3 e dimanche de carême, année B

Transcription

3 e dimanche de carême, année B
3e Dimanche de Carême
Année B
Jn 2, 13-25 : Le Carême comme chemin de vie
« Détruisez ce Temple, et en trois jours, je le relèverai ».
Frères et Sœurs,
De même que le péché d’Israël a été la cause de la destruction du Temple de Jérusalem ; de même,
tous les péchés de l’humanité ont été la cause de la passion et de la mort du Christ. Le péché
d’Israël, c’est d’avoir profané les sabbats, c'est-à-dire de n’avoir pas rendu à Dieu l’honneur et le
respect qui lui était dus. Le péché des hommes envers le Christ, c’est de ne pas reconnaître en lui le
Messie, le Fils de Dieu et le sauveur des hommes. Oui, le péché, le péché et encore le péché ; puis la
destruction et la mort. Et ceci depuis le péché originel qui nous a séparés de Dieu, et nous a privé
de sa grâce. Il nous faut donc maintenant rechercher le salut, mais comme il est bien clair que
l’homme ne peut se sauver lui-même, il faut que Dieu intervienne : c’est ce qu’on appelle le plan du
salut. Et ce plan est folie aux yeux des hommes, il est faiblesse pour les êtres charnels. « Mais pour
ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou grecs », et je rajouterais, qu’ils soient américains ou
tibétains, cette folie et cette faiblesse se révéleront d’une sagesse et d’une puissance incomparable.
Sans parler de l’œuvre de civilisation du christianisme, soutenue par la philosophie et la théologie
chrétiennes, il suffit de voir la conversion qui s’opère chez celui qui ouvre son cœur à Dieu. L’amour
de Dieu déposé en lui, non seulement, le fait fils d’un Père plein de tendresse, mais aussi, le fait agir
dans la logique de l’amour. L’auteur de l’Imitation s’exprime ainsi : « C’est quelque chose de grand
que l’amour, et un bien au-dessus de tous les biens. Seul, il rend léger ce qui est pesant, et fait qu’on
supporte avec une âme égale toutes les vicissitudes de la vie. Il porte son fardeau sans en sentir le
poids, et rend doux ce qu’il y a de plus amer. L’amour de Jésus est généreux ; il fait entreprendre de
grandes choses, et il excite toujours à ce qu’il y a de plus parfait » (Livre III, ch. 5, § 3).
L’Évangile, Loi Nouvelle et Loi d’amour, est inscrit dans les cœurs par la vertu du Saint-Esprit. Il est
l’accomplissement parfait et définitif de la Loi ancienne promulguée par Moïse, et qui était inscrite
sur des tables de pierre. Le plan du salut qui est folie aux yeux des hommes est donc contenu dans
l’Évangile, la loi d’amour qui se résume en l’amour de Dieu et du prochain. Cette amour vient de
Dieu et quand nous aimons notre prochain, c’est l’amour de Dieu que nous transmettons : ceci est
beau et bon. La beauté de Dieu, sa bonté et son amour, sauve le monde. Seulement, il ne veut pas
nous sauver à notre insu. Comme il nous a fait libres, il veut recevoir notre consentement et rendre
active notre participation ; d’où le temps du Carême qui est une période d’effort plus intense pour
orienter nos cœurs vers Dieu dans l’amour et la vérité. Car à quoi serviraient les jeûnes et les
exercices ascétiques si c’est pour faire du mal à notre prochain. Les privations volontaires et la prière
assidue, quand elles sont bien menées, ont pour but de nous faire prendre conscience de nos
limites, en creusant en nous une cavité capable de recevoir Dieu. C’est pourquoi, à la suite de Jésus,
il nous faut prendre le fouet de l’ascèse pour chasser de nos cœurs les marchands du temple c'est-àdire les péchés et les mauvaises habitudes. Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu : toutes nos
facultés viennent de Dieu, donc c’est une folie de s’enorgueillir comme si tout venait de nous. Par
contre, la folie de Dieu se révèle une sagesse suprême : elle consiste à se quitter soi-même pour se
retrouver en Dieu, dans son infinité et son bonheur. Dieu l’a enseigné aux hommes de tout temps.
En se quittant soi-même, il s’agit de s’arracher au péché.
Les trois premiers dimanches de ce Carême nous montrent successivement Noé, Abraham et Moïse.
Pour extirper le péché de l’humanité au temps de Noé, Dieu utilise la méthode forte : le déluge. Puis
la sortie de l’arche constitue une véritable résurrection pour la nature et l’humanité qui se conclut
par le signe de l’alliance : l’arc en ciel.
Dieu demande à Abraham d’immoler son fils, c'est-à-dire une partie de soi-même, pour aboutir à
une alliance de bénédiction et de bonheur.
Dieu arrache Moïse et son peuple du pays de servitude pour le faire entrer dans un pays où coulent
le lait et le miel, signe terrestre du paradis que Jésus nous ouvrira par sa mort et sa résurrection.
Ces trois étapes historiques sont également trois étapes dans l’acquisition d’une intimité toujours
plus grande avec Dieu. Le plan du salut que l’Église déroule sous nos yeux dimanche après
dimanche, nous introduit progressivement dans l’intimité, le bonheur et la vie-même de Dieu. Donc
le plus important, et ce qui fait le but de tout notre labeur et de notre volonté, c’est l’intimité et
l’union à Dieu qui sera pour tout un chacun source éternelle de bonheur, et que nous goûterons
déjà à Pâques, avant-goût des noces de l’Agneau.
Amen.

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