Le génocide en moi

Transcription

Le génocide en moi
présente
Le génocide en moi
Un film d’Araz Artinian
produit par Ian Quenneville, Nathalie Barton & Araz Artinian
Du génocide arménien de 1915 à l’Amérique du nord d’aujourd’hui, via la Turquie
moderne, Le génocide en moi est un émouvant voyage intérieur où la cinéaste
canado-arménienne Artinian confronte la réalité de sa vie au Canada, melting-pot
de cultures, et se pose la question universelle « Qui suis-je? ». Un film de colère,
d’humour et de tendresse.
DOSSIER DE PRESSE
LE GÉNOCIDE EN MOI
un film d’Araz Artinian
Résumé
Film d’humour, de colère et de tendresse, Le génocide en moi raconte l’impact du génocide
arménien de 1915 sur la vie de la jeune cinéaste Araz Artinian, qui a dû endosser dès l’enfance ce
lourd héritage. Dans ce voyage intérieur, Artinian, déchirée entre l’engagement passionné de son
père pour les Arméniens de la diaspora et le désir de s’en libérer pour faire sa propre vie,
confronte la réalité de son pays d’adoption, et se pose la question universelle « Qui suis-je ? ».
Le documentaire mêle adroitement archives 8mm tournées par le grand-père de la cinéaste entre
les années 40 et 80 en Égypte et au Canada, photographies – intenses et inédites – du génocide,
vidéo-journaux de la réalisatrice et une narration profondément habitée. À travers d’émouvants
entretiens avec les derniers survivants du génocide aux États-Unis et un difficile voyage en
Turquie, Artinian remonte aux sources de l’obsession de son père, une obsession née du refus de
la Turquie de reconnaître le génocide et de la peur de voir disparaître la culture arménienne.
LE GÉNOCIDE EN MOI
un film d’Araz Artinian
Québec, Canada, 2005, vidéo numérique, couleur, 53’
Scénario, images et réalisation
Araz Artinian
Images supplémentaires
Alex Margineanu
Vahagn Ter-Hakobyan
Prise de son supplémentaire
Dominique Chartrand
Alexandre Gravel
Montage
Andrea Henriquez
Montage sonore
Benoît Dame
Mix sonore
Jean-Pierre Bissonnette
Consultante à la scénarisation
Dorothy Hénaut
Libération des droits
Catherine Drolet
Assistant à la réalisation
Ian Oliveri
Production
Ian Quenneville
Nathalie Barton
Araz Artinian
Produit par
InformAction
et
Twenty Voices
avec
la participation financière de
SODEC
Société de développement des entreprises culturelles – Québec
Programme d’aide aux jeunes créateurs
Conseil des arts et des lettres du Québec – Arts médiatiques
Conseil des Arts du Canada – Arts médiatiques
LE GÉNOCIDE EN MOI
un film d’Araz Artinian
Note de la réalisatrice
« Comment vous appelez-vous? » me demandent les gens.
Je réponds « Araz » en devinant déjà la prochaine question.
« C’est de quelle nationalité? »
« Arménienne » dis-je, en anticipant encore cette réaction trop familière : un sourire de
compassion ou, parfois, un visage confus.
« Quand êtes-vous arrivée au Canada? »
À cet instant, je prends habituellement une grande respiration et je me prépare à raconter de
nouveau cette histoire que j’ai répétée au moins 5 000 fois.
« Je suis née ici. Mes parents sont nés en Égypte. Mes grands-parents paternels viennent
d’Égypte. Mes grands-parents maternels sont nés en Turquie mais nous sommes tous arméniens.
Voyez-vous, en 1915, un génocide a été commis par les Turcs à l’endroit des Arméniens. Il y avait
une population de 2,5 millions d’Arméniens qui vivaient en Turquie ottomane. 1,5 millions d’entre
eux furent massacrés durant le génocide et les marches forcées vers le désert syrien. Les autres
ont été déportés vers différents pays. La Turquie nie l’existence même de ces événements.
Aujourd’hui, il reste moins de 8 millions d’Arméniens dans le monde entier. 3 millions vivent dans
l’Arménie actuelle; les autres 5 millions vivent dans la diaspora. Je suis l’une d’entre eux. »
Avec Le génocide en moi je me sens poussée à raconter l’histoire arménienne, qui est aussi mon
histoire.
Lorsqu’un tel rituel de présentation fait partie de votre vie quotidienne, vous comprenez que le
génocide n’est pas seulement un événement qui s’est produit en 1915. Vous comprenez aussi que
vous êtes un vestige d’une civilisation très ancienne qui lutte aujourd’hui pour garder son identité
nationale en terres étrangères. Vous ressentez chaque jour la lutte de votre peuple dans vos
tripes. Les éléments de cette lutte constituent une énorme responsabilité pour ceux qui ont
survécu et pour ceux qui devront transmettre leur histoire et leur culture à la prochaine génération.
La pression de préserver la langue de nos ancêtres peut devenir, comme dans mon cas, énorme
et parfois même insupportable.
Un besoin aussi naturel que trouver l’homme de sa vie et tomber en amour, devient très
compliqué. « L’homme arménien ne parlera pas ta langue avec toi et tes enfants perdront leur
identité arménienne » croient mes parents et les parents de presque toute ma génération. C’est
justement la rupture des relations entre des parents arméniens et des filles de mon âge qui ont
choisi un non-Arménien qui m’a poussé à faire ce film. On nous met dans la position de choisir
entre l’amour et l’identité nationale. C’est un dilemme fou qui ne nous permet pas de vivre
pleinement notre vie! Et ceci devient encore plus difficile avec l’âge.
Ce film, Le génocide en moi, porte sur mon
besoin de m’évader de la pression, du fardeau
imposé par l’histoire. J’ai besoin de comprendre.
Je veux découvrir la source de l’obsession
nationale de mon père. Ce genre d’obsession ne
peut être née que de la perte et de la négation.
J’ai besoin de poser publiquement des questions
sur mon identité, sur notre identité, sur
l’importance de la langue et sur l’impact de la
négation de l’injustice. En travaillant sur ce film, en
entreprenant mes voyages pour parler aux
survivants du génocide arménien et en ayant le courage de me rendre dans l’est de la Turquie
pour voir le pays de mes propres yeux et pour voir comment les Turcs présentent notre histoire,
j’ai entamé le processus de compréhension.
En écrivant ces mots, je me demande « combien d’autres générations souffriront de l’impact du
génocide? ». Parfois, la responsabilité de raconter l’histoire de cet événement et de chercher
justice pour ces 1,5 millions de victimes me fait oublier les complications de ma vie personnelle.
Ma propre vie devient insignifiante si on la compare à l’immensité de la tâche que je dois
accomplir pour que cette cause soit reconnue. Je suis coincée entre deux mondes, ce qui m’a
menée vers un voyage que j’ai appelé « Le génocide en moi ».
Ce film comble aussi mon profond désir de partager cette histoire avec les autres, d’aider la
communauté arménienne à discuter de questions qui la hantent et de tendre la main à mes
concitoyens canadiens et québécois pour les aider à comprendre leurs voisins arméno-canadiens.
Dois-je cesser de penser à mon identité nationale, à nos terres et à l’histoire du génocide
arménien ou dois-je aller à leurs devants pour donner une signification à mon enfance et pour
trouver justice? Je souhaite que ce film décrive un voyage personnel qui réconciliera peut-être
mes univers.
Araz Artinian
Réalisatrice
LE GÉNOCIDE EN MOI
un film d’Araz Artinian
Araz Artinian
Bio-filmographie
Née au Canada, la cinéaste indépendante
Araz Artinian est diplômée de l’Université
Concordia en Communications – spécialité
Cinéma. En 1995, son premier court métrage
Sur les traces du survenant est en nomination
pour le meilleur documentaire étudiant au 26e
Festival du film canadien. Pendant sa
dernière année universitaire, elle réalise son
premier documentaire moyen métrage,
Surviving on the Richter Scale, sur douze
survivants du tremblement de terre qui frappa
l’Arménie en 1988. Le film a été diffusé par
RDI dans l’émission Les Grands reportages,
et sur Planète Câble en France, en Italie et en
Pologne. Surviving… a gagné six prix à
travers le monde, notamment le Prix du
meilleur documentaire au 29e Festival du film
étudiant canadien (compétition parallèle du
Festival des films du monde de Montréal), un
Hugo d’argent au 35e Festival international du
film de Chicago et un trophée de bronze au
47e Festival international du film et de la vidéo
de Columbus.
En 1999, Artinian commence à travailler
comme Chef-recherchiste sur le long métrage
d’Atom Egoyan, Ararat, qui est lancé au Festival de Cannes 2002. La même année, avec la
collaboration de Lisa Djevahirdjian, elle réalise The Story of Arsinee Khanjian, une biographie
vidéo de la fameuse actrice canadienne. En avril 2005, Artinian lance son site web
www.twentyvoices.com, l’histoire de 20 survivants du génocide arménien de 1915. Le site, par
ailleurs visité plus de 50 000 fois jusqu’à aujourd’hui, figurera dans l’édition spéciale 2006 de
Applied Arts, la revue en communications visuelles la plus prestigieuse au Canada, qui présente
les meilleurs concepts design et publicitaires d’Amérique du nord (catégorie Projets
éducationnels).
Le génocide en moi est le dernier documentaire d’Artinian, qu’elle a écrit, filmé et réalisé, et coproduit avec Ian Quenneville et Nathalie Barton d’InformAction Films.
LE GÉNOCIDE EN MOI
un film d’Araz Artinian
Contexte historique
Presque 20 ans avant le génocide, le gouvernement turc de l’Empire Ottoman a commencé à
commettre des atrocités envers les Arméniens. Entre 1894 et 1896 seulement, on estime que 300
000 Arméniens ont été massacrés ou ont péri dans la destruction de leurs villages. Ainsi près de
100 000 citoyens arméniens se sont enfuis à l’étranger. Pour s’assurer un avenir plus sûr, certains
ont émigré en Égypte, d’autres en France et en Bulgarie. Finalement, plusieurs sont partis aux
États-Unis, en majorité à Massachusetts et Detroit. Ceux qui y sont restés se sont fiés au projet de
réforme d’indépendance administrative locale, tel que proposé par le Traité de Berlin de 1878.
Sous la pression européenne, le gouvernement ottoman a signé le projet en 1913, mais l’a annulé
un an plus tard à cause de la Première Guerre Mondiale.
Depuis un coup d’état militaire en 1908, la Turquie ottomane était gouvernée par des nationalistes
qui conclurent graduellement que la seule façon d’éviter d’autres pertes territoriales et la chute de
l‘Empire étaient l’homogénéisation et la « turquification » de cet état féodal multiethnique et multireligieux. Plus précisément, les deux plus importants peuples chrétiens, les Arméniens et les
Grecs, étaient alors considérés comme des traîtres. La Première Guerre Mondiale pendant
laquelle les Turcs s’étaient alliés aux Allemands, devint une occasion pour la Turquie de se libérer
des suspects chrétiens. Le 14 novembre 1914, le chef spirituel de tous les Musulmans Sunnites
déclara une Guerre Sainte, ce qui permit de qualifier les citoyens chrétiens – Arméniens, Grecs et
Assyriens – d’ennemis de l’Empire ottoman. En 1915, un groupe de nationalistes Jeunes Turcs
mit en œuvre un plan d’extermination de la population arménienne de l’Empire. Un million et demi
d’Arméniens ont été systématiquement massacrés. La Première Guerre Mondiale masqua le
génocide aux yeux du monde et « libéra » la Turquie de toute obligation morale.
Le génocide fut mis en œuvre par « l’Organisation spéciale », un service des renseignements,
devenu ensuite un outil de guerre entre les mains du gouvernement. Le nombre des membres de
« l’Organisation spéciale » atteint les 15 000 en 1915. Véritables initiateurs du génocide, parmi eux
on retrouvait des détenus et beaucoup de membres de groupes ethniques musulmans déracinés
par les guerres balkaniques et la conquête du Caucase par la Russie. Les atrocités étaient alors
commises sous le couvert de « déportations », tandis que le gouvernement Jeunes Turcs ordonna
aux Arméniens de quitter leur terre ancestrale. Esclavage et massacres réduisirent la population
des hommes adultes, en particulier arméniens, alors que femmes, vieux et enfants étaient
envoyés à la mort par une marche forcée dans le désert syrien.
Selon une estimation du 4 octobre 1916 par l’Ambassade impériale allemande de Constantinople,
1,5 million des 2,5 millions de la population arménienne vivant avant la guerre périrent en l’espace
de seulement 18 mois.
***
Pour de plus amples informations, vous pouvez visiter :
www.twentyvoices.com (en anglais) : le site web documentaire d’Araz Artinian consacré à 20
survivants du génocide et leur mémoire;
www.imprescriptible.fr : un site web documentaire axé plus particulièrement sur la négation du
génocide par le gouvernement turc.
Vous pouvez également trouver des informations à travers le travail d’Yves Ternon, historien
réputé, qui a beaucoup écrit sur les génocides, en particulier celui des Arméniens.
LE GÉNOCIDE EN MOI
un film d’Araz Artinian
Compagnie de production
InformAction se spécialise depuis 35 ans dans la production de documentaires d’auteur et
d’enquêtes sur les enjeux de la société contemporaine, la politique internationale, les droits de
l’homme, l’art, la culture. Ses productions sont diffusées au Canada par Radio Canada, Télé Québec,
CBC, Bravo, entre autres, et sont distribuées à travers le monde. InformAction a de nombreuses
coproductions à son actif et développe actuellement plusieurs projets documentaires avec des
partenaires français, en particulier La compagnie des taxi-brousse.
Parmi les derniers titres produits par InformAction, les documentaires d’auteur Ondes de choc de
Pierre Mignault et Hélène Magny (Pan-Africa International 2007, Namur 2007), Le magicien de
Kaboul de Philippe Baylaucq et Chroniques afghanes de Dominic Morissette, tous deux coproduits
avec l’Office National du Film du Canada, Parc Lafontaine, petite musique urbaine de Carole
Laganière (RIDM 2006), Le Fugitif ou les vérités d’Hassan de Jean-Daniel Lafond (quatre
nominations aux Prix Gémeaux incluant Meilleur documentaire société, Marseille 2006, Hot Docs
2006, Festival du Nouveau Cinéma de Montréal 2006, Dubaï 2006, DocuDays - Beyrouth 2006),
Lifelike – Plus vrai que nature de Tally Abecassis (trois nominations aux Gemini Awards incluant
Meilleur documentaire science/nature, Hot Docs 2005, Vancouver 2005, SXSW 2006), Le génocide
en moi d’Araz Artinian (Prix du meilleur long métrage international au Staten Island Film Festival
2006, Finaliste au Prix Gémeaux 2006 pour le meilleur documentaire société, au Prix Pierre et
Yolande Perrault pour le meilleur espoir documentaire, au Prix de la tolérance Ruth et Alex Dworkin
et au Golden Sheaf Award pour le meilleur documentaire de point de vue), La Griffe magique de
Carlos Ferrand (FIFA 2005, Namur 2005, trois Prix Gémeaux 2005 : Meilleur documentaire culturel,
meilleure musique, meilleur son), Vues de l’Est de Carole Laganière (Hot Docs 2004, Namur 2004,
Input International 2005, finaliste aux Prix Jutra 2005 et aux Prix Gémeaux 2005 : Meilleur
documentaire), De mémoire de chats - Les ruelles de Manon Barbeau (Prix Gémeaux 2005 de la
meilleure réalisation et de la meilleure photographie documentaires).
InformAction a été fondée en 1971 par Alain d’Aix et Jean-Claude Bürger, réalisateurs, et Nathalie
Barton, productrice. La société est toujours dirigée par ces trois associés. Nathalie Barton a été
membre du conseil d’administration et responsable de la section documentaire de l’Association des
producteurs de films et de télévision du Québec de 1994 à 2002.