COURS 1 : LE « HITCH » ULTIME Plan 1) Les thèmes et les lieux de

Transcription

COURS 1 : LE « HITCH » ULTIME Plan 1) Les thèmes et les lieux de
COURS 1 :
LE « HITCH » ULTIME
Plan
1) Les thèmes et les lieux de prédilection : obsessionnels ? (rappel : raison pr laquelle Cahiers le traitent
comme un artiste et non un artisan, malgré politique des studios et rôle du DA, du musicien, etc)
2) les personnages « hitchcockiens » en diable : sophisticated bad guy + sophitiscated lady et le glamour de
la upper class
3) Toutes les émotions du monde (retrouver phrase Hitch à Lehmann) : érotisme, peur, sadisme, émotion (les
pins de Monument Valley : analyse de la séquence)
4) la « so britich touch » : les formes multiples de distanciation : jeu des seconds rôles et transparence
(contre « Messieurs les vraissemblants »)
I- Les thèmes et les lieux de prédilection
Lehman : « Je veux faire un film d'Hitchcock qui mette le point final à tous les films d'Hitchcock (...) de l'éclat, de
l'esprit, des émotions fortes, le tout brossé sur une vaste toile, avec un spectateur innocent emporté par un grand
acte de bravoure »
thèmes
schéma des grands films d'Hitch = film sur la manipulation, cad qui inscrit dans son dispositif même de mise en
scène une discrète mise en abîme (invention de Kaplan, personnage fictif renvoie à l'activité de réalisateur, la CIA
et sa table de travail comme lieu métaphorique)
film sur la méprise identitaire : à plusieurs niveaux, onomastique (Kaplan/Thornhill : you have many name lors de
la 1ere rencontre, puis le coup de téléphone : toute la séquence avec sa mère à l'hôtel), puis le visage de Thornhill
disparaît, d'abord maladroitement (lunettes – il est reconnu) puis il se déguise (casquettes rouges + mousse à
raser). Il y a un jeu de bascule où l'escamotage de sa personnalité (dans le lit d'Eve) est interprétable parfois
comme une faiblesse et parfois comme une force (voire les deux à la fois). Thornhill est constamment renvoyé à
son rôle de composition par Vandam : la scène des enchères, la scène de la cafétéria
film sur le faux coupable : Thornhill qui saisit le poignard
film où le faux coupable est aussi celui qui enquête, à la poursuite de son ombre, certainement moins névrotique
que Vertigo, mais potentialité angoissante de disparition (les foules + si on tue Kaplan, qu'importe = réversibilité
du « héros théorique » [J. Douchet = le fantôme qui attend d'être incarné, comme Mme Bates] en ce sens qu'il
contamine le réel, à la manière d'un trou noir + sa disparition dans des espaces vides et démesurés : scène de
l'avion), d'instabilité (l'ascenseur), de désespoir (nul ne le croit), d'écrasement (le granit du Mont), de chute : bref,
un individu potentiellement nié par les autres. Voir ce que Grant dit du O.
Il suffit d'un moment d'inattention pour que le réel soit modifié, qu'on passe de l'autre côté du miroir, où des
ombres malveillantes attendent de subtiliser notre identité : quand Thornhill hèle le barman, tous les visages de
l'image arrêtée sont flous.
D'ailleurs, Townsend : on lui prend sa maison, son identité et finalement on l'efface. Il voit son double, sur la
photo (voir son double = voir sa mort)
Une leçon ? (voir cours 4)
lieux
prédilection pour le monumental : inverser les caractéristiques touristiques des lieux, notamment par des angles de
vue « déformants ». Rappel de la censure – ce n'est donc pas la statue de la liberté de La Cinquième colonne (voir
le doc) mais on en voit 2 traces ici : au bord avec les cranes chauves qui émergent et dans le plan de plongée
lieux et foules : la rue, l'ONU (rappel de l'interdiction), la gare = beaucoup de figurants, virtuosité. Goût de la
virtuosité évident
mais qui se retrouve aussi dans l'alternance avec 1 lieu clos : le train (autre lieu emblématique de son cinéma).
Lieu central : au maximum ailleurs, refus des lieux enfermés, même pour des possibles plans de raccord (pick-up
volé, carlingue de l'avion) – attention : il y a des lieux clos, forcément (ascenseur, commissariat, chambre)
tempo
un temps resserré (moins de 48 h ?). Ce qui intéresse Hitch, c'est la logique interne : aucun temps mort, avec un
scénario huilé parfaitement (rappel de ce qu'il en dit aux producteurs alors que le reste était à inventer). Preuve
que ce tempo n'est pas étranger au plaisir ressenti.
II- Les personnages hitchcockiens
l'upper class de Cary Grant : les pellicules à l'hôtel, le complet défroissable et repassable – d'ailleurs c'est le 1er
mot de Vandam, qui parle souvent de Thornhill à part soi, à haute voix, pour l'évaluer. Il l'éclaire comme une pièce
de collection.
le raffinement supérieur du méchant : Th de Quincey : De l'assassinat considéré comme un des beaux arts. Le cast
de Mason oriente le nom qui passe de Mendoza à Vandam : hollande (goût pour l'art ?), Afrikaner ? En tout cas
richissime et de goût, tout autant classique (statuette) et d'avant-garde (maison inspirée de Floyd Wright)
Le méchant divisé en 3 : Léonard, « évidemment efféminé », Valentin le rustre, Vandamm, « beau et suave » pour
la rivalité amoureuse. Pas de musique = pas d'effet – refus de vulgarité et/ou appartenance à un monde souterrain,
sans couleur, silencieux. Cet objectif d'invisibilité s'accorde d'une forme de jeu tout en retenue : Understatement
= ne jamais surjouer des situations dramatiques. Par contre, Mason ne cesse de reprocher sa manière d'en faire
trop à Cary Grant. Il n'y a d'ailleurs pas de réel affrontement entre eux, même à la salle de ventes : Mason rompt
en visière.
les mépris de la plèbe américaine : à la cafetaria, mais aussi le bourbon (et non le wishky)
Eve is Eve : le joyau. Toutes les autres femmes sont moches, surtout avant qu'Elle apparaisse (secrétaire, femme
du taxi, mère du héros, soubrette, fausse épouse de Townsend)
ses robes, sa coiffure conçus comme des couverture de Vogue : grande robe décolletée dans le dos lie de vin à
l'hôtel de Chicago, élégance absolue des gestes (quand elle retire son soulier) – rappel de l'anecdote du café dans
le gobelet en plastique – voir comment la lumière irradie d'Eve. Photo d'Eve p68 des Cahiers. « L'intention était
qu'elle soit habillée de façon éclatante lorsque l'action est neutre et de façon discrète lorsque l'ambiance est
mouvementée »
III- That's entertainment - Toutes les émotions du monde
aussi enfile-t-il les scènes d'action d'anthologie (voir cours 2) = scènes de frisson, dont la logique est gratuite et
spectaculaire (tourisme inversé). Thriller = thrill = frisson
mais pas seulement : sadisme de Léonard à la fin, perversité de la mise en scène en réponse à la vexation de son
mentor (pas de rapport sexuel entre eux)
jeu avec la mauvaise conscience du spectateur lors du retour dans la maison de Townsend, plaisir de voir le héros
dans une situation qui ne l'avantage pas
rire : la mère joueuse et vénale – film tourné pour la MGM dont la spécialité était les comédies musicales
(d'ailleurs Cary Grant chante du Gene Kelly sous la douche)
érotisme : scène du restaurant = acmé érotique. Prise en main par Eve (voir la phrase lisible sur les lèvres : I never
make love) à l'amoralité totale, femme-moderne libre de son désir. Les conseils : baisser la voix d'un ton, ne pas
bouger les mains, regarder le partenaire dans les yeux + musique charmeuse. « Une de ces femmes qui se
transforment en putain dans la chambre » (preuve aussi des obsessions)
mais à l'inverse : émotion des retrouvailles (scène qui faillit être coupée)
analyse de séquence des pins
–
comme une volonté de montrer sa virtuosité, sa possibilité de passer d'un genre à un autre
la pub présentait l'oeuvre comme un Hitch démultiplié, et en effet tous ses thèmes et ses scènes sont amplifiées et
exploitées avec une frénésie visuelle. On croit avoir atteint à chaque fois les limites du possible avant qu'une
nouvelle surenchère nous écrase d'une énormité suprême et gratuite : pourquoi tuer un homme en avion ?
(incongru)
IV- La « so british touch » : sophistication et distanciation
sophistication se voit dans la complexité des mouvements de caméra permise par le tournage en studio : la scène
du baiser
mais aussi dans la complexité minutieuse du scénario, qui n'exclut pas la distanciation : au Plaza, le convive sourd
(= alors qu'il y aura une méprise verbale + qui n'y entend/comprend rien ?)
En termes de vraisemblance, l'intrigue est volontairement impossible. Comment Vandam saurait-il que Kaplan va
filer à Chicago, et par cet horaire-là ?
« c'est horriblement triste, comment se fait-il que j'ai envie de rire ? » (CIA)
une distanciation burlesque : la décapotable (9 plans à effets spéciaux), la transparence (déjà passée de mode à
l'époque), quelques jeux libres des seconds rôles (un policier qui ne se tourne pas dans le virage) qui ont pour
fonction d'être comme au-dessus de l'intrigue – et puis d'y replonger sans plus de filet de protection = virtuosité
« le fait est que ce goût de l'absurde, je le pratique tout à fait religieusement »
Le sujet est extravagant en soi, et il accumule les extravagances, mais en même temps, il le traite de manière
« vériste » (voir les toiles peintes de l'avion) – ou plutôt, il choisit le degré de rationalité avec lequel il va traiter
ses scènes et au moment de plus grande tension, on s'aperçoit qu'il les traite de manière vériste, soit dans
l'érotisme (où même le détail du rasoir et le jeu de Grant contribuent au climat érotique + « je ne change jamais de
plan pendant une scène d'amour parce que dans la réalité, il n'y a pas d'interruption dans ces moments-là » pr le
compartiment), soit dans le spectaculaire... avant un désamorçage dont il est le maître.