Direct Matin en flagrant délit de publicité clandestine

Transcription

Direct Matin en flagrant délit de publicité clandestine
Direct Matin en flagrant délit de publicité clandestine
Extrait du Acrimed | Action Critique Médias
http://www.acrimed.org/Direct-Matin-en-flagrant-delit-de-publicite-clandestine
En Bref
Direct Matin en flagrant délit
de publicité clandestine
- Les médias - Presse écrite - Les "gratuits" -
Date de mise en ligne : mardi 29 avril 2014
Description :
Une opération commerciale en « une » accompagnée d'un article à la gloire du produit promu dans les pages intérieures.
Copyright © Acrimed | Action Critique Médias - Tous droits réservés
Copyright © Acrimed | Action Critique Médias
Page 1/4
Direct Matin en flagrant délit de publicité clandestine
La frontière entre information et publicité est souvent plus que poreuse dans la presse écrite, comme nous avons eu
maintes fois l'occasion de l'illustrer. Dans la presse gratuite qui se finance exclusivement par la publicité, il arrive
encore plus fréquemment que la frontière s'estompe totalement, comme l'auteure-illustratrice Klaire l'a signalé
récemment sur son compte Twitter à propos du quotidien gratuit Direct Matin (groupe Bolloré).
Jeudi 10 avril, la une du journal - qui est le troisième quotidien français le plus lu avec 2,5 millions de lecteurs par
jour, contre 1,9 million pour Le Monde ou 0,8 million pour Libération - cédait sa place à une pleine page de publicité
pour un produit alimentaire. Cette publicité, clairement signalée comme telle, était accompagnée ce même jour de la
distribution couplée du produit avec le journal, comme l'indique l'annonceur sur sa page Facebook :
Jusque-là, il s'agit d'une pratique habituelle dans la presse quotidienne gratuite. Mais ce jeudi 24 avril, un bref article
publié dans les pages « France » du même journal semble s'inscrire dans la continuité de cette opération marketing :
« Aux caisses des supermarchés, les barres chocolatées et autres chewing-gums doivent désormais faire
face à un concurrent de taille : les fruits sticks N.A ! (Nature Addicts). Sans sucres ajoutés, ni conservateurs,
ces concentrés de fruits en forme de bâtonnets, à base notamment de pommes ou de framboises, sont une
alternative à la "junk food", alors que le ministère de la Santé ne cesse de sensibiliser les Français sur
l'importance de manger cinq fruits et légumes par jour. "Ce snacking 100 % issu des fruits est adapté aux
nouveaux modes de consommation. Dotés d'un Zip, les sachets se glissent dans la poche ou le sac à main,
prêts en cas de fringale dans le métro ou entre deux rendez-vous", explique Gaël de Chassey, directeur
marketing international du groupe Nature Innovation. Après avoir séduit les Allemands ou les Japonais, cet
en-cas s'apprête à conquérir le marché américain. »
Titré « Sains et gourmands », cet entrefilet est accompagné d'une photo « © N.A ! » légendée ainsi : « Un en-cas
sain et pratique, à glisser dans la poche. » L'article se retrouve sur le site Internet du journal sous le titre « Les fruit
sticks N.A !, l'en-cas qui cartonne ».
Copyright © Acrimed | Action Critique Médias
Page 2/4
Direct Matin en flagrant délit de publicité clandestine
***
Comme les autres journaux vivant de la publicité, et notamment les quotidiens gratuits [1], Direct Matin s'est
plusieurs fois rendu coupable d'entretenir la confusion entre information et publicité. L'exemple le plus criant
concerne le service Autolib', exploité par le groupe Bolloré et qui fait régulièrement l'objet d'articles promotionnels
dans le journal du groupe Bolloré.
Les rédactions peuvent-elles résister à l'influence de la publicité sur la ligne éditoriale ? Le 8 avril 2014, dans une
interview accordée à Libération, Éric Fottorino — ancien rédacteur en chef et directeur de la publication du Monde
puis président du directoire du groupe La Vie-Le Monde — reconnaissait le poids prépondérant que possèdent
aujourd'hui les services commerciaux des entreprises de presse :
« Même si c'est un combustible très important, avoir de la publicité, c'est se contraindre dans les contenus. [...] [Au
Monde] Il y avait certaines parties du journal que je ne maîtrisais pas. Il fallait la bagnole tel jour, la conso tel autre, la
mode... Ça veut dire que vous considérez, même si vous ne le dites pas comme ça, qu'une partie de la pagination ne
vous appartient pas. Qu'elle est déjà préemptée, d'une certaine manière. Au bout d'un moment, on ne fait plus un
journal. On remplit les cases là où il n'y a pas de pubs. »
Par ailleurs, la primauté donnée aux annonceurs sur les journalistes a pour conséquence le développement de la
publicité clandestine, comme une enquête de la TagesZeitung traduite par Acrimed l'avait démontré en 2011.
Copyright © Acrimed | Action Critique Médias
Page 3/4
Direct Matin en flagrant délit de publicité clandestine
Vivien Bernard
[1] Pour plus d'informations sur la presse gratuite d'information, relire « La presse quotidienne que l'on dit "gratuite" ».
Copyright © Acrimed | Action Critique Médias
Page 4/4

Documents pareils