Situation sanitaire de l`élevage porcin en France et

Transcription

Situation sanitaire de l`élevage porcin en France et
Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1985, 4 (3), 535-549.
Situation sanitaire
de l'élevage porcin en France et conséquences
pour le commerce des reproducteurs
J . P . TILLON*
Résumé : Au cours des vingt dernières années, la production porcine s'est sensiblement modernisée en France et le modèle d'élevage le plus représentatif est
maintenant de type naisseur-engraisseur.
La situation sanitaire des élevages porcins est maintenant mieux connue
grâce à la mise en place de réseaux d'épidémiosurveillance et d'enquêtes sanitaires régionales.
L'auteur considère d'abord les maladies contagieuses, réglementées et non
réglementées, puis les maladies d'élevage, qui dépendent de multiples facteurs
de l'environnement.
Pour contrôler efficacement la situation sanitaire des élevages sélectionneurs et multiplicateurs qui vendent des reproducteurs porcins, les Services
Vétérinaires gouvernementaux donnent des agréments officiels. A ce titre, ces
élevages doivent se conformer à deux types d'exigences : l'absence de maladies
contagieuses réglementées, l'offre de garanties sanitaires contrôlées par des
examens périodiques, et contrôlables par les acheteurs lors des transactions
commerciales.
MOTS-CLÉS : Contrôle sanitaire - France - Maladies bactériennes - Maladies
porcines - Maladies virales - Méthodes de contrôle - Porc - Production animale.
A partir de 1965, l'élevage porcin français a connu une profonde mutation dont
les principaux traits sont les suivants :
— réduction du n o m b r e des éleveurs de porcs;
— accroissement de la taille des unités de production;
— apparition d'une nouvelle catégorie d'élevages : les naisseurs-engraisseurs;
— régionalisation de la production au profit de l'Ouest de la France, et de la
Bretagne en particulier;
— intensification du m o d e de production;
— progression dans la productivité;
— développement sensible de la production porcine nationale malgré l'accroissement du déficit de la balance commerciale.
Les données chiffrées concernant l'évolution de la production porcine française
figurent dans le Tableau I. Elles consacrent vingt ans d'efforts p o u r doter la France
* Ministère de l'Agriculture, Direction de la Qualité, Services Vétérinaires, Station de Pathologie
Porcine, BP n° 9, 22440 Ploufragan, France.
— 536 —
TABLEAU I
Evolution
de quelques caractéristiques de la production
entre 1965 et 1983
Nombre approximatif d'élevages
ayant des porcs
Taille moyenne des élevages de porcs
— truies
— porcs charcutiers
Production réalisée en Bretagne
(en % de la production nationale)
porcine
française
1965
1975
1983
800 000
500 000
200 000
15
120
30
180
50
240
25,0%
36,2%
45,0%
Age moyen des porcelets au sevrage (j)
45
34,5
28,5
Nombre de porcelets sevrés par truie
en production et par an
15,5
18,6
20,5
Indice de consommation
(porcs charcutiers 30 à 100 kg)
Nbre kg aliment par kg gain de poids vif
3,8
3,65
3,40
Niveau de la production porcine française
(en milliers de tonnes de carcasses)
(1000)
1128
1335
(Source : Ministère de l'Agriculture, Institut National de la Recherche A g r o n o m i q u e , Institut T e c h n i q u e du P o r c . )
d'un élevage porcin moderne, tout à fait compétitif par rapport à ses partenaires
commerciaux de la C E E . Ces résultats ont été acquis grâce à la mise en œuvre d ' u n
ensemble de dispositions parmi lesquelles nous mentionnerons plus spécialement :
— l'amélioration génétique du cheptel, aujourd'hui constitué, pour la plus
grande part, d'animaux croisés, issus des schémas de sélection et de multiplication;
— l'amélioration sanitaire, qui a contribué à faire disparaître les maladies contagieuses les plus graves (pestes porcines, fièvre aphteuse) et à réduire considérablement la prévalence de la pathologie d'élevage (maladies parasitaires, troubles digestifs et respiratoires);
— l'adoption de pratiques rationnelles d'élevage : sevrage à 26-28 j . , conduite
en bandes, contention des truies, désinfection systématique des locaux d'élevage,
abandon des parcours, médecine préventive...
— les progrès en matière d'alimentation et de logement des animaux.
Aujourd'hui, le modèle d'élevage de porc le plus représentatif de la production
française est naisseur-engraisseur; il produit 1.500 porcs charcutiers par an avec
84 truies en production, réparties en 7 bandes de 12 truies. Il achète généralement
l'aliment qui lui est nécessaire chez un industriel (privé ou coopérative) mais il convient de mentionner q u ' u n grand nombre d'élevages possèdent une unité de fabrication d'aliment composé à partir de céréales produites sur la ferme ou achetées en
dehors.
— 537 —
Les difficultés d'ordre sanitaire ne sont pas citées en tête des préoccupations des
éleveurs (Tableau II). Néanmoins, principalement dans la perspective de réduire les
coûts de production, la plupart des producteurs expriment des exigences en matière
sanitaire. Il convient de rappeler à cet égard que les pertes d'origine sanitaire (mortalité, morbidité, dégradation des performances) correspondent en moyenne à un
peu plus de 1 5 % du chiffre d'affaires d ' u n élevage de porcs (8). C'est la raison p o u r
laquelle le commerce des reproducteurs porcins fait l'objet d ' u n e surveillance, tant
de la part des producteurs que des pouvoirs publics. Avant de présenter les protocoles de contrôle sanitaire applicables à tous les élevages vendant des reproducteurs
(avec une mention spéciale pour les élevages SPF*), il nous paraît utile de rappeler
brièvement la situation sanitaire de l'élevage porcin en France.
TABLEAU I I
Principales préoccupations
des éleveurs de porcs en France en 1979-1980
Pourcentage (%)
d'éleveurs concernés
Absence de problèmes sanitaires
60
Nature de la préoccupation :
Pertes importantes en porcelets et (ou)
en porcs charcutiers
Existence de diarrhée sur porcelets :
• colibacillose
• gastro-entérites virales
Pathologie respiratoire chronique :
• pneumonie enzootique
• rhinite atrophique
12
25
6
2
2
Troubles de la reproduction :
• syndrome métrite-mammite-agalactie
• épisodes de momification foetale
7
7
(Source : E n q u ê t e de l'Institut T e c h n i q u e d u P o r c sur 1769 élevages.)
SITUATION
SANITAIRE
D E L'ÉLEVAGE
PORCIN
E N
F R A N C E
La mise en place de réseaux d'épidémiosurveillance et d'écopathologie d ' u n e
part (9), l'organisation périodique d'enquêtes sanitaires régionales d'autre part permettent d'avoir une connaissance relativement satisfaisante de la situation sanitaire
de l'élevage porcin en France.
MALADIES CONTAGIEUSES RÉGLEMENTÉES
La fièvre aphteuse n'est pas réapparue en France depuis 1981. Quelques foyers
de maladie vésiculeuse du porc ont été identifiés et détruits au cours des dernières
années : ils étaient tous en relation avec des importations d ' a n i m a u x . Les enquêtes
sérologiques réalisées sur le territoire français concluent à l'inexistence de cette
* Specific Pathogen Free = Exempt d'organismes pathogènes spécifiques (EOPS).
— 538 —
affection en France. La maladie de Teschen n ' a jamais été décrite; quant à la maladie de Talfan, de rares foyers ont été identifiés et détruits (13).
Les pestes porcines font l'objet d'une vigilance particulière au niveau de tous les
laboratoires départementaux de diagnostic, au nombre de 84 pour le territoire français métropolitain. La moindre suspicion donne lieu à des recherches diagnostiques
réalisées au Laboratoire Central de Recherches Vétérinaires d'Alfort où sont conduites parallèlement les détections des virus de la peste porcine africaine et de la
peste porcine classique.
— La peste porcine africaine est inexistante en France; néanmoins, la proximité
de zones d'endémicité (péninsule ibérique, Sardaigne) incite à la prudence. Les
importations de porcs vivants, de carcasses ou de produits transformés en provenance de ces régions sont interdites.
— L'incidence de la peste porcine classique ou européenne a fortement diminué
au cours des dernières années, permettant l'interdiction de la vaccination à partir de
1983, conformément aux dispositions préconisées au niveau de la C E E
(Tableau III). La plupart des régions françaises semblent totalement indemnes; les
foyers identifiés en 1984-1985 mettent en cause des importations de porcs en provenance de pays membres de la C E E . Quelques foyers trouvent leur origine dans les
élevages du Nord, dans une zone frontalière avec la Belgique.
TABLEAU I I I
Evolution
du nombre de foyers reconnus de peste porcine classique en France
depuis 1965
Année
Nombre de foyers reconnus
de peste porcine classique
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983*
1984
123
44
32
132
161
132
15
84
62
119
97
47
17
40
28
21
18
8
13
19
* Interdiction de la vaccination sur le territoire français à partir du
13 avril 1983 (Arrêté Ministériel du 21 mars 1983).
— 539 —
Enfin, l'emploi en Bretagne d ' u n lot de vaccin atténué contre la maladie
d'Aujeszky, contaminé par u n pestivirus (Border disease), a été à l'origine de troubles dans les élevages porcins concernés, avec réaction antigénique et sérologique
positive à l'égard de la peste porcine classique.
Quoi qu'il en soit, on considère, à l'heure actuelle, que la situation est propice à
la qualification prochaine de la France comme « territoire indemne de peste porcine
classique ».
La maladie d'Aujeszky
retient particulièrement l'attention des producteurs de
porcs en raison de ses conséquences sur le commerce des reproducteurs. O n considère, en effet, que les régions françaises doivent être différenciées à cet égard :
— La Bretagne, ainsi que certains autres départements de l'Ouest et du N o r d
de la France, sont à considérer comme des zones « non indemnes de maladie
d'Aujeszky ». La vaccination des reproducteurs est quasiment généralisée, ce qui a
pour principal effet de supprimer les avortements et les pertes en porcelets
nouveau-nés, qui caractérisent la forme clinique la plus habituelle de la maladie.
Seule subsiste une forme « grippale » en porcherie d'engraissement, liée à l'infection persistante des porcelets issus de truies vaccinées (16). Toutefois, même en
Bretagne, certaines petites régions naturelles ne sont pas touchées par la maladie
d'Aujeszky.
— Les autres régions françaises peuvent être considérées comme indemnes de
maladie d'Aujeszky; certaines d'entre elles (Midi-Pyrénées, Aquitaine, Pays de
Loire) ont même adopté des réglementations très restrictives vis-à-vis des animaux
en provenance de régions n o n indemnes.
Actuellement l'objectif des pouvoirs publics est, dans les régions n o n indemnes,
de réduire la prévalence de l'infection à virus d'Aujeszky en généralisant la vaccination (y compris celle des porcs charcutiers).
MALADIES CONTAGIEUSES NON RÉGLEMENTÉES
Il s'agit, essentiellement, de quatre maladies virales dont l'importance varie
d'une région à l'autre, et qui peuvent contrarier m o m e n t a n é m e n t le commerce des
reproducteurs.
— Les grippes (influenza) se sont développées sous la forme d'une première
vague épizootique en 1982 (souche porcine H1N1) (4) puis d'une seconde vague en
1984 (souche humaine H N ) (6). Quoique ces affections soient demeurées inconnues dans la plupart des élevages, elles ont concerné une majorité d'élevages dans
certaines régions de forte production, s'accompagnant d ' u n tableau clinique de fièvre et d'anorexie chez les truies et, surtout, chez les porcs à l'engrais. Les répercussions économiques de ces maladies sont importantes dans les élevages où préexiste
une pathologie respiratoire chronique.
3
2
— Les gastro-entérites virales contagieuses sont représentées par la gastroentérite transmissible (GET) et la diarrhée épidémique porcine ( D E P ) . Ces affections sont devenues moins fréquentes depuis 1977 (14); en outre, elles s'avèrent
beaucoup moins contagieuses et ne présentent plus de périodicité saisonnière (15).
— 540 —
MALADIES D'ÉLEVAGE
On classe, dans ces affections, quelques infections virales, ainsi que la plupart
des maladies liées à des bactéries et à des mycoplasmes réputés pathogènes (7).
Les caractères de contagiosité et d'acquisition de virulence de ces germes existent
réellement. Mais ils sont sous la dépendance de multiples facteurs d'environnement de telle sorte que l'on peut parler de déterminisme multifactoriel de ces
maladies.
— Les infections de la sphère respiratoire des porcs constituent la première
source de pertes économiques en élevage porcin (8). Leur prévalence varie beaucoup
d ' u n élevage à l'autre (10) et d'une région à l'autre (Tableau IV).
TABLEAU I V
Prévalence des lésions respiratoires chez des porcs charcutiers de 100 kg
provenant de 3 régions françaises (d'après F. Madec, 1984)
Est
Pneumonie
• Porcs ayant au moins
une lésion
• Porcs ayant des lésions
étendues
Rhinite atrophique
• Porcs présentant une atrophie
des cornets nasaux
• Porcs ayant des lésions
d'atrophie prononcée
Pleurésie - pericardite
• Porcs ayant au moins
un foyer de pleurésie
• Porcs présentant
de la pericardite
Sud-Ouest
Bretagne
27%
41%
66%
2%
8%
15%
28,8%
31%
48%
6,5%
7,1%
12%
4,1%
6,8%
17,1%
1,6%
2%
4,6%
Ces infections se présentent sous deux types de manifestations :
• des formes pures (mycoplasmoses, hémophiloses, coryza contagieux) que l'on
identifie en général dans des élevages récents ou en cours de constitution; elles sont
assez aiguës sur le plan clinique mais ne persistent pas en raison de l'apparition
rapide d'une immunité post-infectieuse de troupeau. Ces formes pures apparaissent, le plus souvent, à la suite de mélanges d'animaux d'origines différentes et de
statuts immunitaires variés;
• des formes compliquées (pneumonie enzootique, polysérites, rhinite atrophique...) persistant dans certains élevages où elles se développent d'une manière progressive de la naissance à l'abattage. Ces formes correspondent à l'association d'un
microbisme varié, dominé par les souches de Pasteurella multocida, et de nombreux
« facteurs de risque » (9). Les élevages où se perpétuent de telles affections ne peuvent prétendre commercialiser des reproducteurs.
— 541 —
— Les troubles de la reproduction sont assez rares en France. Seul le syndrome
« métrite-mammite-agalactie
» constitue une préoccupation dans certains élevages.
— Les troubles digestifs sont devenus rares en porcherie d'engraissement :
l'entérite hémorragique
(dysenterie) est quasiment inexistante depuis une dizaine
d'années; la salmonellose
et la campylobactériose
digestive sont très rares. Les
infections à rotavirus ne constituent pas un problème. Q u a n t aux troubles digestifs
du sevrage (entérotoxémie
colibacillaire ou maladie de l'œdème), ils peuvent se
manifester périodiquement dans certains élevages mais on sait les réduire assez facilement.
— Le rouget est rare en France, la majorité des truies (85%) étant vaccinées
contre cette affection. L'existence, dans certains élevages, d ' u n e infection à Streptococcus suis de type 2 (« streptocoque R ») retient l'attention des chercheurs et
spécialistes mais ne constitue pas, actuellement, une préoccupation majeure en
France (12).
— Les infections à parvovirus ou à entérovirus SMEDI préexistent dans la plupart des élevages; on évite leurs conséquences néfastes en pratiquant la contamination volontaire et la vaccination contre le parvovirus des jeunes truies et des jeunes
verrats au cours de la période de quarantaine, avant la mise à la reproduction.
L'infection due au virus hémagglutinant
de l'encéphalite
(HEV) est rarement
accompagnée de troubles cliniques; il en est de même pour l'infection à adénovirus
ou à
cytomégalovirus.
— Les affections parasitaires (nématodoses, toxoplasmose) sont très rares en
France, à l'exception de la gale sarcoptique vis-à-vis de laquelle il convient de traiter
systématiquement les animaux (lavage des truies et traitement acaricide). La coccidiose (Isospora, Eimeria) est parfois signalée chez les porcelets à partir de 10 jours
d'âge mais elle constitue rarement un problème dans les élevages.
— La brucellose et la leptospirose n'existent pas, en tant qu'infections en évolution, dans les élevages porcins français. Il peut arriver que certains animaux fournissent une réponse sérologique faiblement positive lors de tests, mais ceci constitue
une exception.
PROTOCOLES DE CONTRÔLE SANITAIRE
APPLICABLES A U X ÉLEVAGES V E N D A N T DES REPRODUCTEURS
Depuis 1965, la commercialisation des reproducteurs est soumise au contrôle
d'un organisme spécialisé, l ' U P R A Porcine*, qui exerce ses prérogatives dans le
domaine génétique et dans le domaine sanitaire. Les agréments officiels sont délivrés :
— par la Commission Nationale d'Amélioration Génétique, et
— par le Service Vétérinaire de la Santé Animale (Ministère de l'Agriculture).
La plupart des sélectionneurs et multiplicateurs adhèrent à l ' U P R A et se soumettent à ses contrôles; en 1984, on comptait 275 élevages de sélection et 750 élevages de multiplication en France. Ces chiffres recouvrent à la fois les éleveurs indé-
* U P R A Porcine, 95 bis, boulevard Pereire Sud, 75017 Paris (France) - Tél. (1) 47 63 43 12.
— 542 —
e r
pendants ( 1 collège), les élevages organisés en schémas de sélection et de multiplication, du secteur coopératif (2 collège) ou privé ( 3 collège).
e
e
Les races pures représentées en France sont, par ordre d'importance, le Large
White (Yorkshire), le Landrace français, le Piétrain et le Landrace belge. Des races
d'origine étrangère (Hampshire, Duroc, races chinoises) sont utilisées dans certains
schémas de croisement. Certaines races locales, présentant un intérêt particulier
(porcs corse, créole...) sont également sélectionnées.
En matière de contrôle sanitaire, les élevages doivent répondre à deux types
d'exigences :
UNE EXIGENCE ABSOLUE : ÊTRE INDEMNES
DES M A L A D I E S C O N T A G I E U S E S R É G L E M E N T É E S
Deux fois par an, des contrôles sérologiques sont organisés, à partir des reproducteurs adultes des troupeaux, pour contrôler l'absence d'anticorps vis-à-vis de la
peste porcine européenne, et quatre fois par an pour la maladie d'Aujeszky. E n cas
de nécessité (situation épidémiologique particulière) ou en vue de réaliser un sondage, des contrôles complémentaires peuvent être opérés (peste porcine africaine,
maladie vésiculeuse du porc, gastro-entérites contagieuses, grippes...).
La présence d'anticorps suipestiques conduit à suspecter l'existence d'une infection par le virus de la peste porcine classique avec comme conséquence, lorsque la
maladie est confirmée, l'élimination des animaux (stamping
out).
En matière de contrôle sérologique de la maladie d'Aujeszky, deux possibilités
sont ouvertes aux vendeurs de reproducteurs :
— l'obtention d ' u n certificat attestant que l'élevage est soumis à des contrôles
sérologiques trimestriels (20% de l'effectif) ayant fourni une réponse négative, et
que la vaccination contre la maladie d'Aujeszky n ' y est pas pratiquée;
— la qualification d'« élevage soumis au contrôle sérologique des descendants »
si les truies, par mesure de précaution, sont vaccinées contre la maladie d'Aujeszky.
Dans ce cas, le contrôle sérologique est effectué sur des descendants de ces animaux
et il n ' a pas la même signification que pour les élevages officiellement indemnes.
Cette différenciation a été introduite pour tenir compte de la situation d'élevages installés dans des zones non indemnes, menacés par la contamination de voisinage mais soucieux de vendre des jeunes reproducteurs présumés sains.
UNE EXIGENCE RELATIVE : INFLUER FAVORABLEMENT
SUR LE D E V E N I R DES É L E V A G E S D E R É C E P T I O N
Difficultés rencontrées
Tous les éleveurs de porcs expriment le souhait que l'achat de reproducteurs en
provenance de troupeaux de sélection ou de multiplication ne s'accompagne pas
d'effet défavorable sur la santé de leur propre élevage. Dans certains cas, on en
vient même à rechercher des garanties concernant des maladies qui ne sont pas
réglementées. Dans l'ensemble les vendeurs de reproducteurs se montrent réservés
quant à de telles garanties car, si la qualité sanitaire de l'élevage d'origine peut être
mise en cause dans certains cas (épisode récent de gastro-entérite contagieuse ou de
— 543 —
grippe, reproducteurs atteints de p n e u m o n i e enzootique ou de rhinite
atrophique...), l'élevage de réception est, le plus souvent, à l'origine des échecs concernant l'introduction des reproducteurs. En effet, les différences de niveaux infectieux et immunitaires entre les élevages d'origine et de réception peuvent induire des
effets défavorables :
a) Si l'élevage vendeur est d ' u n e qualité sanitaire nettement supérieure à l'élevage de réception, les jeunes reproducteurs introduits devront s'adapter à des conditions d'élevage et d'hygiène moins favorables, avec le risque :
— d'exprimer eux-mêmes les maladies qui sévissent à l'état enzootique dans
l'élevage de réception,
— de relancer certaines infections préexistantes qui s'étaient peu à peu stabilisées.
La pratique d ' u n e quarantaine comportant une période de contamination ménagée (contact avec des reproducteurs de réforme ou des porcelets malades dans un
local isolé, après administration des vaccins en usage dans l'élevage et de ceux qui
pourraient s'avérer utiles; utilisation d'une supplémentation anti-infectieuse de
l'aliment...) permet de réduire ce type de risque, sans le supprimer totalement.
b) Si l'élevage vendeur vient d'être touché par une maladie contagieuse ou s'il
connaît un épisode de maladie d'élevage, il existe un risque réel de contamination
du troupeau de réception ou de relance, dans cet élevage, d ' u n e pathologie préexistante. Dans ces conditions la transaction commerciale ne doit pas avoir lieu :
— avant un délai que l'on fixe à 100 jours pour les gastro-entérites contagieuses
(11) et à 60 jours pour les grippes porcines (4);
— avant disparition totale des signes cliniques et des lésions caractérisant les
maladies d'élevage. Le cas le plus difficile est évidemment celui des infections qui
passent totalement inaperçues dans l'élevage d'origine et qui se « révèlent » dans les
élevages de réception en raison de « facteurs de risque » particuliers existant dans
ces élevages (en particulier dans les élevages en cours de constitution).
En fait, il faut bien se résoudre à admettre q u ' u n e transaction commerciale de
reproducteurs s'accompagne d ' u n risque qu'il convient de minimiser. C'est l'objet
de la garantie apportée par certains contrôles sanitaires qu'encouragent actuellement les services publics et l ' U P R A .
La garantie de contrôles sanitaires périodiques
Un n o m b r e croissant d'élevages peuvent se prévaloir a u j o u r d ' h u i d ' u n statut
sanitaire satisfaisant et n o t a m m e n t de l'absence de maladies enzootiques. Ils correspondent à une qualification de niveau minimal disease et entendent s'y maintenir.
La possibilité d'acheter des reproducteurs de remplacement dans des élevages
apportant une garantie de mise en œuvre de certains contrôles périodiques a p p o r t e
une sécurité supplémentaire.
Le protocole préconisé comporte divers contrôles complémentaires :
— une visite trimestrielle de l'élevage par un vétérinaire qualifié, accompagnée
de contrôles sérologiques (grippe, parvovirose, gastro-entérites virales, mycoplasmoses...) et coproscopiques;
— des observations de p o u m o n s et groins au m o m e n t de l'abattage de porcs
charcutiers (100 kg de poids vif). Ce contrôle est r e c o m m a n d é aussi souvent que
iveau
Z
Favorable
(N
Examen
nécropsique
de 3 porcelets
Contrôles
bactériologiques,
histologiques
et coprologiques
Contrôle
de poumons
et groins
à l'abattoir
„ ,.
favorables
Voir résultats du contrôle
de routine de niveau 3
m
Nouveaux contrôles
de niveau 1, 2 et 3
degermes
Mise en évidence de germes
réputés pathogènes
en absence de lésions spécifiqi íes
ou de lésions en absence
spécifiques
Nouveau contrôle de niveau 2
et mise en œuvre de contrôles
supplémentaires de niveau 3 et
i.
Nouveau contrôle de niveau 1
Contrôle de niveau 2
(éventuellement)
Existence de signes cliniques
de maladie enzootique
Douteux
Jugement
90% au moins de poumons
10 à 20% de poumons atteinti
sans lésions. Note lésionnelle
Note lésionnelle moyenne
moyenne inférieure à 0,2*
inférieure à 0,6*
Absence de lésions des cornets
Présence de lésions discrètes
nasaux ou de déviation
des cornets sans déviation
de la cloison médiane
de la cloison médiane
Visite de l'élevage
Examen clinique
Contrôles
sérologiques et
Voir résultats du contrôle
coproscopiques
de routine de niveau 2
Opération
réalisée
TABLEAU V
Protocole des contrôles sanitaires en élevages de reproducteurs
Nouveaux contrôles
de niveau 1, 2 et 3
Association lésion + germe
spécifique
Nouveaux contrôles
de niveau 1, 2 et 3
Tous les autres cas
Mise en œuvre d'un protocole
de redressement
Maladie enzootique en évolutic
Défavorable
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possible et, au moins, une fois par trimestre. En cas d'apparition de lésions de
pneumonie la recherche de Mycoplasma
hyopneumoniae
est entreprise par immunofluorescence sur coupe congelée de p o u m o n (2); sur les mêmes prélèvements on
procède à la recherche de Pasteurella
multocida;
— le sacrifice et l'examen nécropsique, bactériologique, histologique et parasitaire de trois porcelets de 8 à 12 semaines d'âge. Ces animaux doivent être représentatifs d'un lot de porcelets susceptibles d'être commercialisés. Ce contrôle est à réaliser
au moins une fois par an et à chaque fois que la situation de l'élevage peut l'exiger.
L'interprétation de l'ensemble des résultats ne sera pas détailiée ici. Néanmoins,
on peut retenir qu'elle procède de la chronologie résumée dans le Tableau V.
SITUATION DES ÉLEVAGES « SPF »
Les dispositions que nous avons présentées au chapitre précédent s'appliquent
ou peuvent s'appliquer à tous les élevages vendant des reproducteurs porcins. Ces
élevages ont été constitués, à l'origine, de trois manières :
— à partir d'élevages de sélection préexistant en France ou à l'étranger, certains
de ces élevages ayant eux-mêmes été constitués selon la « méthode S P F »;
— à partir d'hystérectomies ou d'hystérotomies aseptiques : depuis 1971 près de
1.500 truies ont été utilisées dans des opérations de ce genre, permettant de créer
une cinquantaine d'élevages S P F .
A la différence d'autres pays (Danemark, Grande-Bretagne, Suisse...), il n ' a pas
été constitué en France d'association officielle permettant de valoriser la qualité
sanitaire ainsi obtenue. P a r contre, de nombreuses organisations économiques
(coopératives, firmes privées) respectent des règles d'élevage et des préceptes hygiéniques particuliers pour ce type d'élevages qui représente, à l'heure actuelle, plus de
la moitié des vendeurs de reproducteurs.
Les statistiques (Fig. 1) présentées p a r le principal organisme réalisant les opérations d'hystérotomie* m o n t r e n t q u ' u n intérêt soutenu est manifesté par les producteurs pour les porcins S P F qui continuent d'alimenter les schémas de sélection et de
multiplication existant en France et permettent, n o t a m m e n t , de remplacer les élevages déficients ou contaminés.
Divers centres de recherche français pratiquent régulièrement des hystérectomies
pour la production de porcelets axéniques destinés à l'élevage en isolateurs ou en
salles étanches. C'est le cas de 1TNRA (Institut National de la Recherche A g r o n o mique) et de la Station de Pathologie Porcine de Ploufragan (1) qui utilise chaque
année 800 porcs S P F (dont 200 axéniques) pour ses expérimentations. En cas de
nécessité, ces centres seraient en mesure de participer à la création d'élevages S P F .
CONCLUSION
On peut considérer, à l'heure actuelle, qu'il existe en France des élevages susceptibles de répondre aux exigences sanitaires du commerce international des
* C C P A (Directeur : Dr. M. Ravaud), Z . A . Beaux Soleils, BP 220, 95523 Cergy-Pontoise Cedex Tél. (1) 30 31 06 70.
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FIG. 1
Evolution de la production par hystérotomie aseptique de truies
destinées à des troupeaux de sélection en France
reproducteurs porcins. C'est ainsi q u ' a u cours de l'année 1984, des truies et des verrats ont été expédiés avec succès vers des pays aux exigences sanitaires rigoureuses
tels que la République Populaire de Chine et le J a p o n .
En fait, dans tous les cas, une opération commerciale se prépare durant de longs
mois; cette période peut être mise à profit pour évaluer la qualité sanitaire des élevages d'origine et, surtout, préparer la réception des animaux chez le destinataire.
Dans ce but une collaboration franche et loyale doit s'établir entre l'acheteur et le
vendeur en ayant recours, le cas échéant, aux conseils d'un spécialiste ou d ' u n laboratoire de contrôle.
C'est pour cette raison que l'on s'est refusé, en France, à substituer aux responsabilités du vendeur et de l'acheteur un prétendu agrément officiel qui aurait, d'une
manière ou d'une autre, engendré des fraudes ou des malversations. Après 10 ans
de création d'élevages S P F , on peut considérer que cette attitude a été celle de la
sagesse.
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THE VETERINARY SITUATION OF PIG FARMING IN FRANCE AND CONSEQUENCES FOR THE BREEDING TRADE. — J.P. Tillon.
Summary : Over the past twenty years, pig breeding in France has been considerably modernized and the most usual type of farm to be found nowadays is
of the breeding/fattening variety.
The health situation of pig farms is now better known because networks
for epidemiological surveillance and regional veterinary surveys have been set
up.
The author first considers the situation of the notifiable and non-notifiable
contagious diseases, and then diseases associated with breeding, which are
caused by multiple environmental factors.
To effectively control the health situation of farms which practice selection
and breeding, and which sell pigs for breeding purposes, the government Veterinary Services confer official approval. To obtain this, the farms have to conform to two requirements: the absence of notifiable contagious diseases, and
an agreement for veterinary supervision by periodic examination, which can
be verified by buyers at the time of commercial transactions.
KEY-WORDS : Animal production - Bacterial diseases - Disease surveillance France - Swine - Swine diseases - Testing procedures - Veterinary services - Viral diseases.
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SITUACIÓN SANITARIA DEL GANADO DE CERDA EN FRANCIA Y CONSECUENCIAS PARA EL COMERCIO DE REPRODUCTORES. — J.P. Tillon.
Resumen : En los últimos veinte años, la producción porcina se ha ido modernizando considerablemente en Francia, siendo ahora el modelo de cría más
representativo el de tipo nacimiento-engorde.
Con la constitución de redes de epidemiovigilancia y de encuestas sanitarias regionales, se conoce ahora mejor la situación sanitaria de las granjas porcinas.
. El autor contempla primero las enfermedades contagiosas, reglamentadas
o no, y seguidamente las enfermedades de cría, las cuales dependen de múltiples factores ambientales.
Para controlar con eficacia la situación sanitaria de las granjas seleccionadoras y multiplicadoras que venden reproductores porcinos, los Servicios
Veterinarios gubernamentales otorgan reconocimientos oficiales. En este concepto, estas granjas deben atenerse a dos tipos de exigencias: la inexistencia de
enfermedades contagiosas reglamentadas, y la oferta de garantías sanitarias
controladas con exámenes periódicos, controlables por los compradores en las
transacciones mercantiles.
PALABRAS CLAVE : Cerdo - Control sanitario - Enfermedades bacterianas Enfermedades porcinas - Enfermedades víricas - Francia - Métodos de control -Producción pecuaria.
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