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CONCOURS D'ADMISSIBILITÉ SOUS-OFFICIER DE GENDARMERIE SESSION DU 6 MARS 2014 ÉPREUVE DE COMPOSITION Sujet : Le travail rend-il heureux ? COPIE N°1 : « Travailler plus, pour gagner plus » Cette phrase, issue du programme de campagne du candidat victorieux aux élections présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy, témoigne de la volonté nouvelle de revalorisation du concept « travail ». Pour autant ce mouvement n'est pas si évident ; en effet si l'on prend le temps de s'intéresser à la racine latine de travail, on constate que celle-ci vient du terme « labor » qui est assimilé à ce qui est laborieux, difficile. De l'Antiquité Romaine au siècle précédent, en passant par les Révolutions industrielles, le concept polysémique du travail a beaucoup évolué : d'une part dans ses formes — il peut désigner un emploi mais aussi tout un ensemble d'activités ; artistiques ou ménagères par exemple — d'autre part dans sa perception ; notamment ou niveau des aspirations individuelles que l'on projette sur ce concept. Aussi entre épanouissement et épuisement, le travail a-t-il un sens ? Un sens qui serait synonyme de bonheur ? Il s'agit de se demander en somme, et à l'instar de Dominique Glocheux, s'il est possible de rêver d'un monde où « bonheur rimerait avec labeur ». Pour répondre à cette problématique nous allons dans un premier temps observer comment le travail, qui, en s'institutionnalisant permet aux individus de réaliser leurs aspirations. Pour analyser dans un second temps comment les évolutions de la société peuvent transformer le travail en une source d'angoisses et d'inquiétudes pour le citoyen. Comme le souligne Voltaire dans le Candide, la vie « serait d'un grand ennui sans le travail ». Cette affirmation est vérifiable d'une part parce que le travail en s'institutionnalisant à concentré un ensemble d'enjeux et de valeurs positifs pour le travailleur, et d'autre part parce que des mécanismes de protection de ces acquis ont vu le jour. Le travail participerait activement au bonheur des individus grâce à de nombreuses spécificités. Premièrement le travail serait une source d'autonomie et d'indépendance des individus ; il permettrait notamment aux individus de s'émanciper de certains cadres : familiaux, sociaux. L'un des meilleurs témoignages de cette valeur du travail, est le combat que les féministes ont mené au cours du XXe siècle afin de légaliser et légitimer le travail féminin. Comme le soulignait Simone de Beauvoir dans Le Deuxième sexe : « la femme au foyer est une femme aliénée », si cette conception a évolué au sein de la société française — permettant a plus de quatre-vingt pourcent des femmes entre 25 et 49 ans de concilier maternité et vie professionnelle — cette tendance illustrerait une autre valeur du travail. En effet le travail serait, deuxièmement, une source d'accomplissement et de réussite ; que cela soit au niveau des revenus qu'il procure et qui permettent d'illustrer la réussite sociale et financière des individus, par la fonction occupée qui confère un statut social au sein de la société — pour ne pas dire une existence sociale — au sein des individus. Et enfin par la spécialisation et le sentiment d'exclusivité qu'il confère : en témoigne les nombreuses filières universitaires crées pour spécialiser les étudiants par le biais des DES et Master Pro. Cette spécialisation aurait troisièmement tendance à créer un sentiment de cohésion entre les membres d'une même catégorie professionnelle, et à augmenter les interdépendances au sein de la société. Comme le motive Émile Durkheim dans son ouvrage De la division sociale du travail, la mécanisation de la production industrielle et les logiques Fordistes de production, ont transformé les solidarités au sein de la société et ont participé à l'augmentation de l'interdépendance entre les membres. Cela permettrait de matérialiser le sentiment de communauté et la volonté de vivre ensemble. Mais ces différentes valeurs ont pu émerger et se consolider grâce à différents mécanismes de protection et à des acquis favorisant le bonheur via le travail. C'est tout d'abord grâce à l'État qui a mis en place tout un ensemble de contrats aidés — emplois jeunes, contrats solidarité, etc — car l'absence d'emploi peut être synonyme de détresse, c'est également grâce au droit du travail , qu'il a impulsé dans les années soixante, pour protéger le travailleur. Enfin c'est grâce aux acquis sociaux qu'il a accordé — que ce soit les deux semaines de congés payés en 1936, la semaine de 39h et la cinquième semaine de congés payés en 1982, aux 35h de 1998 — l'État a permis de faire émerger une vie de loisirs en dehors du travail qui sont indispensables d'après les propos d'Hamid Aquiri, révélés par un article du Figaro du 19 septembre 2013 et permettrait « de multiplier les plaisirs annexes ». C'est aussi l'émergence des syndicats, légalisés par la loi Waldeck-Rousseau, qui a permis de préserver le bonheur des individus au travail. Bien que seulement 7,8 % de la population active soit syndiquée, les partenaires sociaux continuent de jouer un grand rôle dans les négociations avec l'États et les employeurs. Enfin les employeurs ont compris que la productivité des salariés est étroitement liée au bien-être des employés. C'est pourquoi les responsables d'entreprise ont mis en place un ensemble de dynamiques : d'une part augmenter les infrastructures au sein de l'entreprise, pour permettre par exemple aux salariés de faire du sport pendant les pauses, d'autre part en aménageant le temps de travail, comme l'illustre l'article du 18 janvier 2012 de l'Express où la journaliste Isabelle Hennebelle montre le cas d'un cadre informatique dans une compagnie d'assurances, qui a bénéficié d'un aménagement de son activité. Cependant ces différentes initiatives ne permettent pas, dans certains cas, d'empêcher la production de stress, d'angoisses et d'inquiétudes chez le salarié. Cela sera lié d'une part au contexte économique et d'autre part à l'évolution de la société active. L'évolution économique d'une société joue un grand rôle sur la déstabilisation du marché du travail, et donc de l'équilibre mental du travailleur. D'une part c'est l'évolution de la société salariale, si pendant les Trentes Glorieuses, caractérisées par le plein emploi et une forte croissance, le type de contrat qui s'est développé majoritairement a été le CDI. Cela dit avec les crises économiques de 2007 et 2008, une nouvelle logique a été mise en place ; en effet 80 % des embauches réalisées en France le sont sous la forme du CDD — dont seulement un tiers se transforme en CDI — et déstabilisent ainsi les espérances des travailleurs. Dans la continuité de ce constat, on note une multiplication des contrats précaires : emplois aidés, stages, alternance, intérims. Ces différents contrats n'offrent pas la stabilité des CDI et ont de grandes conséquences : impossibilité de souscrire à un prêt immobilier, à acheter des biens de consommation, etc. Cela polarise la société des travailleurs en « Insiders/ Outsiders » comme le souligne Howard Becker. Enfin c'est l'omniprésence du chômage et la perte de son emploi qui va durablement marquer les travailleurs. En effet même si un employé dispose d'un CDI, donc d'un emploi stable, la menace de la perte de son emploi est suffisante pour générer de grandes détresses au travail. : ce fut le cas au sein des entreprises Orange et Renault avec des suicides sur les lieux de travail, illustrant les pressions que subissent les employés face à la peur de perdre leurs emplois. Si les chiffres du chômage en France n'ont cessé d'augmenter en France ces dernières années, notons que le gouvernement a enregistré une légère baisse pour ce trimestre avec un taux métropolitain de 9,8 % et de 10,2 % avec l'outre-mer. Outre la crise économique, c'est également les acteurs du marché du travail, qui, par leurs initiatives peuvent bouleverser le travailleurs. Prenant le cas des NTIC, si les developpements technologiques permettent dans certains cas de diminuer la charge de travail des travailleurs, ce sont également des outils a utilisé avec précaution. Si les Smartphones et les boites mails, ordinateurs professionnels sont de plus en plus répandus, ils abollissent la frontière entre vie privée et travail, participant ainsi à « l'aliénation » du travailleur pour reprendre les mots de Karl Marx. Cela susciterait des pressions chez le travailleur qui peuvent se matérialiser par le Burn-Out. Le burn-out ou épuisement professionnel comme le souligne Isabelle Hennebelle frapperait de plus en plus de cadres. Cet épuisement peut avoir pour origine les nouvelles techniques de Management mises en places ces dernières années : si elles ont individualisées les rapports aux travailleurs elles ont remplacé la collaboration par la concurrence entre les individus, créant ainsi de nouvelles peurs et frustrations chez le salarié. Comme le souligne Hamid Aquini cela entretient les rapports ambitieux et suscite de la détresse chez l'employé. Enfin, c'est la déstabilisation des logiques de cohésions sociales au sein du travail qui participe aux malheurs des travailleurs. Si comme l'a noté Durkheim la division du travail a permis de créer des solidarités et des interdépendances, la fin des modes de productions fordistes a participé à l'émiettement de « la conscience de classe » que Karl Marx a théorisé. Cela se traduirait par l'augmentation des logiques individualistes. En conclusion on constate que : d'une part le travail reste synonyme de bonheur car un grand ensemble de valeurs positives lui sont encore attachées. Mais d'autre part le travail peut rendre malheureux parce qu'il va soit utiliser le travailleur comme une variable d'ajustement aux crises économiques, ou utiliser l'individu dans un rapport nouveau visant à maximiser les profits. Si pour Jeremy Rifkin le travail est voué à disparaitre notamment à cause des innovations technologiques : imprimante 3D, numérique, etc. Il subsiste toujours en tant que valeur centrale de la société, aussi vers quelle direction avancer afin d'éviter les drames — comme ce fut le cas avec les suicides sur le lieu de travail chez Orange ou Renault ? Comme le souligne le Docteur Michel Delbrouck dans l'article d'Isabelle Hennebelle, la bonne technique est peut-être de développer son autonomie et son détachement en tant qu'employé, et développer de nouveaux aménagements des rapports et du travail chez l'employeur, avec par exemple la généralisation dans certaines situations du télé-travail. COPIE N°2 : Si l'on reprend l'éthymologie du mot travail et son sens au moyen âge, le travail signifiait la torture. Encore aujourd'hui lorsqu'une femme accouche l'on dit qu'elle est en plein travail. On peut se demander si le sens actuel du mot travail, dans le contexte professionnel, a changé. Le travail a évidemment un sens différent aujourd'hui mais s'il on est heureux de trouver un travail, le fait de travailler ne rend pas nécessairement heureux. Au contraire, le travail s'apparente davantage à une obligation. L'actualité de ces dernières années nous le confirme, au nombre de salariés qui se sont suicidés accusent pour la plupart, les conditions de travail et le stress que ce dernier leur procurait. La quête du bonheur dans le travail est au cœur de l'actualité et de nombreux spécialistes et médecins s'y sont intéressés ; pour témoin, le nombre d'ouvrages traitant de la question. Ils tentent ainsi de nous donner les clefs pour réussir à allier obligations professionnelles et épanouissement professionnel et personnel. C'est là toute la problématique du travail à l'heure actuelle : parvenir à trouver ce juste équilibre. Nous verrons dans un premier temps les risques de déséquilibre qui justifient aujourd'hui la quête de cet équilibre professionnel entre obligations et bonheur. I) Les risques de déséquilibre : lorsque l'obligation devient plus forte que l'épanouissement professionnel Le contexte actuel est la cause principale de ce déséquilibre. Aujourd'hui, le travail est synonyme de performance ce qui conduit certain au burn-out. A) La culture du résultat et de la performance Dans notre société au cœur de la mondialisation la tendance est à la performance à l'instar de la Chine ou le bonheur professionnel n'existe pas. Le contexte économique incite les entreprises à demander toujours plus de résultats aux salariés, aux fonctionnaires également. Un contexte qui développe chez nos cadres, des personnalités de plus en plus ambitieuses, orgueilleuses qui sont, selon le coach Aguini, des personnalités incompatibles avec le bonheur. De plus nous voyons se développer chez les jeunes générations, souvent bardées de diplômes, des personnalités impatientes, elles aussi incompatibles avec le bonheur car elles en veulent toujours plus, sans satisfaction de ce qui a déjà été accompli. Cette culture de la performance se transforme chez nombres de travailleurs en stress. Un stress qui peut devenir maladif. Le corps humain est en capacité de gérer le stress mais jusqu'à un certain point seulement, au delà c'est la rupture et l'on nomme cela le burn-out. B) Le burn-out Le burn-out ou l'épuisement professionnel est un épuisement physique et moral du travailleur qui ne parvient plus ni à travailler ni faire une quelconque activité demandant une réflexion ou une prise de décision. Il touche de nombreux cadres notamment dans des secteurs ou l'urgence et le stress sont très présents, tel que le monde de la finance ou des secteurs très concurrenciel comme la téléphonie mobile ou l'informatique. Le burn-out est reconnu par les médecins comme une véritable maladie qui s'apparente à une dépression. Selon les personnes, cela arrive de façon plus ou moins violente et touche particulièrement les personnes qui se sentent « invincibles ». En fonction de la violence du burnout, les personnes touchées peuvent s'en relever au bout de six à dix-huit mois. Il est donc possible de s'en sortir mais cela exige un véritable changement de vie, à la fois dans le travail et dans la vie personnelle afin de retrouver un équilibre, d'effacer le stress et de ne plus être dans le déni quant à ses capacités. II) Trouver et conserver un équilibre professionnel La quête du bonheur au travail nécessite un véritable travail sur soi et nécessite également de prévenir les risques de déséquilibres et de burn-out. A)Trouver le bonheur au travail : un travail personnel Tout d'abord, les personnes atteintes de burn-out doivent, afin d'en sortir, effectuer de nombreuses transformations professionnelles. Tel l'ingénieur en bombes qui se reconverti en tant que commercial dans du matériel pour personnes handicapées. Ces personnes doivent prendre le contre pied de l'urgence et du stress qui les enserraient. Le retour au travail et la recherche du bonheur ne pourra s'effectuer qu'en réalisant ce que l'on a, ce que l'on a accompli et savoir s'en satisfaire. C'est la logique et la pensée du philosophe Alain. L'homme a tendance à désirer ce qu'il n'a pas mais pour trouver le bonheur, il lui faut prendre conscience de ses réussites sans chercher à en vouloir toujours. Il doit trouver un sens à son métier. Il faut aimer ce que l'on fait. C'est là la difficulté de l'orientation des jeunes en sortie de collège ou lycée. Il est nécessaire de valoriser tous les métiers afin que les jeunes générations face de bon choix et se plaisent dans leur futur métier. Ceci afin d'éviter et prévenir éventuellement les risques de burn-out. B)Prévenir les risques de burn-out : une responsabilité partagée Suite au développement de cette nouvelle forme de dépression, les employeurs ont été encouragé à modifier les conditions de travail, à développer de nouvelles méthodes de management moins oppressantes pour les salariés et à être à l'écoute de ses salariés. De nombreuses entreprises ont mis en place un service psychologique ou du moins rendent obligatoires les visites de la médecine du travail très attentive sur la gestion du stress et le bien-être des salariés dans les entreprise. La gendarmerie a elle aussi mis en place un service psychologique pour les gendarmes qui en expriment le besoin ou sont confrontés à des situations difficiles. Cette prévention est nécessaire mais le salarié aussi doit être en mesure de prévenir les risques de déséquilibre. Ainsi, il lui appartient d'éviter l'isolement en développant les relations qu'il peut avoir avec ses collègues. Il est nécessaire qu'il développe également son autonomie et sa recherche de reconnaissance. Mais il est important aussi qu'il développe un équilibre personnel à travers des activités saines en dehors de l'entreprise : sport, spiritualité, loisir en tout genre afin d'avoir un bon état d'esprit au travail et diminuer les effets du stress. En définitive, la recherche du bonheur est une notion très occidentale mais qui semble nécessaire dans notre société où la culture du résultat et l'accélération du travail et de la vie en général sont plus fortes que jamais. La mondialisation pour beaucoup est la raison de tout ce stress (vitesse des communications, concurrence, accélération des vitesses de production, rendement,...). Ainsi loin d'être une utopie, certain ont fait de la quête du bonheur un véritable mode de vie en prenant le temps de travailler et le temps de vivre. On observe depuis quelques années déjà des reconversions professionnelles surprenantes, et de façon générale, un retour à la nature, au calme.