Un tuteur pour accompagner les jeunes salariés

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Un tuteur pour accompagner les jeunes salariés
actu sécurité routière
Permis de conduire
Un tuteur pour accompagner
les jeunes salariés au volant
Les jeunes salariés qui
conduisent un véhicule
à titre professionnel
sont particulièrement
vulnérables. Les
18-25 ans se tuent
au volant deux
fois plus que les
autres conducteurs.
Cette situation peu
satisfaisante est à
l’origine de l’expérience
pilote de formation au
permis de conduire en
conduite accompagnée,
lancée en octobre 2008
dans le département
du Haut-Rhin. Une
initiative qui anticipe
sur la réforme en cours
du permis de conduire.
P
as facile de financer
son permis de conduire
quand on est jeune
apprenti. De leur côté, les entreprises artisanales recherchent
des candidats à l’apprentissage.
Le lancement, en octobre 2008,
de l’expérience de formation
au permis de conduire AJC Pro,
« accompagnement des jeunes
à la conduite professionnelle »,
répond à cette double attente.
« J’ai proposé cette formation
complémentaire à un jeune en
début de contrat d’apprentissage
de dépanneur chauffagiste »,
raconte François Kloepfer, artisan chauffagiste à Jebsheim,
dans le Haut-Rhin. Pour l’entreprise alsacienne, cette formule favorise le recrutement
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Travail & Sécurité –
­­ Février 2009 de dépanneurs chauffagistes.
« Actuellement, nous avons
beaucoup de mal à trouver des
dépanneurs de chauffage central », explique son gérant. En
complément de la formation
AJC Pro, l’apprenti bénéficie
d’une aide forfaitaire pour
financer son permis (1). De son
côté, le tuteur de l’entreprise
chargé de l’accompagner au
cours de son apprentissage va
devoir compléter ou remettre à
niveau ses propres connaissances sur l’usage rationnel et en
sécurité du véhicule utilitaire
léger (VUL).
AJC Pro est le fruit d’une
démarche collective regroupant notamment la préfecture
et le conseil général du HautRhin, la CRAM Alsace-Moselle
et l’Union des groupements
artisanaux du centre Alsace
(UGA). Doté d’une mission de
formation professionnelle,
cet organisme, qui rassemble
les métiers de l’artisanat (2) et
dispose d’un savoir-faire dans
le domaine des outils de communication multimédia, a géré
la mise en œuvre générale du
dispositif et pris en charge
l’élaboration des supports
pédagogiques et techniques
de formation. Élite 68, centre
de formation à la sécurité routière, et la CRAM ont, de leur
côté, participé à la définition
des contenus et au lancement
Moniteurs et tuteurs, les relais d’AJC Pro
L
e programme de formation AJC Pro comporte différents
points spécifiques :
- sensibilisation à la compréhension du questionnaire
d’autoévaluation ;
- sensibilisation des formateurs à l’éducation routière ou
moniteurs d’auto-école et des formateurs de l’Association
professionnelle pour adultes à l’utilisation des outils AJC Pro ;
- sensibilisation des tuteurs, comprenant un module
« conduite » et un module spécifique au « véhicule utilitaire
léger » validé par la CRAM ;
- signature d’un contrat engageant l’apprenti, ses parents
et le chef d’entreprise ou du tuteur ainsi que l’établissement
de formation ;
- rendez-vous pédagogiques : deux rendez-vous obligatoires
abordent des thèmes classiques en formation à la conduite
(accident, vitesse, véhicule, éco-conduite, produits
addictifs, fatigue, etc.) complétés par des apports « risques
professionnels » ;
- délivrance d’un guide de suivi, pour faciliter l’évaluation
de la participation de l’apprenant et du tuteur ;
- signature d’un contrat engageant l’apprenti, ses parents
et le chef d’entreprise ou du tuteur ainsi que l’établissement
de formation.
des actions de formation-sensibilisation des relais : formateurs à l’éducation routière des
écoles de conduite partenaires de l’opération et tuteurs
d’entreprise.
Des outils spécifiques
« Avec nos partenaires, nous
sommes partis du cadre réglementaire de la formation à
l’apprentissage anticipé à la
conduite (AAC) dit “conduite
accompagnée” et de son programme pédagogique pour
le compléter par un volet professionnel », explique Hubert
Stumpf du centre Élite 68. La
mise en place de tuteurs d’entreprise accompagnant les
apprentis dans l’acquisition de
bonnes pratiques de travail et
de conduite constitue le volet
le plus original de cette expérience. « La séance de sensibilisation que les tuteurs suivent
s’appuie sur deux modules
particuliers », commente
Michel Armanet, ingénieurconseil régional adjoint à la
CRAM Alsace-Moselle. Le premier est élaboré par le conseil
général dans le cadre de son
projet départemental. L’autre,
consacré à l’usage rationnel du
véhicule d’entreprise de type
VUL, a été défini par la caisse
régionale en concertation avec
la CNAMTS. « Cette expérience
pilote s’appuie sur les acquis
du comité de pilotage pour la
prévention du risque routier
professionnel et du réseau prévention de la Sécurité sociale »,
précise Thierry Fassenot, ingénieur-conseil en charge du
© D.R.
Permettre à un apprenti de
passer son permis de conduire
en bénéficiant d’une formation
complémentaire à l’usage
professionnel des VUL, tel est
l’objectif de l’expérience AJC Pro.
risque routier professionnel à
la CNAMTS. C’est, en effet,
une retombée du livre blanc
du comité national (3) qui, en
matière de formation postpermis, propose de passer du
concept de conduite à celui
d’usage professionnel du VUL.
Elle a également pour origine
une expérience de conduite
accompagnée dans le département de l’Eure.
En pratique, le jeune candidat
au permis de conduire passe un
premier test sur sur le site AJC
Pro qui permet de s’assurer qu’il
possède les connaissances de
base (4). Il signe également un
contrat de motivation avec son
employeur, qui peut s’engager
à lui verser une contribution
mensuelle complémentaire en
fonction de ses résultats. Jeune
et tuteur reçoivent alors une clé
USB dont le contenu présente
le parcours pédagogique composé de plus de 40 séquences
vidéos, de quiz et de conseils de
bonnes pratiques. L’intérêt de
cette séquence est d’apporter
les connaissances et les compétences complémentaires en
matière de conduite des VUL.
En parallèle, le jeune suivra des
séances de sensibilisation à
l’épreuve théorique du permis
de conduire, le « code », au sein
du Centre de formation des
apprentis (CFA). L’apprenti s’inscrit alors dans une auto-école
partenaire dans laquelle il sera
accompagné par un moniteur
préalablement formé à la spécificité de la conduite des VUL.
Sur les lieux de travail et dans
le cadre des déplacements en
mission, les principes généraux de l’AAC sont conservés,
avec le tuteur dans le rôle de
l’accompagnant et la comptabilisation des distances parcourues jusqu’aux 3 000 km requis
pour se présenter à l’épreuve
pratique finale.
« Ce programme de conduite
accompagnée en direction des
jeunes apprentis vise à terme
environ 800 jeunes issus des
différents CFA associés », commente Michel Compoint, le
secrétaire général de l’UGA. Il
répond également à la volonté
des pouvoirs publics d’améliorer et de développer la formule
de l’apprentissage anticipé à
la conduite. Car la conduite
accompagnée présente l’intérêt de donner de meilleurs
résultats lors du passage du
permis et cela pour un coût
moyen moins élevé. L’objectif
fixé par le secrétariat d’État aux
Transports est de diviser par
trois le nombre de jeunes tués
au volant d’ici à 2012. Enfin,
soulignons le volet social et
économique de ce programme.
Anita Bruno, coordonnatrice en
sécurité routière de la préfecture du Haut-Rhin, en rappelle
les éléments clés : « Il permet à
la fois de réduire les risques d’accidents chez les jeunes conducteurs, de leur faciliter l’accès au
travail et d’améliorer l’attractivité de l’apprentissage. »
1. Tous les partenaires du projet ont
apporté des financements spécifiques
afin d’alléger le coût du permis de
conduire « AJC Pro ».
2. Partenariats avec la Confédération de
l’artisanat et des petites entreprises du
bâtiment (Capeb) et la Caisse nationale
de l’assurance maladie des travailleurs
salariés (CNAMTS).
3. Livre blanc : 12 propositions pour un
véhicule utilitaire plus sûr. Comité de
pilotage pour la prévention du risque
routier professionnel, 2007, 31 p.
4. www.ajcpro.fr.
Jean-Paul Richez
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Travail & Sécurité ­­– Février 2009
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