LauraStar ou le repassage à toute vapeur depuis trois décennies
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LauraStar ou le repassage à toute vapeur depuis trois décennies
3 5 CHÂTEL-ST-DENIS Réunion samedi de l’Association des communes fribourgeoises 5 NOVEMBRE 2010 – NO 41 FR. 1.70 7 FOOTBALL Les matchs de 2e et 3e ligue Anthony Guyot est l’Encadreur du Jorat depuis bientôt 25 ans 6 MÉMENTO - CINÉMA AVIS MORTUAIRES MÉZIÈRES (VD) m le VEVEYSE – RÉGION D’ORON – JORAT essager J.A. 1618 Châtel-Saint-Denis ENTREPRISE CHÂTEL-ST-DENIS LauraStar ou le repassage à toute vapeur depuis trois décennies Installée depuis 1993 à Châtel-St-Denis, LauraStar célèbre ses 30 ans d’existence. Chronologie d’une success-story qui ne fait aucun pli avec son cofondateur, Jean Monney. imaginés par le même inventeur. La mousse des ristretti était alors loin de se douter que la vapeur s’apprêtait à lui voler la vedette. «J’ai tout de suite été fasciné par Bertani. Je ne connaissais rien au repassage, si ce n’était l’image de ma mère avec son bon vieux Jura. Mais j’ai simplement pris le temps de l’écouter et de comprendre cette invention qu’il a développée en observant sa femme repasser et en se posant la question: «Mais pourquoi n’y a-t-il pas de produit aussi efficace que le pressing pour les ménagères?» L es années 70. Petites fleurs et grands idéaux. Dans une communauté religieuse qui finira par disparaître comme les pattes d’ef, l’amour et l’eau fraîche stimulent la créativité de cinq jeunes dont Jean Monney et sa future épouse. L’esprit entrepreneurial exhale son premier souffle avec la commercialisation d’accessoires de mode, tandis que la pensée soixante-huitarde s’époumone. «Au bout de quatre ans, j’en ai eu marre de faire rêver les gens avec des bijoux en fleurs! J’avais envie de trouver des produits qui répondent à un réel besoin», se remémore Jean Monney. La démo en maître Teintée ou non d’un machisme coupable, la trouvaille de Bertani monnayait alors son génie à un prix – 800 francs en 1980 – douze fois supérieur à celui d’un fer classique. Un aspect a priori rédhibitoire qui poussait les entrepreneurs à la ranger au placard. C’était compter sans une connaissance, Rebecca, à qui Jean Monney avait fait tester le système: «Elle en était tellement convaincue qu’elle ne m’a pas lâché. J’ai fini par craquer en lui louant un emplacement à Avry Centre. La première semaine, elle en a vendu six, la seconde trente-deux… C’était inespéré.» C’est ainsi que la démonstration est devenue une véritable institution chez LauraStar. «Notre fer… de lance», glisse malicieusement le cofondateur. Qui ne compte plus le nombre de bonimenteuses qui ont arpenté foires, comptoirs De LauraBar à LauraStar A une époque où la capsule Nespresso s’appelait filtre Melitta, les compères flashent sur les machines à café d’un inventeur transalpin, Carlo Bertani. Et lancent la société… LauraBar, du prénom de la créatrice Laura Biagiotti qui commercialisait leurs bijoux fantaisie. Aux côtés des machines à café ramenées d’Italie, deux drôles de systèmes à repasser Du fils de syndicaliste au patron tences de gestionnaire. Mais, pour diriger les 220 employés des filiales établies en Suisse, en Allemagne, en France, en Belgique et aux Pays-Bas, l’homme de 58 ans n’a pas oublié les valeurs inculquées par son éducation chrétiennesociale: «Il faut de l’humanité pour diriger une firme et croire en la valeur des personnes. J’ai la chance d’avoir de l’écoute et de l’empathie pour les autres, des qualités qui m’ont sans cesse permis d’évoluer dans ma vie comme dans mon travail.» YNG Fascination pour le commerce ou revanche sociale? Le parcours de Jean Monney tient probablement des deux. Fils d’un syndicaliste décédé jeune, il a découvert le monde des affaires en accomplissant un apprentissage de commerce dans l’horlogerie chez Richard SA à Morges. «C’est là que j’ai pris conscience que l’on pouvait socialement évoluer et aller de l’avant. Mais je crois que j’ai toujours eu le sens du commerce, le don de convaincre.» Il a certes fréquenté les écoles de management pour affûter ses compé- Le rendez-vous de la forme! Publicité <wm>10CAsNsjY0MDQ20DUyNTQyNQUAWhJd6w8AAAA=</wm> wm>10CEXKMQqAQAxE0RNtmEkYYU0pu5VYqHgCsfb-lWLjh9f9eU4ZPlNb9rYmwUBx0aUMhwWVlKxiSBLuIEbK34I1_7u0XjagAwdo93k9ANSLvF0AAAA=</wm> Dès 69.–/mois et autres marchés pour vanter les qualités du produit. «C’était indispensable d’expliquer son fonctionnement et ses avantages en direct pour que le consommateur le comprenne et accepte la différence de prix.» Et, bien que la marque soit rentrée dans la grande distribution au milieu des années 1990, 20% des affaires se concluent aujourd’hui encore en démonstration. Entre vapeur et sueur Aussi surprenant qu’il puisse paraître, ce mode de diffusion a autant profité au développement des produits qu’à la vente. C’est que, entre vapeur et sueur, les démonstratrices étaient régulièrement confrontées aux plus sceptiques qui se plaisaient à leur soumettre les tissus les plus incongrus à repasser. Ajoutée aux remarques des utilisateurs, cette foule d’informations n’a fait que renforcer le savoir-faire de la marque. Mais, comme rien n’est plus fragile que le leadership, LauraStar n’a eu de cesse d’innover pour garder la concurrence à distance. En 1986, elle dévoile le Premium, premier système de repassage complet, suivi en 1996 du Magic équipé d’une table avec aspiration et soufflerie. Depuis, les nouveautés se sont succédé à un rythme soutenu jusqu’au lancement de la semelle active tridimensionnelle en août dernier. La concurrence se réveille Larguée par l’avancée technologique du leader, la concurrence n’a jamais été en mesure de bousculer son hégémonie dans les systèmes de repassage complet. Elle a préféré se retrancher dans le segment des stations vapeur pour grignoter quelques parts du gâteau. Le phénomène affectera l’Allemagne, second marché derrière la Suisse, au point de faire chuter le chiffre d’affaires de LauraStar de près de 20% entre 2002 et 2005. Pour enrayer la tendance, Jean Monney se retire avec humilité de la direction générale en 2006, pour ne conserver que sa casquette de président du conseil d’administration. «Il fallait prendre des décisions stratégiques et j’ai pensé qu’il était préférable d’engager un expert du commerce international pour me succéder comme directeur.» De la fermeture de l’usine tessinoise de Bloggio (TI) aux licenciements, les mesures sont draconiennes, mais les résultats escomptés ne suivent pas. Jean Monney finit par reprendre la barre en 2009 pour ramener l’entreprise à la profitabilité. Cette parenthèse douloureuse a eu le mérite de recentrer ses convictions. Sans contester tous les choix opérés, il regrette la froideur du management appliqué entre 2006 et 2008: «On ne peut pas baser la qualité d’une firme uniquement sur des procédures stric- messager Publicité le Hebdomadaire d e l a Ve v e y s e , de la région d’Oron et du Jorat WWW.GOLDGYM.CH tél. 021 943 55 77 A 58 ans, Jean Monney reste plus que jamais attaché à LauraStar, firme qu’il a cofondée en 1980 YNG Case postale 112 – 1618 Châtel-St-Denis 021 948 20 20 – [email protected] tes. On doit savoir conserver de l’humanité en écoutant, en acceptant les erreurs et en faisant confiance aux gens qui travaillent chez nous.» Avec l’arrivée de son fils Michael à la direction commerciale du marché suisse, le quinquagénaire atteste que l’esprit familial n’est pas près de s’évaporer. Pas plus que le nom LauraStar qui accapare le tiers des dépenses liées au repassage en Suisse. Comme velux, scotch ou frigidaire, la marque pourrait bien s’inviter un jour dans le dictionnaire des noms communs. Ce ne serait que juste récompense de son savoir… fer. Yves-Noël Grin