Les Juifs en Chine - Lenculus-le
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Les Juifs en Chine - Lenculus-le
LES JUIFS EN Henri CHINE CORDIER PROFESSEUR A L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES ^'îJ^vrr!^ A D> PARIS LIBRAIRIE LÉOPOLD CERF I 3, RUE DE MÉDICIS, l3 189I A Monsieur Joseph DERENBOURG EN L HONNEUR DE SON 21 août lOQI. 8oe ANNIVERSAIRE CHINE LES JUIFS EN A propos de l'Antisémitisme. posée, jamais question juive ne LA Chine, pour d'excellentes raisons s'est rités les auto- chinoises n'ont connu Pexistence des Juifs, confondus par avec elles ment du Juifs, — les musulmans, que par l'isolement des xvii^ siècle; d'autre part, ils commence- ont découverts au les chrétiens, qui les petit : en — ne formaient qu'une colonie, nombre, — quelques centaines, raient guère l'attention en aucune façon, les sur eux et — leur n'atti- ne pouvaient, rendre redoutables au gou- vernement impérial. Au commencement du Père Matteo Ricci, le xvii* siècle, fondateur de la le célèbre mission des la visite d'un jeune Juif: celui-ci lui déclara qu'il n'adorait qu'un seul Dieu, Jésuites à Peking, reçut prit à la mission l'image de la Vierge avec l'Enfant Jésus pour celle de Rébecca avec Esaû ou Jacob, dit qu'il venait de Kaï-foung fou, dans la et province du Ho-nan, où séjournaient dix ou douze familles g LES JUIFS EN CHINE - dans laquelle de sa religion, ayant leur synagogue, étaient renfermés des livres écrits dans semblable à celle Ricci : c'était d'une Bible que lui de sa mission, ne put se rendre il dans le de la parfaitement braïque les les sections furent trou- commencement conformes à la et de la Bible hé- de de Planiin, excepté qu'il n'y avait pas points voyelles dans l'exemplaire chinois Plus tard, sant, besoins ; colonie juive, toutes « et Kaï-foung fou, à chinois y envoya à sa place un jésuite possession en Pentateuque manuscrit du vées, après l'examen du fin, montra de l'hébreu. Ricci, retenu à Peking par l'âge mais une langue les jésuites ». Aleni (i6i3), bon hébraî- mais qui ne put voir aucun livre; Gozani Gaubil et Domenge, visitèrent Kaï-foung (1704), fou, d'où rapportèrent quelques ils renseigne- Li-pai ments. Les Juifs appelaient leur synagogue à était Se, lieu des cérémonies, dont l'entrée l'orient; ils conservaient un grand nombre de ceux de Josué livres, parmi lesquels se trouvaient Jérémie ils et des Juges, Samuel, David, Isaïe, ; n'avaient phètes, Habacuc I. rien ils et d'Ezéchiel. Parmi possédaient Jonas, les petits pro- Michée, Nahum, Zacharie'. Lettre du P. Jean-Paul Gozani, miss, de la Compagnie LES JUIFS EN CHINE Depuis lors, de 7 nouveaux documents furent envoyés en Europe, particulièrement par le jésuite Ignace Kœgler, président du tribunal des mathé- matiques à Peking, xviii" siècle et au et ils du furent l'objet à la tin commencement du xu°, d'inté- ressantes publications faites par le célèbre érudit Christophe-Théophile de Murr'. Français n'étaient pas restés D'ailleurs, indifférents à les ces de Jésus, au Père Joseph Suarez, de la même Compagnie. Traduite du portugais. (A Cai-fum-fou, capitale de la province de Ho-nan à la Chine, le 5 de novembre 1704.) (Lettres édifiantes, anc. éd. VII, p. i; Mérigot, XVIII, pp. 31-48; Pant. litt., III, p. 149.) I. Notitiae quaedam circa SS. Bihlia ludaeorum in Caifung, metropoli Provinciae Honân in Imperio Sinensi. (D'après Kœgler, Murr, Journ. pir Kunstu. Litt., VII, 1779, Zusastze zu den Nachrichten P. Ignaz Kœpp. 240-252.) — glers, S. I., von der heil. Schrift A. T., welche die Juden in Cai-fung-fu, der Hauptstadt der Provinz Honang im Kaiserthume Tai-tsing, oder Sina, in ihrer Synagoge aufbe- wahren. VII Theil, seq.) lis — S. 240 u. Ignatii Koegleri, S. J. f. [Ibid., IX, 1780, pp. 81 et Pekini Mathematici tribvna- Praesidis, Mandarini secvndi ordinis, adsessoris svpremi missionvm sinensivm et japonicarvm, Notiliae S. S. Bibliorvm Jvdaeorvm in Imperio tribvnalis Ritvvm, et antistitis Seriem chronologicam atqve Diatriben de Sinicis S. S. Bibliorvm Versionibvs addidit Christophor. Theophil. de Mvrr. Cvm Tabvla aenea. Halae ad Salam, formis et svmtv I.C. Hendelii, i8o5, in-8, p. 83. Sinensis. Editio altéra, avctior. — Versuch einer Geschichte der Juden in Sina. Nebst P. Ignaz Kœglers Beschreibung ihrer heiligen Bûcher in der Synagoge zu Kaifong-fu, und einem Anhange ûber die Entstehung des Pentatevchs. herausgegeben von C. G. von Murr, Halle, J. G. Hendcls Verlag, 1806, in-8, p. i36. LES JUIFS EN CHINE 8 études et l'abbé Brotier avait donné dans son édi- tion de Tacite, publiée en 1771, une dissertation Chine sur les Juifs établis en ' ; De Guignes avait repris le sujet en 1808', et nous retrouvons, plus notre immortel Silvestre tard, pant de la même àe. Sacy, insérés dans les Notices et Extraits des crits de la bibliothèque du Roi L^imporiance attachée à par les Sociétés Kaï-foung fou elle 1. envoyée dans De . de la Bible forcément conservés à une mission d^enquête cette ville Judaeis Sinensibus. (C. en i85o, par la fut- Lon- Cornelii Taciti Opéra reco- . anciennement à litt. devait Gabriel Brotier. III, Parisiis, 1771, pp. Sôy-SSo.) Observations sur plusieurs familles juives établies gnovit. 2. ; la revision sur les livres aussi, ^ Manus- '. protestantes leur attention attirer s'occu- question dans des mémoires tirés la Chine. Par des registres de J. De Guignes. [Mém. de l'Acad. des Inscr. et Belles- Lettres. XLVIII, 1808, pp. 763-770.) Notice d'un manuscrit du Pentateuque, conservé dans synagogue des Juifs de Cai-fong-fou. Par A. I. Silvestre de Sacy. [Not. et Ext. des Ms. de la Bit. du Roi, IV, an 7, Notice d'un manuscrit syriaque écrit à la pp. 592-625.) Chine, contenant une portion de la version syriaque de l'Ancien Testament, des Cantiques, et diverses prières. Par 3. la — S. de Sacy. [Ibid., XII, i83i, pp. 277-286.) Jews in China; notices of those in the East by Joséphus, Peritsol, Benjamin of Tudela, Manasseh, and the Jesuits. By E. C. Bridgman. [Chinese Repository, III, 1834, The Jews in China their Synagogue, pp. 172 et seq.) their Scriptures, their History, etc. By James Finn. Lon4. — don, 1843, in-i2, p. 85. : LES JUIFS EN CHINE 9 don Society for prumoting Christianity the Jews publiés résultats les ; de enquête furent cette Chang-hai en i85i, par Georges Smith, à lord-évêque de Victoria (Hong-Kong)'. enquête, vinrent Chang-hai, — sède A la suite deux Juifs de Kaï-foung fou de cette à among et Ton donna — je les pos- des fac-similés des manuscrits de la syna- gogue, dont les plus importants sont des portions de TExode'. Voici d'ailleurs liste la duits à l'époque avec manuscrits repro- des général de le titre : Fac-similés ofthe Hebreip Manuscripts, obtaîn- — ed at the Jewish Synagogue in Shanghae London Missionary : Printed at the K'ae-fung-foo Society's Press. i85i. in-4. heing a narrative of a 1. The Jews at K'ae-fung-foo mission of inquiry to the Jewish Synagogue at K'ae-fungfoo, on behalf of the London Society for pronvoting chriswith an introduction, by the tianity among the Jews Right Revd. George Smith D.D. Lord Bishop of Victoria. : : Shang-hae, London Miss. Society's Press, i85i, br. in-8, On Jews in China. [N. C. Herald, n" 25, 18 janv. pp. 82. — i85i.) 2. The K'ae-Fung-Foo manuscripts rald, n» 55, 16 août i85i) (Art. signé J. W. ciety, vol. III, — On [Xorth China He- the Jews at Khai-fung-fu G. dans le Journ. of the Am. Oriental SoOn a Hebrew Ms. of pp. 235 et seq.^ — ïï° I, the Pentateuch, from the Jewish Congrégation at Kai-fungprefu in China, by Mr. John W. Barrow of New-York ; sented by Dr. Martin. (Communication Soc, may, 1869, Journal, IX, n» 2, p. liii.) to the Am, Or, LES JUIFS EN CHINE 10 Contient : i3th Section of the a) ciiapter The I. v. last \. Law. to chapter mn^ 6. v. i. nbNi Exodus, inclusive. page contains the following note. Holi- ness to Jehovah. The Rabbi Akiba, Aaron, the son of Ezra heard it. Shadiavor, the son of Moses witnessed the Son of the son of Bethuel, the son of Moses read decai, — believed in Jehovah; and he counted it. it. it to Mor- And he him for righteousness. b) 23rd Section of the Law. impD nbN Exodus, chapter 38. — to chapter 40. v. 38. inclusive. 21. v. The following note is page. Holiness to Jehovah. Phinehas, the son of appended The c) learned Rabbi I hâve waited oh Jehovah. Amen. 3oth Section of the Law. chapters the last son of Joshua, the Israël, the son of Benjamin, heard the reading. for thy salvation, to diU5n73 Leviticus, 19 and 20. d) 47th Section RONOMY, chapter of the Law. 11, v. "^mï* tMil Deute- 26, to chapter 16, v. 17 inclusive. e) /) -ib nb'û. r.^-i g) ^'Wn N n. H'i'^'D. Il est très que intéressant de noter le peu d'attention les Juifs d'Europe, malgré les renseignements LES JUIFS EN CHINE I I fournis par catholiques et protestants, ont accor- dée à leurs coreligionnaires de Chine dans une en 1760, anglais, que lettre écrite cependant, en hébreu et en publiée ailleurs', les marchands de Londres essayèrent de se mettre en rap- juifs port avec qui j'ai ; les du Ho-nan. Le seul Israélites rendu se soit ciant de Vienne, à J. Kaï-foung fou L. est juif un négo- Liebermann, qui y est allé en 1S67, mais n'a pas rapporté grand'chose d'in- juif converti, qui a voulu pas obtenu des Chinois parmi Scherechewsky, L'évêque protestant téressant'. visiter depuis, n'a les Tautorisation de résider ses anciens frères. Après cet historique des efforts tentés pour con- naître quelque chose des Juifs en Chine, le résultat : Chine par Les Juifs arrivèrent en après la prise siècle sous en voici la Perse, de Jérusalem par Titus, au premier de notre ère, sous la l'empereur Ming-ti. dynastie des On quelquefois, avec ceux qui les a Han et confondus, pratiquaient les reli- gions de rinde, Tian-tchou-kiao ; mais surtout et depuis des siècles, d'une façon presque absolue, avec 1, 2. les mahométans, Hoiœi-hoiiei ou Hoiiei-tseu Revue de V Extrême-Orient. Notes on the Jews in China. july II, 1879, p. 12.) ; [Tlie Jewisli CJirotiicle, LES JUIFS EN CHINE 12 entre eux, ils s^appellent Tiao-kin-kiao, gion qui extirpe les nerfs Comme ». possédaient des livres vu, ces Juifs que plus Thébreu savaient pas comprendre versets sans en le prières en latin, dont Lorsque récitent les comme, d Taï-ping, Kiang, remontèrent vers ail- population, la littoral. J'en mon ai dispersée, venus étaient à ; avaient, ils Chang-hai caractéristiques de leur comme et ses villes, les race, membres trois, la se le dont l'un deux qui les i85i, le le reste jusque sur comme en 1867, avec fut, connu deux ou tailleur quittant Nord en le réfugièrent, dans plusieurs vêtus musulmans n^entendent pas un mot. ils rebelles les colonie juive de Kaï-foung fou était ne ils beaucoup de gens chez nous disent leurs leurs, de mais ils sens, la reli- nous Tavons les Tarabe du Coran, dont chinois ; « les quoiqu'ils traits fussent autres Chinois et portassent la natte. La plupart sont retournés à Kaï-foung fou, docteur W.-A.-P. Martin, qui les a et le visités en t866, dit qu'ils n'étaient plus que trois ou quatre cents, tous Peking vers 1870, pour chercher des secours d'argent aide, ils Quelques-uns d'entre eux pauvres. étaient venus à ; mais, n'obtenant pas grand' durent repartir. D'ailleurs, ils finiront, comme toutes les autres LES JUIFS EN CHINE . par être absorbés par races, l3 Chinois les deux : d'entre eux sont des mandarins, partant confucianistes, au moins pour prêtre bouddhiste Comme on forme la mais il un autre le voit, il n'y avait pas lieu de per- Le Chinois est, à la extrêmement tolérant en matière de est est ! sécuter les Juifs, en Chine. vérité, ; culte ; exagéré de dire qu'il n'y a jamais eu de Chine. guerre religieuse, en Il y a eu souvent persécution, mais non pas guerre religieuse contre pour les chrétiens, cette très bonne raison qu'il n'y a pas possibilité de guerre entre une nation dont le chiffre statisticiens, de la population est évalué, par les entre trois cent et quatre cent mil- lions d'habitants, et les disciples d'une religion, tous compris, qui, comptent mille adhérents. Mais cela remonte il y a à peine cinq cent eu lutte acharnée, et à toutes les époques, entre les autres groupes religieux de la Chine. Je ne rappellerai que la lutte de Chi Houang-ti contre les confucianistes, relles contre dhistes, et et enfin naguère contre pour les les les deux innombrables que- taoïstes et les boud- terribles guerres faites musulmans, particulièrement contre ceux du Yun-nan. religieuses se les Les guerres soi-disant doublent toujours d'une question LES JUIFS EN CHINE 14 ou politique, sociale Chine, et c'est pour ont été persécutés, les chrétiens qu'en cela et les mu- sulmans combattus. Or, dans l'Empire du Milieu, aucun problème quand pour il la ni politique n'étant social s'agissait des Juifs, persécution ni pour il la guerre. tolérance ni libéralisme dans l'espèce, férence et 1. ignorance Mémoire sur XXIV, pp. fiantes, en jeu n'y avait place ni Il il n'y a ni y a indit- '. les Juifs établis 56-100.) en Chine [Lettres édi- — Époque de l'entrée" des Juifs en qu'ils y portent le Pentateuque au vi« siècle avant notre ère, par M. l'abbé Sionnel. [Annales de philos, Israélites in China. By Alexander chrét.^ 2° série, XIV.) Wylie. [Cliinese and Japanese Repository, i863, July, August, Chine; preuves — — Recherches sur l'exisN"" I, pp. i3-22, II, pp. 43-02.) tence des Juifs en Chine depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par Mr. A. Wylie. Mémoire traduit de M. l'abbé Th. Blanc, et annoté par M. G. PauAnnales de Philosophie chrétienne, n"' 5o et 5i, février et mars 1864.) Paris, bureau des Annales de Account of an OverPhilosophie, 1864, br. in-8, p. 33. land Journey from Peking to Shang-hai, made in february and march 1866. By Rev. W. A. P. Martin, D. D. [Journal North China Brandi Royal Asiatic Society, new séries, "^he Jews in China. By n» III, déc. 1866, pp. 26-39.) « Old Mortality » [Henri Cordier] [Shanghai Budget, i3 sept. Les Juifs en Chine. (Mémoire inédit du P. Cibot, i8y3.] publié par le P. Sommervogel dans les Etudes religieuses, Voir également 2 1» année, 5' sér., XII, 1877, pp. 748-758. dans les Mém. conc. les Chinois, XV, pp. 52-58 « Digression sur le tems où les Juifs ont passé en Chine. » l'anglais par thier. (Extrait des — ~ _ — : (Par le P. Cibot.) 635-638. — Henri Cordier, Bibliotheca Sinica, col. VERSAILLES, IMI>. CERF ET FILS, 5g, RUE DUPLESSIS.