Courcy aux Loges

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Courcy aux Loges
Courcy aux Loges
Historique
Notre village, Courcy aux Loges, se situe à environ 12 km au Sud de Pithiviers en bordure de la
forêt domaniale d’Orléans. Sa population est actuellement de 420 habitants (sous l’Ancien Régime
de 330 à 450 habitants). Sa superficie est de 2090 hectares, les trois-quarts en forêt.
Comme vous le savez sans doute, beaucoup de documents qui auraient pu nous renseigner sur
l’histoire de Courcy ont brûlé dans l’incendie d’Orléans en 1940.
Pour préparer ce bref historique, nous nous sommes fortement inspirés du livre de Louis Guérin,
ancien Maire de Courcy, « Un village de la Forêt des Loges : COURCY ».
Nous avons aussi consulté le livre de Maître Bauchy: « Histoire de la forêt d’Orléans ».
Nous nous limiterons aux points forts de l’histoire de Courcy jusqu’aux prémices de la
révolution: en effet après la révolution, l’histoire de Courcy tend à se fondre avec l’histoire de
France en général sans faits particulièrement saillants.
Le nom de Courcy trouverait son origine chez les Celtes puisqu’il viendrait du Gallois « Cor
Goed » qui signifie « Petit Bois ». Avec l’occupation romaine, le nom s’est latinisé pour s’appeler
Courciacum. La dénomination actuelle, Courcy aux Loges, a été officialisée en 1919.
Les six points forts de l’histoire de Courcy jusqu’à la révolution :
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La Préhistoire ;
La présence des Celtes, Gaulois, Romains et Barbares ;
La châtellenie royale ;
La châtellenie seigneuriale;
La garde forestière de Courcy;
Les prémices de la révolution.
La Préhistoire : Des hommes préhistoriques ont habité à l’emplacement de Courcy-auxLoges. On a retrouvé neuf haches ou objets d’époque néolithique entre Beauregard, La
Motte et le Bas du Moulin (près de la route de Mareau-aux-Bois). (Epoque néolithique : de
3000 à 1800 avant JC). Le peuplement était d’autant plus important en lisière de forêt.
Pourquoi ? Les hommes pouvaient aussi bien cultiver en plaine que chasser ou se procurer
du bois en forêt pour se chauffer.
Celtes, Gaulois, Romains et Barbares : vers 900 avant JC, les habitants de Courcy étaient
gaulois, d’origine celte : nous étions de la tribu des Carnutes, fixée autour d’Orléans. La
limite avec la tribu des Senones (fixée autour de Sens) était très proche (Chambon se
trouvait chez les Senones).
… César est arrivé avec ses légions en venant de Sens. A la différence des Senones qui se
lient avec l’occupant, les Carnutes soutiennent courageusement Vercingétorix : la
domination romaine commence en 52 avant JC. Trois camps romains sont indiqués sur la
carte de l’ONF, au SO de ce qui sera la fontaine Sainte-Radegonde. Un autre camp était
établi à proximité des bois de Beauregard, tout près de Courcy. La « Pax romana » ne dure
pas très longtemps : Goths, Francs, Alamans, Vandales Suèves, Alains, puis les Huns
d’Attila venant toujours de l’est, vont déferler. L’empire romain d’Occident vit ses
dernières années : avant la fin du Vème siècle, les Barbares s’emparent de Rome. Les
« Barbares », c’est à dire ceux qui n’étaient pas romains, sans que le mot ait le sens
péjoratif actuel.
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La châtellenie royale (de 1112 environ à 1307) : après les Mérovingiens et les
Carolingiens, viennent les Capétiens : à l’avènement de Hugues Capet en 987, Courcy
jouissait de la protection de l’église Sainte Croix d’Orléans (« Curciacum, cum ecclesia,
silva et appendiciis »).
Vers 1112, Courcy passe de la dépendance de l’église à celle du Roi, par l’intermédiaire du prévôt
qui dirigeait l’exploitation des propriétés domaniales, exerçait la justice, faisait appliquer les arrêts
judiciaires et disposait de la force militaire : dans la lutte d’influence entre l’église et le roi, c’est le
roi, en l’occurrence Louis VI le Gros, qui l’emporte.
Le prévôt du Roi fait construire le château de Courcy au XIIème siècle entre l’église actuelle et la
route de la Varnelle. Il ne reste aujourd'hui qu’un carré de 50 mètres de côté, entouré de douves.
Le château a été abandonné au XVIIIe siècle. …mais n’oublions pas qu’au XIIème siècle quand le
château était encore jeune on édifiait l’église et celle-ci nous est restée. L’église est située à l’écart
du village actuel, au milieu du cimetière, à proximité immédiate des restes du château. On peut
penser qu’au XIIème siècle, le centre du village se trouvait regroupé autour du château.
Le château était le siège de la prévôté : il était plus encore résidence royale.
Les rois ne dédaignaient pas Courcy : « Ils allaient constamment d’un palais à un autre, par
exemple de Vitry à Courcy, de Boiscommun à Neuville. » (René de Maulde)
Nous connaissons les passages à Courcy de Philippe III le Hardi et de son fils Philippe IV le Bel.
Philippe III est venu à Courcy en 1277 et en 1284 sans doute avec la jolie Marie, princesse de
Brabant dont il était fort amoureux.
Philippe le Bel fait plusieurs séjours dans le Gâtinais entre 1287 et 1308 : il y chasse volontiers.
Essayons de nous imaginer ce que pouvaient ressentir Philippe III le Hardi et Philippe IV le Bel
lorsqu’ils chassaient en forêt d’Orléans à proximité de notre village :
« Il y a l’instinct de la chasse, le besoin de chasser selon le temps et la saison, d’obéir aux conseils
éternels qui vous viennent de la terre et des nuages. Le cœur se met à battre plus fort, mais sans
désordre ; une angoisse légère vous étreint au creux de la poitrine, pareille, un peu, à celle de
l’attente amoureuse. » (Maurice Genevoix – Raboliot).
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La châtellenie seigneuriale :
Deux étapes :
° De 1307 jusqu’aux Condé (1562). : en 1307, Philippe le Bel cède la châtellenie de Courcy à
Adam le Bouteiller de Senlis. L’opération se conçoit parfaitement dans la France féodale.
L’autorité royale est rétablie dans l’Orléanais, il faut surtout administrer et veiller à ce qu’une
exacte justice soit rendue : c’est la tâche des vassaux et des agents du Roi. Au dessus des uns et
des autres, l’autorité du souverain subsiste. Le dernier séjour royal à Courcy, celui d’Henri II,
semble daté de 1554, juste avant les guerres de religions.
La Châtellenie, par le jeu des alliances et mariages, passe ensuite aux Braque de Courcy, puis à la
famille Salezart.
° En 1562, dans le cadre des actions suscitées par les guerres de religion, un huguenot, Louis 1er
de Bourbon, prince de Condé, duc d’Enghien, saisit la châtellenie de Courcy et devient ainsi
châtelain seigneur de Courcy. Néanmoins, les descendants des Salezart, les Gaillard sont rétablis
dans leurs droits au XVIIème siècle. En 1671, Henri de Bullion obtient que la terre de Courcy soit
érigée en marquisat. Après quelques intermèdes, les Roussel de Courcy acquièrent le domaine en
1723 ou 1725. Peu après, en 1735, les Roussel de Courcy acquièrent la terre et baronnie de
Claireau et c’est là qu’ils sont venus résider (le château de Claireau est sur la commune actuelle de
Sully la Chapelle). La terre de Courcy est érigée en Marquisat en 1751, en raison des services des
Roussel de Courcy, un de leurs fils ayant été mortellement blessé à la bataille de Fontenoy en
1745 sous Louis XV. Ils demeurent propriétaires de la terre de Courcy jusque dans les années
1920.
Il serait injuste de reprocher aux Roussel de Courcy d’avoir quitté notre vieille bâtisse et de s’être
orientés vers le château de Claireau qui avait été aménagé et se présentait sous des dehors
beaucoup plus séduisants et agréables à vivre : notre vieux château n’avait plus qu’à se laisser
mourir. Des anciens du pays racontent que des moellons servirent à transformer en château la
ferme du « Grand Beauregard ».
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La garde forestière de Courcy (bref historique).
La forêt était devenue, dès le temps de Clovis, possession royale. Aux époques où le roi devait
rechercher l’appui de l’église, des superficies ont été concédées à l’évêque d’Orléans pour
l’entretien du clergé, des hôpitaux, des écoles. Lors de la révolution, domaine royal et biens
ecclésiastiques ont constitué notre forêt domaniale, à quelques détails près.
Pour son administration, la forêt était divisée en circonscriptions : « les baillies » dans l’ancienne
forêt royale, puis les « gardes » au nombre de six puis de cinq : la garde du Chaumontois, celle du
Milieu, de Vitry, de Courcy et de Neuville.
La garde de Courcy était vaste : d’après l’arpentage de 1543 – 1552, 3300 hectares sur 30. 000
soit 1/9 de la forêt.
Le braconnage était sévèrement réprimandé. Comment ne pas y céder, quand on vit un contact de
tous les jours avec le gibier, quand on connaît les passées, les coulées, les gîtes, les bauges, les
remises et les viandis.
Sur la garde de Courcy, les biens ecclésiastiques étaient exceptionnellement étendus et le
souverain y disposait des droits dits de « gruerie » ; un privilège qui permettait au roi de disposer
de la moitié des coupes de bois. En outre, il jouissait de la totalité des produits de la justice, de la
chasse, du panage (droit de pacage des porcs) et de la glandée (droit de ramasser les glands et
faines).
Indépendamment du Prieuré Saint Nicolas de Doulchamp, précisons que sur le territoire de la
garde forestière de Courcy se trouvaient trois établissements religieux permettant à notre région de
participer au renouveau des ordres monastiques :
- la grande abbaye cistercienne de la Cour-Dieu dont la construction commence en 1118 ;
- sur les hauteurs de Châtillon, les religieux de St Jean de Sens se sont installés à Flotin (SE de
Boiscommun). Seconde moitié du XIIe siècle ;
- en limite de la garde de Courcy, la chapelle Sainte Radegonde et le prieuré de la Coudre (fondé
un peu avant 1140).
- Les prémices de la révolution :
Vers la fin du XVIIIème siècle, de nombreuses initiatives sont prises pour améliorer la culture et
l’élevage dans l’Orléanais. Notre voisin, Henri-Louis Duhamel de Monceau poursuit ses
expériences à Vrigny, au Château de la Brosse, à Denainvilliers et au Monceau (Pithiviers le
Vieil) : son « Traité de la culture des terres » fait autorité.
Par suite des intempéries, de nombreuses récoltes sont mauvaises, notamment celles de 1774. Le
prix des « grains » marque une forte hausse dans les grandes villes. Pour les habitants de Courcy,
des difficultés bien sûr, quelquefois la misère, mais la forêt se montre toujours secourable.
1789 : les évènements se précipitent d’une façon que nul ne prévoyait vraiment.
Avant la réunion des Etats généraux à Versailles, les trois Ordres – Clergé, Noblesse et Tiers Etat
– rédigent des « cahiers de doléances ».
Les délégués du Tiers Etat de Courcy et d’ailleurs se retrouvent au siège royal d’Yèvre le Châtel.
On proclame sa déférence envers le Roi, sa soumission à la religion catholique et l’on énumère
beaucoup de demandes : que l’on supprime les droits féodaux, la justice seigneuriale, que les
peines de braconnage n’aient plus de caractère infamant.
Les troubles se développent à Paris et l’on en arrive, comme chacun le sait, à la prise de la
Bastille.
Conclusion :
Ce qui m’a frappé en travaillant sur l’histoire de Courcy, deux choses :
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L’incroyable passé historique de ce petit village notamment pendant les châtellenies
royales et seigneuriales ;
La relation intime entre la forêt et les habitants de Courcy.
Louis Guérin a dédié son livre aux anciens dont « le langage était coloré parce que tiré des
éléments de la nature, et respirait l’odeur des chevaux, de la terre et de la forêt ».
Ce que l’on peut souhaiter à notre sens pour Courcy : un développement raisonnable permettant de
préserver le caractère authentique et rural de notre village.
22 mai 2010, Gabriel
Fernet

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