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UNIVERSITE PARIS-EST CRETEIL VAL DE MARNE
Faculté de médecine de Créteil
Année : 2015
N°
THESE
POUR LE DIPLOME D’ETAT
DE DOCTEUR EN MEDECINE
DISCIPLINE: MEDECINE DU TRAVAIL
PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE : 30 MARS 2015
PAR
Mme CARRIE Noémie
Née le 19 février 1983 à Athis-Mons
TITRE : PERTINENCE, EN MEDECINE DU TRAVAIL,
DES
QUESTIONNAIRES DE REPERAGE UTILISES POUR EVALUER UNE
CONSOMMATION D’ALCOOL A RISQUE OU NOCIVE.
PRESIDENT DE THESE :
Pr CHOUDAT Dominique
DIRECTEUR DE THESE :
Pr LEJOYEUX Michel
LE CONSERVATEUR DE LA
BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE
UNIVERSITE PARIS-EST CRETEIL VAL DE MARNE
Faculté de médecine de Créteil
Année : 2015
N°
THESE
POUR LE DIPLOME D’ETAT
DE DOCTEUR EN MEDECINE
DISCIPLINE: MEDECINE DU TRAVAIL
PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE : 30 MARS 2015
PAR
Mme CARRIE Noémie
Née le 19 février 1983 à Athis-Mons
TITRE : PERTINENCE, EN MEDECINE DU TRAVAIL, DES QUESTIONNAIRES DE
REPERAGE UTILISES POUR EVALUER UNE CONSOMMATION D’ALCOOL A
RISQUE OU NOCIVE.
PRESIDENT DE THESE :
Pr CHOUDAT Dominique
DIRECTEUR DE THESE :
Pr LEJOYEUX Michel
LE CONSERVATEUR DE LA
BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE
REMERCIEMENTS :
Il est difficile de citer toutes celles et tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à ce travail de thèse. Il
est le fruit de rencontres avec plusieurs personnes à qui je tiens à adresser mes profonds remerciements.
Tout d’abord, je remercie le Professeur Lejoyeux pour sa disponibilité et son soutien qui m’ont été fort
précieux tout au long du déroulement de cette thèse. Je remercie également le Professeur Choudat pour
avoir accepté de présider cette thèse et pour son partage d’expérience qui m’a beaucoup apporté tant
sur le plan professionnel que sur le plan humain. Je tiens aussi à remercier le Dr Garnier, le Pr Pairon, le
Dr Louet et le Dr Houzel pour leur accompagnement et leur investissement tout au long de mes stages.
J’adresse un remerciement spécial à mes parents, Philippe et Evelyne, pour leur soutien infaillible et pour
m’avoir permis d’être ce que je suis.
Je remercie également mes frères, Mathieu, Maxime et Théo et ma grand-mère pour leur amour et leur
soutien.
Un grand merci à mon ami Pierre-Marie, qui m’a prodigué amour et encouragements tout au long de
cette thèse.
Je remercie aussi mes amies de toujours, Aurélie et Karen pour leur présence, leur compréhension et leur
indéfectible soutien.
Enfin, je remercie toutes les personnes rencontrées durant mes études et qui m’ont permis d’avancer.
C’est à vous tous que je présente les résultats de cette recherche qui met un terme à ma vie académique
et qui marque le début de ma vie professionnelle.
2
TABLE DES MATIERES
1.
INTRODUCTION ....................................................................................................................................................... 5
2.
METHODE ................................................................................................................................................................ 6
3.
Description de la consommation d’alcool, des risques encourus et des dommages induits ................................. 7
4.
5.
3.1.
L’alcool selon l’OMS ........................................................................................................................................ 7
3.2.
Les critères de dépendance à l’alcool selon le DSM-IV (3) ............................................................................. 9
3.3.
Critères de dépendance selon la CIM-10 (25)............................................................................................... 10
3.4.
Comment décrire la consommation d’alcool dangereuse, nocive et la dépendance à l’alcool ................... 11
3.5.
L’alcool et le monde du travail ...................................................................................................................... 13
Alcool et santé....................................................................................................................................................... 17
4.1.
L’alcool augmente-il le risque de dommage sociaux et de dommages causés aux tiers ? ........................... 17
4.2.
L’alcool augment il le risque de morbidité ? ................................................................................................. 19
4.3.
La consommation d’alcool est- elle sans risque ? ......................................................................................... 23
4.4.
Quel est le profil le plus à risque d’alcoolopathies ? .................................................................................... 24
4.5.
Dans quelle mesure l’alcool influence-t-il la morbidité ? ............................................................................. 25
Repérage d’une consommation d’alcool à risque ou nocive ................................................................................ 27
5.1.
Le repérage d’une consommation d’alcool à risque ou nocive est-elle utile ? ............................................ 27
5.2.
Chez quels salariés une consommation dangereuse et problématique d’alcool doit être dépistée ? ......... 27
5.3.
Quels sont les différents outils de dépistages ?............................................................................................ 29
5.3.1.
Les questions sur la quantité/fréquence de consommation ................................................................ 30
5.3.2.
Le test AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test) .................................................................... 32
5.3.3.
Le questionnaire AUDIT-C. .................................................................................................................... 38
5.3.4.
L e test FACE (Fast Alcohol Screening Test) .......................................................................................... 40
5.3.5.
Le questionnaire CAGE/DATA ............................................................................................................... 43
5.3.6.
Le test T-ACE ......................................................................................................................................... 45
5.3.7.
Le test TWEAK ....................................................................................................................................... 47
5.3.8.
Le questionnaire MAST ......................................................................................................................... 49
5.3.9.
Le brief MAST ........................................................................................................................................ 51
5.3.10.
Le short MAST ....................................................................................................................................... 52
5.3.11.
Le Mm MAST /Le m AAST /Le R.C.S.A.S.T ............................................................................................. 54
5.3.12.
Le S.A.D.Q/ Le S.A.D.D ........................................................................................................................... 56
5.3.13.
L’ASI (addiction severity index) ............................................................................................................. 62
5.3.14.
Le questionnaire AIS (Alcoohol Intoxication Scale) ............................................................................... 64
3
6.
7.
5.3.15.
Le questionnaire CRAFFT ...................................................................................................................... 66
5.3.16.
Le questionnaire RAPS (Rapid Alcohol problems screen)/RAPS4/Le RAPS4-QF ................................... 68
5.3.17.
L’échelle ARRS (Alcohol Relapse RiskScale) .......................................................................................... 71
5.3.18.
Le questionnaire TLFB (Time Line Follow Back Procedure) .................................................................. 74
5.3.19.
Le TDEA (Test de dépendance envers l’alcool) ..................................................................................... 74
5.4.
Comment poser les questions et faire passer les questionnaires en médecine du travail ?........................ 77
5.5.
Synthèse des analyses des différentes échelles ........................................................................................... 79
DISCUSSION ........................................................................................................................................................... 82
6.1.
Comparaison des différentes échelles .......................................................................................................... 82
6.2.
Limites des questionnaires............................................................................................................................ 87
CONCLUSION ......................................................................................................................................................... 88
BIBIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 89
4
1. INTRODUCTION
Le but de cette thèse est d’effectuer une revue de la littérature sur les différentes échelles
utilisées en médecine pour détecter une consommation d’alcool à risque et d’évaluer quels
sont les questionnaires les plus pertinents à utiliser en médecine du travail.
L’Union Européenne est la région du monde où le pourcentage de la population
consommant de l’alcool et la consommation d’alcool par habitant sont les plus élevés.
L’alcool y est ainsi le troisième facteur de risque le plus important, après le tabagisme et
l’hypertension, entraînant des pathologies et des décès prématurés. En plus d’engendrer
une dépendance et d’être la cause d’une soixantaine de pathologies et de traumatismes,
l’alcool est responsable de dommages sociaux, mentaux et affectifs très répandus.
Dans le monde du travail, l’alcoolisation de certains salariés est une préoccupation pour les
employeurs et la collectivité de travail car l’alcoolisme constitue un facteur aggravant du
risque professionnel : l’alcool est indéniablement un facteur démultiplicateur des accidents
du travail dont on estime que 10 à 20% y sont liés. Le repérage précoce des consommateurs
potentiellement en danger en raison de leur consommation excessive s’inscrit donc comme
un enjeu important dans la pratique d’un médecin du travail.
Les visites médicales de santé au travail doivent être l’occasion de repérer précocement
l’usage à risque d’alcool chez le salarié. Le repérage minimum consiste à poser
systématiquement la question de la consommation d’alcool durant la consultation. Il peut
être également réalisé au moyen d’un questionnaire standardisé de façon à introduire un
tiers dans la relation et éviter ainsi toute confrontation.
Dans une première partie nous allons étudier les méthodes retenues pour évaluer la
pertinence de chaque échelle, puis nous verrons les risques encourus et les dommages
induits liés à une consommation nocive d’alcool. Ensuite nous détaillerons chaque type de
questionnaires trouvés dans la littérature. Enfin nous comparerons les différentes échelles et
nous discuterons des limites de celles-ci.
5
2. METHODE
Ce travail s’appuie sur une revue d’articles médicaux, publiés dans la littérature, issus des
principales bases de données scientifiques (pubmed et science directe), sans limite de date
de publications et disponibles au premier trimestre de l’année 2015.
Nous nous sommes donc intéressés aux différentes publications relatives aux échelles
d’évaluation de la consommation d’alcool en nous concentrant essentiellement sur la
sensibilité, la spécificité et la pertinence en médecine du travail. Les critères que nous avons
sélectionnés pour effectuer cette recherche et évaluer au mieux cette pertinence sont les
suivants :
- La facilité de mise en œuvre :
Nous nous sommes intéressés à la durée et au matériel que nécessitait chacune des échelles
à être administrées, mais aussi si elles nécessitaient un examinateur ou si elles pouvaient
être réalisées en auto questionnaire.
- l’applicabilité :
Nous avons effectué un travail pour nous permettre de définir si l’échelle était réalisable
dans une consultation de médecine du travail et en outre si elle était validée en français ou
s’il n’existait que des versions anglaises non traduites à ce jour.
- l’adaptation à la prévention
Nous nous sommes intéressés à chaque questionnaire pour savoir si chacun d’entre eux était
adapté aux médecins du travail pour son exercice de prévention primaire qui consiste à
détecter une consommation d’alcool nocive ou à risque pouvant engendrer des
conséquences néfastes sur son travail.
- l’amplitude du test
Nous avons défini le type de patient que prend en compte chaque échelle. En effet,
certaines d’entre elles ne s’appliquent qu’aux patients alcoolo-dépendants, aux femmes
enceintes, ou encore aux étudiants ou adolescents.
6
3. DESCRIPTION DE LA CONSOMMATION D’ALCOOL, DES RISQUES ENCOURUS ET
DES DOMMAGES INDUITS
1
3.1. L’alcool selon l’OMS
Dans de nombreuses parties du monde, la consommation de boissons alcoolisées est un
phénomène courant lors de réunions amicales ou mondaines. La consommation d’alcool
n’en risque pas moins d’entraîner des conséquences sanitaires et sociales néfastes car elle
engendre ivresse, intoxication et accoutumance.
Outre les maladies chroniques susceptibles de se développer chez ceux qui boivent de
grandes quantités d’alcool pendant des années, la consommation d’alcool est aussi associée
à une augmentation de risque sanitaire aigu, notamment de blessures, en particulier
accidents de la route.
Principaux faits :
- L’usage nocif d’alcool cause dans le monde 3,3 millions de décès chaque année, soit
5,9% des décès.
- L’usage nocif de l’alcool est un facteur étiologique dans plus de 200 maladies et
traumatismes.
- Dans l’ensemble, 5,1% de la charge mondiale des maladies et traumatismes, tels
que mesurés par les années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) est attribuable à
l’alcool.
- La consommation de l’alcool provoque des décès et des incapacités relativement tôt
dans la vie. Dans la tranche d’âge 20-39 ans, près de 25% du nombre total de décès
sont attribuables à l’alcool.
- Il existe une relation de causalité entre l’usage nocif de l’alcool et toute une série de
troubles mentaux et comportementaux, d’autres maladies non transmissibles ainsi
que les traumatismes.
- Outre ses conséquences sur la santé, l’usage nocif de l’alcool cause des pertes
économiques et sociales importantes pour les individus comme pour la société dans
son ensemble.
7
● Les seuils de l’OMS
Les seuils définis par l’OMS sont les suivants :
- jamais plus de 4 verres par occasion pour l’usage ponctuel ;
- pas plus de 21 verres par semaine pour l’usage régulier chez l’homme (3 verres par
jour en moyenne) ;
- pas plus de 14 verres par semaine pour l’usage régulier chez la femme (2verres par
jour en moyenne) ;
Le terme de verre correspond en moyenne à environ 10g d’alcool pur.
L’OMS recommande également de s’abstenir au moins un jour par semaine de toute
consommation d’alcool. Ces seuils n’assurent pas avec certitude l’absence de tout risque
mais sont des compromis entre, d’une part, un risque considéré comme acceptable
individuellement et socialement et d’autre part la place de l’alcool dans la société et les
effets (considérés comme) positifs de sa consommation modérée.
Ces seuils n’ont pas de valeur absolue car chacun réagit différemment selon sa corpulence,
son sexe, sa santé physique et son état psychologique et selon le moment de la
consommation. Ils constituent donc de simples repères et ils doivent être abaissés dans
diverses situations notamment :
1. En cas de situation à risque :
- conduite de véhicule, travail sur machines dangereuses ;
- poste de sécurité, situation qui requiert vigilance et attention.
2. En cas de risque individuel :
- consommation rapide et/ou associée à d’autres produits, notamment psychoactif
(psychotropes) qui potentialisent, souvent rapidement, les effets psychotropes de
l’alcool ;
- pathologies organiques et/ou psychiatriques associées, notamment celles qui
impliquent la prise d’un traitement médicamenteux ;
8
- modification de la tolérance du consommateur en raison de l’âge, du faible poids,
du sexe, des médicaments associés, de l’état psychologique, …
- situation psychologique particulière : grossesse, état de fatigue (dette de sommeil),
…
3.2. Les critères de dépendance à l’alcool selon le DSM-IV (3)
Le manuel « diagnostic et statistique des troubles mentaux DSM-IV »
comprend sept
critères de dépendance.
1. La tolérance est définie par l’un des symptômes suivant :
- besoin de quantités notablement plus fortes pour obtenir une intoxication ou l’effet
désiré ;
- l’effet est notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité.
2. Le sevrage est caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
-
syndrome
de
sevrage
caractéristique
de
l’alcool :
tremblements/sueur/irritabilité/anxiété ;
- l’alcool est absorbé dans le but de soulager ou d’éviter les signes de sevrage.
3. Prise d’alcool en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que
celle envisagée.
4. Désir persistant ou efforts infructueux du patient pour diminuer ou contrôler sa
consommation d’alcool.
5. Beaucoup de temps passé ou beaucoup d’efforts prodigués pour se procurer de l’alcool.
6. Le patient a dû abandonner ou réduire ses activités sociales, professionnelles ou de loisirs
à cause de sa consommation d’alcool.
7. Le patient a du mal à s’empêcher de boire, bien qu’il sache avoir un problème
psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou
exacerbé par la consommation d’alcool.
9
Pour poser le diagnostic d’alcoolo dépendance selon le DSM-IV, au minimum trois critères
(sur sept) doivent être présents à un moment quelconque d’une période continue de 12
mois.
3.3. Critères de dépendance selon la CIM-10 (25)
Au moins trois des manifestations suivantes ont persisté conjointement pendant au moins
un mois, ou quand elles ont persisté pendant moins d’un mois, sont survenues ensemble de
façon répété au cours d’une période de douze mois :
1. Désir puissant ou compulsif d’utiliser une substance psycho active (ici l’alcool).
2. Altération de la capacité à contrôler l’utilisation de substance, caractérisée par des
difficultés à s’abstenir initialement d’une substance, à interrompre sa consommation
ou à contrôler son utilisation, comme en témoigne le fait que la substance est
souvent prise en quantité supérieure ou sur un laps de temps plus long que le sujet
avait envisagé ou par un ou plusieurs efforts infructueux pour réduire ou contrôler
son utilisation.
3. Survenu d’un syndrome de sevrage physiologique quand le sujet réduit ou arrête
l’utilisation de la substance comme en témoigne la présence de symptômes de
sevrage caractéristiques de la substance ou de l’utilisation de la substance dans le but
de diminuer ou d’éviter les symptômes de sevrage.
4. Mise en évidence d’une tolérance aux effets de la substance, caractérisée par un
besoin de quantités nettement majorées pour obtenir une intoxication ou l’effet
désiré, ou un effet nettement diminué en cas d’usage continu de la même dose.
5. Préoccupation par l’utilisation de la substance, comme en témoigne le fait que
d’autres plaisirs ou intérêts importants sont abandonnés ou réduits en raison de
l’utilisation de la substance, ou qu’un temps considérable est passé à faire le
nécessaire pour se procurer la substance, la consommer, ou récupérer de ses effets.
6. Poursuite de la consommation de la substance psychoactive malgré la présence
manifeste de conséquences nocives, comme en témoigne la poursuite de la
10
consommation malgré le fait que le sujet est effectivement conscient de la nature et
de la gravité des effets nocifs, ou qu’il devrait l’être.
3.4. Comment décrire la consommation d’alcool dangereuse, nocive et la
dépendance à l’alcool
● Consommation d’alcool à risque ou dangereuse
Une consommation à risque pour la santé est définie par un niveau, une fréquence, ou un
schéma de consommation susceptible d’entraîner des dommages si les habitudes de
consommation persistent. Il n’existe pas de consensus sur la quantité d’alcool absorbée
considérée comme étant à risque. D’ailleurs, toute consommation d’alcool quelle que soit la
quantité ingérée, peut être risquée.
L’OMS définit la consommation à risque par une consommation moyenne de 20 à 40 g
d’alcool par jour pour les femmes, et de 40 à 60 g par jour pour les hommes.
● Alcoolisation nocive ou « à problème »
Une alcoolisation nocive est définie comme un schéma de consommation entraînant des
dommages pour la santé, soit physiquement (par exemple cirrhose du foie) soit
mentalement (par exemple une dépression consécutive à la consommation d’alcool), soit
socialement. En se basant sur les données épidémiologiques liant l’alcoolisation aux
dommages qu’elle engendre, l’OMS a définit l’alcoolisation nocive comme étant une
consommation moyenne régulière d’alcool supérieure à 40 g par jour pour les femmes et
supérieure à 60 g par jour pour les hommes.
● Ivresse
L’ivresse peut être définie comme un état, d’une durée variable, au cours duquel on observe
une atteinte fonctionnelle des performances psychologiques et psychomotrices induite par
la présence d’alcool dans l’organisme (OMS, 1992) et ceci même si les quantités d’alcool
absorbées sont très faibles. L’ivresse n’est pas synonyme de « bingedrinking » ou en français
de « consommation massive épisodique ».
11
● Consommation épisodique massive
Une consommation d’alcool d’au moins 60 g d’alcool en une même occasion est définie
comme une consommation épisodique massive (OMS, 2004). Le terme couramment
employé est « bingedrinking ».
● Alcoolo dépendance
L’OMS, selon sa classification internationale des troubles mentaux et du comportement
(classification internationale des maladies CIM-10), définit la dépendance à l’alcool comme
un ensemble de phénomènes physiologiques, comportementaux et cognitifs au cours
desquels la consommation d’alcool devient prépondérante sur les autres comportements
auparavant prédominants chez un individu donné. La caractéristique centrale est le désir
(souvent puissant, parfois perçu comme impossible à surmonter) de boire de l’alcool. Une
reprise de la consommation d’alcool après une période d’abstinence s’accompagne souvent
d’une réapparition rapide des caractéristiques du syndrome d’alcoolo dépendance.
Quels sont les termes à éviter et ceux à privilégier pour décrire les niveaux et les modes
d’alcoolisation ?
● Consommation modérée
Bien que cette formulation indique communément que la consommation est sans dommage
et n’implique pas de problème (et par conséquent pas de consommation excessive), elle
reste imprécise. L’expression « consommation d’alcool à faible risque » lui a donc été
préférée.
● Consommation raisonnable, consommation responsable, consommation socialement
acceptable
Ces termes sont à proscrire car ils sont impossibles à définir et dépendent des valeurs
sociales, culturelles et éthiques très variables d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre et
d’un moment à l’autre.
12
● Consommation excessive
Ce terme, habituellement employé pour décrire un mode de consommation considéré
comme dépassant une quantité faible d’alcool n’est pas très adapté. On lui préfèrera
l’expression « consommation à risque », en usage courant.
● Alcoolisme
Ce terme fut très longtemps utilisé et son sens est variable. Il fait généralement référence à
un usage chronique ou périodique d’alcool, caractérisé par une consommation incontrôlée,
des épisodes fréquents d’ivresse et une obsession vis-à-vis de l’alcool et de sa
consommation en dépit de ses conséquences délétères. Le manque de précision de ce terme
a conduit un comité d’expert de l’OMS à déconseiller son usage et à conseiller la formulation
plus précise de « syndrome de dépendance alcoolique ».Il n’est d’ailleurs pas inclus dans la
CIM-10 comme une entité diagnostique. L’expression à privilégier est celle « d’alcoolo
dépendance ».
● Abus d’alcool
Cette expression est très utilisée et sa signification est variable. Bien qu’elle soit utilisée dans
la classification du manuel DMS-IV, elle doit être considérée comme une catégorie
résiduelle. A cause de son ambiguïté, elle n’est pas utilisée dans la classification de la CIM 10.
Une « alcoolisation à risque, nocive ou dangereuse » est l’expression équivalente à
employer.
● Mésusage de l’alcool
Cette expression décrit la consommation d’alcool de manière non pertinente par rapport à
des recommandations d’ordre médical ou juridique. Bien que certains préfèrent
« mésusage » à « abus » selon l’idée que ce terme comporte moins de jugement, il reste
ambigu. Une consommation à risque est l’expression équivalente à employer.
3.5. L’alcool et le monde du travail
Dans le monde du travail, l’alcoolisation de certains salariés est une préoccupation pour les
employeurs et la collectivité de travail car l’alcoolisme constitue un facteur aggravant du
13
risque professionnel : l’alcool est indéniablement un facteur démultiplicateur des accidents
du travail dont on estime que 10% à 20% sont liés à l’alcool. Cela représente 10000 à 13000
journées de travail perdues chaque jour en France pour absentéisme dû à l’alcool.
La fréquence de l’alcoolisme au travail peut toucher jusqu’à 15% de l’effectif selon le type
d’entreprise. L’alcoolisation n’épargne aucune classe socioprofessionnelle. Néanmoins ce
sont les professions les plus pénibles physiquement : ouvriers exposés à la chaleur (forges,
fonderie), professionnels du bâtiment, agriculteurs, manutentionnaires, et celles qui sont en
rapport avec le public : agents commerciaux, facteurs, agents de police, journalistes, qui ont
le plus tendance à la prise d’alcool. Au-delà des prédispositions individuelles, il y des causes
liées à l’organisation, aux conditions de travail et au type de management qui augmentent
significativement les risques d’alcoolisation : désaccord fréquent avec le supérieur
hiérarchique, manque de reconnaissance, conflits entre collègues, ennui par le travail
répétitif, rapport avec une clientèle exigeante, ou public difficile. Toutes les causes de stress
favorisent la consommation d’alcool en entreprise car l’alcool à des propriétés anxiolytiques,
prouvées, mais transitoires. La surcharge de travail, trop de responsabilités sans les moyens
d’agir, des délais et objectifs irréalistes, le travail isolé ou de nuit sont aussi parmi les
facteurs importants favorisant la consommation d’alcool.
Il existe deux sortes d’alcoolisations à risque :
● aigue
Après une prise d’alcool importante mais ponctuelle qui touche surtout des personnes qui
ne sont pas des alcoolos dépendants et provoque la plupart des accidents du travail dus à
l’alcool.
● chronique
Due à une consommation excessive et régulière souvent peu visible et peu dommageable
socialement à ses débuts, mais qui peut mener à une dépendance, laquelle diminue
l’ensemble des compétences professionnelles d’un individu.
Il faut impérativement tenir compte de l’impact des effets de l’alcool sur la baisse de la
vigilance surtout dans les situations de travail à risque (conduite de véhicules, travail en
hauteur, utilisation de machines ou outils dangereux).
14

Dispositions du Code du Travail :
Les dispositions du Code du Travail sont les suivantes :
- Article R4228-20, « aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le
cidre et le poiré n’est autorisée sur le lieu de travail » ;
- Article R4228-21, « il est interdit de laisser rentrer ou séjourner dans les
lieux de travail des personnes en état d’ivresse » ;
- Article R122-40, « l’employeur peut prendre toute mesure pour sanctionner
un salarié qui serait en état d’ébriété » ;
-
Article R4225-2, « Les employeurs doivent mettre à la disposition des
travailleurs de l’eau potable et fraîche pour la boisson » ;
- Article 232-2, « Les conventions collectives ou les contrats individuels de
travail ne peuvent comporter de dispositions prévoyant l’attribution, au titre
davantage en nature, de boissons alcooliques aux salariés ».
● La prévention de l’alcoolisme au travail :
En fixant les limites dans un règlement intérieur, en formant l’encadrement à la détection et
la prise en compte de l’alcoolisme, en adoptant des méthodes de management qui
améliorent les conditions de travail et gèrent le stress, on peut limiter les risques pour la
qualité des prestations et pour la sécurité des employés de l’entreprise. Il est de la
responsabilité de l’employeur de tenir compte des risques de l’alcoolisme et de définir des
règles claires à cet égard. L’employeur doit aussi apprendre à réagir envers les
collaborateurs concernés par un problème d’alcool, afin que leurs comportements ne
mettent pas en danger la sécurité dans l’entreprise.
15
● La prévention de l’alcool dépendance
Depuis 2004 il existe des visites médicales « à la demande de l’employeur ». Le responsable
hiérarchique doit déclencher un entretien avec la personne concernée dès que les signes
d’un alcoolisme chronique sont avérés et il faut lui préciser qu’il doit rencontrer le médecin
du travail. Celui-ci doit exiger de l’employeur qu’il informe le salarié du motif de la visite qu’il
demande. L’employeur doit remettre un courrier au salarié destiné au médecin du travail qui
évoque le problème de l’alcool. Il s’agit d’une consultation importante qui fera l’objet d’un
avis par le médecin sur l’adéquation santé travail. Il est indispensable qu’un contact entre le
médecin du travail et le responsable du salarié en cause soit établi pour, d’un commun
accord, adapter les exigences professionnelles et les conséquences du sevrage alcoolique.
Par ailleurs le médecin du travail pourra, en fonction de l’état de santé constaté, soit
adresser le salarié concerné à son médecin traitant,
soit le diriger vers un centre
d’alcoologie avec lequel il se mettra en relation. Le responsable, quand à lui, pourra
s’engager, avec l’avis du médecin du travail, à adapter temporairement l’activité du salarié
ou aménager son poste de travail afin de faciliter la prise en charge médicale.
● La formation au risque alcool
Il existe des organismes agrées qui proposent des actions de prévention adaptées à chaque
entreprise. Basées sur des actions de sensibilisation et de formation, ces mesures de
prévention permettent une diminution sensible de l’alcoolisation au travail et améliorent
l’orientation des personnes en difficulté. La demande de formation peut être émise par
différents canaux : direction, médecine du travail, CHSCT.
16
4. ALCOOL ET SANTE
4.1. L’alcool augmente-il le risque de dommage sociaux et de dommages causés aux
tiers ?
● L’alcool et les plaisirs de la vie sociale.
La consommation d’alcool est associée à un certains nombres de plaisirs (PEELE et GRANT,
1999) (57). La croyance selon laquelle une faible consommation d’alcool est bénéfique pour
la santé est probablement aussi ancienne que l’histoire de l’alcool elle-même et elle est
ancrée dans la culture populaire. Lorsque l’on interroge des sujets en population générale
sur les effets possible de l’alcool, les sensations et expériences positives (comme la
relaxation, la sociabilité) sont habituellement plus nombreuses à être mentionnées que les
sensations et expériences négatives et les dommages sont très peu mentionnés (MAKELA et
MUSTONEN, 1998).
L’alcool joue un rôle dans la vie sociale de tous les jours, il ponctue les évènements tels que
les naissances, les mariages, et les décès, permet d’opérer une transition entre le travail et
les loisirs et facilite les relations sociales. De tout temps et dans de nombreuses cultures,
l’alcool est fréquemment utilisé entres amis et camarades pour accroître le plaisir à être
semblable et s’amuser (HEATH, 1995) (37).
Les bénéfices obtenus par ceux qui boivent au cours d’occasions « sociales » sont fortement
influencés par la culture, le cadre de consommation et les attentes personnelles des effets
de l’alcool. Ces croyances sont si profondément ancrées que les individus deviennent
nettement plus sociables quand ils pensent avoir consommé de l’alcool alors qu’ils n’en ont
pas bu (DARKES et GOLDMAN, 1993) (29). Nombreux sont les individus qui consomment de
l’alcool parce qu’ils attendent une amélioration de leur humeur à court terme (HULL et
STONE, 2004)(38). De fait, il existe de nombreuses données démontrant les effets immédiats
de l’alcool tel qu’un plaisir accru, de l’euphorie, du bonheur, et l’expression générale d’une
humeur positive, autant de sentiments qui sont ressentis plus intensément en groupe qu’en
situation de consommation solitaire (PLINET et CAPPEL, 1974) (58) et qui sont extrêmement
17
influencés par les attentes de chacun (BROWN et al, 1980) (13). Dans les quelques études
disponibles portant sur les consommations d’alcool affirmant tirer des bénéfices
psychologiques de leur consommation, le nombre de bénéfices signalés était en corrélation
avec la quantité d’alcool consommée et la fréquence des épisodes d’alcoolisation massive.
Evidemment, les plus grands consommateurs d’alcool de l’étude était aussi les plus
susceptibles de signaler des troubles causés par leur consommation et le rapport
bénéfices/dommages avait tendance à baisser pour les plus gros buveurs.
Bien que la réduction du stress, l’amélioration de l’humeur, de la sociabilité et de la
relaxation soient les bénéfices psychosociaux de la consommation d’alcool les plus
couramment signalés, l’efficacité de cette consommation d’alcool comparativement à
d’autres moyens de réduction des pathologies liées au stress n’a pas été étudiée.
Cependant, il existe de nombreuses données démontrant que les individus souffrant de
détresse psychologique et comptant sur l’alcool pour soulager leur stress sont plus
vulnérables à la dépendance à l’alcool (KESSLER et al ,1996 ) (42). Au cours d’une année
donnée, plus d’un individu sur huit atteint de troubles anxieux souffre aussi d’un
dérèglement de sa consommation d’alcool. L’alcool aide fréquemment à dormir, mais s’il
peut induire le sommeil, il conduit aussi à une insomnie accrue et à un éveil plusieurs heures
plus tard, et aggrave les troubles du sommeil (CASTANEDA et al ,1998)(18).
● L’alcool et ses conséquences sociales négatives
L’alcool est souvent consommé pour ses effets enivrants et de nombreux buveurs, en
particulier les hommes jeunes, consomment délibérément et sciemment de l’alcool pour
s’enivrer. C’est cette ivresse qui est la cause fréquente de dommages sociaux.
Le risque de conséquences sociales négatives dont les plus fréquentes sont la participation à
une bagarre, l’atteinte portée à la vie sociale, au mariage, au travail, aux études, aux amitiés,
augmente proportionnellement avec la quantité d’alcool consommée, sans preuve évidente
d’un effet de seuil. Le risque accru pour des consommateurs d’alcool plus faible est surtout
le risque de boire occasionnellement de plus grandes quantités (REHM et GMEL, 1999) (62).
18
Les dommages sociaux dus à l’alcoolisation de tiers sont aussi fréquents, entraînant le plus
souvent des désagréments mineurs (harcèlement dans des lieux publics, insultes), ou des
conséquences plus graves comme être physiquement agressé ou blessé (ROSSOW et HAUGE,
2004) (63). Les études ont révélées qu’une petite proportion de la population en subissait les
dommages de manière plus répétée et sous différentes formes. Il s’agissait des jeunes, des
femmes et des individus consommant annuellement plus d’alcool que la moyenne, ayant des
épisodes d’ivresses plus fréquents et fréquentant plus souvent les établissements de débit
de boissons ouverts au public et de ce fait plus exposés aux nuisances d’un tiers buveur
(MAKELA et al, 1999) (47). La victime type qui subit des dommages sociaux à cause de
l’alcoolisation d’un tiers a elle-même un comportement de consommatrice très similaire à
celui des personnes à l’origine de ces troubles (HAUGE et IRGEN-JENSEN, 1986) (35).
4.2. L’alcool augmente t’ il le risque de morbidité ?
L’alcool est une substance toxique ayant un lien avec plus de 60 affections aigues ou
chroniques différentes (GUTJAHR et al, 2001) (34) :
● Conduite en état d’alcoolisation
Le risque lié à la conduite en état d’ivresse augmente avec la quantité d’alcool consommée
et la fréquence des occasions d’alcoolisation massive (MIDANIK et al, 1996) (54). Les risques
sont exponentiels pour les accidents graves et mortels. La consommation d’alcool augmente
à la fois le risque d’être admis à l’hôpital pour des traumatismes provoqués par l’alcool au
volant et la gravité de ces traumatismes (BORGES et al, 1998) (8).
● Traumatismes
Il existe un lien entre la consommation d’alcool et le risque de traumatisme et d’accidents
mortels et non mortels. Une étude Australienne a montré que le risque de traumatisme dans
les six heures qui suivent la consommation de plus de 60g d’alcool était dix fois plus élevé
chez les femmes, et deux fois plus élevé chez les hommes (MC LEOD et al, 1999)(51). L’alcool
augmente le risque de fréquentation des urgences hospitalières de manière dosedépendante. Entre 20 et 80% des admissions aux urgences sont liées à l’alcool (HINGSTON et
19
HOWLAND, 1987). L’alcool aggrave l’évolution des patients blessés et peut conduire à des
complications chirurgicales.
● Suicides
L’alcoolisation constitue un facteur de risque majeur de suicide et de comportements
suicidaires chez les jeunes comme chez les adultes (SHAFFER et al, 1996)(66). Ce lien est plus
fort dans le cas d’une ivresse que pour une consommation chronique.
● Dépression
Les résultats concordants de nombreuses études montrent que les individus dépressifs et
souffrant de troubles de l’humeur sont à haut risque d’alcoolo dépendance et inversement
(REGIER et al, 1990) (61). Il existe une corrélation entre l’importance de la comorbidité et le
niveau de consommation d’alcool (KESSLER et al, 1996) (42). Plusieurs mécanismes
biologiques plausibles expliqueraient pourquoi l’alcoolo dépendance serait à l’origine de
troubles dépressifs. Bien que la dépression puisse précéder un mésusage d’alcool, il est
fréquent que le mésusage d’alcool précède la survenue d’un trouble dépressif. De nombreux
syndromes dépressifs s’améliorent nettement après une abstinence de quelques jours ou
quelques semaines.
● Atteinte nerveuse
L’alcool consommé pendant une période prolongée accroît de manière dose dépendante le
risque de lésion des nerfs, qu’ils soient sensitifs ou moteurs et en particulier ceux qui
commandent les membres inférieurs.
● Déficience cognitive, démence et lésions cérébrales
La consommation d’alcool a des effets délétères immédiats et à long terme sur le cerveau et
le fonctionnement neuropsychologique. Le lien entre une consommation d’alcool excessive
et une déficience cognitive est bien établi (WILLIAM et SKINNER, 1990)(75). Une
alcoolisation excessive accélère l’atrophie cérébrale, qui à son tour induit un déclin cognitif.
Au cours de l’adolescence, l’alcool peut conduire à des modifications de la structure de
l’hippocampe et affecter définitivement le processus de développement du cerveau. Il
semble qu’il y a une grande variété de lésions cérébrales chez les alcoolos dépendants allant
20
de déficits modérés au syndrome de Korsakoff qui entraîne confusion, trouble de la marche,
diplopie et incapacité à retenir de nouvelles informations.
● Troubles gastro-intestinaux
L’alcool augmente le risque de cirrhose du foie et de pancréatite aiguë et chronique (Carrao
et al, 1999)(17). Bien qu’il existe une corrélation forte entre le risque de cirrhose, la quantité
d’alcool consommé en gramme par jour et la durée de la consommation d’alcool, seuls
environ 20% des alcoolos dépendants développent une cirrhose du foie. Les modalités de
consommation ont une importance car les épisodes aigues de consommation excessive
présentent moins de risques qu’une consommation chronique sur une longue période.
Il n’y a apparemment pas d’association entre la consommation d’alcool et le risque d’ulcère
gastrique et duodénal (Carrao et al, 1999).
● Troubles métaboliques et endocriniens
Une relation avec le diabète de type 2 semble exister. Les consommations importantes
d’alcool augmentent en effet le risque de développer cette pathologie.
L’alcool semble également augmenter le risque d’obésité, bien que toutes les études ne
soient pas concordantes sur ce sujet.
● Cancers
L’alcool est cancérigène chez l’être humain et il augmente le risque de cancer de la bouche,
de l’œsophage, du larynx (voies aéro digestives supérieures), du foie, du sein chez la femme
et dans une moindre mesure de l’estomac, du colon et du rectum. Le taux annuel de décès
par cancers liés à l’alcool passe de 14 décès pour 100000 chez l’homme d’âge moyen ne
buvant pas, à 50 pour 100000 pour une consommation de quatre verres ou plus (40g
d’alcool) par jour (Thun et al, 1997).
● Pathologies cardiovasculaires
o Hypertension
L’alcool augmente la tension artérielle ainsi que le risque d’hypertension de manière dose
dépendante.
21
o Accidents vasculaires cérébraux
L’alcool augmente le risque d’AVC ischémique et hémorragique avec une relation dose-effet
plus importante pour les AVC hémorragiques (Corrao et al, 1999). Une consommation
épisodique massive est un facteur de risque important d’AVC ischémique et hémorragique et
une cause particulièrement importante d’AVC chez les adolescents et les jeunes. Un AVC
ischémique sur cinq chez les patients de moins de 40 ans est associé à l’alcool, avec un lien
particulièrement étroit.
o Troubles du rythme cardiaque
Une consommation épisodique massive augmente le risque d’arythmies cardiaques et de
mort subite, même chez les personnes n’ayant pas d’antécédents cardiaques. La fibrillation
auriculaire semble être la forme la plus fréquente d’arythmie induite à la fois par une
consommation excessive chronique d’alcool et des consommations épisodiques massives. Il
a été estimé que l’arythmie était liée à l’alcool dans 15% à 30% des cas de fibrillation
auriculaire et qu’une consommation excessive d’alcool était potentiellement responsable de
5 à 10% des nouveaux épisodes de fibrillation auriculaire.
● Système immunitaire
L’alcool peut interférer avec les fonctions normales de plusieurs composants du système
immunitaire entraînant une immunodéficience et produisant une vulnérabilité accrue à
certaines pathologies infectieuses telles que la pneumonie, la tuberculose, et le VIH
(department of health human services états-unien, 2000).
● Pathologie du squelette
Il semble exister une relation dose dépendante entre la consommation d’alcool,
l’ostéoporose, et le risque de fracture chez les deux sexes. L’association entre une
consommation excessive d’alcool, une diminution de la masse osseuse et l’augmentation du
risque de fracture serait moins répandue chez les femmes que chez les hommes (Sampson,
2000).
22
● Troubles de la reproduction
L’alcool peut avoir des conséquences délétères sur le système de reproduction féminin et
masculin. La consommation d’alcool affecte les glandes endocrines et les hormones
impliquées dans la reproduction masculine et peut réduire la fertilité du fait d’un
dysfonctionnement sexuel et d’une diminution de la production de sperme. La
consommation d’alcool au début de l’adolescence peut supprimer la production d’hormones
de reproduction féminine, entraînant un retard de puberté et une atteinte de la maturation
du système reproducteur. Au-delà de la puberté, l’alcool perturberait le déroulement normal
du cycle menstruel, affectant la fertilité.
● Dommages prénataux
Une exposition prénatale à l’alcool peut être associée à des déficiences intellectuelles qui
peuvent se manifester plus tard dans l’enfance. On trouvera notamment des altérations du
fonctionnement intellectuel et des capacités d’apprentissage, des troubles du langage, de la
mémoire spatiale et du raisonnement, de l’équilibre, ainsi que d‘autres troubles moteurs et
cognitifs. Certaines déficiences comme les troubles du fonctionnement social semblent
s’aggraver à l’approche de l’adolescence et de l’âge adulte pouvant conduire à une
augmentation du taux des troubles mentaux. Ces déficiences sont les plus sévères et ont été
étudiées de façon très approfondie chez les enfants atteints du syndrome d’alcoolisation
fœtale (SAF). Il existe des données montrant que l’alcool peut, même à faible dose et tout
particulièrement au cours du premier trimestre de grossesse, augmenter le risque
d’avortement spontané, de petit poids de naissance, de prématurité, et de retard de
croissance intra-utérin.
4.3. La consommation d’alcool est- elle sans risque ?
La relation entre consommation d’alcool et mortalité dépend à la fois de la répartition des
causes de décès au sein de la population étudiée, ainsi que du niveau et du type de
consommation d’alcool au sein de cette population. Les décès par accidents de la route et
par violence (qui sont accrus par la consommation d’alcool) sont prédominants chez les
jeunes, alors que les décès par coronaropathies sont rares. Cette situation est inversée chez
23
les personnes plus âgées. Quelle que soit la quantité d’alcool consommée, ceux qui ont une
consommation épisodique massive ont un risque de mortalité supérieure.
En grande Bretagne, il a été estimé que le niveau de consommation d’alcool associé au
risque de mortalité le plus faible était de zéro pour les femmes de moins de 45 ans, de 3g
par jour pour les femmes de 45 à 64 ans et de 4g par jour pour les femmes de 65 ans et plus.
Pour les hommes, le niveau de consommation correspondant au risque le plus faible a été
estimé à zéro pour les moins de 35 ans, à 2,5g par jour pour les 35-44 ans, à 9g par jour les
45-64 ans et à 11g par jour pour les plus de 65 ans. Au-delà de ces niveaux le risque de
mortalité augmente avec l’augmentation de la consommation d’alcool (White et al, 2002).
4.4. Quel est le profil le plus à risque d’alcoolopathies ?
● Influence génétique
Les facteurs génétiques influencent les risques de complications liés à la consommation
d’alcool. La méthode d’étude classique sur les jumeaux compare les jumeaux monozygotes
et les jumeaux dizygotes afin de déterminer le degré d’influence de la génétique
(transmission héréditaire) sur la pathologie.
Certaines études familiales et de jumeaux semblent indiquer que la proportion de l’hérédité
de l’alcoolo dépendance se situe entre 50% et 60% (US department of Health and human
services, 2000).
L’étude COGA (Collaborative Study on the Genetics of Alcoholism) avait pour objectif
d’identifier les gènes qui affectent le risque d’alcoolo dépendance ainsi que les
caractéristiques et comportements liés à l’alcool. Des analyses portant sur 987 personnes
issues de 105 familles différentes dans un échantillon initial ont ainsi démontré que des
régions sur trois chromosomes contiennent des gènes qui augmentent le risque d’alcoolo
dépendance (Reich et al, 1998). Les éléments les plus probant concernent des régions des
chromosomes 1 et 7 alors qu’une région du chromosome 2 donne des résultats plus
modestes.
24
● Autres facteurs de risque
Quel que soit leur niveau de consommation, les femmes semblent être davantage sujettes
aux dommages chroniques liés à l’alcool, avec des niveaux de risques différents suivant les
pathologies. Ceci est probablement dû au fait que les femmes ont un volume d’eau
corporelle par kilo inférieure à celui des hommes.
D’une étude à l’autre et d’un pays à l’autre, les résultats sont constants : le taux de mortalité
lié à l’alcool est plus élevé chez les adultes issus de classes socio-économiques défavorisées
(Loxely et al, 2004). Ce phénomène est principalement dû à des niveaux plus élevés de
consommation dangereuse d’alcool et d’ivresse dans ces groupes socio-économiques
défavorisés. En Angleterre, les hommes âgés de 25 à 69 ans issus des classes socioéconomiques les plus basses avaient un risque de mortalité lié à l’alcool multiplié par 15
comparativement aux professionnels des classes socio-économiques les plus élevées.
A partir du milieu de l’adolescence jusqu’au début de l’âge adulte, les niveaux de
consommation et leur fréquence ainsi que les troubles liés à l’alcoolisation augmentent
radicalement. Ceux qui consomment le plus d’alcool aux cours de leurs années
d’adolescence ont tendance une fois jeunes adultes à être ceux qui consomment le plus
d’alcool, sont plus souvent alcoolo dépendants et plus atteints par les conséquences
néfastes de l’alcool, comme une bonne santé mentale, un niveau d’étude plus faible et un
risque accru de délits (Jefferis and al, 2005).
4.5. Dans quelle mesure l’alcool influence-t-il la morbidité ?
L’étude du poids globale de la maladie faite par l’OMS a évalué la contribution des différents
facteurs de risque comme l’alcool, le tabac, certaines pathologies tel que le diabète sur la
morbidité et la mortalité prématurée. La mesure de la morbidité et de la mortalité s’effectue
grâce au DALY (Année de vie corrigée pour l’incapacité) qui correspond à la mesure d’une
année de morbidité ou de vie perdue en cas de décès prématuré. L’étude du poids global de
la maladie révèle que l’alcool est le troisième facteur de risque le plus important, après le
tabagisme et l’hypertension en terme de morbidité et de mortalité prématurée dans l’union
européenne (Anderson et al, 2005). Globalement, les traumatismes comptent pour la plus
grande partie du poids des maladies induites par l’alcool, avec 40% du total, les
25
traumatismes non intentionnels l’emportant très largement sur les traumatismes
intentionnels. La deuxième catégorie la plus importante est celle des troubles et pathologies
neuropsychiatriques avec 38%. Les autres alcoolopathies non transmissibles (par exemple la
cirrhose du foie) ainsi que les cancers et les pathologies cardiovasculaires contribuent
chacune pour 7 à 8% du total.
26
5. REPERAGE D’UNE CONSOMMATION D’ALCOOL A RISQUE OU NOCIVE
5.1. Le repérage d’une consommation d’alcool à risque ou nocive est-elle utile ?
L’alcool est responsable d’une soixantaine de pathologies et traumatismes: troubles
mentaux et comportementaux, troubles gastro-intestinaux, cancers, pathologies cardiovasculaires, troubles immunologiques, pathologies du squelette, troubles de la reproduction,
et embryo-foetopathies, … L’alcool augmente le risque de ces pathologies et traumatismes
de manière dose dépendante, sans preuve d’effet de seuil. Plus l’individu consomme de
l’alcool plus le risque auquel il est exposé est élevé. La réduction ou un arrêt de la
consommation d’alcool est bénéfique pour la santé : tous les risques immédiats peuvent
disparaître complètement lorsque la consommation d’alcool est stoppée et la réduction ou
l’arrêt de la consommation entraîne une rapide amélioration de l’état de santé.
La prévention dans le monde du travail ne se limite pas à l’information et au dépistage, il
faut développer le repérage précoce et mettre en place des interventions brèves. Celles-ci
sont utiles car ce sont des techniques thérapeutiques développées sur un modèle qui utilise
en même temps l’évaluation, le conseil, et la stratégie comportementale.
5.2. Chez quels salariés une consommation dangereuse et problématique d’alcool
doit être dépistée ?
Les visites médicales de santé au travail doivent être l’occasion de repérer précocement
l’usage à risque de l’alcool chez les salariés. Le repérage minimum consiste à poser
systématiquement la question de la consommation d’alcool durant la consultation, il peut
être réalisé également au moyen d’un questionnaire standardisé de façon à introduire un
tiers dans la relation et éviter toute confrontation.
En cas de dépistage de consommation à risque, le médecin devra réaliser une intervention
brève qui comporte 3 éléments essentiels :
- l’intervention brève fait toujours suite à un repérage de consommation d’alcool : les
résultats du test de repérage doivent être restitués au patient ;
- elle permet d’établir une relation d’aide : délivrer un conseil ;
27
- elle conduit à établir en commun un objectif à atteindre pour le patient.
Le plan d’une intervention brève est le suivant :
- expliquer le test de repérage ;
- expliquer le risque alcool ;
- définir le verre standard : à quoi correspond une unité d’alcool en verre standard ;
- souligner l’intérêt de la réduction ;
- décrire les méthodes disponibles pour réduire la consommation ;
- renforcer la motivation ;
- proposer des objectifs réalisables et laisser le choix ;
- donner la possibilité d’en parler ;
- remettre un support écrit, un livret documentaire.
28
5.3. Quels sont les différents outils de dépistages ?
Une consommation dangereuse et problématique peut être repérée en mesurant le niveau
de consommation d’alcool ou en ayant recours aux outils de dépistage spécifiquement
conçus à cet effet. La consommation d’alcool peut être évaluée à l’aide de questions sur sa
fréquence et sa quantité ou par des méthodes évaluant la consommation quotidienne. Ces
questions peuvent être posées oralement, par écrit à l’aide de questionnaires papiers à
remplir ou encore par écrit directement sur l’ordinateur.
● Mesurer une consommation d’alcool
Deux méthodes peuvent être utilisées en auto administration pour estimer une
consommation d’alcool déclarée : d’une part les questions sur la quantité/fréquence qui
nécessitent du patient qu’il renseigne la quantité d’alcool consommée et la fréquence de
consommation, soit pendant une période donnée (une semaine, le mois dernier, ou l’année
écoulée), soit en mode de consommation typique ou habituelle. D’autre part les méthodes
d’évaluations rétrospectives de la consommation quotidienne, qui nécessitent du patient
qu’il note la dose consommée par jour au cours d’une période donnée, habituellement la
semaine précédente.
29
5.3.1.
Les questions sur la quantité/fréquence de consommation
L’un des avantages majeurs des questions sur la quantité/fréquence (Q/F) est qu’il est facile
d’y répondre, ce qui permet un dépistage rapide et efficace sur de vastes échantillons de
patients. Ces questions sont considérées comme valables, fiables et pertinentes (Grant et all,
1995). En général, il a été démontré que les questions spécifiques (par exemple celles
limitées à une période définie) produisaient des évaluations plus exactes que les questions
globales (par exemple les questions sur les comportements habituels ou typiques). Les
questions Q/F ont tendance à décrire les comportements les plus fréquents plutôt que les
comportements moyens (Midanik, 1991)(54) et il a été démontré que les personnes
interrogées excluaient des périodes d’abstinences de leurs réponses couvrant les douze
derniers mois (Weisner, 1999)(74). Des périodes de références courtes (par exemple une
semaine ou le dernier mois) sont remémorées plus facilement, cependant elles ne peuvent
pas être représentatives des conduites générales de consommation du patient. L’un des
soucis les plus constants de validité de la méthode Q/F porte sur la mesure de la variabilité
« intra patient » des modes de consommation. La variabilité est le plus souvent la règle et la
régularité constitue l’exception dans les comportements de consommation d’alcool. De plus,
la variabilité à tendance à augmenter avec la quantité moyenne d’alcool consommé.
(Greenfield, 2000).
Exemple de questionnaire de fréquence et quantité (les deux premières questions du
questionnaire AUDIT Source : Babor et al, 2001.
Questions
1.A
0
3
4
5
Quelle
fréquence
vous
arrive-t-il
de
consommer
1
des
Une
Jamais
par
fois Deux
à Deux à trois Quatre fois
mois quatre fois fois
ou moins
par mois
semaine
par ou plus par
semaine
boissons
contenant
de
30
Questions
0
1
3
4
5
l’alcool ?
Combien de verres
standards
buvez-
vous au cours d’une
journée
1à2
3à4
5à6
7à9
10 ou plus
ordinaire
où vous buvez de
l’alcool ?
31
5.3.2.
Le test AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test)
Le questionnaire AUDIT a été mis au point par L’OMS pour dépister les consommations
d’alcool à risque, nocives ou massives. Il comporte 10 questions couvrant les trois modalités
de l’usage de l’alcool : la consommation d’alcool dangereuse, la consommation d’alcool
nocive et l’alcoolo dépendance. Les résultats du questionnaire AUDIT sont faciles à calculer.
Pour chaque question, plusieurs réponses sont proposées et à chaque réponse correspond
une notation de 0 à 4. Le total est la somme de toutes les notes des différentes réponses.
La première évaluation du questionnaire AUDIT a révélé une sensibilité de 97% et une
spécificité de 78% pour la consommation dangereuse et une sensibilité de 95% et une
spécificité de 85% pour la consommation nocive lorsqu’un seuil de 8 ou plus a été utilisé
(Sauders et al, 1993)(65). En utilisant le même seuil, mais selon des critères de références
différentes, les résultats ont été les suivants : des sensibilités de 51 à 59% et des spécificités
de 91 à 96% ont été trouvées pour le repérage d’une consommation à risque ou d’une
consommation épisodique massive (Sillanauke et al, 1998).
Parmi les sous populations étudiées on peut citer : les patients des médecins généralistes
(Volk et al, 1997) (73), les patients se présentant aux urgences (Cherpitel, 1995), les
chômeurs (Clausen et Aasland, 1993)(26), les consommateurs de drogues (Skipey et al, 1997)
(68) et les patients de niveau socio-économique faible (Isaacson et al, 1994). Il a été établi
que le questionnaire AUDIT permettait une bonne discrimination dans différentes situations
ou ces sous populations consultent.
De nombreux travaux de recherche ont été conduits dans un grand nombre de pays et de
cultures (Cherpitel, 1995 ; Steinbauer et al, 1998(70) ; Conigrave et al, 1995) (27) ce qui
laisse à penser que le questionnaire AUDIT a tenu ses promesses en tant que test de
dépistage international. Bien que les données sur les femmes soient un peu restreintes
(Cherpitel, 1995), le questionnaire AUDIT semble aussi approprié pour les hommes que pour
les femmes.
Il a été démontré que le questionnaire AUDIT avait des performances équivalentes ou un
degré d’exactitude supérieur aux autres tests de dépistages et ce pour une grande variabilité
de critères mesurés (Cherpitel, 1995; Hays et al, 1995) (36). Les résultats du questionnaire
32
AUDIT sont bien corrélés aux mesures des conséquences d’une alcoolisation, des attitudes
vis-à-vis de la consommation de la vulnérabilité à l’alcoolo dépendance, des états d’esprit
négatifs après la consommation et des motifs de consommation (Bohn et al, 1995) (7).
Une étude a montré que la probabilité de rester sans emploi pendant plus de deux ans était
multiplié par 1,6 pour les personnes ayant des scores de 8 ou plus au questionnaire AUDIT
par rapport à des personnes comparables ayant des scores inférieurs (Clausen et Aasland,
1993)(26). Dans une autre étude, les résultats au questionnaire AUDIT chez les patients
ambulatoires prédisaient la survenue d’affections physiques et les problèmes sociaux liés à
l’alcool (Conigrave et al, 1995) (27). Les scores du questionnaire AUDIT prédisaient aussi le
recours aux soins de santé et les risques à venir d’une consommation dangereuse (Conigrave
et al, 1995).
Plusieurs études ont rendu compte de la fiabilité du questionnaire AUDIT (Flerming et al,
1991(32) ; Hays et al, 1995) (36). Les résultats indiquent une cohérence interne élevée,
laissant à penser que le questionnaire AUDIT mesure une seule dimension de manière fiable.
En effets, d’après Allen et al (2) le test AUDIT est bien corrélé avec les problèmes d’alcool
avec un coefficient alpha de krohbach de 0,80.
Selon Bohn et al (7) le score d’AUDIT est bien corrélé avec les mesures de vulnérabilité (par
exemple les problèmes familiaux qu’engendre l’alcool) et ses conséquences somatiques et
affectives. C’est un très bon instrument selon cet auteur pour déterminer à la fois les
buveurs à risque mais aussi les alcoolo-dépendants. De plus, c’est un test supérieur au MAST
et à l’AUDIT-C pour détecter les buveurs dangereux.
Bradley et al (10) ont démontré une sensibilité de 90 à 93% et une sensibilité de 54 à 79%
pour les trois premières questions de l’AUDIT chez des personnes âgées ayant été suivi dans
un centre médical et qui consommaient 7 verres ou plus par semaine.
Selon une enquête d’Ivis et al (41) chez une population de patients interrogés par téléphone,
le changement d’ordre des questions ou du libellé du test AUDIT n’a pas d’impact
perceptible sur le score de l’AUDIT.
D’après Claussen et al (26), l’AUDIT est un bon examen de routine pour effectuer un suivi. En
effet, dans son étude, des chômeurs de longue durée ont été inclus et le test s’est avéré utile
pour
suivre
ces
patients
qui
ont
été
classés
dans
trois
33
groupes : « normal », « dangereux », « nocif ». Il a été constaté qu’en faisant le test 2 ans
après avoir effectué le premier, 27% de cette population avait changé de groupe d’après le
test AUDIT, 32 en pire, 24 en mieux. Il a été démontré que ce changement était du à un
faible réseau social.
Selon Conigrave et al (27), le meilleur cut-point pour le questionnaire AUDIT est de 8. En
effet, à ce seuil il est possible de détecter des traumatismes et une hypertension artérielle.
Un seuil à 12 permet de déterminer des maladies du foie et des problèmes gastrointestinaux mais la sensibilité du test diminue. Toujours selon cet auteur qui a inclus dans
son étude des patients de soins ambulatoire un score de 8 permet de détecter également les
problèmes sociaux. En effet, dans les patients qui avaient ce score à l’évaluation initiale 61%
avaient des problèmes sociaux liés à l’alcool contre 10% avec un score plus faible.
D’après Flerming et al (32), l’AUDIT est un bon test de repérage chez les adolescents
puisqu’il possède une sensibilité de 84% et une sensibilité de 71% dans ce groupe de
population. Il s’avère être plus avantageux que le CAGE ou le MAST.
Cependant, selon Isaacson et al (40), le test AUDIT ne permet pas de détecter les problèmes
anciens avec l’alcool. En effet, sur 124 patients interrogés, l’AUDIT a correctement identifié
26 sur 27 patients des buveurs à risque mais aucun patient sur les 14 ayant eu un mésusage
d’alcool dans le passé.
Les 10 questions du questionnaire AUDIT sont les suivantes :
Questions/Score :
1. Quelle est la fréquence de votre consommation d’alcool ?
Jamais : 0
Une fois par mois ou moins : 1
2 à 4 fois par mois : 2
2 à 3 fois par semaine : 3
Au moins 4 fois par semaine : 4
2. Combien de verres contenant de l’alcool consommez-vous un jour typique où vous buvez?
34
3 ou 4 : 1
5 ou 6 : 2
7 ou 8 : 3
10 ou plus : 4
3. Avec quelle fréquence buvez-vous six verres ou davantage lors d’une occasion
particulière?
Jamais : 0
Moins d’une fois par mois : 1
Une fois par mois : 2
Une fois par semaine : 3
Tous les jours ou presque : 4
4. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous constaté que vous n’étiez plus
capable de vous arrêter de boire une fois que vous aviez commencé ?
Jamais : 0
Moins d’une fois par mois : 1
Une fois par mois : 2
Une fois par semaine : 3
Tous les jours ou presque : 4
5. Au cours de l’année écoulée, combien de fois votre consommation d’alcool vous a-t-elle
empêché de faire ce qui était normalement attendu de vous ?
Jamais : 0
Moins d’une fois par mois : 1
Une fois par mois : 2
Une fois par semaine : 3
35
Tous les jours ou presque : 4
6. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous eu besoin d’un premier verre
pour pouvoir démarrer après avoir beaucoup bu la veille ?
Jamais : 0
Moins d’une fois par mois : 1
Une fois par mois : 2
Une fois par semaine : 3
Tous les jours ou presque : 4
7. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous eu un sentiment de culpabilité ou
des remords après avoir bu ?
Jamais : 0
Moins d’une fois par mois : 1
Une fois par mois : 2
Une fois par semaine : 3
Tous les jours ou presque : 4
8. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous été incapable de vous rappeler ce
qui s’était passé la soirée précédente parce que vous aviez bu ?
Jamais : 0
Moins d’une fois par mois : 1
Une fois par mois : 2
Une fois par semaine : 3
Tous les jours ou presque : 4
9. Avez-vous été blessé ou quelqu’un d’autre a-t-il été blessé parce que vous aviez bu ?
Non : 0
36
Oui, mais pas au cours de l’année écoulée : 2
Oui, au cours de l’année : 4
10. Un parent, un ami, un médecin ou un autre soignant s’est-il inquiété de votre
consommation d’alcool ou a-t-il suggéré que vous la réduisiez ?
Non : 0
Oui, mais pas au cours de l’année écoulée : 2
Oui, au cours de l’année : 4
- Un score supérieur ou égal à 8 chez l’homme et à 7 chez la femme est évocateur d’un
mésusage actuel d’alcool
- Un score supérieur à 12 chez l’homme et supérieur à 11 chez la femme serait en faveur
d’une dépendance à l’alcool (Société française d’alcoologie, 2001)
37
5.3.3.
Le questionnaire AUDIT-C.
Le questionnaire abrégé AUDIT-C (Bush et al, 1998 (15) ; Gordon et al, 2001) (33) ne
comprend que trois questions du questionnaire AUDIT sur la consommation d’alcool. Il a été
évalué pour les consommations nocives d’alcool ou l’alcool dépendance et/ou une
consommation à risque en population masculine (Bush et al, 1998). Chaque question est
cotée de 0 à 4 points, le score total se situe donc entre 0 et 12. Si le test abrégé AUDIT-C a
obtenu de meilleurs résultats que le test AUDIT complet et que le CAGE /DATA pour le
repérage des buveurs à risques selon Kraus et Augustin, l’étude était limitée aux hommes et
les questionnaires administrés par téléphone ce qui peut entrainer des biais. Gordon et all
(2001), ont utilisé le test AUDIT-C pour repérer les buveurs ayant un niveau de
consommation à risque dans un important échantillon en médecine générale. Le test AUDITC s’est révélé être aussi efficace que le test AUDIT même si le diagnostic de consommation
dangereuse n’a pas été établi en fonction d’un avis clinique mais à l’aide de mesures de
quantité et de fréquences obtenues à partir de questionnaire auto administré général. Le
questionnaire AUDIT-C avait une sensibilité de 54 à 98% et une spécificité de 57 à 93% selon
les différentes catégories de consommation d’alcool excessive.
Aux Etats Unis, les données d’une large étude épidémiologique ont été reprises et l’audit C a
été reconstitué à partir des réponses données à un vaste questionnaire de santé (Dawson et
al). Chez les hommes, le seuil optimal pour la dépendance est de 5 (sensibilité 89% et
spécificité 72%) ou de 6 (sensibilité 82% et spécificité 80%). Chez les femmes, le seuil optimal
pour la dépendance est de 4 (sensibilité 85% et spécificité 81%), pour la consommation à
risque il est de 3 (sensibilité 96% et spécificité 79%).
Toujours aux Etats-Unis, une autre étude a été menée par Bradley et al (9) dans une
population consultant en soins primaires. Le seuil optimal était de 4 chez les hommes avec
une sensibilité de 86% et une spécificité de 89% et de 3 chez les femmes avec une sensibilité
de 73% et une spécificité de 91%. L’ AUDIT- C au sein de cette population était aussi efficace
pour le repérage de l’abus ou de la dépendance.
38
Les auteurs montrent que l’AUDIT-C peut être performant dans des sous-groupes de
population comme les femmes enceintes, les étudiants ou certains groupes culturels mais
que les seuils optimaux varient d’un sous-groupe à l’autre.
39
5.3.4.
L e test FACE (Fast Alcohol Screening Test)
Mise au point en Angleterre, le test FACE comprend quatre questions, deux sur la
consommation d’alcool et deux autres sur les dommages liés à l’alcool (Health development
Agency, 2002). Comparativement au questionnaire AUDIT complet, sa sensibilité était de
93% et sa spécificité de 88%. Ses performances ont été également satisfaisantes quel que
soit le lieu où se déroule le test et pour des groupes d’âge et de sexe différents (Hodgson et
al, 2003).
Le questionnaire FACE à les mêmes avantages que l’AUDIT, à savoir qu’il permet de repérer
trois types de consommations :
- le faible risque (abstinence ou consommation sous les seuils de risque) ;
- le risque élevé (mésusage sans dépendance) ;
- alcoolo dépendance probable.
Pour la consommation excessive chez l’homme :
- sensibilité : 87,8% ;
- spécificité : 74% ;
- VPP : 43,4% ;
- VPN : 96,4%.
Pour la consommation excessive chez les femmes :
- sensibilité : 84,4% ;
- spécificité : 84% ;
- VPP : 35,5% ;
- VPN : 98,1%.
Le questionnaire FACE est donc un bon instrument de repérage des problèmes d’alcool,
d’autant plus qu’il a été montré qu’il était bien accepté par les patients et par les médecins
qui l’estiment adapté à leur pratique quotidienne.
40
Le questionnaire FACE est le suivant :
Pour les questions suivantes, merci d’entourer la réponse qui convient le mieux :
1 verre = 1/2 pinte (25 cl) de bière ou 1 verre de vin ou 1 seule liqueur.
1. Pour les hommes : Au cours d’une même occasion, combien de fois buvez-vous HUIT
verres ou plus ?
Pour les femmes : Au cours d’une même occasion, combien de fois buvez-vous SIX verres ou
plus ?
01234
(0) Jamais, (1) Moins d’une fois par mois, (2) Une fois par mois, (3) Une fois par semaine,
(4) Tous les jours ou presque.
2. Au cours de l’année écoulée, combien de fois avez-vous été incapable de vous rappeler ce
qui s’était passé la soirée précédente parce que vous aviez bu ?
01234
(0) Jamais, (1) Moins d’une fois par mois, (2) Une fois par mois, (3) Une fois par semaine, (4)
Tous les jours ou presque.
3. Au cours de l’année écoulée, combien de fois votre consommation d’alcool vous a-t-elle
empêché de faire ce qui était normalement attendu de vous ?
01234
(0) Jamais, (1) Moins d’une fois par mois, (2) Une fois par mois, (3) Une fois par semaine, (4)
Tous les jours ou presque.
41
4. Au cours de l’année, un parent, un ami, un médecin ou un autre soignant s’est-il inquiété
de votre consommation d’alcool ou a-t-il suggéré que vous la réduisiez ?
(0) (2) (4)
(0) Non ; (2) Oui, une fois ; (4) Oui, plusieurs fois.
42
5.3.5.
Le questionnaire CAGE/DATA
Le CAGE est un questionnaire court de repérage de l’abus et de la dépendance qui porte sur
la vie entière, il est parmi les plus étudié et les plus utilisé. Ewing a élaboré ce questionnaire
à partir d’une étude clinique menée en 1968 dans un hôpital de Caroline du Nord (30). Il a
été initialement été validé par Mayfield (49) dans un service de soin psychiatrique et a
ensuite été validé dans de nombreux pays et de nombreuses populations. Son nom est
l’acronyme formé sur le thème des quatre questions dont il est composé :
1. Avez-vous déjà ressenti que vous devriez réduire votre consommation d’alcool ?
2. Est-ce qu’on vous a déjà ennuyé en critiquant votre consommation d’alcool ?)
3. Vous est-il déjà arrivé de vous sentir coupable au sujet de votre consommation d’alcool ?)
4. Vous est-il déjà arrivé de prendre un verre tôt le matin pour vous sentir plus calme ou
vous débarrasser d’une « gueule de bois » ?)
Chaque item est coté 1 (réponse oui) ou 0 (réponse négative). Son score va donc de 0 à 4.
Un score > 2 est considéré comme positif. Le CAGE semble repérer plus tôt les troubles
sévères liées à l’alcool. Il est largement admis que le CAGE repère plutôt l’abus et la
dépendance à l’alcool que l’usage à risque ou l’usage nocif.
Son très bon niveau de concordance avec le Michigan alcoholism screening test (MAST)
questionnaire en 25 items mis au point par Selzter en 1971 et destiné au repérage de
l’alcoolo dépendance, tend à aller dans ce sens.
Un inconvénient du CAGE est qu’il porte sur la vie entière. Bradley et al (11) ont montré dans
une étude menée auprès de patients consultant dans un centre de médecine générale pour
vétérans, que si l’on modifie le CAGE pour ses quatre questions portant sur les douze
derniers mois, il perd alors beaucoup en sensibilité (57% contre 77% pour la version
standard) bien qu’il gagne en spécificité (82% contre 57%) si l’on s’intéresse au repérage de
l’usage à risque ou l’abus ou la dépendance.
Sa brièveté (peut être administré en une minute), sa simplicité (réponse par oui ou non) et
sa facilité de mémorisation représentent ses principaux avantages par rapport aux autres
43
questionnaires. Un autre avantage est qu’il ne semble pas y avoir de différence entre sa
version orale (en hétéreo questionnaire) et sa version écrite (en auto questionnaire)
Le CAGE a montré sa supériorité par rapport aux examens de laboratoire, en termes de
repérage de l’abus et de la dépendance (Bernardt et al) (6). En population clinique, ses
performances sont considérées comme très bonnes pour le repérage de l’abus et de la
dépendance. Il possède un haut potentiel en routine pour détecter les groupes à risque.
Dans un échantillon de 821 individus consultant dans un hôpital universitaire aux Etats unis,
la prévalence vie entière de l’abus et de la dépendance est de 36%, le CAGE, au seuil
habituel > 2 a une sensibilité de 74% et une spécificité de 91%.
Liskow et al (46) ont évalué ces performances au sein d’un échantillon de patients masculins
consultant dans un hôpital pour vétérans ou la prévalence de l’alcoolisme était de 22%. La
sensibilité et la spécificité pour le repérage de l’abus et la dépendance sont respectivement
de 86% et 93%. Le CAGE est donc facile à utiliser dans un cadre clinique.
Plusieurs versions françaises ont été proposées, dont l’acronyme DETA en 1989.
1. Avez-vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation d’alcool ?
2. Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre
consommation d’alcool ?
3. Avez-vous déjà eu l’impression que vous buviez trop ?
4. Avez-vous déjà eu besoin d’alcool le matin pour vous sentir en forme ?
Les performances du DETA ont été évaluées dans différentes situations. Parmi des patients
hospitalisés, au seuil 2 la sensibilité est de 77% pour l’abus ou la dépendance et la spécificité
est de 94% (48)
Le DETA a été auto administré à 200 consultants hospitalisés dont 9% ont été étiquetés
« alcoolique ». Le pourcentage de malade bien classés était de 95,5% ; 9 malades ont été mal
classés, 6 par excès, 3 par défaut (Rueff et al) (64).
Malet et al (48) ont établi une étude pour permettre d’évaluer la version française du CAGE
(DETA). Ils ont interrogé 5452 patients consultant dans un hôpital d’Auvergne. Les patients
ayant des problèmes d’alcool ont été diagnostiqués par les médecins grâce aux critères du
44
DSM-IV. Il s’est avéré que pour un seuil de 2 la sensibilité était de 77% et la spécificité de
94%, tandis que pour un seuil de 1 la sensibilité était de 88% pour une spécificité de 87%.
Bradley et al (11) ont proposé une version différente du CAGE avec deux questions du CAGE
standard, une question sur la quantité/fréquence, deux questions sur les épisodes de
consommation massive et la question : « avez-vous déjà eu un problème avec l’alcool ? ». Il
s’est avéré que ce test gagnait en sensibilité par rapport à la version standard (92%) mais
perdait alors beaucoup en spécificité (50%).
Hays et al (36) ont montré que la corrélation entre le CAGE et l’AUDIT était de 0,62 et que la
corrélation entre le CAGE et le short-MAST était de 0,70.
5.3.6.
Le test T-ACE
La majorité des publications concernant le dépistage des conduites d’alcoolisation à risque
chez les femmes enceintes n’ont pas été traduit ni a fortiori validés en français. Pourtant
pour de nombreux auteurs (dont Chang et Call, 1999)(19) l’amélioration du repérage des
grossesses à risque du fait d’une alcoolisation passe en partie par l’utilisation de tels
questionnaires.
Le T-ACE est un questionnaire à quatre items (tolerance, Annoy, cut down, eyeopener)
développé spécifiquement pour la pratique obstétricale et qui aborde de manière indirecte
la consommation d’alcool puisqu’il s’enquiert de la tolérance aux effets de l’alcool, des
conséquences psychologiques de la consommation et de l’avis de l’entourage concernant
cette consommation. La notation est de 2 points pour « T », 1 point pour « A,C,E ». Un score
supérieur à 2 est considéré comme positif. Le T-ACE est facile à administrer car il met une
minute à être posé. Plusieurs études (Chang, 2001 ; Russel et Call, 1996) (19) ont confirmé,
auprès d’une large population, l’intérêt de l’utilisation du T-ACE dans le repérage de
l’alcoolisation des femmes enceintes. Dans une étude, Russel et al (1994), attribuent au TACE une sensibilité de 83% et une spécificité de 75%. Le T-ACE est pertinent dans sa capacité
à repérer les conduites d’alcoolisation potentiellement dommageables.
Selon une étude de Sokol et al incluant 971 femmes, la sensibilité du test est de 69% et la
valeur prédicitive positive est de 23%. (69).
45
Dans ses recommandations concernant la consommation d’alcool durant la grossesse, le
« Royal College of Obstetricians and Gynecologists » considère que le questionnaire T-ACE
est la manière la plus efficace de détecter une consommation excessive d’alcool.
Le T-ACE est plus sensible que le questionnaire CAGE (38%) et que le MAST (36%) dans la
détection du mésusage d’alcool chez la femme enceinte (Sokol et al) (69).
Le questionnaire T-ACE est le suivant :
T= Tolérance - Combien de verre(s) vous faut-il pour ressentir les effets de l’alcool ?
A= Agacement - Est-il arrivé que des proches, des professionnels de la santé
s’inquiètent de votre consommation d’alcool ?
C= Cessation – Avez-vous déjà essayé de réduire votre consommation d’alcool ?
E= Eveil – Avez-vous déjà eu besoin de consommer de l’alcool le matin pour être en
forme ?
● T = 2 points s’il faut plus de 2 consommations; 1 point s’il en faut 1 ou 2.
● A, C et E = 1 point si la réponse est oui
● A risque à partir de 2 points (1 point pour certains auteurs)
● Au-dessus de 2 points risque élevé.
46
5.3.7.
Le test TWEAK
Le développement du test TWEAK aurait également montré sa supériorité sur le CAGE quant
à la détection des femmes à risque d’alcoolisation dommageable (Chang et al, 1998) (20)
mais n’apporte pas d’amélioration dans la détection par rapport au T-ACE (20). Ce
questionnaire qui comporte cinq questions formulant l’acronyme « TWEAK » (Tolerance,
worried, Eye opener, Amnesia, (K) cut down), inclut les items du MAST, du CAGE et du TACE. Il a été développé pour évaluer les risques de consommations d’alcool chez les femmes
enceintes. Dans l’étude précédemment citée, incluant 4743 femmes afro-américaines d’un
niveau socio-économique bas, la sensibilité et la spécificité du TWEAK sont respectivement
évaluées à 79% et 83% dans son aptitude à repérer une consommation de 14 verres au cours
d’une semaine normale avant la grossesse.
Selon Cherpitel et al, le test TWEAK pour un cut-point à 2 est meilleur que le questionnaire
CAGE pour un cut-point à 1. De plus le TWEAK et l’AUDIT pour un cut-point à 3 et à 8
respectivement sont plus performants que le CAGE et le brief-MAST chez la femme enceinte
ayant une consommation nocive ou une alcoolo-dépendance.
Le questionnaire TWEAK est le suivant :
1. Combien de verres devez-vous prendre pour que vous vous sentiez bien?
2. Avez-vous des amis proches ou des parents inquiets ou qui se sont plaint de votre
consommation d’alcool durant les dernières années ?
3. Prenez-vous parfois un verre le matin quand vous vous levez ?
47
4. Avez-vous un ami ou un membre de la famille qui vous a dit des choses que vous
avez dit ou fait pendant que vous buviez et dont vous ne vous souvenez pas ?
5. Ressentez-vous parfois le besoin de réduire votre consommation d’alcool ?
48
5.3.8.
Le questionnaire MAST
Ecrit en 1971 par Selzer (67), il est composé de 25 questions pour lesquelles la réponse est
OUI ou NON. Les points attribués en fonction de la réponse varient de 0 à 5.
Ce test a été validé à l’origine dans les groupes suivants : patients alcoolos dépendants
hospitalisés, conducteurs arrêtés en état d’ébriété, personnes arrêtées sur la voie publique
pour des troubles du comportement et enfin des conducteurs repassant des tests de
conduite suite à un retrait de permis pour conduite en état d’ébriété.
Le questionnaire peut être donné soit par écrit en autoévaluation, soit par oral.
Ce test a été validé en français. Le nombre maximum de points comptabilisables est de 54.
- de 0 à 3 points, on ne retient pas de problème lié à la consommation d’alcool ;
- il existe une zone grise entre 3 et 5 points ;
- au-delà de 5 points, le diagnostic d’alcoolo dépendance est probable ;
- à partir de 10 points le diagnostic de dépendance est certain.
Trois des cinq items ont une incidence diagnostique déterminante :
- avez-vous déjà assisté à une réunion des Alcoolique Anonyme ?
- avez-vous déjà demandé de l’aide à quelqu’un à cause de la boisson ?
- avez-vous déjà été hospitalisé à cause de la boisson ?
A l’occasion du travail original réalisé par Selzer, il s’est révélé que le MAST n’avait qu’une
utilité restreinte pour le dépistage précoce de l’alcoolisme puisqu’il ne donnait un diagnostic
positif que pour 55% des sujets condamnés pour ivrognerie et comportement asocial et pour
11% seulement des conducteurs de véhicules à moteur qui s’étaient vu retirer
temporairement leur permis à la suite d’une infraction lié à l’alcool.
Il est surtout sensible chez les hommes d’âge moyen selon Skiner (1981).
Il existe de nombreuses échelles dérivées du MAST.
49
Questionnaire MAST :
1. Pensez-vous que vous consommez de l’alcool en quantité plus que la normale ?
Oui=2 Non=0
2. Vos proches vous ont-ils déjà fait des reproches au sujet de votre consommation d’alcool?
Oui=1 Non=0
3. Vous êtes-vous déjà senti coupable au sujet de votre consommation d’alcool ?
Oui=1 Non=0
4. Est-ce que vos amis et vos proches parents pensent que vous êtes un buveur normal ?
Oui=0 Non=2
5. Arrivez-vous toujours à stopper votre consommation d’alcool quand vous le voulez ?
Oui=0 Non=2
6. Avez-vous assisté à une réunion d’anciens buveurs (Alcooliques Anonymes) pour un
problème d’alcool ?
Oui=5 Non=0
7. Est-ce que l’alcool à déjà créé des problèmes entre vous et votre conjoint(e) ?
Oui=2 Non=0
8. Avez-vous déjà eu des problèmes professionnels à cause de votre consommation d’alcool?
Oui=2 Non=0
9. Avez-vous déjà négligé vos obligations, votre famille ou votre travail pendant deux jours
de suite ou plus en raison de votre consommation d’alcool ?
Oui=2 Non=0
10. Avez-vous demandé de l’aide ou des conseils à autrui au sujet de votre consommation ?
Oui=5 Non=0
50
11. Avez-vous déjà été hospitalisé en raison de votre consommation d’alcool ?
Oui=5 Non=0
12. Avez-vous déjà été arrêté, ne serait-ce que quelques heures en raison d’un état d’ivresse
?
Oui=2 Non=0
13. Avez-vous déjà été inculpé d’ivresse au volant ?
Oui=2 Non=0
Cet outil s’avère peu maniable en pratique courante surtout dans le cadre d’un dépistage
précoce car il se focalise surtout sur les conséquences tardives d’une consommation
excessive d’alcool.
5.3.9.
Le brief MAST
Pokorny et al (1972) ont extrait dix items du MAST, l’épreuve pouvant alors être réalisée en
moins de cinq minutes (59). Les questions posées sont directes et sans équivoque quant à
l’accent qu’elles mettent sur l’alcool, obligeant l’enquêté à admettre que le fait de boire
constitue un problème.
Les questions du questionnaire sont les suivantes :

Avez-vous le sentiment d’être un buveur normal ?

Vos parents ou vos amis vous considèrent-ils comme un buveur normal ?

Avez-vous déjà assisté à une réunion des alcooliques anonymes ?

Avez-vous déjà perdu des amis ou des compagnons/compagnes à cause de la
boisson ?

Avez-vous déjà eu des ennuis au travail à cause de la boisson ?

Vous est-il arrivé de négliger vos obligations, votre famille ou votre travail
pendant 2 jours de suite ou plus pour vous adonner à la boisson ?
51

Après avoir beaucoup bu, avez-vous déjà eu une crise de délirium trémens,
ressenti un fort tremblement, entendu des voix ou eu des hallucinations
visuelles ?

Avez-vous jamais recherché de l’aide auprès de quelqu’un à cause de votre
habitude de boire ?

Avez-vous jamais été hospitalisé à cause de la boisson ?

Avez-vous jamais été arrêté pour ivresse au volant ou pour conduire après
avoir bu ?
Les résultats des études effectuées par Lockart, Taylor et Chan concernant la
sensibilité et la spécificité sont synthétisés dans le tableau suivant :
Références
Population
Lockhart et al (1986)
104
Sensibilité %
patients
Spécificité %
46
99
patients
78
94
patients
78
80
ambulatoires
Taylor et al (1986)
1628
hospitalisés
Chan et al (1993)
390
ambulatoires US
5.3.10.
Le short MAST
Après l’étude de Pokorny, Selzer (1975) a lui-même proposé une autre version
raccourcie à 13 items. Cette échelle de 13 items, dont huit en commun avec le brief
MAST donne des résultats semblables au MAST et au brief MAST.
Voici les 5 items qui sont rajoutés à ceux du brief MAST, pour constituer le short MAST :
52

Vous êtes-vous déjà senti coupable au sujet de votre consommation
d’alcool ?

Vos proches vous ont-ils déjà fait des reproches au sujet de votre
consommation d’alcool ?

Arrivez-vous toujours à stopper votre consommation d’alcool quand vous le
voulez ?

L’alcool à t-il déjà crée des problèmes entre vous et votre conjoint ?

Avez-vous déjà été inculpé d’ivresse au volant ?
53
5.3.11.
Le Mm MAST /Le m AAST /Le R.C.S.A.S.T
Le Mm MAST (Malmomodified of the MAST) est une modification du MAST, réalisé par
Krinstenson et al (1982). Il est composé de 9 items explorant surtout les habitudes de
consommation. De sensibilité acceptable (73%), il souffre d’une proportion importante
de faux positifs (30%). Osterling (1993) (56) estime qu’il est plus performant que le
CAGE, en première intention, et surtout chez l’homme. (Le coefficient alpha de
Chronbach’s étant de 0,69 chez les hommes pour ce test contre 0,58 dans la population
féminine).
Nystrom (1993) (55) fait la même constatation et le propose chez les
étudiants. En effet, d’après son étude, la sensibilité de ce test est de 63,8% et la
spécificité de 87,1% chez les hommes tandis que la sensibilité est de 86,3% et la
spécificité de 87,4% chez les jeunes femmes.
Le m AAST (modified self administered alcoholism screening test) est comme son nom
l’indique, une échelle auto administrée en partie issue du MAST. Il se compose de 35
items :
- 27 dérivés du MAST ;
- l’item de débrouillage permet d’emblée d’exclure les sujets abstinents ;
- trois questions relatives aux tentatives d’abstention ou de réduction de
l’alcoolisation,
tentatives
spontanées
ou
recommandées
par
un
professionnel ;
- quatre items concernant les antécédents familiaux.
Chaque item est coté un : un total de sept ou plus traduit un abus chronique d’alcool.
Il donne des résultats proches du MAST.
Bennett et al (1993) (5) ont utilisé le Rutgers collegiate substance abuse screening test
(R .C.S.A.S.T) qui dérive du MAST. Composé de 25 items il permet de bien classer 94%
des sujets ayant des problèmes avec l’alcool et 89% des sujets témoins. Il semble bien
54
adapté pour identifier les consommateurs excessifs chez les adolescents et les adultes
jeunes. Pour un seuil de 5, la sensibilité du RCAST était de 94% et la spécificité de 85%.
Il a été conçu essentiellement pour les adolescents en difficultés avec l’alcool dans un
collège d’étudiants aux Etats-Unis pour lesquels la prévalence des problèmes d’alcool était
de 15-16%.
55
5.3.12.
Le S.A.D.Q/ Le S.A.D.D
Le Severity acohol dependence questionnaire (S.A.D.Q) décrit par Stockwell et al (1979)
s’intéresse à l’alcoolo dépendance (71). Il n’est applicable qu’au sujet qui admet avoir
une consommation excessive et que celle-ci soit à l’origine d’une pathologie. Il permet
d’évaluer l’importance du syndrome de sevrage. Il est constitué de 20 items de valeur
égale ; le sujet doit choisir parmi les quatre réponses types (presque jamais, quelques
fois, souvent, presque toujours) pour une cotation globale de 0 à 60. Un score supérieur
à 30 indique une dépendance grave. Il reste d’intérêt limité chez le sujet faiblement
dépendant, pour qui les syndromes de sevrage au réveil sont minimisés, voire non
reconnus comme tels. Il peut être approprié auprès d’une population en traitement
dans les centres spécialisés, mais moins dans une population générale.
Les auteurs précisent que l’un des avantages du SADQ est que les résultats ne sont
relativement pas influencés par le statut socio-économique des répondants parce que
les questions concernent des symptômes que peuvent ressentir tous les buveurs.
Elle fait appel aux souvenirs du patient sur une période donnée, elle peut être très
sensible au changement des habitudes de consommation.

Le test SADQ :
S’il vous plait, rappelez-vous une période typique de forte consommation d’alcool au
cours des 6 derniers mois.
Quand était ce ?
Mois :
Année :
Au cours de cette période de forte consommation d’alcool ;

le jour après avoir bu de l’alcool, je me suis réveillé très angoissé ;

Le jour après avoir bu de l’alcool, mes mains tremblaient le matin ;

Le lendemain après avoir bu de l’alcool, mon corps était pris de secousses, le
matin au réveil, si je n’avais pas pris de l’alcool ;

Le jour après avoir bu de l’alcool, je me suis réveillé en sueur ;
56

Le jour après avoir bu de l’alcool, je redoute de me réveiller ;

Le lendemain après avoir bu de l’alcool, j’ai peur de rencontrer des gens au
réveil ;

Le lendemain après avoir bu de l’alcool, je me sentais au bord du désespoir au
réveil ;

Le lendemain après avoir bu de l’alcool, j’avais très peur au réveil ;

Le lendemain après avoir bu de l’alcool, j’aurai aimé consommer une boisson
alcoolisée dans la matinée ;

Le lendemain après avoir bu de l’alcool, j’ai bu une boisson alcoolisée le plus
rapidement possible ;

Le jour après avoir bu de l’alcool, j’ai reconsommé pour enlever mes angoisses ;

Le jour après avoir bu de l’alcool, j’ai eu une très forte envie de boire au réveil ;

J’ai bu plus d’un quart d’une bouteille de spiritueux dans une journée (ou une
bouteille de vin ou 8 unités de bière) ;

J’ai bu plus de la moitié d’une bouteille de spiritueux dans la journée (ou 1,5
bouteille de vin ou 15 unités de bière) ;

J’ai bu plus de deux bouteilles de spiritueux dans la journée (ou 2 bouteilles de
vin ou 60 unités de bière) ;
Imaginez la situation suivante :
1. Vous avez été sobre pendant quelques semaines
2. Vous buvez alors très fortement pendant deux jours
Comment vous sentiriez vous le matin après ces deux jours de consommation d’alcool ?

Je vais commencer à transpirer ;

Mes mains trembleraient ;
57

Mon corps serait ébranlé ;

J’aurai envie de boire un verre.
Les réponses à chaque question sont notées sur une échelle de 4 points :
- presque jamais : 0
- parfois : 1
- souvent : 2
- presque toujours : 3

Un score de 31 ou plus indique une dépendance sévère ;

Un score de 16 à 30 indique une dépendance modérée ;

Un score inférieur à 16 indique généralement une dépendance physique
légère ;

Les questions du SADQ s’intéressent aux aspects du syndrome de
dépendance. (Symptômes physiques du sevrage ; symptôme de sevrage
affectif ; vitesse d’apparition des symptômes de sevrage).

Le SADD
L’ADD (Raistrick et al) est un test papier crayon de 39 questions (pouvant être
administrée sous forme d’entrevue) conçu pour évaluer tous les aspects du syndrome
d’alcoolo dépendance chez les populations qui ont une dépendance légère ou moyenne.
On a choisi les questions en fonction de leur capacité à mesurer le syndrome d’alcoolo
dépendance décrit par Edwards et Gross (1976), ce qui donne à cet outil un coefficient
élevé de validité de contenu. Dans ce test, chaque énoncé est coté sur une échelle de 4
points (de 0 à 3) selon la fréquence de l’occurrence.
58
La version abrégée, le SADD, comprend 15 questions et est censé se concentrer sur
certains aspects du syndrome d’alcoolo dépendance (52). Le coefficient de corrélation
entre les deux tests est de 0,92, et on utilise maintenant beaucoup plus souvent la
version abrégée. Le score total peut varier de 0 à 45.Les réponses peuvent être : jamais,
quelques fois, souvent, presque toujours. Ainsi le score maximal est de 45.
Les répondants sont classés dans l’un des quatre groupes suivant :
- aucune dépendance (score de 0) :
- faible dépendance (de 1 à 9) :
- dépendance moyenne (de 10 à 19) :
- forte dépendance (20 et plus).
La période de référence correspond aux habitudes de consommation les plus récentes.
La durée de l’entrevue ou de l’auto administration est de deux à cinq minutes.
Les corrélations entres les questions s’échelonnent entre 0,47 et 0,81.
Il existe de forte corrélation entre le SADD et le SADQ (de 0,81 à 0,83).
De plus, le SADD possède une bonne validité discriminante ; ainsi il a permis d’établir une
distinction entre les buveurs mondains et les alcoolos dépendants.
Les questions posées pour le SADD sont les suivantes :
1. Rencontrez-vous des difficultés à vous imaginer en train de
boire de manière déraisonnée ?
0
1
2
3
0
1
2
3
59
2. S’enivrer est-il plus important que votre prochain repas ?
3. Pensez-vous planifier votre prochaine journée autour de
quand et ou vous pourrez boire ?
0
1
2
3
0
1
2
3
5. Buvez-vous pour les effets de l’alcool sans vous souciez de ce qu’est
la boisson ?
0
1
2
3
6. Buvez vous autant que vous voulez sans vous soucier de ce que vous
0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
4. Buvez-vous le matin, le midi et le soir ?
faites le lendemain ?
7. Etant donné que de nombreux problèmes peuvent être causés par
l’alcool, buvez-vous encore trop ?
8. Savez-vous que vous ne serez pas en mesure d’arrêter de boire une
fois que vous aurez commencé ?
9. Avez-vous essayé de contrôler votre consommation d’alcool en
arrêtant plusieurs jours ou semaines ?
10. Le matin, après une période de forte consommation, avez-vous
besoin de votre premier verre pour aller mieux ?
60
11. Le matin, après une période de forte consommation, vous réveillez
vous avec des tremblements dans les mains ?
12. Après une période de forte consommation, vous réveillez vous pour
vomir ?
13. Le matin, après une période de forte consommation, évitez-vous les
gens ?
14. Après une période de forte consommation, avez-vous vu des
choses effrayantes que plus tard vous avez réaliser être imaginaire ?
15. Quand vous avez bu le soir, avez-vous oublié le lendemain ce qui
est arrivé la veille au soir ?
0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
61
5.3.13.
L’ASI (addiction severity index)
L’ASI, conçu par McLellan, Luborsky, Woody et O’Brien (1980), est peut être l’instrument
normalisé le plus utilisé dans le domaine de la toxicomanie (50). On peut s’en servir pour
évaluer la consommation d’alcool et la consommation de drogue. Cet outil est fondé sur
l’hypothèse que pour évaluer efficacement les comportements de dépendance, il faut
examiner le contexte du problème, c’est-à-dire les causes et les conséquences. L’édition
actuelle, la cinquième (McLellan et al) est offerte dans neuf langues. Elle est administrée
sous la forme d’une entrevue structurée d’une durée de 40 à 60 minutes. On la
recommande autant pour la recherche que pour des fins cliniques. Dans ce dernier cas,
on met l’accent sur l’élaboration de plans de traitement. On a conçu de nombreux outils
qui peuvent faciliter l’administration du test (manuel vidéo, vidéos de formation,
instructions pour la notation) ; l’outil doit être administré par un clinicien ou un
technicien expérimenté.
On obtient un score global ainsi que six scores pour différents domaines : état de santé,
emploi et soutien financier, consommation de drogue ou d’alcool, domaine juridique et
pénal, vie familiale et sociale, problèmes psychologiques ou psychiatriques. En plus de la
partie qui porte sur les domaines de problèmes, il y en a une autre qui concerne les
antécédents personnels et familiaux. Les points de référence temporels sont le passé
récent et la vie entière. Chacune des 161 questions est notée sur une échelle de 5
points. Le répondant indique dans quelle mesure la situation décrite dans la question
constitue un problème pour lui et dans quelle mesure il estime avoir besoin d’un
traitement. En plus des données déclarées par le répondant, l’interviewer évalue
subjectivement la gravité du problème du patient, l’honnêteté et la compréhension du
patient (sur une échelle de 10 points).
Bien qu’il existe une version informatisée, les concepteurs de la cinquième édition
maintiennent catégoriquement que le protocole ne doit pas être administré de cette
façon en raison de l’importance de la notation subjective du clinicien quant à la fiabilité
et à la validité de l’instrument. Cela présente un désavantage pour les établissements ou
62
il n’est pas pratique qu’un clinicien consacre une heure à une entrevue ou du temps
pour les calculs des scores.
On a également critiqué l’ASI parce qu’il n’examine par les problèmes propres aux
femmes.
L’un de ses points fort est qu’il contient des renseignements sur la détresse du patient,
sa motivation à l’égard du traitement et sa dénégation du problème.
En outre, McLellan et al ont constaté que l’ASI pouvait déceler, six mois après le
traitement, les changements survenus chez les patients toxicomanes ou ayant un abus
d’alcool.
On peut recommander cette échelle sous tous les aspects, sauf l’aspect pratique, étant
donné que l’administration s’avère coûteuse.
63
5.3.14.
Le questionnaire AIS (Alcoohol Intoxication Scale)
Tina M et al (72), ont développé aux états Unis une échelle pour évaluer quand
transférer un patient venant des urgences pour problème d’alcool dans un service
d’addictologie (plutôt qu’en faisant une prise de sang pour doser l’alcoolémie).
En effet, dans leurs services d’urgences un taux de 0,2% d’alcoolémie avait été choisi
arbitrairement pour transférer un patient en service d’addictologie. Or, certains patients
semblaient stables alors qu’ils avaient un taux supérieur à ce dernier. Cette étude a donc
tenté d’explorer un outil spécifique, l’échelle AIS, basée sur les symptômes et les
instabilités médicales, que montre souvent un patient en état d’alcoolisation.
Cette échelle se base sur cinq critères :
- l’orientation ;
- les déplacements ;
- la parole ;
- l’agitation
- l’évaluation physique.
Chaque sous échelle est notée de 0 à 4 points. Au total, le score s’échelonne entre 0 et
17 points. Un score inférieur à 11 implique une possibilité de prise en charge dans un
service d’addictologie. Ce score a été déterminé arbitrairement.
150 médecins et 30 infirmières ont fait partis de cette étude.
Les patients devaient être âgés de plus de 18 ans, comprendre et parler couramment
l’anglais. Une prise de sang a été effectuée et ils ont été interrogés une fois par
l’infirmière et une fois par le médecin sans dépasser un délai de 30 minutes. 30 patients
ont été inclus. Il a semblé que l’AIS était plus fiable pour les scores faibles et élevés.
Le coefficient alpha de kronbach était de 0,93.
Cependant, il existe des limites à la validation de l’AIS. En effets, les résultats n’ont pas
pu être généralisés à l’extérieur de ce service, le personnel médical n’a pas pu utiliser
64
cette échelle chez les patients très alcoolisés et le score de 11 a été déterminé de
manière arbitraire.
65
5.3.15.
Le questionnaire CRAFFT
C’est un test de dépistage précoce des usages à risque et nocif d’alcool qui s’applique
aussi pour d’autres substances addictives telle que le cannabis. Ce questionnaire a été
créé pour permettre un repérage précoce, fiable, simple et rapide des adolescents en
difficultés avec l’alcool en pratique médicale courante. Il se compose de six questions,
facilement mémorisables, issues de trois questionnaires de dépistage des conduites
d’usage à risque et nocives d’alcool. Les questions du CRAFFT s’intéressent surtout au
comportement de l’adolescent vis-à-vis de l’alcool et aux conséquences induites après
ingestion de boissons alcoolisées plutôt qu’à la quantification de la fréquence des
alcoolisations ou à la quantité d’alcool ingéré. Le questionnaire semble donc anodin et
surtout peu contraignant pour l’adolescent.
Ce test a été validé aux états unis en 1998 au cours d’une étude réalisée sur un
échantillon de 99 adolescents. Parmi eux, il y avait 70% de filles et 36% de jeunes noirs.
L’âge moyen était de 16 ans. L’enquête s’est déroulée au cours d’une consultation de
surveillance dans un hôpital de Boston. Ces adolescents étaient connus pour avoir déjà
consommé de l’alcool ou d’autres substances addictives, licites ou non. A partir de deux
réponses positives, le test avait une sensibilité de 92% et une spécificité de 82% pour
dépister un mésusage d’une substance addictive nécessitant une prise en charge.
Dans une autre étude réalisée par Knight et al incluant 538 patients âgés de 14 à 18 ans
dont 75,8% de minorité ethnique un score de 2 ou plus était le plus optimal pour révéler
un usage à risque ou nocif d’alcool (43). En effet, la sensibilité était alors de 76% et la
spécificité de 94%. Il s’est avéré dans cette étude que la validité du test n’a pas été
affectée par l’âge, le sexe ou la race.
Le questionnaire CRAFFT est le suivant :
1. Etes-vous déjà monté(e) dans un véhicule (auto, moto, scooter...) conduit par
quelqu'un (y compris vous) qui avait bu ou qui était défoncé ?
66
2. Utilisez-vous de l’alcool ou d'autres drogues pour vous détendre, vous sentir mieux
ou pour « tenir le coup » ?
3. Vous est-il déjà arrivé d'oublier ce que vous avez fait sous l'emprise de l'alcool ou
d'autres drogues ?
4. Consommez-vous de l'alcool ou d'autres drogues quand vous êtes seul ?
5. Avez-vous déjà eu des problèmes en consommant de l'alcool ou d'autres drogues ?
6. Vos amis ou votre famille vous ont-ils déjà dit que vous devez réduire votre
consommation d'alcool et d'autres drogues ?
Deux réponses positives (ou plus) sont évocatrices d'une consommation nocive.
67
5.3.16.
Le questionnaire RAPS (Rapid Alcohol problems screen)/RAPS4/Le
RAPS4-QF
5.3.16.1.
Le questionnaire RAPS
Le questionnaire RAPS a été décrit par Cherpitel en 1995 (24). Il se compose de deux
items du test TWEAK, deux items de l’AUDIT et un item du brief-MAST. Il possède une
sensibilité de 90% et une spécificité de 78%. Il n’y a pas de score possible, une réponse
positive à l’une des questions signifie que la personne à un usage nocif de l’alcool.
Le questionnaire RAPS est le suivant :

1. Au cours de la dernière année, avez-vous eu un sentiment de
culpabilité ou de remord après avoir bu ?)
2. Au cours de la dernière année, un ami ou un membre de la famille
vous a-t-il dit des choses que vous avez dites ou faites pendant que vous buviez et dont vous
ne vous souvenez pas ?)
3. Au cours de la dernière année, n’avez-vous pas réussi à faire ce qu’on
attendait de vous à cause de l’alcool ?
4. Pensez-vous à un verre le matin quand vous vous levez ?
5. Au cours de l’année dernière, avez-vous perdu des amis ou petits amis à
cause de l’alcool ?
5.3.16.2.
Le questionnaire RAPS4
Le RPAS4 ne comprend pas la dernière question de RAPS. Cette échelle a également
été décrite par Cherpitel en 2000 (22).
Les résultats sont les suivants :
68
Total
hommes
Femmes
Africains
Hispaniques
Européens
(Sensibilité/spécificité)
(se/Sp)
(Se/Sp)
(Se/Spé)
(Se/Spé)
et autres
(Se/Sp)
Dépendance à
93 /87
94/80
91/92
93/87
93/87
93/84
55/79
64/69
43/89
60/82
55/84
54/75
l’alcool
Abus
d’alcool
Le RAPS 4 a été comparé par Cherpitel aux autres instruments de mesure comme le
CAGE, le brief-MAST, l’AUDIT ou le TWEAK. Pour les sous-groupes, c’est un meilleur test
de dépistage que ces derniers.
De plus, chez les femmes présentant une dépendance à l’alcool, le RAPS4 a une bonne
sensibilité comparativement au CAGE qui montre une sensibilité de 89% et une
spécificité de 91% pour un cut-point de 1, et au TWEAK qui a une sensibilité de 84% et
une spécificité de 88% pour un cut-point à 2.
Pour les femmes ayant une consommation nocive, le CAGE a une sensibilité de 45% et
une spécificité de 88% pour un cut-point à 1 et le TWEAK a une sensibilité de 60% et une
spécificité de 87% pour un cut-point à 2.
69
5.3.16.3.
Le questionnaire RAPS4-QF
Ce questionnaire a également été décrit par Cherpitel en 2002. Il comprend deux questions
supplémentaires au RAPS4 :
1. Au cours de l’année dernière, avez-vous bu aussi souvent qu’une fois par
mois ?) (Fréquence)
2. Au cours de l’année dernière, avez-vous bu cinq verres ou plus en une
occasion ?) (Quantité)
D’après Cherpitel, la sensibilité du RAPS4-QF est de 88% et sa spécificité est de 90%. Elle est
meilleure pour les femmes ayant une dépendance à l’alcool ou un abus d’alcool que le CAGE
ou l’AUDIT avec un cut-point à 8. Pour les hommes, la sensibilité est également meilleure
mais la spécificité est moins bonne comparé au CAGE avec un cut-point à 1 et à l’AUDIT avec
un cut-point à 8.
D’après l’étude de Kelly et al (2009), le RAPS4-QF est moins performant pour détecter une
dépendance à l’alcool ou un mésusage d’alcool chez les adolescents car il requièrt un passé
important de trouble avec l’alcool, ce qui n’est pas le cas chez cette population. Dans cette
étude seulement 25% des jeunes adultes ont une expérience négative de l’alcool et
seulement 11% déclare boire tous les mois ou plus. Le RAPS4-QF a donc une sensibilité de
79% et une spécificité de 72% pour un cut-point à 3.
Ces questionnaires ont été établis pour identifier une dépendance à l’alcool mais ils sont
moins performants pour détecter un abus.
70
5.3.17.
L’échelle ARRS (Alcohol Relapse RiskScale)
Ce questionnaire est une échelle multidimensionnelle utilisée en auto questionnaire et
comprenant 48 items développée au Japon par Yasukazu et al (76). Elle a été inspirée de
l’échelle SRRS (Stimulant Relapse RiskScale).
Elle permet d’évaluer le risque de rechute à l’alcool et de voir les critères déclenchant
les rechutes.
Dans l’étude de cette échelle, 218 patients ont été admis (181 hommes et 36 femmes)
avec des antécédents de dépendance à l’alcool. Ils étaient soit en ambulatoire (182) soit
hospitalisé (29).
Cinq facteurs ont été explorés :
1. La vulnérabilité induite par les stimulis extérieurs ;
2. Les problèmes émotionnels ;
3. La compulsivité pour l’alcool ;
4. Le manque d’appréhension négative pour l’alcool ;
5. L’appréhension positive pour l’alcool.
Les critères d’éligibilités de l’étude étaient les suivants :
- avoir plus de 18 ans ;
- avoir un passif lié à l’alcool ;
- être diagnostiqué comme dépendant à l’alcool ;
- avoir la capacité de comprendre le japonais.
Parmi les 48 questions, 43 items constituent les facteurs initiaux de rechute de l’alcool
et cinq autres items sont utilisés pour apprécier le manque d’objectivité.
71
Une échelle visuelle analogique (VAS) a été utilisée pour évaluer l’état d’ébriété au cours
du mois suivant l’administration de l’ARSS. Elle mesure le désir subjectif de consommer
de l’alcool. Elle pose deux questions :
- noter votre état actuel d’envie de boire ;
- noter votre pulsion à la boisson durant les deux dernières semaines.
D’autres questionnaires ont été remplis par les patients et notamment un sur l’état
général et un autre sur la pratique de l’alcool du patient.
Il y a eu un suivi avec 121 patients, soit 56,9%.
Chaque item était noté sur 3 points :
- d’accord (3 points) ;
- pas d’accord (1 points) ;
- ni d’accord ni pas d’accord (2 points).
Le coefficient de Kronbach s’est répartie entre 0,55 et 0,90 pour chaque sous échelle et
de 0,90 pour le test au complet.
Il s’est révélé dans cette étude que :

l’anxiété, l’humeur négative et la pression sociale étaient des facteurs
important de rechute à l’alcool ;

Les patients consommant de l’alcool apparaissent plus influençables à
l’environnement ;

Pour les patients hospitalisés un manque d’appréhension négative était plus
fort en comparaison avec les patients en ambulatoire ;

Pour ce qui est du sexe, les hommes avaient une plus grande appréhension
positive.
Il y a eu plusieurs limites dans cette étude :
72
- problème de procédure d’échantillonnage (les participants n’ont pas été
recrutés de manière aléatoire) ;
- les faibles disponibilités des données de rechute (124 sur 218) ;
- le taux faible de l’échantillon.
Cette échelle est donc un outil de prévention mais ne peut être utilisée en clinique.
73
5.3.18.
Le questionnaire TLFB (Time Line Follow Back Procedure)
Sobell et al (1979) ont conçu cet outil, qui consiste en une entrevue structurée (le
répondant peut aussi utiliser cette méthode seule, puisqu’il existe une version
informatisée (Allen et Columbus, 1995).
Au cours de l’entrevue, l’examinateur tente de reconstruire le profil de consommation
d’alcool du patient au cours d’une période déterminée (par exemple : 1mois) en utilisant
certaines méthodes mnémotechniques : calendrier, dates clefs et évènements
importants, période d’abstinence et épisode de consommation excessive, limite
inférieure et supérieure de la consommation et technique de l’exagération (consistant à
suggérer au patient une quantité d’alcool supérieure à celle qu’il est susceptible d’avoir
consommée afin de l’inciter à donner une réponse honnête).
L’entrevue peut durer de 10 à 30 minutes selon la période de temps visée.
Les études de validité ont permis d’établir une forte corrélation entre la TLFB et les
données officielles sur les arrestations et les hospitalisations associées à l’alcool. (r
variant de 0,42 à 0,93).
Il existe également une forte corrélation entre le TLFB et le Short-Mast (r variant entre
0,51 à 0,62).
Allen et Columbus confirme que cet outil est utile pour révéler au patient les habitudes
associées à son problème d’alcool et pour lui fournir un retour d’information.
5.3.19.
Le TDEA (Test de dépendance envers l’alcool)
Le TDEA est l’un des outils les plus utilisés pour mesurer les symptômes de l’alcoolo
dépendance. Cette échelle a été conçue par Skinner et Horn (1984) à partir de questions
extraites d’un inventaire plus détaillé, intitulé « Alcohol use inventory).
Cette série de questions constitue un facteur permettant d’évaluer le concept d’alcoolo
dépendance.
Le TDEA est un questionnaire papier crayon, auto administré (il existe une version
informatisée), qui utilise comme période de référence les douze derniers mois. Il faut
74
entre 5 à 10 minutes pour répondre au questionnaire et l’examinateur n’a pas à suivre
une formation spéciale.
Le TDEA comprend 25 questions comme par exemple : « buvez-vous toute la
journée ? », « La dernière fois que vous avez bu, quelle quantité avez-vous
consommée ? ».
Les réponses sont cotées sur une échelle de 2, 3 ou 4 points. Le score varie de 0 à 47. On
peut classer les répondants dans les groupes suivant selon le résultat obtenu :
- dépendance nulle (0) ;
- faible (de 1 à 13) ;
- moyenne (de 14 à 20) ;
- importante (de 22 à 30) ;
- grave (de 31 à 47).
Ross, Gavin et Skinner (1990) indiquent qu’un score de référence situé entre 8 et 9
correspond au diagnostic d’abus ou de dépendance.
Le TDEA présente une bonne cohérence interne (de 0,85 à 0,92). Les scores du TDEA
sont en corrélation avec le degré de psychopathologie et les conséquences néfastes de
la consommation d’alcool.
Pour ce qui est de la validité discriminante, 88% d’un échantillon testé ont été
correctement classés.
L’analyse factorielle a révélé qu’un groupe de questions permettait de déceler les
symptômes de sevrage et que deux facteurs moins importants servent à évaluer la perte
de contrôle et la consommation obsessionnelle compulsive.
Il y a une corrélation assez élevée entre, d’une part les scores du TDEA et d’autre part, le
MAST (0,69).
En outre, les scores de cet outil sont en corrélation avec de nombreux problèmes
psychologiques, médicaux et juridiques ainsi que le sentiment subjectif de la perte de
contrôle de la consommation d’alcool.
75
Certains ont critiqué cet outil car il est axé principalement sur la dépendance
physiologique.
76
5.4. Comment poser les questions et faire passer les questionnaires en médecine du
travail ?
On peut faire passer le questionnaire AUDIT soit sous la forme d’un entretien oral soit
sous la forme d’un auto questionnaire. Chaque méthode a des avantages et des
inconvénients qui doivent être évalués à la lumière des contraintes de temps et des
coûts. Les autos questionnaires prennent moins de temps, sont faciles à appliquer et
pourraient produire des réponses plus justes. Une utilisation du test au cours d’un
entretien en face à face permet de clarifier les réponses ambiguës, d’interroger les
patients illettrés, de fournir un retour d’information et un avis immédiat au patient ainsi
que de débuter une intervention brève.
Un repérage d’une consommation d’alcool à risque ou nocive peut être fait à n’importe
quel moment. Néanmoins, trois situations se prêtent particulièrement à ce repérage :
- Lorsqu’un salarié vient en visite d’embauche ;
- Lors d’une visite périodique ;
- En réponse aux problèmes qui pourraient être liés à la consommation
d’alcool.
La mise en œuvre de méthodes efficaces de repérage de consommation d’alcool à risque
et nocive en médecine du travail est une tâche difficile. Certaines recommandations ont
été faites pour optimiser les résultats :
- Les questions concernant l’alcool pourraient être intégrées dans un
questionnaire reprenant l’historique de style de vie du patient (tabagisme,
activités physique, nutrition) ;
- Les patients à haut risque de consommation de drogues illicites pourraient
être interrogés sur leur consommation associée de drogue et d’alcool
77
- Le médecin du travail devrait adopter une approche non conflictuelle
exempte de jugement et empathique au cours de l’entretien avec le patient et
lors de la restitution des résultats du test de repérage.
78
5.5. Synthèse des analyses des différentes échelles
Les résultats des analyses des différentes échelles ont été synthétisés dans le tableau
suivant pour les critères suivants:
Echelles
AUDIT
Critère 1 :
sensibilité
Critère 2 :
spécificité
Critère 3 :
93%
(pour un seuil
de 8)
Hommes :
Pour un seuil
de 5 :
89%
78%
(pour un seuil
de 8)
Hommes :
Pour un seuil
de 5 :
72%
Femmes :
Pour un seuil
de 4 :
85%
Femmes :
Pour un seuil
de 4 :
81%
FACE
93%
88%
3
CAGE / DATA
Pour un
seuil>2
74%
Pour un
seuil>2
91%
3
T-ACE
83%
75%
2
TWEAK
79%
83%
2
AUDIT-C
3
3
Remarques
Ce test permet de détecter
aussi bien les problèmes
d’alcool légers à modérés
que les problèmes plus
graves.
Meilleur score que l’AUDIT
pour les buveurs à risque.
Bon
résultats
pour
différents sous-groupe de
populations
(femmes
enceintes/adolescents)
Bonne performance quel
que soit le groupe d’âge ou
le sexe.
Porte sur la vie entière :
- bref ;
- simple ;
- facile à mémoriser.
Bon test pour un repérage
de l’abus ou de la
dépendance.
- essentiellement pour la
pratique obstétricale ;
- évoque les conséquences
psychologiques
d’une consommation
à
risque
- demande l’avis de
l’entourage
- efficace pour détecter
une
consommation
excessive chez la femme
enceinte
Montre sa supériorité par
79
Echelles
MAST
Brief-MAST
Critère 1 :
sensibilité
Critère 2 :
spécificité
Sensible pour
55% des sujets
condamnées
pour
ivrognerie
et chez 11%
des
conducteurs
auxquels on a
retiré le
permis de
conduire
78%
Critère 3 :
1
94%
2
2
73%
RCSAST
94%
1
89%
2
SADQ
1
SADD
1
2
ASI
rapport au CAGE pour la
détection
de
consommation
dommageable chez la
femme enceinte.
Pas d’amélioration par
rapport au T-ACE.
Validé pour :
- patients alcoolo
dépendant hospitalisés ;
- conducteurs en état
d’ébriété ;
-personne arrêtée sur la
voie publique pour trouble
du comportement.
Outil peu maniable en
pratique.
Short-MAST
Mm MAST
Remarques
Questions directes et sans
équivoque.
Bon test pour détecter le
mésusage et les abus.
Résultats proches du MAST
et du brief-MAST
Souffre
d’un
gros
pourcentage
de
faux
positif (30%)
Bon test pour repérer les
consommations chez les
adolescents et les jeunes
adultes
Applicable au sujet qui
admet
avoir
une
consommation excessive.
Intérêt limité chez les
patients
faiblement
dépendants.
Se concentre sur les
symptômes d’une alcoolo
dépendance.
Points forts :
- renseigne sur la détresse
du patient, sa motivation à
80
Echelles
Critère 1 :
sensibilité
Critère 2 :
spécificité
Critère 3 :
1
CRAFFT
92%
82%
RAPS
90%
78%
1
RAPS4
93%
87%
1
RAPS4-QF
88%
90%
1
Remarques
l’égard du traitement.
Points faibles :
- peu pratique
- coûteux (nécessite un
clinicien expérimenté)
Bon
test
pour
les
adolescents en difficultés
avec l’alcool.
Ne
s’intéresse
qu’au
patient alcoolo dépendant.
Meilleur test que le CAGE
chez les femmes alcoolo
dépendantes.
0 : pas adapté
1 : peu adapté
2 : moyennement adapté
3 : très adaptée
81
6. DISCUSSION
6.1. Comparaison des différentes échelles
Les résultats des analyses des différentes échelles ont été synthétisés dans le tableau suivant
pour les critères suivants :
Facilité de mise en
Applicabilité
œuvre
Adaptatio
Amplitude
Note
n à la
du test
finale
prévention
AUDIT
2
3
2
3
10
AUDIT-C
2
3
2
3
10
FACE
2
3
2
3
10
CAGE/DAT
2
3
2
3
10
T-ACE
2
0
2
2
6
TWEAK
2
0
2
2
6
MAST
0
3
1
1
5
brief-MAST
2
3
1
1
7
Short-
2
3
1
1
7
Mm MAST
2
0
1
1
4
m-AAST
1
0
2
3
6
RCSAST
2
0
2
2
6
SADQ
2
0
1
1
4
SADD
2
0
1
1
4
ASI
0
3
2
3
8
AIS
0
0
1
1
2
CRAFFT
2
0
2
2
6
RAPS
2
0
1
1
4
RAPS4
2
0
1
1
4
RAPS4-QF
2
0
1
1
4
A
MAST
82
TDEA
2
0
2
3
7
TLFB
0
0
2
3
5
Critères:
Définition
Notation
facilité de
moyen humain, matériel ou
0: plus de 15 minutes, besoin d'un
mise en
durée que nécessite l'échelle
médecin
œuvre
1: plus de 15minutes, sans besoin
d'un médecin
2 : moins de 15 minutes, sans besoin
d'un médecin
Applicabilité
échelles applicables en
0 : non
français
3 : oui
Adaptation à
l'échelle est-elle adaptée au
1 : échelle orientée essentiellement
la prévention
mésusage d'alcool?
vers le suivi des alcoolos dépendants
2 : échelle non orientée
Amplitude du
1 : amplitude faible: alcoolo-
test
dépendants
2 : moyen:adolescents/femmes
enceintes
3 : population totale
83
D’après les graphiques ci-dessus on constate que les échelles les plus pertinentes en terme
de facilité de mise en œuvre, d’applicabilité, d’adaptation à la prévention et qui ont une
amplitude forte sont principalement les questionnaires AUDIT, AUDIT-C, CAGE/DATA et
FACE. En effet, non seulement ces échelles ont été validées en Français mais elles
s’intéressent à une population générale non spécifique et sont de courtes durées ce qui
semble indispensable dans une consultation de médecine du travail lors d’une intervention
brève.
D’après la revue de la littérature, MCKENZY et AL ont montré un haut coefficient de relation
entre l’AUDIT et le CAGE chez les alcoolo- dépendants (r=0,78). Cependant, l’AUDIT était plus
sensible.
De plus, l’AUDIT–C est plus sensible (sensibilité de 90%) que son homologue le CAGE dans
une population de médecine générale pour identifier les consommateurs à risque (sensibilité
de 56%).
La revue de feeling et al (2000)(31) suggère que le CAGE est adapté à la détection des
troubles liés à l’utilisation de l’alcool avec une sensibilité comprise entre 43 et 94% et une
84
spécificité comprise entre 70 et 97%, sa performance dans la détection de l’alcoolisation à
risque en population générale est moindre que celle de l’AUDIT. Cette dernière observation
a également été faite chez le sujet âgé (Adams et al, 1996) et chez l’adolescent. En effet,
cette moindre sensibilité du questionnaire CAGE dans sa potentialité de dépistage des
problèmes liés à l’alcool chez l’adolescent a également été rapportée par Chung et al (2000)
qui souligne la supériorité de l’AUDIT.
Une revue systématique faite en 2003 et s’intéressant aux différentes performances de
différents tests de repérage des problèmes d’alcool en soins primaires conclut à la
supériorité du CAGE pour le repérage de l’abus et de la dépendance (avec une sensibilité et
une spécificité qui varient respectivement de 43% à 94% et de 70% à 97%) mais à la
supériorité de l’AUDIT pour ce qui est du repérage de l’usage à risque et de l’usage nocif.
Le test MAST, quant à lui, a aussi été validé en français. Cependant, c’est un outil peu
maniable dans une consultation de médecine du travail car il a été validé dans une
population d’alcoolo dépendant hospitalisée ou encore des personnes en état d’ébriété sur
la voie publique ou des conducteurs repassant des tests de conduite. De plus, pour les
femmes enceintes ou les étudiants cet outil s’est révélé peu sensible et peu spécifique. Cela
s’explique par le fait qu’il met surtout l’accent sur les effets tardifs d’une consommation
inadéquate d’alcool, critère qui pour les deux populations concernées ne sont pas les plus
approprié
La médecine du travail connait depuis quelques années une diminution importante du
nombre de médecins et voit leurs effectifs de salariés grimper du fait de cette pénurie. Le
dépistage d’un mésusage d’alcool doit donc se faire lors d’une intervention brève qui doit
durer quelques minutes et pourrait ainsi permettre d’orienter le patient vers un service
d’addictologie pour une meilleure prise en charge.
De plus ses échelles doivent toucher tout type de salarié pour permettre de dépister à la fois
un mésusage d’alcool mais aussi une alcoolo-dépendance. Or certaines échelles notamment
le MAST, le brief-MAST et le short-MAST sont des échelles essentiellement utilisées pour
détecter uniquement une alcoolo-dépendance et ont a priori une place plus importante dans
les services d’addictologie ou il y a un suivi pour ce type de patient.
85
Enfin, certaines échelles ne sont ciblées que sur un type de population comme les
adolescents et les femmes enceintes (TWEAK, T-ACE, CRAFFT) qui ne constitue pas la
proportion la plus importante en médecine du travail.
86
6.2. Limites des questionnaires
La consommation d’alcool et ses répercussions sur la santé demeurent l’une des
préoccupations majeures des services de santé au travail. Outre l’intérêt d’une démarche
préventive, le dépistage d’un problème lié à l’alcool s’inscrit aussi dans le cadre de la
détermination de l’aptitude médico-légale notamment au poste de sécurité.
On peut constater que beaucoup de médecins n’intègrent pas dans leur exercice une
approche systématique de la consommation d’alcool hormis pour les cas d’ébriété sur le lieu
de travail ou encore les signes d’intoxication chronique constatés lors de l’examen médical.
Ces difficultés à aborder cette question pourtant simple montrent que le sujet de l’alcool est
encore tabou en France.
On peut donc constater qu’il existe des limites à ces échelles permettant l’évaluation de la
consommation d’alcool dans les services de santé au travail. En effet, une fois le repérage
effectué, il est difficile de faire la distinction entre les consommateurs « à problème » et les
malades alcoolo-dépendants. Elles permettent donc de dépister largement mais il est
important de savoir quelle est la conduite à tenir par la suite. Ainsi, comment intégrer les
questionnaires à l’activité clinique du médecin du travail et exploiter concrètement les
résultats pour mener à bien une démarche complète de prévention ? Quand et comment à
l’issue d’un dépistage d’un consommateur « à problème » donner un conseil oral et bref à lui
seul souvent suffisant pour les consommateurs excessifs ? Comment faire pour articuler une
démarche d’orientation plus adaptée (notamment un avis spécialisé) chez les malades
alcoolo-dépendants ?
Ces questions en suspens montrent donc les limites de ces questionnaires en médecine du
travail car il s’agit surtout d’un repérage « fourre-tout ».
Ainsi, bien qu’il s’agisse d’outils utiles pour le repérage de la consommation d’alcool dans les
services de santé au travail, ils ne peuvent pas remplacer l’approche clinique par un médecin
entrainé, à l’aise avec la question de l’alcool dans son interrogatoire systématique.
87
7. CONCLUSION
Les visites médicales en santé au travail permettent de repérer précocement l’usage à risque
d’alcool chez les salariés. Pour aider le médecin dans son dépistage, il existe plusieurs
échelles pour détecter un mésusage d’alcool mais aussi une alcoolo dépendance. En effet,
cette consommation à risque peut engendrer des troubles du comportement avec des
conséquences sur la vigilance, la sécurité et la qualité du travail. Il est donc recommandé
d’interroger régulièrement le salarié sur son niveau de consommation d’alcool.
Les questionnaires de repérage peuvent être utiles car ils permettent d’introduire un tiers
dans la relation avec le salarié.
Les échelles les plus pertinentes en terme de facilité de mise en œuvre, d’applicabilité,
d’adaptation à la prévention et d’amplitude de population sont l’AUDIT, l’AUDIT-C, le
CAGE/DATA et le FACE. En effet, ces questionnaires ont été validés en français, visent tout
type de salarié et sont à même de détecter aussi bien un mésusage d’alcool qu’une alcoolo
dépendance. De plus, ce sont des questionnaires de courte durée qui peuvent facilement
être administrés dans une consultation de médecine du travail. Ils ont également montré
une bonne sensibilité et spécificité en population générale.
Le salarié doit être informé de son niveau de risque, et le cas échéant, doit pouvoir
bénéficier d’une intervention brève sur le mode motivationnel visant à réduire sa
consommation, ou au minimum, se voir remettre une documentation (recommandation
HAS, 2007). Cette évaluation doit être renouvelée régulièrement.
Il est recommandé que la décision d’aptitude prononcée par le médecin du travail suite au
repérage d’un mésusage d’alcool prenne en compte le niveau de risque que cette
consommation induit en milieu de travail pour le salarié. Une orientation vers un
accompagnement thérapeutique ou médico-social pourra éventuellement être proposée.
88
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Année : 2015
Carrié Noémie
Président de thèse : Pr CHOUDAT Dominique
Directeur de thèse : Pr LEJOYEUX Michel
PERTINENCE, EN MEDECINE DU TRAVAIL, DES QUESTIONNAIRES DE REPERAGE UTILISES
POUR EVALUER UNE CONSOMMATION D’ALCOOL A RISQUE OU NOCIVE.
Ce travail a été effectué dans le cadre du Diplôme d’Etudes Spécialisées de Médecine du
Travail. Cette thèse présente donc une revue de la littérature des différentes échelles
utilisées pour détecter une consommation à risque ou une alcoolo-dépendance et d’évaluer
leur pertinence en médecine du travail.
L’usage excessif d’alcool est un problème de santé publique et, de par sa répartition sociale
inégale, un problème de société. Ses conséquences sociales et sanitaires sont telles qu’elles
justifient d’importants efforts de prévention. Il semble donc important de proposer des
outils pour le repérage et le diagnostic précoce de différentes formes de conduite
d’alcoolisation.
Cette recherche a porté sur les 22 questionnaires présentés dans ce document. Elle a
cependant permis de mettre en évidence que seuls quatre questionnaires sont les plus
pertinents, à la fois sur la facilité de mise en œuvre, l’applicabilité, l’adaptation à la
prévention, avec une amplitude forte. Il s’agit des questionnaires : l’AUDIT, l’AUDIT-C, le
CAGE/DATA et le FACE.
En effet, ces quatre échelles sont validées en français, visent une population générale, sont
capables de détecter dans une population, à la fois un abus d’alcool et une alcoolo
dépendance, et sont de courte durée. De plus, elles présentent une bonne sensibilité et
spécificité en population générale.
Les consultations de médecine du travail permettent de détecter en amont les problèmes ou
les difficultés que peuvent connaitre un salarié avec l’alcool. Des interventions brèves
peuvent alors être mises en place pour permettre de suivre le salarié sur un mode
motivationnel ou de l’orienter vers un suivi plus poussé lors de consultations d’addictologie.
Mots-clefs : Alcoolisme ; Diagnostique ; Dépistage systématique ; Détections d’abus de
substances.
Faculté de médecine de Créteil : 8 rue du Général Sarrail 94010, CRETEIL

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