L`émission Sept à Huit sur TF1 dédie une ode à Dominique

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L`émission Sept à Huit sur TF1 dédie une ode à Dominique
L'émission Sept à Huit sur TF1 dédie une ode à Dominique
Extrait du Acrimed | Action Critique Médias
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L'émission Sept à Huit sur TF1
dédie une ode à Dominique
- Les journalismes - Mythes et réalités - Connivences et promotions - Journalistes et politiques -
Date de mise en ligne : lundi 25 juillet 2005
Description :
En guise de portrait de Dominique de Villepin, une hagiographie rediffusée.
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L'émission Sept à Huit sur TF1 dédie une ode à Dominique
En matière de marketing de l'image des membres du gouvernement, difficile de faire mieux
que Vivement Dimanche, pouvait-on penser. Etait-ce parce qu'il partage sa passion pour la petite
reine que Michel Drucker a été tenté de faire de Nicolas Sarkozy le grand roi de son émission avec
deux invitations sur une courte période ? Ou parce que le long contre-la-montre de 200 minutes
pour convaincre [1] ne suffisait pas ? Profitant de l'aspiration de son coéquipier du PAF, le maillot
jaune de l'UMP pouvait entendre la clameur de ses illustres supporteurs (Johnny, Jean Réno,
Christian Clavier et Marie-Anne Chazel...) se propager jusque dans les foyers des électeurs.
Si à Vivement Dimanche l'ex-actuel ministre de l'intérieur est un peu le local de l'étape, à Sept à
Huit, le sieur de Villepin est maître en son domaine.
A peine est-il promu à la tête du gouvernement, que TF1 s'empressait de nous resservir, le dimanche 5 juin 2005,
(en une version légèrement modifiée pour la circonstance) son hagiographie déjà diffusée en septembre 2004 dans
le magazine d'information Sept à Huit présenté par Thomas Hughes et Laurence Ferrari.
Il est vrai qu'avec l'arrivée de Dominique de Villepin au gouvernement, c'est « le romantisme au pouvoir, le lyrisme
aux manettes » comme l'annonce la voix off qui verse curieusement dans le même registre grandiloquent que la
personnalité dont elle croque délicieusement le portrait. Sur un air mélodramatique accompagné de plans serrés qui
dévoilent successivement ses fossettes prononcées, son large sourire à la Tom Cruise, ses longs doigts de pianiste
et son profond regard clair et alerte, l'ode à Dominique pouvait commencer [2]. L'auteur du portrait se propose
d'abord de nous faire suivre le chemin de son égérie « sur sa monture à toute allure », car « il n'y a pour lui ni route
droite, ni pente rude, mais que des chevauchées fantastiques et des montagnes à franchir, il préfère le panache et la
modestie, il aime le mouvement, comme si courir était le but à atteindre ». Et si les vrais violons de la bande son se
taisent, c'est pour laisser place à ceux, non moins stridents, de l'interviewer : « Pourquoi on vous déguise tout le
temps en hussard avec un sabre au clair sur un cheval en cavalerie, même votre copain Alain Juppé dit ce serait un
fabuleux premier ministre en tant de guerre... Pourquoi toujours cette idée de la chevauchée avec vous, pourquoi
l'idée du mouvement ? » On pense que la question appelait une réponse en forme de boutade, mais puisqu'on lui
tend ainsi les étriers, de Villepin ne se fait pas prier pour enfourcher la monture folle de la complaisance : « Parce
que je pense qu'on ne peut jamais oublier d'où l'on vient. Et je suis né à Rabat, au Maroc, j'ai grandi en Amérique
Latine et j'ai été confronté très tôt à la souffrance et à l'injustice et je ne me suis jamais habitué à ça, j'ai toujours
voulu le changer. »
S'il souhaite changer l'ordre du monde, il se garde bien d'infléchir le cours de l'interview qu'il n'attendait sûrement pas
si révérencieux. Pour que le tableau soit plus complet, il faut à présent qu'il enfile les habits de mauvais garçon
dernier de la classe après avoir quitté ce costume d'hussard, qui lui va si bien. Le journaliste s'en charge : « Il paraît
qu'à 14 ans, chez les jésuites à Caracas vous étiez le dernier de la classe... ». Coupure manifeste au montage qui
saute directement à la déclaration choc : « Moi j'étais dans une école ou on se battait 4, 5 fois par jour ! », après quoi
le ministre s'épanche sur les blessures non-cicatrisées de cette délicate période : « Vous savez, quand enfant vous
avez le sentiment que c'est difficile... Moi j'ai passé des heures caché dans mon cartable pour ne pas être interrogé
par le maître. Donc avec l'idée de pas être vu. » Ce qui aurait évidemment généré une propension à vouloir «
prouver, parce qu'il y a en permanence le besoin d'être à la hauteur ! » Dominique Galouzeau de Villepin doit donc
sûrement ressentir de l'empathie vis-à-vis des jeunes de la Courneuve ou de l'Ousse-des-bois en situation d'échec
scolaire. Ils peuvent désormais nourrir l'espoir de devenir un jour premier ministre. De quoi faire oublier que ce
dernier n'a jamais obtenu de mandats électifs (ce qui ne suscite d'ailleurs aucune question).
Mais, presque gêné de contribuer à faire passer le premier ministre pour un cancre, notre porte-micro se ravise : «
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Vous donnez l'impression inverse, vous donnez l'impression d'être à la hauteur, d'être dans les hauteurs... ». Le
journaliste poursuit l'ode sur un morceau de guitare deux accords joué par un Carlos Santana manchot qui souffre de
grave dépression. Il s'agit probablement de matérialiser musicalement « l'âme tourmentée d'un homme pressé,
impatient et romantique » qui, veut « faire danser la vie » (sur deux accords c'est difficile !) reprenant un mot de
Nietzsche érigé en devise du preux chevalier.
« Pas de Sept à Huit la semaine prochaine pour cause de formule 1 », annonce Laurence Ferrari... Que les
vrombissements des F1 masquent la cacophonie de louanges qui se prétend journalisme, c'est plutôt une bonne
chose pour le téléspectateur de TF1.
Cédric Lapierre
[1] 100 minutes pour convaincre du 20 novembre 2003 + 100 autres le Jeudi 31 Mars 2005.
[2] Nous n'avons pas souvenir que Sept à Huit se soit attardé sur le double menton, les poignées d'amour ou la carrure trapue de Jean Pierre
Raffarin... Séduction quand tu nous tiens !
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