Société Générale investit Genève pour financer les matières

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Société Générale investit Genève pour financer les matières
Société Générale investit Genève pour financer les matières premières
22 juillet 2010
L'AGEFI Hebdo
La banque de La Défense marche dans les pas de BNP Paribas et Crédit Agricole, acteurs
majeurs auprès des négociants de la place suisse.
A Genève, Société Générale ajoute une corde à son arc. Déjà présent en banque privée, le groupe
y monte actuellement une équipe spécialisée dans le trade and commodity finance, autrement dit
le financement transactionnel des matières premières via des lettres de garanties et autres
rachats de créances. Si Londres concentre les salles de marché dédiées aux échanges financiers
sur les matières premières, la cité de Calvin est progressivement devenue, à partir des années 50,
la plaque tournante des producteurs et négociants de flux « physiques », attirés par la neutralité
politique et le secret bancaire suisses (L’Agefi Hebdo du 17 mars). Les 400 sociétés de courtage
qui y ont leur siège ou un bureau de représentation affichent plus de 700 milliards de dollars de
chiffre d’affaires, selon la Geneva Trading and Shipping Association.Une équipe de vingt
personnesSociété Générale compte profiter de cette manne. « Il ne s’agit pas d’un transfert
d’activité mais d’un relais de croissance, explique Federico Turegano, responsable mondial des
ressources naturelles et énergétiques de SG Corporate and Invesment Banking (CIB). Nous
visons les négociants internationaux de taille moyenne ou opérant sur des niches et affichant au
moins 200 millions de dollars de chiffre d’affaires, car les grands noms de Genève sont déjà
clients de nos équipes de Paris ou des autres banques européennes. Nous allons offrir à ces
nouveaux clients un service complet sur place, du front au middle-office. » Ouvert en avril, le
bureau de Genève de SG CIB sera opérationnel à la rentrée. Son responsable Christian Vez, qui
dirigeait le trade finance de la Banque Cantonale Vaudoise jusqu’en 2008, devrait être entouré de
huit professionnels sur le front-office. « Au total, l’équipe comptera une vingtaine de
collaborateurs en fin d’année », indique Dominique Beretti, l’adjoint de Federico Turegano. Cette
offensive illustre la volonté de Société Générale de renforcer ses positions dans le financement
transactionnel, une activité de court terme offrant des volumes d’affaires récurrents. Elle doit
aussi permettre d’asseoir sa présence auprès des producteurs d’Amérique latine, d’Afrique et
d’Europe de l’Est, une région prioritaire dans le plan Ambition 2015 dévoilé en juin. « Nous allons
nous aligner sur les prix du marché, assure Federico Turegano, tout en offrant une palette de
produits plus large que celle de certaines banques et un accès mondial en matière de financement
de projets, grâce à notre réseau international qui permet d’accompagner les clients dans le
monde entier. » Société Générale va néanmoins être confronté à une vive concurrence. BNP
Paribas est le premier intervenant du marché genevois, suivi de Crédit Agricole, Credit Suisse,
ING et UBS.BNPUBS.BNP Paribas Suisse est « la seule banque active localement non seulement
dans le financement des négociants mais aussi dans celui des industriels des matières premières,
via des solutions structurées qui accompagnent leurs cycles de production sur un à cinq, voire
sept ans, assure Jacques-Olivier Thomann, responsable des financements structurés. Genève
rassemble 40 % des effectifs du groupe dans ces activités. » Soit au moins 400 collaborateurs,
selon nos informations. Une concurrence ancrée Chez Crédit Agricole (CA), les produits
structurés (principalement du financement export) sont montés à Londres, mais la région
lémanique joue un rôle central dans le dispositif de la banque verte, qui compte 110 spécialistes
sur place. « C’est le centre auquel rapportent toutes nos équipes de financement transactionnel
des matières premières basées à New York, Sao Paulo, Paris, Moscou, Singapour, Hong-Kong et
même Shanghai depuis mars », indique Pierre Glauser, responsable mondial du financement
transactionnel des matières premières de CA CIB.Son métier a généré l’an dernier la majeure
partie des 126 millions de francs suisses de revenus de la ligne « exploitation bancaire » de
Crédit Agricole Suisse. Ceux-ci ont accusé un recul de 15 % par rapport à 2008 du fait de
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l’attentisme des clients au premier semestre 2009. BNP Paribas Suisse a subi le même
phénomène : ses revenus dans les financements structurés (liés en majorité aux matières
premières) ont diminué de 14 % l’an dernier. Grâce au rebond des cours, notamment celui du
pétrole, Crédit Agricole Suisse mise pour 2010 sur une hausse de 20 % des revenus de l’«
exploitation bancaire ». C’est dans ce contexte plus favorable que le projet de Société Générale
a pris corps. « Nous y songions depuis deux ans, explique Dominique Beretti. La crise nous a
conduits à être prudents, mais elle a aussi prouvé la résilience des acteurs du négoce. »
Document AGEHEB0020100721e67m0000y
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