Épreuve écrite de Résumé de Texte

Transcription

Épreuve écrite de Résumé de Texte
Banque Agro Veto. Session 2013
Rapport sur le concours B ENV
Épreuve écrite de Résumé de Texte
Concours
B ENV
Nombre de
candidats
363
Moyenne
Ecart-type
9,5
3,7
Note la plus
basse
0
Note la plus
haute
19
Le texte choisi cette année était tiré de l’article de Max Marcuzzi « le genre humain » extrait
de Notions de philosophie, ouvrage dirigé par Denis Kambouchner.1995.
D’une lecture relativement aisée, il ne posait pas de problème majeur dans sa formulation ni
dans les notions mises en œuvre.
Règles d’or de l’exercice
Depuis plusieurs années, le jury a noté que les candidats apparemment non avertis des attentes
techniques de l’exercice sont de moins en moins nombreux. Il n’est cependant pas rare de
trouver une copie qui ne les met en place que partiellement. Il faut donc rappeler ces règles
d’or.
-Ne rien ajouter ou retrancher au sens du texte (et donc, par extension, résumer le texte dans
son entier).
-Les candidats ont tendance à simplement omettre les étapes du raisonnement qu’ils ont du
mal à saisir ou à lier à l’ensemble. Il est impératif que le fil argumentatif apparaisse
clairement. Il est de fait obligatoire de marquer la structure du raisonnement mis en place.
Trop rares sont les copies où l’usage de connecteurs logiques permet de suivre clairement
l’articulation globale. Son absence est, bien sûr, sanctionnée dans la note.
-Suivre l’ordre du texte.
-Conserver la situation d’énonciation: il faut donc écrire à la place de l’auteur. Les copies qui
ne respectent pas cette règle (où l’on trouve, par exemple: «l’auteur dit que...»), sont très
sévèrement notées.
-Conserver le ton du texte (lorsqu’il présente une spécificité: ironie, ton polémique...).
-Conserver les proportions du texte. Cette année beaucoup de candidats ont, faute de temps et
d’organisation, sacrifié la fin du texte.
-Ainsi, bien des copies peu réussies ont présenté un résumé déséquilibré. Sur ce point, le
travail au brouillon est essentiel: respecter le ratio du résumé ne suffit pas, et il convient, si le
premier jet est trop long, d’opérer des coupes ou des reformulations qui permettront de
rétablir l’équilibre de l’ensemble.
-Reprendre le moins possible les expressions du texte, la paraphrase qui cherche à se
dissimuler tend inévitablement à beaucoup de confusion et de maladresse. Nous insistons sur
la nécessité d’une réelle appropriation du texte.
-Respecter scrupuleusement le nombre de mots imposé. Les copies excédant le ratio de
l’exercice sont moins fréquentes. Rappelons cependant que l’importance de la sanction dans
la note dépend de la proportion du dépassement et que la manifeste intention de tromper le
correcteur est une circonstance aggravante.
Compréhension et analyse
Le candidat doit absolument en lisant le texte s’interroger sur la thèse proposée par celui-ci. Il
convient de s’interroger sans cesse lors de la lecture sur ce que veut démontrer l’auteur.
Pour cela il est nécessaire d’identifier dans un premier temps le problème posé par l’extrait.
Ici, cela semblait être, dans un premier temps, l’équilibre entre les cultures.
Ce fut là le premier point d’achoppement pour les candidats. Beaucoup ont compris qu’il était
question d’un problème d’égalité. Or, il s’agissait en fait non pas de mettre en cause l’égalité
entre les différentes cultures mais de constater que certaines l’emportaient sur d’autres ce qui
provoquait un déséquilibre.
Il fallait dès lors comprendre pourquoi : si toutes les cultures sont égales, pour quelle raison
certaines s’imposent plus que d’autres, quel est l’origine du déséquilibre ?
Celui-ci résidait dans le fait que la culture occidentale par sa réflexion critique sur le monde
comprenait plus facilement les autres cultures ce qui lui donne de fait la possibilité de
dominer celles-ci car elle peut en comprendre les fondements et s’approprier, pour ses
intérêts, ses codes. L’exemple des Aztèques en témoigne. En bref, La culture scientifique
occidentale est ouverte, dotée d’une dimension universelle tandis que la culture mythique,
pour intéressante qu’elle soit, ne s’exerce qu’au sein d’une communauté sans s’interroger sur
d’autres fonctionnements possibles, sa grille de lecture est unique
Les deux premiers paragraphes étaient ainsi consacrés à ce constat.
Le troisième établissait que grâce aux progrès technologiques permis par la science, le
monde était désormais connu dans son intégralité. Plus rien à découvrir apparemment dans
ce monde moderne où les médias diffusent ce que l’on appelle la culture de masse. Mais ce
constat est ambigu : certes ces médias permettent une ouverture plus grande à autrui.
L’intérêt porté à l’autre et à la connaissance de sa culture s’avère fécond (exemple de
l’histoire de l’art) mais les représentations des cultures véhiculées par la culture
occidentale dominante, versent parfois dans la caricature et ne délivrent, en fait de savoir,
que des clichés trompeurs.
Aussi s’interroge-t-il sur la capacité de cette culture de masse à réaliser le genre humain.
Manifestement tel n’est pas le cas, le ton est alarmiste et la modalisation du résumé devait le
prendre en compte : cf « la plus cruciale de toutes les questions ». Le dernier paragraphe nous
invite à une saine réflexion sur un enjeu essentiel. Le narrateur constate un paradoxe :
l’apparent souci d’autrui qui s’illustre par exemple dans les organisations humanitaires se
double d’un véritable repli identitaire avec la tentation communautaire. Selon lui, ce
problème est occulté. La thèse apparaît clairement : Par-delà l’intérêt bienveillant porté aux
autres cultures, ne s’agit-il pas enfin de s’interroger sur les modalités pratiques d’une
véritable coexistence qui respecte et mette en relief l’universel du genre humain.
Propositions de résumé
Voici un exemple de résumé réussi et bien noté, proposé par un des candidats ayant
composé cette année. Il ne s’agit pas d’un modèle absolu car il n’existe pas de copie sans
erreurs ni de résumé parfait), mais il peut donner une idée de ce que le jury attend d’une
excellente production ainsi que du niveau global de l’épreuve.
Résumé élève. Copie 1598
« On peut formellement distinguer deux types de cultures sans qu’elles soient dans les faits
nécessairement exclusives l’une de l’autre : celles qui sont basées sur les croyances d’ordre
religieux ou mythologiques et celles qui sont construites sur la raison et l’esprit scientifique.
La force de la première repose sur l’apparence d’ordre et de sécurité que confère le partage
des croyances collectives indiscutables dans un groupe. Inversement, dans les secondes, le
doute est un fondement de l’organisation sociale, ce qui permet une forme d’ouverture à la
nouveauté en particulier dans le domaine scientifique.
Or le développement de l’esprit scientifique et de la raison n’est pas neutre en termes de
pouvoir. La connaissance, en particulier la connaissance de l’autre, peut être utilisée à des
fins de domination. Ainsi, on peut lire l’asservissement des Aztèques par les Espagnols
comme l’expression d’un rapport de forces favorable à une civilisation construite sur la
raison et défavorable à une civilisation construite sur le mythe.
Cependant, les cultures basées sur l’esprit scientifique peuvent également être – en
particulier grâce aux techniques qu’elles développent – une source d’ouverture à autrui,
d’interconnaissance mutuelle entre les communautés humaines. Ainsi, si les technologies de
communication actuelles favorisent une forme d’uniformisation des comportements, elles
permettent aussi des échanges et des mélanges entre les cultures contribuant à l’ébauche
d’une communauté humaine planétaire.
Mais ce mouvement d’ouverture sur l’autre s’accompagne également aujourd’hui du
mouvement inverse. En effet, certains groupes humains, notamment en réponse à un contexte
économique difficile, tendent à se recroqueviller sur des systèmes de valeurs et de croyances
qui leurs sont propres. Le retour de la pensée mythique se traduit alors par une montée de
l’intolérance et un recul de l’intercompréhension entre groupes sociaux. Il est donc urgent de
remettre au cœur de nos préoccupations et de notre action le principe de commune
humanité. »
(327 mots)
Corrigé proposé par les correcteurs
« Que les différentes cultures soient définies comme égales en droit n’induit pas qu’elles aient
le même poids : elles n’ont de fait pas les mêmes potentialités. La culture occidentale a pu
s’imposer aux autres cultures parce qu’elle a développé une rationalité critique qui lui a
permis de constituer un savoir universel. C’est pourquoi elle s’assure un formidable pouvoir
de domination.
Cela ne signifie pas qu’il faille nier l’apport du savoir propre au mythe ; mais il s’agit de
prendre conscience de sa vulnérabilité quand il se confronte à la logique toute puissante
d’une culture qui, par sa dimension critique, interroge pour parfois mieux la maitriser la
représentation du monde qu’elle rencontre.
L’exemple des aztèques est à cet égard édifiant, leur interprétation mythique du monde leur fit
d’emblée considérer les conquistadors non pas comme un danger potentiel mais comme de
nouveaux dieux…
La culture scientifique occidentale a permis le progrès des techniques. Elle maîtrise de ce fait
la communication. Désormais, le monde s’offre tout entier à nous et la culture de masse met à
notre portée chacun, même les plus infimes, des événements qu’y s’y déroulent. Encore faut-il
que les différentes cultures ne soient pas réduites à la caricature des clichés.
Et si l’on ne peut réfuter l’indéniable apport de cette ouverture à autrui, l’histoire de l’art
témoigne de la fécondité de celle-ci, peut-on considérer pour autant que la relation des
hommes entre eux se soit vraiment améliorée ?
Certes, l’action humanitaire témoigne encore de l’attention à autrui mais on ne peut nier
qu’elle se double d’un flagrant repli identitaire…
Ainsi, on peut se féliciter de la fin de l’ethnocentrisme et de ses dérives mais n’a-t-on pas
oublié une question essentielle : par-delà le respect des différences, ne faut-il pas s’interroger
sur ce qui permettrait de les fédérer autour d’un horizon pratique ? »
304 mots.
Pour conclure, le jury tient à vivement remercier les candidats et leurs préparateurs pour le
sérieux avec lequel ils ont abordé cette épreuve.
Correctrices: Véronique Bonnet, Muriel Bourgeois-Guerrier et Nathalie Chessé