Le Big Bang dans les écoles de commerce est il pour bientôt?

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Le Big Bang dans les écoles de commerce est il pour bientôt?
Le Big Bang dans les écoles de commerce
est il pour bientôt?
Par Denis Lapert, directeur de Télécom Ecole de Management
Evry, novembre 2010
Des signes annonciateurs de plus en plus précis le laissent prévoir ! Les dix dernières années ont vu de
profonds changements dans les écoles de commerce dont tout le monde ou presque semble se féliciter. S’il est
indéniable que des progrès notables ont été réalisés grâce aux accréditations et aux nombreux classements,
ces progrès ont un coût particulièrement élevé. Coût qu’un bon nombre d’organismes tutélaires n’ont plus les
moyens d’assumer.
Les critères d’accréditations internationales imposent à nos écoles une production de recherche quantitative et
qualitative, extrêmement onéreuse. Les enseignants-chercheurs partageant désormais leur temps entre
enseignement et recherche, il incombe aux écoles d’augmenter la taille de leur corps professoral. Certaines
écoles moins bien préparées aux exigences de la recherche font d’ailleurs appel à des chercheurs extérieurs
assez bien payés pour signer du nom de l’école.
On ne peut pas nier que la recherche nourrit l’enseignement. Mais pour former des commerciaux, des
marketeurs, des financiers ou des contrôleurs de gestion, ce qui est la vocation première des écoles de
commerce, avons-nous besoin de tels calibres ? Par rapport au modèle historique basé sur la pratique, le
nouveau modèle d’enseignement par la recherche qui se dessine va-t-il améliorer notre service de formation
rendu aux étudiants et aux entreprises ?
Les exigences internationales sont aussi de vrais gouffres financiers conduisant les écoles à faire vivre plusieurs
centaines de partenariats partout dans le monde grâce à des cadres qui sillonnent la planète à longueur
d’année. Les accréditations imposent aussi un corps professoral permanent important et pluridisciplinaire,
donc un recours aux compétences externes très limité et très contrôlé.
Ces exigences qualitatives, en soi excellentes, renchérissent les coûts de fonctionnement des écoles qui ont
explosé ces dix dernières années, avec pour conséquence des directeurs dont le principal souci est de trouver
des financements.
On assiste ainsi à une augmentation importante des droits de scolarité. 40% en cinq ans pour certaines écoles.
Cela va-t-il dans le sens de l’ouverture sociale que nous demandent les plus hautes autorités ?
On assiste aussi pour les meilleures écoles, celles auprès desquelles les étudiants se bousculent pour rentrer, à
une augmentation de la taille des promotions. On pense que les effets de taille réduiront le coût de formation
unitaire (le coût total de la formation rapporté au nombre d’étudiants). Pour compléter ce cercle vertueux, le
budget supplémentaire généré est réinvesti en publicité et en promotion afin d’attirer toujours plus de
candidats. A moins de risquer une dégradation importante de la qualité de l’enseignement, cette économie
n’est pas prouvée. Le vivier des candidats étant limité, cette politique mènera à l’assèchement des écoles les
plus modestes (je n’ai pas dit les moins bonnes !), et à terme à la disparition pure et simple d’une dizaine
d’écoles de bon niveau par manque d’étudiants, risquant de former des vides géographiques sur notre
territoire.
On assiste enfin à des regroupements et des fusions d’écoles (il parait que de nouvelles fusions d’écoles vont
avoir lieu !) dont on nous dit que l’effet de taille est important et que pour être vu de Shanghai, il faut être
gros. Cette affirmation est sans doute exacte, mais à condition d’être pluridisciplinaire. Etre gros et proposer un
seul type de formation, comme c’est le cas dans les écoles de commerce, me semble être une erreur. On ne
nous demande pas mille étudiants par promotion, mais une variété de cursus : littérature, droit, sciences
humaines, sciences sociales, systèmes d’information, etc.
Les écoles de management, issues pour la plupart d’entre elles des CCI, n’ont pas pour objectif de générer du
profit, puisqu’à part quelques exceptions, les CCI financent et soutiennent leurs écoles. Mais le pourront-elles
encore longtemps ?
On va tous dans le mur et on y va tous parce que l’on veut tous faire la même chose et de préférence mieux
que le voisin. La dictature des classements et des accréditations nous oblige à nous comparer sur les mêmes
critères. Plus de place à l’originalité, la diversité.
Chers étudiants, vous pouvez choisir l’école que vous voudrez, il y a de fortes chances que vous appreniez les
mêmes choses que vos amis qui sont dans d’autres écoles, que vous les retrouviez en stage dans les mêmes
entreprises et à l’étranger dans les mêmes universités !
Sur la petite quarantaine d’écoles qui délivrent le grade de master, combien en restera t-il dans dix ans ?
Quinze ? Vingt ? Les autres auront disparu ou auront été absorbées.
Télécom Ecole de Management est une grande école de commerce publique qui forme des managers possédant
d'excellentes compétences en sciences et technologies de l'information et de la communication (STIC). Les médias et les DRH
placent régulièrement Télécom Ecole de Management parmi les toutes meilleures formations au management en France.
L'école fait partie de l'Institut Télécom. Elle est membre de la European Foundation of Management Development (EFMD),
de l'Association to Advance Collegiate Schools of Business (AASCB) et de la Fondation Nationale pour l'Enseignement de la
Gestion des Entreprises (FNEGE). Dirigée par Denis Lapert, Télécom Ecole de Management accueille plus de 1 000 étudiants
sur son campus à Evry et compte 87 enseignants. Elle partage son campus avec Télécom SudParis, grande école
d'ingénieurs.
www.telecom-em.eu

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