Si je devais t`écrire
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Si je devais t`écrire
Thomas Shap Si je devais t'écrire... Publié sur Scribay le 10/08/2016 Si je devais t'écrire... À propos de l'auteur "Je vis par curiosité" V. Hugo, in Marion Delorme. À propos du texte Adresse à la mort Licence Tous droits réservés L'œuvre ne peut être distribuée, modifiée ou exploitée sans autorisation de l'auteur. Si je devais t'écrire... Si je devais t'écrire... Mort, si je devais t'écrire, Est-ce que tu me lirais ? Il y a tant de choses Que j'ai tenté de dire Et tant de mondes enfouis Que j'ai voulu sortir De cette glaise étrange Que tu nommes la vie Et que tu m'as donnée Comme on rend un soupir J'ai bâti des années Dressé des souvenirs J'ai planté des espoirs Et vu des champs stériles J'ai passé des heures douces À l'ombre de mes joies Et quand l'orage grondait Je rassemblais mes mains Pour recueillir la pluie Mort, si tout cela, je devais te l'écrire, Est-ce que tu me lirais ? Mort, si nous devions parler, Est-ce que tu m'écouterais ? Bien des choses pourtant De ta poésie sourde 3 Si je devais t'écrire... Demeurent en suspens Quand le soir ou l'été J'écoute le temps passer J'entends aussi ta voix Et dans mon coeur qui bat Le rythme de tes pas Mais j'avance toujours Creusant les champs de blé J'ai dans les mains trop de sourires Dans les yeux trop de chaleur Pour t'attendre toi aussi Toi qui ne m'entends pas Et je cours parfois si loin Je touche du doigt des lieux Dont jamais tu n'entendras le nom Parce que, Mort, si nous parlions de tout cela, Est-ce que tu m'écouterais ? Mort, si je devais chanter, Est-ce que tu te tairais ? Je sais qu'il y a déjà Dans cette plaine blanche Une ombre dans la neige Et qu'elle forme mon corps Je le sais dans tes yeux Qui sont aussi les miens Tu ne seras pas nuit 4 Si je devais t'écrire... Mais plutôt lune pâle Sur ce champ étoilé Dont rêvent les vivants Et où vivent les rêves Je me ferai aux hommes Ce qu'écume est aux flots Le souffle à la prière La lueur à l'espoir Lorsqu'ils crieront ensemble Qu'ils sont seuls et sans frère Je tisserai ma note À leurs cordes éparses Pour lier d'harmonie La Grande Mélodie Et alors, Mort, tu ne seras plus Mais dis-moi, Mort, quand je chanterai ma note, Est-ce que tu te tairas ? 5