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Madame PENE Nicole, abonné M. PENE Olivier 0000 110 982 novembre 2013, les 26 octobre 2013 et 4 à la rédaction du journal Le Monde Par un courrier du 14 octobre, j'ai reçu une proposition de réabonnement, je ne me réabonnerai pas. Lectrice attentive et fidèle depuis plus de quarante ans, je regrette le quotidien que j'ai parcouru avec intérêt pendant longtemps. Contrairement à l'alléchante promesse de la publicité imprimée au verso de ce courrier, je ne trouve maintenant dans "le Monde" que bien peu de "clés" qui me permettent de " juger les événements politiques, économiques, sociaux ...." et elles ne me conduisent pas bien loin. Ce sont de bonnes paroles assez triviales, des interprétations faciles et convenues où l'insuffisance des analyses ne semble pas être remarquée. Le contenu est devenu bien superficiel et je déplore le manque de rigueur à la fois des argumentations et du style. Les renouvellements successifs de la mise en page n'ont jamais rendu le journal plus lisible et l'éparpillement en feuillets introduit un morcellement des sujets traités qui n'est pas sans inconvénient lorsqu'il y aurait lieu de hiérarchiser leur importance en fonction de l'actualité. Les gros titres sont parfois savamment ambigus, voire insinuants ou même grotesques. Evidemment en voulant par trop "cogner" pour attirer l'attention, on ne peut que s'exposer à ce travers... Ce jugement un peu rude concerne le travail journalistique et rédactionnel et non les points de vue des personnalités qui s' expriment dans le journal, points de vue qui les engagent personnellement et qu'elles exposent en toute liberté, ce dont naturellement je me réjouis. Par contre le choix de ces personnalités et le choix des sujets abordés, l'importance qui leur est donnée appartient à l'équipe de direction du journal. Ces choix sont fondamentaux si on veut fournir au lecteur "des clés pour juger les événements politiques, économiques, etc." . Là encore à vouloir trop faire "mousser" des sujets sans réelle pertinence ou des sujets insuffisamment préparés on s'expose à décevoir les lecteurs. A propos de l'écologie, j'ai eu la tristesse de voir disparaître la chronique d'Hervé Kempf. Il invitait à prendre conscience qu'aucune science ne pourrait remédier aux désordres planétaires qui résulteraient du refus de s'interroger sur le modèle économique de croissance actuel et d'en corriger les défauts . Mais "chut", il ne faut pas laisser un tel sectaire s'exprimer, certains débats n'ont pas lieu d'être ... Le 26 octobre, j'ai survolé d'un oeil distrait l'article sur " le clan Seydoux ". On peut s'interroger sur l'opportunité d'y consacrer une pleine page, mais passons outre... A dire vrai, je suis passée très vite, presque d'un seul regard, du sous-titre à la dernière phrase, le reste m'apparaissant insipide. Et la question finale "que serait le cinéma si les frères Seydoux ne l'avaient pas dominé?" ne m'a guère inspirée, le cinéma français ne s'en porterait probablement pas plus mal, il serait peut-être différent, mais bon .... L'éditorial du 26-10, "Guerre des pauvres, grève des footballeurs" n'est guère plus brillant. Certes, on s'apitoie un peu sur le sort des salariés pauvres, exposés à la précarité du travail, qui luttent pour leur survie. On ne manque pas de remarquer que les joueurs de football professionnels dont le salaire annuel dépasse le million d'euros sont des nantis, ni de suggérer que les autres joueurs de ligue 1 ne sont pas à plaindre puisque, selon les données citées, le salaire annuel moyen serait de l'ordre de 500 000 € en ligue 1. Si on n'analyse pas ce qui amène à verser de tels salaires exorbitants à des sportifs, ces remarques ont néanmoins un petit accent "poujadiste" ou "populiste", je ne sais comment dire.... Et quoi d'autre dans cet éditorial? ... On rapporte le point de vue de l'Union des clubs professionnels, ils veulent sauver le foot, 25 000 emplois, et ne pas mettre en péril la construction nouveaux stades. C'est sérieux tout de même... Enfin, on termine en remarquant qu'une grève du football serait impopulaire et "qu'au regard de ceux qui se battent pour leur survie", elle serait "indécente". Cela signifie t-il que l'éditorial serait une manière d'inviter les responsables politiques et les dirigeants de clubs à s'entendre pour étouffer une affaire qui aurait de graves conséquences? Finalement, je ne vois pas très bien à quoi mène ce rapprochement entre deux "colères françaises" . Il confirme le point de vue du journal sur la taxation des revenus salariaux annuels qui dépassent un million d'euros ( 75% sur la dernière tranche au delà de 1 000 000 €), et sur le nouveau dispositif après l'intervention du conseil constitutionnel: - la "taxe à 75%" ne rapportera rien (.... doit-on comprendre qu'elle ne serait qu'une brimade inutile pour punir les plus fortunés? l'imposition des moins riches serait-elle donc seule susceptible de permettre à l'Etat de financer la dépense publique?....), - le nouveau dispositif créera des injustices dans le monde des entreprises ( .... les injustices faites dans le monde salarial sont sans doute moins graves...). Et pourtant, on pourrait s'interroger sur la pertinence des inégalités de revenus.... Est-il permis de rappeler ici qu'en proposant des salaires de 1200 € par mois, les hôpitaux publics parisiens ont des difficultés pour recruter des infirmières expérimentées. En conséquence, on pourrait se demander s'il est toujours bien venu de dénigrer systématiquement l'imposition du secteur privé. Les économies doivent-elles toujours se faire au détriment de la qualité du service public et donc de la qualité de la vie de tous? On pourrait aussi s'interroger sur le choix des investissements d'un pays. Si on veut limiter l'endettement, est-il plus utile de construire des nouveaux stades au profit de la bonne marche d'affaires boursières ou de construire des logements décents pour les salariés du "bas de l'échelle sociale" ? Où est la priorité: construire des réseaux de transports en commun confortables et des autoroutes gratuites pour les millions de personnes qui galèrent en se rendant à leur travail dans les agglomérations ou construire des aménagements à péage coûteux à l'intention des privilégiés qui peuvent les emprunter? Mais bon.... Et pour terminer ... je ne comprends pas quel intérêt peut pousser un journal quotidien sérieux à imposer à ses abonnés un magazine hebdomadaire "caviar - people" qui semble n'avoir d'autre but que flatter la convoitise, le goût du luxe, livrer de belles images glacées sur les "grands" de ce monde et la misère du reste, titiller les chaumières avec les "fashion-week".... , bref d'abrutir le lecteur qui s'y complaît. Donc je ne m'abonne plus.