Peut-on prévenir de nouveaux cas Vioxx
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Peut-on prévenir de nouveaux cas Vioxx
Maria Ouguir M. Sc., MBA en gestion pharmaceutique LE PROGRAMME CANADIEN DE PHARMACOVIGILANCE Peut-on prévenir de nouveaux cas Vioxx ? Révision scientifique : André Côté, professeur agrégé à l’Université Laval Objectifs pédagogiques ✓ Définir ce qu’est la pharmacovigilance. ✓ Décrire le Programme canadien de pharmacovigilance et le processus de déclaration des effets indésirables. ✓ Discuter des principales limites du programme. ✓ Proposer des correctifs susceptibles de l’améliorer, et ce, en faisant appel à tous les acteurs, en l’occurrence les professionnels de la santé. Bien des médicaments ont été retiré du marché à la suite de la manifestation d’effets indésirables graves et imprévus. De façon générale, la plupart des effets indésirables sont repérés lors des essais cliniques de phases I, II et III. Toutefois, il arrive que certains d’entre eux apparaissent après la commercialisation du médicament1. Ces effets représentent la quatrième, la cinquième ou la sixième cause de mortalité aux États-Unis, selon l’année de référence2. Qui plus est, ils sont la cause de près de 10 % des admissions dans les établissements de santé3. Pour éviter de tels préjudices, les autorités sanitaires ont mis au point des mécanismes d’évaluation, de contrôle et de suivi des effets des pharmacothérapies sur la santé des patients et de la population en général, notamment les programmes de surveillance postcommercialisation des médicaments, qu’on appelle «pharmacovigilance». Cet article propose un regard critique sur le Programme canadien de pharmacovigilance à la lumière de l’expérience du Vioxx. Ce cas montre le décalage existant entre la réalité des données et la lenteur de réaction des autorités réglementaires. Il confirme la pertinence des recommandations de plusieurs groupes d’acteurs qui exigent une modification des critères d’approbation des médicaments et la réalisation systématique d’études épidémiologiques après la commercialisation d’une nouvelle molécule. Cet article décrira le Programme canadien de pharmacovigilance, mettra en contexte ses limites et formulera des recommandations susceptibles de les corriger de façon systémique. Le Vioxx Publié grâce à une subvention sans restrictions de Le Vioxx (rofécoxib) est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) appartenant à la classe des coxibs qui était indiqué pour le soulagement symptomatique de l’arthrite et de l’arthrose. Comparativement aux AINS classiques, les coxibs présentent un risque réduit de saignements gastro-intestinaux. Vioxx a été approuvé par la FDA et Santé Canada en 1999. Il a été commercialisé dans 80 pays45. En septembre 2004, le fabricant Merck retire son produit du marché mondial à la suite de la publication d’une étude révélant que la prise du Vioxx doublait les risques d’événements cardiaques lors d’une utilisation sur une période de 18 mois et plus46. Depuis le retrait du Vioxx, plusieurs mettent en cause la capacité de Santé Canada d’informer le public sur les risques que représentent certains médicaments. Définition La pharmacovigilance représente une composante essentielle dans un système qui préconise une plus grande efficacité sur les plans de la réglementation pharmaceutique, de la pratique clinique et des programmes de santé publique. Elle se définit comme une discipline visant à détecter et à annihiler les effets indésirables inattendus de médicaments après leur mise en marché. Elle s’exerce par le biais d’activités se référant à la divulgation, à la compilation et à l’analyse des effets indésirables, c’est-àdire aux réactions nocives et non désirées à la suite d’une utilisation normale d’un médicament4. Le Programme canadien de pharmacovigilance Le Programme canadien de surveillance des effets indésirables des médicaments (PCSEIM) a été mis en place en 1965 après la tragédie de la thalidomide survenue dans les années 1960. Coordonné par la Direction des produits de santé commercialisés (DPSC) de Santé Canada, le PCSEIM a pour mandat de recueillir, de compiler et d’évaluer les déclarations d’effets indésirables se référant à des produits de santé en vente sur le marché canadien5. Santé Canada définit un effet indésirable comme une réaction nocive et non intentionnelle à un produit de santé. De plus, Santé Canada www.monportailpharmacie.ca | cahier de FC de l’actualité pharmaceutique | novembre 2009 1 tient à être informé de tout effet inattendu ou causé par un produit dont la mise en marché remonte à moins de cinq ans. Un effet indésirable grave se traduit habituellement par une hospitalisation, une malformation congénitale, une incapacité, un recours à une intervention pour prévenir des lésions ou une déficience permanente, une affection menaçant le pronostic vital ou un décès. Un effet indésirable inattendu est un effet qui, généralement, ne correspond pas à la monographie du produit ni aux renseignements d’étiquettes, et ce, indépendamment du degré de gravité de l’effet6. Toutefois, en vertu de la législation actuelle (Loi sur les aliments et drogues et règlements connexes)7, les déclarations des EIM s’effectuent sur une base volontaire par les professionnels de la santé ou par les consommateurs. Ces derniers sont toutefois encouragés à consulter un professionnel avant de soumettre leurs déclarations. Celles-ci sont généralement effectuées par l’entremise de formulaires et envoyées dans un des sept centres régionaux, au Centre national à Ottawa, ou encore au fa Ce programme est utilisé depuis plus de 40 ans (depuis 1965) et donne accès à plus de 22 000 produits pharmaceutiques et 40 000 instruments médicaux. bricant du médicament. Contrairement aux professionnels de la santé et aux patients, les fabricants ou titulaires d’une autorisation de mise en marché ont l’obligation légale de signaler les effets indésirables graves relevés au Canada et à l’extérieur du pays dans un délai de 15 jours. Ils doivent transmettre les déclarations reçues et tout renseignement important sur l’innocuité de leurs produits directement au Centre national d’Ottawa8. Santé Canada reçoit plusieurs milliers de déclarations d’EIM chaque année. Ces dernières années, il a enregistré une augmentation régulière du nombre d’effets indésirables. À titre indicatif, le nombre de rapports a presque doublé en 2004 par rapport à 1999, alors que le nombre de ceux reçus de l’étranger a plus que triplé durant la même période9. Seuls les effets indésirables causés par les médicaments d’ordonnance, les médicaments en vente libre, les produits de santé naturels, les produits radiopharmaceutiques et les produits biologiques (produits sanguins, médicaments biotechnologiques, vaccins thérapeutiques et diagnostiques) peuvent être signalés sur le même formulaire d’EIM. Ceux causés par les vaccins ou par les instruments médicaux doivent être signalés, respectivement, par l’intermédiaire du formulaire de rapport des effets secondaires suivant l’immunisation à l’un des services locaux de santé publique ou par l’entremise du formulaire de rapport de problème relatif à un instrument médical à l’Inspectorat de la Direction générale des produits de santé et des aliments6. Par ailleurs, pour toutes les déclarations des EIM recueillies par les centres régionaux, on procède à un examen initial de la qualité et de l’intégralité des déclarations. Ces dernières sont ensuite traitées et saisies dans la base de données nationale CADRIS (système canadien d’information sur les effets indésirables des médicaments) qui sert à emmagasiner et à extraire les données essentielles fournies par les déclarations d’effets indésirables. Elle contient une partie des renseignements consignés dans les déclarations des effets indésirables, soit les caractéristiques du patient, la médication concomitante, les antécédents médicaux, les résultats des analyses de laboratoire, le trai tement des effets indésirables ainsi que des renseignements se référant au déclarant11. L’information relative à l’identité du patient ou du déclarant est protégée conformément aux dispositions de la Loi sur l’accès à l’information12 et de la Loi sur la protection des renseignements personnels13. Les données emmagasinées dans CADRIS sont ensuite analysées en profondeur par le Centre national de façon à déceler des signaux susceptibles d’être reliés à l’innocuité d’un produit de santé. Un signal s’avère le premier indice, et non une preuve en soi, d’un problème lié au médicament et enclenche un processus d’investigation approfondi14. Or, en présence d’un problème de sécurité relatif à un produit de santé, Santé Canada prend les mesures réglementaires appropriées pour y pallier. Il peut, en outre, divulguer des avis de santé publique, publier des mises en garde au public et aux professionnels de la santé, recommander un changement d’étiquetage du produit, ou encore exiger le retrait du produit du marché15. Les principales limites du Programme Ce programme est utilisé depuis plus de 40 ans (depuis 1965) et donne accès à plus de 22 000 produits pharmaceutiques et 40 000 instruments médicaux16. Il est reconnu à l’échelle internationale étant donné sa participation aux activités de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de la Conférence internationale sur l’harmonisation (CIH) et des autres organisations internationales afin d’harmoniser les normes et les processus réglementaires applicables aux produits thérapeutiques. Il est également reconnu pour ses normes élevées en matière Procédures de déclaration des EIM La déclaration des effets indésirables des médicaments peut se faire de trois façons : 1 2 En ligne via l’adresse suivante : www.santecanada.gc.ca/medeffet En remplissant le formulaire de déclaration et en l’envoyant – par télécopieur, au numéro sans frais : 1 866 678-6789 ou – par courrier en utilisant une enveloppe préaffranchie 3 Par téléphone, en composant le numéro sans frais : 1 866 234-2345 2 cahier de FC de l’actualité pharmaceutique | novembre 2009 | www.monportailpharmacie.ca de communication des risques touchant les produits de santé, en l’occurrence pour le Bulletin canadien des effets indésirables17. Il est soutenu par sept bureaux régionaux de pharmacovigilance répartis à travers le pays18. Ces bureaux permettent de recueillir les déclarations pour les transmettre ensuite au bureau national à Ottawa. Le programme bénéficie d’un portail unique d’information, Medeffet, créé par la Direction des produits de santé commercialisés afin: 1) d’assurer un accès centralisé aux nouveaux renseignements sur la sécurité des produits de santé commercialisés, 2) de fournir aux professionnels de la santé et des consommateurs des outils appropriés pour remplir et transmettre leurs déclarations des effets indésirables et 3) de sensibiliser le grand public à la primauté de déclarer les effets indésirables soupçonnés et de mettre en exergue le rôle primordial que jouent les données recueillies dans la détection des risques potentiels. Ce portail donne accès aux avis, aux mises en garde, aux derniers retraits émis par Santé Canada, au BCEI et aux outils de recherche et d’extraction de données en ligne du PCEIM15. Enfin, Santé Canada possède une politique sur les avis de conformité avec conditions (AC-C) l’autorisant à mettre rapidement sur le marché de nouveaux médicaments pro metteurs indiqués pour le traitement de ma ladies ou affections graves pour lesquelles on ne dispose pas jusqu’à présent de trai tement curatif. Cette autorisation témoigne, en fait, du caractère prometteur des données cliniques recueillies qui doivent, cependant, être validées ou enrichies par le fabricant à l’aide d’études complémentaires en vue de confirmer l’avantage clinique et établir un profil additionnel de l’innocuité18. Cependant, plusieurs limites font obstacle à l’efficacité du Programme canadien de pharmacovigilance. Les lacunes des essais cliniques Les essais cliniques ont pour objet de démontrer l’efficacité et l’innocuité du médicament chez l’humain. En raison de la durée relativement courte des essais cliniques, des caractéristiques de la population étudiée et du nombre restreint de participants à ces études, l’information disponible ayant trait aux risques associés à l’utilisation d’une nouvelle molécule s’avère limitée lors de sa mise en marché19,20. Les essais cliniques des phases I, II et III se déroulent sur une période relativement courte. Or, les données empiriques démontrent que certains effets indésirables graves, notamment la carcinogénicité, nécessitent un laps de temps important avant de se manifester. Sa détection requiert parfois plus de 10 ans21. Ces essais cliniques font appel à des populations cibles. Les participants font préalablement l’objet d’une évaluation clinique et seuls ceux qui répondent à des critères stricts sont admis dans le protocole de recherche. Sont généralement exclues des protocoles d’études les personnes qui présentent un risque élevé en raison de leur âge (tels les jeunes enfants et les personnes âgées), d’une situation particulière (les femmes enceintes ou qui allaitent, les personnes d’une origine raciale ou ethnique différente), d’une condition particulière (les porteurs d’un polymorphisme génétique) ou de leur état de santé (pathologie complexe, polymédication)19,20,22. Dans sa forme actuelle, l’échantillonnage utilisé pour les études cliniques est peu représentatif de la population globale en raison notamment de sa taille restreinte. Durant sa dernière phase expérimentale, une molécule peut être administrée à un groupe de 1000 à 5000 personnes. Or, certains effets indésirables rares peuvent affecter une personne sur 10 000. À cet égard, Amery23 indique que la détection d’effets indésirables graves chez un individu sur 10 000, avec une probabilité de succès de 95 %, nécessite un échantillon de plus de 30 000 personnes. Qui plus est, les essais cliniques se déroulent dans des conditions contrôlées très différentes des circonstances réelles d’utilisation des médicaments. Dans de telles conditions, seuls les effets indésirables les plus courants sont observés19,20,22. Enfin, les protocoles pour les essais clini ques sont conçus par des cliniciens et non par des professionnels initiés aux techniques de pharmacovigilance. Il est généralement admis que les cliniciens cherchent, en premier lieu, à démontrer l’efficacité d’une nouvelle molécule et non à en montrer les effets indésirables graves24. Le manque de transparence et de rigueur Le processus d’approbation consiste à octroyer au fabricant l’autorisation de commercialiser son produit. Pour ce faire, le fa bricant doit soumettre un dossier regroupant toutes les données issues des études clini ques portant sur l’innocuité et l’efficacité du produit. Or, le fabricant a tendance à ne déposer que les résultats des études qui avantagent sa nouvelle molécule et qui minimisent les effets indésirables24,25. De plus, en vertu de la réglementation actuelle, le fabricant a très peu d’obligations à continuer de produire et de divulguer de nouvelles informations sur la sécurité d’un médicament après sa mise en marché. Mis à part celle de signaler les EIM, Santé Canada ne dispose pratiquement d’aucun recours légal pour contraindre un fabricant à entreprendre des activités de surveillance postcommercialisation26. En outre, les différentes étapes menant à l’approbation d’un médicament s’effectuent à huis clos. Contrairement à la législation américaine, la législation canadienne ne prévoit pas la tenue d’audiences publiques permettant aux professionnels de la santé ou au public en général de venir exprimer leurs craintes, leurs réserves ou leur approbation à une éventuelle commercialisation d’une nouvelle molécule27. Et les données fournies par le fabricant, comme l’information contenue dans le rapport d’évaluation de Santé Canada, demeurent confidentielles25,28. Cette pratique du secret a une incidence négative sur le travail des chercheurs. À la rigueur, le manque d’information peut biaiser les synthèses méthodiques relatives aux trai tements et orienter les travaux d’investigation du chercheur sur une mauvaise piste29. L’absence d’études post-commercialisation Une fois approuvé et commercialisé, le médicament peut être prescrit à un grand nombre d’individus, dont certains s’avèrent à risque en raison d’une pluralité de pathologies ou de l’utilisation d’une variété de médicaments. À cet égard, Santé Canada invite les fabricants à réaliser des études élaborées sur leurs produits tout au long de la période de commercialisation et à diffuser les résultats obtenus. L’objectif de ces études est d’évaluer les risques inhérents à l’usage du médicament et d’établir son profil d’innocuité à long terme. Malheureusement, les fabricants montrent peu d’intérêt à réaliser des études épidémiologiques à la fois longues et coûteuses. Lorsqu’ils le font, les fabricants ont recours à des protocoles qui avantagent leurs produits et publient uniquement les résultats qui mettent l’accent sur leur efficacité24,30,31. Les études cliniques post-commercialisation revêtent donc un caractère promotionnel. Elles visent à convaincre les prescripteurs de recourir à leurs molécules plutôt que d’exercer un contrôle sévère pour pallier les risques d’inefficacité et de toxicité qui nécessairement restreindrait l’usage32. Un système réactif et passif Le recours au volontariat pour déclarer les EIM atténue significativement l’efficacité d’un programme de pharmacovigilance. Dans les faits, on estime que les professionnels de la santé déclarent seulement 2 % à 5 % des effets indésirables estimés. Dans les centres spécialisés de pharmacovigilance, notamment les centres de recherche gouvernementaux, hospitaliers et universitaires, le pourcentage de déclarations se situe entre 10 % et 20 %24. Les raisons généralement invoquées par les professionnels de la santé pour expliquer leur peu d’empressement à déclarer les effets indésirables observés sont: le fardeau administratif qui caractérise le processus de déclaration, le manque de temps, la présence de doutes sur le rôle causal du ou des médicaments en question, la crainte que des demandes de renseignements complémentaires leur soient exigés et leur créent de ce fait un surcroît de travail, la non-rémunération des efforts consacrés aux déclarations et la hantise des poursuites judiciaires de la part des fabricants pour «fausse» déclaration33,34,35. La méconnaissance du programme accroît l’inefficacité du système. Un sondage effectué en 2003 par le centre de recherche Décima révélait qu’un professionnel sur deux ne connaissait pas le Bulletin canadien sur les effets indésirables et que seulement deux professionnels sur cinq consultaient les avis et mises en garde émis par Santé Canada. Enfin, 9 personnes sur 10 ignoraient l’existence de la liste d’envoi électronique de Santé Canada, Info_Prod_Santé36. Des lacunes au niveau de la base de données informatisée CADRIS contribuent également à diminuer l’efficacité du système de déclaration. Le faible nombre de déclarations emmagasinées de même que l’absence de données sur le taux d’exposition des patients ne peuvent servir à déterminer l’incidence des effets indésirables. De surcroît, la taille et la fonctionnalité de la base de données ne permettent pas de traiter un grand nombre de déclarations et d’effectuer des analyses statistiques complètes et étayées. Santé Canada envisage d’ailleurs d’intégrer sa base de données CADRIS à celle de la FDA37. Bref, le système de déclaration des effets indésirables actuellement en vigueur est à la fois passif et réactif dans le sens qu’il faut attendre la compilation de plusieurs déclarations avant qu’un signal n’apparaisse et qu’une enquête soit mise en branle. Des recommandations R ecourir à des experts et à des essais cliniques plus exhaustifs Il y a peu des stratégies spécifiques à la correction des principales lacunes dans la conception des protocoles des essais clini ques. En fait, la seule stratégie digne de ce nom provient de l’Organisation mondiale de la santé. Cette dernière préconise d’inciter les fabricants à faire appel à des experts en pharmacovigilance indépendants dès la phase initiale de conception du protocole24. De plus, il est unanimement connu que les essais cliniques sur les médicaments pré-commercialisation ne peuvent pas tout prédire sur l’innocuité et l’efficacité d’un médicament prescrit pendant de longues périodes, en diverses doses, et à diverses populations. En conséquence, il incombe aux fabricants de recourir à des essais clini ques qui reflètent adéquatement les conditions d’utilisation réelle des médicaments. Cela permettrait de déterminer, avec plus de précision, les groupes de personnes qui pourraient avoir des résultats indésirables et d’aider, par le fait même, le fabricant à mieux cibler les médicaments auprès des populations pour lesquelles ils se révéleraient les plus sécuritaires et efficaces. De surcroît, cela faciliterait à Santé Canada une prise de décision plus éclairée quant à l’homologa tion des médicaments en s’appuyant sur des résultats cliniques plus probants. R endre le processus d’approbation plus rigoureux, transparent et rapide Il existe un nombre significatif d’actions visant à améliorer le processus d’approbation des médicaments. La plupart d’entre elles prescrivent une plus grande rigueur, une meilleure transparence et une plus grande rapidité dans le processus d’approbation des médicaments. Ainsi, les patients exigent que Santé Canada fasse preuve de diligence afin de bénéficier des nouveaux médicaments le plus rapidement possible. Les représentants de l’industrie pharmaceutique partagent le même désir et réclament un assouplissement des règles bureaucratiques. À l’opposé, les tenants de la santé demandent plus de rigueur et de transparence dans le processus d’évaluation. Ils demandent notamment que les fabricants rendent accessibles au public et aux professionnels de la santé les résultats de l’ensemble des études effectuées. Il en va de même pour les tiers payeurs qui revendiquent une réglementation beaucoup plus stricte pour s’assurer de la qualité et de la performance des nouvelles molécules. En d’autres termes, une modernisation du système réglementaire canadien s’impose. Il est également nécessaire que la DGPSA de Santé Canada accroisse sa participation aux travaux de coopération internationale et élargisse sa contribution au sein de la CIH qui, actuellement, y siège en qualité d’observateur. A ccroître le nombre d’études comparatives d’envergure Il est connu que les effets indésirables sont peu signalés et que les rapports incomplets limitent la base de données probantes avec laquelle on peut établir des liens de causalité entre un médicament et un effet indésirable. Avec la multitude des retraits du marché des médicaments, une surveillance et une évaluation continues de l’innocuité et de l’efficacité des médicaments dans le on estime que les professionnels de la santé déclarent seulement 2 % à 5 % des effets indésirables estimés. monde réel s’impose. Cela se traduirait par un accroissement du nombre des études comparatives randomisées, d’envergure et de longue durée. Ainsi, le recours à des études épidémio logiques, à de cas-témoins ou à des cohor tes s’avère essentiel pour étudier et pour quantifier les risques liés aux médicaments, notamment en ce qui concerne les interactions médicamenteuses et les effets indési rables observés dans les groupes à risque 24. A ugmenter le taux des déclarations des effets indésirables L’efficacité du Programme de pharmacovigilance est compromise par le faible taux de déclarations. De plus, lors de la mise en marché d’un médicament, ce dernier quitte l’environnement scientifique et normalement contrôlé des essais cliniques. Ce qui rend impératif le contrôle de l’utilisation des médicaments pour évaluer leur efficacité et leur sécurité dans de vraies conditions. Les professionnels de la santé ont donc une responsabilité importante à jouer dans ce contrôle. À cet égard, une des solutions de Santé Canada consisterait à rendre obligatoire la déclaration de tout effet indésirable observé par les professionnels de la santé38. À défaut de cette obligation, il faudrait encourager la déclaration systémique des EIM après leur mise sur le marché en faisant appel à tous les professionnels de la santé et en les incitant à utiliser les différents outils développés par Santé Canada. Cette sensibilisation pourrait débuter par une campagne d’information portant sur le système de déclaration des effets indésirables et sur les moyens de disséminer cette information. Il est recommandé de mettre sur pied des mécanismes visant à promouvoir les moyens de dissémination efficace et rapide des rapports sur les effets indésirables auprès des professionnels de la santé. De plus, il est préconisé de conscientiser ces derniers au rôle du PCSEIM et de faire connaître les différentes sources disponibles pour l’obtention de nouveaux avis quant à l’innocuité des médicaments, sans oublier d’encourager l’enseignement de la pharmacovigilance très tôt dans la formation professionnelle des étudiants des professions de santé39-43. En raison de leur expertise dans le domaine clinique, les professionnels de la santé sont les mieux placés pour gérer le profil de sécurité d’un médicament au regard des besoins de leurs patients, pour observer les effets indésirables ressentis et les déclarer de façon claire en termes scientifiques. Les fabricants doivent continuer de signa ler tous les effets indésirables de leurs produits, et ce, quel que soit leur degré de gravité, et de rendre accessibles les données sur les effets indésirables notifiés sponta nément et sans restriction44. Conclusion L’épisode Vioxx a fait ressortir certaines limi tes du Programme de pharmacovigilance. Des ajustements ont été apportés depuis. Cependant, le Programme actuel possède encore des lacunes importantes exposant, par conséquent, les consommateurs de médicaments à des risques qui peuvent surpasser les bénéfices. La pharmacovigilance est un processus indispensable pour repérer les risques inhérents à l’utilisation de médicaments. Les professionnels de la santé jouent un rôle crucial dans ce processus et sont les plus à même de rendre efficaces les programmes de pharmacovigilance. Toutefois, la pharmacovigilance reste en grande partie tributaire de leur engagement à déclarer les effets indésirables auprès des autorités réglementaires afin de les incorporer dans les bases de données. Cet engagement ne peut s’effectuer, évidemment, sans une collaboration étroite entre les régulateurs et les acteurs de terrain. En somme, les déclarations des EIM permettent de fournir aux professionnels de la santé et aux consommateurs des informations médicales mises à jour, d’identifier des tendances problématiques quant à la gestion des médicaments, et ipso facto, d’amener à l’implantation de stratégies visant à amoindrir ou à prévenir les EIM. Coordonnées des bureaux régionaux de Canada Vigilance (Santé Canada) au Québec et dans les provinces maritimes Bureau régional de Canada Vigilance - Québec 1001, rue Saint-Laurent Ouest Longueuil (Québec) J4K 1C7 Courriel : [email protected] Bureau régional de Canada Vigilance - Atlantique Maritime Centre 1505, rue Barrington 16e étage, bureau 1625 Halifax (Nouvelle-Écosse) B3J 3Y6 Courriel : [email protected] www.monportailpharmacie.ca | cahier de FC de l’actualité pharmaceutique | novembre 2009 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.monportailpharmacie.ca Le programme canadien de pharmacovigilance Question 1 Références 1. Question 5 Les déclarations d’EIM que reçoit Santé Canada ne représentent qu’un faible pourcentage des EI qui sont survenus. Selon certaines études internationales, ce taux est de : a) 1 % b) 1-20 % c) 1-10 % d) 1-5 % Question 2 2. Le formulaire de déclaration des EI causés par les vaccins est : a) Identique à celui des EI des médicaments b) Identique à celui des EI des instruments médicaux c) Il existe un seul formulaire peu importe l’EI à déclarer d) Différent des autres formulaires de EI 3. 4. 5. Question 6 La déclaration des EIM est une exigence réglementaire pour : a) Les professionnels de la santé b) Les fabricants de médicaments c) Les patients/consommateurs d) Toutes ces réponses Question 3 Les fabricants de médicaments ont l’obligation de signaler tout EI au Canada et à l’extérieur du pays : a) Dans un délai de 2 semaines à un des 7 centres régionaux b) Dans un délai de 2 semaines au centre national d’Ottawa c) 15 jours minimum à un des 7 centres régionaux d) Aucune de ces réponses Question 4 Les types d’EI qui doivent être signalés à Santé Canada sont : a) Les EI graves b) Les EI inattendus c) Les EI causés par un produit commercialisé depuis moins de 5 ans d) Absence inhabituelle d’efficacité thérapeutique e) a, b, et c f) Toutes ces réponses Le problème de la sous-déclaration des EIM est dû à : a) la non-motivation des professionnels de la santé b) l’existence d’un fardeau administratif intrinsèque au système de déclaration c) l’absence d’acharnement des fabricants à déclarer tous les EI d) b et c e) a, b et c f) aucune de ces réponses 6. 7. 8. 9. 10. 11. Question 7 La déclaration des EIM par les professionnels de la santé : a) permet d’accumuler des données d’innocuité importantes en vue d’évaluer les modèles de risque b) fait augmenter la collecte de données de piètre qualité c) n’est pas nécessaire étant donné que les fabricants le font Question 8 12. 13. 14. 15. 16. 17. Il est nécessaire d’établir la relation de cause à effet entre le médicament soupçonné et l’effet indésirable observé pour adresser une déclaration à Santé Canada. Cette affirmation est : a) vraie b) fausse 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. Amery WK. Why there is a need for pharmacovigilance. Pharmacoepidemiol Drug Saf 1999; 8(1): 61-64. Lazarou J, Pomerang BH et Corey PN. Incidence of adverse drug reactions in hospitalized patients: a meta-analysis of perspective studies. JAMA 1998; 279(15): 1200-1205. World Health Organisation. Safety of Medecines: A guide to detecting and reporting adverse drug reactions - Why health professionals need to take action. 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Principale province émettrice du permis d’exercice :______________ Permis Nº :����������������������� Date limite : 29 janvier 2010 www.monportailpharmacie.ca Deuxième province émettrice du permis d’exercice :________________ Permis Nº :����������������������� L’actualité pharmaceutique, Formation continue 1200, avenue McGill College Bureau 800 Montréal (Qc) H3B 4G7 Nom de la pharmacie :_ ____________________________________________________________________ Adresse (travail) :_________________________________________________________________________ Ville :___________________________________ Province:_ _______________Code postal :_______________ Télécopieur : (514) 843-2940 Publié grâce à une subvention sans restrictions de Année d’obtention du diplôme:_ __________ Tél. :_________________________ Téléc :____________________ Courriel :_______________________________________________________________________________ Type de pratique : □ Chaîne ou franchise □ Pharmacie d’épicerie □ Établissement □ Bannière 2) a □ b □ c □ d □ 6) a □ b □ c □ d □ 3) a □ b □ c □ d □ 4) a 4 □ b □ c □ d □ 7) a □ b □ c □ d e □ f □ 8) a □ b □ cahier de FC de l’actualité pharmaceutique | novembre 2009 | www.monportailpharmacie.ca 2) Ce contenu vous est-il utile dans l’exercice de votre profession ? □ Oui □ Non 3) Pourrez-vous mettre en pratique cette information ? □ Oui □ Non □ N.A. 4) Dans l’ensemble, êtes-vous satisfait(e) de ce contenu ? □ Très □ Assez □ Pas du tout Réponses aux questions du numéro de septembre 2009 Le programme canadien de pharmacovigilance Peut-on prévenir de nouveaux cas Vioxx ? 5) a □ b □ c □ d □ □ Grande surface 1) Après avoir lu ce contenu, pensez-vous être plus en mesure d’offrir des soins pharma ceutiques à vos patients dans ce domaine ? □ Oui □ Non □ Autre (précisez) __________________________________ Coupon-réponse du mois de novembre 2009 1) a □ b □ c □ d □ □ Indépendante Veuillez nous confirmer que ce contenu vous a été utile en répondant aux questions suivantes : Nouveautés pour la prise en charge du patient diabétique de type 2 par le pharmacien e □ f □ 1 : b 2 : a 3 : c 4 : a 5: d 6 : c 7 : c 8: b Pour répondre en ligne à cette leçon de formation continue Si vous avez déjà ouvert une session dans notre programme de FC en ligne, veuillez revenir à la page «Leçons disponibles en ligne» et cliquez sur «Lien vers les questions» correspondant à cette leçon de FC. 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