Tendances actuelles en arthroplastie de la hanche chez des
Transcription
Tendances actuelles en arthroplastie de la hanche chez des
CONSULTATION DE COULOIR Tendances actuelles en arthroplastie de la hanche chez des patients jeunes Par Anthony E. King, B.Med.Sci, M.D., FRCPC Les études à répartition aléatoire, à double insu, avec témoin placebo n’ont pas fourni de réponses définitives à certaines questions cliniques importantes. La rubrique Consultation de couloir du Journal de la Société canadienne de rhumatologie cherchera à résoudre vos plus épineux dilemmes par voie de consensus, en les soumettant à des experts. Veuillez soumettre vos questions à l’adresse suivante : [email protected]. Histoire de cas : Une patiente de 42 ans souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PAR) et d’une grave arthrose secondaire à la hanche droite n’est plus soulagée par les mesures non chirurgicales employées jusqu’à maintenant et demande qu’on l’opère pour une prothèse de hanche. Elle souhaite savoir quelles options thérapeutiques s’offrent à elle actuellement en matière d’arthroplastie. Réponse : L a prothèse de hanche demeure une chirurgie très efficace pour soulager la douleur et améliorer la qualité de vie. La satisfaction des patients à son endroit est très élevée. Et compte tenu du vieillissement de la population, on assiste à une forte hausse de la demande d’arthroplasties de la hanche. D’autre part, l’âge moyen des patients qui subissent une intervention pour prothèse de hanche diminue. Cela est en partie dû au nombre important de baby-boomers cinquantenaires qui souffrent d’arthrite et ne veulent pas attendre pour subir cette chirurgie. De nombreux patients acceptent les risques chirurgicaux que l’intervention comporte dans l’espoir d’accéder à une meilleure qualité de vie. Ces risques, notamment l’infection, la dislocation et la thrombose veineuse profonde, n’ont pas encore été éliminés, mais la durée de vie à long terme d’une prothèse de hanche est raisonnable. En effet, il n’est pas irréaliste de s’attendre à ce qu’elles aient une durée utile de 20 ans. Au cours de la dernière décennie, on a accordé beaucoup d’importance aux surfaces portantes de la prothèse totale de hanche, surtout chez les patients jeunes et actifs. Dans bien des cas, la surface portante est encore faite de polyéthylène du côté acétabulaire et de métal du côté de la tête fémorale. Le polyéthylène est maintenant un matériau renforcé ou « réticulé » sur le plan moléculaire. Cela signifie que, par rapport au polyéthylène standard, en tant que surface portante, ce polyéthylène réticulé serait plus résistant aux stress mécaniques. Des études in vitro ont ainsi montré que le polyéthylène réticulé est associé à une diminution des taux d’usure, comparativement au polyéthylène standard. De nombreux centres ont remplacé leur polyéthylène standard par sa forme réticulée. 26 JSCR 2009 • Volume 19, Numéro 1 Les surfaces portantes métal-métal ont gagné en popularité partout dans le monde depuis une dizaine d’années. L’un de leurs principaux avantages serait leur taux d’usure moindre, une caractéristique potentiellement intéressante pour une population de sujets jeunes. Il y a toutefois peut-être lieu de s’inquiéter de l’élévation des taux sanguins d’ions métalliques avec ce type de prothèses de métal après l’opération. Les taux d’ions baissent quelque peu avec le temps, mais ne reviennent pas à la normale et leurs effets potentiels à long terme sur la santé ont soulevé l’inquiétude chez certains auteurs. On a également observé que les prothèses de métal peuvent produire certains bruits et grincements occasionnellement lors du mouvement, ce qui, bien sûr, peut être ennuyeux. Les surfaces portantes céramique-céramique demeurent relativement populaires chez les patients jeunes. Les surfaces de céramique sont dures et s’usent moins. Par contre, la céramique est un matériau fragile. Il y a donc risque d’éclatement de la surface portante lors d’une chute éventuelle. Le resurfaçage de la hanche a gagné en popularité en tant que solution de rechange à l’arthroplastie classique au cours de la dernière décennie, chez les patients actifs. Le resurfaçage de la hanche suppose le remplacement de la surface de la tête fémorale par une cupule de métal. Aucune tige n’est insérée dans le fémur proximal. L’avantage théorique est que le stock osseux fémoral est préservé en vue d’éventuelles révisions possibles. On utilise une tête plus volumineuse que pour l’arthroplastie classique de la hanche et le taux de dislocation peut s’en trouver réduit. L’acétabulum est remplacé par un implant acétabulaire de métal, comme lors d’une chirurgie standard pour prothèse de hanche. Il n’y a pas de surface de polyéthylène. Les surfaces portantes sont métalmétal. Il y a plusieurs décennies, le resurfaçage donnait des Cliquez ici pour commenter cet article HALLWAY CONSULT résultats médiocres, peut-être parce que le couple de frottement utilisé était métal-plastique. Les résultats enregistrés à moyen terme depuis une dizaine d’années sont prometteurs dans le cas des resurfaçages métal-métal. La fracture du col du fémur, signalée dans 1 % à 5 % des cas en moyenne, soulève un problème. Ce type de fracture serait plus fréquent lorsque la densité osseuse est faible, par exemple chez les sujets âgés, chez les femmes ou en présence d’antécédents d’arthrite inflammatoire. On peut également s’inquiéter du risque de décollement de la cupule fémorale en raison d’une nécrose avasculaire de la tête fémorale existante. Le resurfaçage soulève aussi un autre risque potentiel, celui de l’augmentation des taux d’ions métalliques dans le sang après l’intervention, lors de l’utilisation de surfaces métal-métal. La promotion du resurfaçage de la hanche a été relativement énergique partout dans le monde, surtout auprès des populations encore jeunes et actives. Mais les résultats à long terme sont encore inconnus. Depuis une dizaine d’années, les interventions pour prothèse totale de hanche pratiquées à partir d’incisions plus petites ont fait l’objet de beaucoup de discussions. Et cette idée a également fait l’objet d’une promotion énergique. Or, aucun avantage manifeste à long terme n’a pu être associé à ce type d’arthroplastie minimalement effractive. On a fait mention d’une réduction de la douleur post-opératoire. Les premiers stades de la réadaptation pourraient être plus rapides, mais par contre, on a signalé davantage de complications, comme la dislocation. Une autre tendance a également consisté à effectuer plus de remplacements de hanches non cimentées que par le passé, la croyance étant que l’obtention d’une fixation biologique par ostéointégration à une surface de métal rugueuse est optimale pour la survie à long terme de la prothèse. De nombreuses composantes non cimentées sont recouvertes de substances, comme l’hydroxyapatite, susceptibles de favoriser l’ostéointégration. On note également un autre progrès, soit la création de composantes métalliques à base de tantale. Le tantale est façonné en un revêtement métallique poreux qui peut effectivement améliorer la fixation biologique osseuse. À l’heure actuelle, les composantes de tantale sont plus souvent utilisées pour les interventions de révision où le stock osseux et l’ostéointégration sont plus problématiques. Les composantes à cimenter, fémorales surtout, sont encore utilisées, surtout chez les sujets plus âgés, dont la qualité de l’os laisse parfois à désirer. Les séjours hospitaliers après une chirurgie pour prothèse de hanche se sont abrégés depuis quelques années. Cela est dû en partie à l’amélioration des ressources hospitalières en matière de physiothérapie et à de meilleurs schémas analgésiques. Au chapitre de la mobilisation après une chirurgie pour prothèse de hanche, il est toujours recommandé d’éviter toute activité susceptible de produire des impacts, comme la course et les sauts. Or, on constate que les patients semblent plus nombreux à enfreindre cette limite. Il faudra observer la situation et vérifier si la durée de vie des prothèses s’en trouve affectée chez cette catégorie de patients. En résumé, la prothèse de hanche reste populaire. Les patients demandent une chirurgie pour arthroplastie de la hanche à un âge moins avancé, ce qui a une incidence sur la durée de vie des prothèses. Certaines tendances nouvelles, par exemple, délaisser les prothèses cimentées au profit de la fixation biologique et certaines solutions de rechange en matière de surfaces, comme le polyéthylène réticulé, la céramique et les prothèses métal-métal, pourraient contribuer à en améliorer la durée de vie. Conclusion : Pour cette patiente de 42 ans, plusieurs solutions sont envisageables. Beaucoup de chirurgiens éviteraient le resurfaçage de la hanche en raison de ses antécédents de PAR. À moins de problèmes arthrosiques importants, la plupart des chirurgiens utiliseraient des composantes non cimentées pour ce groupe d’âge. Divers types de surfaces portantes pourraient être utilisés, par exemple métal-polyéthylène réticulé, céramique-céramique ou métal-métal. Beaucoup de chirurgiens ne poseraient pas de prothèse de hanche métalmétal chez une femme fertile en raison du risque que les ions métalliques ne franchissent la barrière placentaire. En dernier lieu, il est à espérer que la durée de vie de la prothèse chez cette patiente excédera 20 ans, conformément aux principes chirurgicaux énoncés plus haut. Anthony E. King est professeur agrégé de chirurgie au Département de chirurgie de l’Université de la Saskatchewan à Saskatoon, en Saskatchewan. Sa pratique orthopédique concerne principalement le traitement des pathologies de la hanche et du genou. Élaboré grâce à une subvention sans restriction à visée éducative de Pfizer Canada. Ensemble, vers un monde en meilleure santé MC JSCR 2009 • Volume 19, Numéro 1 27