Le génocide des Arméniens : Processus et déroulement

Transcription

Le génocide des Arméniens : Processus et déroulement
Le génocide des Arméniens
Mémoire - Histoire
Processus et déroulement
Le prétexte aux massacres est l’accusation faite aux Arméniens d’être des « ennemis de l’intérieur », au
cœur d’un « complot » visant à démanteler l’armée ottomane (à noter que trois des armées turques sont
alors sous commandement allemand). L’essentiel du génocide est perpétré par la déportation massive d’une
population civile arménienne, vers les déserts de Mésopotamie et de Syrie où les victimes sont abandonnées,
condamnées à mourir de faim et de soif. « La déportation est conçue à la fois comme une mesure de sécurité
militaire et comme l’instrument principal de la destruction de cette population civile ».
La première phase du génocide : mai à juillet 1915
2. Source : Maria Jacobsen: Diary (Oragrutjun) 1907-1919, KharputTurkey. Antelias 1979, Droits réservés
Ressources Génocide et CCH
Groupe d’Arméniens affecté au sein des « bataillons de travail » aux
travaux de voirie2 .
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© Civisme et démocratie - CIDEM
- A l’aube du 24 avril 1915, le coup d’envoi du génocide est donné par une rafle, à Constantinople, de 650
intellectuels et notables arméniens, au motif de perquisitions à la recherche des preuves du « complot
arménien ». Dans les jours suivants, ils seront 2 000 dans la capitale à être arrêtés. Les élites en prison,
les soldats arméniens désarmés - affectés à des « bataillons de travail » civils - sont peu à peu assassinés
par petits groupes.
Dans tout l’Empire Ottoman, le même scénario se répète : arrestations, assassinat des élites, « élimination
systématique » des populations arméniennes, ville par ville, village par village.
- Mai à juillet 1915, les villages d’Anatolie orientale sont vidés de leurs habitants arméniens ;
le déroulement des massacres est toujours le même, preuve d’un crime prémédité et planifié :
- arrestation et exécution des élites, déportation sélective des hommes, tués à quelques kilomètres de
leurs habitations – après avoir, le plus souvent, creusé eux-mêmes les fosses communes.
- déportation des femmes des enfants et des vieillards, puis, lors des convois, enlèvements, assassinats,
mise à mort de ceux qui ne peuvent continuer.
A la fin de l’été 1915, les provinces anatoliennes ressemblent à un vaste charnier : cadavres abandonnés
sur les routes, jetés dans les puits, les grottes. Les maisons ont été systématiquement pillées, détruites,
brûlées.
Le génocide des Arméniens
Mémoire - Histoire
La seconde phase du génocide : août 1915 à décembre 1916.
Les déportations
et les camps.
Source : photos extraites du site ressource www.imprescriptible.fr Droits réservés
Ressources Génocide et CCH
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- Août à septembre 1915 Après l’Anatolie orientale, l’anéantissement des Arméniens se poursuit sur le
reste de l’empire. Les exécutions immédiates font place aux déportations généralisées, parfois en train,
dans des wagons à bestiaux, vers Alep. Puis, les déportés poursuivent à pied : les victimes privées d’eau, et
de nourriture sont condamnées à mourir d’épuisement. D’Alep, les convois sont le plus souvent dirigés vers
l’Est en direction de Deir-es-Zor ou vers le Sud et les déserts de Syrie et du Liban, jusqu’à la Palestine.
Les déportés sont menés le long de l’Euphrate où des camps de concentration, véritables mouroirs, sont
improvisés sur les rives ; ceux qui parviennent jusqu’à Deir-es-Zor, dans le désert de Mésopotamie (Syrie),
y sont exécutés -beaucoup attachés ensemble et brûlés vifs-.
- Durant toute l’année 1916, les déportations, marches vers la mort, exécutions, viols, rapts de femmes et
d’enfants… se poursuivent.
1,2 millions à 1,5 millions d’Arméniens sont assassinés. Seuls survivent les Arméniens de Constantinople
et de Smyrne, quelques 300 000 personnes qui ont réussi à se réfugier en Arménie russe et les quelques
milliers de femmes, jeunes filles et enfants raptés par des Turcs, des Kurdes, des Arabes.
Lorsqu’en janvier 1917, le principal architecte du génocide, Mehmed Talaat est nommé grand Vizir, le
génocide des Arméniens est achevé.
- Octobre 1918, capitulation de l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne.
- Novembre 1918, fuite des dirigeants des « Jeunes-Turcs ».
Après guerre, de 1918 à 1920, des procès sont organisés à Constantinople (Istanbul), qui révèlent
l’étendue des massacres et l’existence du plan génocidaire mis en œuvre par l’« Organisation spéciale ». Les
responsables des massacres sont condamnés par contumace.
-E
n 1921, Mehmed Talaat - condamné à mort en 1919 en Turquie - est assassiné à Berlin où il s’est réfugié.
Son meurtrier est un Arménien : jugé par un tribunal allemand, il est acquitté après un procès qui inspire
à Raphaël Lemkin le concept de génocide.
- Entre 1920 et 1922, à l’issue de la Première Guerre mondiale, le Traité de Sèvres établit l’existence d’un Etat
arménien. Mustafa Kemal, reprenant le flambeau du nationalisme turc, est au pouvoir. Une nouvelle série
de massacres parachève la destruction des Arméniens en Turquie et fait 200 000 victimes arméniennes.
L’incendie de Smyrne (1922) symbolise la fin du processus d’anéantissement.
- En 1920, la partie orientale de l’Arménie devient une république indépendante (1918-20), puis une
république soviétique (1920-91).
Depuis 1991, la République d’Arménie est un état indépendant sur 10% de son territoire historique.

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