter). Des vaccins et des exclusions compétitives (intestinales) ont été testés
comme mesures de contrôle. De bonnes pratiques de manipulation et d’abattage réduisent la
contamination des carcasses et des produits carnés.
Une réduction supplémentaire de la
contamination peut être atteinte en congelant, irradiant ou décontaminant chimiquement les
carcasses.
4) Reconnaitre, prévenir et contrôler les infections de Campylobacter chez les animaux
domestiques et de compagnie. Des chiots et chattons souffrant de diarrhée sont des sources
possibles d’infection. L’érythromycine peut être utilisée pour traiter leur infection, réduisant le risque
de transmission aux enfants. Interdire aux animaux domestiques l'accès à la cuisine. Insister sur
l’importance de se laver les mains après avoir touché des animaux.
5) Minimiser le contact avec la volaille et ses déjections. Insister sur l’importance de se laver les
mains après avoir touché ces animaux si le contact ne peut être évité.
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B. Contrôle du patient, des contacts et de l'environnement immédiat
1) Notification de cas à l'autorité sanitaire locale : Notification de cas obligatoire dans plusieurs
pays, classe 2 (voir Déclaration).
2) Isolement : Précautions entériques pour les patients hospitalisés. Les cas symptomatiques ne
doivent pas préparer de la nourriture ni être en contact étroit avec des personnes dans les
hôpitaux, les institutions d’accueil et les centres d’accueil de jour ; pour les cas asymptomatiques
convalescents dont les selles testent positif, ne mettre que les personnes à l'écart dont l’hygiène des
mains (lavage) n’est pas rigoureuse. Insister sur le lavage correct des mains.
3) Désinfection concomitante : Nettoyer les zones et objets souillés par les selles. Dans les
communautés avec un système d’assainissement correct, les matières fécales peuvent être rejetées
directement à l’égout sans désinfection préalable. Désinfection terminale nécessaire.
4) Quarantaine : Non applicable.
5) Vaccination des contacts : Non applicable.
6) Enquête sur les contacts et la source de l'infection : Utile seulement
Pour détecter les épidémies. Enquêter sur les épidémies pour déterminer la nourriture, l’eau ou le lait
cru impliqués auquel d’autres personnes pourraient être exposées. Noter que la plupart des cas de
campylobactériose sont sporadiques.
7) Traitement spécifique : Aucun n’est généralement indiqué sauf la réhydratation et le
remplacement des électrolytes (voir choléra 9B7). C. jejuni ou C. coli sont susceptibles in vitro à de
nombreux antimicrobiens, comme l’érythromycine, les tétracyclines et quinolones mais elles ne sont
utiles que pour éliminer l’état de porteur ou pour les cas invasifs tôt dans le déclenchement de la
maladie et quand l’identité du microorganisme infectant est connue. L’incidence dans le monde
de la résistance aux fluoroquinolones a augmenté fortement pendant les 20 dernières années, ce
qui pourrait être lié à leur utilisation vétérinaire. Bien que les méthodes de test de sensibilité varient,
des taux de résistance de plus de 30% ont été notifiés en Europe et de 50% au Moyen Orient. Les
professionnels de santé doivent avoir un degré élevé de présomption de résistance chez des
voyageurs de retour de l’étranger ou chez les personnes avec un historique de traitement aux
fluoroquinolones. Des maladies plus longues et une probabilité d’hospitalisation plus grande ont été
notifiées chez les cas de maladie résistante, mais ces résultats restent controversés. Dans de
nombreuses zones, la résistance de Campylobacter à la quinolone augmente (documentée aux
USA, en Europe et en Asie).
C. Mesures épidémiologiques
Reporter les cas groupés (par ex. dans une classe) à l’autorité sanitaire locale et rechercher le
véhicule et le mode de propagation.
D. Conséquences pour la gestion de catastrophes
Un risque quand une alimentation en grand groupe et de mauvaises conditions d'hygiène
coexistent.
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E. Mesures internationales
Les centres collaborateurs de l'OMS offrent un soutien suivant les besoins. Pour plus d’information,
voir : http://www.who.int/collaboratingcentres/database/fr/
Voir aussi le document OMS/FAO évaluation des risques liés à Campylobacter spp. dans les poulets
de chair : http://www.fao.org/ag/agn/agns/JEMRA/MRA%2011%20F%20French.pdf
et sur le site web de l’OMS, l’aide mémoire :
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs255/fr/index.html
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